Sujet: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Jeu 5 Sep - 21:35
and into the forest i go
lucan abel
Il s’était figé en apercevant, dans l’un des pâturages avoisinant les écuries, la silhouette familière du hongre pie. Il avait eu comme une sorte de sursaut, celui-là cependant rapidement ravalé dans l’attitude impassible mieux inscrite dans ses habitudes et avait lentement cillé, l’air de vouloir se persuader n’être pas face à un élan d’imagination subit de son esprit. Mais Abel Rhodes connaissait ses bêtes mieux qu’il connaissait ses hommes, la plupart ayant été élevées ici dans ses terres, peu importe que ce soit avant ou après l’épidémie qui avait tout changé. Il les connaissait suffisamment bien pour être sûr de ne pas se tromper, de ne pas en confondre deux même de loin et dans la lueur d’un soleil déclinant. Cela signifiait deux choses. Ou plutôt, cela pouvait vouloir dire deux choses : soit Lucan était revenu, soit le cheval était rentré ou avait été trouvé sans lui. Dans un cas comme dans l’autre, personne n’avait jugé bon de l’en avertir – ce qui lui permit aussitôt de radier la première hypothèse de ses pensées : si l’animal avait été retrouvé seul, Abel n’aurait pas été laissé dans l’ignorance...
Silencieux, immobile, il observa le troupeau paître encore un instant tandis que la clope achevait de se consumer tranquillement au coin de ses lèvres. Qu’on ne lui ait rien dit n’avait rien d’étonnant en soit, car cela ne faisait pas partie de ces événements qui valaient qu’on sonne le clairon (il n’avait rien fait en apprenant le départ de l’indien à Olympia, rien dit, et on savait que ce dernier n’avait pas été engagé dans une mission quelconque concernant le ranch), mais cela l’énervait quand même. Drôle de sentiment, d’ailleurs, que ce frisson d’agacement sur fond de soulagement discret. Et Abel, en fouillant un peu, eut tôt fait de se rendre compte que cette contrariété soudaine découlait de l’inquiétude semi-consciente qu’il avait nourrie face à l’absence sans nouvelle de l’un des hommes qu’il estimait le plus ici. Celle-ci, en s’ôtant de ses épaules, lui avait fait dans le même temps fait prendre la pleine mesure du poids supplémentaire qu’il avait porté ces derniers jours.
Le mégot trouva sa fin sous le talon de la ranger usée et Abel se remit en branle, orientant ses foulées en direction du campement fourmillant d’activité à cette heure où la plupart, en dehors de ceux affectés à la garde, commençait à se retrouver autour des feux pour la soirée. Il savait qu’il ne le trouverait pas là-bas. Quand il s’arrêta enfin devant une porte close, il marqua un temps d’hésitation avant d’y porter le poing et d’y toquer une fois. Comme s’il éprouvait, soudainement, une certaine réserve à l’idée de ce qui se trouvait de l’autre côté du battant de bois, reclus dans la petite habitation.
Mais la porte s’ouvrit sur un homme à la haute stature et les yeux clairs du leader se levèrent pour vriller ceux, bien plus sombres, de Lucan. Un moment passa ainsi, à se dévisager en silence. Et puis : « J’en était venu à croire que tu t’étais échappé d’Olympia seulement pour aller mourir dans un coin. » Mourir ou… pire. Et puis Abel n’aimait guère lorsque ses hommes disparaissaient de la sorte, sans explication ni laisser de trace. Cela nourrissait par trop sa paranoïa déjà bien encombrante, son appréhension maladive de la trahison et la crainte, beaucoup plus terre-à-terre celle-là, de perdre un élément de valeur. Pas forcément un ami, car Abel ne se connaissait personne de cette espèce-là ici, mais quelqu’un à qui l’on pouvait tourner le dos sur un terrain de bataille sans avoir à craindre que cela porte préjudice. Quelqu’un à qui l’on pouvait donner des ordres de missions impossibles et les voir tout de même menées à bien. Quelqu’un à qui l’on pouvait confier son fils, même hors les murs, sans avoir à redouter un drame.
« Mais je me rend mieux compte maintenant que je t’ai en face de moi comme cette pensée était infondée. » Lucan était un survivant après tout, pas un bête mouton parqué derrière une muraille et qui s’en allait tomber dans le premier ravin venu une fois qu’on lui offrait la liberté. Mais ce qu’on lui avait rapporté d’Olympia avait tout de même eu toutes les raisons de lui laisser présager un sort funeste : Lucan avait été blessé, à Stonebriar ou peu après… « Ou alors tu fais un fantôme salement convainquant. » Un demi-sourire vint colorer les derniers mots mais le regard resta froid, inquisiteur et rivé à celui de son interlocuteur ; à sembler vouloir percer la carapace de l’homme pour lui sonder l’âme, tout apprendre de ces derniers jours et s’assurer qu’il avait bel et bien en face de lui celui qu’il avait vu pour la dernière fois lors de l’attaque du mall.
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Ven 6 Sep - 17:05
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lucan abel
Lucan ouvrit la porte, torse nu. Une cicatrice hideuse lui barrait la peau : fraîche et boursouflée. Tout autour, des marques de coups, des bleus qui s'estompaient aussi, le récit d'une traque, de ce qui était arrivé, de ce qui aurait pu arriver tout autant. L'homme posa un regard étonné sur son chef non dénué d'une certaine douceur tranquille. Cette même douceur qui n'avait pas été présente depuis de trop longs mois dans les yeux de l'Indien. Depuis le premier face à face dans la ville déserte, la rage et la souffrance avaient remplacé cette douceur, la colère l'avait recouverte de la même façon qu'un tapis de cendre étouffe les braises. Mais les braises ne s'étaient pas éteintes, brillaient à nouveau et le vent avait dispersé les cendres peut-être. Le vent, le temps aussi. Pas la vengeance, celle-ci n'ayant pas eu lieu. Qu'importe, Lucan continuait à la porter en lui. A sa façon, Lucan avait changé et en même temps, non.
En silence, il écouta Abel parler, heureux d'avoir au moins pu boutonner son jean propre avant que le Texan ne vienne jusqu'ici. Les mots d'Abel amenaient l'écho d'autre chose avec eux, d'une conversation qu'ils avaient partagé déjà. En notifiant face à lui qu'il ne croyait finalement pas Lucan capable d'aller se cacher pour mourir dans un coin, qu'il s'était trompé, Abel lui signifiait également que lui-même se souvenait de cette autre conversation, de ce que chacun d'eux avait pu en comprendre. Alors, d'une certaine façon, Abel déclarait qu'il savait qui était Lucan quand bien même l'Indien avait failli se perdre par des chemins trop sombre d'où on ne pouvait faire demi-tour.
