Sujet: A long way from home, son ? - Lucan Ven 11 Jan - 23:12
Lucan Marten «A long way from home, son ?»
Some time ago +Le ragout bouillonnait sur le feu ardent qu’ils arrivaient à-peu-près à entretenir dans le jardin. Fusil posé à ses côtés, Marten fixait des yeux cette masse brunâtre d’un air un peu dépité. Son frère avait rapporté bien peu de choses ce matin. La chasse avait été mauvaise. Et il avait été bien difficile de trouver quelques plantes comestibles. L’hiver s’installait, les temps allaient être encore un peu plus rude. Cela l’inquiétait fortement. Chaque année, la survie lui semblait un peu plus difficile. Il avait l’impression que le Mal gagnait de plus en plus de terrain. Mais là, ils avaient trois bouches à nourrir au lieu de deux. Et cela, à en croire son frère, allait être bien difficile et exiger de nombreux sacrifices qu’ils ne pouvaient se permettre.
Balivernes. Marten avait du mal à y croire. S’il y en avait pour deux, il y en aurait bien pour trois.
Mais aujourd’hui, cela n’allait pas être le repas le plus nourrissant. Il espérait que cela ne ralentirait pas trop le rétablissement du jeune homme qui avait élu domicile avec eux. Pour quelques temps. Juste quelques temps. Il ne s’éterniserait sûrement pas, vaillant comme il avait l’air d’être.
Marten l’avait trouvé dans la forêt. C’était son jour de chasse. Son jour de chance, peut-être. Il s’était arrêté, main sur la détente, quand il avait entendu la respiration rauque à quelques pas de lui. Un rôdeur ? La Mort ? Était-il prêt ? Sûrement. Il pensait alors à sa femme. A son fils. Comme à chaque fois que sa vie lui semblait en péril, dans ce monde instable et malveillant. Mais, malgré sa peur, il se rapprocha de ce bruit. Dès les premiers jours, ils avaient convenu de tuer ces créatures. Et les plus faibles, pour les délivrer. Marten avait bien du mal avec cela. Souvent, il allait chercher son frère. Celui-ci avait plus de sang-froid. Plus de raisons. Marten était trop sensible. Il pensait pouvoir sauver le monde.
Un rôdeur s’il vous plait, faites que cela soit un rôdeur.
Mais au sol, adossé contre un arbre, la masse de cheveux jais avait l’air bien plus humain qu’animal. Les yeux dans le vague, le corps douloureux. Vivant. Mort de fatigue. Bien mal en point. Marten détourna le regard. Il devrait prévenir son frère, qui insisterait sûrement pour l’abattre. Il avait certainement raison. Rien ne garantissait que le jeune homme s’en sortirait. Cela abrégerait ses souffrances. Mais Marten ne put s’y résoudre. Quelque chose l’en empêcha. Quelque chose dans le visage du blessé lui rappela son fils. La forme des yeux. Les cheveux. Ou simplement l’air qu’il avait eu, quand il avait aperçu le vieil homme à quelque pas de lui. C’était comme s’il avait retrouvé son fils. Que ce dernier n’était pas mort. Simplement parti en voyage. Et maintenant, il revenait à la maison, pour retrouver les bras de son père aimant. Alors Marten se débrouilla, du mieux qu’il put, pour le ramener à la maison et l’installa dans la chambre de ce fils, qui n’aurait jamais dû périr.
Son frère avait mal supporté l’histoire. C’était de l’inconscience. C’était les vouer à la mort. En plus, il ne lui ressemblait pas tant que ça. Voire pas du tout. Marten devait arrêter de penser aux morts. Ils ne reviendraient pas. Et s’ils revenaient, ce ne serait pas sous la forme d’êtres vivants mais bien de ces choses qui voulaient leur peau, dehors. Mais Marten avait tenu bon et le jeune homme respirait encore. Lucan. Lucan vivait encore et se rétablissait lentement. Il s’était promis de le laisser tranquille les premiers temps mais il lui avait été impossible de résister à lui demander son nom. C’était toujours plus agréable d’appeler un fils par son prénom.
