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 it comes at night

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MessageSujet: it comes at night   it comes at night EmptySam 21 Avr - 16:02


Anita Uzo
« It comes at night. »

La réflexion lui venait à l’esprit, quelquefois, comme l’être humain était si bien formaté qu’il continue d’éprouver le besoin de maintenir un cycle jour/nuit constant même dans un milieu comme celui-ci. Des années après avoir établi leur nouveau domicile sous terre, à ne vivre qu’à la lueur de la lumière artificielle en dehors de leurs interactions avec le monde extérieur, ils continuaient de vivre au rythme du soleil quand ils n’en avaient pourtant, d’un point de vue théorique, plus vraiment le besoin. Elle ne se plaçait pas au-dessus des autres à ce sujet, bien sûr, continuant de se baser sur ce que son horloge biologique lui disait de l’avancée de la journée à l’extérieur pour estimer le temps qu’elle avait devant elle avant d’éprouver le besoin du repos, mais elle ne pouvait toutefois pas s’empêcher de se demander, parfois, si ceux qui ne sortaient jamais de là se rendaient compte de la futilité d’un tel comportement. Le conditionnement de l’être humain était quelque chose d’absolument fascinant à ses yeux, preuve flagrante que des siècles d’habitudes ne pouvaient être chassé aussi aisément que cela. Mais d’ici vingt, trente ou soixante-dix ans ? A compter, bien sûr, qu’ils soient toujours là, pas anéanti du fait d’une nouvelle menace ni même chassé de leur antre souterraine. En attendant, l’on continuait d’organiser les rondes des gardes, les heures générales de repos, en se basant sur l’heure réelle quand bien même le concept de “journée” lui apparaissait, à certains moments (généralement quand elle n’avait plus mis le nez dehors depuis trop longtemps) comme quelque chose de parfaitement abstrait. Et se perdait parfois en élucubrations sur le sujet qui lui gardaient les yeux désespérément ouverts et l’esprit trop vif quand elle aurait mieux fait de dormir. La fatigue du lendemain ne manquait jamais de le lui rappeler avec une précision d’une vive intensité.

Uzo n’était pas la seule, cependant, à sembler manquer de sommeil ces derniers temps et n’avait pu manquer de remarquer les indices caractéristiques sur le visage de sa chef et amie de longue date. Pas vraiment étonnant en ce que cette nouvelle vague de maladie tracassait bien tout le monde et qu’ils étaient sûrement beaucoup, ici comme au sein des autres campements, à observer le repos s’enfuir sous le poids des nouveaux troubles et interrogations, toutefois son instinct lui disait que ce n’était pas la seule raison. Et elle connaissait trop bien Anita, et depuis trop longtemps, pour ne pas s’aveugler face à un pressentiment quand celui-là venait lui chatouiller le creux du ventre. L’inquiétude, forcément, s’en était trouvée gonflée : en plus des nouveaux troubles agitant les survivants d’Hamilton, qu’elle ne pouvait décemment pas ignorer au vu du souci sincère qu’elle prêtait à ses compagnons, savoir que la leader semblait combattre d’autres démons dont elle gardait l’identité bien cachée derrière le mur infranchissable de ses pensées ne pouvait décemment pas être ignoré juste comme ça. Pour autant, l’ancienne militaire avait préféré attendre un peu avant de la confronter, cherchant dans son observation discrète la confirmation qu’elle n’était pas en train de se monter tout un film farfelu – cela arrivait, parfois, et elle n’avait certes pas la prétention de se croire infaillible – ou quelques indices, n’importe quoi susceptible de lui donner une piste à interpréter. Elle n’avait rien trouvé, sinon la consolidation et la persistance de ses propres interrogations.