L'homme s'écarta, laissant Abel entrer si là était son envie. L'autre n'avait pas besoin d'autorisation pour cela, il était chez lui, le ranch entier lui appartenait, les terres, les bêtes, les hommes qui y travaillaient, et Lucan l'acceptait. ”J'avais écrit un message en fait.” Cela était vrai, l'homme se revoyait encore fiévreux penché sur un pauvre bout de papier. ”Mais je crois que j'ai été con et ait oublié de le donner à un messager.” La cicatrice sur le torse découvert suffisait par sa simple vision à expliquer la fièvre, la souffrance et la fatigue qu'avait subit l'Indien. Cela n'excusait rien pour autant... ”Je leur ai rendu service, un de leurs habitants avait disparu alors je l'ai traqué. Qu'ils aient une réponse...” L'homme haussa les épaules, refusant de s'attarder un peu plus là dessus. ”J'étais bien plus un fantôme au mall que je le suis maintenant. J'suis revenu, Patron, j'en ai pas fini avec ce connard de Mexicain mais je suis revenu et ouais, vous m'avez manqué.” Parce qu'on pouvait dire beaucoup de chose d'Abel Rhodes, parce qu'on pouvait les cracher aussi, mais dans un cas comme dans l'autre, Lucan était fier d'être à ses ordres à lui, plutôt que sous ceux de Lazare. Plutôt qu'entre les murs d'Olympia aussi... ”Autorisation de mettre ma chemise?”
Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Jeu 12 Sep - 22:32
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lucan abel
Un petit soupir amusé franchit ses lèvres face à l’aveu de l’oubli mais Abel se garda bien du moindre commentaire à ce sujet, tandis qu’il s’invitait chez Lucan après que ce dernier se fût écarté de l’entrée. Un mot, ou rien qu’un simple message oral transmis à un autre cavalier sur place au même moment aurait sans le moindre doute été fort apprécié, mais il était inutile de revenir sur le sujet maintenant que c’était passé. A un autre moment, dans d’autres circonstances ou tout simplement si l’homme s’était trouvé d’humeur bien plus maussade qu’ici, il était fort probable que tout ne se serait pas déroulé aussi facilement. Mais pour l’heure, Abel était fatigué, las, et n’aspirait pas à la discorde. Il avait simplement envie de se réjouir qu’un de ses meilleurs éléments lui soit revenu vivant, et en un seul morceau de surcroît, quand il l’avait pensé mort ou parti au large.
Ils ne lui avaient rien dit à Olympia, évidemment. Ou peut-être que le cavalier n’avait pas interrogé les bonnes personnes ? Faut dire aussi qu’il avait eu autre chose à foutre que de passer au peigne fin toutes les relations de Lucan résidant au sein de la ville, et les olympiens d’autres chats à fouetter que venir l’informer (d’autant plus qu’ils ne lui devaient rien et, l’auraient-ils dû qu’ils ne l’aimaient pas assez pour venir lui fournir un renseignement gratuit, à plus forte raison alors qu’ils ne se souciaient probablement pas de ce qu’Abel pouvait bien chercher à savoir). Et puis Stonebriar. Le comportement de l’indien l’avait intrigué alors, il s’en rappelait. Ou plutôt, il se rappelait s’en être fait la réflexion dans un bref moment de répit. En fait, cela faisait déjà quelque temps que l’homme n’était plus exactement celui dont il avait l’habitude, et peut-être avaient-ils été trop peu à s’en rendre compte dû au fait que beaucoup avaient tendance à le juger étrange et à ne pas chercher à le comprendre, mais cela ne lui avait néanmoins pas échappé, à lui. Il se souvenait du mall : son vis-à-vis qui le flanquait ou couvrait ses arrières dans la mêlée et puis, soudainement, il n’avait plus été là, et Abel s’était retrouvé incapable de savoir à quel moment exactement l’autre avait-il disparu de son radar. Et pour aller où d’ailleurs, au juste ? Il ne l’avait jamais su, parce qu’il ne l’avait jamais revu ensuite (s’était contenté d’apprendre qu’il avait été intégré à l’infirmerie d’Olympia quelque temps après les combats). Jusqu’à aujourd’hui.
Un éclair de perplexité traversa son regard à la question posée avant qu’il ne hoche la tête. Permission granted, soldier. « J’aimerais que tes vendettas n’empiètent pas sur tes devoirs ici, Lucan. » La voix était calme, presque douce mais pas moins ferme pour autant, empreinte de cette autorité presque machinale qui imprégnait chacun de ses gestes et mots. Ce n’était pas vraiment une demande. Et le choix de se plier ou non à son désir, sous-entendu par l’usage du conditionnel n’existait pas vraiment lui aussi. « Ou que tu m’en causes, d’une manière ou d’une autre, n’importe quoi qui puisse me permettre d’appréhender tes actions hors d’ici. Si j’en juge d’après ce cadeau que t’as récolté et sur l’état dans lequel j’ai appris qu’ils t’avaient ramassé, à Olympia, j’ai pas trop l’impression qu’on parle d’un petit règlement de comptes innocent… » Ce n’étaient pas des reproches, ici, mais juste les attentes clairement énoncées d’un chef vis-à-vis de l’un de ses hommes. Abel n’aimait pas être pris au dépourvu. Et il n’aimait pas non plus apprendre que l’autre avait disparu aussi longtemps dans le seul but de filer un coup de main à deux ou trois olympiens inquiets mais il ne pouvait guère influer là-dessus, certainement pas interdire Lucan d'interagir avec des survivants d’un clan allié et encore moins le confiner au ranch. Après tout et malgré ses règles strictes, la Crimson Valley n’était pas supposée avoir vocation de prison. Ou, en tout cas, pas pour tout le monde… « Il y a un problème avec toi, lâcha-t-il après un temps de silence alors que ses yeux continuaient de le fixer, à l’observer sans relâche et à enregistrer toutes ses réactions jusqu’à la plus anodine. Depuis Austin et camp Cydonia. Je me trompe ? »
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Dim 15 Sep - 14:01
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lucan abel
La chemise avait beau rester blanche, celle-ci a vécu, beaucoup trop vécu même. Des fils pendaient des manches comme autant de traînes faméliques. Ils pendaient des boutons aussi, ceux maintes fois recousus à la lueur de simples bougies... Pour autant, le vêtement tenait le coup à l'image du corps couturé de cicatrices de l'Indien. Aussi, il y avait quelque chose d'étrange, de surréaliste presque dans la façon dont la chemise s'accordait finalement à la silhouette de son porteur... Les doigts agiles, Lucan boutonna l'habit de manière lâche. Il était chez lui, cette certitude frappait dans ce que représentait le ranch, dans ce que représentait la cabane : il était chez lui. Doucement, l'homme acquiesça. Yeux dans les yeux, il regardait Abel, comprenait les mots derrière les mots, comprenait la remontrance aussi, ce qu'elle voulait dire tout autant que ce qu'elle ne signifiait pas.. D'un geste de la main, il invita son chef à s'asseoir et sortit de ses propres réserves ce qu'il fallait d'alcool pour la discussion allant suivre. De quoi grignoter aussi, pas beaucoup mais un peu. Ce qu'il pouvait.. . Pendant ce temps, le silence. Puis, Abel parla à nouveau et encore une fois Lucan releva la tête. Ses mains ne tremblaient pas, malgré tout il dû laisser mourir au fond de sa gorge les mots qui lui venaient. Parce qu'ils n'étaient pas en anglais, parce que le réflexe d'autres langues lui nouait la gorge et le coeur : à quoi bon si on ne pouvait se faire comprendre? Finalement, Lucan s'assit à son tour. Il ouvrit la bouteille, versa l'alcool dans deux tasses fatiguées. A Abel, il donna la première et pendant ce temps, l'Indien espérait trouver un fil cohérent parmi toutes ses pensées. ”Que je sois damné si vous êtes du genre à vous tromper, Kihcômikâw” Parce que quoi que l'on pense de lui, Abel Rhodes savait jauger les hommes. Parfois, Lucan parvenait à l'appeler “Chef” dans sa langue. Cela lui coûtait peu, pas même une partie de son âme. Il n'avait pas le choix, songeait l'Indien à propos de lui-même. Et si cela parvenait à faire subsister quelque chose des tribus, alors pourquoi pas? Lui-même n'avait pas les épaules pour un rôle de dirigeant, il le savait, l'acceptait. S'en réjouissait aussi, d'une certaine manière, heureux de suivre et d'obéir.