Mais il était trop impatient et curieux. Alors il remplit un bol de ce ragout épais, l’emporta à l’étage et le déposa devant Lucan. Au lieu de repartir, comme il faisait depuis quelques jours, il resta planté, debout, dans cette pièce hantée de souvenirs. Il n’avait pas la force de le regarder alors ses yeux se fixèrent sur le paysage visible de la fenêtre. Cela lui éviterait de pleurer devant cette vision dont il avait tant rêvé. Le fils égaré, de retour au bercail.
« Tu as l’air d’aller mieux. C’est bien. Mais t’as toujours une sale mine. Je sais pas dans quoi tu t’es fourré, mais ça devait pas être bien joli. Te v’la coincé avec deux vieux pour seule compagnie. T’es loin de chez toi ? »
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: A long way from home, son ? - Lucan Sam 12 Jan - 1:48
Lucan Marten «A long way from home, son ?»
Some time ago +Il n'avait plus rien, ni les bras de sa mère, ni le sombre sourire de son père. Rien, parce qu'ils avaient décidé de partir. Un acte d'amour, qu'ils disaient, alors même que Lucan les suppliait d'arrêter, les appelait à l'aide comme jamais il n'avait supplié. Sauf que c'était ça, leur manière à eux de l'aider : mourir. Qu'il s'en aille alors, quitte le Maine, les terres gelées sans avenirs vers d'autres hommes, d'autres femmes, dès capable de l'aider à survivre. En dernier acte de piété filiale, Lucan avait brûlé leur corps, les yeux rouges devant le bûcher funéraire, petit garçon perdu, regrettant d'avoir rejeté ses parents dès qu'il en avait eu l'âge pour préférer sa solitude. Il les avait aimé pourtant, et ils l'avaient aimé aussi. Ce que son père lui disait, Lucan n'avait pas pu toujours le comprendre ou l'écouter parce que depuis quand un fils écoute son père, comprend son père? Il n'avait que ses regrets désormais, marchant à travers la terre et les arbres en portant sur lui son coeur lourd, ses habits élimés et l'odeur des flammes. Lucan marcha longtemps, cherchant à voir qui de son corps ou de son coeur s'écroulerait en premier. La distance parcourue était secondaire, la direction aussi, seul comptait le mouvement. Quand enfin le jeune homme s'écroula, il crut à la fin.
”Imbaabaa...”
Père, murmura-t-il à la silhouette qui s'avançait à sa rencontre. Père, pourquoi m'as-tu abandonné, aurait-il pu demander. Pourquoi? La route était longue et sans fin, il n'y avait rien sur ce chemin si ce n'est la mort et les morts, alors pourquoi? Et la main aux doigts noueux toucha son épaule comme pour le rassurer peut-être, dire que tout allait bien.
Quand Lucan ouvrit les yeux, il était au chaud dans un lit. Un lit dans une chambre d'enfant. Une vieille odeur de poussière s'y attardait, bien que l'endroit semblait propre. Parce que l'enfant qui devait dormir dans ce lit ne reviendrait plus peut-être, Lucan en eut l'intuition rapide. On pressent toujours les endroits où sont mort des gens, les lieux y perdent eux aussi une part de leur âme.
Epuisé, Lucan sombra dans l'inconscience avant même de rencontrer son sauver. Il alterna ainsi les périodes de veille et de repos, ne sachant plus lui-même lorsqu'il avait réellement les yeux ouverts, s'imaginant parfois encore à marcher, ou bien à brûler avec le corps de ses parents qui hurlaient, qui hurlaient... Et puis le lit aux draps propres aussi, le vieil homme qui lui tenait la main, assis à ses côtés, une bible ouverte sur ses genoux. Parfois, il en lisait certains passages, allégories de gens perdus retrouvant un chemin, une lumière...
L'homme s'appelait Marten, il ne vivait pas seul ici. Son frère était avec lui, tout aussi vieux mais différent également. Quant cet homme venait à le veiller à la place du gentil Marten, il ne consentait jamais à donner à Lucan quelque chose contre la douleur, le laissait également mourir de faim s'il ne pouvait manger seul. A bout de forces, Lucan n'avait même pas la force de rapporter cela à Marten, trop occupé à se reposer vraiment lorsque le vieil homme était là.
