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 don't walk away

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MessageSujet: don't walk away   don't walk away EmptyMer 4 Avr - 23:07


Douglas Dario
« don't walk away »

fin mars ▬ Le temps avait perdu tout son sens depuis qu’il était là et Dario n’aurait en toute honnêteté pas été capable d’affirmer avec certitude combien de jours avaient passé depuis l’accident. Au début, il avait cru que cela allait passer, sorte d’espoir absurde d’une personne mise au pied du mur et face à quelque chose qu’elle avait toujours refusé d’envisager. La blessure avait été traitée comme l’on traitait une blessure normale, c’est-à-dire du mieux que l’on pouvait compte tenu de l’hygiène et du manque de ressources de la carrière, et comme les symptômes ne se développaient pas à la seconde où tout basculait alors le chef de zone, fait de cette manière qu’il n’était pas capable de regarder sa propre mort en face, n’avait pu s’empêcher de vouloir croire en la possibilité qu’il puisse s’en tenir là.
Mais il n’était pas stupide, fort heureusement, et il avait pertinemment conscience que rien ne se déroulait jamais réellement comme l’on en avait envie. Alors peu désireux d’entretenir ce secret (et ainsi suivre le funeste sort de son prédécesseur), Dario avait informé Suzy des faits, Aaren aussi bien évidemment. Et puis Ryce, parce que si une personne dans tout ce merdier était susceptible de l’aider c’était forcément elle, pour ce qu’elle avait accès à la mine, à ses trésors. Une fois n’est pas coutume, il retiendrait ses crachats à propos d’Hamilton si cela pouvait lui être d’une quelconque aide.
Ensuite, la fièvre était arrivée.
Et maintenant ? Le cycle des jours et des nuits s’enchaînait sans qu’il n’en ait réellement conscience. Suzy, ou parfois d’autres personnes dont les visages se confondaient dans ses délires, veillait sur lui en journée, le forçant à avaler quelque chose (et laissant toujours à proximité un seau pour tout ce que son estomac refusait), à boire, à ne pas se retrouver en tête-à-tête avec lui-même trop longtemps. La nuit, la porte de sa cahute était fermée de l’extérieur au cas où quelque chose se produite, personne ne se voilait la face et l’on était, après tout, jamais à l’abri de rien ; s’assurer que Dario ne puisse pas sortir de là tout seul n’était certainement pas une précaution superflue. Ryce se faufilait comme un chat quand personne ne lui prêtait attention, pour lui ramener ce qui était sans aucun doute la principale raison quant au fait qu’il respirait encore quelques jours après l’attaque de rôdeur dont il avait été victime. Et le reste du temps, l’homme n’avait que ses pensées chaotiques, sa fièvre délirante et nauséeuse et son mal être constant pour lui tenir compagnie. Parfois, l’inconscience prenait le dessus et il perdait des pans entiers de ses journées dans cette noirceur bienvenue. Sur son bras, la griffure était comme un incendie qui refusait de s'apaiser et le dévorait de l’intérieur sans lui laisser le moindre répit, et quand son esprit était assez clair pour ça alors Dario repensait à l’amputation qu’on lui avait proposé, qu’il avait refusé sans la moindre seconde d’hésitation. On ne survivait pas à une morsure, mais on pouvait survivre à ça, pas vrai ? Cela s’était déjà vu. A vrai dire, il avait estimé avoir presqu’autant de chances de mourir d’être devenu manchot que des séquelles de la plaie pour ce qu’il serait moins apte à se défendre, et à beaucoup d’autres choses en fait.

L’homme émergea d’une espèce de brouillard pâteux sans trop bien savoir ce qui avait provoqué cet état de veille, ouvrit les yeux et tenta vainement de se redresser sur sa couche de fortune. La longue remise en route de ses pensées l’informa, après quelque temps, que son subconscient avait perçu la porte qui s’ouvrait et se refermait ensuite ; Dario tenta de percer la pénombre de l’endroit – il n’y avait pas la moindre lumière pour se faufiler à travers les planches, seule preuve de la nuit probablement tombée dehors – mais ne distingua guère plus qu’une impression de mouvements, vague silhouette sur laquelle il était de toute manière incapable de se focuser bien longtemps. « Ryce ? », il demanda à l’obscurité, sûr d’entendre une voix féminine lui confirmer la question filée dans un souffle. Qui d’autre qu’elle pourrait bien lui rendre visite maintenant ? Cela faisait un bout de temps qu’elle n’était pas venue, trop longtemps lui semblait-il, quoique son esprit brouillé puisse très bien lui jouer des tours. « La lampe est à côté de la porte, informa-t-il le silence qui lui faisait face, si tu veux voir où tu mets les pieds. » Peut-être qu’il délirait encore, qu’il parlait dans le vide – ce n’était potentiellement pas la première fois que cela arriverait depuis qu’il s’était vu terrassé par l’infection galopante – mais il lui sembla bien, toutefois, entendre que l’on trafiquait du côté de la lampe à pression pendue sur un clou juste à gauche de l’entrée.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptySam 7 Avr - 2:03

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Les fioles se rassemblent, les mains s’affolent, ramassent tout ce qui lui parait être utile. Il a la respiration en vrac, de belles auréoles sous chaque œil mais ça ne l’empêche pas de s’agiter, d’embarquer une bonne partie de ce qui se trouve dans son labo au fond d’un sac. La mine décomposée par la nouvelle, le reclus se retrouve à sillonner la mine avec son matériel qui pèse une tonne sur son épaule. Il se demande un bref instant ce qu’Anita lui dirait en le voyant disparaitre avec pratiquement la moitié de leurs ressources médicales. Et puis, il décide qu’il s’en moque. A quoi ça sert de concocter des remèdes s’il ne peut même pas les utiliser pour soigner et sauver ? Le rationnel cherche par tous les moyens à justifier cet acte impulsif. Une fois de plus, il a été secoué par la possibilité que Dario succombe. Plus que jamais, cette idée ne devrait pas l’ébranler à ce point. Pourtant, ça lance, une douleur vive dans l'ensemble du corps. Pas de foyer pour l'incendie, pas de réelle source à ce mal être psychique, pratiquement physique. Dire que le chef de zone aurait pu crever dans son coin sans même l’appeler, usant de Ryce pour parfaire sa survie. Ca le rend fou que leurs égos puissent à ce point altérer leur propre existence. Pour que l’intégrité physique de son ancien acolyte reste intacte, le supposé insensible se sent prêt à mettre son orgueil de côté. Il a déjà trop de regrets à gérer sans qu’il n’y ajoute celui-là.