”Camp Cydonia il y avait cet homme, ce connard de Mexicain.” Lucan secoua la tête, l'insulte avait fusé, il ne la regrettait pas. ”Il m'a balancé à ces Rôdeurs, quelque chose l'avait décidé dans le fait que c'était à moi de....” Ca y est, les mots s'entrechoquaient un peu trop jusqu'à forcer l'Indien à inspirer un instant. Attendre.
”Il avait décidé sur ses critères à lui que c'était à moi de mourir, de servir d'exemple ou de je ne sais quoi, de hors d'oeuvre même pour ces créatures. On était plusieurs à l'étage et il ordonnait aux autresde se jeter sur moi, de me tenir. Je crois qu'Havener était derrière, l'Olympien. Il a rien pu faire et j'étais rien d'autre qu'un bout de viande et encore...” Il revit la pénombre, les hommes qui lui tordaient les bras dans le dos, la voix toute pâteuse de l'accent étranger qui donnait des ordres que Lucan n'avait compris qu'après parce que son cerveau refusait d'enregistrer toute cette déshumanisation sinon autant crever. Les réflexes qu'il avait eu, le bruit de la porte qui s'ouvre, la fureur après tandis que son seul objectif était de s'enfuir. Des images qui s'entrechoquent, tout était épars et flou et la question fatidique revint le hanter alors. Pour Abel, il se permit de la formuler à voix haute, de l'expliquer : ”Depuis, ça fait comme une question dans ma tête qui s'en va pas. Ca me demande si j'existe encore, et je sais pas y répondre parce que si moi je suis vivant, est-ce que les autres me considèrent comme tel? “ Et peut-être Abel se moquerait-il, peut-être hausserait-il simplement les épaules. Le combat intérieur était sien, savait Lucan, il n'appartenait pas aux autres de répondre pour lui-même, sinon c'était donner à ces mêmes autres le pouvoir de le renier, de le tuer. ”C'était le Mexicain que je cherchais au Mall, lui qu'il me fallait tuer. Je l'ai traqué, il est mon démon d'une façon ou d'une autre, et je veux lui faire payer, le déshumaniser lui à mon tour. Sauf que cet enfoiré était pas seul, j'ai eu de la chance de m'en sortir aussi bien.” Une chance qui portait le nom d'Adam. ”J'ai retrouvé un peu d'humanité, assez pour revenir. La prochaine vengeance ne sera pas pendant mes heures de travail, promis...”
Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Dim 15 Sep - 20:01
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lucan abel
Abel eut un petit rire sans joie, éclat de voix tranchant et empreint d’amertume. « Tu devrais mieux choisir tes mots, Lucan. J’ai beau prétendre ce que je veux, tout le monde ici sait que les erreurs me sont pas plus étrangères qu’à vous tous. » Une façon de parler qui le plaçait au dessus des autres mais, n’en avait-on pas l’habitude avec lui ? Et ce qu’il fallait relever ici n’était pas tant les traces de son ego surdimensionné (dont tout le monde avait connaissance, tellement était-il incrusté dans chaque respiration du leader), mais ce que les mots disaient réellement. S’attarder sur le fond et ignorer la forme : oui, Abel Rhodes se trompait, et il pouvait se targuer tout ce qu’il voulait de connaître ses hommes, des erreurs étaient arrivées et il en avait chèrement payé le prix. Qu’importait pour ce soir, cependant : cela ne changeait rien (et Lucan serait damné, mais Abel n’était pas comme lui, Abel n’entretenait aucune croyance). La remarque n’était guère plus qu’un écho amer d’événements passés.
S’il y avait quelque chose que le cavalier regrettait vis-à-vis de l’expédition désastreuse de Cydonia, en dehors de l’échec retentissant et des pertes que son équipe avait eu à subir, c’était bien de ne pas avoir été présent à l’intérieur de la grande bâtisse où plusieurs équipes s’étaient retrouvées enfermées. Non pas pour le goût du risque : ils avaient eu leurs propres combats à mener à l’extérieur, n’en étaient pas sortis indemnes grâce au simple fait qu’ils s’étaient battus sous les rayons du soleil. Seulement, il y avait eu la gueule d’acier d’un piège qui avait emprisonné nombre d’hommes sous ses ordres ; quelque chose de terrible s’était passé entre les murs aveugles et l’obscurité régnant à l’intérieur. Chacun de ceux qui s’étaient tirés de là en était ressorti changé, quelque chose au fond du regard qui n’augurait rien de bon. Abel les avait laissés s’engouffrer au plus noir du danger et n’avait pas été là-bas avec eux, et ce n’était pas le genre d’homme qu’il était : il n’avait jamais eu pour habitude de laisser les autres mourir à sa place. S’il décidait quelque chose, s’il donnait des ordres et menait des hommes à l’affrontement, alors il devait être avec eux. Bien sûr qu’il n’était pour rien dans ce qui était arrivé : ce n’était que le fruit du hasard qui avait décidé de qui serait enfermé et qui ne le serait pas. Mais après avoir entendu tous les comptes rendus, la version de tous ceux qui avaient survécu, cela lui était resté sur la conscience.
L’histoire que lui racontait Lucan n’était pas la même que celle qu’il avait alors entendue quelques mois plus tôt, mais la question qu’avait posée Abel n’était pas la même elle aussi et cela y jouait pour beaucoup. Alors l’homme se fit auditeur silencieux, absorbant les paroles en même temps qu’il lui semblait pouvoir retracer la scène dans les tréfonds des iris sombres de son interlocuteur. Et quand la question fusa, qui ne lui était pas directement destinée, il ne se moqua pas. Ne répondit pas davantage : il restait encore des paroles qui attendait leur tour sur la langue de l’indien et, à l’interrompre maintenant, c’était prendre le risque de les y laisser coincées là. Un silence fit suite à la déclaration de Lucan. Et puis, enfin, la voix d’Abel s’éleva de nouveau au sein de la petite cahute. « Si tu dois partir à nouveau, annonça-t-il en pesant soigneusement ses mots, arrange-toi d’une manière ou d’une autre pour que j’en sois informé avant. Et si tu n’estimes pas nécessaire de m’en causer en personne, ou que t’en as simplement pas l’opportunité, alors ne laisse pas le message dans ta poche cette fois : tu sais que j’ai lancé des chasses pour moins que ça. » Il y en avait eu plusieurs, en bientôt neuf ans, pour ne pas estimer nécessaire de dire adieu avant de s’enfuir par la porte dérobée. Abel n’aimait pas cela : toutes ces informations sur le ranch contenues dans des caboches à l’objectif obscur qu’il n’avait pas pu sonder avant qu’elles tirent leur révérence. Lorsqu’il initiait des traques, on ne ramenait jamais ne prisonnier. Mais parfois, les cavaliers revenaient avec quelque chose de différent sur le visage. Abel toutefois, par la manière dont il avait répondu, autorisait tacitement son hôte du soir à un départ subit et à l’insu de tous si la situation l’exigeait. A l’insu de tous, sauf de celui qui dirigeait en roi ici. Le leader des cavaliers savait le goût de la vengeance et les dommages qu’elle pouvait causer à quelqu’un si elle n’était pas assouvie. De fait, chercher à tout prix à retenir Lucan dans une entreprise de la sorte n’aurait servi à rien.
