(II) intrigue générale (20 avril 2018) + bass

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Family isn't only defined by last names or by blood; it's defined by commitment. It means showing up when they need it most. It means having each other's back. It means choosing to love each other even on the days when you struggle to like each other. It means never giving up on each other

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Parfois, on croit que tout va pour le mieux, que chaque chose est à sa place, qu’on est enfin arrivé au bon endroit. Mais ce n’est qu’une impression, une belle illusion. Puis, inéluctablement, on se réveille et la réalité nous secoue si fort qu’on manque d’en perdre l’équilibre. C’est exactement ce que Elsie ressent à cet instant précis. Elle était enfin aux côtés de Thomas, vraiment, pas simplement en tant que protégée et amie. Elle était avec lui. Elle s’imaginait passer le reste de sa plus que probablement brève existence auprès de cet homme. Elle a goûté au bonheur et au répit l’espace de quelques moments volés. Puis, maintenant, le cauchemar, le retour à la case départ. Elle est seule, ridiculisée, malade. Elle a le sentiment de connaitre ce schéma, elle le connait par cœur même. Elle se sent trahie. Non seulement, il l’a trompé, peut-être qu’à ses yeux ce n’est pas le cas, mais aux siens ça l’est indubitablement. Il l’a contaminée. C’est le pire. Qui est assez stupide pour accepter de se faire vacciner ? Il ne lui a rien dit de surcroît, il lui a menti jusqu’à l’instant précis où elle a commencé à ressentir les symptômes du fameux gêne zombie, comme tout le monde le surnomme. Elle est littéralement en train de se transformer en rôdeur. Dommage collatéral qu’elle est. Elsie n’est pas du genre à lâcher le sourire, à broyer du noir, à se laisser abattre. Pourtant, elle ne sait plus quoi faire. Elle est perdue. Alors, elle en revient aux sources, sa famille.

Voilà maintenant quinze minutes qu’Elsie s’obstine à faire les cent pas devant les portes d’Olympia, étroitement surveillée par les gardes en attendant son frère. La ville n’autorise plus les visiteurs, excepté quelques cavaliers. Elle veut voir Bass, elle a besoin de Bass. Elle ne sait même pas ce qu’elle va lui dire, par où commencer, comment lui avouer son état. Elle a peur, elle l’avoue. L’attente interminable prend fin tandis que les portes s’ouvrent et que la silhouette de l’aîné de la fratrie Ferguson s’esquisse sous les yeux de la jeune femme. « Je suis désolée de débarquer à l’improviste. » Qu’elle lâche maladroitement alors qu’il s’avance à ses côtés. Elle soupire, blasée par cette vie merdique et ce karma pourri. Elle sait encaisser les coups et les épreuves, elle est forte, mais elle est juste… lassée. Il faut qu’elle se reprenne en mains, elle le sait. De toute façon, elle ne peut abandonner, ce n’est pas une option, elle n’a pas vaincu la leucémie pour crever d’une MST post-apocalyptique. La situation est tellement incongrue et débile. « J’ai un problème, Bass. » Elle a l’impression d’avoir prononcé cette phrase des centaines de fois, du moins avant que le monde ne parte en vrille, avant qu’il ne termine en prison également. Peut-être qu’Elsie Ferguson, pièce rapportée de la famille, n’est également rien d’autre que la poisse Ferguson. Vous savez, cette personne qui attire les ennuis comme la peste et qui entraîne sa famille avec elle dans un tourbillon incessant de problèmes. C’est elle, exactement elle.

