Sujet: black crows circling up above Mar 1 Mai - 14:03
Anita Abel « black crows circling up above »
mi avril ✻ La nouvelle vague de maladie avait été une raison supplémentaire de se demander s’ils auraient droit un jour à un répit de longue durée ou s’ils étaient voués à se prendre une nouvelle emmerde dans le coin de la gueule dès lors qu’on avait l’impression qu’on commençait enfin à se sortir la tête de l’eau. Quoique cette fois les symptômes étaient loin d’être aussi virulents, la zone de quarantaine n’avait pas été remise en place puisqu’il n’y avait pas eu de contagion la dernière fois et le nombre de malades était largement inférieur. Quant aux nouveaux symptômes s’étant manifestés chez certains vaccinés, cela le préoccupait beaucoup plus quoi qu’il gardât néanmoins bon espoir qu’Olympia et la Mine parviennent à mettre quelque chose au point. En attendant, et s’il avait eu une opportunité de pouvoir mettre la main au col de se fichu Lazare et de ses acolytes, il n’aurait pas hésité un seul instant. Dubitatif dès le début de cette histoire l’année dernière, il avait voulu y croire au moins un peu, avait laissé le feu vert à ceux de ses hommes qui s’étaient montrés désireux d’enquêter sur le sujet… on savait bien ce qui s’était passé ensuite. Sans doute devait-il s’estimer heureux, en plein cœur du printemps, que la plupart des cavaliers fut encore bien assez en état de travailler vu tout le boulot qu’il y avait à abattre sur l’ensemble du domaine.
Abel se trouvait à l’orée des cultures, plongé en pleine conversation avec l’un des chefs du secteur lorsqu’on était venu lui annoncer que ses éclaireurs avaient aperçu une petite escorte de mineurs, incluant Anita Jones, qui avait pénétré la Crimson Valley et qui de toute évidence se dirigeait vers eux. Un peu surpris par l’annonce, il fronça les sourcils, ordonna le libre passage et se contenta simplement de demander à ce qu’on lui envoie la leader d’Hamilton une fois qu’elle serait là – étant entendu que, de toute évidence, si la dirigeante faisait l’effort de venir jusqu’ici ce n’était certainement pas pour simplement se contenter d’aller taper un brin de causette avec ceux de ses mineurs qui travaillaient aux champs. Sans se presser davantage, il termina de régler ce qu’il y avait à faire ici avec Jarod, laissa quelques instructions supplémentaires et retourna à la demeure familiale une bonne demie heure plus tard, tandis qu’il percevait aux environs du campement une sorte de brouhaha confus dénonçant probablement l’arrivée des émissaires d’Hamilton. Sans doute la bienséance aurait-elle voulu, dès lors, que le cavalier s’en retourne sur ses pas pour aller les accueillir là-bas, mais les récents événements avaient fait de lui une personne globalement d’humeur maussade et bien plus exécrable qu’à l’habitude ; il avait du travail, et avait déjà laissé ses ordres alors les gardes sauraient bien escorter Jones jusqu’à la demeure familiale. Pour le reste elle connaissait le chemin étant donné qu’elle n’en était nullement à sa première fois ici. Abel n’eut d’ailleurs guère plus à patienter qu’une dizaine de minutes supplémentaires avant d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer au passage de quelqu’un, puis les pas dans le couloir. La porte de son bureau étant restée intentionnellement ouverte, il croisa son regard dès lors qu’elle s’y encadra. « Anita, il la salua d’un ton égal où ne prévalait ni chaleur hospitalière, ni froideur désagréable. Entre. » Encore debout, il désigna d’un geste le fauteuil vide qui faisait face à son bureau. « Je ne m’attendais pas à ta visite avant deux semaines. » De fait, et s’il avait l’habitude que certains responsables au sein de la Mine soient envoyé ici afin de vérifier l’avancement et le bon fonctionnement des cultures partagées, Anita en ce qui la concernait était loin de faire le déplacement en personne à chaque fois. « Tu aurais pu me faire prévenir. Enfin, il y a une bonne raison à ça j’imagine. » Pas de reproche, pas de question non plus. Tout juste une inflexion curieuse dans sa voix, alors qu’il attendait quelques éclaircissements de la part de sa visiteuse.
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Sujet: Re: black crows circling up above Mar 1 Mai - 21:11
Anita Abel « black crows circling up above »
C’était quand elle sortait de son trou qu’elle remarquait à quel point ses yeux n’étaient plus habitués à la lumière naturelle du jour. Malgré toutes les positions dans laquelle elle plaçait sa main au-dessus de ses paupières, ses yeux tremblaient encore, brûlaient presque, et pleuraient. Et puis de toute façon, c’était une position bien trop inconfortable pour marcher, surtout quand on était énervé. Certaines mauvaises langues auraient pu mentionner à ce propos qu’Anita était tout le temps en colère, mais ce n’était pas quelque chose à dire comme cela à son chef. A chaque pas qu’elle faisait, elle regardait sur les côtés, devant elle, derrière elle, son escorte : elle cherchait la maladie des yeux. Elle avait cette curieuse impression d’étouffer à l’air naturel, elle qui s’était habituée à l’air filtrée. Qui triait l’air libre ? Personne, elle pouvait porter la maladie avec ses petits bras de diazote et de dioxygène. Ça avait un nom ça : la paranoïa.