La résolution lui était venue après une réunion matinale avec Anita et ses conseillers concernant ce qu’il convenait de faire à propos de ces nouveaux malades, traitements et symptômes. Evidemment, ce sujet animait toutes les bouches et la certitude de constater la gravité moindre de cette seconde vague ne suffisait pas à contrer entièrement le nuage noir inquiétant des incertitudes qui gravitait autour de ces nouveaux cas, et plus particulièrement autour des anciens vaccinés et de ce qui semblait à présent leur arriver. Le soulagement égoïste (mais néanmoins normal) de ne pas se compter dans leurs rangs ne suffisait pas à défaire le nœud d’anxiété qui commençait tout doucement à lui serrer les entrailles. L’espoir, toutefois, que les scientifiques de la Mine et d’Olympia parviennent à trouver la solution, lui permettait de n’en rien afficher sur son visage.
Patiente, et son idée bien glissée dans un coin de la tête, Uzo attendit simplement que tous les autres aient quitté la salle, adossée avec un air de fausse nonchalance à la paroi rocheuse à côté de l’entrée, jusqu’à ce qu’elles ne se retrouvent plus que toutes les deux. « Anita… » Sa voix se glissa dans le silence dans le simple but d’attirer sur elle l’attention de la dirigeante. Elle se mordit l’intérieur de la joue, cherchant les mots pour aborder un sujet dont elle ignorait jusqu’aux grandes lignes, mais n’eut toutefois d’autre choix que celui de se jeter à l’eau lorsque le regard de son interlocutrice se releva pour croiser le sien. « Est-ce qu’il y a quelque chose que tu ne me dis pas ? » Oh, ça, cela ne faisait aucun doute, tout le monde avait son jardin secret après tout. Néanmoins… « J’ai l’impression que t’es pas trop dans ton assiette ces derniers temps. » Elle se demanda un instant si l’autre aurait le culot de lui affirmer que cela n’était dû qu’à ces nouveaux problèmes qui leur tombaient sur les bras, et d’une certaine manière lui affirmer ainsi au nez et à la barbe qu’Uzo ne la connaissait pas aussi bien que ce qu’elle pensait. « Tu peux jouer la comédie aux autres, mais pas à moi… Et en tant que ta seconde, et amie, je ne crois pas que tu devrais continuer à m’écarter comme ça si tu rencontres le moindre problème. » Anita, toutefois, n’était pas spécialement reconnue pour être le genre à s’épancher sur tout et n’importe quoi, et elle n’avait aucune idée quant à savoir si cela suffirait à lui délier la langue. Mais elle ne l’aurait pas abordée en premier lieu si elle n’avait pas estimé qu’il n’y avait là aucune importance et ne comptait, de fait, pas abandonner le morceau aussi aisément.
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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyLun 23 Avr - 20:40


Anita Uzo
« It comes at night. »


Ça ressemble à un cauchemar mais en pire. Les images sont tellement nettes, jamais elle n’a vu de cette manière-là avec ses propres yeux, en plein jour. Les flashs lumineux dans la nuit, les étoiles presque à portée des doigts, le vent chaud, le sable au gout âpre dans la bouche, l’odeur du sang dans les narines. Elle se voit comme si elle voyait un film, elle se voyait comme si elle n’allait plus se voir. Des gens parlent autour d’elle, ça parle dari, ça parle turkmène, ça parle anglais, mais surtout, ça crie. Elle aurait bien envie de se lever, de se réveiller : elle connait déjà la fin, il n’y aucun suspense, aucun intérêt à regarder la suite. Des êtres sans visages s’approchent d’elle, elle veut les repousser, mais encore sous le choc, elle ne reconnait pas son unité. Une voix se démarque des autres, une voix qu’elle connait bien. Anita a envie de la gifler : comment peut-elle être aussi sûr que tout va bien se passer, ça va aller, reste avec moi, on va te sortir de là, hein ? Elle se réveille en sursaut, agrippe son Beretta, enlève la sécurité et tient en joue la porte. Elle souffle, transpire et compte : cela fait déjà sept nuits que son cerveau lui fait revoir les images des missions en Afghanistan.

Des malades, des médicaments, des dangers, des décisions à prendre : comme si elle avait besoin de tout ça en ce moment. C’était le petit truc en plus, il ne manquerait plus que la mine lui tombe sur la gueule et ça serait vraiment le comble. Pourquoi faire cette réunion le matin ? De toute façon elle n’arriverait pas à dormir l’après-midi. Pas de sieste pour le sergent-major Jones, éventuellement une aspirine et ça repart. Enfin ils partaient tous. La réunion semblait avoir duré des heures. Peut-être était-ce parce qu’elle avait duré des heures. Ouais, sans doute. Une réunion de presque trois heures avec une migraine, rien de mieux pour démarrer la journée. Ils étaient presque tous parti : restait Uzo qui faisait l’ange gardien. Anita ne trouvait même pas la force de se lever, ou alors attendait qu’Uzo s’en aille à son tour pour ne pas la voir galérer à bouger. Un des deux. Mais c’était trop demander évidemment, voilà ce qui arrivait quand quelqu’un pouvait lire dans vos pensées. Elle l’entendit prononcer son prénom. Wow, pas si vite. Sérieusement ? Anita ? Pas de Nita, de Ani, de chef, de sir…  mais Anita dans son intégralité. Déjà, ça annonçait du sérieux.

