Agenouillé à côté de son vélo qui reposait contre un arbre, un petit feu crépitant derrière lui, Aleksey était occupé à essayer de rafistoler la chambre à air de son vélo. Il en avait une de rechange, mais il préférait économiser tant qu'il pouvait. Alors, il se battait avec son scotch, dans l'unique but de faire durer encore un peu plus longtemps cette pièce qui ressemblait maintenant à un patchwork. L'homme était débrouillard, et habile de ses mains ; il avait beaucoup appris grâce à son association de reconstitution historique. Non pas qu'il changeait des roues de vélo pour le compte de celle-ci, mais il s'était sérieusement mis à bricoler depuis ; complétant sa pratique avec la théorie qu'il empruntait à des livres. C'était d'ailleurs de livres plus ou moins utiles qu'était rempli son sac, posé appuyé sur un autre arbre. Il avait choisi son camp un peu au hasard, trop frustré par sa crevaison pour y réfléchir plus que ça. Alors qu'il s'apprêtait à regonfler sa roue, un craquement attira son attention. Instinctivement, il resta immobile, posant simplement une main sur le manche de son glaive et l'autre sur le manche de son pistolet. Mais il n'attendit pas très longtemps pour réaliser qu'il ne s'agissait que d'un rôdeur ; ou du moins, d'après les râles qu'il entendait. Il se leva donc, lâcha ses deux armes qu'il avait tendance à utiliser pour les humains ; ou dans des endroits confinés pour le glaive. Il saisit sa masse, posé à côté de son sac ; elle avait beau peser six ou sept kilos, ça ne dérangeait absolument pas le grand gaillard ; dont la taille et la masse musculaire étaient assez conséquentes. Il chercha ensuite du regard son visiteur inopportun ; il le repéra assez vite, le rôdeur avait été attiré par les flammes ; et probablement le son de ses jurons alors qu'il galérait à essayer de rendre la chambre à air à nouveau étanche. Il s'avança alors d'un pas pressé à la rencontre du cadavre ambulant ; prenant au passage sa masse à deux mains. Au moment où le rôdeur levait les bras pour essayer de le saisir, il asséna un coup monumental dans le poitrail de la créature qui fut projetée au sol. Sans perdre de temps, il enchaîna avec un autre coup dans la tête ; qu'il éclata comme une pastèque. Ensuite, il leva la tête, voir s'il avait d'autres clients. Un craquement au loin lui fit tourner la tête, et il siffla en annonçant de sa voix grave : « Allez ! Venez ! » Il parlait aux rôdeurs ; il l'avait toujours fait, pas vraiment dans l'optique d'être compris et d'entamer un dialogue avec eux, simplement pour les attirer et se débarrasser d'eux plus rapidement. Pour la même raison, il toquait toujours avant d'entrer dans une pièce. Il resta donc planté là, la masse dans les mains, à attendre un autre de ces monstres, en balayant la forêt alentour de son regard.
Ses mains se joignent pour commencer à applaudir le spectacle impressionnant auquel elle vient d'assister. Lentement, elle sort de sa cachette pour se montrer à l'inconnu qui tient toujours sa masse, prêt à attaquer. "Impressionnant ! J'en ai vu beaucoup des types se débarrasser de rôdeurs, mais c'est la première fois que je vois quelqu'un manier une arme comme ça." Une arme ? Plutôt un engin de destruction qui, elle n'en doute, lui exploserait la tête en quelques fractions de seconde. Il fallait être fort pour porter un tel poids, mais il était évident que le géant de deux mètres face à elle soit du genre herculéen.
Voilà plusieurs jours qu'elle a sa trace, mais impossible pour la recruteuse de le suivre car il évoluait à vélo et elle était de fait, bien trop lente. Elle perdait sa piste, puis le retrouvait ci et là, sur les sentiers praticables à vélo. Il ne semblait pas suivre d'itinéraire précis, ce qui rajoutait de la difficulté au pistage, et Malini avait bien failli abandonner si un hasard du destin ne lui avait pas donné l'occasion de le retrouver en difficulté. Il semblait avoir du mal avec son deux roues et s'agitaient un peu avec un scotch dans la main. La recruteuse en était sûre, l'homme imposant pouvait occuper une bonne place au ranch. Il avait l'air résistant et on ne disait de toute façon jamais non à un mastodonte dans les rangs pour foncer à l'assaut des ennemis. Mais elle n'avait pas eu l'occasion de suffisamment l'observer pour juger de sa capacité à se débrouiller, s'il avait du bon sens, s'il pouvait s'adapter... Et elle n'aurait pas d'autres occasions s'il continuait à pédaler à chaque fois hors de sa portée. Elle devait jouer toutes ses cartes maintenant, peut-être passer quelques jours avec lui pour en tirer des conclusions avant de lui proposer d'intégrer le ranch. Pour que ça fonctionne, il fallait évidemment qu'elle arrive à lui faire passer la pilule. Les solitaires ont du mal à se laisser approcher, et elle l'a été suffisamment longtemps pour parler d'expérience.
Malini, elle ne s'approche pas trop près de lui. Elle se laisse une bonne marge pour pouvoir esquiver n'importe quelle coup au cas où il prendrait l'envie à l'inconnu de l'achever sans plus de question. Ses deux mains sont posées en évidence sur sa taille. Elle fixe le rôdeur éclaté au sol, presque désolée qu'il ait pu se trouver sur leur chemin – en fait, elle l'a volontairement attiré jusqu'à sa recrue pour pouvoir observer l'homme en action. "T'inquiète, j'ai pas vu de horde dans le coin depuis des un moment. Il devait être passif et il s'est réveillé en t'entendant." Elle, elle prétendra s'être trouvée là par le plus grand des hasards, attirée comme un rôdeur par les bruits d'humanité. Il ne sera fait aucune mention du ranch avant qu'elle ne puisse se faire une idée de la personnalité du bonhomme. La recruteuse sait cependant de quoi elle a l'air. Toute seule comme ça dans les bois, si elle manifeste trop de confiance en elle, elle donnerait l'impression d'avoir du monde qui attendait de lui prêter main forte à piller le bougre. De même si elle avait l'air d'une demoiselle larmoyante et réclamant de l'aide. Elle devait avoir l'air solitaire, fatiguée, méfiante. Ce mélange subtil, elle tente de le rendre dans son expression, abandonnant son masque impavide pour le scruter avec un air presque craintif. Presque. "Tu vas quelque part ?"