Lorsqu’elle sentit le regard des riders de poser sur elle, elle eut envie de se boucher le nez. Elle était bien heureuse de ne pas y prêter plus d’attention que cela. Vindicative, elle marchait droit devant elle sans regarder rien ni personne, satisfaite de voir qu’on avait annoncé sa venue ; c’est tout du moins la conclusion à laquelle elle était arrivée puisque que le seul garde qui s’était approché d’elle était un barbu qui lui déclara qu’Abel l’attendait dans la demeure familiale. Ses sourcils répondirent « très bien, emmène-moi » et elle fut emmenée. Avant de repartir, en fonction de ce qui se serait dit avec Abel, elle envisageait passer faire un tour des cultures, voir où ça en était tout ça. Mais ça c’était pour plus tard, son esprit était encore occupé ailleurs.
Abel la recevait comme un mafieux. Ou un politicien pour les plus poètes. Peu après avoir reçu le feu vert, elle n’attendit pas une seconde de plus pour venir s’asseoir sur ce fauteuil qui soulagea son postérieur. Anita se frottait les yeux tandis qu’Abel lui annonçait qu’il ne l’attendait pas pour aujourd’hui. Y’avait quoi déjà dans deux semaines ? Elle soupira et attendit qu’Abel finisse de parler. Dans deux semaines peut-être qu’il aurait terminé ? Ah non, c’était bon. « Oh, tu peux laisser tomber les formules de politesse, on va gagner du temps. » dit-elle sèchement, complètement à l’opposé du ton qu’avait employé le chef des riders. Elle plissait des yeux en secouant la tête. « Une bonne raison, alors là, à toi de m’ le dire ! J’sais pas, le ranch des Rhodes, c’est pas devenu the place to be ? La liste des invités s’allonge ! Y’a du beau monde qui circule par ici ! Nan ? » dit-elle en haussant les épaules. Elle aurait bien détaillé ce qui la dérangeait et par extension la raison de sa venue, mais elle voulait d’abord voir comment allait réagir Abel.
Sujet: Re: black crows circling up above Sam 5 Mai - 20:33
Anita Abel « black crows circling up above »
L'attitude d'Anita, et la sècheresse contenue dans son ton, le surprirent tout autant qu'elles lui déplurent. A l'inverse d'Aaren et quoi qu'on en dise, il l'avait toujours traitée avec un minimum de respect, respect qu’elle avait forcé chez lui quelques années plus tôt, et s'était toujours attendu à ce qu'elle en fasse de même en retour. Une attente qui, de toute évidence, ne semblait pas devoir rencontrer pleine satisfaction aujourd'hui. Une lueur de mécontentement passa dans son regard tandis que ses lèvres se pinçaient sur une moue vaguement agacée, et il balaya sa curiosité afin de laisser la place à un début de contrariété quelque peu perplexe. De toute évidence, Anita avait maille à partir avec lui ; il aurait apprécié, toutefois, être mis au courant de ce qu'il avait bien pu faire pour susciter cet incident. Ce n'était pas tant que sa conscience soit vierge de tout reproche (on en était même plutôt loin, et le temps n’était pas si vieux où il complotait encore à sa perte), mais il ne croyait cependant pas avoir agi récemment d'une manière allant à l'encontre de leur alliance et de ce que ça incluait. Quant au reste... ce n'était pas ses affaires, en conséquence de quoi il n’avait donc aucun compte à lui rendre.
« Je vois bien qu'il y a quelque chose qui te contrarie », répondit-il finalement d'un ton plus cassant que précédemment, réagissant à son attaque en s'y adaptant en conséquence. Le sarcasme était venu casser la tonalité plate et cordiale de sa voix et, à son tour, le cavalier s'assit dans son propre fauteuil pour la considérer d'un regard franc, qui n'estimait pas avoir à se cacher de quoi que ce soit. « Les frontières du ranch sont ouvertes à ceux qui ont un commerce intéressant à faire avec. » Sort of. On était loin de l’accueil de la carrière, ou du marché de Stonebriar, et n’entrait pas qui voulait ici, du moins pas sans avoir été scrupuleusement fouillé et désarmé. « Que je sache, ça n’a pas changé récemment, ou alors on n’a pas jugé bon de m’en avertir. » Fait fort peu probable, il fallait en convenir ; il n’y avait pas grand chose ici qui soit susceptible d’échapper à l’œil et à la surveillance paranoïaque du maître des lieux. Le cavalier croisa les bras contre sa poitrine, son dos se carrant confortablement contre le dossier de son fauteuil en affectant une certaine mesure de nonchalance, quoiqu'il avait cependant abandonné son affabilité apparente dès lors que son invitée imprévue s’était montrée si peu disposée à faire bonne figure. « J’ai pas envie de tourner autour du pot, Anita. J’ai ni le temps ni la patience nécessaire pour ça. Si tu as un problème en rapport avec mon ranch, ou moi, fais-moi au moins le plaisir d’être claire et de ne pas y aller par quatre chemins. Puisque t’as l’air de tenir à gagner du temps. » Définitivement pas homme à apprécier se perdre en bavardages inutiles, et surtout quand cela concernait un point de tension dans ses affaires, Abel n’avait pas la moindre envie de jouer aux devinettes. A plus forte raison quand il avait l’impression de se sentir agressé d’entrée de jeu. S’il fallait crever un abcès, autant s’y adonner tout de suite à son avis.