Anita observait ahurie son amie, prête à s’effondrer à tout moment, histoire d’éviter une conversation gênante. Mais évidemment, elle savait, Uzo savait tout. À partir de là, ce n’était même pas la peine d’essayer d’inventer un mensonge, de parler d’un truc qui n’avait aucun rapport : elle savait. Alors pourquoi Anita songeait à lui répondre « je suis infectée » ? Ça lui semblait bien moins horrible que de lui révéler ses nuits troublées. Anita ne répondit pas par une phrase, mais par un rire gras et sinistre, tout en tapant du poing sur la table. Qu’est-ce qu’elle détestait ça être vulnérable, elle n’avait aucune échappatoire. « Tu m’emmerdes, finit-elle par lâcher en se relevant. T’écarter ? Qu’est-ce que tu racontes… » elle soupirait et riait en même temps. Elle alla se servir une tasse de café, tiède maintenant. Voyant Uzo s’impatienter, elle comprit que ce n’était pas la peine d’essayer de gagner du temps ou de faire durer le suspense. « Oh, fuck it... J’dors mal, très mal. Je… elle passa sa main sur son front, bien plus chaud que le café, puis sur l’impact des balles qu’elle avait reçues en Afghanistan, au flanc et au bras droit. Je… La nuit, je revois des choses que j’devrais pas revoir, c’est tellement loin tout ça… » Elle planta son regard dans celui de sa camarade. « Je tuerais pour une nuit de sommeil complète… »

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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyDim 6 Mai - 1:17


Anita Uzo
« It comes at night. »

Patiente, Uzo garda d’abord le silence et se contenta de simplement croiser les bras contre sa poitrine tandis qu’elle posait un regard appuyé sur Anita, haussant un sourcil l’air de dire “Oh really? Fous-toi de ma gueule aussi”. Avertissement plutôt clair, qu’elle l’emmerde ou non la jeune femme n’allait certainement pas rebrousser chemin juste parce que sa chef lui affirmait qu’elle se faisait des idées. Affirmation d’ailleurs faite sans grande conviction, preuve supplémentaire s’il en fallait une que sa partenaire n’était pas dans sa forme habituelle. Ses yeux la suivirent alors qu’elle allait se reprendre du café, bien décidés à ne pas la lâcher et à continuer ce silence pesant tant qu’Anita ne daignerait pas se fendre au moins d’un indice, d’un aveu, n’importe quoi pourvu qu’elle ne s’obstine pas à tout garder pour elle. Un petit raclement de gorge quelque peu impatient ponctua son mutisme, manière de signaler qu’elle était toujours là, qu’elle attendait toujours, et que ce n’était pas parce que sa partenaire semblait présentement en train d’essayer de se noyer dans la tasse de café qu’elle allait oublier ce pour quoi elles étaient encore toutes les deux ici.
Là, elle put observer enfin le masque d’Anita commencer de se fendiller un peu. L’hésitation dans la voix, la gestuelle… puis finalement, un élément concret qui, tout vague qu’il fût, amena Uzo à se départir de cet air réprobateur qu’elle avait adopté sans même vraiment s’en rendre compte dans l’attente de la voir parler. « J’suis pas vraiment sûre que ça t’aiderait », elle grimaça d’un ton pince sans rire. « On ne chasse pas des démons par d’autres démons. » Abandonnant son attitude, elle se décolla du mur pour aller refermer la porte laissée ouverte par les derniers à être sortis de la salle, puis traversa cette dernière pour se planter face à Anita, rompant toute distance. « Depuis combien de temps ça dure, dis ? Pourquoi tu ne m’en a pas parlé ? » Le truc avec Uzo, c’est qu’elle était loin d’être stupide. Et même sans détails, elle avait déjà une bonne idée du problème évoqué à demi-mot. Elle savait parce qu’elle avait eu son lot de cauchemars, des années ou une éternité plus tôt, et parce qu'elle avait pu constater des troubles bien pire chez certains de ses anciens camarades. Elle savait parce qu’elle n'était pas ignorante de ce genre de choses et qu'elle pouvait lire comme en un livre ouvert dans son amie, et que les quelques mots que celle-ci avait bien voulu lui lâcher, associés à son comportement, lui avait permis de relier les points. Peut-être pas tout, elle ne se leurrait pas là-dessus, mais suffisamment pour lui donner une pensée globale quant aux épreuves qui semblaient vouloir empêcher Anita de fermer l’œil la nuit. « Hey, tu sais que je peux t’aider, t’as pas à affronter ça toute seule. » Possible qu'Uzo s’avançait un peu trop sur la question, ne disposant après tout pas d’une formule magique tout prête à lui donner. Être là pour son amie quand elle en avait besoin, oui, faire tout ce qu’elle était en mesure de faire, d’accord, mais elle ne chasserait pas les terreurs nocturnes à sa place, cela il n’y avait que la concernée qui en était capable. « Et c’est certainement pas en continuant de tout garder pour toi et prétendre que tout va bien que ça va s’arranger. » A moins qu’elle espère, peut-être, qu’à force de manquer de sommeil elle finirait par tomber littéralement de fatigue ? Et dormir d’un repos tellement lourd qu’il lui épargnerait les rêves, peut-être, ou en tout cas jusqu’à la prochaine fois. Sans lui laisser le temps d’en placer une, Uzo enchaîna tandis que les coins de sa bouche se relevaient sur un sourire un peu tordu, un peu moqueur malgré son souci bien réel pour la santé de son interlocutrice. « C’est quand la dernière fois que t’as croisé ta gueule dans un miroir ? A ce stade-là, ça devient difficile d’imputer la faute à une carence de vitamines sous prétexte que tu sors jamais de ton trou. »
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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyMar 8 Mai - 17:28


