Women type looking like kryptonite ♛ Amalia

Les longs doigts de la brune tournent et retournent un petit bocal qu'elle contemple, pensive. C'est peut-être de l'or qu'elle tient entre ses mains et qu'elle analyse en se demandant si l'idée qui germe dans son esprit depuis quelques semaines est vraiment la bonne à adopter. Et dire que tout ce temps entre ses mains elle avait de quoi faire la nouvelle drogue en vogue mais qu'elle n'y avait même pas pensé. Pourtant, la belle angélique poussait juste devant sa porte ! Elle en préparait des infusions légères depuis longtemps déjà, mais jamais elle n'avait pensé à broyer les racines jusqu'à en faire une pâte. C'était ingénieux, elle devait le reconnaître. Mais ce qui était encore plus ingénieux, c'est ce qu'elle allait en faire. L'experte des plantes dans ce coin, c'était elle et elle ne comptait pas laisser l'occasion d'asseoir un peu de pouvoir lui passer sous le nez. Le plan d'action était simple, créer la meilleure pâte possible et monter son réseau avant que les petits courants qui s'organisent ne deviennent plus sérieux.
Il lui restait quelques astuces et notions des affaires, sans oublier les quelques années jetée au milieu des cartels, mariée à un baron de la drogue. Si Vicente était encore là, nulle doute qu'il aurait la moitié de la carrière à sa botte depuis longtemps déjà. Pas que Rayna ne croie pas en Aaren, mais il ne l'impressionnait pas autant que son ex mari avait pu le faire. Femme de criminelle un jour...

Drapée dans ses convictions, elle se lève, suivie du mouvement fluide de sa tunique colorée rafistolée par ses soins. Aussi têtue qu'elle puisse parfois être, la madone sait une chose de toutes ces années passées : ce n'est pas un coup qu'elle arrivera à monter seule. Elle n'a pas assez de bras pour tout faire elle-même, et surtout, malgré tous ceux qui gravitent autour d'elle, elle n'a pas la confiance d'un clan solide. Elle connaît des clients, beaucoup de clients, et ça elle en fait son affaire, mais pour trouver des hommes de mains, c'est une autre histoire. Mais la carrière est pleine de surprises, pleine de trésors à dévoiler et pleines de gens remplis de ressources, et l'intuition de la quadragénaire ne cessait de pointer vers la même personne.
Alors elle laisse cette même intuition la guider à travers le marché, cette même intuition qui l'a guidée pendant des années de maris en maris, de richesses en richesses et qui ne lui a jamais fait défaut pendant la survie. Chaque pas l'éloigne d'Auspex et la rapproche de Plovers, plus sobre, plus étonnée de la voir passer, elle et ses couleurs vives, ses cheveux relevées et coiffée à l'aide d'un foulard, ses boucles d'oreille qui pendent le long de son visage en une rivière de diamants, une vanité qu'elle est parvenue à garder sans en être dépouillée au fil des ans. Peut-être qu'on se demande déjà ce qu'elle fait si loin de sa zone, si loin de son cocon d'excentricité. Mais la Mexicaine n'a plus du tout l'air enjoué qu'elle arbore d'ordinaire, son visage fermé annonce déjà un sujet sérieux.

Elle repère deux types qui jouent aux cartes et elle est persuadée que l'un d'eux travaille pour la chef de zone de Plovers. A quoi ? Aucune idée. Amalia Ortiz n'est pas vraiment la personne la plus loquace qui soit quand il s'agit de révéler sa vie passée. Mais les rumeurs ont bon train dans un monde où il n'y a plus la télé pour distraire les commères. Et Rayna a vécu assez longtemps entourés de criminels pour les reconnaître. Comme s'ils avaient tous une marque de sang sur le visage.
L'excentrique interpelle le premier, son accent chante presque quand elle demande : "Où est-ce que je peux trouver Amalia ?" Les deux hommes lèvent un regard circonspect avant de la regarder de la tête aux pieds. "Qu'est-ce que tu lui veux à Amalia ?" Elle hausse les épaules, sort de son fourre-tout un étui à cigarettes de sa fabrication et une boite d'allumettes. "Une réunion Tupperware évidemment." Les sourcils redressés des deux hommes lui indiquent que le trait d'humour n'a pas complètement percuté. "Mais non imbécile, elle m'a demandé des infusions, je lui apporte ce qu'elle a commandé." Un mensonge éhonté, mais énoncé avec un tel aplomb qu'il finit par se décomposer et lui indiquer une cabane en particuliers. "Merci. Et passe me voir à Auspex, on va regarder cet eczéma de plus près." Et cette fois, il est rouge de honte et baisse la tête. Peut-être qu'il ne s'aventurera plus à lui poser des questions comme ça. Avec nonchalance, Rayna allume sa cigarette et s'éloigne vers l'entrée de la cabane indiquée et apostrophe la vie à l'intérieur en espagnol : "Y a quelqu'un ? On m'a dit que c'était ici pour les plaintes !"