La bise claque contre ses joues, il a déjà parcouru plusieurs mètres avant de réaliser l’heure tardive. Le regard se pose sur la voute céleste, gratte les astres distraitement. La nuit l’enveloppe, force plus d’un frisson sur sa peau. Le silence l’entoure, la pénombre rend sa progression plus hasardeuse. Déjà pénible de s’orienter en plein jour dans cet endroit qu’il n’a visité qu’une seule fois, il doit désormais évoluer à l’aveugle. Après un certain temps à crapahuter, à grogner entre ses dents serrées, il atteint la cahute dans laquelle le blessé repose. Ce moment où la main se pose sur la poignée parait durer une éternité. La terreur lui ronge les entrailles. Du déjà-vu, appréhender ce qui se trouve derrière la porte, se dire que ça ne peut pas finir comme la dernière fois. Il tente de se faire le plus discret possible en pénétrant dans l’espace réduit de son comparse. Ce dernier l’accueille avec le prénom de la gamine. Légitime vu les circonstances. L’américain est bien incapable de le détromper, pas foutu de prononcer le moindre mot, happé par la situation. La voix trop faible, la silhouette bien trop avachie. Toujours sans un mot et docilement, il lui obéit en attrapant la source de lumière pour mieux l’approcher, le détailler. Les prunelles ondulent sur les détails l’entourant, le seau, les vivres, l’eau et puis, atterrissent sur le visage émacié du souffrant. La sueur sur les tempes lui donne une bonne idée de l’état fiévreux dans lequel il se trouve. Avec délicatesse, le quadragénaire dépose son baluchon sur une surface plane, étale les divers ressources réquisitionnées pour s’acheter du temps, pour réussir à retrouver un semblant de contenance. Il n’en mène pas large, Reed, pour une fois. Ce qu’il tente de devancer, c’est la réaction adverse quand il s’approche finalement du patient. « Oui, je sais. Je ne prends de tes nouvelles que quand je te crois mort. C’est une habitude que nous devrions définitivement perdre. » Il articule de façon excessive chacun de ses mots pour maitriser la ligne mélodique un peu instable. Le nez se penche sur la blessure, les doigts défont ce qui l’entoure. La vision lui arrache un léger grognement bien malgré lui. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Elle ne m’a pas expliqué. » Ou plutôt, il n’a pas écouté, mué par la nécessité de voir la gravité de la plaie. Il oublie tout autant de lui donner le cadre de la révélation, totalement immergé dans des pensées confuses. La paume se pose sur le front, simple formalité, il n’a pas besoin d’un dessin pour savoir qu’il est brûlant. « Pourquoi on ne t’a pas amputé ? » Qu’il désapprouve immédiatement en maniant avec précaution le membre contaminé à la lueur de leur seul éclairage afin d'évaluer la propagation du mal. Les traits s'affaissent légèrement. Il aurait aimé être là plus tôt, agir au plus vite. Mais leurs foutus caractères les ont tenu si éloigné. Comme il se sent con, Douglas. Comme il aimerait pouvoir lui dire si la pudeur ne l'en préservait pas.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptySam 7 Avr - 20:04


Douglas Dario
« don't walk away »

La lampe allumée jeta des ombres démesurées à travers la cahutte, dessinant des portraits dansants contre les murs au fur et à mesure de la progression du foyer lumineux au travers de la pièce unique. Un esprit plus éveillé aurait immédiatement noté la différence de corpulence entre Ryce et la silhouette actuelle de l’invité impromptu mais Dario était dans un état second et bien incapable de faire réellement attention à quoi que ce soit. Persuadé de délirer encore, il fallut finalement que la voix de Douglas s’élève au sein de la cabane pour que le chef de zone accepte enfin ce qu’il avait sous les yeux. La surprise viendrait probablement plus tard, pour l’heure seul un simple rire s’échappa de ses lèvres à la remarque du scientifique, bientôt étouffé dans une quinte de toux. « J’suis pas encore mort, merci. » Non, certes, mais à ce rythme… il ne pouvait pas réellement certain de se réveiller demain, quelle que fût son envie de survivre à cette connerie. En attendant, son état empêchait au moins l’amertume de lui remonter à la bouche pour verbaliser une de ces répliques qu’il réservait à Douglas, après tout il avait déjà bien assez de bile dans la gorge comme ça.

Vulgaire poupée de chiffon, Dario se laissa manipuler sans ne serait-ce qu’avoir la force de protester par principe, les yeux fixés sur les réactions de l’autre homme tandis qu’il prenait connaissance de la blessure. Et la mine sombre de l’autre lui confirma ce qu’il devinait, bien sûr que cela ne devait pas être joli à voir vu le foyer de souffrances que cela représentait pour lui. « Elle n’était pas supposée te dire quoi que ce soit… » La réplique ne répondait pas franchement à la question posée mais le quarry, après coup, semblait enfin être en mesure de se demander ce que Douglas fichait ici quand seule Ryce aurait dû se trouver à la place, la jeune femme suffisant largement à la tâche pour ce qui était de lui administrer la médication dont il avait un besoin si crucial à l’heure actuelle. Et puis surtout, vu la couleur de leur dernier face-à-face, il n’aurait jamais pensé que son ancien partenaire serait susceptible de venir ici, ni même eu l’envie d’y croire, encore moins l’idée de le demander. Ryce, au moins, il pouvait avoir confiance en elle, être sûr qu’elle ne le laisserait pas tomber… ou du moins avait-il toujours voulu s’en convaincre, mais la présence du miner ici-même ne constituait-elle pas, en soit, une trahison même mineure ? « J’ai refusé. » Il pouvait deviner le reproche dans l’interrogation, facilement compréhensible (il avait eu largement le temps d’y repenser depuis qu’il s’était retrouvé cloué à son lit), mais la réponse n’affichait pas le moindre regret malgré le ton faible, fébrile. Anticipant la réprimande susceptible de prendre le relai, il éleva la voix de nouveau après une brève pause, le temps de déglutir, de forcer ses yeux à rester ouverts malgré ses paupières lourdes et ses globes oculaires qui lui semblaient brûlants : « C’est trop tard maintenant, de toute façon. L’infection a gagné trop de terrain. » C’avait été trop tard à partir du moment, de la seconde près où il s’était fait griffer et choisi de ne rien faire. L’amputation devait être immédiat, ou alors elle avait de fortes chances d’être inutile plus le temps passait. A présent, il apparaissait évident que si son corps n’était pas en mesure de combattre la maladie, Dario n’y survivrait pas, membre coupé ou non. « Et puis en quoi ça aurait servi ma cause, hein ? » Au sein de la carrière, au sein d’un des clans les moins sécurisés du coin. Perdre son bras ? Hors de question, son corps qui n’allait pas en rajeunissant constituait déjà bien assez une faiblesse à lui tout seul. Alors certes, survivre quoiqu’handicapé à vie était peut-être mieux que succomber d’une manière aussi misérable mais cet avis était loin d’être universel. Surtout quand il existait une chance, même minime, de vaincre l’infection sans avoir à perdre quoi que ce soit.

« Qu’est-ce que tu fiches ici, Douglas ? » Son tour de poser les questions, avec cette impression de radoter, de ressasser les mêmes interrogations à chaque fois qu’il fallait que les deux hommes se croisent. L’ironie lui tirait pourtant un pâle sourire sans joie tandis qu’il avait formulé les quelques mots, bien conscient de l’écho qu’ils devaient avoir éveillé chez son partenaire. Dire que la dernière fois qu’il s’était pointé ici, c’était sur une fausse information le prétendant mort et maintenant… foutu karma. « Je lui avais demandé… je lui avais dit, explicitement, de ne pas te parler de ça. » Mais elle l’avait quand même fait, au final. Et un morceau de lui-même éprouvait ce soulagement à le voir à ses côtés, non pas pour ce qu’il lui apportait mais pour l’idée qu’il venait quand même malgré tout le poison lancé à son visage la dernière fois. Dario, s’il avait été du genre à s'apitoyer sur sa propre personne, aurait pu affirmer qu’il ne le méritait pas. Et ne pas avoir complètement tort. « Elle va avoir des problèmes ? » Même sur son lit de mort (ou apparenté), il trouvait encore le moyen de se soucier d’elle. Si Douglas la dénonçait, ou n’importe qui d’autre, si on l’avait aperçue venir jusqu’ici au cours de ces derniers jours… Certains seraient prompt à la vouloir exclue de la Mine et lui, qui avait insisté plus que de coutume pour qu’elle s’y fasse intégrer, aurait du mal à la savoir jetée de son asile par sa faute. Cela, s’il survivait au reste, bien évidemment.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyDim 8 Avr - 23:31