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Sujet: Re: black crows circling up above Jeu 10 Mai - 18:08
Anita Abel « black crows circling up above »
Après mûre mais tardive réflexion, la technique favorite d’Anita, c’est-à-dire, foncer dans le tas et poser les questions après n’était peut-être pas la plus adaptée dans ce contexte et dans ce lieu, au cœur même des terres riders en face de son leader. C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle fasse le show, en particulier devant quelqu’un de la trempe d’Abel qui faisait en sorte que toutes les rumeurs à son sujet finissaient par se concrétiser. Quand s’ignorer et se détester ne fonctionnait pas plus, il fallait jouer au dur. Autant dire que ces deux-là à étaient des champions dans la catégorie. « Oh pitié, même un type complètement retardé au bord de la léthargie verrait que quelque chose me contrarie ! D’où te vient ce sens de l’observation ? » dit-elle en croisant les bras.
Anita ignorait encore s’il jouait la montre ou s’il feignait de comprendre de quoi elle parlait : elle n’arrivait pas encore à se résigner qu’Abel ne puisse pas réellement être au courant ce qui l’énervait. Sa diplomatie et son style oral élaboré, elle les connaissait que trop bien, et ça fonctionnait moyennement sur elle : même s’il faisait de son mieux pour paraitre calme et réfléchi, elle était persuadée qu’il avait déjà trouvé trois ou quatre manières de la tuer là, dans sa demeure, si les choses venaient à tourner au vinaigre. Les négociations entre les deux leaders s’étaient étalées sur des années mais même maintenant que les choses s’étaient calmées, chacun regardait encore derrière son épaule de temps en temps comme si l’autre était sur le point de brandir un poignard. « Bla, bla, bla… » dit-elle en accompagnant ses paroles d’un geste de la main. La simple idée de devoir lui expliquer clairement ce qui avait provoqué cet accès de colère et sa venue au ranch l’énervait au plus haut point.
Voilà qu’ils croisaient tous les deux les bras maintenant : en langage corporel, cela exprimait la fermeture de toute discussion orale possible. Ça voulait dire que c’était surtout deux grosses têtes de mule. Abel reprenait les mots d’Anita en relevant bien évidemment le sarcasme qui l’embellissait. Elle notait également qu’il ne la renvoyait pas immédiatement, mais qu’elle avait suffisamment piqué sa curiosité pour qu’il insiste sur la raison de sa venue, et rien que ça, c’était une satisfaction pour Nita. « Aaren Diggs, the king of the quarry… dit-elle en levant les bras en l’air. J’ai mes sources : qu’est-ce qu’il foutait-là ? Elle laissa retomber lourdement ses mains claquer sur ses cuisses. Il avait -comment t’as dit déjà- ah oui : un commerce intéressant à faire avec le ranch ? C’est ça ? Hm ? » Désormais, elle avait hâte d’entendre quelle justification ou explication qu'Abel allait lui sortir.
Sujet: Re: black crows circling up above Ven 18 Mai - 20:42
Anita Abel « black crows circling up above »
Il n’avait même pas fallu deux minutes à supporter la présence de la dirigeante d’Hamilton dans son bureau pour que déjà ses nerfs soient mis à rude épreuve. Difficile de comprendre à quel jeu s’amusait-elle avec lui mais, si elle souhaitait le voir s’énerver en un temps record, alors Anita avait assurément choisi la meilleure manière de s’y prendre pour ce faire. Elle le connaissait depuis suffisamment longtemps, pourtant, pour avoir conscience que se comporter de la sorte avec lui était une très mauvaise idée. Abel était roi chez lui, et n’entendait pas vraiment qu’on se permette de l’insulter comme elle le faisait présentement avec son attitude ; si elle pensait qu’elle pouvait s’amuser de lui sans qu’il n’y ait de conséquence, elle risquait de finir par avoir quelques surprises. Le nom d’Aaren fut balancé en travers de la table et le souvenir de cette rencontre se raviva dans la mémoire du cavalier ; il ferma les yeux, prit une inspiration profonde derrière ses lèvres pincées. Evidemment qu’elle venait pour ça. Putain. La fatigue, les divers problèmes – personnels, ou plus globaux – qu’il avait eu à traiter récemment lui avait sorti cette confrontation de l’esprit (ou bien s’y était-il tout particulièrement appliqué pour que cela arrive) jusqu’à ce moment précis où l’ancienne militaire la lui avait agité juste sous le nez. Sans doute aurait-il dû se douter que cela éveillerait l’intérêt d’Anita depuis le fond de sa fourmilière géante mais, hé, il avait eu d’autres chats à fouetter et dans la mesure où la venue du roi de la carrière n’avait eu aucune sorte d’importance politique ni représenté un quelconque enjeu à ses yeux, il n’avait eu aucun mal à la laisser de côté sans se soucier des possibles retombées. La réalisation de sa bête erreur de jugement n’empêcha pas un sourire narquois de venir se faufiler à ses lèvres pour en étirer les commissures tandis qu’elle évoquait ses sources. Comme si cela pouvait représenter un exploit, que d’avoir entendu parler d’un imbécile venu se pavaner au ranch en plein milieu de la journée en gueulant qu’il voulait en voir les dirigeants. Comme