Enfermée dans sa cabane fort bien rénovée depuis l'ouragan de la fin d'année dernière, Amalia rumine. Si le beau temps pointe de nouveau le bout de son nez, fait chanter les oiseaux et ravit les habitants du Texas, la mexicaine, elle, reste obstinément enfermée. Même les supplications de son fils n'ont pas trouvé grâce à ses yeux. Elle prétend travailler et si c'est parfois vrai, ça ne l'est pas maintenant. Sur son bureau de fortune, fabriqué dans plusieurs bois de récupération, sont étalés divers objets, provenant principalement d'un moteur de véhicule. Une paquet de cartes, deux cigarettes et sa machette. Quelques papiers jaunies, certains tâchés de sang. Rien qui vaille vraiment la peine. Pourtant, son regard se balade d'objet en objet à la recherche d'un petit quelque chose, d'un déclic. Elle n'a plus le goût de rien, tout espoir s'étant envolé depuis environ un mois. Peut-être plus. Un espoir qu'elle juge complètement stupide. Un espoir qu'elle n'explique pas, qu'elle n'aurait jamais dû ressentir. L'espoir c'est ce qu'il vous tue de nos jours. Elle avait sans doute eu de la chance jusque là. Désormais libérée de ce futile sentiment, les sens d'Amalia seraient décuplés. Elle ne risquait plus grand chose. L'espoir ridicule de retrouver Emilio en vie s'était finalement envolé. Elle avait appris à vivre sans lui bien avant de lui enfoncer ce couteau dans le crâne. Elle s'était défaite de sa présence, bien obligée d'avancer sans lui à ses côtés. Pourtant, la douleur persistait et son humeur s'en ressentait. Plus irritable que d'habitude, en colère contre le monde entier, Amalia préférait donc s'isoler, canaliser toute cette énergie négative contre elle-même ou des objets inanimés. De temps à autre, elle sortait durant de longues heures pour trouver quelques rôdeurs à massacrer. Un exutoire qui lui permettait, l'espace de quelques instants, d'oublier la douleur. Mais ça n'était jamais suffisant. Si elle avait affronté la mort d'Emilio les yeux dans les yeux, commencer son deuil en finissant sa vie, elle devait encore traverser toutes les autres étapes. Elle se souvient vaguement des conneries que les prêtres de son église racontait à ce sujet. Elle ressasse à l'infini de vieux souvenirs tous plus insignifiants les uns que les autres. Par dessus tout, c'est le sourire d'Emilio qui lui revient en tête et elle sait que tôt ou tard il disparaîtra comme tout le reste. Elle n'a plus rien pour l'aider à se souvenir des traits de son mari. Ex-mari. Elle ne sait pas. Elle porte encore son alliance, ultime symbole de leur amour réciproque. Déjà sa mémoire lui joue des tours, ses rêves se transforment en cauchemars.

Affalée sur sa chaise, ses cheveux maltraités, attachés à la va vite en une queue de cheval poisseuse, Amalia s'abandonne à ses pensées, bien décidée à ne pas sortir de sa cachette. C'est sans compter sur le monde extérieur qui lui ne s'arrête pas de tourner. Elle jure entre espagnol, agacée par cette intrusion, bien décidée à faire payer les deux abrutis qui lui servent de chiens de garde là dehors. Elle consent pourtant à se lever, reconnaissant la voix qui l'interpelle. Elle ouvre la porte sans plus de cérémonie, avec une énergie qu'elle ne croyait pas avoir. « Quoi ? » qu'elle grogne en espagnol, avant d'examiner Rayna de la tête aux pieds. Son look excentrique et soigné est à mille kilomètres de celui négligé et pratique d'Amalia. Elle arque un sourcil, croise les bras et s'adosse contre l'encadrement branlant de la porte en bois. « J'espère que c'est important. J'ai autre chose à foutre que de m'occuper de tes problèmes, bonita. » Parfois, elle se demande sincèrement comment Rayna a pu survivre à tout ce merdier.