« Si tu dois te frotter à ces fils de pute sectaires, il reprit après un instant de latence, ne te fait pas attraper. On pourra pas venir te chercher là-bas ; vu comme ils se comportent avec nous, je ne pense pas qu’ils traitent leurs prisonniers avec égard. » Lucan parlerait-il, s’il était torturé ? Les connards de Lazare pourraient avoir un intérêt à interroger un cavalier, puisque l’espion qu’ils avaient glissé ici avait été démasqué et tué, mais l’indien ne pouvait pas donner une info qu’il ignorait. Il pourrait dire bien d’autres choses, toutefois, s’ils parvenaient à le faire cracher. Et quant au sort qu’il lui serait réservé ensuite… « T’es vivant en ce qui me concerne Lucan, mais ces saloperies de créatures qu’ils ont enfantées le sont aussi. Si tu devais revenir comme l’une d’elles, je te planterai au cœur sans la moindre hésitation. J’en ai pas spécialement envie. Mais en attendant… » Il fit glisser vers l’indien la bouteille que ce dernier avait sortie de ses affaires personnelles. « Tu trouveras peut-être la réponse à tes questions quand le contenu de cette foutue bouteille aura baissé de moitié. » Et il savait de quoi il causait, hein ? Si prompt à abuser de la boisson, Abel, quand les ténèbres de la nuit se refermaient sur la maison familiale ou que la solitude s’abattait sur lui comme un oiseau de proie. Quand il pensait à son fils gisant sous terre et à l’autre, vivant mais qui flirtait avec la mort. Quand la longue liste de ses échecs défilaient devant lui et que même son reflet, dans le miroir, jetait sur lui un regard dédaigneux. Et quand il fallait prendre toutes ces décisions, les plus difficiles, parce qu’il était le seul à pouvoir le faire ici...
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Lun 16 Sep - 15:01
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lucan abel
Il avait rempli les tasses, il avait parlé aussi. Beaucoup. A présent, le jour ne se levait pas, la lumière n'était pas revenue également, juste le silence de la survie. Qu'ils étaient étranges, les mots d'Abel, tellement étranges que Lucan ne crut pas les comprendre tout d'abord. Lorsque le chef du ranch parla des chasses, l'Indien le regarda à nouveau. Oui, Lucan savait, n'était-il lui-même pas l'un des molosses d'Abel après tout? Ici, les règles étaient dures mais personne n'avait le choix, pas même celui s'érigeant en dieu parmi les hommes, surtout celui s'érigeant en dieu parmi les hommes..
Lucan leva la tasse remplie dans un salut silencieux, puis but ainsi que lui ordonnait l'autre. Aussitôt, la chaleur de l'alcool lui brûla la gorge comme jamais. Il n'y avait pas de miroir dans la cabane, pas de reflet à regarder alors pourquoi pas, pourquoi putain de pas? Toutes ces choses dites, tout le respect que l'on pouvait donner à quelqu'un aussi. ”Vaut mieux que vous soyez capable de me tuer, Boss”, répondit Lucan avec le visage grave. Wyatt pourra pas, lui : trop petit, il m'arrive aux genoux.” Il y avait toujours quelqu'un pour demander (et se demander) si les Rôdeurs gardaient une part de conscience en eux quand Lucan préférait s'en foutre. A peine se demandait-il si cela allait avec sa propre croyance des esprits... Le mal pouvait corrompre quelqu'un dans les légendes, dans la vie c'était la mort et rien de plus. A nouveau, l'homme remplit les mugs et tant pis si tout n'avait pas été bu la première fois. C'était nécessaire, voilà tout, juste nécessaire pour Abel comme pour lui. Ca ne faisait pas de bien, mais l'un comme l'autre ils ne cherchaient pas l'apaisement, brûlant d'un autre feu en plus de chacun de leurs tourments.
”J'ai d'autres bouteilles, si jamais vous voulez prendre la nuit pour des questions existentielles.” Une invitation un peu triste, celle de boire mais de ne pas boire seul. Lucan acceptait qu'on le paye d'un service par de l'alcool parfois. Il consommait peu cependant, accumulait sans même s'en rendre compte, s'en servait parfois aussi comme moyen de paiement à son tour. Alors il pouvait promettre cela à Abel : des alcools bizarres, pas forcément bons mais qui au moins arrachaient et déchiraient. Pour un peu, Lucan regrettait presque d'avoir jeté il y a quelques mois, la bouteille avec le scorpion dedans. Peut-être que le Texan aurait adoré?
”Et le petit, comment va-t-il?” Silas. L'ancien ranger n'avait pas d'enfant, n'en aurait sans doutes jamais, mais quelque chose dans le fils d'Abel le rendait protecteur à son égard. Peut-être pas comme un père cr l'enfant en avait un, terrible et puissant à sa manière, comme un oncle peut-être. Un oncle bizarre, peut-être façon Fétide de la famille Addams, songea Lucan doucement, souriant à propos de lui-même. ”On lui a promis de le remmener chasser après tout...” Mais l'état de santé du gamin brisait toutes les promesses. Certaines histoires n'étaient pas faites pour êtres jolies et joyeuses, elles amenaient juste la peur, elles amenaient juste l'attente...
Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Lun 23 Sep - 18:38
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lucan abel
Il jeta un coup d’œil circonspect à sa tasse, l’air de se demander dans quoi il s’aventurait en acceptant une bouteille proposée par Lucan. Puis décida que cela n’avait pas grande importance, au fond : s’il tenait à faire le difficile, il n’avait qu’à se contenter de ce qu’il restait encore de la vieille cave familiale… De fait, l’alcool était fort. Pas forcément agréable en revanche, mais fort. Il y plongea les lèvres en réponse au salut silencieux de son vis-à-vis et l’imita consciencieusement dans son entreprise et quand la tasse retrouva la table avec un petit claquement sourd, elle était pratiquement vide (quoique pas pour longtemps).