D'abord surpris par les bruits d'applaudissement, il ne sursauta pas mais releva un peu son arme. Son visage se durcit, et arbora une expression dure et hostile. Cependant, quand il réalisa qui lui faisait face, il se détendit et baissa son arme. Il continua cependant de juger de haut ; il n'avait pas vraiment le choix, en même temps ; la personne qui s'adressait maintenant à lui. Il ne répondit pas, la fixant comme s'il était un animal qu'on aurait surpris brusquement. Il commença à réagir quand elle prit une nouvelle fois la parole, visiblement pour détendre l'atmosphère. Il répondit alors, d'une voix assez calme : « Tant mieux. Merci » Il n'allait pas en dire plus ; il n'était pas vraiment loquace, avec les inconnus. Ces remerciements étaient sincères, et pour lui, leur contact pouvait s'arrêter là. Il ne se demanda pas quelle arrière pensée avait son interlocutrice en l'abordant comme ça alors qu'elle aurait pu rester cacher ; il s'apprêtait donc à se retourner pour aller finir de réparer son vélo. Il stoppa net son mouvement quand elle posa sa question ; et se mit à nouveau à la fixer quelques instants avant de lui répondre : « à Dallas » Il s'apprêtait une nouvelle fois à se retourner ; mais il marqua un temps d'arrêt et hésita quelques instants. Elle était seule ; elle pourrait avoir des problèmes mais elle était visiblement du coin. Mais le regard qu'elle lui jetait sembla lui faire prendre une décision. Il inspira, avant de demander : « Besoin d'un coup de main ? Ou de quelque chose ? » Il se tut une fraction de seconde, et pensant que sa question devait être trop soudaine, il se justifia : « Tu m'as donné une information potentiellement utile ; je te dois bien quelque chose. Viens si tu veux » Il ne pensait pas qu'elle lui avait menti, à propos des hordes. Pourquoi le ferait-elle ? Il se tourna, sans faire vraiment attention à la dame. Il ne lui faisait pas confiance ; mais elle n'avait pas l'air hostile. Si c'était une voleuse, elle aurait essayé d'éviter le contact ou aurait adopté une tactique moins dangereuse que l'approche de front. Parce que si Aleksey avait été hostile, elle aurait pris des risques. Il estima donc qu'elle était de bonne foi et qu'elle n'avait probablement donc pas de mauvaises intentions. Il retourna à son vélo, posant au passage sa masse au même endroit qu'il l'avait pris, tout en prêtant attention aux potentielles paroles de la brune.
Au départ, il lui sembla ne pas être homme à garder compagnie. A peine avait-elle fini sa remarque qu’il se retourna pour retourner à ses affaires. Il n’était pas plus curieux que ça, ni plus méfiant. Il ne se sentait visiblement pas trop menacé par la carrure de la recruteuse – mais n’importe qui devait paraître plus fragile qu’il ne l’était quand on faisait deux mètres. Heureusement, il n’ignora pas sa question ou ne l’envoya pas balader, ce qui évita à Malini de réfléchir à une stratégie de secours. Dallas. Il allait à Dallas. Eh ben, pas farouche le monsieur. Si elle n’avait pas un bulletin complet de la situation de toutes les villes du coin, elle avait erré suffisamment longtemps pour savoir que les grandes villes n’étaient pas praticables. Il devait y avoir quelque chose à Dallas pour le pousser à s’y rendre, et elle se doute bien qu’il ne s’agit pas de la nostalgie de la Reunion Tower.
Elle commence à danser d’un pied à l’autre, se demandant comment il allait relancer la conversation, s’il allait finir par lui poser des questions. Déjà dans sa tête, la brune préparait une histoire à lui servir. Elle ne pouvait plus se comporter comme la recruteuse des crimson riders, il fallait qu’elle le teste, qu’elle dissèque ses réactions, sa capacité à vivre avec d’autres personnes, sa capacité à tenir sa parole si jamais il venait à la lui donner… Alors, est-ce qu'elle allait être la solitaire en fuite ? Celle qui ne sait pas où elle va ? Ou alors la personne exilée en attente d'être miraculeusement graciée ? Chaque scénario s'écrivait dans sa tête, mais elle savait déjà qu'elle déciderait à chaque fois au dernier moment, changeant certains détails pour appuyer sur les possibles cordes sensibles qu'il dévoilerait. Déjà il marqua un point en proposant son aide en signe de gratitude, comme il s’empressa de souligner. C’est qu’elle ressemblait au moins à quelqu’un qui ne dirait pas non à un coup de main. S’il ne lui faisait peut-être pas encore totalement confiance, au moins il ne la trouvait pas dangereuse. Elle allait jouer davantage sur ce côté ambivalent. « C’est pas vraiment un tandem que t’as là. » Le ton était légèrement sarcastique, mais la remarque n’en était pas moins valable pour autant. Mais déjà elle avait serré son sac sur son épaule et s’approchait, encore prudente. « Je m’appelle Malini. » Faire un premier pas en guise de bonne foi, ça fonctionnait parfois pour aider les gens à se détendre. Mettre un nom sur un visage, c’était un début pour décrypter l’identité et la personnalité de quelqu’un, et ça aidait aussi à l’humaniser. Les gens ont moins tendance à s’en prendre à quelqu’un qui n’est pas totalement inconnu. Sûrement ne veulent-ils pas prendre le risque de faire une victime dont ils peuvent se rappeler le nom. « Y a quoi à Dallas ? »
S'il ne faisait pas face à la brune, il l'écoutait ; d'abord ses pas, puis sa remarque qui le fit réagir. Il s'était déjà agenouillé à nouveau à côté de son vélo, et il s'affairait à faire un dernier tour de scotch à sa chambre à air percée ; il ne tourna pas la tête, continua ce qu'il faisait, mais lui annonça : « Non, effectivement. C'est juste un vélo » il commença à remettre la chambre à air dans la roue, alors qu'il écoutait la suite de ce que lui annonça la dame.
Il tourna la tête quand ce fut le cas, quelques instants après qu'il ait fini ses réparations. Il posa son regard sur elle ; il n'avait pas l'habitude de faire face à des gens plus grands que lui, et, à cause de sa position, c'était le actuellement le cas. Il trouva ça amusant, et laissa apparaître un franc sourire. Cette ''petite'' dame avait l'air d'être quelqu'un de sympathique ; elle ne l'a pas agressé, elle fait de l'humour, elle est jolie ; en somme, elle était amicale, et c'est tout ce qui comptait pour Aleksey. Il se demanda pas pourquoi elle était là toute seule, il n'allait pas lui poser la question ; considérant que ce n'était pas ses affaires. Il lui répondit alors, en toute sincérité : « Enchanté. Aleksey Schultz, professeur d'histoire à l'Université du Kensas » c'était des détails qui pouvaient paraître comme futile, que certain verrait comme un étalage de titre pas nécessaire ; mais il ne le voyait pas dans ce sens. Il continua, en répondant à sa question : « Beaucoup de choses ; même encore aujourd'hui, je présume. Mais je vais visiter ses musées, si c'était ça le sens caché de ta question » C'était bizarre, mais c'était sa façon de continuer d'apprécier de vivre. Se promener dans des galeries désertes ; parfois pillées, souvent intactes. Ou, encore mieux, aller fouiller les réserves des musées, et dénicher des œuvres un peu plus préservées grâce au fait qu'elles aient été protégées.
Il regarda son vélo, regarda son interlocutrice, se releva. Il ne fit pas un pas en avant ; il ne voulait qu'elle ait l'impression d'être agressée. À la place, il se contenta de lui demander, puisqu'elle n'avait pas encore dit si elle avait besoin d'un coup de main ou non : « T'en as besoin ? Dit-il en désignant le vélo d'un geste de la main. Si c'est vraiment le cas, je peux te le laisser, j'en réparerais un autre » Il lui donnerait vraiment, si elle lui répondait oui ; il lui donnerait même une partie de sa nourriture et de son eau si elle en formulait la requête. Pour lui, c'était tranché ; d'un naturel altruiste, il l'était dotant plus que les temps étaient durs, et que sa philosophie de vie le poussait à aider les gens. Il n'avait pas besoin d'être volé, ou dépouillé ; il suffit juste de demander gentiment, de s'asseoir au coin de son feu et de discuter un peu. Dans les faits, au final, peu avaient l'audace de l'approcher ainsi ; c'est probablement pour ça qu'il n'était pas encore mort. Certains l'avaient déjà fait avec de mauvaises intentions, et ont généralement mal fini.
