Minuit trois. Elle aurait mieux fait de ne pas regarder l’écran de cette vieille montre flic-flac fissurée qui lui servait d’horloge ; cela lui aurait évité d’alimenter sa haine contre l’absence totale d’envie de dormir.
A force d’avoir passé des nuits et des nuits dans ce fauteuil, Willie avait fini par s’avouer une chose : il lui fallait absolument en changer. Malheureusement les magasins de mobilier n’étaient plus vraiment très courants et à la Carrière, c’était à la guerre comme à la guerre : à moins qu’un des malades ne passe de vie à trépas et qu’elle se résignait à lui récupérer ses meubles, elle pouvait rêver encore longtemps pour trouver un rocking-chair plus confortable que celui-là.
Trouver un lit de camp aurait peut-être été plus judicieux voire envisageable. Mais au vu des temps compliqués qu’ils traversaient et de la foultitude de blessés, Whil ne pouvait pas emprunter un de ceux qu’ils utilisaient au camp – des gens en avaient bien plus besoin qu’elle. La nuit à la belle étoile, elle avait tenté en vain. Impossible de fermer l’œil plus d’une demi-heure quand quelque chose comme le stress ou la paranoïa vous faisaient rêver que le premier jackal qui passerait dans le coin et la reconnaîtrait l’assassinerait dans son sommeil.
Il demeurait donc cette dernière option, celle qu’elle avait choisie par dépit et par défaut : s’épuiser au maximum pour que le soir venu, sa carcasse s’écroule dans le fauteuil et s’endorme le plus rapidement possible. T’aurais pu aussi dire à Erin de couper le cordon, ton lit aurait été libre et tout à toi, suggérait déjà sans aucune retenue la partie la plus épuisée de son inconscient. Mais même ça elle n’en était pas capable, alors que pourtant la situation commençait à devenir de plus en plus compliquée.
La cohabitation ne se passait pas mal, loin de là ; c’était même la meilleure chose qui se soit produite depuis son arrivée dans le Bourbier. Malgré les réticences de la blonde à rester et son manque évident d’imagination pour trouver des sujets de discussion, elles avaient trouvé une sorte d’équilibre plutôt rapide et équitable. Erin ramenait à manger, se prêtait sans rechigner au jeu d’aller chercher l’eau et surtout aidait Whilelmina sans s’en plaindre ni trouver cela aberrant. De son côté, Willie pouvait enfin se sentir quelque eu soulagée d’un certain poids des tâches quotidiennes et avec les récents événements, elle devait avouer qu’elle se sentait mieux de pouvoir parler à quelqu’un. Pas seulement des gens, du virus, ou de ses craintes concernant les Jackals. Seulement de tout et de rien, ce qui donnait à sa vie au sein de la Carrière un goût curieux mais pas désagréable – comme si elle retrouvait un semblant de normalité dans son existence.
Mais Erin avait repris du poil de la bête. Depuis quelques jours déjà elle avait bien vu que la jeune fille se réveillait avant elle, allait et venait dans la zone comme bon lui semblait et avait maintenant ses habitudes. Whil aurait du sincèrement s’en réjouir ; en réalité, elle commençait à avoir peur qu’elle ne décida de prendre son envol. Un peu trop tôt d’après elle, évidemment, mais la soigneuse aurait du s’en douter : si elle s’attachait à la première personne sympathique et aidante du coin, elle allait bien trop souvent pâtir de sa faiblesse d’âme.
Après tout la blonde n’avait rien promis et dès le départ les choses avaient été implicitement fixées : mais maintenant, le flou régnait. Ses iris restés inconsciemment braqués sur le lit situé en hauteur de la cabane réalisèrent, une fois sortis de leur torpeur, qu’une petite tête semblait aussi peu endormie qu’elle. Un minuscule sourire naquit sur la pointe de ses lèvres « Je te vois, tu sais. » Ces deux yeux qui la fixaient en retour dans la pénombre étaient bel et bien ouverts.
Pour faire mine de ne pas être complètement éveillée depuis plusieurs heures et parce que ses jambes l’en suppliaient un peu, Whil étira ces dernières et savoura le fourmillement qui les parcourut avant de demander à mi-voix – bien qu’elles n’avaient aucunement besoin de murmurer dans un lieu où aucun voisin ne se souciait du foutoir sonore qu’il produirait. « Tu dors toujours pas ? »Toi non plus Willie, toi non plus.
Les jours passaient un à un, ressemblant chacun un peu plus au précédent et pourtant dans cette routine incessante, Erin semblait y trouver un certain équilibre. Peu à peu, elle tournait le dos à la solitude, acceptant de reprendre un semblant de vie sociable, sans jamais savoir si c’était le bon choix ou pas. S’attacher aux vivants dans ce monde cruelle apportait souvent que de la tristesse et de la déception, elle était assez bien placée pour le savoir, après avoir perdu bien trop de proches. Pourtant, même si l’idée de repartir vivre seule à l’écart des autres était encore en projet, elle devait avouer s’habituer à cette sécurité éphémère et à ce sentiment de paix qui l’habitait depuis quelques temps.
Ce bien-être ou du moins, ce moment de répit dans la torpeur, Erin le devait surtout à sa soigneuse et même si elle lui avait largement rendu la pareille, elle lui devait bien plus. Tomber sur elle s’était sûrement avéré être la meilleure chose qui lui soit arrivé depuis des lustres et même si elle comptait un jour repartir dans la nature, jamais elle n’oubliera la générosité et la bienveillance de cette dernière. Même si elles ne se parlaient pas forcément beaucoup, elles apprenaient doucement à s’apprivoiser, devenant peu à peu ce qui s’apparentait à des amies. Même si dans la journées chacunes vaquaient à ses occupations, elles se retrouvaient chaque soir dans le petit abri, une sorte de rendez-vous non-officiel que la blonde affectionnée finalement plus que prévu. Jamais elle ne manquait un repas et jamais elle ne s’endormait avant de s’assurer que l’autre rejoingne les bras de morphée.
Comme bien des soirs, sa soigneuse semblait bien en peine pour trouver le sommeil, ce qui dans ce nouveau monde n’avait rien d’anormal. Malgré ses nombreuses propositions à lui céder le lit, Whilelmina continuait d’insister pour ne pas échanger, comme-si elle persistait à vouloir jouer les hôtes exemplaires. Des fois, Erin s’amusait à la prendre un peu par surprise et décidait de s’installer directement après le repas dans le fauteuil, ne lui laissant ainsi pas d’autre choix que gagner le lit, non sans un petit soupire. Cela dit, à chaque fois qu’elle avait dormi dans le lit, la brune n’avait pas mis longtemps à s’endormir, sûrement épuisée par les longues journées qu’elle enchaînait sans jamais se plaindre.
Si Erin pensait être discrète à observait la brune s’endormir au clair de lune, elle venait visiblement de se faire remarquer ou du moins, pour la première fois, l’autre le lui faisait remarquer. Bien qu’elle aurait pu se sentir un peu gênée par la remarque, sûrement par peur de passer pour quelqu’un de bizarre ou d’une fille avec des idées déplacée, elle préféra sourire un peu, avant de venir déposer sa tête sur le rebord du lit. « Tu sais, tu n’es pas obligée de dormir dans le fauteuil ? » Bien qu’elle se doutait que Whilelmina n’acceptera pas de changer les places, elle lui proposa une autre option, quelque peu surprenante pour celle qui se montrait bien souvent très froide. « Je peux te laisser un peu de place ? » L’invitation valait ce qu’elle valait et finalement Erin se surprit même à espérer que l’autre accepte, peut-être en mal de chaleur humaine ou de contact physique.
