(I) alliance day (intrigue) + adam

Assis par terre et le dos appuyé contre le mur du cabanon, Adam a cette impression bizarre que son esprit flotte en dehors de son corps. Tout à l’heure, il a mastiqué sans se faire prier la pâte peu avenante de peur qu’Elsie finisse par lui donner la becquée de force vu son air peu enthousiasmé par l’aspect de la chose en question (on a tout de même vu des manières plus agréables de présenter une drogue) mais, à présent que le temps a fait son œuvre, il en est finalement venu à oublier ses réticences de dernière seconde tandis que les sensations envahissent son corps. Pour lui qui n’a jamais rien essayé en dehors de la weed et du shit, c’est désemparant et enivrant tout à la fois. Alors, silencieux, il s’ouvre tout entier à cette nouvelle expérience tandis que sa perception du monde qui l’entour évolue tranquillement. Sûr que c’est plus à l’aise ici qu’en plein milieu de la foule, il songe tout en redécouvrant du bout des doigts l’aspect noueux et mal dégrossi d’une des planches de bois formant son dossier improvisé.
Adam oublie de répondre à la question de son acolyte mais l’allusion sexuelle contenue dans ses propos recentre son attention vers elle. Il lui décerne un sourire un peu tordu et son regard s’agrémente d’une petite lueur annonçant la mauvaise idée germée dans ses pensées, sauf qu’il n’a pas le temps de répliquer qu’elle s’empresse de lui arracher la bouteille qu’il a chopé sur le chemin, il ne sait plus trop où à vrai dire mais probablement des mains d’un soûlard ou quelque chose dans le genre. Une exclamation de protestation s’échappe de ses lèvres tandis qu’il tente de la retenir, mais en vain. « Ça va, relax, un petit mélange n’a jamais tué personne… ou enfin, peut-être que si, mais est-ce qu’on est franchement à ça près dis ? » En tant que cadavre en sursis, tenter le diable pour lui ça serait plutôt continuer à survivre malgré les pronostics peu engageants. Mais, l’olympien n’est pas décidé à se laisser interrompre à mi-chemin dans ses plans par une Elsie casse-couille (ou prévenante, voyez ça comme vous voulez) alors il se penche en avant et, la surplombant, tend une main vers elle. Visage à l’expression indéfinissable, ses doigts lui caressent la joue d’un geste à la tendresse terriblement décalée vis-à-vis de la situation, vis-à-vis d’eux. Arbore ensuite un air pensif, avant de rompre le contact. « Nope, rien. Ou t’es pas assez excitante, ou j’en ai pas assez pris. A voir la tronche que tu tires, j’opterais plutôt pour la première option. » Il rit un peu bêtement, puis se recule et l’arrière de son crâne revient trouver l’appui du mur. « Ou alors, c'est du bullshit. On parie ? »

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« Va savoir, qu’il rétorque sans paraître se formaliser du sous-entendu concernant son colocataire. Mais, en même temps, et à moins d’espionner mes faits et gestes h24, t’as peut-être raté quelque chose ! » Ce qu’il sous-entend par là ? En résumé : pas grand chose. Parce qu’en dehors de Jenna, avec qui il a brièvement repris contact à son arrivée à Olympia, Adam n’a pas spécialement cherché quelque veuve éplorée à consoler ou autre ânerie dans le genre. Déjà bien assez de choses à faire au quotidien, sans compter le fait désormais que le virus Lazarus lui a collé l’équivalent d’une étiquette “pestiféré” sur le front. Sûr que ça écarte pas mal d’occasions, du coup… « Venant de la part de la charlatan en titre, c’est l’hôpital qui se fout de la charité tu crois pas ? En plus, je suis pratiquement sûr que si j’avais menti, tu t’en serais déjà aperçue comme une grande… » Le rictus moqueur élargit ses lèvres, faisant écho à l’étincelle de malice glissée dans le regard de sa compagne.
Adam toutefois ne tarde pas à rentrer dans son jeu et, tandis qu’il se penche une nouvelle fois vers elle, lui tend avec nonchalance sa main droite. « T’as vraiment envie de faire ça ? J’veux dire, tu sais pas vraiment où ça a traîné alors, à ta place, j’y réfléchirai tout de même à deux fois. Tu risquerais de regretter ce que tu vas y trouver. » Allusion non voilée à son étroite relation supposée quelques instants plus tôt tandis qu’il garde son regard rivé à celui d’Elsie dans l’attente de sa réaction. Et non, il n’a certainement pas oublié la bouteille confisquée tout à l’heure mais trouvera bien un moyen d’y revenir plus tard, d’une manière ou d’une autre. A l’inverse de l’olympienne, il est bien décidé à découvrir ce que l’alcool, couplé à l’Angélus, peut bien susciter comme réaction au sein de son organisme. Et si ce soir n’est pas le moment le plus opportun pour se livrer à ce genre d’expérience, alors ce ne sera jamais le cas ! Quant aux potentiels risques liés à ce mélange, ils lui passent complètement au-dessus de la tête. Faut dire que depuis qu’il a eu cette agréable surprise de se découvrir infecté, sa notion de danger s’est quelque peu altérée. Parce qu’il n’est plus à ça près, right ?