En attendant, il regardait cette brune, en attendant sa réponse, et sa réaction.
On a vu des traces de vélo, dans Pedernales, Pourquoi t’es pas dehors, recruteur ?, on a besoin des jackals, c’est du sang neuf. Le chef des recruteurs avait les deux jambes coulées dans du béton, incapable de franchir les portes d’Olympia depuis que la reprise du Mall. Il avait toujours été instable, et paranoïaque, mais cela se traduisait habituellement par le besoin irrépressible de quitter la cage de tôle d’Olympia - pas d’y rester statufié, incapable de quitter les habitants du regard, incapable de parler, murer dans sa culpabilité et sa détresse. Fait un effort. Discuter avec Iris l’avait changé - physiquement, comme le montrer la natte qui descendait jusqu’au bas de sa nuque et son crâne à demi-rasé, mais mentalement … presque. Il était dehors - son regard hagard, et l’absence de lumière dans ses yeux remplacés par un sac à dos de guingois sur son épaule et un pas déterminé - déterminé à progresser vite et bien, sans faire un bruit alors que le recruteur se mouvait dans son élément naturel. Silencieux, légèrement penché en avant, il progressait comme s’il avait conscience du chemin, qu’il découvrait en réalité. Bass ralentit alors qu’il entendait quelqu’un inviter des rôdeurs à s’amener. Il esquissa un sourire amusé, mais qui n’était qu’un réflexe et ne parvint plus à ses yeux.
Bass s’approcha encore plus doucement, restant à quelques distances de l’homme - et de la femme. Il posa lentement un genou et une paume à terre, stabilisant son équilibre et son souffle tandis qu’il observait à travers les broussailles. Malini. Son visage était absent, ses yeux vides reflètent un instant la douleur qu’il éprouvait, le pincement de rappel, couteau dans la plaie. Il l’avait évité pendant des mois, éviter les sentiers où il pouvait deviner sa présence, faire de larges détours dans les secteurs où il savait qu’il pourrait la trouver, où ils avaient l’habitude de se retrouver. Jusqu’à ce que la femme qu’il avait cru aimer l’accule et que la rage, le dépit, le rejet mordent au coeur - et que certains mots soient prononcés, que sa gorge s’érode. Il prête l’oreille, entend les jeux familiers de la recruteuse. Quand elle fuyait, jouait des rôles, échapper, prouvait qu’on ne pouvait jamais la comprendre, jamais l’aimer pour elle-même car elle n’était qu’une ombre. Elle était fascinante, quand elle faisait ça. Un rire monte à ses lèvres mais il secoue la tête sans bruit. L’inconnu, Aleksey, avait l’air doux, gentil, immense face à la silhouette frêle de Malini - pour l’avoir eu dans ses bras, Bass savait à quel point son coeur était fragile, ses reins inébranlables. En somme Malini recrutait en faisant croire qu’elle avait besoin de protection, Bass en prouvant qu’il pouvait protéger – pas étonnant que cavaliers et olympiens soient toujours sur les dents ( ou les uns sur les autres ). Bass se força à oublier, à ne pas s’engager sur cette fois - il ne devait pas penser comment la conduite de Malini faisait écho aux prétendues fêlures de la jeune femme. Mieux la détruire parce qu’il avait cru la connaître sur le bout des doigts n’était pas un vice qui était dans son tempérament. Il n’avait éprouvé aucune satisfaction à essayer de la briser par les mots. Maintenant qu’il avait perdu sa famille, lui aussi…
Bass se redressa et sortit lentement de son couvert, pour les rejoindre, nonchalant. Il inspire pour lâcher l’air tranquille. ”- C’est gentil à vous, mais elle a tout un ranch de chevaux. Elle essaie simplement de vous toucher, de voir comment vous réagissez à ses sourires. Tâter de quel bois vous êtes fait. ” Il explique d’une voix douce, mélodieuse, comme s’il fredonnait, mais la douceur est incapable de monter à ses yeux ( plus depuis qu’il n’y a plus que fantômes défigurés et spectres en devenir dans son champ de vision, qu’il n’est plus qu’une plaie béante, et des dents acérées, semblables au temps de son errance ). Il esquisse un grimace envers Malini et s’adosse à un arbre avec un soupire. Ses mains croisées sur son torse, glissées sous ses aisselles, sa silhouette pour une fois aussi écrasée et discrète qu’il le désire, face à l’inconnu, il se fait inoffensif. Il lance, un peu las à Aleksey : ” - Il n’y a plus grand chose à Dallas. On a été récupéré les pièces intactes il y a un peu plus de deux ans maintenant.” Il y croyait à l’époque, un de ses premiers raids, il croyait que cela valait le coup de se taper la route, de se faufiler sur des voies rapides devenues des cimetières, d’être submergés par des rôdeurs en surnombre, allégorie de la foule angoissante des citoyens pour ramener précautionneusement l’art, la connaissance, des livres, des tableaux, ce qu’il fait un humain d’un homme. Il ne le referait plus aujourd’hui, comme s’il était déjà trop vieux pour connaître toutes ces choses qu’il avait un jour espéré offrir à sa fratrie. Comme l’hindi que Malini lui avait fait découvrir et toutes ses choses que Bass n’appréhendrait jamais, des débris dans une décharge. Il était fait pour le dehors, et pour ouvrir les portes d’Olympia, pas pour jouir de ses trésors - d’aucun trésor. Alors, Bass penche la tête sur le côté et observe : l'homme, le vélo, Malini, l'étrange triangle à la tangente duquel il reste.
Cet Aleksey était indéniablement un drôle de personnage. Elle a un sourire malgré elle quand il se présente comme professeur d'université et qu'il ajoute vouloir visiter les musées de Dallas. En voilà un qui profitait vraiment de la survie. La bonhomie du géant a quelque chose de rassurant : il existe encore des survivants qui donnent envie de les connaître. De fait, elle a presque des remords à jouer la comédie. Ce qu'elle aimerait, ce serait s'asseoir au coin d'un bon feu et lui poser des questions sur l'histoire. Elle se souvient avoir beaucoup aimé ces cours au lycée et avoir transmis son intérêt à sa fille qui était très férue d'histoire même à son très jeune âge. Fascinée par les grands événements de sa vie, elle passait les derniers mois de son existence à lire tout ce qu'elle trouvait sur l'Inde, après avoir épluché l'histoire des États-Unis en détail. Mais Malini ne le fera pas. Ou du moins, pas tout de suite. Elle a encore quelques réserves quant à l'homme. C'est qu'elle ne pouvait pas non plus se permettre de suivre n'importe qui et qu'elle ne pouvait pas non plus le laisser trop s'éloigner au cas où elle l'estimerait bon à être recruté – ce qu'il était déjà en bonne voie d'être. Mais il a encore des surprises pour prendre la recruteuse de court, à l'image de son offre. L'incompréhension se peignait sur le visage de la brune alors qu'elle répondait sans filtrer ses pensées : "Quel genre de type donne ses dernières possessions à une totale inconnue ?"