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Chaque manifestation de faiblesse adverse atteint l’américain bien malgré lui. L’envie ne manque pas de l’obliger à se taire pour économiser ses forces mais la vérité, c’est que de l’entendre parler, ça le rassure démesurément. Quand bien même la toux qui accompagne la parole, creuse de nouvelles rides dans la peau de l’anxieux. Les idées fusent déjà dans son esprit, ce qu’il pourrait lui administrer, ce qu’il pourrait peut-être créer afin de le soulager. Faire un prélèvement, l’analyser, user et abuser du matériel à sa disposition. L’obsession prend forme à mesure qu’il pose ses yeux sur la plaie. La fatigue s’absente totalement, regain d’énergie soudain que seule l’inquiétude est capable de ramener. Pas encore mort, oui mais pour combien de temps ? Douglas refuse d’anticiper, préfère, comme toujours, se mettre de belles œillères quant à l’issue fatale de cette infection. Il se sent assez imbus de lui-même pour s’imaginer réussir à le soigner. L’inverse ne lui serait pas tolérable, dès lors pourquoi y porter le moindre songe ? Le regard dévie de la meurtrissure au patient avec précaution et il soupire sans répondre dans un premier temps. Quoi de plus naturel que de demander à la rouquine de garder l’information pour elle ? Peut-être que Dario croyait qu’il viendrait lui-même l’achever. Il se plait tellement à le dépeindre comme le dernier des salauds qu’il doit finir par y croire à son baratin. Par souci de loyauté et parce qu'il trouve ça plus juste, le quadragénaire ment allégrement afin de préserver la réputation de Ryce. Inutile qu’elle se fasse réprimander. « Elle n’a rien dit. Je l’ai surprise en train de piquer des médicaments dans le stock et je l’ai obligée à m’expliquer. Tu peux être heureux qu’elle soit tombée sur moi et pas sur quelqu’un d’autre. » Comme Anita par exemple. Pour sûr que ça serait passé différemment. Et le reclus ignore encore à quel point la haine des mineurs envers les carrières auraient rendu cette trahison plus salée.

D’un murmure, pratiquement un grognement qu’il articule dans sa barbe, sa frustration manifeste transparait. « Je ne sais même pas depuis combien de temps ce cirque dure. » Ce n’est pas de savoir la rousse si prompte à dérober leurs ressources qui le chiffonne mais le fait d’avoir été si peu vigilant quant à ces vols et donc, de ne pas avoir pu remédier à la fièvre de son comparse à temps. Non que ça aurait pu changer radicalement l’issue de la situation. Les mains replacent le membre contaminé à l’endroit où il se trouvait et le scientifique s’octroie quelques minutes pour digérer cette situation avant d’agir. « Évidemment, tu as refusé. » Désapprobateur, le ton mais pas que. Parce qu’une partie de lui comprend très bien que ça soit impensable de décider de s’amputer, de perdre son bras comme ça et de devoir vivre ensuite de la sorte. Du moins, lui ne l'aurait peut-être pas toléré. Mais il n'empêche que cela aurait été la solution la plus pragmatique, la seule qui s’imposait au moment des faits. Les prunelles se posent avec austérité sur le faciès allié. « Tu veux dire qu’être vivant, ça ne sert pas ta cause maintenant ?  Des envies suicidaires récentes, peut-être, Dario ? Tu ne m’as toujours pas dit comment ça t’était arrivé d’ailleurs… Tu as décidé de jouer avec ta vie ? » Qu’il lui demande le plus calmement du monde bien qu'irrité par cette perspective. Il a encore l’odeur de souffre dans les narines, la poudre sur les doigts, Ophelia, son crime prémédité. Il aimerait ne pas y penser mais toute cette discussion s’y prête affreusement.

Trop troublé pour parvenir à conserver son professionnalisme habituel, l’ermite finit par se relever pour retrouver les bibelots qu’il a ramené. Les fioles se mélangent déjà sous son regard attentif tandis que la question tombe enfin. Il ne peut pas dire qu’il ne s’y attendait pas. Même agonisant, son ancien acolyte n’en démord pas de réimposer cette distance que la rancœur a creusé entre eux. « Parce que ça n’est pas assez évident ? Je tente de te sauver la vie. Ça te suffit comme raison ? Ou tu désires une dissertation de trois pages sur le sujet ? » Qu’il lui demande avec sarcasme, franchement indigné par cette interrogation franchement stupide. Et la stupidité, c’est qu’il ne supporte pas ça du tout, Douglas. « Je ne lui ai pas laissé le choix. Et elle est suffisamment intelligente pour savoir que je l’aurais suivie par la suite si elle ne m’avait pas dit ce qui se tramait. Je l’aurais su tôt ou tard, tu crois quoi ? » Il s’avance peut-être un peu trop à ce sujet mais peu importe. Sa fierté le force à adopter cette assurance erronée. Après tout, il ne sait jamais ce qu’il se passe au-delà des murs de sa grotte. Le monde pourrait bien s’effondrer dehors qu’il n’en aurait pas la moindre foutue idée.

La première préparation se retrouve déjà dans une seringue, un début pour tenter d’apaiser les symptômes. Ou une partie du moins. « Autant que moi, si on se fait prendre, je suppose. » Le ton reste sec, la posture toujours raide. Parce que l’autre s’en moque bien de savoir dans quel genre de danger le mineur vient de foncer la tête la première pour l’ingrat qu’il est. « Si tu veux tant que ça savoir si je compte la dénoncer, la réponse est non. Je ne suis pas non plus censé me trouver ici avec tout ça. Mais personne ne nous a vus à ma connaissance. » Du moins, il l’espère. Mais la priorité ne se situe pas à ce niveau et on dirait bien que Dario l’a oublié. Il s’approche avec son aiguille de l’épiderme du malade mais s’arrête à quelques centimètres. « Tu as encore suffisamment confiance en moi ou tu préfères tenter ta chance avec le Destin ? » De la pure ironie que la réponse soit négative ou non, il lui injectera cette concoction.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyMer 11 Avr - 11:48


Douglas Dario
« don't walk away »