Elles sont foncièrement différentes l’une de l’autre. Certes Mexicaines toutes les deux, mais à part ça, un monde les sépare. Une génération déjà, puis les milieux et les expériences de vie. Et ne parlons même pas des expériences de survie. Pas de doute qu’Amalia peut se débrouiller si on la laisse au front de guerre devant une armée de rôdeurs. Elle a les épaules et le sang froid pour ça. Rayna ne joue pas le même jeu. Au front, elle se cacherait derrière un éventail en attendant que de preux chevaliers s’interposent entre le danger et elles. En est-elle pourtant moins dangereuse ? La collection de poisons qu’elle cache dans un coffre suggère le contraire. Chacun son terrain finalement.
Foncièrement différentes, pourtant la quadragénaire reconnaît la lueur qui brille dans les yeux de sa vis-à-vis. Une flamme qui annonce qu’elle ne lâche rien et qu’il ne faut certainement pas croire qu’on peut l’emmerder et s’en sortir impunément. Rayna a connu la même flamme, et c’est qu’elle est venue chercher. Parler chiffons et crèmes de beauté ne mettra pas son business en route, elle a besoin de quelqu’un qui sait reconnaître des affaires et les mener avec aplomb, sans ciller, sans reculer, sans céder du terrain. Et Amalia pourra fanfaronner ce qu’elle veut, son passé dans les cartels se lit sur son visage pour n’importe qui a déjà connu le milieu.
« Ne t’inquiète pas, je n’ai pas vraiment de problèmes. Pour l’instant en tout cas. » Les lèvres de l’aînée s’étirent en un sourire énigmatique, mais elle ne laisse pas le temps à Amalia de l’envoyer chier, elle sort de son cabas un petit bocal en verre rempli à moitié de la pâte d’angélus confectionnée par Rayna. « En fait, je crois même que je suis venue créer des problèmes. Tu sais ce que c’est ? »

Elle lui tend le bocal et elle attend que la jeune femme s’en saisisse pour continuer. « Ça commence à grouiller de partout à la Carrière, tout le monde en veut et tout le monde veut en faire. Manque de pot pour les autres, la spécialiste des plantes c’est moi et il se trouve que moi aussi j’ai envie de me lancer sur le marché. » Les mots s’articulent avec une certaine nonchalance, comme si elle savait ce qu’elle faisait, comme si le monde leur appartenait déjà… Elles ont tout à construire, mais l’idée est de faire apparaître la chose avec simplicité, c’est comme ça qu’on attire les investisseurs. « Si tu te demandes pourquoi je viens te voir et te raconter tout ça, c’est parce que je sais. Je sais ce dont tu es capable. Donc on peut s’éviter les questions méfiantes et passer directement aux propositions. Qu’est-ce que tu en dis ? Tu veux en savoir plus ? Si non, je peux partir maintenant et tu n’en entendras plus jamais parler. » Son regard a changé d’intensité, il ne s’agit plus de la frivole et extravagante herboriste d’Auspex, maintenant dans ses yeux, il y a aussi la flamme.

Il y a tout un monde qui sépare les deux jeunes femmes, un style de vie aussi. Et pourtant, huit ans après l'écroulement de la société et la fin du monde tel qu'elles l'ont connu, voilà qu'elles se retrouvent au même endroit. La décharge du monde ne se soucie pas de qui vous étiez avant. Elle vous accueil sans distinction. Pas très regardante sur le passé des individus qui composent sa société, Amalia se dit que, finalement, il faudrait peut-être y regarder à deux fois. Maintenant que les ex-Jackals avaient élus domicile sur le terrain de jeu des Quarries, la porte était ouverte à tous les dégénérés. Par chance, aucun ne s'était présenté devant sa cabane. Rayna, aussi étrange soit-elle, n'était pas à ranger du côté de ces sauvages. Amalia éprouvait une sorte de respect pour cette femme aux allures de grande dame. Une femme qui avait su maîtriser l'apocalypse avec ses hauts talons et son maquillage. A côté d'elle, Amalia devait avoir l'air d'une folle. Mais pour l'instant c'est surtout le discours de Rayna qui sonne faux, qui ne fait pas sens. Méfiante, la chef de zone l'observe se mettre à l'aise, sortir ses petites affaires comme si sa table était une échoppe ouverte à tous. Amalia se détache de son mur, déjà prête à protester, à foutre cette femme dehors. Pas le temps. L'autre a déjà bien compris qu'il valait mieux tout déballer d'un coup. Et elle fait bien. Amalia n'a sincèrement pas de temps à perdre avec ces conneries. Elle veut qu'on lui fiche la paix. Se saisissant du bocal, elle l'examine, une flamme s'allumant dans ses yeux. La flamme de la curiosité. Une vielle flamme qui s'était éteinte depuis longtemps. « Angélus. » Bien sûr qu'elle connaît. Elle en a vu plus d'une fois dans sa vie et maintenant que Rayna déballe ses connaissances elle s'en veut de ne pas avoir fait plus attention. Elle aurait dû s'en apercevoir avant les autres, avant qu'on vienne la trouver. Trop préoccupée par ses propres démons, par la vie qui lui échappe, Amalia en avait oublié l'essentiel. Elle fait tourner le petit bocal entre ses mains, l'examinant sous toutes les coutures en écoutant Rayna déblatérer ses compétences, exposer un semblant de plan, des idées qui n'en sont pas. Des idées qui ne la concerne pas. Elle relève les yeux vers la belle brune, sourcils arqués, en attente de savoir la suite, de comprendre. Elle esquisse un Et donc, en quoi ça me concerne? avec son visage interrogateur. La réponse ne tarde pas et Amalia esquisse un sourire. Elle ne sait rien. Personne ne sait. Comment peut-elle prétendre la connaître si bien ? Elle n'émet que des suppositions. Des suppositions étrangement vraies. « Très bien, je t'écoute bonita. » Le regard de Rayna s'est illuminé et Amalia lui rend son petit pot. « Qu'est-ce que tu proposes ? Et qu'est-ce que tu offres ? » C'est ça qui intéresse Amalia. Elle veut y gagner quelque chose et si la proposition de Rayna ne tient pas la route, ne la satisfait pas, elle ne se gênera pas pour monter son propre business. Pas question de passer à côté d'une telle opportunité. Les dégénérés de la Carrière se battront pour des produits de qualité qui leur permettront d'échapper à leur misérable vie. Même pour quelques courtes minutes.