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La mention de Ryan le fait ricaner bêtement, tandis qu’il retient de justesse une blague grossière et de fort mauvais goût impliquant son colocataire et sa main droite. S’agirait pas de déconcentrer madame la voyante en plein milieu de sa lecture. « Hey, t’es pas supposée te plaindre de moi, il s’exclame face au pseudo reproche d’Elsie. Je suis ton client ! Et de toute façon ta vie était déjà merdique avant de me rencontrer donc tu vois, pas ma faute. » Il affiche un sourire goguenard, qui ne fait que s’élargir davantage tandis que sa comparse poursuit ses âneries. Et pendant tout ce temps, il s’efforce de ne pas laisser son esprit divaguer, complètement déconcentré par le moindre effleurement entre leurs mains tant ses sens sont décuplés à l’extrême. La sensation est un peu bizarre, déstabilisante au premier abord mais certainement pas déplaisante. Ou en tout cas, pas tant que c’est Elsie qu’il a face à lui, plutôt qu’un soûlard lambda de cette petite sauterie qui bat actuellement son plein.
Une lueur grivoise traverse le regard de l’olympien tandis qu’elle aborde le sujet fâcheux de toute fin de consultation qui se respecte. « Je songeais à un paiement en nature, il rétorque sans ambages les yeux dans les yeux et l’air tellement neutre et sérieux qu’il est difficile de discerner où s’y cache la plaisanterie. Après tout, si t’as pas raconté des conneries tu devrais pas regretter, non ? Puis, comme tu l’as dis, tu risques pas grand chose, t’es déjà foutue. » Et moi aussi. Sans crier gare, sa main se referme autour du poignet de l’insolente avant qu’elle n’ait le temps de se rétracter et il se penche vers elle sans faire mine de vouloir la lâcher. « C’est ta nouvelle technique, débiter de la merde puis flatter l’ego de ton pigeon au dernier moment afin de lui faire oublier le reste ? » Ses lèvres s’étirent sur un petit sourire en coin, tandis que ses doigts s’attardent machinalement à goûter à la douceur de la peau du poignet retenu en otage. « Je dois dire que je suis moyennement satisfait de la prestation. A part me dire que je baise bien, et on s’en fout vu que je vais bientôt caner, que des trucs négatifs ? Non, franchement, je reviendrai plus et j’exige remboursement. »