Il n'aura pas l'occasion de répondre parce que la voix de Bass s'immisce dans leur conversation. La voix de Bass ? Elle croit rêver d'abord, mais se retourne pour tomber face au recruteur olympien. Son visage se ferme aussitôt. Elle refuse de lui laisser le plaisir d'avoir créé la surprise chez elle – et autre chose. Car elle ne peut pas le nier, chaque fois qu'il parle, ça provoque quelque chose chez elle. Soit un certain frisson de plaisir quand il murmure dans son cou qu'il veut d'elle, soit un terrible sentiment d'impuissance quand de la même voix, il déverse sa haine en la regardant droit dans les yeux. Leurs précédentes rencontres n'ont rien de joyeux. Elle se souvient de cette journée de mai, sous un soleil printanier insistant, il avait laissé couler son fiel et avait laissé derrière lui une Malini ravagée qui a aussitôt plongé dans une longue période d'instabilité et d'envies suicidaires. Puis elle se souvient que plus tôt dans le mois, alors qu'ils venaient tous d'assiéger le mall avec succès, elle l'avait vu en retrait, assis sur des débris, droit comme la justice et le regard vide. Elle se souvient qu'elle s'est approchée, rendue impavide par les shots d'adrénaline de l'attaque et que doucement, elle lui avait présenté ses condoléances. Et il n'avait rien dit. Il ne l'avait même pas regardé ! Comme si elle n'existait pas. Et ça l'avait rendu folle et aussi quelque part, horriblement triste, forcée d'admettre qu'il avait un pouvoir sur elle. Un pouvoir qui l'effrayait, qui la poussait à instinctivement faire un pas en arrière et à regarder autour d'elle, un peu impuissante, à la recherche du meilleur moyen de s'enfuir.
Elle ne lui dira pas tout ça, elle ne veut pas le laisser paraître, mais c'est perceptible. La posture défensive qu'elle prend, ses doigts crispés d'un côté sur la bretelle de son sac à dos ou se baladant près de son couteau à sa ceinture de l'autre, tout dans ses gestes suggèrent un certain malaise. Malini, elle se rend alors compte que ça pourrait jouer en sa faveur. Sans jouer les victimes larmoyantes, peut-être qu'elle arriverait à faire en sorte qu'Aleksey remarque son trouble et s'interpose en sa faveur ? Elle y gagnerait un lien avec le géant brun et aussi d'éloigner Bass et les milliers d'autres mots durs qu'il pourrait avoir pour elle. "Je suis surprise qu'ils t'aient laissé sortir." Il n'y a pas d'ironie dans sa voix, juste un certain constat sur l'état parfois inquiétant du recruteur. Surtout qu'il venait de perdre son frère et qu'il devrait faire son deuil plutôt que venir arpenter les forêts. Elle prend une profonde inspiration, comme si elle rassemblait son courage. "J'aimerais que tu partes. Que tu me laisses tranquille." Et cette fois, il y a comme un soupçon de crainte dans sa voix.
Sa réponse, il l'avait ; il allait lui donner instantanément mais il n'en eut visiblement pas l'occasion. Surgissant de nulle part, à croire qu'il n'était vraiment pas quelqu'un de perceptif, un homme s'avançait vers eux et leur adressa la parole. Il tourna la tête, esquissant un geste vers son arme, quand il réalisa que l'attitude de l'homme n'était visiblement pas hostile. Ce qui lui annonça le dépassa visiblement ; un ranch ? S'il avait pu un jour en douter, il était bien arrivé au Texas. La suite semblait être un avertissement ; ou plutôt d'une indication sur ce qui était en train de se passer. Cette charmante jeune femme était elle en train de le tester ? Qu'importait, de toute façon, il n'était que de passage, et il avait bien envie de le signaler. Il marqua un temps de silence avant de répondre, alors que l'homme se plaçait sur un arbre ; il continua à cet instant où, encore une fois, il voulait prendre la parole. Mais c'était sa faute, il n'avait qu'à le manifester. Pour le coup, il se contenta d'écouter poliment ce que cet homme avait à lui dire. La curiosité le piqua instantanément, et, il demanda, clairement intéressé, voir même passionné : « Les pièces ? Vous pouvez être plus précis ? »
Les détails autour de cette rencontre, il s'en fichait. Il était au courant qu'il y avait un « on », mais décidait simplement de l'ignorer pour se concentrer sur ce qui lui semblait être intéressant : une potentielle collection préservée, probablement par un groupe du coup. Mais, l'homme n'eut pas l'occasion de répondre. Son interlocutrice initiale, Malini, sembla changer d'attitude en présence de cet homme. Est-ce qu'ils se connaissaient ? Était-elle stressée parce qu'il s'agissait justement d'un inconnu ? Ses paroles lui apportèrent une réponse partielle ; et qui ne lui plaisait pas. Il semblerait que oui, et pas dans le bon sens. Restait à savoir si cet homme, qui avait l'air fort sympathique et intéressant, était une menace. Il décida donc de prendre la parole, en restant où il est, avec sa franchise habituelle : « J'aimerais, avant de faire une malencontreuse erreur de jugement, savoir ce qu'il se passe exactement ; je ne suis plus très sûr de bien comprendre la situation » il fit alors quelques pas pour se placer entre les deux avant de prendre le temps de détailler sa pensée : « Tout me laisse pour l'instant penser que vous, très cher inconnu, représentez une menace aux yeux de cette personne. Est-ce le cas ? » il tourna la tête vers la brune, attendant une réponse ; d'un ton plus curieux qu'autre chose. Il n'avait pas une posture menaçante en soit ; sa carrure suffisait à dissuader. L'homme était probablement armé, comme tout le monde, et c'est pour ça qu'il n'avait pas sorti d'arme. Autant désamorcer la situation, ou avoir l'air de le faire pour essayer de surprendre le type s'il s'avérait être une vraiment menace. Dans ce cas, il n'aurait qu'à espérer être assez rapide pour pouvoir l'attraper avant qu'il ne dégaine.
Décidément, ces bois étaient loin d'être tranquilles comme il se l'imaginait candidement.
Bass se refuse à regarder Malini, à vraiment la voir - elle est dans un coin de son champ de vision, ombre noir, zone de flou, mais il ne pose pas directement les yeux sur elle. Il s’en sait incapable, il sait qu’il réagira, d’une façon où d’une autre. Nulle doute que la silhouette de l’ancienne mannequin ne laisse jamais un homme indifférent, mais dans son cas, cela n’a rien à voir avec un simple désir, une simple luxure. Malini a un pouvoir sur lui, sur son âme, et il n’est pas sûr de sa réaction s’il croise son regard. S’il serait furieux ou brisé, s’il reviendrait à genoux la supplier ou s’il essaye de l’attirer à lui, lui faire remonter le fil d’Ariane qui lie leur corps. Qu’il est incapable de couper alors qu’il s’est détourné d’elle depuis des mois. Il a été au plus profond du trou, il a vu son frère mourir, il s’est drapé de colère contre elle, il s’est forcé à l’oublier puisqu’elle ne voulait rien à avoir avec lui et qu’il ne pouvait être brisé qu’un nombre donné de fois. A la place, il contemple Aleksey avec une étincelle de curiosité dans son regard mort, les rouages des automatismes de sa vie se remettant lentement en branle. Il secoue la tête légèrement, il a un geste vague de la main. “- Des tableaux, des statues, des vieux livres” . Dans un sens, il est heureux de l’intervention de Malini, parce qu’il est loin d’être à même d’expliquer ce qu’ils ont ramené des raids. Elijah lui a un peu expliqué, mais face aux impératifs de la survie, des deux dernières années, la culture s’efface vite en Bass. Il sait simplement que c’était important, intéressant, intelligent. Cela lui suffit, à son niveau.
