(IV) intrigue générale (mi avril 2018) + adam

I act like i don't care but deep down i swear it kills me. I care. I always care, this is my problem. I hate myself for that.


Le problème, c’est qu’elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. Elle n’aime pas ça. Après tout, ce qui arrive à Adam ne la concerne plus, c’est terminé, ils ne sont plus rien. Enfin, disons que c’est ce qu’elle aime ressasser en boucle. Peut-être qu’un jour, elle y croira vraiment. En attendant, elle ne tient plus en place. Adam est malade, empoisonné. Cette deuxième vague de maladie est certes peu dévastatrice, surtout quand on se trouve à Olympia, mais tout de même. Elle aurait préféré que Wyatt ne lui dise rien. Elle soupire, rumine. Ce ne sont pas ses affaires. Déjà qu’elle doit gérer Aaren, la vérité désormais affichée au grand jour, et ses sentiments indéfinissables à l'égard du roi de mes deux. La poisse. Elle a le sentiment d’attirer les ennuis comme la peste. Elle s’en veut d’ailleurs pour ça, parce qu’elle ne facilite certainement pas la tâche à Abel et qu’il n’a pas besoin de gérer les soucis de sa cadette en prime. Elle a l’impression d’être un monstre d’égoïsme pour l’instant. Enfin, heureusement, il n’est pas au courant pour Adam, de sa présence à Olympia, de leur relation passée, il ne vaut mieux pas. Autant garder tous les démons au placard, pour le moment en tout cas.

C’est sur le coup de midi qu’elle franchit le portail d’Olympia. Etant une Rhodes, l’accès ne lui est pas refusé. Avec bonne foi, elle se déleste de ses armes, se laissant fouiller sans même rouler des yeux. Elle n’a jamais été proche de Peyton, c’est surtout qu’elle ne la connait pas vraiment, pourtant elle s’accorde un rapide détour par la demeure Yates, s’attardant quelques instants, donnant quelques nouvelles d’Abel et glanant également des informations concernant l’état de Peyton. Clairement, elle ne va pas bien. Elle ne veut même pas imaginer ce qu’elle ressent. Une fois arrivée face à la porte du domicile d’Adam, elle prend une grande inspiration. Ryan lui ouvre, elle prend sur elle pour se montrer civilisée, pour autant elle n’arrive pas à contenir ses œillades assassines. Rapidement, elle gravit les marches la menant au second étage. Lorsqu’elle pénètre dans la chambre de son ancien amant pour l’instant endormi, elle est assaillie à la fois par un sentiment de soulagement intense – il respire encore – et une étrange nervosité. Elle ne devrait pas être ici, ce n’est pas son rôle. Pourtant, elle chasse gentiment l’Olympienne au chevet d’Adam, s’installant à sa place aux côtés de ce dernier. Le temps est long et à la fois trop court. Elle hésite à prendre la fuite. Après tout, il va bien, elle le sait, elle l’a vu de ses propres yeux, pourquoi rester ? La question reste en suspens tandis qu’il ouvre les yeux. « Salut. » Il faut bien commencer quelque part, en l’occurrence par un piètre salut. « Si, tu pouvais éviter de toujours te fourrer dans les pires situations, ça m’arrangerait. » Elle se redresse légèrement, s’empressant de servir un verre d’eau au malade, à moins qu’elle ne cherche simplement à s’occuper histoire d’en oublier sa nervosité.

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Ally. Non, manifestement pas. Elle s’attendait plus ou moins à cette réaction pour le moins perplexe et pas franchement enjouée. Mais, tout de même. Le simple oh lui arrache une moue déçue. Elle essaye d’en faire abstraction, mais peut-être qu’elle n’aurait vraiment pas dû venir. Elle souhaitait juste le voir de ses propres yeux, constater qu’il respire, qu’il va s’en sortir et que le danger n’est que minime. Elle aurait pu se contenter d’entrer dans la chambre, d’adresser un sourire à la fameuse Ally avant de tourner les talons, mais à la place, elle a viré sans ménagement cette dernière. D’ailleurs, si un regard pouvait tuer, surement qu’Ally l’aurait trucidée sur place de ses grandes prunelles noisette et assassines. Bref, ce n’est pas Ally, c’est Jenna, et il en semble déçu. Elle est blessée, un peu, beaucoup plus qu’un peu. Elle note le charme de l’accueil, elle en regretterait presque sa venue. Mais, ce n’est pas comme si elle comptait se laisser abattre par deux stupides tirades peu avenantes, il lui en faut plus tout de même. Elle ne se démonte pas facilement, elle est probablement plus coriace qu’un paquet de survivants. « Charmant. » Qu’elle balance ironiquement avant de rouler des yeux au ciel. Précisément, elle ne sait pas vraiment quelles sont les deux réponses adéquates à ces deux questions. Il lui en demande trop. Elle n’a pas vraiment réfléchi avant de seller Athos et de partir pour Olympia. L’instinct, l’impulsivité, appelez cela comme vous le souhaitez. Il fallait qu’elle vienne, c’est tout, pour autant elle n’a pas envie de s’expliquer, tout simplement car elle ne s’explique pas à elle-même son propre comportement. Mais, d’accord, les interrogations d’Adam sont légitimes. « Ça me fait quelque chose, c’est tout. » Quoi exactement ? Elle n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Elle est juste attachée à lui, peu importe de quelle façon. Il compte, point barre. « J’ai appris que tu avais été intoxiqué par les sbires de l’autre fêlé, je voulais juste m’assurer que tu ailles bien. » C’est la vérité pure et dure, aucune arrière pensée n’implique cette visite. Il semble toujours aussi peu convaincu et toujours autant perplexe. Elle soupire, s’affaisse un peu plus dans le fond de son siège. Pourquoi est-ce que rien n'est jamais simple ? « Tu sais, j’ai des émotions, je ne suis pas un robot, ça m’arrive encore de m’inquiéter pour d’autres personnes que moi-même. » Rarement mais tout de même. Elle ne sait même pas pourquoi elle ressent le besoin de se justifier. C’est tellement barbant, elle déteste ça. Ce n’est pas vraiment son genre – pas du tout même -, d’habitude elle n’en a rien à foutre de ce que les autres peuvent bien penser d’elle et de ses actes. Mais, c’est différent. Parce qu’il y a certaines personnes qui ont réussi à se frayer un chemin jusqu’à son cœur, une petite poignée incluant sa famille et les Diggs. Une petite poignée incluant manifestement Adam Redfield.