L'Angélus fait toujours de l'effet. Littéralement et métaphoriquement bien sûr. Une forme d'intérêt illumine le regard d'Amalia quand elle commence à analyser le contenu du petit bocal. Pas un appétit malsain de désespéré addict, mais plutôt l'intérêt du businessman qui calcule déjà les bénéfices. C'est exactement pour ça qu'elle est venue chercher Amalia, pour réveiller la fibre de la femme d'affaires et la férocité de la toute jeune fille qu'elle était dans un milieu bien trop dangereux.
Un léger sourire fleurit sur les lèvres de la quadragénaire devant le changement de posture de la chef de zone, soudain plus enthousiaste à l'idée d'écouter les frasques de son aînée.
"J'ai toutes les ressources pour en fabriquer. Beaucoup. Et de la bonne en plus." Rayna observe ses ongles et, du bout de l'un d'eux, elle écarte de la crasse qui s'était empilée sous l'ongle du majeur, avec toute la désinvolture du monde. Et puis quoi encore, elle allait montrer à Amalia qu'elle n'était pas juste une bonne femme d'Auspex avec des remèdes de grand-mère. Qu'est-ce qu'elle peut lui offrir ? Tellement de choses : des biens, des remèdes, des services et surtout, surtout, une armée de camés prêts à beaucoup de choses pour une dose. Prêts à aller fouiner des informations, prêts à faire les tâches ingrates, prêts à des sacrifices, juste pour la pâte d'une racine d'une plante. "J'avais plein de plants de cannabis et ça marchait bien, mais c'était pas assez discret et Aaren a beaucoup râlé. Alors que l'angélus... Il peut rien dire, ça fait des années que j'ai des plantes partout et il n'a probablement aucune idée de l'effet des racines. Voilà ce que j'ai, un réseau déjà en place et beaucoup, beaucoup de ressources. Mais il me manque une chose : les gros bras."

Elle arrête son manège d'indifférence pour planter son regard dans celui de sa vis à vis, le signal que les affaires commencent vraiment. "Malheureusement, les gens n'ont pas vraiment peur de moi. Ils ont tous l'image de la bonne femme aux tisanes et aux longues jupes, un peu bête, pas adaptée à la réalité du coin. Mais je ne leur en veux pas, je n'ai pas vraiment cherché à montrer autre chose. Et finalement ça sera de notre côté. Vraiment, qui me soupçonnerait de trafiquer de la drogue ?" Elle a un petit rire comme si l'idée lui paraissait comique à elle aussi alors que vingt ans en arrière, elle avait épousé un baron de la drogue les yeux fermés.
Mais à force de jouer le jeu des autres, elle avait fini par se lasser. L'ombre des hommes a des limites et elle aussi. Peut-être qu'elle avait réussi à cacher sa force derrière un ton mielleux susurré à l'oreille d'un mari ou d'un amant ces dernières années, mais maintenant la mascarade commençait à laisser un goût amer à l'herboriste. Elle voulait son moment de gloire, elle voulait être crainte, elle voulait contrôler. "Donc j'ai besoin d'aide pour le côté effrayant de l'entreprise, pour garder l'ordre dans les affaires. Imagine tous ces paumés à la Carrière qui sont prêts à vendre mère et père juste pour échapper à la réalité cinq minutes. Ils trouveront tout ce dont on peut avoir besoin. Et ça en ferait des fouines à notre service au besoin. C'est vrai qu'on aura des plaintes, mais tous comptes faits, on sera des saintes pour toutes ces âmes en perdition." Et dans sa bouche, elle fait rouler les derniers mots, ceux qu'Amalia attend concrètement. "Je parle d'un cinquante-cinquante. Des vraies associées." Rayna, elle n'a pas peur de jouer cartes sur table, parce qu'elle sait que son offre tient la route. Bien sûr qu'Amalia pourrait l'envoyer paître et commencer à faire des affaires elle-même, mais en attendant que les plantes pousses, en attendant de tester les bonnes recettes d'angélus, la maîtresse des poisons aurait largement le temps de laisser quelques gouttes mortelles sur son chemin et de trouver un autre gros bras pour se lancer dans les affaires. Là, elle venait devant la chef de Plovers avec un produit fini et maîtrisé et tout le savoir faire nécessaire pour le maintenir. Amalia n'allait quand même pas cracher là-dessus ?  