Sauf que la voix de Malini est violente dans sa neutralité. Si semblable au ton de l’instructeur le prenant pour un raté, un dégénéré et un futur risque mental. Surpris ? Non, il ne l’est pas - il finirait par devenir un danger pour ceux entre les murs, s’il y restait cloîtré trop longtemps comme un animal en cage. Mais avant de devenir un danger pour eux, il deviendrait un danger pour lui ( et peut-être, peut-être que dans la semaine qui a suivi la mort d’Elias, peut-être que c’était déjà le cas dans son mutisme et ses hurlements, dans la peine qui était devenue une plaie sur sa peau physiquement à vif, cabossée, griffée ). Il ne réplique rien. Il ferme les yeux simplement, et ravale une grimace dans un sourire qui a mal. Il les rouvre, stupéfait, en entendant la suite. Malgré lui, et contre toute bonne idée, Bass s’avance, et s’écarte de son arbre pour faire un pas vers elle. Ce n’est pas les mots - Il aurait pu, il aurait du lui répliquer de le laisser tranquille, de partir de sa vie et de son coeur en friche. Le ton… comme s’il pouvait lui faire peur. Comme si tout ce qu’il y avait de sale et de terrifiant en lui, elle ne l’avait pas aimé, il fut un temps - c’était pas le cas hein ? Elle n’avait jamais rien aimé chez lui, cherchant simplement à… lui faire mal. Comme si elle était fragile et vulnérable alors, comme s’il avait un quelconque pouvoir sur elle, physique ou émotionnel, alors qu’ils savaient tous les deux que non.
Le regard trop clair de Ferguson s’égare entre les deux, Aleksey, Malini, Aleksey, Malini, cachée derrière Aleksey. Cette fois, son regard montre clairement sa blessure, sa confusion. Il fixe Aleksey, les yeux écarquillés presque comme un enfant, et une revendication ferme, légèrement marquée de désespoir. “- Jamais, jamais je ne lui ferais du mal.” Le rejeter comme un malade, un fou, et sous-entendre qu’il pourrait lui faire du mal, profiter d’elle ou de sa faiblesse - ce sont les deux pires choses dont elle pourrait l’accuser, ce qui lui fait le plus mal. Il se tourne vers elle, rempli d’incompréhension “- Tu sais ça. Au moins ça de moi. Je ne te ferais jamais ça, jamais je ne lèverais la main sur toi, je… Non.” La sincérité est présente à chacune de ses syllabes,car pendant de longues minutes Bass y croit, que Malini a peur de lui, après tout ce qui s’est passé. Il est abasourdi; “ - Je ne suis pas une menace pour toi. Tu me tuerais d’abord, si j’étais capable d’y penser.” Ses mains sur sa gorge, tirant ses cheveux, des morsures dans sa peau - il peut y avoir de la violence dans les gestes, mais pas dans son intentions. Bien sûr qu’il tomberait dans le panneau, dans l’unique moment de faiblesse de la jeune femme, il l’a encerclée de ses bras, prêté son oreille attentive, prêt à tout pour la réconforter. La croyance que tout cela n’était rien, qu’il n’a jamais eu de moments privilégiés avec elle est fortement ancrée en Bass qu’il a oublié qu’aux yeux du monde, Malini est forte et qu’elle ne se présente comme fragile que pour obtenir ce qu’elle veut. De lui comme des autres, apparemment. Il ferme les yeux et grimace, amer, alors que lentement il perçoit le jeu de Malini. “- Le monde ne tourne pas autour de toi Malini. Tous les hommes ne tournent pas autour de toi. Je ne fais que mon job. Ramener des recrues à la ville.” Il explicite dans un chuchotis pour Aleksey, un signe de menton vers lui.
Sujet: Re: recruitment competition (ft. Malini & Bass) Ven 13 Oct - 21:37
bass malini « recruitment competition»
Le jeu fonctionne toujours. Elle pourrait en tirer une certaine fierté, de savoir qu'un battement de cils fait toujours frémir les hommes. Même après l'apocalypse, ils sont toujours prêts à prendre les armes pour défendre l'honneur d'une femme. Pourtant, elle a sept ans de survie dans les pattes. Ca devrait compter pour quelque chose, prouver qu'elle sait se défendre, n'est-ce pas ? Bass ne serait pas dupe, mais Aleksey lui... Il semble hésiter un moment mais son impressionnante carrure finit par se déployer devant elle. Il ne se lance pas immédiatement dans les hostilités, comme s'il pouvait sentir que ça allait bien au-delà du sentiment de menace normal. Il s'enquit d'abord, demande s'il interprète bien les choses. Il avait bien raison, personne ne voulait s'engager inutilement dans des altercations s'ils n'en avaient rien à retirer ou si ce n'était pas justifié. Est-ce qu'elle jouait avec le feu ? Peut-être un peu.
Elle ne répond rien, se contente de fixer Bass, le regard plein de reproches. Elle se contente d'observer le recruteur se décomposer quand il comprend tous les sous entendus, quand l'étau se resserre autour de lui. Elle pourrait, dans d'autres circonstance, esquisser un sourire. Parfaite théoricienne du chaos, qui prend une situation banale et la transforme en cauchemar individuel. Mais elle n'arrive pas à se réjouir de ses méfaits, elle n'arrive pas à se délecter de ses performances, parce qu'au fond, elle pense un peu ce qu'elle dit. Oh non, elle ne le croit pas fou, mais elle le croit capable de lui faire du mal. Pas physiquement, comme il s'en défend, mais moralement. Il l'a déjà fait. Avec des mots, avec de simples mots, il avait plongé la recruteuse dans plusieurs semaines de dépression. Est-ce que ça ne se perçoit pas ? L'errance qui a décidé des rides sous ses yeux, les idées noires qui assombrissent son regard... Est-ce qu'elle doit lui dire tout ça ? Lui parler des jours à marcher sans rien voir, comme si c'était la nuit tout le long. L'instinct de survie qui s'était fait la malle, quand mise face au canon d'un fusil, elle s'était mise à espérer – et même à faire en sorte – qu'on tire. La dernière fois qu'elle s'était sentie aussi mal, c'était seulement quelques mois à peine après l'Abominable, quand la perte était si prégnante que ça lui compressait la poitrine continuellement. Perdre la plonge dans le chagrin. Pas perdre le jeu, pas perdre la face. Perdre. Quand on fouille dans les entrailles pour en arracher sèchement ce qu'il y a de plus cher. Elle avait perdu Bass et ça l'avait poussée à fuir, à se fuir elle-même, à fuir ses sentiments, à fuir la douleur.