Il l’avait surprise. C’est vrai que pressé par l’urgence de la situation, par son seul égoïsme quant à sa propre santé, il n’avait pas pensé, ou plutôt réellement envisagé, les risques qu’il avait alors demandé à Ryce de courir pour lui. Et n’était-ce pas un peu trop tard pour s’en soucier à présent ? Douglas avait raison, elle avait eu de la chance de tomber sur lui et sur personne d’autre. Il faudrait… s’il s’en sortait, il faudrait qu’il aille présenter ses excuses à la jeune femme, de pair avec ses remerciements. Il aurait une dette envers elle, une dette sérieuse, en ce qu’elle aurait pu mourir de cette trahison envers son groupe d’accueil, voire pire. Mieux valait ne pas y songer, se satisfaire de l’état actuel des choses. « Quelques jours… j’imagine. Je sais pas. » Aveu honnête : il n’avait guère plus la notion du temps qui passait, et les fenêtres obstruées, combinée à sa fièvre et le reste, l’empêchait avec succès de prendre la mesure des jours. De temps en temps, il se rendait compte du soleil qui passait ses rais lumineux sous la porte et entre quelques planches de bois mal soudées, d’autres fois il réalisait la nuit. Entre les deux, ses délires lui imaginaient d’autres choses, qui se mélangeaient à la réalité jusqu’à ce qu’il ne soit plus capable de discerner le vrai du faux, empêtré jusqu’au cou dans un mal qui l’enserrait comme un étau impitoyable.
La voix réprobatrice, sur laquelle il aurait pu parier après avoir admis à haute voix son refus à la solution la plus évidente, lui arracha un maigre rictus. Les reproches prévus s’acheminèrent jusqu’à ses oreilles, sans effacer la maigre trace de sourire vaguement amusée face à cette attitude presque trop attendue. « Vivant mais incapable. Je serais pas un fardeau pour les autres, Douglas, je refuse. » Et il aurait certainement très mal vécu qu’on ne le lui en laisse pas le choix même s’il s’en serait au final accommodé, bon gré mal gré. Fort heureusement il avait eu ce luxe de la décision finale, quitte à ce que ça implique de devoir mettre un terme à ses jours s’il ne ressortait pas victorieux de la maladie. « Un bête accident… ça arrive tous les jours. » Pour ceux qui sortent de leur zone de confort. Il ravala, toutefois, le sarcasme immérité pour qui venait prendre la peine de se soucier de son sort. Une fois n’est pas coutume, le scientifique ne méritait certainement pas ce déferlement d’acide et Dario ne serait pas cet ingrat-là, pas aujourd’hui, ni maintenant. Le rire s’échappa de nouveau, faible, essoufflé. « Tu ne gâcherais pas du papier pour ça. » Quoique cela pourrait être intéressant. En meilleur état et plus apte aux plaisanteries, le chef de zone aurait certainement répondu par l’affirmatif juste pour voir si son partenaire serait en mesure de déceler le second degré, s’il était capable de le prendre au pied de la lettre. Douglas était intelligent et doué dans son domaine, mais il n’était certainement pas réputé pour posséder un bon sens de l’humour…

Continuer à maintenir le fil de la conversation était chose relativement ardue pour le mexicain, et s’il s’efforçait de répondre comme il le pouvait aux question, à maintenir une interaction constante le forçant à rester actif, à ne pas replonger dans l’inconscience, il lui arrivait toutefois de ne pas pouvoir empêcher quelques absences, de longs silences durant lesquels il se trouvait tout simplement incapable de formuler les mots qui lui venaient à l’esprit, issus de pensées trop décousues pour qu’il soit en mesure de les aligner correctement sur une phrase sensée. Quelque part au fond de lui, le soulagement à l'annonce lui certifiant que Ryce ne serait pas dénoncée, était bien réel, et l’homme réalisa dans la foulée qu’il avait eu besoin de cette confirmation orale pour que l’inquiétude au sujet de sa protégée s’atténue de manière considérable, comme s’il n’avait pas pu empêcher le doute de subsister tant que Douglas ne lui aurait pas certifié ses bonnes intentions à son égard. Bonnes intentions qu’il aurait dû connaître, pourtant, en ce qu’il avait déjà compris via les nombreux comptes rendus de la jeune femme la relation qui semblait les unir, tous les deux.

Quelques interrogations passèrent au-dessus de sa tête sans qu’il ne trouve la force d’y répondre, tandis que son regard s’efforçait de se concentrer sur les gestes de son acolyte afin de ne pas perdre complètement le fil. Contre sa peau rendue hypersensible par le mal, la pointe de l’aiguille s’y enfonçant, la poigne de l’autre, ne furent que des nouvelles douleurs tout compte fait largement négligeable, une goutte d’eau dans l’océan dont il espérait toutefois un résultat, peu importait quoi. Après quoi il tenta une nouvelle fois de se redresser, quoique sans guère plus de succès qu’à la première tentative, sauf que son ancien compagnon de route était cette fois présent pour l’aider. Son dos s’appuya lourdement contre la paroi, tandis qu’il fermait les yeux un instant dans une tentative de contrer les vertiges qui s’étaient emparés de lui dès lors qu’il avait quitté la station horizontale. Quelle belle merde, ce virus…
« Je suis désolé. Tu lui diras, hein ? Si je survis pas. De lui avoir demandé ça, de l’avoir exposée aux risques. » Impossible d’arranger sa phrase dans un ordre logique, alors que ce qu’il ressassait dans un coin de sa tête se mélangeait dans un chaos indescriptible. Il n’avait pas envie d’arrêter de lutter, Dario, ce n’était pas son genre, mais le fatalisme s’emparait parfois de lui avec une lucidité effroyable et il réalisait, alors, que sa situation n’était vraiment pas enviable, qu’il avait vu des gens moins malades que lui finir par succomber au virus et se relever ensuite, les yeux vitreux, la conscience humaine évanouie à jamais. « Et toi aussi, Douglas. » Sa tête se tourna vers lui, quoique le simple fait de la maintenir à flot lui paraisse un effort incommensurable tellement elle lui semblait lourde. « T’es stupide d’être venu ici, de t’être mis en danger comme ça. Ils vont se poser des questions, quand ils te verront revenir avec tout ton bordel. » Pour sûr, les allées et venues du scientifique hors de la mine d’Hamilton n’étaient pas si fréquentes qu’elles puissent paraître banales. « Tu pourrais perdre ta position… » La fameuse qui les avait séparée, ce moment crucial où Douglas avait accepté la proposition et s’était engouffré dans les souterrains d’Anita Jones tandis que lui restait comme un con, refoulés pour ce qu’il n’avait aucune valeur aux yeux de la chef de clan. « Et tout ça pour quoi ? » Rien, semblaient vouloir dire ses yeux rongés de fièvre et tombés dans un accès soudain de négativisme. Un cadavre en sursis. Peut-être aurait-il dû, tout compte fait, se contenter des herboristes de la carrière et autres infirmiers en herbe, peut-être que Suzy aurait-elle été capable de lui dégoter ce dont il avait besoin de la même manière qu’elle s’était débrouillée lorsque l’épidémie avait frappé la zone l’hiver dernier, et ainsi Dario n’aurait-il pas eu ce poids soudain sur la conscience, cette éventualité qu’il venait peut-être de bousculer le destin de deux personnes qui comptaient pour lui. Peu importe à quel point il en voulait à son partenaire pour la décision prise des années plus tôt et vécue en trahison douloureuse, il ne méritait pas de payer le prix fort pour avoir simplement tenté de le faire survivre une nuit de plus. « Aide-moi à boire. S’il te plaît. » Il se racla la gorge, esquissa à nouveau un ersatz de sourire qui semblait se moquer de sa propre demande ; réclamer son aide après lui avoir déclaré qu’il n’aurait pas dû faire ça ? L’ironie était palpable.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyMer 11 Avr - 23:44

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The truth is, everyone is going to hurt you. You just got to find the ones worth suffering for.