Ce n'est pas pour rien si Rayna s'est donné la peine de venir jusqu'ici trouver Amalia. Elle est certaine que la quarantenaire a déjà tout un plan bien rôdé qui lui trotte dans la tête tandis que le regard de la chef de zone ne quitte plus la plante. L'angélus a bien des vertus. Ange déguisé qui prend des allures de petite faucheuse. Elle pourrait être l'ingrédient piquant qui manque à la vie d'Amalia. L'étincelle qui pourrait rallumer le feu dans son âme meurtrie, réchauffer son cœur laissé froid par le vide de sa cabane. La mort d'Emilio l'a frappé plus durement qu'elle ne veut bien le laisser voir. Elle a besoin de se raccrocher à quelque chose, de laisser son esprit vagabonder hors de ses quatre murs, d'aller plus loin, toujours en avant. Il n'y a rien d'autre que des fantômes derrière et un vide qu'elle ne sait pas combler. Si Rayna peut lui prouver qu'elle a de quoi monter un business solide, que son produit est pur, peut-être qu'Amalia adhéra les yeux fermés. Pour l'heure, elle reste méfiante, dans l'attente d'autres informations. Elle ne dupe personne elle et ses yeux pétillant, enfin réveillés par la magie des mots. Son regard en dit long sur ses pensées. Tiraillée entre l'envie d'entreprendre de grandes choses et celle de se rire de la femme qui se fait encore les ongles par temps d'apocalypse. Rayna est un sacré bout de femme et ça personne ne saurait lui enlever. Elle dégage une élégance naturelle et possède un charisme certain. Elle sait ce qu'elle veut et sait l'obtenir, son bagou naturel aidant. Amalia n'a aucun mal à entrer dans la danse, à laisser un sourire planer sur son visage encore fermé. Elle laisse échapper un petit rire quand le sujet principal est finalement posé sur la table. Il était devenu évident que Rayna cherchait la seule chose qui lui manquait : des muscles. Rayna avait l'intelligence et un don pour la parole mais pour tout ce qui touchait à la force, elle n'avait strictement rien à offrir. Voilà pourquoi elle s'était rapproché d'Amalia. Parfaitement consciente de son manque évident d'adaptation à ce nouveau monde, elle ne cherche pas à s'en cacher et c'est tout à son honneur. Nul doute que ses capacités intellectuelles ont suffit à la mener jusqu'ici. « Claro. » qu'elle se contente de dire, plaçant ses mains sur ses hanches, son regard planté dans celui de la quarantenaire qui poursuit. Elle imagine bien, peut-être même trop bien. Elle s'imagine reprendre un semblant de vie, retrouver le goût des vielles années et l'adrénaline qui va avec. Son cœur a déjà dit oui alors que sa tête réfléchie encore, pas tout à fait certaine que c'est une bonne décision. Il y a des risques non négligeables, comme celui de se mettre à dos Aaren et d'autres grands noms de la Carrière. Des risques aussi qu'on cherche à leur prendre ce business. Deux femmes à la tête d'un trafic ? Du jamais vu. Elles ont tout intérêt à bien s'entourer. Amalia passe en revue ses plus proches collaborateurs, ses fidèles. Des muscles, ce n'est pas ce qu'il manque. Et avec la réputation d'Amalia, elles n'auront aucun problème. Ou presque. Ajouté à tout ça la classe de Rayna, son sens évident des affaires, et le cocktail est parfaitement ajusté. « J'imagine plutôt bien. T'as bossé ton sujet, pas de doute. » Elle avance vers Rayna, sa réponse déjà plaqué sur le visage. « L'offre est honnête et plus qu'alléchante. » Main désormais tendue vers Rayna, elle lui offre un sourire sincère, presque carnassier. « Partenaires donc ? » Le début d'une belle collaboration, les balbutiements d'un partenariat profitable. « J'espère que t'es consciente qu'on va se faire un paquet d'ennemis en cours de route. Ce genre de business juteux ça fait des envieux. Tu vas peut-être devoir te salir les ongles bonita. » Clin d’œil à l'appuie, elle retrouve un semblant de goût à la vie, reprend son souffle. Tout n'est pas à jeter finalement. « Et si tu me montrais nos jolies plantes ? »

Les mots s'envolent et percutent et Rayna apprécie l'impact de son discours bien préparé. Elle voit au visage d'Amalia qui a l'air moins dur. L'ombre d'un sourire vient même fleurir son visage jusque-là impassible.
Il faut dire, si la quadragénaire sait reconnaître la moindre émotion qui passe sur le visage d'un homme, les femmes sont restées un grand mystère pour elle. Sa vie a été ponctuée d'autant d'alliées que de rivales, mais elle n'avait jamais su sur quel pied danser avec les autres femmes autour d'elle. Et maintenant que la fin du monde dictait ses propres règles, elle aussi commençait à refaçonner ses principes et ses envies. C'était son tour. Dans ce monde en ruines, elle avait sa chance, et pour la première fois de sa vie, sa chance ne dépendait pas d'un homme. Et elle voulait même les garder éloignés de ses affaires le plus possible, car ils n'avaient été finalement qu'une continuité de malheurs pour elle. À part Carter bien sûr...
"Partenaires !" Affirme-t-elle avec aplomb. L'affaire était conclue, un claquement de doigt et ça y est. Jetée dans le bain des affaires, dans la cour des grands et dans toutes les expressions qui illustrent ce saut dans le vide. Son visage s'éclaire et elle retient ses élans affectueux qui l'auraient poussé à prendre Amalia dans ses bras. Elles n'étaient pas ce genre de partenaires.