Un petit rire échappa à Abel, qui se voulait amusé mais où perçait une certaine forme de tristesse résignée cachée sous une épaisse couche d’amertume. « T’inquiète pas pour moi : j’ai déjà été capable de tuer bien trop de personnes que j’aurais préféré voir vivantes. » Et bien davantage encore qu’il était plutôt satisfait de savoir désormais mortes. Mais celles-ci ne comptaient pas parce qu’elles ne pesaient pas sur sa conscience, ne nourrissaient pas les regrets bel et bien présents derrière la solide carapace d’indifférence du leader ; neuf années de cette vie avaient plus que suffi pour transformer l’homme en un meurtrier au goût prononcé pour la violence. Mais même un meurtrier pouvait rechigner à la tâche. Cela ne l’en rendait pas moins capable pour autant, non. Il n’effectuait juste pas l’acte de la même manière, ne portait pas le même regard dessus et n’en ressortait pas autant indemne…
« Pourquoi pas ? répondit-il, acceptant de fait l’invitation tacite de l’indien. On dirait bien qu’elle est propice à ça. » Il but à nouveau ; le goût commençait à se familiariser avec son palais, à moins que l’alcool soit tellement fort qu’il ne le sente plus guère passer après le décapage initial ? « De toute façon, je ne suis attendu nulle part. » Vrai et faux : il y avait toujours un clampin pour l’attendre quelque part, vouloir lui poser une question, demander quelque chose, faire une connerie, la liste était longue… Longue, la perspective d’une nuit ici en compagnie d’un de ses hommes ne l’était pas moins, mais elle ne paraissait pas s’annoncer à lui comme un fardeau dans l’immédiat.
Un soupir fila d'entre ses lèvres. Et un petit silence, pour répondre à la question, qui s’étira suffisamment longtemps pour que Lucan ait repris la parole sans que son interlocuteur n’ait daigné lui formuler une réponse. « Avec un peu de chance, on tiendra cette promesse cet hiver, sauf s’il me fait encore une rechute. » Et comment être sûr que cela n’allait pas arriver ? Les progrès de ces derniers mois dans l’évolution de sa santé avaient été spectaculaires, certes, mais pouvait-on affirmer avec certitude que le problème était définitivement réglé ? Abel n’osait pas se risquer à entretenir cet espoir. Parce que l’expérience le lui avait appris, au cours de ces dernières années : les espoirs n’étaient bon qu’à être brisés, piétinés, réduits en charpie… « Il ne va ni bien ni mal, continua le cavalier, mais au moins il vit. Compte tenu des circonstances, c’est pas si mal non ? Ça lui fait toujours ça de pris sur Isaac... » Mû par un automatisme à la simple mention du prénom de l’autre fils, le mug se porta aux lèvres de celui qui causait et son contenu y fut vidé d’une traite. Puis remplie, encore. Et tout laissait à présager que ce ne serait pas la dernière fois que ce geste se répéterait au cours de la soirée.
Des questions existentielles, hein ? Le regard d’Abel étudia Lucan comme s’il cherchait à déterminer jusqu’à quel point l’indien ferait un bon interlocuteur pour certaines d’entre elles. Le leader du ranch avait un poids mort qui lui pesait sur les épaules, sur la conscience, dont il ne pouvait parler à personne, mais il existait cependant entre l’indien, Silas et lui un lien fort qui les réunissait dans un monde à part, quelque chose hors les cases de chef et d’homme de main. Quelque chose qui faisait que ce soir, peut-être, il pourrait envisager d’ouvrir la porte et de partager un problème qui lui semblait en tous points insoluble. « J’essaye de le faire revenir d’Olympia mais… il y a quelques difficultés imprévues. » Un nouveau soupir, une grimace. Comme s’il goûtait lui-même difficilement à l’euphémisme amer de ses propres mots. « En plus il vit là-bas avec tout le confort d’un prince. Si je lui laisse passer l’hiver loin d’ici, j’vais me retrouver avec un putain de citadin bon à rien sur les bras… » C’était dit avec humour certes mais persistait la vérité sous le ton moqueur : les mioches s’habituaient vite et Olympia incarnait un luxe incomparable au mode de vie du ranch, même vis-à-vis de la vieille demeure des Rhodes. Or, cela faisait déjà bien trop longtemps que Silas avait perdu les habitudes que son père lui imposait depuis qu’il l’avait estimé en âge pour être autre chose qu’un simple poids mort. Mais s’il pouvait n’y avoir que ça…
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Mer 25 Sep - 16:47
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lucan abel
Les nuits, Abel savait les reconnaître. Attentif à bien des choses visibles et invisibles, le leader du ranch possédait quelque chose de redoutable que Lucan respectait. Parce qu'Abel savait la valeur des non-dits. Il n'y avait pas de magie en ce monde mais Rhodes n'en avait que faire, de même que les superstitions car l'esprit affûté du cavalier savait où, quand, comment utiliser les émotions et les superstitions. Au fond, cela était plus terrible que n'importe quel sortilège. Ils buvaient, et Lucan regardait Abel tout en comprenant son propre rôle à jouer. Est-ce qu'Abel Rhodes se montrait humain? Une question à la con car s'il avait parfois été violent, cruel ou impétueux, jamais selon Lucan l'homme ne s'était conduit en monstre pour autant. Parfois, Abel s'exprimait, parfois il ne s'exprimait pas, voilà tout, et il pouvait y avoir des mots ou bien des ordres, ou bien des poings. Lucan savait qu'Abel Rhodes ne se cachait pas, ici, dans la cabane d'un de ses hommes. Non, il attendait simplement, et parfois les chefs avaient le droit d'attendre bien sûr. Comme beaucoup d'autres choses chez son supérieur, l'Indien respectait cette décision... Le fantôme d'un enfant mort, un verre (une tasse) à vider pour y survivre sauf que l'on y survivait pas. Les choses étaient ainsi, difficiles, incompréhensibles. Douloureuses. Le monde s’appauvrissait quand un enfant ne pouvait y écrire son histoire. Lucan resta silencieux, non pas par malaise ou par pitié, mais parce qu'il n'y avait rien à dire. Les gens souffraient, consoler ne servait en rien, il fallait vivre voilà tout. La douleur d'être un père était différente de la douleur d'être un fils, se contenta de songer Lucan. Encore une fois, il resservit les verres.
"Gamin, j'étais un putain de citadin toujours à me plaindre de tout. Mon père disait que j'étais une pomme : rouge à l'extérieur et blanc à l'intérieur. Une fois adulte, j'suis allé vivre dans les bois. Au final on est toujours citadin que pour un temps...” Il connaissait Silas, savait que le gamin goûtait peu à l'inaction malgré la sécurité des murs face à bien des tempêtes. Lucan regardait Abel les yeux dans les yeux ou peut-être était-ce le contraire. Cela arrivait peu, au final....
”S'il faut quelqu'un pour aller le chercher, je peux.” Les bonnes actions de Lucan dernièrement pouvaient lui permettre de montrer patte blanche pour entrer dans la ville. Cela, l'homme le laissa dans le non-dit des choses... ”Vous êtes un père qui a besoin de son fils. Faisons comme si j'étais déjà ivre et que j'ai le droit de dire quoi que ce soit : si je vous ramène le petit, vous le lui dites en face. Que vous le voulez à vos côtés.” Parce que c'était cela que voulait un enfant, rien de plus. Face à Abel, Lucan parlait en tant que fils, rien d'autre...
”J'comprends que maintenant que moi aussi j'aurai bien aimé avoir un gamin. C'est un peu tard, et j'sais même pas si j'aurai été un bon père. Vous, vous l'êtes. Faut pas être immaculé et sans défaut pour l'être, croyez pas les conneries des autres...”
Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Lun 7 Oct - 23:13
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lucan abel
La proposition de Lucan était louable, honnête, mais Abel secoua la tête en signe de dénégation. « Je n’ai pas besoin qu’on y aille à ma place. Mon fils, ma responsabilité. Les portes d’Olympia me sont ouvertes, du moins pour l’instant en tout cas… » Et pour combien de temps encore ? L’homme n’en savait trop rien mais, dans l’immédiat, la nouvelle alliance fonctionnait et il était dans l’intérêt du leader du ranch de faire en sorte que cela continue. Aucune raison, de fait, pour aller chercher des noises aux voisins même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait de le faire parfois. Que cela lui plaise ou non, il avait bien trop besoin de ce que ses voisins avaient à lui échanger pour s’amuser à jouer au con, à moins de vouloir condamner volontairement une partie des hommes sous ses ordres en leur refusant l’approvisionnement de l’anti-viral.
« Il le sait… enfin, je suppose. » C’était évident pour Abel. C’était évident pour n’importe qui voyait le gamin en compagnie de son père tellement l’impact que Silas pouvait avoir sur son géniteur était important. Et même si l’homme restait avare de paroles affectueuses avec lui comme avec n’importe qui d’autre, il était convaincu que le doute quant à ce qu’il voulait pour lui n’avait pas la moindre place dans le cœur de son fils. Comment cela aurait-il pu en être autrement, alors même qu’Abel aurait pu être capable de lécher les bottes de Diggs si on lui avait certifié qu’il s’agissait là de la seule solution pour guérir Silas de ce putain de virus ? Un petit rire lui échappa, éclat de voix fatigué et las où perçait tout de même une pointe d’amusement. Depuis quand il se laissait influencer par les conneries des autres ? Depuis quand avait-il laissé l’avis d’un lambda sur sa personne l’atteindre, l’amener à réviser quoi que ce soit ? Alors qu’il était pourtant de notoriété publique que le sieur Abel Rhodes était bien trop au-dessus de ses pairs pour se laisser toucher par leurs jugements. « Tu sais où je me la carre, l’opinion des autres sur moi, ou mes actes ? Je sais ce que je suis, ce que je fais, et ce que je veux. » Il n’avait jamais ne serait-ce qu’essayé de se prétendre autre chose que ce qu’il était réellement. Il ne s’était jamais remis en question non plus d’ailleurs, ni même n'avait songé qu’il ait pu faire des erreur dans la manière dont il avait éduqué ce petit bout d’homme qui portait son nom et son héritage génétique. Pour lui, il n’y avait jamais eu de doute à avoir quant au chemin qu’il avait choisi de tracer pour Silas et le cœur du problème était là. Parce qu’il existait aujourd’hui un dilemme qu’il ne savait pas comment régler et que pour la première fois depuis qu’il avait choisi de laisser Elisa pour morte et de lui arracher l’enfant dix ans plus tôt, il y avait sur sa route un obstacle qu’il ne savait comment franchir. Et si les solutions étaient nombreuses, il n’y en avait pas une seule qui lui semblait moins mauvaise que les autres.
Entre les mains d’Abel, la tasse se remplissait et se vidait sans qu’il n’en tienne réellement compte. L’alcool chauffait agréablement ses entrailles et il accueillait avec plaisir l’engourdissement léger qu’il provoquait comme un chat qui se serait logé contre sa poitrine en ronronnant. « Je t’ai vu faire avec Silas, Lucan, je crois que tu te débrouillerais pas trop mal avec un morveux à toi si t’en avais vraiment envie. Et de toute manière, tu ne peux pas vraiment savoir si ça va coller ou pas avant d’être devant le fait accompli. » Il eut un petit rictus tordu, siffla une nouvelle gorgée du breuvage à l’origine obscure qui ondoyait paresseusement dans son récipient. « Pour le reste, c’est pas trop tard, juste plus dangereux. » Et il haussa les épaules, l’air de vouloir dire que pour quelqu’un de la trempe de l’indien cela ne ferait pas grande différence. Les risques étaient réels cependant, et multiples, n’était-il pas lui-même très bien placé pour le savoir ? « Le seul truc, c’est de bien choisir ta pouliche, et encore… au moins maintenant on va pas te tirer un procès si tu t’en débarrasses après, pourvu que tu salopes pas trop le boulot. » Il ricana, mais il y avait une note d’amertume au fond, presque complètement caché par la plaisanterie grossière de l’homme (l’entendre parler des femmes avec vulgarité n’était pas nouveau dans la mesure où il ne respectait que celles qui lui forçait la main en ce sens) ; bien sûr, l’histoire du sort qu’il avait réservé à son ex-femme n’était pas inconnue au sein du ranch quoique probablement déformée par les années et les multiples personnes qui l’avaient véhiculée...
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Mer 9 Oct - 17:51
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lucan abel
”Dites le lui quand même et tant pis s'il le sait déjà. Les mots, c'est plus tangibles qu'on le croit, ça aide à tenir...” Plus que l'imagination, plus que l'espoir, plus que l'amertume. Plus que le silence et les non-dits aussi. L'alcool aurait pu être de l'eau désormais. Ils buvaient encore, cela soulageait. Lucan trinqua à la phrase d'Abel sur sa nature propre, cela méritait bien un cul-sec. Et puis, alors qu'ils en vinrent à déboucher la seconde bouteille Rhodes parla encore tandis que l'Indien se figeait un peu. Vrai qu'il s'entendait bien avec le petit, Lucan. Qu'il s'amusait à lui apprendre des trucs parfois, qu'il lui avait déjà sculpté des jouets aussi :de petits animaux dans du bois aussi comme des totems protecteurs. Et puis Lucan avait toujours répondu aux questions du plus jeunes, y compris quand celles-ci défiaient toute logique. Peut-être qu'Abel parlait de cela, peut-être qu'il parlait d'autre chose aussi, ou bien de rien du tout. Faire un gosse, l'alcool devait lui avoir bien bouffé le cerveau pour que Lucan voit en cela l'une des réponses de l'univers.
”Une pouliche, hein? C'est là que le bat blesse.” Et il repensa aux femmes du ranch alors, quand aucune n'avait pu briser sa solitude à lui. Parce que Lucan était enfoncé bien trop profond dans une forêt d'où on ne pouvait revenir. Trop de colère, trop de tristesse pour simplement coucher. Il avait essayé pourtant, dans le secret de beaucoup trop de choses. ”La dernière fois que j'ai voulu coucher, ça s'est pas trop bien passé. Faut dire qu'elle m'avait foutu une poele dans la gueule et qu'avec la migraine c'est dur de se concentrer... ” Pas le genre d'histoire à raconter cependant, pas quand la femme dont il était question se trouvait être la soeur de l'homme en face de lui. Lucan préféra attraper l'un des fruits secs sur la table, bien conscient que ce pauvre raison séché ne pourrait pas grand chose contre l'alcool déjà bu. Il n'avait jamais posé de questions sur la mère de Silas, quelques fois des rumeurs venaient jusqu'à lui mais Lucan s'y intéressait peu. Dans une vie, il y avait des choix à faire, beaucoup pouvaient être difficiles, inhumaines peut-être.