si Aaren avait cherché à se masquer de sa venue ici, alors qu’au moins toute la carrière avait dû en être au courant dans les heures ayant suivi son acte complètement inconscient. Il n’y avait pas de secret à entretenir ici, et Abel n’arborait aucunement l’air de celui qu’on viendrait de confronter à une faute. Il n’avait, après tout, pas plus attendu cette rencontre qu’il ne l’avait appréciée. Sûr de son bon droit, il n’avait donc pas à détourner le regard devant elle pour n’avoir pas pris la peine de lui révéler un fait qu’il avait estimé inutile. Et tout ce petit cinéma lui tapait sérieusement sur le système. « J’ai franchement autre chose à foutre que de te subir pendant que tu me chies une pendule pour une connerie sans la moindre importance », il lâcha d’un ton acerbe dès lors qu’elle en eut fini avec ses questions, se levant dans la foulée tandis que ses mains venaient se trouver appui contre le rebord de son bureau. « Puisque tu sembles avoir des sources si performantes, tu comprendras si je suis étonné qu’elles ne t’aient pas fourni le détail de sa visite. » Dans sa voix, l’ironie était mordante, mais le regard qu’il gardait rivé à elle restait froid et trahissait la contrariété plus grande qui s’agitait derrière la crispation de ses muscles et le pli agacé qu’avait adopté sa bouche. « Je suis pas ton putain de clébard, Jones, il continua tandis que sa main droite se levait brièvement pour ponctuer ses mots en la dénonçant du doigt, avant de retourner heurter sèchement la table. Tu ferais peut-être bien de t’en souvenir et de commencer par me causer autrement si tu veux tes réponses. J’ai pas à me justifier devant toi du comportement imbécile de Diggs, et si t’es pas contente à ce sujet alors je t’empêche pas de foutre le camp d’ici. »
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Sujet: Re: black crows circling up above Mar 22 Mai - 11:47
Anita Abel « black crows circling up above »
Déjà, sa réaction physique ne fut pas celle à laquelle elle s’attendait. Ensuite, les indices s’accumulaient : quelque chose clochait et tout portait à croire qu’en fin de compte, elle suspectait quelque chose qui ne s’était pas déroulé ici au ranch. Ah, une erreur de jugement peut-être… Non c’était même sûr : Abel commençait clairement à ne plus supporter ces accusations non fondées et le ton caustique qu’il employait n’était rien d’autre qu’un avertissement sur la suite des évènements si Nita continuait son interrogation pareille à un flic tout à fait corrompu. Une connerie sans la moindre importance avait-il dit. Anita ne voyait pas Abel menteur, elle l’imaginait plutôt dire la vérité, mais la vérité douloureuse, celle qui fait vraiment mal. Celle qui vous détruisait tout doucement de l’intérieur tandis que lui continuait de sourire d’une manière qui pouvait se traduire par quelque chose comme « je l’avais bien dit ». Nerveuse, Anita s’était levée du fauteuil, mais continuait de faire face au maître des lieux tandis qu'il la réprimandait.
Si enfant, Anita avait baigné dans la discipline, Abel n’y avait certainement jamais trempé un doigt de pied. S’il vivait à la mine avec Anita, elle essaierait de le changer et même de le refaçonner tant il y avait du travail à faire selon elle. Mais là, elle était chez lui, c’était elle qui devait se plier à ses exigences et ses règles. Dévorée vivante par son sarcasme, Anita se laissait faire, car il n’y avait rien d’autre à faire. Même si le sale gosse méritait une baffe, il n’avait pas tort : Anita s’était contentée d’écouter la première chose qu’on lui avait dite sans pour autant chercher à savoir de quoi il s’agissait vraiment. Mais en entendant les mots Aaren et Ranch dans la même phrase, elle s’était imaginée le pire. Peut-être était-ce exactement ça qu’elle aurait dû dire à Abel au lieu de monter tout de suite sur ses grands chevaux ? Cela tombait rudement mal, c’est tout. Entre la nouvelle vague de malades et ses nuits traumatisantes, elle n’avait pas besoin de grande chose de plus pour devenir complètement paranoïaque.
Anita serrait ses poings, mais c’était juste une manière à elle de supporter la tempête et certainement pas pour agresser Abel. Militaire ou pas, il fallait être complètement stupide pour attaquer le chef des riders en plein milieu du domaine. "Comportement imbécile de Diggs…" cela la fit sourire intérieurement, mais cela la conforta d’avantage que Diggs n’était pas venu au ranch dans le but de planifier un coup d’État. Anita finit par se laisser retomber sur le fauteuil. « Désolée. » prononça-t-elle dans un souffle. Ça lui faisait du mal de dire ça, mais c’était la seule chose à dire pour ne pas envenimer la situation. Il y eut un long silence après ça et à l'extérieur, Anita distinguait clairement des voix d’hommes mêlées à des bruits de sabot. La tête presque à la verticale posée sur son menton, Anita se décida finalement à affronter de nouveau le regard d’Abel. « Je peux voir les cultures ? » dit-elle sans transition. Éventuellement, elle lui reparlerait de la venue de Ren au ranch, plus tard, là fallait que la température redescende un peu d’abord.