Anita Uzo
« It comes at night. »



À ce stade-là, elle n’aurait besoin que d’un verre d’alcool, peut-être même que d’une seule cigarette pour partir dans un monde plus joyeux. Elle déjà à deux doigts d’halluciner, elle le sentait venir, c’était les murs de la mine qui lui avait dit. Uzo se mélangeait au mur d’ailleurs, on aurait dit une seule et même personne ou mur, un des deux, au choix. Le café aussi froid que son âme lui donna envie de le recracher aussitôt, la remarque d’Uzo tomba alors pile au bon moment. Anita regardait le fond de la tasse comme si elle devait en chercher les démons que son amie venait de mentionner. « Oh dit, t’en as pas marre d’être ma voix de la raison ? Comment tu fais pour avoir tout le temps raison ? Ça doit être tellement pratique… » dit-elle évasive. Mais c’était aussi très chiant.

Le mur se sépara d’Uzo, à moins que ce ne fût l’inverse. Elle était venue se planter devant Nita accoudée à la table,  le regard dans le vide, la croupe en l’air, chancelante. Étonnement, le leader des miners ne trouva pas la force de se défendre ni même de répondre de manière mordante comme elle avait l’habitude de le faire. « Deux semaines… Et demi ? Y’a des nuits ça va, d’autres… » elle laissa sa main terminer sa phrase en la faisant tourner d’un côté puis de l’autre.  Ce qui était bien, que c’était assez varié : elle revoyait la nuit de sa blessure certes, mais également la mort des gens, des civils, des amis, des ennemis. Il y avait aussi cette femme qui pleurait, ce soldat dont la cheville fracturée défonçait la chaussette ensanglantée ; bref un concentré d’horreur. Anita soupira lorsque son amie lui affirma qu’elle était là pour l’aider. Elle avait toujours été là même les fois où elle n’aurait pas dû l’être et se trouvait insupportable de déranger Uzo à chaque fois pour ce genre de choses.  