Son sourire s’accentua dans la pénombre tandis que ses paupières s’abaissèrent pour quelque fraction de seconde. Décidément Erin était têtue comme une mule et comme elle n’était pas la seule ici à être victime de ce défaut, ni l’une ni l’autre n’abandonnaient jamais l’éternelle chamaillerie de « qui dormirait où ». L’endroit n’était pas bien grand et le luxe y était plutôt proscrit mais pour le sommeil, la petite blonde ne coupait jamais au sempiternel discours de l’importance de bien récupérer de ses blessures et de ne pas négliger le repos comme facteur important de récupération. Si au départ elle avait bien voulu l’écouter sagement, sa colocataire avait vite fini par révéler sa tendance à la désobéissance et avait refusé plusieurs fois d’occuper un lit alors que Whil tombait de fatigue depuis l’apparition des malades à la Carrière. Les journées étaient en effet plutôt bien remplies et par faiblesse d’âme – en réalité par refus de devoir se battre pour rien – Willie avait accepté de céder son piteux fauteuil à Erin pou reprendre son couchage initial.
La jeune fille finit par se tourner de moitié vers son interlocutrice, ses genoux à présents remontés contre elle dans la tentative plutôt aboutie de se rouler en boule pour mieux se nicher dans l’assise du siège. « Tu sais que c’est toujours la même histoire à chaque fois ? » Evidemment. Mais ça elle s’en moquait bien. Ce n’était pas pour ça qu’elle arrêterait. D’ailleurs elle attendait toujours une réponse, sa petite tête innocente dépassant du lit.
La brune observa sans voir devant elle son bureau où traînaient encore quelques pots d’herbe et de feuilles séchées avant de répondre laconiquement, presque automatiquement. « … Ce matelas est beaucoup trop petit. » C’était vrai : il n’était pas fait pour que deux individus s’y reposent convenablement. Le constat ne datait pas d’hier – plutôt de son jour d’acquisition, et de celui où Erin avait déjà suggéré qu’elles tentent de partager la zone. Sachant d’ores et déjà que son argument ne suffirait pas à clore le débat, la jeune texane poursuivit d’un ton un peu plus affecté. « Et puis tu ne vas pas bien dormir. Je suis une horrible frileuse, j’avais tendance à voler la couette de mon petit frère. » A y réfléchir, elle ne comptait pas les fois où dans son enfance, ayant partagé le lit de Clifford lorsque l’un ou l’autre faisait un cauchemar, ce dernier se retrouvait déplumé de tous ses draps et enrhumé en hiver. Le souvenir la fit brièvement tiquer et elle finit par soupirer avec une conviction légèrement enrouée par la fatigue dans la voix. « Bref, c’est très gentil Erin, mais je t’assure que ça va. » Sa clôture de tirade aurait été parfaite si Whilelmina n’avait pas eu un léger frisson la minute suivante ; le genre de signe qui témoignait plutôt de la fraîcheur ambiante de l’habitation. Les nuits étaient aussi froides que les journées arides par certains moments et comme elle venait si stupidement de l’avouer … Elle n’était pas du genre à se promener en chemise ouverte aux trois quarts par tous les temps comme ce cher Angel Harrington. « Tu dois être crevée, en plus. »
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Mer 23 Mai - 23:02
Ce n’était pas la première fois que la blonde proposait à son hôte d’échanger les places pour la nuit, seulement comme toujours, elle se retrouvait face à un mur. La témérité et la bienveillance de Wilhelmina ne connaissait visiblement pas de limite, malgré les cernes apparentes qui s’installaient sous ses yeux. Bien que ce caractère bien trempé lui donnait un charme incontestable aux yeux de l’ancienne boxeuse, il ne manquait pas de la faire légèrement culpabiliser. Après tout, même si elle se savait la bienvenue dans l’abri et qu’elle participait très largement aux tâches quotidienne, elle n’en restait pas moins qu’une invité qui devra bien, tôt ou tard reprendre la route. D’ailleurs, cela faisait déjà quelques jours qu’elle y pensait un peu plus sérieusement, se demandant où elle pourra bien aller par la suite et si ce n’était finalement pas préférable de rester ici un moment. La solitude bien que salvatrice restait difficile à vivre et maintenant qu’elle commençait à se réhabituer au monde humain, elle n’était plus réellement certaine de vouloir y partir. Seulement, malgré les avantages certains, Erin doutait encore d’y avoir réellement le droit, surtout depuis son récent échange avec Malini. Ses anciens démons finiront tôt ou tard à ressurgir, tout comme ses erreurs impardonnables.
Néanmoins, avant de faire son choix, Erin comptait bien profiter un peu de ses derniers moments avec la brune, qu’elle affectionnait plus qu’elle ne le montrait. En effet, si la blonde restait assez pudique et réservée, c’était surtout par manque d’habitude et peur de mal faire qu’autre chose. Quelques mois auparavant, elle ne se serait sûrement pas posée autant de questions qu’aujourd’hui et aurait certainement tenté quelque chose de plus farouche avec la brune. Après tout, même si elle se tarissait bien de le garder pour elle, Erin devait avouer que le visage de sa soigneuse ne lui déplaisait pas et qu’après des mois sans contact ou chaleure humaine, elle ne serait pas compte un peu de douceur. Cela dit, même si elle aimerait bien renouer un peu avec le plaisir charnel, Erin n’allait pas lui sauter dessus, refusant de détruire l’amitié sincère qui commençait à naître entre-elles. Car si Whilelmina était une jolie fille, elle n’en restait pas moins son amie et la seule personne sur qui elle pouvait réellement compter ici.
Cependant, même si Erin pensait faire mouche sa proposition de partage de matelas novatrice, elle se retrouva encore une fois face à un refus. Seulement, lassée de se taire et d’accepter la vilaine manie de se sacrifier pour les autres de la brune, elle décida d’insister un peu plus. « Je vais pas te manger tu sais ? J’ai même pas la gale. » Bien que la prudence et la méfiance existait encore un peu, Erin s’ouvrait chaque jour un peu plus à son amie, laissant entrevoir la jeune femme sympathique et finalement marrante qu’elle pouvait-être et qu’elle serait sûrement devenu sans l'apocalypse. « Si tu refuses, je te force à échanger. » Pour une fois, Erin se montrait un poil plus autoritaire, bien décidé à faire lâcher un peu prise à la brune qui malgré les semaines continuait de vouloir jouer les hôtes exemplaires.
Non, évidemment. Erin n’était pas une rôdeuse – ou alors elle cachait extrêmement bien son jeu depuis le départ. Aucun risque pour la soigneuse de se faire dévorer en pleine nuit ou d’être agressée ; le seul véritable danger pour elle consistait en la possibilité de se vautrer à terre au moindre mauvais mouvement au vu du peu de place du couchage. Willie, néanmoins, s’amusait un peu plus que de raison du point d’honneur que la blonde mettait à vouloir la laisser profiter du lit qu’elle avait déniché seule. « Je suis persuadée de t’avoir vu te gratter la dernière fois. » plaisanta t-elle sur un ton pourtant faussement sérieux, ses yeux mentant déjà sur la véracité de cette information. Sans doute la jeune femme culpabilisait-elle de squatter de la sorte une cabane qui n’était visiblement pas faite pour la colocation. C’était un tort de sa part : les planches de bois et les tôles ondulées, ça se déplaçait et ça se trouvait partout à la Carrière.