Sujet: Re: black crows circling up above Sam 23 Juin - 23:12
Anita Abel « black crows circling up above »
Le mot d’excuse d’Anita eut un impact notable sur son destinataire, qui choisit de l’accepter comme il venait plutôt que de surenchérir davantage par dessus. Eût-ce été une autre personne en face de lui, que cela n’aurait probablement pas suffi à calmer ses nerfs fort agacés par toute cette histoire, mais il n’oubliait pas malgré tout qui était Jones. Non pas qu’il regrettât les remontrances qu’il venait de lui faire d’un ton dur et à l’extrême limite de la franche hostilité, mais il avait dit ce qu’il avait à dire et elle s’était excusée en conséquence. Affaire close, donc, en ce qu’il n’y avait rien de plus à rajouter à tout ça et qu’il n’avait aucune envie d’entamer une querelle plus réelle avec la dirigeante de la Mine. Parce que bien qu’il ne la portât pas dans son cœur, le cavalier avait besoin d’elle, de ce partenariat et de ce que cela avait à lui apporter… au moins pour le moment, en tout cas. Tout gâcher sur des stupidités n’était pas son genre malgré sa promptitude à réagir à chaud et sans le moindre filtre. Il accepta l’excuse d’un très léger hochement du menton et un silence pesant s’installa alors, nécessaire sans doute afin que l’atmosphère retombe un peu. La question qui fusa ensuite, sans aucun rapport avec le reste, tomba comme un cheveux sur la soupe mais Abel ne sembla pas s’en formaliser. « Suis-moi. » Sans davantage faire traîner les choses, il s’écarta du bureau et sortit de la pièce, attendant qu’elle en fasse de même afin de pouvoir verrouiller la porte derrière eux.
Sans se perdre dans de grandes discussions interminables, les deux dirigeants prirent le chemin des cultures sous un soleil qui cognait déjà salement fort pour la saison. Le cavalier s’était glissé une de ses sempiternelles roulées artisanales entre les lèvres, et fumait en silence tandis que son regard se perdait à droite et gauche, étudiant avec attention les hommes qu’ils croisaient sur leur passage, leurs activités, leur manière de se comporter. Pas de l’air de la personne qui cherche le danger dans tous les recoins de son champ de vision, mais plutôt de celui qui se sait maître en son territoire et observe le bon déroulement de tout ce qui y a été mis en place par ses soins. Aujourd’hui était typiquement ce genre de journée où tout semblait se passer bien, ce genre de journée où l’on avait l’impression que tout était normal alors que les hautes barricades et les barbelés au loin, et les patrouilles des gardes armés, étaient là pour rappeler que ce n’était pas le cas, que ce ne le serait certainement plus jamais. Finalement, ils arrivèrent à proximité du dernier champ, sorte de camaïeu de plantes en tous genres et à divers stades de leur croissance. « Les premières récoltes de cette année ont commencé il y a trois semaines, et j’attend une production largement supérieure à celle de l’année passée. » Question de logique : printemps dernier, tout avait été mis en place sur le tard, ils avaient dû se contenter des cultures de fin de saison et pas mal de semis avaient été perdus. Cette année, le travail de la terre avait pu commencer sans délai et l’expérience que chacun des miners avait acquise au cours de l’année passée avait porté ses fruits. « Enfin, pour la plupart ; certaines plantes supportent mal la terre trop sèche et le soleil constant. Il désigna une petite parcelle, où avait été bricolé une sorte d’auvent dans l’attente d’une solution plus efficace sur le long terme. Il va falloir trouver autre chose, ou espérer que tes scientifiques sauront s’en passer si on ne parvient pas à les faire pousser convenablement. Mais si tu tiens à savoir tous les détails, je te laisse voir ça avec Garrett. Comme d’habitude. » L’homme en question, un miner désigné responsable des hommes de Jones depuis que ceux-ci s’étaient installés au ranch, n’était d’ailleurs pas loin d’eux ; averti, sans doute, de leur venue ici.
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Sujet: Re: black crows circling up above Lun 2 Juil - 14:01
Anita Abel « black crows circling up above »
Il verrouilla la porte derrière eux. Elle plaça sa main au-dessus de ses yeux afin de les protéger du soleil : l’astre était quasiment devenu un étranger avec le temps. À propos d’étranger, cet échange était l’occasion de lui rappeler qu’elle ne savait toujours pas comment cerner Abel. Elle essayait de ne pas repenser à ce qui c’était passé précédemment dans son bureau, la colère, l’excuse… l’oubli ? Au fond, elle avait sincèrement envie que ça marche, qu’ils finissent par bien s’entendre et que cette alliance perdure. Mais était-ce seulement possible avec ces personnalités aux antipodes ? Elle s’en voulait un peu de s’être excusée aussi rapidement : c’était trop facile, c’était aller dans son sens à lui. Mais il était chez lui après tout. On en reparlera un jour où Abel descendra à la mine.
Oh la mine. Elle regrettait sa fraicheur : il faisait vraiment beaucoup trop chaud là maintenant. Et de voir toutes ces personnes s’agiter ? Ça ne faisait qu’aggraver les choses. Elle sentait bien que dans le regard de certains riders, elle était encore perçue comme un danger, voire peut-être même une ennemie. Celui-là avait même l’air d’être prêt à lui sauter à la gorge. Cependant, avec Abel à ses côtés, elle se disait qu’elle ne craignait rien, que si quelque chose avait dû se passer, ça aurait été fait tout à l’heure dans son bureau, pas à découvert comme ça. Mais de quoi pouvait-elle être réellement sûre ? Certes, tout n’était pas encore parfait, mais il y avait eu du progrès : ces cultures en étaient la preuve. « Bien, très bien. » dit-elle sans le regarder lorsqu’il lui fit un premier bilan. Que dire de plus ? C’était réellement bien ! Pour tout ce que cela représentait, c’était même fantastique : avec les médicaments de la mine, ces cultures étaient un manifeste de cette fragile alliance. Lorsqu’Abel lui montra la petite parcelle, Anita acquiesça en silence. Trop chaud dehors, trop humide dans la mine, putain de pays.