La Mexicaine rumine la remarque de sa vis-à-vis alors qu'elle consent à l'emmener faire le tour de ses plantes. Des ennemis ? Qu'ils viennent à la pelle, Rayna savait très bien comment endormir la méfiance des autres. Il suffit de jouer à plus bête qu'on n'en a l'air, et dans ce jeu-là, elle a eu quatre mariages pour s'y entraîner. Amalia, elle aura son statut de chef de zone pour la couvrir et elle avait sûrement plus l'habitude de montrer les crocs. Sûrement que la quadragénaire en avait des choses à apprendre de sa cadette, bien plus qu'elle n'avait appris auprès des hommes de sa vie. "Je les attends de pied ferme." Et elle tend la main et fait mine d'éjecter de la saleté de sous son ongle. "Surtout les hommes à l'égo fragile. Que dieu les préserve s'ils apprennent que des femmes prennent de l'assurance." Elle échange alors un sourire moqueur. La courtisane cacherait-elle sous ses jupes un profond mépris de la gent masculine ? Jouer avec eux ou se jouer d'eux, ça avait été sa vie entière mais avec de nombreuses rétrospectives, elle ne se souvient finalement avoir été vraiment heureuse que lorsqu'elle avait ressenti la fierté de son propre labeur. Alors profitant de leur arrivée dans le théâtre d'Auspex, aux abords de la cabane fleurie de Rayna, elle poursuit sur son ton dramatique, tirant sur la satire : "J'imagine le drame, quand tous ces gentilshommes verront notre pouvoir qui rutile et qui rayonne." D'un geste de la main, elle fait mine d'ouvrir un rideau sur le parterre de plantes qui les accueille alors que Rayna entraîne sa consoeur derrière la structure de bois où se cache la plupart de ses merveilles. Et au milieu des fougères, des fleurs, de l'aloe vera, des plantes à thé, se dressent un plant de belles angéliques, royales, pleines de promesses de pouvoir.

"Il y en a ici, mais j'en ai planté partout où je trouvais de la place. A l'entrée du caveau, dans le cimetière, près du champ de blé, à l'orée du campement... J'en faisais de la tisane avant même que ça ne devienne la drogue à la mode, si j'avais su pendant tout ce temps que je faisais fleurir ma propre mine d'or." Par réflexe, Rayna se penche pour arracher une feuille sèche avant d'inviter Amalia à l'intérieur de sa cabane, à l'abris des autres lunatiques d'Auspex qui pourraient avoir les yeux qui s'égarent. A l'intérieur, la petite pièce se compose d'un lit improvisé et d'un énorme plan de travail et les couleurs chatoyantes des fleurs du début du printemps servent de tapis. Les effluves florales se mélangent à celles de ses concoctions cosmétiques, délivrant un parfum qui tranche particulièrement avec le reste de la Carrière. La Mexicaine s'installe sur le rebord d'une malle dans laquelle sont entassés des vêtements récupérés au fil du temps et les quelques possessions de luxe – principalement ses bijoux – avec lesquelles elle était arrivée à la Carrière. "J'ai tous les outils nécessaires à la production et les raiders ne rechignent pas à essayer de m'en trouver si ça peut leur assurer des cigarettes. Alors à ton tour de me parler de ce que tu as en réserve."  