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« Je pensais plutôt au remboursement du temps perdu, il rétorque sans se laisser démonter face à la répartie sans faille d’Elsie. Donc, je suis quand même en droit de râler. » Ou pas. Mais de toute manière, c’est l’amusement qui prône ici, pas une réelle insatisfaction. Et il faut bien admettre que l’Angélus y est pour beaucoup dans cette détente parsemée de piques moqueuses et de rires étouffés. Bon sang ce que ça lui fait un bien fou, cette petite bulle loin du bruit et des animations de l’extérieur, loin de la réalité et des tristes horreurs qu’elle véhicule quotidiennement. Ici et ce soir, il peut prétendre qu’il n’existe rien d’autre qu’Elsie, lui, un peu de drogue et cette bouteille d’alcool, que les problèmes ne font pas partie de leur vie et que le monde n’est pas devenu complètement fou autour d’eux. Ici et maintenant, il peut prétendre qu’il ne risque pas de casser sa pipe au cours des prochaines semaines. Et putain, ça fait longtemps qu’il n’a pas profité d’une soirée de cette manière, aussi simples en soient les ingrédients.
Adam n’a même pas conscience que ses doigts sont fermement agrippés au poignet de sa camarade avant que celle-ci lui en fasse la remarque suite à sa tentative échouée pour se libérer de sa prise. Son regard parti vagabonder un instant dans l’espace réduit qui les accueille tous deux, capturé par la danse hypnotisante de la flammèche d’une bougie, revient se poser sur elle, glissant d’abord sur sa main enroulée autour de l’avant-bras d’Elsie avant de remonter croiser son regard. Le sourire gouailleur revint étirer ses lèvres, trahissant d’avance ce qu’il va dire. « Crier très fort, hm ? qu’il relève d’abord, l’étincelle dans ses yeux bleus et le ricanement moqueur sur le bout de la langue. Ah, non, moi ça ne me dérange pas franchement. » Bien sûr qu’il est parti sur un tout autre registre, mais en même temps comment ne pas saisir la perche qu’Elsie vient d’agiter juste sous son nez ? D’ailleurs, il ne fait toujours pas mine de la lâcher, tandis qu’au contraire il utilise sa prise comme un appui pour se rapprocher d’elle tout en maintenant le contact visuel alors que les mauvaises idées grouillent à l’intérieur de sa caboche. A ce moment où leurs visages sont tellement proches qu’il ne suffirait pas de grand-chose pour qu’il soit en mesure de l’embrasser – essayer, du moins –, les doigts de sa main libre se referment autour du goulot de la bouteille confisquée et qui le nargue depuis tout à l’heure. « Mais bon, je vais me contenter de ton offre généreuse, et de ça. » Sa main relâche enfin le poignet captif, le bout de ses doigts traînant encore sur la peau nue alors que son sens du toucher exacerbé à l’absurde par la drogue goûte une dernière fois au contact. L’Angélus brouille ses réflexions et ses actes, étouffe ses pensées rationnelles dans un brouillard diffus mais il en apprécie les effets, s’amuse de ce jeu qui n’aurait jamais vu le jour autrement. Et, redonnant enfin tout son espace personnel à Elsie, l’homme s’avachit une nouvelle fois contre la cloison tout en portant le goulot à ses lèvres.

« Nope, aucune idée de quoi tu parles, mais j’ai l’impression que c’est pas plus mal comme ça. » Adam n’a jamais été grand cinéphile, encore moins lecteur assidu, plus habitué à fréquenter le bar du coin avec les potes que perdre son temps devant ce qu’elle décrit elle-même comme un navet à l’eau de rose. Les trucs de gonzesses dans le genre, merci mais non merci. « Mal, je suppose, en tout cas vu ce que tu en dit. » Miroir au sourire d’Elsie, un vague rictus s’étale sur ses propres lèvres entre deux gorgées de sa bouteille.
Putain, il va finir rond comme une queue de pelle en un rien de temps, ou du moins est-ce là l’impression qu’il retire de ce début de mélange entre alcool et drogue. Puis, un rire franc s’échappe d’entre ses lèvres au moment où la menace vient lui peser au-dessus de la tête. « Ah ouais ? Et tu vas faire quoi contre moi ? M’envoyer le molosse qui te sert de frère et sa copine dégénérée ? » C’est dit sur le ton de la plaisanterie, provocation pure de l’olympien sans réelle animosité dans la voix malgré son inimitié avec Bass et Malini. Inimitié dont il ignore d’ailleurs si Elsie en connait l’origine, mais le moment ne semble pas réellement opportun pour s’intéresser à ça non ? « Anyway, tu m’fais pas vraiment peur alors me tente pas ! A bon entendeur… » Le sourire narquois s’étale plus largement sur ses lèvres… pour être aussitôt ravalé tandis que, de l’extérieur, un vacarme qui ne se pare soudainement plus du tout des accents de la festivité parvient à leurs oreilles. Son regard quitte sa comparse pour se fixer sur la porte de leur refuge, comme s’il espérait transpercer ce dernier et saisir la pleine mesure de ce qui est en train de se passer à l’extérieur.
Bien évidemment, aucune illumination ne le saisit et au bout de quelques longues secondes, son attention se reporte sur Elsie. Inconsciemment, Adam a quitté sa position nonchalante pour se redresser, attitude tendue et la main ayant abandonné la bouteille pour se porter à la place à son ceinturon. Au fond de ses yeux, l’inquiétude a remplacé l’amusement. « Je vais aller voir ce qu’il se passe… » Il se lève sur ces entrefaites, les gestes peu assurés dus à sa condition actuelle. Sortir dans son état n’est certainement pas une bonne idée, mais rester enfermés là-dedans sans avoir la moindre idée de ce qui est en train d’arriver ? Hors de question.