Anita ne réagissait que très peu au sermon d’Uzo, elle hochait la tête de temps en temps sans doute pour lui faire comprendre qu’elle était encore consciente. Bizarrement, ce fut sa moquerie qui la fit se rebiffer. Elle frappa violemment du poing sur la table, comprenant dans la seconde d’après qu’elle avait interprété une moquerie innocente en critique acerbe. Nita se laissa tomber dans sa chaise avant de se prendre le visage et de soupirer. Et peu à peu, son visage se détendait, jusqu’à sourire. « Tu te souviens de Saman ? Notre guide ? Il avait appris l’anglais je sais pas où, et il avait cet accent britannique pas mal snob qui nous avait fait beaucoup rigoler ! dit-elle en étouffant un rire. Quand… Quand il est mort dans mes bras… Elle ravala sa salive. Il m’a dit : tu n’es pas une mauvaise personne. Tu fais ce que tu peux avec ce que tu as… » Les yeux humides, elle leva la tête en direction d’Uzo. Ensuite, elle souffla un bon coup et tenta de chasser les souvenirs de sa main droite. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi l’Afghanistan maintenant ? Y’a… Y’avait des tas de périodes où ça m’aurait pas gênée, mais là maintenant ? Man in ra namedanam* En même temps qu’elles aidaient Saman avec la langue anglaise, Nita apprenait le Dari jusqu’à avoir un bon niveau. De retour au pays, elle avait adoré pouvoir insulter des gens sans que personne ne la comprenne. Lentement et silencieusement, comme si elle avait peur qu’Uzo le remarque, Anita lui prit la main.

*je ne comprends pas, en Dari.
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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyVen 18 Mai - 19:34


Anita Uzo
« It comes at night. »

Comment elle faisait ? La réponse n’était pas à chercher bien loin, puisque si tel avait réellement été le cas, aucune d’elles deux ne serait ici aujourd’hui. Mais plutôt qu’à se prêter au jeu de la modestie, Uzo préféra rétorquer sur un ton où perçait une légère ironie et quelques traces d’une moquerie amusée. « Parce que je te connais par cœur, peut-être ? Deal with it, chef, c’est ça de s’attacher des gens sur le long terme. Puis fallait bien quelqu’un pour prendre ce rôle… » Le mince sourire s’effaça pour laisser place à une question autrement plus sérieuse, et la réponse de la concernée ne manqua pas de lui arracher une petite grimace consternée. Deux semaines, disait Anita. Ou peut-être un peu plus. Et durant tout ce temps, elle avait préféré tout garder pour elle ? Elle se fustigea mentalement pour ne pas avoir remarqué plus tôt, elle, que quelque chose clochait… ou, à tout le moins, de ne pas avoir pris cette initiative bien des jours auparavant puisque les changements dans le comportement de sa dirigeante ne datait pas d’hier et qu’ils l’intriguaient déjà depuis quelques temps.