”J'salope jamais les trucs, boss, pas même les femmes.” Au moins, cela lui permettait de se concentrer sur d'autres choses, de rester en vie aussi. Et l'homme eut alors un grognement dédaigneux envers lui-même. Putain de nuit, putain de bouteille qui se vidait mais répondait à aucune question. Il ne pouvait que se raccrocher à une idée d'ombre, de solitude. Certains possédaient une vie plus dégueulasse que la sienne, Lucan en avait conscience. Au ranch, il n'avait aucune bonne amie peut-être, mais on le respectait, on respectait son travail. Un travail qui n'était que poussière face à l'apocalypse en général, mais tout le monde ne pouvait être quelqu'un.
”C'est quoi le plus mauvais coup que vous avez eu avec une femme?” Quitte à être dans l'ivresse la plus totale, autant s'enfoncer encore.
Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Dim 20 Oct - 17:37
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lucan abel
Si l’anecdote de Lucan arracha un vague rictus à Abel, celui-ci ne fit pas le moindre commentaire à ce sujet. Pas la moindre moquerie non plus, l’ambiance ne s’y prêtait pas forcément… Il arqua un sourcil, posa l’espace d’une ou deux secondes un regard appuyé sur son vis-à-vis mais observa un mutisme poli et se contenta de boire une nouvelle gorgée en trinquant silencieusement aux mésaventures de l’indien. « Je sais bien, reprit le cavalier à sa remarque. C’est bien pour ça que t’es encore là et que je tiens à ce que t’y reste. » Lucan ne salopait jamais rien. Lucan était l’un de ses hommes les plus efficaces, l’un de ceux à qui il pouvait confier une tâche ou une mission importante les yeux fermés et être certain qu’il ferait tout ce qui était en sa mesure pour l’accomplir sans avoir à annoncer la moindre bavure. Oh bien sûr, il y avait eu quelques erreurs, mais qui pouvait se targuer de n’en avoir jamais fait ne serait-ce qu’une seule ? Lucan ne salopait jamais rien, même ses vengeances...
« La liste est un peu trop longue à mon goût, rétorqua Abel avec un demi-sourire désabusé. Mais si tu tiens à m’entendre déblatérer sur la question, je crois bien qu’il va falloir que tu t’emploies à me saouler davantage que ça. » On le prenait rarement à s’épancher sur sa vie personnelle sinon avec un sévère coup dans le nez ou une envie soudaine (et rarement anodine) à la confidence. La seconde option étant, bien entendu, tellement rare qu’elle en devenait pratiquement anecdotique et généralement réservée aux personnes de son cercle proche, intime. Duquel Lucan, pour tout apprécié et estimé qu’il fût, ne faisait pas partie.
Sortant son nécessaire à fumer d’une de ses poches, Abel entreprit de se rouler une nouvelle cigarette qu’il eut tôt fait de glisser entre ses lèvres sans s’embarrasser de demander la permission de son compagnon au préalable – il était chez lui après tout. Chez Lucan aussi, bien sûr, mais d’abord chez lui. Un craquement d'allumette plus tard, l’extrémité de la clope s’embrasait d’une douce lumière rouge-orangée tandis qu’il tirait dessus. « Peut-être que je devrais te donner une promotion, Lucan ? reprit Abel après un temps, soufflant en même temps qu’il parlait un petit nuage de fumée qui portait l’odeur caractéristique des feuilles de tabacs cultivées au ranch. Avec un peu plus de pouvoir entre tes mains, tu aurais peut-être plus de monde à ta porte. » L’accent vaguement sarcastique de la voix jetait la proposition innocemment balancée entre deux mondes, entre la réalité et une mauvaise plaisanterie. Entre une idée réfléchie de longue date et des paroles sans lendemain inspirées par l’alcool. « Tu serais surpris de voir ce que certaines personnes sont prêtes à faire pour un peu plus de confort ou des privilèges sur les autres… » Abel parlait en connaissance de cause, bien sûr : il était de notoriété publique qu’il avait largement profité de ce que son statut lui offrait sur les autres. Dans les premières années de son ascension, cela lui était monté à la tête et, après tout, pourquoi aurait-il fermé la porte à ce genre d’opportunité ? Le temps l’avait vu s’assagir, cependant. Les exigences d’un quotidien qui ne cessait d’amener son lot de mauvaises surprises l’avaient happé tout entier. Et puis la fatigue et l’usure avaient brisé ses ardeurs. Désormais, il n’y avait guère plus qu’une seule femme qui encombrait son esprit, trop confortablement installée pour qu’il essaye encore de l’en chasser, et cela lui convenait parfaitement.
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Jeu 24 Oct - 23:20
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Abel Rhodes et sa diction parfaite malgré l'alcool, une des nombreuses raison de détester cet homme peut-être. Boire avec des puissants, il y avait un danger à cela, une ivresse différente aussi. Lucan ne crispa pas ses doigts contre la tasse encore pleine, il savait qu'Abel connaissait ses silences, leur valeur. Un homme puissant, Abel Rhodes, l'un des derniers. Il pouvait donner, il pouvait reprendre et Lucan obéissait...
Bientôt, une odeur de cigarette emplit la pièce. Alcool et fumée et Lucan repensa au salon de son enfance, à son père. Des souvenirs sans poids aucun maintenant mais qui vous bouffaient quand même. ”Les gens ici savent que j'suis un sauvage.” Qu'il se contentait de peu, qu'il avait ses propres voies, ses propres chemins aussi. ”Et qu'avec plus de pouvoir, j'en profiterai pour avoir plus de place pour mes livres, pas pour les femmes.” Lucan savait les fumées rituelles pour chasser les ténèbres, les cigarettes de Rhodes n'en étaient pas. Il faisait moins sombre pourtant, ou bien plus il buvait, plus l'Indien devenait capable de voir la lumière? A nouveau, Lucan prit le temps de les resservir tous deux. ”Vous m'offrez vraiment une promotion, Boss?” Il disait les mots mais sa phrase ne portait aucun sens. Une promotion, c'était quoi? ”On est d'accord que j'ferai rien de sexuel pour un peu plus de confort ou de privilèges sur les autres, hein?” La voix était grave, la voix était douce, Lucan portait son humour ainsi, reprenant les mots d'Abel pour leur enlever toute gravité. Pour le moment. Lucan savait une chose cependant, une parmi tant d'autres : rien ne se ferait tant que la vengeance ne serait pas expiée. Abel portait-il quelque chose au coeur de semblable contre Lazare? A nouveau il leva les yeux vers l'autre et le regarda autrement cette fois-ci. L'alcool le permettait. Deux semblables, deux égaux, chacun avec une vengeance au coeur. Et ce monde était le leur, sauvage, brutal, avec les espoirs les plus tordus qui soient aussi. Cela passa, Abel redevint le maître du domaine, Lucan l'homme à son service. ”On décide nous même de ce que l'on rend triste ou non, finalement.” Un constat. Lucan n'avait pas tout craché du poison qui lui coulait dans les veines depuis Camp Cydonia, Abel Rhodes venait cependant de l'aider à s'en défaire d'une partie. Ainsi étaient les meneurs d'hommes. Il redevint sérieux.