Le débat s’étirait en longueur et les articulations, les jambes, les bras de Whilelmina - en fait, son corps tout entier – commençait à opposer une résistance progressive à son mental rôdé à une bienséance et une politesse jugées surannées en temps d’apocalypse. Plus personne ne faisait vraiment de manière, ne laissait quelqu’un se servir avant soi, n’ouvrait la porte d’entrée d’un bâtiment abandonné à son voisin pour le laisser passer ou ne donnait du « après vous » à son camarade de campement. Il n’y en avait pas la place ni le temps pour ce genre de choses. Sûrement était-ce pris pour des signes de faiblesse d’âme. Mais elle voyait les choses différemment, songeant que c’était autant de petits signes ridicules qu’elle ne tombait pas complètement dans l’individualisme brut.
Comme si ça ne suffisait pas, Erin avait à présent en tête qu’elle ne lâcherait pas le morceau : et si Whilelmina avait mis du temps à comprendre la demoiselle – et apprenait encore à ce jour à le faire -, elle avait très vite cerné que sa colocataire avait pour habitude de tenir tête aux autres dès qu’elle avait une idée bille en tête. « Carrément ? Eh ben. » La taquinerie était tout juste masquée mais lui donnait le temps de la réflexion. En guise d’argument final, il lui sembla que le fauteuil devenait de moins en moins confortable et lui donnait des fourmis dans les pieds. A bout de nerfs et plus que tout désireuse d’une vraie nuit de sommeil, la brune jeta l’éponge et se leva de son assise tortueuse. « Tu l’auras cherché ! » Sa défaite pour cette nuit s’acheva sur des bougonnements dignes d’une grand-mère.
Debout, Whil en profita pour suspendre son Winchester sur la hauteur du lit. On n’était jamais trop prudents, au cas où, mieux valait avoir son arme près de soi et non pas au sol, hors de portée. En quelques enjambées elle était déjà parvenue aux côtés de la boxeuse et s’écroula sans trop de formalités sur le côté du matelas qu’elle espérait le moins large possible. Ravi, son dos en aurait soupiré de soulagement et elle aussi, mais ce fut en jetant un coup d’œil aux côtés de sa voisine que la constatation la frappa et la prit légèrement de court. A dire vrai et de mémoire, la dernière personne avec qui elle avait partagé ses couchages était Angus et maintenant qu’elle s’en rappelait elle n’était plus certaine de pouvoir fermer les paupières. La peur d’y repenser jusque dans ses songes venait de reparaître : elle l’étouffa d’un battement de cils. « Je te l’avais dit, ce truc n’est pas fait pour deux. » Elle esquissa un sourire un peu gêné avant de fixer la toiture au-dessus d’elles dans un silence relativement bref qu’elle se sentit obligée d’écourter pour une raison inconnue. « Il faudra que j’en trouve un deuxième. » Sous-entendu : la cabane allait s’agrandir. Whil n’avait pas trouvé de meilleure façon que de l’avouer avec cette honnêteté subtile ; Erin avait sa place ici et elle pouvait encore rester si elle le souhaitait. Le reste n’était que détails matériels qui se résoudraient aisément à deux et avec un peu d’huile de coude.
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Mer 30 Mai - 22:29
Malgré ses réserves à l’idée de partager le petit matelas, Whilelmina accepta tout de même l’invitation et ne tarda pas à arriver à ses côtés. Même si elles se retrouvaient effectivement très proche et pas forcément à leurs aises, cela ne dérangeait pas vraiment la blonde. Le contact humain ne pouvait pas lui faire du mal après ces mois de solitude, d’autant plus en compagnie d’une fille aussi bienveillante que mignonne. « Ca va, je trouve. » De toute manière, elle préférait la voir dormir sur le matelas que sur le fauteuil et s’il fallait que quelqu’un redescende pour dormir dedans, elle le fera sans hésitation. Après tout, si elle dormait mal, rien ne l’empêchait de faire la grasse matinée dans le lit une fois la brune partie ou même une sieste dans l’après-midi. D’ailleurs pour dire vrai, hormis les obligations qu’elle se mettait à chasser ou s’occuper de la logistique de l’abri, Erin n’avait absolument rien à faire, ce qui pouvait parfois même s’avérer assez long. Même si sa routine lui offrait un certain confort, elle devait avouer commencer à avoir envie de se sentir un peu plus utile ou du moins un peu moins passive. C’était d’ailleurs à cause ou grâce à ce sentiment d’ennui latent que Erin commençait sérieusement à se demandé ce qu’elle allait bien pouvoir faire de sa peau prochainement.
Parfaitement indécise sur la suite des événements, la blonde avait décidé de se mettre une date butoire à laquelle elle devra réellement choisir entre rester ou partir. Si elle en suivait son petit calendrier intérieur, il devait lui rester plus ou moins quatre jours pour faire son choix et aller de l’avant. Seulement, plus elle restait à la carrière, moins elle avait envie de retourner à sa solitude, ce qui ne l’aidait définitivement pas dans son choix. Cependant, même si cette question existentielle lui occupait l’esprit en permanence, elle comptait bien profiter encore un peu de la compagnie bienfaisant de sa colocataire de fortune.
Allongée sur le côté et soutenant sa tête avec son bras, Erin regardait la brune contempler le ciel, non sans un petit sourire. Même si elles étaient très différentes, les deux femmes avaient tissé un lien indescriptible entre elle et peu importe la voie qu’elle empruntera par la suite, jamais elle n’oubliera ce joli profil. Distraitement elle effleura le bras de la brune pour attraper sa gourde et boire quelques gorgées d’eau, avant de bloquer un peu en entendant l’autre parler d’un éventuel deuxième matelas. Bien que la proposition était plus que touchante, Erin devait avouer ne pas forcément s’y attendre, après tout dans ce nouveau monde, personne ne se montrait aussi altruiste. Néanmoins, cet aveux de la part de Whilelmina ne manqua pas de faire sourire la blonde, tout de même contente de savoir que l’attachement était réciproque.
Une fois sa gourde reposa sur la planche de bois qui tenait le matelas, elle reprit sa position initiale et offrit un sourire amical à la brune. « Non, t’en fais pas. Je vais pas abuser trop longtemps de ton hospitalité… Je vais sûrement bouger bientôt ? Comme ça tu auras ton petit lit pour toi toute seule. » Cela faisait déjà trop longtemps que Erin occupait les lieux, il était temps de se retirer avant de ne plus être en capable de partir. « Et ton intimité, pour ramener ton copain ou ta copine par exemple. » Maintenant qu’elle y pensait, depuis son arrivée Whilelmina n’avait jamais ramener personne dans l’abri hormis Angel, avec qui elle sortait peut-être. Une idée qui ne la ravirait pas, pour une raison qu’elle n’arrivait pas vraiment à cerner d’ailleurs, situé entre jalousie et agacement
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Dim 3 Juin - 22:31
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Il aurait été étonnant qu’Erin accepte d’office son idée et lui suggère même d’aller dès maintenant à la chasse aux lits de camp. Mais ce ne fut pas uniquement un refus poli que dut essuyer la brune ; plutôt l’aveu d’un départ imminent. Bizarrement Whilelmina n’était pas totalement encline à l’idée de voir la petite blonde repartir comme elle était arrivée dans le Bourbier. Après tout elle était la première amie qu’elle se faisait ici à qui elle avait pu faire découvrir la Carrière, à qui elle avait laissé le temps de s’intégrer et de se fondre au paysage mais principalement à qui elle avait donné une chance de rester avec elle. Ce n’était pas uniquement parce qu’Erin avait eu besoin de soins particuliers qu’elle lui avait gentiment accordé une place dans son maigre logement de fortune. Avec le temps Whil avait eu l’impression que cette fille pouvait devenir une personne de confiance et ce elle-ne-savait-quoi qu’elle n’arrivait pas vraiment à comprendre lui rappelait quelqu’un – ou quelque chose – dont elle ne souhaitait pas se séparer. « Tu n’abuses pas, tu sais. C’est juste qu’il faudra bien que j’aménage si tu restes. On trouvera une solution. » opposa gentiment la soigneuse tandis qu’elle agitait ses pieds distraitement.