Le coup de poing sur la table la fit sursauter mais elle ne broncha pas davantage, elle avait après tout volontairement poussé un peu Anita et la voir réagir de la sorte n’avait, de fait, rien de bien anormal compte tenu de son état. D’ailleurs la rebuffade s’en tint à ce simple geste soudain et, tandis que sa compagne se laissait à nouveau choir sur sa chaise, Uzo l’imita en s’asseyant face à elle tout en attendant dans un silence patient que son interlocutrice s’ouvre encore un peu plus à elle. Ses yeux continuaient de la scruter sans relâche, attentifs, notant le moindre changement dans l’expression de l’autre et acceptant avec une légère satisfaction les quelques signes de détente qu’Anita voulut bien arborer avant d’ouvrir la bouche une nouvelle fois.
L’évocation de ces vieux souvenirs en réveilla d’autres dans sa propre caboche, alors qu’elle acquiesçait d’un simple hochement du menton à la question rhétorique de son amie. Bien sûr qu’elle se souvenait. De tout, les bons souvenirs et… les autres, ceux qui hantaient les nuits ou vous attendaient parfois sans crier gare au détour d’un couloir. Elle avait voulu quitter l’armée parce qu’elle ne supportait plus ces derniers, leur constante croissance au fil des ans, mais le temps lui avait manqué pour faire de sa vie quelque chose d’un peu mieux, où elle parviendrait mieux à discerner ce qu’elle ferait de “bien”, tout manichéisme mis à part. « La réponse est dans ta question », Uzo répliqua doucement tandis que ses doigts se refermaient autour de la main d’Anita sans que l’élan de cette dernière n’ait semblé lui paraître incongru. « Pourquoi maintenant ? Peut-être justement parce que c’est précisément en ce moment que tu as d’autres problèmes. T’es déjà en train de te battre sur trop de fronts à la fois, tu satures, y a rien de honteux ou d’aberrant là-dedans. » Entre les nouveaux malades, le vaccin, et puis tous les problèmes d’ordres plus généraux qui venaient s'amonceler quotidiennement sur la pile des choses à faire pour survivre un jour de plus. « Tu peux donner l’illusion, mais l’épuisement psychologique te rend vulnérable face à toi-même. » Face, surtout, à tout ce qu’elle avait toujours renfermé avec brio des années durant. Les horreurs de la guerre, n’étaient pas exactement de simples mauvais souvenirs qu’on finissait par oublier à la longue. Marquées au fer rouge, elles vous abîmaient irrémédiablement. « Pourquoi est-ce que ça reviendrait si t’étais capable de gérer ? T’as besoin de repos… » Et par ça elle n’entendait pas une simple nuit de sommeil, mais le dire ne rendrait pas la chose possible pour autant et elle en était durement consciente. Anita n’était plus simple Sergent Major de l’armée, autorisée à partir en perm le temps de trouver comment lutter avec ses traumatismes. Elle était bien plus que ça à présent, placée à la tête d’un groupe de survivants, et ce genre de boulot n’acceptait pas de vacances, on ne pouvait pas simplement mettre en pause la déchéance de l’humanité ou nier ses responsabilités pour une poignée de jours.
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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyVen 25 Mai - 0:12


Anita Uzo
« It comes at night. »



À sa remarque, Nita répondit par un rire discret, presque comme s’il était forcé, mais c’était la fatigue qui donnait cette impression. Secrètement, elle espérait qu’il restât encore quelques secrets entre elle et Uzo, mais effectivement, à force de se côtoyer, toutes les zones d’ombres s’étaient évaporées au fil des ans. Dans d’autres circonstances, elle ne trouvait pas cela déplaisant : c’était même rassurant de savoir que malgré le fait qu’elle connaissait tout d’elle, y compris ses défauts les plus saillants,  elle la supportait encore : c’est probablement la meilleure définition que l’on puisse donner de l‘amitié d’ailleurs. Mais dans ce contexte présent, c’était plutôt agaçant : Anita avait espéré passer ces mauvais moments en solitaire, sans que personne ne remarque rien en se justifiant de ne pas vouloir déranger qui que ce soit avec des foutaises et surtout pas Uzo. Mais c’était peine perdue. « Ha ! T'auras l’air con si j'meurs, dit-elle en riant, et si tu chiales sur ma tombe, je te frappe depuis l’au-delà. Puis, elle redevint soudainement sérieuse. C'est sympa. D’avoir pris le rôle… » dit-elle en baissant les yeux.

L’Afghanistan, c’était un chouette pays, avec un super climat pour celui qui supporte les pluies de balles et de bombes. Quand elle s’était engagée, elle savait évidemment que tout n’allait pas être une partie de plaisir, mais jamais elle n’avait imaginé qu’un soir, l’athée qu’elle était supplierait Dieu de la sortir de là. Quand Uzo lui affirma que la réponse était dans sa question, Nita fronça les sourcils, cherchant à comprendre où elle voulait en venir. La suite rendit les choses un peu plus claires, et même si le chef de la mine voyait plusieurs occasions d’intervenir, elle préféra laisser Uzo aller jusqu’au bout avec le regard dans le vide et la bouche grande ouverte, laissant s’échapper une respiration lente, mais relativement sonore. Nita lui rendit sa main et soupira. « So what ? Tu suggères quoi ? Que je m’éclipse un instant pendant que quelqu’un autre me remplace ? Toi par exemple ? » En voyant la moue d’Uzo, Anita comprit qu’elle s’exprimait peut-être de manière un peu sèche sans réellement le vouloir pour autant, ce qui l’amena à apporter quelques précisions sur ce qu’elle pensait. « Toi qui prendrais ma place momentanément, ça serait logique puisque personne d’autre ne t’arrive à la cheville pour prendre ce rôle. Mais je ne veux pas t’infliger ça. Le pouvoir, ça change les gens. Et contrairement à ce que je pouvais penser, ça n’a rien à voir avec la hiérarchie militaire, c’est… infiniment plus compliqué que ça…  Je voudrais pas que tu changes, j’ai besoin de Wiley comme elle est là maintenant.» dit-elle en lui souriant. Même si ça lui faisait extrêmement du bien de parler, elle était encore trop bornée pour remercier Uzo de l’écouter. Nita repensait à tout ce que venait de lui dire son bras droit, les métaphores militaires étaient évidemment pleines de sens. L’ex-sergent-major se mouillait nerveusement les lèvres, exactement comme si elle peinait à laisser sortir ses prochaines paroles. « Que… qu’est-ce que je devrais faire selon toi ? »
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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyDim 17 Juin - 16:09