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Elsie & Bass | 20 avril

Parfois, on croit que tout va enfin aller mieux, que chaque chose est à sa place, et que l’on a bâtit autour de soi quelque chose de solide, au bon endroit, avec les bonnes personnes. Et on se rend compte qu’encore une fois, malgré toute sa méfiance, on est encore trop naïve. L’illusion se brise, l’impression glace les os, et inéluctablement, on se réveille et on se prend une tarte dans la gueule de la part de la réalité. Lorsqu’il était revenu d’Alabam, il avait l’impression d’avoir enfin raccommodé les morceaux de sa psyché. Il avait trouvé sa place à Olympia, il y était utile, auprès de Peyton. Malini était avec lui et il avait une belle-sœur, et bientôt deux genres de petits neveux, ou du moins deux gamins sur qui veillait tandis qu’il se languissait de sa fratrie quelques kilomètres plus loin. Il était… si Bass avait un jour su ce qu’était être en paix avec soi-même, il l’aurait su quand il était sur la route pour passer les portes d’Olympia, le soleil de printemps chassant sa fatigue, et l’espoir de revoir les siens l’emportant sur le désir d’isolement. Cela n’avait pas duré.

Isaac et Iris et Hannibal, et ceux qui crachent du sang et qui se sentent partir. Retourner à Olympia c’est retrouver la familiarité des problèmes qui s’amoncèlent et auquel on doit faire face au jour le jour. C’est plus fort que lui, quand il apprend qu’Elsie l’attend aux portes, il a une bouffée d’angoisse. Comme quand vous avez trois gamins à la maison et qu’en sortant de la douche vous remarquez le silence. Il se dépêche, mais il met un peu de temps car il était de baby-sitting, il faut déposer l’orphelin dans des bras familiers avant de traverser Olympia, les sourcils froncés. Il sourit, faiblement, malgré tout en reconnaissant sa petite sœur derrière les grilles, son visage s’illumine même s’il note sa pâleur. Comme lorsqu’elle était malade. Bass se rapproche d’elle à grand pas et sa grande main abimée s’empare de ses doigts, liant frère et sœur mieux que par le sang. « - Dis pas ça, y a pas de problème. » Il secoue la tête, s’arrêtant près d’elle. Elle est sa sœur. Elle peut l’interrompre quand elle veut. Et puis Elsie explique qu’elle a un problème, qu’elle a une raison de venir ici et imperceptiblement le visage de Bass permet un peu de sa lumière. Retour en arrière, memorial lane, bad trip. Au moins, elle ne s’était pas jetée dans ses bras en sanglotant. Mais cela pourrait être parce que sa petite sœur a grandit et s’est endurcit, pas parce que c’est moins grave. « -Quel genre de problème ? » Il fronce les sourcils, inquiet, tandis qu’il l’observe avec attention ; mais il n’y a rien que les Fergusons ne peuvent survivre. Il fera ce qu’il faut pour assurer la survie et le bien-être d’Elsie. Sans discussion. Bass effleure du dos de la phalange sa joue qu’il trouve un peu pâle, qui lui rappelle l’inquiétude qui le rongeait quand il était derrière les barreaux et qu’il ne pouvait rien faire, juste imaginer le pire. « - Tu ne rechutes pas, dis ? »

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Elsie est parfaitement consciente de l’image qu’elle renvoie à son aîné. Celle d’une personne diminuée, le teint pâle, les joues un peu creuses, l’air fatigué. Ça ne doit pas lui remémorer de bons souvenirs, bien qu’il ne l’ait vu malade que lors de ses quelques visites au pénitencier, mais tout de même, elle est presque certaine de l’avoir marqué. Elle-même garde un goût on ne peut plus amer de cette période difficile. Elle a l’impression que la vie lui tire dans les pattes depuis son plus jeune âge. Elle pensait les compteurs remis à zéro une fois l’Influenza s’étant emparée de la terre. Elle se fourvoyait. Elle en est toujours au même point, case départ. Malade, elle est malade, pour la seconde fois. La maladie avec un grand « M » bien sûr. Celle qui ne pardonne pas, qui laisse ses marques, dont on ne guéri pas, dont on ne sait même rien. Dans le fond, elle est fatiguée. Elle n’en montre rien, elle garde la tête haute, le sourire également. Elle ne verse pas de larmes, aucune. Encore une bataille, une de plus. Elle n’est pas certaine de remporter la victoire cette-fois. Qui peut bien espérer survivre à un virus post-apocalyptique ? Une personne idéaliste. Elle se sait optimiste mais pas au point de se montrer utopiste.