La jeune texane étouffa un rire à mi-chemin entre nervosité et amusement lorsqu’Erin posa un de ses autres arguments sur la table. Celui-là, elle ne l’avait absolument pas vu venir. « Un copain ? » Avoir quelqu’un dans sa vie n’était pas franchement dans l’ordre de ses priorités. Il y avait mille bonnes raisons de ne pas avoir d’attache sentimentale de ce genre ; le temps qu’elle n’avait pas à consacrer, les complications d’une telle relation dans un cadre comme la survie, les mauvais souvenirs toxiques qu’elle conservait du seul et unique garçon qu’elle avait aimé, la petite croix de métal précieux froid qui gisait sous son pull trop grand, les risques sanitaires de tomber amoureuse du premier infecté venu … A les lister de la sorte, Whil pouvait dire que leur époque avait assassiné le romantisme à grands coups de pioche. « Ca, c’est le genre de préoccupations qu’on pourrait avoir si on était pas en pleine apocalypse, tu crois pas ? » Un sourire un peu fataliste plaqué sur ses lèvres, Willie chassa les dernières miettes d’Angus qui trainaient encore dans un coin de sa tête avant de finalement rouler un peu sur le côté pour se mettre sur son flanc, face à la jeune fille qui l’observait faire.
Le matelas était bien trop confortable pour qu’elle puisse cacher la sensation appréciable d’y être pelotonnée. Même si ça privait Erin d’une partie de son espace de sommeil et même si elle faisait un effort pour ne pas empiéter. Malgré tout, les mots de la blondinette lui revinrent en mémoire ; elle avait parlé de s’en aller comme si toutes les bonnes choses avaient irrémédiablement une fin. Whil hésitait à revenir sur cette discussion en pente glissante et se ravisa au dernier instant pour parler d’autre chose – pas un choix forcément très réfléchi quand on connaissait l’esprit farouche de la jeune chasseuse de lapins. « T’avais un petit ami, toi ? Avant tout ça, je veux dire. » Sa curiosité à présent piquée au vif n’était pas nécessairement bien placée et Erin n’avait aucune obligation réelle de répondre à ça. Mais Willie imaginait bien qu’une fille comme elle attirait forcément l’attention des garçons et pour une fois elle avait envie de se comporter comme quelqu’un de son âge ; de papoter de ces futilités que leurs âges autorisaient sans conteste.
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Sam 9 Juin - 19:01
La nouvelle d’un hypothétique départ imminent ne semblait absolument pas ravir la brune, ce qui dessina malgré elle un sourire sur le visage d’Erin. En effet, même si elle s’en voulait quelque peu de la rendre triste, la blonde était tout de même contente de voir que leurs sentiments étaient réciproques et que même si elle partait demain, elle s’était bel et bien fait une amie. Cependant, ne sachant toujours pas quelle réponse donner à sa colocataire de fortune, elle préféra rester le plus neutre possible, pour ne pas lui faire de peine ou de faux espoirs. « Au pire je ferais un abri, histoire de te rendre le tien. » Rester trop longtemps dans une surface aussi limité n’était pas bon, encore moins pour la blonde qui affectionnait ses moments de solitude. Si elle construisait son propre abri, Erin pourrait non seulement gagner en intimité tout en rendant celle de Whilelmina, sans pour autant arrêté de la voir. Une solution qui serait bien arrangeante, si toutefois elle se décidait finalement à rester.
Cependant, avant de faire un réel choix, elle comptait bien profiter de chaque instant avec cette amie, comme cet interlude nocturne qui semblait si déconnectée de la réalité. Si avoir une conversation parfaitement lambda de jeunes femmes pouvaient paraître dérisoire, cela n’en était pas moins apaisant, comme-si finalement tout n’était pas en cendres dans ce monde. Avoir des envies ou des désirs seraient totalement justifiés, même dans l’apocalypse et même avec une pureté si affirmée. « Bah, tu peux quand même avoir des sentiments ? Ou des envies ? Genre avec Angel ou autre ? » Malgré leurs caractères opposés, Angel et Whilelmina semblait étrangement proche, ce qui avait toujours un peu éveillé la curiosité d’Erin qui en était venu à les imaginer comme une sorte de sex friend occasionnel pour combler le manque et le besoin de chaleur humaine.
D’ailleurs, maintenant que Whilelmina en parlait, cela faisait bien longtemps que Erin n’avait pas goûté au fruit défendu ou simplement profité d’un peu de chaleur. « Avant tout ça ? Non, on avait quoi ? Quatorze ans ? J’avais personne, si ce n’est un poster de kurt cobain dans ma chambre ? » Sa vie amoureuse ou sexuelle n’avait jamais existé dans le vrai monde et pour dire vrai, elle se demandait parfois ce qui serait advenu si elle le virus n’avait pas existé. Peut-être qu’aujourd’hui elle serait en couple, habitant dans un appartement à Chicago avec la personne de sa vie, à parler de projets à long terme, qui aujourd'hui paraîtraient bien niais et stupides. « Après j’ai eu quelques relations. Pas très sérieuses, mais sympas quand même ? » Bien qu’elle s’ouvrait un peu à la brune, Erin se passa de révéler quelques informations, comme le fait de ne jamais avoir couché avec un homme et d’être aujourd’hui seulement habituée aux femmes. Non pas qu’elle en avait honte, elle n’était pas certaine que cela mette très à l’aise la brune, vis-à-vis de la proximité actuelle de leurs corps.
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Mer 13 Juin - 23:30
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Souvent perçue comme cette petite demoiselle discrète et sans éraflures, lisse, Whil n’était pas vraiment le genre de jeunes fille auquel on aurait prêté la moindre aventure. Alors avec un type comme Angel, un tel dévergondé qui n’en loupait pas une et qui, clairement, offrait un beau contraste avec elle, c’était quasiment improbable. Les mots en arrachèrent d’ailleurs un éclat de rire qui déchira le calme apparent régnant dans la cabane. « Hein ? » Bien vite, la confusion suivit l’incrédulité, ses pommettes se parant de rouge pendant quelques secondes. « Non, non non non. » Un reflux, cette fois de suspicion, tandis que son esprit tentait péniblement de faire les connexions. A se demander d’où Erin pouvait tenir une idée aussi farfelue. « Pourquoi tu dis ça ? C’est lui qui t’a dit des trucs comme ça ? » Sourcils froncés et moue inquisitrice, Willie prenait sûrement cette petite blague de son interlocutrice un peu trop à cœur. Mais il était bien capable de ce genre de choses, le bougre … Même si ça n’avait véritablement aucun intérêt. A moins qu’il ne cherchait tout simplement à s’amuser comme il aimait le faire pour passer le temps ; en disséminant un peu partout un joyeux bazar. Typiquement Harrington. « C’est … Peu importe. Y a rien du tout entre Angel et moi. » finit par soupirer la brune avant de resserrer un peu plus le bras replié sous sa tête. « On est potes. » Whil regretta instantanément d’avoir prononcé cette phrase, par peur d’ouvrir un sujet risqué concernant l’ex-Jackal.