Anita Uzo
« It comes at night. »

« Tu sais bien que c’est pas ce que je voulais dire. » L’idée glissée par Anita, de se mettre à sa place, était une drôle de chose, un concept auquel, pour être parfaitement honnête, Uzo n’avait jamais réellement pensé. Son poste de second lui avait toujours convenu ici, et elle se serait même largement satisfait de moins si sa chef n’avait pas en plus été une amie de longue date. Dotée de très peu d’ambition sinon celle visant à survivre, et à aider ses compagnons à en faire de même, l’ex-militaire n’avait jamais aspiré à rien de plus que ce qu’on avait bien voulu lui donner. Malgré une autorité naturelle forgée par des années de services et l’habitude de donner les ordres, elle ne s’était pas une seule fois projetée à la place d’Anita. « Je ne voudrais pas non plus, elle se contenta d’abord de répondre sans remettre en cause une seule seconde les affirmations de sa partenaire. Je ne t’envie pas ta place et je suis bien consciente de tout ce que ça peut bien te peser. Moi… je crois pas que j’aurais les épaules pour supporter ça. » Aveu sincère ; pour rien au monde elle n’aurait réclamé un jour le rôle qu’endossait son interlocutrice depuis tant d’années. Elle était loin d’être aussi forte qu’elle et, si les rôles avaient été inversés, nul doute qu’Uzo aurait déjà craqué depuis longtemps face à toutes ces pressions, cette responsabilité énorme ; si Anita prenait une mauvaise décision, elle ne pouvait pas chercher aide et solution dans le soutien de ses supérieurs. Si quelque chose tournait mal, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle et à elle seule. D’une certaine manière, la vie de tous les survivants du complexe minier résidait entre ses mains ; on disait qu’un pouvoir de cette envergure avait quelque chose de grisant mais, lorsqu’elle pensait à tout ça, Uzo ne pouvait que le trouver effrayant.

« Je ne connais pas de solution miracle. » Presque l’air d’avoir à s’excuser de cette ignorance-là, Uzo étouffa une grimace désolée, consciente de là où se trouvaient les limites de l’aide qu’elle souhaitait tant apporter à sa supérieure. Dieu savait, pourtant, comme elle aurait aimé avoir une réponse toute faite à lui donner, mais si cela avait réellement existé alors d’elles deux, Jones n’aurait-elle pas été la première avertie ? « Je te dirais bien que je connais un bon psy mais… » Elle eut un petit rire sans joie, l’homme en question étant sûrement mort depuis longtemps ou, en tout cas, certainement pas à portée de main. Elle ignorait tout de ce qu’il avait bien pu advenir de lui après toutes ces années. « Dans tous les cas, je ne crois pas que tout refouler en toi soit la solution à suivre. J’ai beau ne pas être experte dans le domaine, y a pas besoin d’un diplôme pour se rendre compte que c’est tout sauf une bonne idée. » Et elle, elle n’avait définitivement pas la moindre envie de finir par voir Anita céder face au manque de sommeil et aux fantômes de son passé. Elle n’avait pas envie de la voir dans cet état, voulait la retrouver comme elle l’avait toujours connue, roc solide sur lequel elle avait toujours su s’appuyer en cas de coup dur. Aujourd’hui et dans l’intimité de cette pièce close, il semblait bien qu’elles avaient échangé leurs places ne fût-ce que pour une poignée de minutes. « Parle-en, à moi ou à n’importe qui de ton choix. A chaque fois que ça arrive, parle-en au lieu de le laisser te bouffer. » Exorciser les démons, cela semblait toujours plus facile à dire qu’à faire, et en ce qui concernait Uzo elle se fichait bien qu’on la tire de son sommeil à n’importe quelle heure si c’était parce qu’Anita avait besoin d’elle. « Je dis pas que ça va être facile de s’en débarrasser… mais je crois pas que c’est en faisant rien et en continuant de prétendre que tout va bien que t’as tes chances de te laisser convaincre par ta propre illusion. Lâche un peu de lest, délègue plus à ceux en qui tu as confiance et accorde-toi le droit de souffler, ne serait-ce qu’un tout petit peu. On va pas te juger, Anita, ou on serait pas encore derrière toi depuis autant d’années. »
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MessageSujet: Re: it comes at night   it comes at night EmptyDim 24 Juin - 18:23