Il n'y a rien de plus grisant que les affaires. Rien qui ne fasse battre le cœur d'Amalia de cette façon bien particulière. Elle a passé sa vie dans un milieu d'hommes, à s'occuper d'eux, à gérer les affaires de loin, à observer et à apprendre. Toujours en silence, souvent de loin. Discrète, elle prenait sans jamais donner et peu nombreux sont ceux à s'être aperçu de son petit manège. Affaire bien huilée qui aujourd'hui allait enfin lui servir. Elle allait voler de ses propres ailes, finalement prouver de quoi elle est capable. De toute évidence, Rayna aussi avait ses propres preuves à faire et les deux jeunes femmes, sur la même longueur d'onde, allaient gérer ce petit business comme personne avant. Les hommes en seraient bannis, petits êtres sans importance qui n'auront qu'un rôle minime dans la partie, celui de jouer avec leurs muscles. La seule chose dont ils soient capables sans tout foutre en l'air. Pas question cette fois de les laisser en charge. Ils n'auront aucune responsabilité et c'est sans doute cela qui finira par les irriter. Sans parler des deux fortes têtes et du duo d'enfer que forme désormais Rayna et Amalia. Si elle doute encore de la force physique de sa partenaire, elle ne doute plus de ses capacités mentales. Elle a de l'aplomb cette femme, une force insoupçonnée dont leurs potentiels ennemis feront les frais bien assez tôt. Elle sourit Amalia, amusée mais surtout rassurée quant à cette force dont Rayna fait preuve. Tout n'est finalement pas à jeter et elles finiront par s'entendre à merveilles si le temps leur laisse de quoi s'amuser un peu. Tout en marchant vers la demeure de Rayna et leur petit trésor, les regards s'attardent, on se pose déjà des questions. Tant mieux. Amalia n'y prête aucune attention, préférant écouter avec attention les quelques paroles prononcées par sa nouvelle partenaire. Prendre l'air lui fait un bien fou et c'est peut-être pour ça qu'on se retourne sur elle. Ermite depuis trop longtemps, Amalia allait devoir se réaffirmer, prouver qu'elle est bel et bien encore là et qu'elle n'ira nulle part. Plovers est désormais son royaume. Elle ne le cédera pas et surtout, elle n'a pas besoin d'un homme pour l'aider à commander. « Ils tenteront de le prendre avec la seule chose qui fonctionne chez eux. » Face au visage sceptique de Rayna et à son haussement de sourcils, Amalia se contente de hausser les épaules, bras à nouveau croisés tandis qu'elles arrivent à une cabane. « Leurs queues. »

Sans s'attarder plus longtemps, Amalia examine du regard le petit coin de jardin que Rayna lui expose avec fierté. Il y a là de quoi faire. Entre les soins de base, les tisanes et autres plantes apaisantes, pousse celle qui a leurs faveurs. La belle angélus étale ses feuilles, se mêle l'air de rien à ses congénères plus douces. « C'est malin. » qu'elle commente dans un murmure. Elle s'en veut presque de ne pas avoir remarqué plutôt la miraculeuse fleur. « Et moi si j'avais capté plus tôt ton petit manège, on aurait causé affaires plus tôt. Mais bon, más vale tarde que nunca. » Elle suit, sans plus rien dire, sa partenaire à l'intérieur de sa modeste demeure et à peine le premier pied posé à l'intérieur que déjà les arômes picotent le nez d'Amalia. Un mélange pas si subtil de diverses plantes. L'odeur n'en demeure pas moins apaisante mais elle sait qu'elle ne tiendra pas des heures ici sans que la migraine ne la guette. Elle jette un regard circulaire sur l'endroit, naturellement curieuse. Rayna n'est pas à plaindre, elle a clairement tiré son épingle du jeu. Elle se contente d'un hochement de tête approbateur, Rayna lui prouvant encore une fois qu'elle a déjà tout prévu, que tout est sous contrôle, de l'approvisionnement à la production. Ne lui manque que la distribution et les chiens de garde. « Je peux distribuer et assurer tes arrières, faire en sorte que personne d'autre que nous s'empare de l'affaire. » Elle s'adosse avec nonchalance à un pan de mur vide, le regard vissé sur sa partenaire, sérieuse. « Entre la Carrière et la Mine, on aura un carnet de noms bien rempli. Y aura toujours moyen d'aller du côté de la ville... » Elle reste évasive, pas encore certaine que ce filon là est envisageable. Elles doivent d'abord assurer leur business ici, là où elles sont reines avant d'envisager de s'étendre à d'autres royaumes. « C'est quoi tes délais de production ? »

Quand elle était jeune, elle se souvient que ses parents lui avaient bassiné que tout venait à point nommé à qui savait attendre. Mais elle n'avait jamais aimé attendre, Rayna. Impatiente ou déterminée, peu importe, une de ces deux caractéristiques l'avait poussée à remonter sa jupe et creuser le décolleté pour attirer le regard de ceux qu'elle estimait être sa porte de sortie. Les hommes. Et maintenant, la voilà seule, cette fois à remonter ses bas encore, mais pour pouvoir se mettre à la tâche, comme une grande. Elle allait monter son affaire, faire en sorte que ça fonctionne, inscrire son nom dans la mémoire des gens et encore une fois, elle n'attendait pas qu'on la guide, elle prenait les devants. Peut-être qu'au bout du compte, dans chacune de ses relations, c'était bien elle la plus forte, celle qui avait le dessus. Il pensait la contrôler avec l'argent, mais Rayna faisait ce qu'elle voulait de ses maris, d'un claquement de doigt une voiture et d'un autre, ils rampaient pour goûter à sa peau. Il n'y avait qu'avec Carter finalement qu'elle avait été sur un pied d'égalité, car au milieu du chaos, alors que l'humanité déclinait autour d'elle, la Mexicaine avait enfin trouvé la force d'être elle-même. Cette même personne qui se présentait maintenant à Amalia, culottée et pleine de ressources, un chat qui retombe sur ses pattes.