Son imaginaire peina quelque peu à chasser l’étrange photographie du blondinet aux yeux charmeurs, mais il y parvint alors que la boxeuse lui racontait des miettes de sa vie avant l’apocalypse. Il était presque divertissant d’essayer de se représenter sa colocataire avec huit ans de moins et un caractère encore plus belliqueux que celui qu’elle pouvait avoir aujourd’hui. Une vraie ado pure et dure, à n’en pas douter. « Je sais pas. Je t’imaginais un peu … rebelle. » Elle devait l’avouer, elle avait du mal à croire que la blonde fut un modèle de sagesse et d’exemplarité dans son plus jeune temps. Ca ne lui collait pas tout à fait. « Mais du coup le poster de Nirvana me dit que je n’ai pas totalement tort. » Un petit sourire en coin malicieux appuya ses dires alors qu’elle-même se rappelait à cette époque nourrir des goûts musicaux plus traditionnels – au même titre que des ambitions plus sages.
Erin avait connu des garçons et elle … ? Toute sa vie elle n'avait trouvé que des portes fermées jusqu'au jour où elle était tombée sur lui. Angus. Le seul garçon qui l’avait acceptée et aimée ; à vrai dire, c’était ce qu’il lui avait toujours dit, qu’il l’aimait. Sa seule, unique et véritable relation, ou en tout cas ainsi qualifiait-elle et considérait-elle ce qu’elle avait vécu comme tel. A tort ou à raison, c’était le seul exemple sur lequel elle pouvait s’appuyer – et au fond, une part d’elle s’en doutait, elle n’avait pas eu droit au meilleur ni même au plus sincère. Sans qu’elle ne s’en rendit compte, son regard s’était progressivement perdu dans un vide flouté et le sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres avait fané dans un silence qui en disait bien trop. Elle sentit qu’Erin l’avait percé à jour à la façon insistante dont son regard s’était posé sur elle et finit par se ressaisir pour donner le change. « Excuse, j’ai juste eu un petit coup de mou. »
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Sam 23 Juin - 17:53
La seule allusion à Angel suffit à faire rougir la brune, paniquée à l’idée qu’on puisse penser qu’elle batifole avec le blond. Une réaction enfantine et des plus mignonnes qui dessina rapidement un sourire à l’ancienne crimson, ravie de peut-être faire un peu de concurrence à l’autre imbécile. Même si elle ne connaissait pas vraiment celui qu’il était devenu, Erin se construisait déjà une image de lui par ce qu’elle avait eu l’occasion de voir de temps à autres. Le portrait n’était pas glorieux et à la réaction de brune, elle devinait assez aisément qu’il n’avait rien d’un petit ange. Néanmoins, même si elle ne le portait pas dans son coeur, Erin ne comptait pas créer des histoires entre eux et clarifia la situation. « Non il a rien dit. T’façon on se parle pas. » Même si elle n’avait jamais parlé d’Angel à sa colocataire, Erin se doutait bien que cette dernière avait parfaitement compris ou appris que ces deux-là se connaissait, sans pour autant en avoir les détails -ce qu’elle n’aura peut-être jamais d’ailleurs. Malgré les années, l’amertume restait présente et Erin se voyait mal refaire copain-copain avec le blond, surtout après leur dernier échange. Désormais, chacun faisait son petit bout de chemin dans son coin, un choix qu’avait pris Angel il y a de ça déjà un bon moment. Bien que parfois elle regrettait l’ancien temps, elle préférait aller de l’avant et enfermer ces souvenirs dans un petit coin de sa mémoire. D’ailleurs, même si elle ne le disait pas, Erin remerciait son amie de ne pas se montrer trop curieuse à ce sujet, qui la pousserait sans aucun doute dans ses retranchements.
Parler du passé n’était jamais chose facile et encore moins faire face à ses regrets, qui nous rappelait bien souvent ce qu’on avait perdu. Cela dit, même si elle ne parlait jamais de son passé -incapable d’assumer réellement ses erreurs, elle se surprenait pourtant à aborder la vie avant l’épidémie, ce qu’elle n’avait pas fais depuis bien longtemps. « Je copiais surtout mon frère, c’était lui le vrai rebelle. » Son frère Angus, loin d’être parfait, restait et restera toujours ce frère qu’elle avait longtemps admiré et que quelque part, elle regrettera toujours. Si seulement elle avait pu le retenir ce soir-là dans la forêt, si seulement elle avait trouvé les bons mots pour le ramener… Tant de détails qui auraient pu changer le cour du temps, épargnant au passage plus d’une vie. Cependant, même si évoquer son feu frère restait délicat, elle ne marqua pas spécialement d’arrêt, espérant que l’autre ne rebondira pas trop sur à ce sujet.
D’ailleurs, par chance ou pas, Whilelmina ne réenchérissa pas, complètement perdue dans ses pensées, après que Erin est évoquée ses quelques histoires charnelles passées. C’était la première fois qu’elle voyait sa colocataire si pensive et même si elle ne doutait pas un seul instant que la vie ne l'avait pas plus épargné qu’un autre, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que la brune avait bien pu traverser et faire avant d'arriver à la carrière. Dessous sa peau de lys, ses vices se glissaient et Erin crut un instant apercevoir un brin de trouble et de noirceur dans le regard de Whilelmina. D’ailleurs, elle aurait bien aimé lui demander à quoi elle pouvait bien penser, mais avant qu’elle n’agisse, la brune se redressa un peu pour lui faire face, sûrement consciente du blanc qu’il venait d’y avoir. Les excuses fut acceptées d’un hochement de tête, tandis qu’elles se tenaient désormais face à face, comme-si le reste n’existait plus.
« J’ai dit ou fait quelque chose qui ne fallait pas ? » Même si elle n’avait pas l’impression d’avoir été maladroite, Erin préférait s’en assurer, relançant au passage un peu la conversation. En effet, ça serait assez dommage de finir sur une note si froide et malaisante après avoir finalement réussi à l’amener sur le même matelas qu’elle. Bien qu’elle ne savait toujours pas si tenter quelque chose était une bonne idée, elle savait au moins une chose, c’était qu’à cet instant précis, elle n’avait aucune envie de sentir Whilelmina s’écarter d’elle.
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Sujet: Re: foolin' myself | erin Dim 24 Juin - 22:45
erin whil «people say i'll get hurt»
Le visage flou de la blonde se focalisa devant elle tandis que ses paupières papillonnèrent à plusieurs reprises et que ses pensées se volatilisaient dans le même rythme. « Nan, nan, c’est rien. » s’entendit-elle répondre vaguement. Si elle s’inquiétait ? Oui, et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Les traits d’Erin étaient trop fins pour ne pas dessiner parfaitement les émotions qui y dansaient ; et ce fut ainsi, réduite à cette proximité dont elle prenait conscience seulement maintenant que Whilelmina remarquait à quel point Erin pouvait être si différente du masque qu’elle arborait le jour. Moue fermée, regard endurci, lueur déterminée : en opposition totale à ces grands yeux clairs qui paraissaient attendre avec attention, guettant peut-être un signe rassurant, une parole douce. Ce n’était plus une guerrière qu’elle hébergeait, c’était aussi quelqu’un de bien trop jeune pour pouvoir éternellement jouer à l’héroïne. « Je pensais à des trucs. »Plus précis, tu meurs. Mais en parler à Erin ? Ne pas en parler ? Le dilemme s’était spontanément posé dans son esprit. D’une certaine façon elle lui devait bien ça, la jeune fille s’était personnellement confiée et ce bien que les bribes d’information n’étaient pas bien longues – le contraire de la part d’Erin aurait été surprenant. Un prêté pour un rendu, en quelque sorte. Mais à mieux y réfléchir, si Whil devait parler d’Angus en toute franchise, alors elle aurait du commencer par le début et ce début-là, la brune n’était pas encore complètement convaincue que la boxeuse puisse être capable de l’écouter sans ciller.