Au moment même où il mentionna Garrett, elle l’aperçut non loin de leur position. « D’accord. J’irais le voir. Mais d’abord… » dit-elle en se retenant de lui agripper le poignet tellement elle le sentait prêt à partir, à la laisser là dans les champs avec celui qui avait été nommé responsable de ses hommes. Elle enfonça son regard dans le sien. « Quand j’ai appris que Ren était venu au ranch, j’ai… j’ai tout de suite pensé au pire, c’est pour ça que j’étais un peu… Enfin, bref. » dit-elle rapidement. D’une certaine manière, elle venait de dire qu’elle ne faisait pas confiance à Abel. Mais Abel lui faisait-il seulement confiance à elle ? Elle se sentit obligée de préciser ses pensées. « Je veux croire en ce partenariat… alliance… truc, peu importe comment tu l’appelles, je le veux sincèrement. Ok ? Sans rentrer dans les détails : qu’est-ce qu’il faisait là ? Je suis pas sûre que tu le connaisses comme moi je le connais… C’est une petite fouine, tu sais ? » demanda-t-elle en croisant les bras.
Sujet: Re: black crows circling up above Mer 4 Juil - 20:34
Anita Abel « black crows circling up above »
Un petit rire lui échappa. Oui, il savait. Il savait bien des choses sur Diggs, même s’il ne remettait pas du tout en question l’affirmation comme quoi Jones le connaissait mieux que lui. Cela ne l’empêchait pas pour autant de savoir que Diggs était un connard fini, l’homme avec lequel il s’était allié pour faire tomber la dirigeante d’Hamilton et qui s’était retourné contre lui en bousillant ce maigre terrain d’entente qu’ils s’étaient dégoté. Mais ça, il ne pouvait pas lui dire, hein ? Et regardez où il en était à présent : c’était le chef de la carrière, ce foutu roi de mes deux, qu’il aurait bien aimé voir débarrasser le plancher. En silence, Abel acquiesça puis laissa passer un petit silence. « Il est venu voir Jen, déclara-t-il enfin avec une légère réticence dans la voix que l’on devait à l’évocation de ce souvenir désagréable. Pas moi. Il l’a foutue en cloque. Tu t’en rappelle : elle était enceinte l’année dernière. » Elle ne risquait pas de l’oublier, non, puisqu’elle l’avait accueillie durant l’épidémie de grippe et, maintenant que le cavalier avait été capable de prendre un peu de recul sur cet épisode, il était plutôt conscient qu’avec ce geste elle avait très probablement évité à sa sœur de contracter le virus. D’en mourir, peut-être, ou de perdre Lou au sein du nid à miasmes qu’était devenu le campement des riders pendant quelques mois. Et puis, c’était aussi elle qui avait en premier ouvert les négociations lorsqu’il était venu demander des comptes à Jenna. Auraient-il fait tout ce chemin depuis s’ils n’avaient pas eu cette occasion-là de converser ? Jadis, Abel ne voulait rien avoir à faire avec elle, et c’était Anita qui avait su le faire changer d’avis. Et tout ça avait découlé de cette putain de grossesse. « Bref, il vient de l’apprendre. » De la même manière que son interlocutrice venait certainement de l’apprendre de sa bouche à lui, ce secret avait après tout été bien gardé depuis tout ce temps. Gardé même à lui pendant quelques mois, et à tous les autres ensuite. « L’était pas spécialement content d’avoir été tenu à l’écart. » Sacré euphémisme, c’était certain. Il haussa les épaules, l’air pas le moins du monde coupable d’avoir tout fait en son pouvoir pour cacher cette gosse à son père légitime. Il n’avait pas la moindre idée de qui avait fini par vendre la mèche, mais il aurait en tout cas fort apprécié que cette personne ait continué à se la fermer, persuadé que cela lui aurait alors évité bien des problèmes qui restaient encore à venir. « Satisfaite ? » il demanda encore sur un ton légèrement sarcastique. Des infos de première qualité, heh ? Quoi qu’il comprenait parfaitement son besoin de savoir en ce que, à situation inversée, il aurait certainement fait la même scène voire pire encore. Mais la manière qu’elle avait eu d’aborder le sujet, tout à l’heure, n’avait eu pour seul résultat que celui de le braquer. Maintenant qu’elle venait de redemander d’une autre manière, le cavalier s’était trouvé mieux disposé à lui répondre. « Si t’as besoin de davantage de détails, tu t’entretiendras avec ma sœur. C’est elle qui lui a ouvert ses cuisses, pas moi. » Manière peu élégante de signifier le sujet clos : Jones avait eu ses infos, le strict minimum au moins afin de la rassurer quant aux intentions de Diggs et Abel ne comptait pas s’étaler là-dessus plus que ce qu’il n’était nécessaire. « Mais si tu redoutes un coup de poignard dans le dos de ma part, tu peux dormir tranquille : ton roi des bouseux ne m’est d’aucune utilité. Contrairement à toi. »
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Sujet: Re: black crows circling up above Sam 7 Juil - 15:56
Anita Abel « black crows circling up above »
Ce petit rire… Maléfique à souhait. C’était tout du moins ce que pensait Anita. Alors certes, ça lui donnait un côté un petit peu plus humain, m’enfin quand même. Qu’est-ce qui faisait réellement rire le chef des riders d’abord ? Qu’est-ce qui le rendait vraiment heureux ? Ou alors il n’y avait vraiment rien qui puisse le rendre plus… ordinaire ? Parfois, Nita avait l’impression qu’il passait son temps voire peut-être sa vie à maugréer et à crier à tout va. Y’en avait pas des deux des comme lui, et c’était peut-être tant mieux : le Texas entier ne pourrait le supporter autrement. Évidemment, la raison de la visite de Ren l’étonna au plus haut point. Elle se retint de plaisanter sur le sujet : elle était prête à faire une allusion au temps des rois où des mariages forcés servaient les seigneurs dans la constitution d’un héritage. Pas sûr que cela seyait à Abel cependant vu le ton qu’il employait. Elle ne dit rien, elle se contenta d’ouvrir grands les yeux.