Il ouvrit les yeux, reconnaissant les pas de son bienfaiteur. L'Indien restait faible,parfois capable de se redresser, parfois non. Aujourd'hui, il ne voyait pas trouble, semblait garder son attention posée. Cela était agréable...
”Ca vous ennuie si je vomis?”
Manière polie pour Lucan de signifier qu'il pouvait être amené d'un instant à l'autre à plonger sa tête dans la bassine, mais que la présence de Marten n'y était pour rien.
Le Maine, M'sieur... Sauf que maintenant, j'ai plus rien là bas. Depuis combien de temps je suis ici?””
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Sujet: Re: A long way from home, son ? - Lucan Sam 12 Jan - 20:59
Lucan Marten «A long way from home, son ?»
Some time ago + Passer du coq à l'âne. Passer du rire aux larmes. Ou inversement. Mais surtout, dans le quotidien de Marten, passer de l’inquiétude à une autre forme d’inquiétude. Certes, le jeune homme était capable d'articuler bien plus que mots qu'il n'en avait eu l'occasion depuis le début de sa convalescence. Mais cette prédisposition aux vomissements ? Était-ce le signe d'un état plus grave que soupçonné ? Était-ce plus qu'une état d’épuisement assez important ? Un état viral ? Quel avaient été les symptômes de son fils, à l'époque ? Il doutait pouvoir trouver des antibiotiques, o même un médecin compétent, dans le coin. Et ce n'était pas vraiment ce dont ce composait leurs réserves. Il remettait leurs destins entre les mains de Dieu. Lui seul serait s'ils étaient dignes de survivre à ça.
Mais cela ne servait à rien de s'alarmer. Alors, comme à son habitude, il prit place sur la chaise à coté du lit et lui répondit par un simple sourire bienveillant. Tout irait pour le mieux. Bientôt, Lucan serait en état de reprendre la route et de poursuivre sa route vers Dieu-sait-où. Loin. Très loin. Trop loin. Depuis peu, Marten caressait le doux rêve de terminer la route avec son nouveau fils. Il ne voulait pas l'abandonner. Il ne pouvait pas l'abandonner. Mais il ne savait que faire de son frère. Celui-ci refuserait sans doute de continuer avec le morveux. Des choix seraient à faire.
Le Maine. Des heures de marche, par des températures peu clémentes. Il n'y avait aucune surprise à le trouver décharné comme il était. La réelle surprise était de le trouver encore vivant. Il avait été chanceux. Ils avaient eu de la chance, de tomber l'un sur l'autre. Deux êtres qui avaient tout perdu. Alors, il luit saisit la main, comme il avait pu tant le faire pendant son repos. Pour lui transmettre de sa chaleur. Pour lui faire comprendre que, désormais, il ne serait plus seul. Il ne serait plus jamais seul.
" Je ne sais pas ce que tu as vécu. Tu n'es pas obligé de me le dire. Certaines souffrances nous donnent l'impression qu'elles doivent rester enfuis au fond de notre coeur. Et nous devrions écouter notre coeur."
Marten lâcha sa main et se rapprocha doucement du jeune homme, pour repositionner ses oreillers. Il ne savait pas trop comment se porter. Il avait peur d'être trop paternel. Trop sentimental, comme Scotty pouvait lui reprocher parfois.
" Le Seigneur nous a dit qu'il était notre père, et que pour lui, nous serions donc ses fils. Tu as certainement tout perdu. Mais tu n'es pas seul, Lucan. Nous prendrons soin de toi. Soit en certain."
Marten ne souhaitait pas s'éterniser sur des sujets qui briserait le coeur de son protégé et qui ralentirait son rétablissement. Il avait besoin de penser positif, de détourner les yeux et les pensées de sujets qui le hanteraient encore des années durant. On ne fuyait jamais réellement ce qu'on aimerait oublier. Marten était bien placé pour le savoir. Il lui était difficile, la nuit, de ne pas avoir l'impression de sentir sa femme le rejoindre. Et en cet instant, de ne pas voir l'image de son fils se superposer à Lucan alité.