Elle choisit donc sciemment de ne pas être honnête ; un mensonge par omission était toujours moins grave qu’une histoire inventée de toutes pièces. Ce n’était que remettre ces aveux à plus tard. Pour sûr, un jour, Erin saurait tout. Elle ne voulait tout simplement pas précipiter les choses par peur de naïvement l’éloigner d’elle. La déception n’était pas ce qu’elle désirait voir dans ces deux pupilles qui la fixaient toujours.
Malheureusement pour Erin et sans même que Whilelmina ne le soupçonne, l ouïe de la soigneuse s’était arrêtée instinctivement sur les mots choisis de manière anodine par son interlocutrice. Un regain d’intérêt pour ce sujet mystérieux – car si Erin faisait partie d’une fratrie, il devait y avoir une raison pour laquelle elle se retrouvait ainsi seule. Etait-ce donc là le point de départ qui expliquait son cheminement jusqu’à la Carrière ? Etait-elle tout simplement à la recherche d’un aîné perdu de vue ? « T’as un frère ? Tu m’en avais jamais parlé. Où est-ce qu’il est ? Comment il s’appelle ? » Beaucoup de questions, mais peu de réaction de la part de la principale intéressée … Ou du moins, pas celle à laquelle elle s’était attendue. Et à voir l’expression de son visage évoluer lentement, le constat d'avoir fait le mauvais choix se posa un peu tard : il aurait mieux valu parler d’Angel plutôt que de la famille invisible d’Erin. « T’es pas obligée de me répondre, tu sais. Ca me regarde pas. » L’impression de déjà-vu où lors de leur première discussion, ces exacts mots avaient été prononcés comme pour sceller la marque d’un respect de l’autre. Jamais Erin n’avait été forcée à quoi que ce soit et il n’en serait jamais question. Il n’était pas trop tard pour désamorcer le pire, mais Willie avait la vague sensation de remercier le geste de partage de son amie en amenant une mauvaise ambiance relative jusqu’à elles. « J’aurais mieux fait de rester dans mon fauteuil. » soupira la jeune fille, piteux sourire d’excuse en bandoulière. Il n'était pas exclu qu'elle y retourne de son propre chef plutôt que d'ennuyer davantage sa colocataire d'infortune.
Bien que le mensonge était assez évident, Erin décida de ne pas insister plus longtemps, soucieuse de ramener son amie à des souvenirs trop douloureux. Ce nouveau monde n’avait épargné aucune âme et même si elle ne connaissait pas Whilelmina depuis longtemps, la blonde pouvait aisément imaginer quel genre de démons la hantaient. Tout comme elle, la soigneuse avait sûrement dû être poussée à abandonner une part de son humanité pour survivre, devenant la pire version d’elle-même et semant la mort sur son passage. Quand on arrivait aussi loin dans l'abnégation de soi il était assez difficile de remonter la pente et même si la seule rédemption possible était sûrement d’avouer ses crimes et de faire face aux conséquences de ses actes, cela n’en restait pas moins compliqué. Malgré ses mois de solitude, Erin n’arrivait toujours pas à se regarder dans un miroir et encore moins à assumer ses regrets, alors qui était-elle pour exiger cela de son amie ? Même si elle aimerait sincèrement pouvoir aider son amie dans ce moment de doute, elle resta parfaitement muette, ne faisant que compatire de ses yeux clairs.
Heureusement, le silence ne dura qu’un instant, évitant alors à l’ambiance de s’alourdir un peu plus. Du moins, c’était ce qu’elle pensait, avant de d’entendre la curiosité soudaine de la brune à l’égard de ce mystérieux frère. Automatiquement, Erin se détesta d’avoir mentionner son existence et surtout d’avoir imaginer que cette information passerait inaperçue. Rapidement, le visage de la blonde se referma un peu, alors qu’elle mordillait nerveusement sa lèvre inférieur, paralysée à l’idée d’évoquer son feu frère. De manière générale, elle n’était déjà pas encline à parler de son passé, mais devoir aborder un sujet aussi difficile et compliqué que Angus devenait quasiment insurmontable. Seulement, en voyant la culpabilité de Whilelmina sur son visage, l’ancienne boxeuse décida d’assumer son erreur, se promettant ainsi de tourner un peu plus longuement sa langue dans sa bouche avant de parler la prochaine fois. « Il est mort, mais tu pouvais pas savoir. » Bien qu’elle passa largement les détails des circonstances de la mort de son frère, Erin s’en rappelait sans la moindre difficulté et pour dire vrai, il n’était pas rare qu’elle en fasse encore des cauchemars. Chaque jour, elle revoyait le visage presque apaisé de son frère au moment d’appuyer sur la détente, et chaque jour elle se répétait en boucle les derniers mot qu’il lui avait prononcé : Erin arrête, tu es comme moi. Sinon tu serais pas ici, tu penses que je suis un monstre, mais tu ne vaux pas mieux ! Les jackals sont des humains, peu importe à quel point tu les détestes. Alors arrête, passe ton chemin. Terribles et réalistes, les paroles d’angus avaient finalement poussé la blonde à une vérité qu’elle refusait d’admettre et avec laquelle elle tentait désormais d’avancer.
Malgré la réponse plus ou moins rassurante de la blonde, Whilelmina avoua s’en vouloir d’avoir a priori gâcher la soirée. Un aveu qui fit un peu de peine à l’ancienne boxeuse, qui avait justement espéré rentre cette soirée un peu spéciale, comme un refuge éphémère dans ce monde cruel. « Non du tout, je suis contente que tu sois là. » Réenchérissa-t-elle rapidement, espérant ainsi faire comprendre à son amie qu’elle aimait passer du temps à ses côtés et pas seulement dans les moments joyeux. « Sauf si c’est vraiment si horrible de partager une nuit avec moi ? » L'ambiguïté de la phrase était voulue, souligné par un petit sourire sympathique, curieuse de voir la réaction de brune. Dans le pire des cas, elle pourra parfaitement dire que c’était une blague et ainsi éviter de se retrouver dans une situation délicate. D’ailleurs, même si elle était une fille en manque de compagnie, qui parle aux murs et aux portraits qui l’entourent désireuse d’un brin d’affection, elle ne le prendra pas mal que rien ne se passe, appréciant suffisamment leur amitié telle qu’elle était actuellement.
L’ombre d’un silence lourd de non-dits avait obscurci le visage d’Erin. Dur de deviner sous la frange de ses cils blonds à quoi elle pensait exactement ; le seul indice que la soigneuse pouvait tirer de cette discussion menant à une impasse était évident. La famille n’était pas un point à aborder avec elle. Douloureuse expérience, peut-être traumatisante. Assurément pas le genre de jolies histoires que l’on se raconte sous les étoiles. « Excuse-moi. » balbutia tout simplement la brune qui priait pour que les faux-pas qu’elle multipliait en un temps record ce soir ne risquent pas de fermer définitivement la jeune fille à tout échange. Mine de rien, ça l’aurait bien embêté de ne pas pouvoir mieux la connaître alors qu’elles étaient justement parvenues à trouver un équilibre presque naturel dans leur entente et leur cohabitation.