Quelques jours, rien de plus imprécis pour le cartésien qui se retient bien de le souligner. Cela pourrait être aussi bien une semaine que dix jours. Il aimerait obtenir chaque détail chronologique pour mieux appréhender la rapidité de l’infection, fixer un peu mieux les faits objectifs. Et peut-être aussi savoir dans quel genre de combine il s’embarque. Il va devoir justifier ces trous manifestes dans l’inventaire et il aurait autant aimé connaitre l’étendue de ces manquements. Un problème à la fois, néanmoins et le plus urgent est étendu sous ses yeux, à se débattre avec la maladie. Combat peu visible ceci dit, Dario semble avoir baissé les bras et attend presque son heure, bercé par sa fatalité. Douglas le rejoindrait peut-être en temps normal dans cette démarche. Mais pas ce soir. Il est bien déterminé, Reed, à défier toutes les statistiques. Son obsessionnelle détermination prend des proportions démesurées. Ainsi, plus son comparse énonce l’évidence, plus il s’obstine à penser le contraire. Il plonge la tête la première dans cette démence où l’échec ne sera pas toléré. Habité par cette folie, le scientifique se laisse submerger par sa plaidoirie. Qui arrive bien tard, trop tard comme le malade lui a si bien signifié. « Tu es entouré par une communauté entière, tu y possèdes une place importante de surcroît. Tu n’aurais pas été livré à toi-même. Je suis sûr qu’ils t’auraient trouvé une utilité. Il te resterait l’autre bras. Te connaissant, tu aurais même réussi à en faire deux fois plus que tous les autres, quitte à te déchausser les dents. » La vision lui parait presque tangible du carrière utilisant ses quenottes pour remplacer la main absente. Il a le sens du devoir, Dario. C’est une des qualités qui a permis au mineur de l’apprécier à sa juste valeur d’ailleurs. « Enfin, peu importe. Ce n’est plus la question. » Qu’il finit par déclarer pour clore ce débat qui n’amène qu’amertume.

L’air est expulsé avec agacement entre les lippes. Façon subtile de faire passer la nervosité et l’affliction de le voir à ce point au plus bas. Agitation interne d’autant plus marquée dès que les rires s’échappent de la gorge adverse. Ils lui paraissent douloureux, dénués de chaleur. Une fausse hilarité qu’on éjecte pour ne pas pleurer. Du moins, c’est l’interprétation qu’il s’en fait. Et il faut bien avouer que ça n’a jamais été sa spécialité, de comprendre les autres, l'implicite. Les informations verbales que lui renvoient son acolyte ne font qu’entretenir le mystère d'ailleurs et amplifient l’irritation. Alors pour palier à ce seul fait, l’américain se décide à glisser le plus précautionneusement possible l’aiguille dans la peau de l’infecté sans même attendre sa réponse. Agir lui permet d’avoir un vague sentiment d’efficacité. Mécanisme de défense qui l’aide très certainement en cet instant. L’autre ne cherche pas à le rejeter, ce qui s’avère déjà être une belle progression dans leur relation. Les paumes du reclus viennent ainsi naturellement soutenir la carrure vacillante afin de le caler dans une position moins contraignante pour tenir une discussion. Les couleurs se disputant l’espace sur le faciès allié virent en des teintes opalines qui affolent le toubib de fortune. « Tu devrais peut-être rester allongé. » Qu’il lui dit d’ailleurs d’une voix bien moins autoritaire que d’ordinaire. Le trouble s’agrandit d’autant plus quand la phrase suivante tombe. « Je lui dirais si c’est que tu veux. Mais il n’est pas question d’émettre des hypothèses, tu vas survivre. Rien n’est joué pour l’instant. » Un ton un peu plus féroce et encore cette lueur dans l’œil qui atteste de l’aliénation quasi désespérée qui s’empare du prétendu insensible.  

Doublement plus dur de l’écouter enfin l’inclure dans cette prise de risques, de saluer cette prouesse de la part de l’orgueilleux. Comme il aimerait qu’il se taise, l’affaibli. Tout ce qu’il déblatère ne semble annoncer que sa fin proche. Forçant ainsi le quadragénaire à se raccrocher à tout ce qu’il peut pour parfaire cette façade assurée. « Non ce qui est stupide, c’est que tu n’aies pas demandé à Ryce de me mettre sur le coup. J’aurais pu aider dès le départ, j’aurais eu plus de temps pour faire des analyses, préparer de quoi te soigner, agir plus efficacement. Mais t’es trop butté pour ça, pas vrai ? T’as décidé de t’en tenir à ce que tu avais décrété. C’est de ta vie qu’il s’agit, je pense que ça valait le coup de postposer ta petite vendetta. Pour le reste, je trouverai bien des excuses. Ils ont besoin de moi de toute façon. » Ou du moins, il n’a plus qu’à l’espérer. Ils pourraient tout aussi bien le virer de la mine et garder la rouquine sous leurs ordres. Sans doute qu’il accepterait le blâme en son nom. Ses soucis de santé la rendent largement prioritaire pour conserver sa position. Il mentira pour qu’elle s’en sorte au besoin mais n’ose pas le divulguer à son ancien compagnon de voyage, qui s’inquiète déjà bien trop pour ce duo d'imprudents. « Ne m’oblige pas à me répéter. Je vais finir par te la foutre sous le nez la dissertation. Et je t’interdis de baisser les bras. » Les tripes prennent le pas sur le cerveau, cela lui arrivait plus souvent avant quand retournés à l’état primitif au dehors, lui et son complice devaient affronter les dangers divers qui croisaient leur route.

Ses songes s’égarent du côté du passé quand il se relève pour attraper la cruche et le verre. L’eau atterrit dans le contenant. Avec prudence et sans même lui demander son avis, il porte le récipient aux lèvres, soutient le crâne de l'autre main. Il ne le juge pas suffisamment fort et assez lucide pour réussir à le boire sans le renverser. Cette proximité le pousse à rompre le silence qu’ils se sont imposés. « Ce n’est pas la première que l’un de nous frôle la mort, je te rappelle. On n’a pas survécu tout ce temps pour que ça se finisse aussi stupidement que ça. Depuis quand tu laisses un bête accident te terrasser d’ailleurs ? » Qu’il lui dit avec un peu de reproche au fond de la gorge. Il a du mal de ne pas lui en vouloir pour l’état dans lequel il se trouve. C'est facile de reporter la rage contre la victime plutôt que sur la cause qui n'existe apparemment pas. Après avoir terminé sa besogne, l’homme repart vers ses concoctions pour se remettre au travail. De dos à l’agonisant, il marmonne dans sa barbe. « Même si tu crois que j’ai arrêté d’assurer tes arrières, ce n’est pas le cas. Je ne sortirai pas d’ici tant que je ne suis pas certain que ton état s’améliore. » Plus têtu qu’une mule. Excessif quand les émotions se mêlent finalement à l’ensemble et altèrent son jugement pourtant inébranlable d'ordinaire.  Dario n'a peut-être pas conscience que l'ironie est doublement représentée dans cette petite cahute où l'espoir vacille.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyMar 1 Mai - 3:05


Douglas Dario
« don't walk away »

Après un temps, le monde cessa enfin de tourner autour de lui et Dario pu presque avoir l’impression que cela allait mieux, bien qu’il eût encore la tête extrêmement lourde et la conscience aiguë que le moindre mouvement de sa part risquait de redonner à la cahute les allures d’une cabine de navire prise en pleine tempête. « J’apprécie ton optimisme. » Le ton un peu aigre, plein d’une ironie franchement perceptible face à la déclaration obstinée de l’autre. Tu vas survivre. Plus le chef de zone semblait se résigner à son sort et plus son camarade semblait s’y opposer avec une énergie farouche, comme s’il cherchait à contrebalancer le fatalisme omniprésent afin de le ramener à un seuil acceptable. Dario n’avait pas baissé les bras, pourtant, il éprouvait juste un mal fou à envisager un lendemain à son état qui, avait-il l’impression, n’avait de cesse d’empirer.
Les reproches de Douglas l’auraient sans aucun doute amusé bien davantage s’il avait pu être en état mais, en l'occurrence, il dû se contenter de simplement l’écouter bien sagement rembarrer sa remarque tandis que les propos du scientifique tiraient une fois de plus un maigre sourire à ses traits fatigués. « Je baisse pas les bras, je suis réaliste, s’obstina-t-il tout de même et plus par principe que par réelle conviction de lui tenir tête. C’est facile pour toi, t’es pas à ma place. » Sous-entendu qu’il ne pouvait pas comprendre, juste assister, mais même l’homme alité savait la faiblesse de ce genre de réplique et à quel point cela ne valait pas grand chose.