" Tu es ici depuis une dizaine de jours. Ici, c'est la Pennsylvanie. Près de Philadelphie. Ça fait une sacré trotte tout de même. Et si tu me parlais un peu de ton voyage ? Des Etats que tu as traversé ? Ou même juste du Maine. Je n'ai jamais quitté la douce quiétude mon Etat natal. C'est la terre des premiers émigrés suédois...
Marten ne savait pas pourquoi il lui racontait cela. Sans doute pour attiser sa curiosité. Sans doute pour en apprendre plus sur ce fils provisoire, adopté. Mais surtout, il voulait alimenter sa flamme d'aventures. Il voulait vraiment s'imaginer sur les routes, à ses côtés, veillant comme un père attentionné. Il voulait poursuivre le chemin avec...
Lucan Longshadows
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Sujet: Re: A long way from home, son ? - Lucan Dim 13 Jan - 20:58
Lucan Marten «A long way from home, son ?»
Some time ago + Dix jours, associé à tous les autres, cela portait à combien de temps son statut d'orphelin? Il ne savait même plus, et quelque part, ça lui brisait le coeur. Mauvais fils, mauvais fils jusqu'au bout et même après. Sa faute... Dix jours, et Lucan était vivant dans un lit inconnu, dans une chambre inconnue, une maison inconnue. Avec deux inconnu. Vivant, ça avait du sens, celui de la sécurité. Car sinon, Marten l'aurait laissé mourir, non? L'aurait peut-être tué lui-même. Un couteau levé alors que Lucan dormait, évanouit et... Sa main se crispa un instant sur le tissu du drap. La religion catholique, la foi, des choses qui n'évoquaient rien pour lui. Sans religion, Lucan préférait croire aux envies et aux esprits, donner de la poésie à la terre et aux choses, croire aux monstres aussi. Les monstres différents de ceux cachés dans le coeur d'hommes et de femmes, mais croire à ceux là aussi car le mal existait, peu importe ses formes.
”Je...
Je quoi? Je vais vous vexer, être impoli, vous corriger? Non. Vous décevoir? Peut-être. Dix jours, déjà l'envie d'un nouveau malaise, de ne plus voir ni penser, d'être vivant quand même. Comme un enfant épuisé voulant que l'on prenne soin de lui. Il n'était plus un enfant, ses mains étaient celles d'un adulte, le resteraient.
”Vous...êtes prêtre? J'ai jamais voulu quitter le Maine. Je... j'ai passé mon diplôme à l'université simplement pour contredire les gens disant que quiconque a du sang indien dans les veines n'en est pas capable et puis après, je suis allé vivre dans la forêt. Ranger. Je vivais seul, j'avais une cabane, mon boulot était de retrouver les gens égarés, les randonneurs, les suicidaires aussi. De les ramener, alors je le faisais....”
Il regarda l'homme, essayant de voir s'l y avait ou non un danger. La terre des premiers émigrés suédois, avait-dit Marten, est-ce que cela signifiait que l'homme aimait bien quant on était blond aux yeux bleus? Lucan n'avait-il pas fait une erreur en révélant qu'il n'avait pas le profil le plus caucasien possible?
”J'ai pas été baptisé, je connais les histoires de la bible, mais je sais pas si l'amour et la charité que l'on y décrit vaut aussi pour quelqu'un ayant ses propres croyances. Vous allez me chasser de chez vous?”
Il ne voulait pas de Dieu, aussi Tout-Puissant soit-il, pour Père. Il voulait le sien à lui, celui qui, de poussière, était retourné aux cendres et à la poussière. N'était plus là, ne serait plus jamais là. Alors Lucan regarda Marten comme par delà une frontière invisible, infranchissable, un gouffre pour les séparer l'un de l'autre dans tout ce qu'ils étaient.
”Mon..Père a fait le plus grand sacrifice possible avec ma mère pour accepter qu'un Dieu de visages pâles prenne sa place, pardonnez-moi monsieur. J'aidais les gens à retrouver leur chemin mais je suis moi-même un mouton noir, du genre égaré. Si vous êtes prêtre... vous accepteriez de dire une prière pour eux? Mes parents. C'est l'Enfer sur terre, mais si ça leur permet, eux, d'aller au Paradis. Ils étaient pas baptisés non plus....”