Anita Uzo
« It comes at night. »



D’une certaine manière, elle était déçue d’entendre Uzo dire qu’elle ne voulait ni ne pourrait la remplacer. Dans l’idéal bien sûr, elle n’avait envie de donner sa place à personne, mais là tout de suite, elle aurait bien aimé disparaitre et la laisser faire : juste une journée ou deux, Anita n’existerait plus, Uzo serait la chef de la mine. Certains ne comprendraient pas ce changement soudain, certains feraient sans doute la tronche, mais une immense majorité pleurerait de joie en entendant la nouvelle : on a remplacé la méchante chef militaire par une militaire moins chiante. Nita interrogeait silencieusement Uzo du regard pour lui demander pourquoi pas. Ce n’était pas la question de prendre la place de,  il était surtout question de pouvoir supporter le poids de la mine sur ses épaules. Ça aurait été quelqu’un d’autre, Nita l’aurait accusé de faiblesse, voire de couardise. Mais c’était Uzo, elle ne remettait pas en question son autocritique, non pas parce que c’était son amie, mais parce qu’elle avait fait ses preuves moult fois et que son courage était loin d'être remis en question. « Tu dis de la merde, tu pourrais. » fit Nita de manière quasi inaudible.

Elle fut déçue également de l’entendre dire qu’elle n’avait pas de remède miracle. Mais qui en avait dans ce monde ? Nita ravala sa salive et détourna son regard de sa seconde. Elle trouva la force de sourire à sa plaisanterie avant de passer une main sur son front en sueur. « Tu plaisantes, mais on aurait bien besoin d’un ou d’une psy dans la mine.  Ça rendrait service à plein de gens. » dit-elle en clignant des yeux au ralenti : le sommeil la rattrapait un peu. Elle adressa un regard noir à Uzo lorsque celle-ci lui dit ce qui était pourtant la vérité. Ça ne lui plaisait pas du tout, mais elle avait raison. Nita serra les dents pour se donner du courage. « Oui, oui, je sais. Une mauvaise idée, oui. » déclara-t-elle immédiatement après qu’Uzo eut parlé. Elle était par contre un peu moins d’accord avec la suite : si elle avait le choix entre parler à sa camarade ou n’importe qui d’autre, elle choisirait toujours la première option.  Elle se contenta d’acquiescer en la regardant.

Déjà, elle sentait bien que ça allait mieux. Elle se sentait terriblement bête d’avoir attendu autant de temps avant de se confier à quelqu’un. Mais pour celle qui préférait faire les choses seules, celle qui avait peur de déranger les autres en demandant un service, cela avait été très dur d’en arriver là. Pour Nita, Uzo venait quasiment de se porter volontaire. Le leader de la mine se releva tout doucement, passa une nouvelle fois la main sur son front et eut du mal à articuler ses prochaines paroles ? « Je … Je vais faire une sieste. Je vais me poser et je vais voir ce que je peux faire avec qui me sert de lit… Tu penses pouvoir… prendre le relais pendant que je me… repose ? » Elle souriait, car elle savait que la réponse ne serait pas non. Elle s’était déplacée tout doucement vers Uzo, et lorsqu’elle arriva son niveau, elle lui serra le poignet de manière brutale tandis qu’elle la pointait du doigt de sa main libre. « Le moindre problème… Tu viens me chercher, tu viens me réveiller. Compris ? »
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