Ses lèvres accueillirent le verre avec gratitude, et l’eau coulant dans sa bouche asséchée et sa gorge irritée lui sembla appréciable au plus haut point. Sans même s’en rendre compte, il laissa reposer sa tête contre la main qui s’était glissé en support à la base du crâne, s’en remettant totalement à son acolyte pour l’aider à travers le moindre geste, la plus petite épreuve. « Ecoute, il répondit après avoir bu tout ce qu’il était en mesure d’avaler, je ne sais pas. Peut-être que je commence à me faire trop vieux. » L’auto-dérision était bien présente, le carrière étant après tout encore loin d’être un vieillard bon à rien. Plus dans la fraîcheur de l’âge, certes, et cela expliquait sûrement qu’il peine plus à se remettre de certaines choses que d’autres personnes, mais ce n’était pas la seule explication. Les conditions de vie à la carrière en prenaient une bonne part également, Dario comme tout le monde ici mangeait rarement à sa faim ni de manière équilibrée et, fatalement, cela ne pouvait qu’affaiblir son organisme et son corps. La fatigue en rajoutait une couche, et voilà que sans crier gare il se laissait avoir par un putain de rôdeur dont il n’aurait pourtant dû avoir aucune peine à se débarrasser en temps normal.

« Tu seras bien obligé, pourtant. » A présent assis, il lui était bien plus aisé de river ses iris brûlants de fièvre au regard de l’homme qui se tenait à son chevet, de tenter d’y déchiffrer les émotions à travers les ombres mouvantes que jetait la lampe tempête sur son faciès. « Je ne vais pas me remettre à gambader comme un cabri avant l’aube. Et on ne doit pas savoir que tu es venu ici. » Même affaibli, même divaguant, il trouvait encore la force de se soucier de ce genre de choses, de s’accrocher à une réalité pourtant loin d’être prioritaire à cet instant précis. « Qu’est-ce qu’ils vont penser, s’ils savent que j’ai le droit aux médicaments de la mine. » Et à leur scientifique venu les administrer en personne. Ce n’était pas comme cette fois où Suzy avait récupéré de la main d’un des mineurs de quoi aider une population en proie à une épidémie de grippe particulièrement virulente. Là, il s’agissait de lui et de lui seul. Même si Dario était relativement apprécié, les rumeurs sur son dos ne tarderaient pas à courir, et pourquoi lui avait-il droit à ce privilège quand d’autres, ici, étaient morts de blessures similaires ? Certains ne mettrait pas longtemps avant de relier quelques points, de l’accuser de traîtrise et du fait de son statut de chef de zone cela se répercuterait forcément sur Aaren. Quand on savait la loyauté du mexicain envers son campement, un tel scénario serait tristement drôle et pourtant tellement susceptible d’arriver… « C’est pas une histoire de vendetta, Douglas, tu sais très bien que ça va bien au-dessus de ça. C’est pas juste ma vie, j’ai pas le droit à cet égoïsme. » Parce qu’au delà de toute la rancune, au delà de son amertume et de tout ce qu’il pouvait bien trouver à reprocher même encore aujourd’hui à l’autre homme, il fallait que leurs camps respectifs se haïssent cordialement désormais, que chaque pas de travers soit susceptible d’être mal interprété et dénoncé comme un acte de traîtrise. C’était si facile, d’entretenir la paranoïa… la Carrière avait des yeux à la Mine et la Mine en avait probablement à la Carrière, les informations ne manquaient jamais de circuler entre les deux clans une fois que l’un des deux savait quelque chose. « Ryce… Ryce, elle vient souvent me voir. » Il ne pensait pas la compromettre avec ce genre d’aveux, Douglas savait après tout que c’était parce qu’elle était sa protégée que Dario avait autant insisté pour la faire mettre à l’abri, quand lui-même s’était vu refuser ce même abri sans l’ombre d’une hésitation bien des années plus tôt. Il s’était plus battu pour elle que pour lui… « Les gens ici la connaissent, elle était des leurs avant de partir avec toi. » Et on savait pourquoi, on ne la regardait pas de travers pour avoir “pactisé avec l’ennemi”, elle avait ce laisser-passer que lui conféraient ses problèmes de santé. Même si elle n’était venue qu’en toute discrétion depuis qu’il s’était retrouvé cloué au lit par une infection tenace, elle n’aurait pas risqué grand chose à se faire surprendre. « Toi en revanche… » Non, Douglas n’avait aucune légitimité ici et la dernière querelle en date qui les avait animé, lorsque le scientifique s’était pointé à Auspex pour des raisons finalement avérées fausses, n’avait fait qu’enfoncer davantage cette impression.
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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyVen 11 Mai - 0:22

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L’ironie infecte la voix adverse, trace toujours plus de frustration sur le faciès du scientifique. Les réactions de Dario altèrent son si beau déni quant à l’issue fatale. A croire qu’il ne veut pas comprendre, le carrière, que si le doute s’insinue, il ne lui reste plus qu’à s’asseoir et à attendre le moment fatidique du dernier soupir. Douglas ne pourrait jamais faire ça. Pas sans en devenir fou. Il se souvient de ses dernières tentatives pour sauver ses fils, de cette nuit à veiller pour finalement attraper le flingue avant que l’organisme ne reparte, contaminé par le virus. Devra-t-il encore presser la détente cette fois-ci, avoir ce mauvais rôle dans cette pièce hautement dramatique ? A croire que finalement, il se soit trompé en persuadant Ryce qu’ils n’évoluaient pas dans un univers Shakespearien. «  Tu as raison, c’est vraiment facile pour moi de me mettre doublement en danger pour sauver un type qui a décidé que c’était terminé pour lui. » Qu’il crache avec froideur. Non pas qu’il lui reproche vraiment sa propre impulsivité, seulement le fait d’affirmer que tout cela reste simple pour lui. Alors que l’impuissance le cloue au plancher, qu’il a les fioles de la mine calées entre les doigts et une vague idée de comment tout ça risque de se terminer pour lui après ce vol éhonté. « Toi non plus, tu n’es pas à la mienne. » Qu’il finit par lâcher, conscient que son timbre perd en stabilité. Reed sait qu’entre crever et survivre, le sort le plus enviable n’est pas celui qu’on pourrait penser. Mais il se retient bien de le souligner car il ne compte pas envisager le trépas de son ancien allié.