Elle esquisse un sourire rassurant tandis qu’il s’empare de sa main. Elle ne sait pas comment lui avouer ses maux. Elle en a marre d’être le fardeau de la fratrie Ferguson. À croire qu’elle n’est bonne qu’à cela, ni plus ni moins. Elle qui se veut indépendante et débrouillarde, voilà qu’elle revient quémander l’aide de son frère. Elle se sent légèrement minable. Comment lui avouer qu’elle est plus que probablement mourante ? Elle garde espoir, certes mais tout de même. Elle a conscience que tout n’ira pas bien. C’est pour cette raison qu’elle souhaite rejoindre Olympia, pour renouer avec son frère, être auprès d’Elanor, profiter de ses proches en cas de décès imminent et bien sûr, car la ville est reconnue pour son matériel médical et ses médecins. Une chance de plus de s’en tirer ou d’espérer s’en tirer en tout cas. « Non, ce n’est pas une rechute, c’est autre chose. » Elle se pince les lèvres, ravalant difficilement le sanglot qui l’étreint. Elle n’a guère envie de le briser. Pourtant, elle sait qu’elle est sur le point de le faire. « Je suis malade, Bass, encore. » à croire que sa destinée n’est autre que de demeurer malade, piètre existence. « J’ai le virus dont tout le monde parle. Avant que tu ne dises quoi que ce soit, non je n’ai pas été assez stupide pour participer à la vaccination. » Elle est imprudente, parfois inconsciente, mais pas totalement débile, pas encore. Mais, pour le coup, vraiment, elle n’y est pour rien. Elle n’est juste qu’un simple dommage collatéral, ça lui fait mal de l’admettre. Triste réalité.

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Elsie & Bass | 20 avril

Elle sourit, et elle tient debout. Bien sûr : c’est sa petite sœur, la petite Ferguson d’adoption et elle est plus brave et farouche que tous ses frères réunis. Il devrait savoir que cela ne veut rien dire, le courage d’Elsie. Qu’elle a toujours besoin de son grand frère et que surtout celui-ci ne devrait pas se réjouir trop vite. Ce n’est pas une rechute, c’est autre chose : mais cela ne peut pas être pire hein ? Cela ne peut plus être pire. Bass est naïf, Bass est parfois, a bien des égards, un grand benêt. Il croit encore en l’espoir et en l’utopie : après ses années de solitude et de cynisme, l’idéalisme olympien a germé dans ce terreau de sarcasme et de lassitude. Beaucoup trop bien. Il ne voit pas le coup venir. Il devrait dire : qu’est-ce qui s’est passé ? Comment c’est arrivé ? Comment as-tu été assez stupide pour être vaccinée ? Il devrait remuer ciel et terre pour retrouver Lazare, le saisir par le collet et le forcer à défaire ce qu’il a fait à sa petite sœur. Il devrait agir. Crier. Pleurer. La réconforter.