Sacrée révélation, en effet. Ce n’était pas rien, cela pouvait avoir des conséquences, mais Nita se doutait bien que le calme avec lequel Abel évoquait tout cela relevait d’un exercice de sang-froid plutôt qu’une acceptation toute simple des faits. Décidément, Ren était imprévisible, bien plus que ce qu’elle croyait. Mais ce qui l’inquiétait dans tout cela, c’est qu’il avait visiblement fini par apprendre un secret qu’Abel s’était manifestement efforcé de garder du mieux qu'il le pouvait : ce n’était plus seulement une fouine, c’était une fouine maligne, avec probablement des contacts, des ressources, de l’aide. Il devenait dangereux. « Très » répondit-elle au « satisfaite ? » d’Abel, un mot pour un mot, pas besoin de déblatérer là-dessus, même si en plus d’être satisfaite, elle était rassurée : et dire qu’elle pensait que Ren était venu semer le chaos, alors qu’il était juste venu semer ses graines dans Jenna.
« Charmant... Mais ça ira. » dit-elle en faisant la moue. Au passage, elle fit un petit signe à Garett au loin pour lui faire comprendre qu’elle n’en avait plus pour très longtemps ; il avait franchement l’air de s’impatienter. Elle ne sut comment réagir en entendant les paroles d’Abel : ç’aurait été n’importe qui d’autre, elle aurait été rassurée. Mais venant d’Abel, cette similipromesse était à prendre avec des pincettes. « Jusqu’à ce que, justement, je cesse d’être utile, pas vrai ? » lui demanda-t-elle en souriant. C’était quasiment une question rhétorique. Elle lui aurait bien rappelé que lui avait besoin d’elle également, que cette alliance ne fonctionnait pas que dans un sens, dans le sens d’Abel, mais c’était se lancer dans un débat houleux. À la place, elle prit une profonde inspiration et observait ce que faisait Garett au loin. « Tu as une étrange conception du monde, Rhodes. Y a des jours, ça doit bien te servir, et c’est normal puisque ça fonctionne : ça marche, dit-elle en insistant bien sur le mot. Le ranch tourne bien… Tu gardes tes ennemis à distance et tes alliés… à peu près à portée de main, fit-elle en se tournant vers lui. Mais tôt ou tard, ça va te poser des problèmes : quand tu te seras mis tout le monde à dos, combien de temps penses-tu pouvoir survivre tout seul ? Elle se dépêcha de poursuivre, craignant qu’Abel interprétât mal ses propos, elle n’avait que se rappeler ses réactions de tout à l’heure. C’n’est pas une menace et j’essaye pas d’te faire la leçon, c’est une question très sérieuse que j'te pose. Parce que je me la suis posée aussi. Elle marqua une courte pause. Nous ne sommes pas que des outils. »
Sujet: Re: black crows circling up above Dim 8 Juil - 15:31
Anita Abel « black crows circling up above »
Elle n’avait pas tort, Anita. Et elle était loin d’être stupide. Alors il ne fit même pas mine de s’insurger devant ce que sous-entendait sa question, se contentant d’y répondre par un simple haussement d’épaule évasif. Pour lui, c’était évident, qu’il n’avait rien à faire avec des gens qui ne servaient pas sa cause. Après tout, ce n’était pas par charité d’âme qu’il avait aidé Olympia à se reconstruire après l’attaque des chacals, mais simplement parce qu’il savait pouvoir tirer profit de la dette qui se constituerait en sa faveur ensuite. Il avait cautionné ce projet de marché neutre à Stonebriar principalement pour contrer l’interdiction de fouler le sol de la Carrière donnée à ses cavaliers. Au fil des dernières années, aucune de ses alliances ne s’étaient faites simplement sur une poussée d’empathie ou par sympathie envers d’autres clans plus démunis. Anita, en était une preuve flagrante : la considérant d’abord comme un parasite lorsqu’elle avait amené les siens dans sa région, il l’avait attaquée ouvertement (avait perdu). Puis, parce qu’elle s’était trouvée en possessions de biens qu’il convoitait, il s’était allié avec Ren dans le but de la faire tomber. Cela, également, avait échoué. Maintenant qu’elle avait enfin une réelle valeur à ses yeux, quel intérêt avait-il de continuer à poursuivre ses vieilles batailles à son encontre ? Mais s’il fallait un jour que cette même valeur vienne à s’éteindre… il choisirait alors de se tourner vers une autre opportunité sans un seul regard en arrière.