Elle le regardait sans vraiment le voir et écoutait vaguement ses accusations. Il n'y a aucune raison qu'elle tente de remettre le masque, de lui servir la souple de la femme intouchable, qu'on ne peut pas avoir, qu'on ne peut pas garder et qu'on ne peut supposément pas heurter. Ils peuvent penser tout ce qu'ils veulent, c'est pourtant simple de la blesser. "Il y a mille façons de faire du mal à quelqu'un." Juste un constat. Et elle détourne le regard, parce qu'elle est lasse. Lasse encore, quand elle daigne finalement répondre à Aleksey. "C'est vrai, il n'est pas une menace physique. C'est le recruteur d'un camp pas très loin, une petite ville encore civilisée. Et moi je suis recruteuse pour le ranch des Rhodes, plus au sud." Un coup d'oeil vers Bass la convainc qu'elle ne peut pas rester là plus longtemps, que ses émotions lui remontent à la gorge. Alors elle détourne le regard vers la forêt. Garder sa recrue absolument ou sauver son honneur ? Elle ne peut pas craquer maintenant. "Je vous laisse entre vous, il a probablement plein de chose à vous raconter sur moi." Du menton, elle indique la direction de Bass. Elle serre bien son sac sur son dos avant de finalement oser un dernier regard vers lui. Ne me suis pas, je te fuis.
“- Tu penses être la seule ?!” Le cri s’échappe de la gorge de Bass avant qu’il ne puisse se retenir. Hurlement plein de douleur en fusion, de colère pure, mais vide de sens, vide d’adversaire. Il se sentait comme ça : vide. Juste des nerfs à vifs, tenaillés par la morsure du soleil qui jouait si doucement dans les feuilles. Cri décharné, indigné, outré devant cette injustice, devant les mots de Malini qui le sortent, par la violence dans le cocon d’indifférence et de deuil dans lequel il s’était drapé. Un auditeur extérieur pourrait hésiter sur la teneur de ce cri de l’âme. La seule qu’il aime ? La seule qu’il désire ? La seule femme au monde ? Les trois du dessus, en réalité, mais ce n’est pas la question outrée et violente qui secoue Bass : est-ce qu’elle croit vraiment la seule à avoir souffert ? Est-ce qu’elle croit vraiment ne pas lui avoir fait du mal ? Il y a mille façons de faire du mal à quelqu’un et Bass les sent comme milles aiguilles. Les mots de Malini, son masque, sa fausse peur qui le blesse si profondément. Le manque d’elle, la forêt qui s’est tue et qui n’apporte plus aucun réconfort. Elias, son sang sur son visage, et le maison Ferguson de guignois. Les cauchemars, les mots qui l’étranglent et lui rappellent qu’il ne vaut rien. Les émotions lui entravent la gorge, enterre ses pieds dans le sol alors qu’il veut bouger. Il est sans repos, il n’a pas de cesse, ses doigts frottent son crâne rasés, ses joues, sa nuque - à défaut de pouvoir la toucher elle.
Qu’est-il censé faire maintenant ? Se réjouir de l’abandon, de la victoire par KO, sourire à Aleksey et lui proposer de venir voir les jolies peintures accrochées au mur ? Un tic déforme le visage du recruteur, encore marqué par les nuits sans sommeil et les nuits à se haïr jusqu’à la moelle. ”- Non… non…” C’est la première fois en un mois qu’il remet les pieds hors d’Olympia, que ses pas avalaient les kilomètres de routine pour recruter quelqu’un et il foutait tout en l’air. Il avait été incapable de poser les yeux sur Malini de peur de faire une connerie, et dès qu’elle lui avait tourné le dos, le puzzle recollé avec tant de douleur ces derniers mois s’effondrait à nouveau. Aleksey pouvait bien s’immoler par le feu pour ce qu’il en avait à faire.Il avait repensé à Malini. Pas les premiers mois - ou plutôt si, mais à la dérobée, s’interdisant de le faire : pour lui, pour Elanor, pour Olympia, et surtout parce que ressasser leur dernier échange le faisait osciller entre désespoir et colère. Chacun des mots prononcés étaient réels, sincère, et il ne pouvait les reprendre, pas plus que les regretter tant ils étaient d’une vérité blessante. Mais il regrettait d’en avoir tus d’autres, tout aussi vrais et importants.
Ne la laisse pas prendre de l’avance. L’adrénaline, l’angoisse et le stress remontent dans son corps, et le sortent de son tourment - Bass court à la suite de Malini, traçant entre les arbres pour la rattraper. Il ne s’agit pas de jouer cette fois, de traquer, de chasser, de se chercher. Aller d’un point A à un point B, sans perdre de temps, rallier leurs deux corps l’un à l’autre, aimantés. Ses pas sont faciles à retracer dans leur terrain de jeu familier. “- Malini !” Bass la rattrape, et la double, courant à perdre haleine pour s’immobiliser devant elle, faire rempart de son corps, son buste touchant un instant sa poitrine tant ils sont proches et Bass a un électrochoc. Ses doigts effleurent le poignet de la jeune femme et il veut, désespérément, c’est un besoin l’attraper par le poignet, la taille, la saisir, la prendre et juste lui prouver à quel point il est fou d’elle, y compris des morceaux brisés d’elle qu’elle ne laisse pas voir. “- Attends.” Il passe sa langue sur ses lèvres, muet, cherchant son regard. Quoi dire ? Il a souffert. Il est aussi brisé qu’elle, il a perdu sa chair, il est aussi mauvais, insauvable qu’elle, il n’a plus la force de prétendre quoique ce soit. D’être bon, d’être capable d’aimer, de vivre en communauté. Mais il n’a pas de mots, il n’a même pas vraiment d’excuses, et lui dire qu’il veut descendre aux Enfers en tenant sa main est inepte pour lui. “- Je ne peux pas te perdre. Aussi. Encore.” Bass avale sa salive, la douleur lancinante revenant dans sa poitrine dans son regard troublé, incapable de se détacher de ses yeux. Il ne sait pas comment il rompt les pas entre eux, si elle a reculé, si elle s’est rapproché, mais il est contre elle, sa main sur sa nuque et ses lèvres sur les siennes. Cherchant à communiquer ce que ses mots ne trouvent pas, et son envie de l’emprisonner entre ses bras, au chaud. Un instant, une seconde, comme une brûlure, il prend ses lèvres et son souffle, tout son corps entrant dans la danse, volé, interdite - et pourtant il se jette au feu. Laisse-moi.” Ne pas te faire de mal, recollez les morceaux, encore, comme avant, et ses doigts, plus légers, effleure sa joue, repousse une mèche, osant à peine toucher sa peau comme si elle était trop fragile ou lui trop sale.