Dans l’expectative de savoir ce que déciderait son amie – mot fragile, si étrange qui sonnait comme un trésor ancien dépoussiéré après des années d’absence -, Whil demeura muette et prostrée, genoux légèrement repliés, un bras se calant sous sa tête pour faire office d’oreiller. Elle ne voyait pas vraiment comment changer l’atmosphère, quoi dire exactement ; elle se sentait un peu idiote sans vraiment s’expliquer pourquoi elle devait en tirer cette gêne bizarre qui lui torturait les méninges. Une petite voix en elle avait été piquée au vif par ce pan secret qu’elle avait entraperçu de la jeune femme et elle aurait voulu en découvrir plus. D’où elle venait véritablement, où étaient ses parents, pourquoi son frère n’était-il pas à ses côtés, comment elle s’en était sortie jusqu’ici, qu’est-ce qui la liait à Angel ou l’avait autrefois lié et maintenant éloigné … Chaque chose en son temps, Willie.
Le sourire énigmatique que la blonde lui décocha avait des allures d’une innocence présumée mais pas totalement honnête. Elle en laissa s’échapper le fil de ses songes. Un brin désarçonnée par cette douce pique au sens un peu trop adroitement choisi, Whilelmina mit un temps à répondre, prise d’un doute fugace. Non, l’imagination et la fatigue devaient être les seules responsables de ce drôle de sous-entendu qu’elle préférait feindre de ne pas avoir compris. L’ingénuité personnifiée, elle hocha la tête en signe d’une dénégation vivace. « Non ! Non, pas du tout. » Sa réponse lui parut si creuse et vide qu’elle se sentit comme forcée d’ajouter, de justifier. « J’aime beaucoup ta compagnie Erin. Depuis que je suis arrivée ici, tu es quasiment la seule personne avec qui … » Une seconde de vacillement, une autre de réflexion. Cela faisait plusieurs années que depuis qu’ils avaient tous du composer avec les walkers et les guerres intestines entre les clans, les alliances froides et dénuées d’empathie avaient remplacé les concepts d’amitié, d’affection, de loyauté. « … Je sais pas. Je crois juste que ton arrivée ici, que ce soit du au hasard ou que ça soit un fait du destin, c’est une bonne chose. » Elle pouvait paraître un peu niaise ou un peu trop rêveuse. Ce n’était pas si grave ; elle avait toujours eu l’habitude d’être ainsi qualifiée. « Alors interdit de t’en aller, sinon tu me briserais le cœur. » Lancée comme une plaisanterie sans conséquence, une petite taquinerie pas bien méchante, la brune lui jeta un regard faussement solennel pour appuyer ses paroles moins anodines qu'elle ne pouvait le croire.
Et comme si de rien n'était, la jeune texane joua la désinvolture et poursuivit toujours sur le même ton. Chasser les noirceurs qui les guettaient tapies dans l'obscurité, ça, Whil savait le faire. « Au fait, tu aurais pu me prévenir que quand tu invites les gens à dormir avec toi, c'est pour faire tout sauf dormir. » fit-elle mine de reprocher, ses fossettes démentant sa complainte.
Maintenant que les deux jeunes femmes avaient mis de côté les conversations déplaisantes et déprimantes, elles pouvaient enfin reprendre cette sorte de pyjama party improvisée. La compagnie de la brune lui faisait indéniablement du bien à l’esprit, lui redonnant pour la première fois l’impression de compter réellement pour quelqu’un. Seulement, comme tout humain, Erin espérait plus, un peu de chaleur humaine qui lui réchaufferait ainsi un peu le corps. Dans ce nouveau monde, il était assez difficile de ne pas se sentir rapidement seul, si bien qu’il n’était pas rare que deux inconnus se sautent littéralement dessus simplement pour faire le plein de douceur et d’extase avant de reprendre la route. Cela dit, même si elle ne serait pas contre lui embrasser les lèvres sans outre-mesure simplement pour se souvenir du bien que ça faisait, l’ancienne crimson appréhendait tout de même la réaction de la brune face à un tel comportement et surtout mesurait les risques que cela pouvaient causer à leur amitié. En effet, même si elle ne connaissait pas Wilhelmina depuis très longtemps, elle ne l’imaginait pas vraiment des plus farouches et encore moins du genre à se laisser submerger par ses pulsions, si du moins elle en possédait.
Néanmoins, si jusqu’ici aucune parole ne l’avait laissé entrevoir une possibilité, voilà que cette dernière commencer à entrer dans un jeu assez nouveau, qui n’alla pas pour lui déplaire. Alors que Whilelmina assurait, non sans un brin d’humour, avoir le coeur brisé si la blonde partait, Erin esquissa un sourire en coin, amusé par cet aveux. « Ah oui ? Pauvre petit coeur alors. » Si elle s’amusait un peu de cette déclaration, l’ancienne crimson ne manqua pas de se sentir flattée par une telle considération, qu’elle n’était d’ailleurs pas vraiment certaine de mériter. Après tout ce qu’elle avait fais par le passé, elle ferait mieux de reprendre sa route et ainsi de ne pas mettre en danger une jeune fille si pure que la brune. Malheureusement, même si elle le souhaitait réellement, Erin n’arrivait plus à partir, repoussant chaque fois le moment clef, sûrement par peur de se retrouver une nouvelle fois seule avec elle-même. La présence de Whilelmina lui faisait réellement du bien et parfois elle se sentait même un peu honteuse d’en abusait autant.
Seulement, à entendre les paroles de la brune, cette perception était assez similaire, ce qui finalement la rassura un peu. Même si elle n’était pas certaine de savoir pourquoi, Erin s'enthousiasmait déjà de pouvoir rendre la vie de l’autre plus agréable et espérait d’ailleurs continuer ainsi. Une entraide qui se faisait sans la moindre difficulté et qui en plus de servir à chacune, construisait pierre par pierre une amitié concrète et solide. Une relation qui pourrait d’ailleurs assez rapidement se pimenter au vu des allusions plutôt ambigüe que lui envoyait sa colocataire provisoire. Comme elle ne s’attendait absolument pas à ce genre de réponse, elle resta un instant perplexe, puis décida qu’avant que le ciel n'explose, elle devait tenter quelque chose. « C’est pas drôle si je dis tout avant ? » Innocemment, elle glissa sa main sous le haut de la brune, lui caressant ainsi du bout des doigts le ventre, guettant sa réaction.
Les sourires s’échangèrent, mutuels et complices. Cela ne s’inventait pas ; et Whil aurait eu bien du mal à se remettre d’une telle création de son imagination. Malgré le manque de place, l’inconfort relatif, la chaleur moite des jours et le froid rugueux des nuits, elle se sentait bien mieux et bien plus à sa place ici depuis quelques semaines. Le sentiment de n’être qu’un élément rapporté qui ne s’imbriquerait jamais dans aucun groupe qu’elle avait connu en arrivant ici s’était effacé et la jeune femme qui la regardait de ses grands iris bleus était pour partie responsable de cela.