A la place Bass se contente d’accuser le choc. Il reste figé et il sent la froideur imbiber le bout de ses doigts qui tiennent toujours Elsie. Il ne bouge pas et écarquille les yeux, le visage défait. L’univers lui tombe sur le crâne encore. Il ouvre la bouche, mais n’articule aucun son tandis qu’elle semble presque s’excuser de sa condition. Ce n’est pas possible. Pas encore. Pas ça. Le virus lui a pris Iris, et ses dernières illusions, d’accord. Mais Elsie ? Bass secoue la tête, pays du déni. Avant céder à la seule chose à faire et enlacer Elsie.
Il l’écrase contre sa poitrine, sans penser une seule seconde que peut-être ce n’est pas le genre de choses conseillées pour des malades en mort-en-cours, ni que sa main qu’il gisse dans la chevelure brune, la façon dont il embrasse son crâne risque plutôt de faire tomber quelques mèches que d’apporter réconfort à la jeune femme. « - Ils cherchent un remède, ils vont trouver » Il a passé trop d’heures à veiller Iris à l’infirmerie, maintenant il fuit l’endroit. Il n’y a que la mort là-dedans. Il n’a qu’une vague connaissance du nouveau virus, s’ils ont été assez cons pour se faire vacciner… il ne sauvera pas tout le monde. « - Tu restes ici. »
Il a repris sa main et il la tient, fermement. Bass, il l’a supplié de lui laisser une nouvelle place dans sa vie, une toute petite place. De lui accorder le pardon et le droit de se faire pardonner. Aujourd’hui, il ne supplie pas, et sa voix, rauque et brisée n’admet pourtant aucune protestation. Ce n’est pas une demande, c’est une constatation. Bass avale sa salive et les idées peinent à se mettre en place sous le dilemme entre panique et responsabilité de grand frère. « - Ce n’est pas.., ce n’est pas possible. Qui t’as fait ça ? » Qui t’as injecté le virus, qui t’as vacciné contre ton gré ? Il parcourt les traits d’Elsie du regard, soucieux, et effleure sa joue du pouce comme pour effacer une saleté. Il ne pense pas à une MST, pas encore, il en a à peine entendu parler, une chose après l’autre, et c’est plus facile de céder à la colère contre un anonyme.

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Un moment, elle croit avoir perdu son frère. Il est blanc comme un cadavre, même plus qu’elle. Le corps raidi, les traits tirés et le visage décontenancé. Elle vient de larguer une bombe, à quoi est-ce qu’elle s’attendait exactement ? Elle ne sait pas vraiment. Malgré toute la rancœur qu’Elsie éprouve envers sa fratrie – rancœur tassée désormais -, elle n’a jamais souhaité blesser son entourage. Et, peu importe qu’elle soit la victime de cette situation, Bass n’en reste pas moins un dommage collatéral. Elle aurait pu le lui cacher, mais elle ne veut pas mourir, pas maintenant. De plus, il lui en aurait voulu pour lui avoir planqué un tel fardeau. Lui pour qui la famille est si sacrée, il n’aurait pas compris son silence. De toute façon, aussi indépendante soit-elle, elle ne peut nier avoir besoin d’aide, avoir besoin de ses proches. Elle aime la Carrière et ses habitants, mais ce n’est pas pareil. Tout est différent, elle a désormais d’autres priorités.
Alors qu’elle s’y attend le moins et qu’elle est presque prête à claquer des doigts sous le nez de son frère dans le but de l’extirper de sa torpeur justifiée, il l’enserre de ses grands bras, la plaquant contre son torse. Elle ferme un instant les yeux, redevenant une petite fille, tandis qu’il arpente sa chevelure de ses doigts maladroits. Cela fait maintenant des années qu’elle ne s’est plus laissé aller de la sorte, ça fait du bien de lâcher prise, elle l’admet. Elle hoche tout d’abord simplement la tête tandis que le ton de son aîné raisonne de manière à la fois implacable et brisée. Il ne lui laisse pas le choix. Elle ne se laisse pas le choix non plus. Olympia est son salut ou ce qui s’en rapproche du moins. « Je dois juste régler pas mal de choses encore à la Carrière. » Des choses personnelles, des choses qui le sont moins. Et puis, de toute façon, elle a appris pour Peyton et la perte de son enfant. Elle sait que les portes d’Olympia sont fermées aux nouveaux individus même si son lien avec Bass devrait jouer en sa faveur, elle souhaite respecter les règles, ne pas être simplement considérée comme la petite sœur pistonnée de Bass Ferguson. C’est important pour elle.