« Bien sûr que si, nous somme des outils. Toi, moi… tout le monde. Je sers ta cause et tu sers la mienne, et c’est pour ça que ça marche aussi bien. Si un jour tu trouves une meilleure solution pour faire fabriquer tes médocs, est-ce que tu continueras de me les fournir gratuitement ? » A moins qu’il ne l’oblige, qu’il trouve un moyen de la mettre à genoux devant lui. Il y avait réfléchi à de nombreuses reprises bien sûr, parce qu’il n’avait jamais apprécié partager la première place, mais la dirigeante d’Hamilton n’était pas de ces femmes qu’on pouvait briser aussi aisément. Elle le lui avait déjà prouvé, à de nombreuses reprises d’ailleurs, et Abel n’était pas du genre à oublier une leçon quand on l’obligeait à s’avouer vaincu. Anita s’était imposée, avait forcé le respect chez lui et il y avait peu de personne capable de se vanter de ce genre d’exploit. « Pourquoi est-ce que tu ferais à mon égard un geste qui ne t’apporterait rien et qui, encore pire, te priverait de ressources précieuses ? » Et lui ? Il avait des bouches à nourrir, un campement entier à protéger, fortifier, améliorer et à qui faire traverser les ans. S’il n’avait plus besoin de céder ses cultures à autrui, il arrêterait immédiatement de le faire sans la moindre arrière pensée ; parce qu’elles lui seraient tout aussi utiles ici. « Tant que ça restera autant le bordel à l’extérieur, ça sera chacun pour sa gueule. Seul, j’ai déjà survécu huit ans. Pourquoi est-ce que ça devrait s’arrêter maintenant ? » Seul, il l’avait toujours été malgré les alliances qui s’étaient faites et défaites au fil des ans. Même encore maintenant, même malgré Jones et ses miners. Il était seul parce qu’il n’avait confiance en personne d’autre que lui. « Si tu redoutes ce qui pourrait arriver quand tu cesseras d’être utile, c’est à toi de faire en sorte que ça n’arrive pas. » Comme il le faisait, lui, en apportant un soin et une surveillance poussés aux cultures partagées. Parce qu’au mieux ces récoltes-là étaient bonnes, et au mieux il était payé derrière. Créer une dépendance, il n’y avait que ça pour faire tenir un accord sur la longue durée. Peu importait qu’on le déteste : même avec tout le monde à dos, il continuerait de survivre. Parce qu’il avait des choses à troquer que les autres ne possédaient pas. Et suffisamment d’armes à pointer à la gueule de tous ceux qui ne partageaient pas cet avis.
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Sujet: Re: black crows circling up above Dim 22 Juil - 20:36
Anita Abel « black crows circling up above »
Sans broncher, elle écoutait l’argumentation d’Abel. Ils n’étaient pas d’accord, mais le débat était policé, ce qui plaisait beaucoup à Anita. Voilà une facette de l’homme qu’elle ne voyait pas souvent et qu’elle aimerait pourtant percevoir plus régulièrement. Cependant, il devait être trop occupé pour avoir le temps de devenir son ami, et elle bien trop bornée ne serait-ce que pour considérer une bonne entente. Elle ne répondit que par un haussement d’épaules, car elle était bien trop occupée à imaginer ce qu’elle ferait si l’hypothèse d’Abel venait à se réaliser. Nita ne pouvait plus se permettre de se la jouer solitaire, pas depuis qu’elle avait posé un premier pied à l’intérieur de la mine. Et tant pis si le partenaire idéal, c’était Rhodes et ses Riders : elle se sentait encore capable de mettre son égo de côté afin d’assurer la pérennité de cette fragile alliance, se demandant tout de même jusqu’à quand elle pourrait continuer ainsi.
Elle leva un sourcil en entendant la question de son vis-à-vis, ne pouvant s’empêcher de se demander si elle attendait une réponse ou non. « C’est pas dans mes projets. À moins que tu fasses quelque chose de tout à fait impardonnable, je ferai rien de tel » dit-elle d’un ton caressant. Il s’agissait plus d’un avertissement que d’une menace et elle était quasiment certaine qu’il réagirait plus ou moins de la même manière si quelque chose qui s’apparenterait à une trahison avait lieu. « C’est une bonne stratégie. Jusqu’à ce qu’on se retrouve dans la mouise : garde-toi une paire de bras à proximité pour qu’elle puisse te sortir de la boue s’il le faut un jour. » Pour Nita, cette paire de bras était toute trouvée : c’était la même depuis des années et pour rien au monde, elle imaginerait quelqu’un d’autre qu’elle à sa place.
Anita croisait les bras et faisait la moue. « Ok, je dois pouvoir faire quelque chose avec ça, ok. Je ferai de mon mieux. J’imagine que toi aussi. » dit-elle en levant le menton dans sa direction. Elle repensait au scandale qu’elle lui avait fait en arrivant à la demeure tout à l’heure et à comment le ton était très vite redescendu : aussi entêtés qu’ils fussent, il fallait cependant remarquer que le dialogue avait rapidement désamorcé la situation ; il y avait du bon dans ce rapprochement, tout n’était pas perdu d’avance, mais les choses pouvaient aussi bien évoluer que s’effondrer. Garett s’impatientait et Nita n’avait plus rien à dire à Abel. Elle n’était pas encore prête à lui serrer la main, son au revoir restera une formalité orale. « Rien d’autre. Je vais voir Garett. Et je file. » Nita se contenta d’un salut militaire discret, tourna les talons et laissa Abel retourner à ses occupations.