Elle voulut répondre mais son souffle se coupa en même temps que la main d’Erin vint s’aventurer en terrain inconnu le long de son ventre. Sur sa peau à nu, le simple et bref contact du bout des doigts la piqua au vif. Paralysée, Whilelmina s’était quelque peu raidie mais son silence n’était pas vraiment le signe que ce qui était en train de se passer lui plaisait. A vrai dire ce n’était même pas là le véritable cœur du problème – était-ce un problème, relevait une petite voix narquoise dans sa tête qu’elle trouvait un peu trop familière. Elle n’avait aucun intérêt immédiat à savoir si elle avait envie de ça ou pas, ici, maintenant, peu importait avec qui. C’était trop imprévu pour qu’elle puisse rester aussi immobile et muette et comme pris d’un électrochoc. La seconde suivante, ses yeux s’arrachèrent à la contemplation vague des siens. « Qu’est-ce que tu fais ? » Le mouvement de recul arriva enfin, mais il fut si soudain qu’elle faillit partir en arrière et rouler hors du lit – ce qui aurait au moins eu l’avantage de dédramatiser la situation et d’estomper le malaise qui allait arriver au triple galop.
Agitée par un réflexe qui frôlait le ridicule et qui ne faisait que dévoiler à quel point la texane n’était clairement pas une experte pour tout, l’ex-Jackal tira d’office sur son tee-shirt pour le remettre convenablement et déglutit. Le rouge lui était monté aux joues en même temps qu’une bouffée de nervosité tiède avant qu’elle ne s’explique le plus péniblement du monde. « Erin, je crois qu’on s’est mal compris, je suis – je n’ai pas– » Dans l’incapacité de trouver ses mots, bégayant comme l’adolescente dépassée par les émotions qu’elle était, la brune se redressa pour s’asseoir de moitié sur le matelas et considérer la blonde d’un regard hésitant entre l’incompréhension et la méfiance. « On est amies, n’est-ce pas ? » Pour elle la réponse coulait de source, mais visiblement ce geste d’apparence badine de la part de la jeune fille montrait qu’il y avait là un désaccord entre elles deux.
Est-ce qu’elle extrapolait et s’emballait un peu trop vite ? Peut-être Erin avait-elle juste eu un mauvais mouvement mal contrôlé. Ben voyons. Peut-être qu’elle aimait les filles … Mais qu’est-ce que ça changeait très concrètement à leur amitié ? Rien du tout, strictement rien, il fallait juste que les choses soient limpides pour tout le monde. Whilelmina n’ignorait pas que certaines de ses croyances lui auraient bien largement déconseillé de flirter sur cette ligne, mais elle savait aussi que ce n’était qu’une goutte d’eau qui n’avait jamais eu d’importance à ses yeux – sûrement parce qu’elle n’avait pas fréquenté beaucoup de personnes homosexuelles dans sa courte vie de jeune demoiselle prude et bien élevée. D’un ton qui se voulut le plus calme et le moins désagréable possible, la brune après un soupir qui trahissait son état de confusion finit par parler. « Je m’excuse si j’ai donné l’impression d’autre chose … Ce n’était clairement pas mon intention. » Elle n’avait pas envie d’en discuter davantage. Elle ne se sentait pas du tout apte à décortiquer, analyser ou même jouer les compréhensives. Revenir cinq minutes en arrière, quand tout se passait bien et que rien n’était venu perturber le chemin tranquille de leur quotidien.
Un peu trop tard pour ça. Elle baissa les yeux, fuyant malgré elle – et elle s’en voulut terriblement d’avoir déjà cette attitude lâche qu’elle aurait blâmé chez n’importe qui, et surtout elle-même – le regard d’Erin. « Je suis fatiguée, il faut qu’on dorme. » Une manière comme une autre de clore la discussion. En tout cas, pour ce soir. Whil savait pertinemment qu’elle aurait encore plus de mal à fermer l’œil et surtout maintenant qu’elle ne se voyait pas retourner dans son fauteuil miteux. Alors elle se rallongea sur le matelas sans un mot de plus, parce que ce n’était pas grave. Parce qu’elle ne comptait pas prendre ses distances pour autant avec sa nouvelle amie, mais qu’elle ne parvenait cependant pas à faire comme si de rien n’était – parce que, au fond, elle ne savait pas du tout quoi penser de tout ceci.
Si depuis le début de la conversation la brune semblait plutôt taquine et joueuse, Erin comprit assez rapidement son erreur en voyant le regard de cette dernière s’affoler. Visiblement, la main baladeuse de l’ancienne crimson ne sembla pas réjouir Whilelmina, qui s’empressa de la rejeter avant de faire les gros yeux. Face à cette réaction si marquée, la blonde resta un moment immobile, incapable de réellement réagir. Malgré le coup dur pour son égo, la blonde s’inquiétait avant tout pour leur amitié, plus que jamais chancelante. En cédant à la tentation, Erin venait de franchir une limite invisible et pourtant bien réelle, qui semblait compter pour la brune. Si elle le pouvait, la blonde remonterait le temps sans aucune hésitation, afin de ne pas avoir à subir ce moment de gênant et encore moins voir leur amitié remise en question. « Oui, oui. On est amie. » Bien que tout cela sonnait comme une évidence à ses yeux, Erin comprenait les doutes nouveaux de la brune, mais ne savait pas vraiment quoi rajouter pour la rassurer. En faire trop ne fera que rendre la conversation plus étrange, ce qui pour le coup restait à éviter, si elle ne voulait pas la voir fuir trop rapidement.
Alors qu’elle se redressait doucement pour venir s’assoir, adoptant ainsi une posture plus propice à la conversation, Whilelmina s’excusait déjà d’avoir pu paraître ambigüe, rendant au passage la blonde que plus coupable. En effet, s’il y avait bien une personne qui devait présenter ses excuses les plus sincères, c’était uniquement Erin et personne d’autre. « Non, je m’excuse. C’est moi, je suis un peu… perdue je suppose. » Avouer être troublée servait surtout à se montrer la plus transparente possible, même si au fond elle se doutait que cette réponse restait terriblement vague. Seulement, loin d’un manque de volonté, Erin était simplement parfaitement incapable de savoir ce qui l’avait réellement poussé à agir ainsi, si ce n’était peut-être des pulsions et des désirs endormis depuis trop longtemps.
A force de vivre à l’écart des autres, le manque de chaleur humaine et de contact humain commençait finalement à se faire sentir, déclenchant au passage des réactions peut-être un peu trop vives. Car même si Whilelmina était une très jolie fille, il était assez rare que la brune s’élance les yeux fermés dans ce genre de pari audacieux, au risque de perdre une amie. Draguer et flirter oui, mais pas avec n’importe qui simplement pour une envie soudaine de calins et de caresses, d’autant plus si cette personne se montrer d’ordinaire plutôt prude. « Je m’excuse vraiment. » Face au silence de la brune, Erin se sentait de plus en plus mal à l’aise, triturant énergiquement ses doigts, dans l’attente d’une réponse de la brune, histoire d’être un peu fixée sur la suite. Malheureusement pour elle, Whilelmina se trouvait encore trop troublée et chamboulée par la situation et préféra alors s’offrir un peu plus de temps pour réfléchir. Un choix qui n’enthousiasma pas la blonde, mais qu’elle fut finalement forcée d’accepter, se remettant finalement totalement au bon vouloir de son amie. « D’accord… Bonne nuit alors ? Désolée encore, je voulais pas te gêner... » Tout en se rallongeant sur le matelas -en tenant ses distances-, Erin jeta un rapidement regard à la brune, avant de finalement fixer du regard les morceaux de tôles qui servaient de toit, tout en se doutant que le sommeil ne viendrait pas.