Il s’écarte et elle redoute d’avance les prochaines questions risquant de retentir dans les airs. Il sera furieux, elle en a totalement conscience. Pas contre elle, non, mais contre Thomas, c’est une autre histoire. Elle presse un peu plus la main jointe à la sienne. Elle est nerveuse. Elle ne sait pas comment lui dire. Mais, en tout cas, ce n’est pas dans ses cordes de prendre des gants, alors autant se montrer cash, comme dans ses habitudes. « J’ai malheureusement constaté que le virus se transmet par voie sanguine. Je ne sais pas si vous êtes au courant. » Peut-être pas lui, mais surement que les médecins et scientifiques présents au sein du coup sont alertés. Elle tire la moue, pinçant ses lèvres avant de reprendre de façon peu enjouée ; « Je connais cet homme, tu sais, Thomas, depuis longtemps, très longtemps. J’ai toujours eu confiance en lui, nous étions très proches… J'ai contracté cette merde par voie sexuelle. Je ne savais pas qu’il s’était fait vacciner. Il ne savait pas que le virus était transmissible. » Elle ne lui cherche pas d’excuse, elle lui en veut beaucoup même, elle essaye juste de faire passer la pilule à son aîné. Mais, de ce qu’elle entraperçoit, ce n’est pas vraiment une réussite.

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Elsie & Bass | 20 avril

On partage les fardeaux, les emmerdes dans une famille. Cela, Bass pour tous ses sacro-saints sacrifices pour sa famille, cet idiot ne l’a vraiment compris qu’une fois à Olympia. Quand il avait perdu toute sa famille, tous les Fergusons et qu’il s’était retrouvé entre les bras d’une famille recomposée, décousue, faites de brics et de brocs, de survivants de tous âges qui n’avaient que leurs moyens de survivre en commun. Pour lui, pour qui la famille est sacrée, mais on souffre en silence, on ne parle pas de son courage ni de ses défaillances, on ne vide pas son sac, on soutient ses cadets au travers du feu et des tripes, envers et contre tout. Bass a changé. Ils ont tous changé, mais il tient toujours Elsie de la même manière dans son étreinte hirsute, un peu trop brusque et un peu trop serrée autour d’elle, maillage d’amour et de sécurité illusoire.

Ils sont beaux les Fergusons, on dirait des cadavres en tourment - il fait grand au-dessus d’elle, le menton dans ses cheveux, la barbe qui s’emmêle dedans. Il faisait grand, quand il l’embrassait pour la border le soir. Ils sont pâles, en pleine tempête. Bass grogne quand elle lui dit qu’elle a encore des choses à régler là-haut. Il ne pense pas aux portes closes et au chagrin de Peyton. Il pense qu’il a tué pour Elsie et le ferait encore, que intérieurement il tremble de colère et de peur. Il en sait des choses faites pour survivre, il a du sang sur les mains qui un temps le faisait pleurer de honte et le fait toujours fixer le plafond, bouche bée et coeur béant, insomniaque. Mais lutter contre cette maladie qui lui reprend sa soeur ? Il peut rien faire. Il a prié au chevet d’Iris et pleuré jusqu’à avoir la peau en lambeaux, mais cela ne sert à rien. Alors le moins qu’il puisse faire c’est la faire venir à Olympia. Ils lui doivent ça, sinon rien.

Il hausse les épaules, se laissant dégager de son étreinte. Il suppose qu’ils savent pour le sang. Il fuit l’infirmerie ces derniers temps. Il n’aime pas plus sentir Elsie ( Elsie ! ) nerveuse quand de ses doigts calleux, Bass frotte les bras de la brune. Comme si cela pouvait faire quitter la mort de son sang. Puis, il se fige à nouveau. Pas de pâleur, non, non. Le regard fou : oui. Les yeux écarquillés : oui . Les joues qui reprennent des couleurs sous l’effet de la colère : oui. La voix qui monte dans les aigus version éraillée, le ton qui n’en revient pas. ”- Thomas ?! Qui est-ce que… ” Un instant, Bass s’égare dans ses priorités, son regard s’égare dans le lointain, au-delà des taules et toits d’Olympia. Comme s’il pouvait voir la carrière et fusiller “Thomas” du regard. Ce type qui s’est immiscé dans la vie d’Elsie pendant qu’il n’était pas là, qui a pris de la place pendant que sa soeur repoussait Bass, et qui la tue à petit feu quand il ne peut rien y faire. ” - Sale petite merde… “ On ne vit toujours pas dans un monde où les filles peuvent coucher avec qui elles veulent sans conséquence, hein ? Bass se frotte la barbe, agité, nerveux. Il ne le dit pas, mais l’intention est claire pour qui le connait. Il va le tuer. La seule consolation c’est qu’il va crever de la merde qu’il a refilé à Elsie. Bass referme les paupières avec assez de force pour creuser les nouvelles rides qui se sont nichées au coin des yeux. La part perdue de sa psychée veut trouver ce salopard, le clouer au pilori et l’utiliser comme chien de garde, le regarder mourir vivant et l’empêcher de recevoir des soins. Il n’est pas un sadique, mais un protecteur mal repenti. Il doit garder ça en tête.