L'idée avait l'air d'avoir entièrement conquis Amalia dont le regard pétillait. Elle semblait déjà gagnée par les réflexions pragmatiques à mesure qu'elle étendait ses ambitions jusqu'aux portes de la ville possiblement. L'aînée hochait la tête à l'idée. Effectivement, il y aurait des clients à la Mine, il suffisait de faire entrer Almaze dans le coup et à elle seule, elle prendrait un bon stock. La Carrière était déjà pleine d'illuminés qui n'attendaient qu'un messie pour les guider dans les paradis artificiels. Rayna, elle se sentait bien de prendre le job, elle ne distribuerait pas son corps ou son sang mais ses plantes et son savoir faire. Et elle avait Amalia pour la couvrir, pour jouer les gros poings et assurer la logistique qui dépassait la Mexicaine.
« J'ai un stock le temps qu'on s'implante, mais j'aurais besoin d'aide pour le renouveler et maintenir mes activités en parallèle. Si j'arrête mes autres produits, les gens vont se poser des questions. C'est pas compliqué à fabriquer, mais l'entretien des plantes est important. T'as des petites mains en plus de tes gros bras ? » Rayna n'avait pas particulièrement de disciples. Les personnes qui gravitaient autour d'elle n'étais pas forcément dignes de confiance quand il s'agissait de verser dans le crime. Le crime... Penser en ces termes paraissait tellement ridicule dans le contexte. Il n'y avait plus de justice, plus de lois, juste quelques principes arbitraires posés par Aaren et ceux encore plus suprême dictés par la survie.   

Elle est peut-être trop naïve, peut-être trop emportée par sa soif de pouvoir, son envie de construire quelque chose, d'être de nouveau quelqu'un. Elle en veut toujours plus Amalia, comme si sa situation actuelle ne suffisait pas. Elle risque gros. En fait, c'est sa vie qu'elle risque et son petit confort au sein de la Carrière. Elle s'est hissée jusqu'au poste de chef de zone, a mérité sa place et la confiance d'Aaren Diggs. Et aujourd'hui elle est prête à tout balayée pour un petit trafic qu'elle juge parfaitement innocent. Si il subsiste quelques règles à la Carrière, le trafic de drogue en fait sans doute partie. Fin du monde ou non, c'est un business dangereux dans lequel on ne s'engage pas à la légère. Pourtant, c'est bien ce que la mexicaine fait. Elle a rapidement calculé et jugé que les risques étaient moindres, qu'ils valaient bien la peine de se lancer. Elle a besoin d'un coup de fouet, d'adrénaline. Personne dans son entourage n'a besoin d'en souffrir, encore moins d'être mis dans la confidence. Elle fait de l'angélus son affaire et Rayna sa seule partenaire. Pas encore en confiance, il faudra du temps à Amalia pour fermer les yeux et se laisser guider par la bimbo. Pour l'heure, accepter ce deal est déjà un grand pas en avant et Rayna devra s'en contenter. Amalia mise gros. Il faudra que les affaires suivent, rapportent. Et vite. Elle n'a pas la patience d'attendre, encore moins le temps. Elle a besoin de s'occuper l'esprit, d'être suffisamment occupée pour ne pas penser à tout ce qu'elle a perdu. A tout ce qu'elle perdra encore.

Elle hoche la tête, pensive, le regard perdu sur les plantes, les yeux se promenant sur l'angélus, vers la promesse d'un changement inévitable. « Claro. » Mieux vaut faire profil bas. Business as usual. Rien ne sert de se précipiter. Les deux femmes doivent maintenir les apparences et poursuivre leurs activités, ne rien changer à leurs habitudes. « On change rien. Surtout pas toi. T'évolues, c'est tout. » Elle adresse un sourire sincère à Rayna avant de croiser les bras et de reprendre une posture sérieuse, songeant à qui elle pourrait mêler à cette sale affaire. Elle a bien quelques gamines perdues à la recherche de reconnaissance, des âmes qui ne diraient pas non à un travail simple comme celui-là. Et puis il y a Lake. Sa petite protégée s'y connaît. Le milieu ne lui fait pas peur. Mais Amalia n'est pas très encline à faire participer Lake, à l'entraîner dans toute cette histoire. « Ouais, je peux te trouver quelqu'un. » Elle n'a pas confiance en grand monde et elle pourrait mentir à Lake, la laisser s'occuper du jardin, l'endormir avec quelques bonnes paroles. Elle ne saurait même pas ce qu'est l'angélus. Elle n'aurait pas besoin d'être mêlé aux affaires d'Amalia. « On se retrouve d'ici quelques jours pour finaliser le lancement. » Elle s'éloigne de quelques pas, détournant finalement le regard du jardin d'Eden, sourire en coin. « Orale bonita. Hasta luego. »