Sujet: Re: recruitment competition (ft. Malini & Bass) Mar 28 Nov - 21:21
bass malini « maybe I love you after all »
Le cri se perd derrière ses pas résolus. Elle fait la sourde oreille, parce qu’elle doit, parce qu’elle peut et parce que de toute façon elle a peur de craquer, peur de se retourner le regarder encore s’éloigner d’elle. Ils s’étaient dits la dernière fois qu’ils ne voulaient plus jamais se revoir. À l’époque, ça lui paraissait justifié, mais maintenant, les échos de leur dispute sonnaient faux. Elle ne veut plus le revoir, pas parce qu’elle est en colère contre lui, mais parce qu’elle céderait forcément à ses émotions s’ils étaient à nouveau face à face. C’est peut-être pour ça qu’elle hâtait le pas, parce qu’entendre à nouveau sa voix, revoir les traits de son visage, zieuter vers son corps imposant, c’était autant de risques de replonger. Elle commençait tout juste à aller mieux, faisait moins de cauchemars, avait moins de pulsions noires… Mais elle est faible, Malini. Contrairement aux dires de tous. Sa chair la dépasse bien souvent. Les émotions qu’elle refoule au quotidien sont de plus en plus en nombreuses…Et elle est fatiguée. Quand elle le voit, c’est encore plus le cas. Fatiguée de devoir se battre encore, fatiguée d’ignorer la part d’elle qui cherche à se fondre dans les bras du recruteur. Parfois, dans un moment de lucidité, elle se demandait ce qu’il lui avait fait. Puis elle poussait encore plus loin la réflexion et alors la question qui lui taraudait l’esprit était plutôt : qu’est-ce qu’elle avait fait ? Le sentiment d’avoir tout gâché dans la bouche, elle commençait à y être habituée. Il l’a dit lui-même, elle est brisée, elle cherche à se faire du mal, on pourrait lui mettre toutes les cartes en main et lui donner un plan détaillé qu’elle arriverait quand même à tout foutre en l’air.
Est-ce que c’est lui qui l’appelle ou est-ce que son esprit lui joue un tour ? Est-ce bien une pointe de désespoir qu’elle entend dans sa voix ? Elle se retourne, incrédule et il est déjà près d’elle et sa première réaction c’est d’accélérer le pas, ne pas se laisser rattraper, mais c’est trop tard, il la surplombe déjà, sa main agrippe le poignet de l’indienne et la surprise s’étouffe dans une exclamation. Je ne peux pas te perdre. Les mots tourbillonnent dans son esprit sans qu’elle parvienne à les comprendre. Est-ce que ce n’est pas déjà le cas ? Est-ce qu’ils ne se sont pas déjà perdus ? Elle le pensait en tout, elle le pensait perdu et elle s’était torturée avec ce sentiment pendant des semaines, sans se rendre compte que l’inverse n’était pas vrai. Lui, il ne l’avait pas perdue. Il suffisait d’observer la scène, de constater à quel point son corps d’ordinaire révoltée à l’idée d’être agrippé se laissait faire. Malini, elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas ce qu’il fait, elle ne comprend pas ce qui se passe, elle ferme juste les yeux quand il se penche sur ses lèvres, comme si c’était normal, comme si c’était l’ordre des choses. Le laisser. Approcher, toucher, caresser sa joue… Le baiser gourmand traîne sur ses lèvres jusqu’au moment où elle réalise, réfléchit, fronce les sourcils et commence à s’insurger intérieurement. Bass Ferguson ne veut plus jamais la revoir, mais il ne veut pas la perdre. Parlons-en de cette contradiction ! Elle n’a pas la force de trier ses pensées, qu’il se décide à la fin !
Ses muscles se tendent, elle le repousse, pas brutale mais pas douce non plus et ses yeux rencontrent le bleu pour y chercher des réponses. Et elle n’arrive pas à interpréter ce qu’elle voit. Et de frustration, sa main s’élève et s’écrase sur la joue barbue dans un geste plein d’indignation. “C’est quoi ton problème Ferguson ? Y a même pas deux mois tu m’as fait un procès sur tout ce que je faisais de mal. Tu voulais plus jamais me revoir. Tu voulais pas la quitter. Et maintenant tu reviens comme une fleur et je devrais dire oui ?” Peu importe qu’elle en ait envie, peu importe que son corps soit en violente contradiction avec son esprit, elle maintient une posture ferme, puise dans ses dernières réserves pour ne pas juste lui tomber dans les bras. Mais les lèvres tremblent. Détermination, mais pas trop non plus. Une plante qui manque d’être arrachée par le vent mais qui s’accroche à ses dernières racines, avec une infime dose d’espoir. Soupir. “Non, en fait réponds pas. Je sais ce qui se passe. Tu es blessé. Tu souffres. Tu as besoin de réconfort physique, ça te donne l’impression que ça peut combler un vide. C’est ça ?” Elle sait, ou du moins pense savoir, parce qu’elle est passée par là. Au détour des chemins, elle rencontrait la chaleur des bras des survivants, et c’était comme combler le manque. Ou au moins, un manque. Le manque de chaleur qu’on associe à l’affection. A l’époque elle avait lu dans un article que les gens qui prenaient de longues douches chaudes cherchaient à reproduire la chaleur humaine, le sentiment de réconfort. Dans un coup de folie, elle se débarrasse de son blouson puis de son tee-shirt. “C’est ce que t’es venu chercher non ?” Il y a une pointe de colère dans sa voix, celle de se dire que ce ne sera peut-être que ça, que ça n’a finalement été que ça tout le long et qu’elle va bien finir par comprendre ses intentions une fois qu’il aurait eu ce qu’il voulait. Et dans le même élan de folie, de colère, de frustration, de douleur, de manque, dans toute cette cacophonie sentimentale, elle l’attrape par la ceinture, l’attire vers elle brusquement pour qu’il n’ait d’autre choix que de l’avoir contre lui. “Prends-moi maintenant.”
