Oops | Anastasia & Andrea

« And now, the end is there
And so I face the final curtain
My friend, I'll say it clear
I'll case my state, of which I'm uncertain

I've lived... a painful life
I've traveled none and... none highway
And more, not more no more
I did... did’nt do it my way

Regrets, I've had a lot
But then again, too much to mention
I did many stupid things
Never saw it through without... »

Perchée dans ma cabane, mon repère de chasseuse, une bouteille de vodka à la main, l’autre agrippée à la branche, le corps à moitié penché dans le vide, je m’époumone sans réfléchir, enchaînant gorgée après gorgée. Je chante comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’est probablement le cas, de toute façon. Je serai bien chanceuse -ou malchanceuse- de survivre à cette nuit. J’en ai conscience. Pourtant, ça ne m’empêche pas de déconner. Rien de m’a arrêté, pas même la pensée d’Erin ou de Madison. J’agis égoïstement. Je ne pense qu’à moi, toujours. Je mérite amplement ce qui m’arrive et si cette beuverie s’avérait être la dernière, ainsi soit-il.

« I DID IT MYYYY WAYYYY! »

Les dernières paroles sont hurlées d’une voix tellement fausse que je ne peux retenir l’éclat de rire qui suit. Je dois avoir l’air d’une vraie débile, mais ça m’est complètement égal. Je suis bien pour une fois. Je ne pense plus à rien, mon cerveau bien trop engourdi pour faire sens de quoi que ce soit. Il n’y a que l’instant présent. Moi, la lune qui brille au-dessus de ma tête et la forêt à perte de vue. La paix, la quiétude que seul ma stupidité vient troubler. Aucun mouvement dans les parages ou du moins, rien qui ne parvienne à mes oreilles hormis le chant envoutant d’une chouette qui se prélasse quelque part, faisant naître une pensée horrible dans mon esprit troublé. J’ai faim et les chouettes, c’est meilleur que les écureuils. Un sourire s’étire sur mes lèvres tandis que je tends la main vers mon arbalète, celle avec laquelle Wyatt m’apprend à tirer.

Ne pensant qu’à la fierté qui m’envahirait si je pouvais lui ramener une telle proie, j’en oublie que c’est uniquement grâce à cette main que j’arrive à rester en équilibre sur le bout des planches. « Merde. » Je pousse un juron qui se transforme très rapidement en cri alors que mon corps prend son envol. La chute est rapide. En l’espace de quelques secondes, mon corps rejoint le sol dans un bruit sourd. Un second cri s’échappe d’entre mes lèvres, suivi d’un gémissement. J’essaie de me redresser, mais tout tourne autour de moi. Je dégrise un peu, juste assez pour remarquer un visage flou qui se penche au-dessus de moi. « Erin? » Je demande, la voix rauque, avant que mes yeux ne se ferment pour le reste de la nuit.