L’esquive, encore, aux questions de contexte et l’incompréhension du quadragénaire face à cet aveu qui n’en est même pas un. Tout juste une phrase toute faite qu’on sort pour justifier tout et n’importe quoi, qui ne rime à rien. Qui n’est prononcée que pour faire taire l’interlocuteur trop curieux. Le reclus grogne face à ce manque d’informations, ce manque de bonne volonté à tout lui raconter. Il continue à se raccrocher à tout ce qu'il peut pour poursuivre son sauvetage. Il est bien rare que quelqu’un se doive d’être le témoin de la réalité avec le moralisateur. Pourtant, c’est le malade qui endosse cette responsabilité,  de remettre des perspectives au contexte alors que le butté se refuse de voir plus loin que le bout de son nez. Par peur de perdre son sang froid. Dès lors, il rejette tout ce que le réaliste lui balance. Par souci de préservation. « Moi en revanche, je suis la tique qu’on devrait arracher ? Évidemment. Si tu savais ce que j’en ai à faire de ce qu’ils pensent tes petits camarades. » Au fond de lui, il le sait, Douglas, qu’il ne pourra pas rester là comme ça lui chante. Même si on ne le débusque pas ici, on se demandera où il se trouve à la mine - lui qui ne s’échappe jamais de son labo. Il compte sur la rousse pour le couvrir. Peut-être qu’ils lui en demandent vraiment trop à la trentenaire à bien y réfléchir. « Si ça peut te faire plaisir, je me planquerai en journée avec le matériel et tu n’auras pas à endurer ma présence non plus comme ça. » Qu’il grommelle, conscient que ça ne serait pas une solution viable mais il ne trouve rien d’autre pour satisfaire et les besoins de la victime, et ses désirs de rester à son chevet. « Je refuse de dépendre des retours de Ryce à chaque fois, d’attendre bêtement à la mine qu’on daigne m’informer sur ton état. » Une confession qui prend des allures de fait inébranlable car délivré par son timbre le plus autoritaire et sévère. « Je serai plus efficace si je suis là, sur place. » Raisonne-t-il finalement pour contrer l’aspect purement affectif de cette requête totalement démesurée. Comment pourrait-il passer inaperçu ici ? Alors qu’il ne connait rien, ni personne.

La paume passe sur le visage épuisé avant de reprendre ses manipulations pour concocter un autre produit, ralentir les effets du virus à défaut de les annihiler. Il vise des objectifs moins ambitieux, procède étape par étape, s’achète du temps pour élaborer un remède bien plus adapté. « Sans égoïsme, on serait déjà tous morts. » Qu’il conclut ultimement en dosant quelques liquides avant d’écraser une plante ensuite avec sa lame pour en sortir un jus immonde. Toujours plus rapides les mouvements qu’il exécute, l’état de fatigue avancé le rend étrangement plus productif, lui concède une énergie féroce et désespérée.  « Et je ne crois pas que c’est ce que tu veux. Mourir. Malgré tout ce que tu dis, tu ne peux pas m’affirmer que c’est ton souhait. Et que ça te laisse indifférent de crever comme ça, maintenant. N’est-ce pas ? » Ironiquement, l’ermite a besoin d’un semblant de volonté de la part de son patient, d’un infime espoir qu’il veuille s’en sortir. Cela lui insufflerait davantage de force, de convictions pour continuer tout ce qu’il est occupé à créer. Cela légitimerait cet acte totalement dément de débarquer ici avec tout ce qu’il a pillé aux réserves qu’on lui a si généreusement attribuées. « A moins que tu ne sois trop vieux et que tu aies déjà tout vu, tout entendu, c’est ça ? » Qu’il balance avec sarcasme tout en laissant sa mixture prendre forme, l’observant reposer dans son récipient. « Toi qui disais que je n’étais pas à ta place, tu ferais quoi à la mienne ? Tu me laisserais crever ? » Il ose finalement lui demander. Peut-être qu’il n’a même pas envie de connaitre la réponse. Il ignore lui-même pourquoi il lui offre les pierres afin de se faire lapider. Comme s’il avait besoin que Dario réaffirme leur lien d’amitié, comme s’il fallait abattre ces quelques remparts pour pouvoir avancer sur la voie de la guérison. Ridicule comme tout ça se confond dans la caboche de l’harassé qui raisonne de moins en moins, se soumet à ses nerfs à vif et finit ainsi par passer pour le roi des cons.


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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyLun 11 Juin - 22:57


Douglas Dario
« don't walk away »

La comparaison de Douglas entre sa propre personne et un tique aurait pu lui arracher quelque énième maigre rictus, l’envie d’acquiescer par simple principe (et parce qu’il était au moins tout aussi buté que son partenaire) alors que même avec toute la mauvaise foi dont il était possible de faire preuve, il fallait tout de même bien admettre que le miner était bien l’une des dernières personnes méritant de se faire associer avec un parasite. « Moi, je m’en soucie, et jusqu’à preuve du contraire c’est de ça dont il s’agit, non ? Ma propre personne. » Et se faire considérer comme un traître aux yeux de ceux pour lesquels il donnait de sa personne depuis des années, ceux qui l’avaient recueilli ici quand d’autres lui avaient ri au nez ? Aaren ne douterait pas de lui – il y croyait dur comme fer en tout cas –, pas plus que ses amis mais, cela ne suffirait pas. Si la rumeur se répandait ailleurs, les tensions seraient réelles. Prétendre qu’il n’avait jamais demandé l’aide de Douglas ne servirait à rien, quoi que vaille la véracité de l’affirmation, puisque le miner était tout de même venu. Puisqu’il avait utilisé les ressources de la Mine pour le chef de zone, quand d’autres quarries étaient morts du manque de soin suite à des blessures ou à des maladies et ce dans l’indifférence la plus parfaite de leurs voisins.
Les marmonnements du scientifique se heurtèrent de nouveau au silence de la part de son interlocuteur. Dario, après tout, n’avait-il pas fait de son mieux pour prouver à son ancien ami à quel point sa présence ici était indésirable la dernière fois qu’ils s’étaient croisés ? Il n’allait certes pas le contredire maintenant, même si la seule chose qu’il avait à endurer à l’heure actuelle était le mal qui le rongeait de l’intérieur et semblait le tuer à petit feu. En ce qui concernait Douglas en revanche, il lui était foutrement reconnaissant de sa présence à ses côtés. Pour ce que ça signifiait, envers et contre tout, et pour les décisions qu’il avait prises, ce qu’il faisait pour lui. Il ne l’avouerait simplement pas, que ce soit au concerné ou à lui même d’ailleurs. L’autre homme, du reste, n’avait pas tort, en ce que ses compétences seraient plus efficaces ici – du moins vis-à-vis du chef de zone souffrant – mais n’était-ce pas là qu’une belle utopie, de croire qu’on le laisserait agir à sa guise ? Sans même prendre en compte l’avis de son patient bon gré mal gré, ou l’hostilité de certains des autres carrières, il paraissait évident que Jones ne le laisserait pas faire une fois que l’information lui serait remontée aux oreilles. Chose qui ne manquerait pas d’arriver si Douglas s’obstinait à faire sa tête de mule. Le malade, toutefois, était bien trop épuisé pour continuer à lui tenir tête sur la question, ou lui faire la morale. Il aurait été absurde de croire que le scientifique n’était pas conscient des risques, ou de l’exclusion qui lui pendait au nez si sa leader avait connaissance de ce qu’il faisait avec les ressources de la Mine. « Tu te mets à la philosophie, maintenant ? » Moquerie légère, alors que ses yeux tentaient de suivre – sans grand succès – ce que l’autre était en train de bricoler. Tentative de focaliser son attention sur quelque chose, afin de ne pas retourner dans cet état où il lui était difficile de percevoir la réalité à travers ses délires et le marais brumeux dans lequel ses pensées n’avaient de cesse de s’enliser dès lors qu’il cessait de faire un effort pour s’éclaircir l’esprit.