Bass prend délicatement le visage d’Elsie en coupe entre ses mains trop larges pour le visage fin, porcelaine prête à se briser. Elle a l’air tellement mal que ça lui piétine le coeur, qu’il a les yeux remplis d’eau prête à se déverser dans sa barbe, si on oublie que son sourire montre les crocs, violent. ”- Au moins il va payer… Tu iras mieux.. Je te promets… Je serais là.” Le “cette fois” ne passe pas ses lèvres, mais il esquisse un sourire qui a la tremblote, et c’est tout comme entre eux.

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La colère de Bass, elle s’y attend, elle la comprend mieux que personne. Thomas paye déjà pour ses erreurs. Elle l’a vu dans ses yeux. Elle le lui fait payer au centuple. Elle l’ignore, le repousse, se montre odieuse tandis qu’il tente en vain de recoller les morceaux, de réparer ses erreurs, de se faire pardonner. Mais, c’est trop tard. La rancune d’Elsie est beaucoup trop tenace. Pourtant, elle reconnait que quitter Thomas, instaurer cette distance entre eux, ne lui est pas évident. Il a été là tout au long de ces dernières années. D’abord en tant qu’allié, ensuite en tant qu’ami et protecteur, finalement il s’est imposé romantiquement parlant. Puis, d’un claquement de doigts, tout s'efface et vole en éclats. On ne peut pas revenir en arrière, elle n’arrive plus à le regarder, cependant il lui manque, c’est plus fort qu’elle. Mais, elle doit se montrer sérieuse ou ne serait-ce que raisonnable. Elsie s’est toujours accrochée à la vie. Elle a vaincu une leucémie, survécu à la fin du monde, maintenant elle doit se battre contre un nouveau virus. Elle doit mettre toutes les chances de son côté, accepté l’aide des siens, se rapprocher de ses proches et de ce qui compte. Parce qu’au final, peut-être qu’elle n’y survivra pas, elle a conscience qu’elle se doit de profiter de chaque instant, chaque petit moment. Olympia est une énième chance de survie. Elle doit la saisir, le cas contraire serait ni plus ni moins que de l’inconscience pure et dure. « Il paye déjà tu sais. Il a eu son retour de bâton, crois-moi. » Et, il n’est pas à l’abri de la colère d’Elsie. Elle sait qu’il essayera encore de s’immiscer à nouveau dans sa vie et elle le repoussera sauvagement, odieusement. Il n’est pas au bout de ses peines avec elle.

Les mains de son aîné encercle son visage maladif, geste à la fois doux et empreint d’une certaine maladresse. Elle soupire, fatiguée, ancrant ses prunelles aux siennes. La vie est franchement merdique si vous voulez son avis. Elle esquisse un sourire parce qu’elle est comme ça, Elsie, elle est forte, elle le montre. « Il le faut. » Il faut qu’elle aille mieux, qu’elle survive, pas d’autres options. « Je te laisse amorcer ma venue. » Autant profiter des opportunités, de la place de Bass au sein d’Olympia surtout. Elle se laisse aller encore un peu, posant sa joue contre son épaule. Bientôt, ce sera lui son quotidien. Même que je sentirai également la pomme, comme lui, beaucoup mieux que l’odeur boueuse de la Carrière, s’intime-t-elle, le sourire aux lèvres. « On se revoit bientôt. » Elle s’écarte finalement, rompant l’étreinte réconfortante, une expression rassurante rivé au visage. Tout ira bien ou presque.

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