”Vous me donnez une mission, je la fais et s'il y a un prix à payer, j'le paye. Le reste, des détails, rien de plus...” Haussement d'épaules alors que l'alcool continuait à débloquer des pensées étranges. ”Peut-être que vous avez raison, qu'il est pas trop tard. Que j'aurai une poul...une femme, et puis un enfant avec un jour. En ce cas c'est à moi de continuer à tout donner pour le ranch parce que si c'est le cas, c'est ici qu'ils vivront.”
Et puis, un doute le saisit : ”Dites, vous pratiquez pas le droit de cuissage, hein?”
Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Mer 30 Oct - 22:20
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lucan abel
La question de Lucan, après tout son petit speech à moitié sarcastique et à moitié sérieux, était purement légitime. Et Abel prit le temps de la considérer, en même temps qu’il prenait le temps de poser sur son vis-à-vis un long regard scrutateur, peut-être un peu dur aussi, l’air de juger du poids de la question et des différents niveaux de lecture qu’elle pouvait bien comporter. Il ne répondit pas. Ou, du moins, s’il en avait eu l’intention, il laissa trop de temps s’écouler et l’indien reprit la parole avant lui, allégeant quelque peu l’atmosphère d’une remarque qui détendit les traits du leader du ranch jusqu’à lui arracher un coin de sourire amusé. « Aucun risque », lâcha-t-il sans l’ombre d’un doute sur le visage qui s’était fait un peu moins sévère. Il aimait bien trop les femmes pour s’intéresser aux hommes. « J’exigerai un paiement, cependant. » Un paiement en nature mais… d’une autre nature. D’une certaine manière, Abel revendiquerait le corps de Lucan, ses aptitudes physiques, son intellect, et un droit de vie et de mort sur lui à terme.
D’une certaine manière, la loyauté que Lucan exprimait à travers ses mots, la déclaration d’une éventuelle famille à venir, cela ne pouvait pas laisser indifférent le cavalier. Combien d’hommes pouvaient parler avec cette sincérité en le regardant droit dans les yeux, ici ? L’homme ne s’était jamais leurré sur la fidélité de certains, uniquement dictée par l’appât du gain et le profit qu’ils tiraient à être ici plutôt qu’ailleurs. Pas le plaisir. Pas l’envie. Mais ce qu’ils avaient à y gagner. Et cela lui convenait très bien, à Abel, en ce qu’il pouvait procéder ainsi à un troc : il donnait quelque chose, et prenait en retour. Mais le jour où l’un des deux n’avait plus rien à donner, alors il ne restait plus rien pour maintenir le lien… Ceux comme Lucan étaient plus rares. Infiniment plus précieux également.
Il eut un drôle de rire qui mêlait surprise, amusement. « Je pourrais, rétorqua-t-il, une drôle d’étincelle au fond du regard. Curiosité ? Qu’est-ce qui m’en empêcherait ? » Ou, reformulé : qui est-ce qui l’en empêcherait ? « Et je ne suis pas très regardant sur la marchandise, en plus… » Il noya le rictus moqueur dans sa tasse, observa la magie opérer tandis que l’alcool revenait remplir le contenant à peine vidé. « Enfin, j’ai autre chose à foutre, hein. Pas vraiment le temps pour ça de toute manière. » Mmh. Mauvais choix de vocabulaire, peut-être. Ce qui était vrai, cependant, était que rien de ce qu’il venait de dire n’avait été pensé sérieusement. Depuis quelques mois désormais, Abel était bien trop fidèle à son boulot pour avoir davantage que quelques pensées vagabondes, volages. Trop de fatigue, trop de tracas, trop de problèmes à résoudre. Jamais assez de repos : le ranch n’attendait pas, ne se gérait pas tout seul et, s’il avait du temps libre, alors Abel préférait l’offrir d’office à Silas. « Pourquoi, t’as une candidate tout bien réfléchi ? » Coin de sourire. Nouvelle gorgée. Cela ne l’intéressait pas vraiment, cependant : la vie privée des autres, il n’avait aucune raison d’y fourrer le nez dedans s’il n’avait rien à y faire. De la même manière qu’il n’acceptait pas qu’on le questionne sur la sienne, il n’attendait vraisemblablement pas de réponse susceptible d’aborder un cadre plus personnel.
« Dis-moi plutôt, il reprit à peine la tasse reposée sur la table. Et si mon offre était sérieuse ? Tu la prendrais ? »
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul Jeu 31 Oct - 0:47
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lucan abel
Quelque chose dans l'air sembla devenir plus tangible encore, comme la menace d'une ombre, d'une gueule qui s'ouvre, de crocs luisant de bave ou de poison tout à la fois. Quelque chose autour d'eux, par delà les mots et Lucan sut avec une acuité étrange que c'était contre cela qu'Abel se battait. Que jour après jour il dirigeait son ranch ainsi que le font les dieux, les fous et les tyrans. Qu'il le faisait sans espoir, car que peut-on espérer lorsque l'existence était ainsi? Et Lucan repensa aux sombres chemins et aux forêts, là où lui-même avait aimé à se cacher comme le font les lâches. Combien de fois avait-il lutté contre cette envie de repartie, d'aller là où seule la solitude existait? Abel Rhodes savait cela, Abel Rhodes sentait cela. Il connaissait chaque homme de ce ranch, de Son ranch. Ce qu'il proposait à Lucan, par delà les plaisanteries, il le faisait en connaissance de cause. D'autres questions étaient venues avant, et Lucan s'appuya contre le dossier de sa chaise dans un geste souple. Car cela était sa place ici, dans cette cabane, à cette table. Il parvenait parfois à reprendre possession de son espace d'une manière bien étrange, lorsque la seconde d'avant on ne voyait en lui qu'un Sauvage un peu perdu. Jouer des attentes des autres et les tromper...
”Quelqu'un peut-être, oui...” Une femme qui pourtant ne l'attendait pas. Combien de fois l'avait-il observé, elle et son ombre, sous la chaleur d'un après-midi quelconque ou bien alors que le soleil se couchait enfin? Et seule il la voyait toujours, comme une erreur pourtant car elle n'était pas de ceux que l'on rejette. Parfois, il songeait sa présence comme un rêve. ”Prendre qui?” En parlant de rêveries... Il fallut un instant à l'homme pour se ressaisir. L'alcool, ça faisait ce genre d'effet parfois, ça mélangeait les mots dans la bouche, ça mélangeait les mots dans la tête. Une malédiction comme une autre...
”Votre offre? ” Dire les choses ainsi qu'il le fallait, accepter ou refuser, faire un choix simplement. Rhodes pouvait exiger bien des choses de lui, y compris son âme alors Lucan répondait par l'affirmative, les yeux dans les yeux. ”Eha”. Ainsi disait-on “Oui”, dans sa langue. Abel le savait, et Lucan savait qu'Abel le savait parce que “oui”, ou bien “non, cela faisait partie des premiers mots que l'Indien avait appris à Silas pour l'amuser.
”Vous parlez, j'obéis.” Avec tout le poids des choses déjà passsées, Lucan disait cela, affrontant Abel du regard. Le ranch était un foyer, le ranch le resterait. Et peut-être que s'éloigneront enfin de lui les tristes orêts du Nord et chacun de leurs Fantômes? "Votre âme damnée, j'commence à l'être depuis un moment. On s'y fait..."
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Sujet: Re: and into the forest i go, to lose my mind and find my soul
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