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Elle n’apprécie pas vraiment le ton employé par Adam, ça lui va droit au cœur et surtout droit à l’égo. Elle a l’impression de faire un grand pas en débarquant à Olympia, en se tenant à son chevet et en assumant ressentir de l’inquiétude à son égard, alors qu’il doute autant lui donne envie de se renfrogner. Tout le monde sait à quel point il est facile de froisser Jenna Rhodes et, il est en bonne voie. Peut-être est-ce ce qu’il recherche en réalité, elle ne sait pas vraiment. Il va bien. Il n’est pas mort. D’accord, elle hoche la tête, serre les dents. Elle devrait partir puisque manifestement sa présence et ses efforts sont indésirables. Non pas qu’elle cherche spécialement à recoller les morceaux, elle ne veut tout simplement pas rester en froid avec lui. Elle ne s’attend pas à ce qu’ils reprennent leur histoire là où cette dernière a été brutalement interrompue (pour la deuxième fois d’ailleurs). Peut-être que c’est le destin et qu’ils ne doivent pas être ensemble. Peut-être qu’ils sont trop différents. Ou peut-être se retrouveront-ils à nouveau une fois leurs problèmes personnels réglés. Dans un mois, dans un an, dans dix ans, pas du tout. Elle n’en sait strictement rien. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle déteste le comportement actuel de son ancien amant, d’autant plus qu’elle supporte mal l’ironie s’échappant de ses lèvres. Il ne se rend pas compte à quel point elle prend sur elle à cet instant précis. Elle s’inquiète, elle revient vers lui, alors qu’il lui a menti, qu’il n’a pas été correct envers elle et il a le culot de douter de ses intentions. C’est l’hôpital qui se fout de la charité pour le coup. Non, elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, sauf qu’elle a changé d’avis et peut-être qu’il est encore temps de se raviser finalement. Oui, elle commence à s’impatienter, à devoir trop prendre sur elle, ce n’est jamais bon signe. Pourtant, elle parvient à l’écouter, bien que l’envie de le couper se fait amplement ressentir, elle la réprime. Et, finalement, c’est le destin, ou plutôt le verre d’eau, qui se charge de lui accorder ce qu’elle désire : qu’il la ferme deux secondes, surtout si c’est pour douter d’elle.

Elle sursaute alors que le contenu du verre se déverse en quasi-totalité sur son jean. Elle est mouillée mais au moins il la ferme. Un mal pour un bien. « Si, tu veux que je me casse, il suffisait de le dire. » Le ton n’est pas vraiment agressif, pas du tout même. Elle s’éloigne simplement, en quête de kleenex ou n’importe quoi. « Ma conscience se porte bien sinon, merci de t’en inquiéter. » Elle n’est pas ici pour être en paix avec soi-même, non. Cette fameuse conscience, elle a d’autres chats à fouetter, comme Aaren Diggs et le mystère régnant autour de sa grossesse, de Lou. « Puisque mon inquiétude te fait royalement chier, peut-être que je devrais me casser. » C’est plus facile à dire quand on a le dos tourné, quand l’autre ne lit pas dans votre regard que vous êtes touchée. « C’est Wyatt. » Qu’elle reprend finalement tout en épongeant légèrement son jean. « Qui d’autre, hein ? » Finalement, elle se retourne, restant debout cette fois, à une certaine distance. « Je vais chercher Ally. » Et, déguerpir par la même occasion.