Peut-être bien que je suis trop vieux. Pour n’avoir pas su réagir à temps, prévoir le danger. Erreur bête, stupide, quelque chose qui n’aurait jamais dû arriver compte tenu de son expérience. Et puis son corps était plus faible, son système immunitaire moins performant. A quelques reprises où le désespoir s’était abattu sur lui sans rien pour lui faire bouclier, Dario s’était laissé aller à songer que les médicaments que lui apportait Ryce, l’aide de Rayna, tout cela n’aurait sans doute pas mérité d’être gaspillé pour lui, mais réservé pour d’autres, ceux qui avaient de meilleures chances de survie. Dario n’avait rien à faire avec l’avenir de ce monde pourri jusqu’à la moelle et s’il ne mourrait pas cette fois-ci alors ce serait la semaine prochaine, dans un mois, ou un an. Il voulait vivre, pourtant, désespérément, et jusqu’à ce que son heure ait sonné pour de bon. Pour ça que la remarque resta étouffée dans sa gorge, pour ça qu’il resta silencieux et l’air d’avoir suffisamment décroché aux paroles de son interlocuteur pour n’en avoir pas saisi qu’on en attendait de lui une réponse franche malgré les sarcasmes, malgré l’ironie amère. Oui, il voulait vivre. Simplement, l’abattement était parfois un adversaire trop coriace pour lui.
« C’est une question piège ? » Une grimace défigura brièvement son visage alors que quelques crampes gracieusement offertes par sa fièvre lui saisissaient le corps. Il trouva un appui contre la cloison boisée de son abri de fortune, y appuyant lourdement le poids de ses épaules et de l’arrière de son crâne. Son regard abandonna le manège de son acolyte alors que les paupières s’abaissaient, beaucoup trop lourdes. Quelle que soit sa volonté, la difficulté de maintenir sa concentration à la fois sur le plan visuel et auditif n’avait de cesse de croître à chaque seconde qui passait. « Je suis pas à ta place, Douglas. Je suis pas comme toi, tu te rappelles ? » Jones l’avait bien saisi ça, non ? Et lui aussi, d’ailleurs, en rejoignant son clan tandis que son partenaire goûtait à l’amertume de l’abandon. « Alors peut-être bien que j’aurais pas le choix. » Mauvaise réponse, soufflait sa conscience, mais il le savait déjà, il le savait avant même de laisser les mots s’échapper de sa bouche. Parce que c’était sciemment qu’il avait contourné la question, pour répondre à côté de la plaque, esquiver ce qu’on attendait de lui. Parce que la rancune saisissait toutes les occasions pour s’exprimer, même la pire des opportunités. « J’ai pas ton savoir ni ta… position. » Doué, il l’était pour d’autres choses, oui; mais pas à sauver la vie d’autrui, ou en tout cas pas de cette manière là. « Bah, je pourrais toujours t’apporter le luxe d’une mort rapide et indolore je suppose. » Il rouvrit les yeux, mais échoua à chercher le regard de Douglas tant sa vision se troublait, la faible luminosité de la pièce n’aidait pas bien évidemment. Et il y avait fort peu de chance pour que le miner soit équipé d’un moyen de détecter la plaisanterie derrière le ton pince sans rire de son compagnon. Alors le sérieux revint, finalement, tandis qu’il reprenait d’une voix légèrement plus assurée. « Mais si j’en avais les moyens, je laisserais crever personne. » Et certainement pas son ancien partenaire de route, non, c’était sûr et certain.


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MessageSujet: Re: don't walk away   don't walk away EmptyMer 27 Juin - 12:10

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Ces discussions ne fournissent que des alibis à sa présence ici. Réunion d’anciens alliés, trop occupés à débattre du cycle existentiel pour se pencher correctement sur l’absurdité de la situation. Douglas se noie dans son déni pour parvenir à rester efficace. Il boit la tasse à trop de reprises, balance ainsi de belles absurdités, remonte parfois à la surface pour respirer et les dégâts sont immédiats. L’empreinte de la maladie saccage le faciès du condamné, teint grisâtre qui n'annonce que la fin proche. S’il ferme les yeux, le chef de zone ressemblera davantage à un macchabée qu’à un être vivant. Des pics de frayeur naissent ainsi et rendent ses gestes plus confus, plus rapides, parfois maladroits. Le scientifique a bien conscience du privilège de pouvoir tenir entre ses doigts, de rares ressources mais ses préoccupations pragmatiques sont reléguées au second plan, autant que sa tendance à la maniaquerie. Quelques herbes se dispersent à ses pieds, il les écrase sans même le réaliser. La terreur anime l’entièreté de ses raisonnements. A peu de choses près, il finira par devenir aussi hystérique que son ex-femme. Lui aussi va se mettre à caresser les cheveux du trépassé, va aller jusqu'à s'octroyer encore un peu de temps avant de l’achever. Les scènes passées hantent la pièce, l’obligent toujours plus à se confronter à l’une des issues possibles, la plus irréalisable pour ses nerfs. Celle qu’il ne pourra pas supporter. Et les remarques du carrière ne font qu’entretenir l’obstination du mineur à foncer en sens contraire, quitte à reculer parfois devant la force des vents. « Face à la mort, nous sommes tous égaux. Et peut-être que c’est ta propension à raconter des sottises qui me poussent à la philosophie. » Qu’il marmonne d’une voix rauque et intransigeante, balayant une fois de plus tous les sous-entendus sur sa présence à la mine qui commencent à peser un peu trop sur sa conscience à mesure que le malade l’oblige à accepter sa rancœur à ce sujet.

Lassé de l’entendre proposer sa fin de manière brutale, le quadragénaire se retourne abruptement, la mixture dans la paluche. « J’espère pour toi que ça n’était pas une suggestion. » Grognement qui s’allonge très vite tandis qu’il approche pour mélanger le résultat au fond d’un verre d’eau. Il s’assied sur le rebord du lit de fortune et porte le récipient aux lèvres de l’infecté. Il profite du moment pour s’exprimer à nouveau. « Je n’ai pas l’intention de te laisser crever. Ni de t’enfoncer une balle entre les yeux parce que tu juges que c’est la seule issue. » Conviction qu’il implante un peu plus dans l'esprit adverse en incrustant sa rétine dans celle de son interlocuteur.L’américain finit par se relever une fois le breuvage écoulé, se remet à sa table pour achever un autre remède qu’il lui injecte à la suite. Autre seringue qui lui permet de pomper le sang. Garrot improvisé autour du bras, aiguille qui se plante dans la veine. Le vermeil ondule du tube jusqu’à la fiole et puis, il embarque le tout au fond de son bric-à-brac.

L’œil s’aventure ensuite à l’extérieur, quelques couleurs plus claires annoncent l’aube. A contrecœur, il se tourne vers Dario, répond à ses exigences non sans éprouver énormément d’amertume à ce sujet. « Je reviendrai ce soir alors. Ton état ne devrait plus se dégrader. » Il l’espère du moins. Il lui faudra envoyer Ryce en reconnaissance à la mi-journée pour s'en assurer. Frustration qui grandit alors qu’il replie bagage, repasse sa lourde sacoche au-dessus de son crâne. « Je m’occuperai d’analyser ça et de continuer les recherches pendant ce temps. » Sa seule consolation, plutôt maigre mais qui donne du sens au moins à ce retrait non désiré. De manière plus lucide, le cartésien a bien conscience qu’il lui faudra un espace de travail adapté pour se montrer plus pointu dans l’élaboration d’un semblant de cure. Les traits s’affaissent légèrement, il passe à proximité de la carcasse enfiévrée. La paume s’appuie une poignée de secondes contre l’épaule du souffrant pour manifester sa compassion avant qu’il ne s’en détourne. Dans l’encadrement de la porte, la pudeur revient déjà à la charge et c’est un « Tu n’as pas intérêt à passer l’arme à gauche d’ici là. Je ne te le pardonnerai pas. » qui lui échappe, saupoudré d’instabilité avant qu’il ne sorte de là pour évoluer hasardeusement jusqu’à son propre repaire.


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