fin juillet 2017 La gifle qui s’abat sur sa joue était prévisible. Si Bass avait réfléchit avant d’agir, il l’aurait su, il et aurait décidé que cela en valait la peine. Cela : pas les lèvres de Malini, son corps soudainement frôlant le sien. Serait-il prêt à se laisser rouer de coups pour cela ? Oui, cela valait tout l’or oublié dans les forts impénétrables. Cela ne valait pas le coup, cependant, de forcer sa présence, son corps contre l’avis de Malini. Rien ne valait cela. Ferguson a beaucoup de problèmes. Il regrette le temps où Malini n’en était pas un, mais la douleur qui brûle sa joue l’indiffère. Cela vibre dans sa mâchoire, mais la douleur est vivifiante, réelle. Elle le tire de l’apathie et de la peur. Il entre en contact avec Malini, avec violence, avec passion, la même tension qui les électrifiait autrefois dans ces mêmes bois, lors de leurs joutes amoureuses. Elle lui répond, enfin. Les mots giflent plus fort que sa main, se brisent contre Bass en éclats qui l’entaillent profondément ; parce qu’il a prononcé chacun de ses mots, et il les a pensé avec une sincérité qu’il ne peut pas démentir. Mais cela ne l’empêche pas d’être captivé par le tremblement de ses lèvres, submergé par le désir d’y glisser son pouce. Bass écarquille légèrement les yeux – il était sur le point de répondre ! L’homme est rendu muet par la réserve de Malini, par la justesse de ses reproches qui déchirent sans honte ses propres illusions. Il ne veut pas, il ne peut pas accepter que tout soit fini ( avant d’avoir commencé hurle la voix romantique, la voix qui veut y croire, qui veut croire qu’il y avait quelque chose entre eux, quelque chose de plus qu’entre Beckett et lui ). Alors il cherche ses mots, cherchant comment lui faire comprendre ce qu’il ne perçoit qu’avec le cœur. Le regard vacille et Bass fronce les sourcils, le haut de son corps s’écartant légèrement : « - Non.. Oui… non. » Il est blessé, il souffre, il a besoin de réconfort physique, de combler un abysse dans ses tripes. Il lui avait fait un procès, il avait cru que ne jamais la revoir lui permettrait d’avance, il ne voulait pas délaisser les siens. Oui. Mais ce n’est pas ça – c’est ce qu’il voudrait, devrait lui dire. Qu’elle a tort sur toute la ligne, parce qu’elle avait raison. Bass est incapable de s’en sortir ou de répliquer. Il ne peut pas s’excuser de tout ça – c’était vrai. Mais c’était faux aussi. Ce n’est pas ce qu’il est venu chercher – à proprement parlé, il était venu dans ces bois pour essayer de tomber nez à nez avec le fantôme de ce qu’il était autrefois, pour fuir le manque glacé qu’à laisser la mort et les orgueils blessés. C’était le contraire de ce qu’il était venu chercher, le réconfort d’un corps gémissant contre le sien ne comblerait rien, ne le laisserait que démuni, minable, glacé en plein été. C’était ce que cherchait Casey en l’étreignant dans l’arrière salle d’une infirmerie, et Bass garde le goût amer de ce que ça a donné. Le blond secoue la tête, mais comment est-il censé pensé encore, réagir alors qu’elle se déshabille devant lui pour le provoquer. Il a la sensation diffuse que quelque soit sa réponse, ce sera la mauvaise et la bonne à la fois. Elle le désire autant qu’il la veut – et aimerait qu’il la prenne simplement pour repartir en l’oubliant, lui prouvant qu’elle avait raison sur toute la ligne. Une partie de lui se rebelle, hurle, qu’elle a dû dire ça à d’autres, pour couper court aux disputes, qu’elle projette ce qu’elle veut en lui, qu’il n’est pas Caden, il n’est pas Beckett et il veut juste qu’elle le voie lui, Bass. Qu’elle n’a pas le droit de faire ça. Ils devraient parler, mais ils en sont incapables, et c’est bien lui qui a ouvert les hostilités.
Une toute, toute petite part de lui se rebelle et résiste. Le reste, pas vraiment. Car, la colère et la hargne enflammée qui émane d’elle est presque aussi érotique son corps ou que ses mots à son oreille. Car il a déjà ses lèvres dans son cou, ses mains sur ses seins, et honnêtement il ne pense plus à autre chose qu’à elle. Il presse son corps contre le sien, et ses doigts s’accrochent à son dos, à ses reins, tandis qu’il la fait reculer jusqu’à un arbre, ses pieds trébuchant contre les siens, sa jambe entre les siennes, et l’embrassant sans retenue, toute barrière brisée. Il la veut. Autant que lorsqu’il avait retenu ses mains, ce jour-là à la bibliothèque, autant que quand il essayait de la haïr. Un moment plus tard pourtant ses baisers s’estompent, et il se redresse pour la fixer droit dans les yeux. Sa main s’est glissée dans ses cheveux, la maintenant fermement, la nuque exposée. « - C’est exactement ce qui a mal tourné. » Il s’entend articuler ces mots, mais le ton n’a rien avoir avec ce qu’il devrait être ( calme, raisonnable, un peu désespéré, prêt à reculer, attristé, navré ) : non, il lui dit ça de la même manière qu’elle lui a demandé de faire rencontrer leurs corps, exploser leurs manques à la figure. Un murmure plein de désir, les yeux qui la dévorent, le désir physique, palpable évident. Un murmure qui ne dit pas non, qui dit oui, et qui n’attend pas de réponse, alors qu’il baisse les yeux sur sa peau, baisse ses lèvres sur sa gorge, descendant avec fièvre sur son corps. C'est une mauvaise idée, et c'est symptomatique de toute l'incompréhension entre eux, mais il en autant besoin qu'elle, de ce moment de paix et de fureur entre eux. Qui consume enfin tout ce qui existe encore entre eux.
Il ne fallut pas longtemps au recruteur pour céder à l’injonction, céder à un appel qu’ils se lancent depuis des mois mais qu’ils ont ignoré beaucoup trop longtemps. Leurs corps cependant n’ont pas été sourds durant ces derniers mois et ça se sentait à la façon dont Malini réagissait presque instantanément aux caresses de Bass. Une armée de frissons colonise sa colonne vertébrale alors que la main du colosse vient crocheter sa hanche. Il la voulait, depuis longtemps. Des mots qui lui traînent encore en tête depuis des mois, qui marquent encore le creux du cou où il les a soufflés et où il s’affaire maintenant. L’arbre dans son dos lui coupe tout retrait, les bras qui l’entourent l’empêchent de partir… Mais de toute façon, elle ne veut pas se soustraire à son contact. Elle ne veut pas se défaire de l’emprise de son coup de folie, ni des autres coups que ça annonce. Son esprit oscille cependant : est-ce que c’est nécessaire ou désespéré ? Est-ce qu’en lui donnant ce qu’il voulait tant, il allait l’oublier ? Est-ce qu’elle allait l’oublier ? Peu probable. Il le confirme en lui attrapant les cheveux, en la forçant à le regarder, en lui murmurant ses dernières réticences. Mais elle n’a qu’un sourire en réponse, un sourire un peu mauvais : son cerveau est complètement retourné, elle n’a pas envie de réfléchir à tout ça maintenant. « Tais-toi, » elle se contente de répondre. A lui mais à elle aussi, à ses pensées qui virevoltaient à l’arrière de son crâne, fatalement raisonnable parce qu’il n’y avait plus que ces réflexions du fond du tiroir pour penser aux conséquences.
C’est peut-être la fin. Peut-être qu’après ça, il se rendra compte qu’au-delà d’un pur désir physique, il ne ressent rien pour elle et qu’il lui dira à nouveau qu’elle le dégoûte, comme il lui avait bien fait comprendre quelques semaines plus tôt. C’est peut-être la fin et ça lui tord l’estomac, mais au moins elle l’emporterait dans un sursaut de plaisir. Et elle garderait son parfum sur sa peau et dans son esprit et elle espère au fond que ça suffira, que l’avoir comblera le vide et n’en créera pas un plus gros. Elle est pressée Malini. Et elle est furieuse. Et son bas-ventre est enflammé. Alors elle s’attaque à la boucle de sa ceinture, sans prendre le temps, sans aucune douceur, elle n’a pas besoin que ça soit doux de toute façon, elle veut juste qu’il la libère de la frustration. Et déjà elle en est à déboutonner son jean, toujours avec le même empressement, celui du désir brutal. Le chat et la souris se sont enfin trouvés et les rôles s’inversent. Pendant longtemps, Malini avait cru mener la danse, le jeu entre eux, elle en connaissait les règles et les fabriquer au fur et à mesure. Mais en fait maintenant, c’est elle qui se fait mener, qui veut se faire mener même, qui succombe. Si elle exécute tout avec violence, c’est qu’elle a peur qu’en prenant son temps, ça ne la force à céder aux émotions. Elle s’en est déjà rendu compte sans se l’avouer : elle a besoin de bien plus de lui que d’un simple coup entre deux arbres. Et si elle le perd…
« Regarde-moi. » Elle lui intime alors que sa main descend plus bas pour le rencontrer entièrement, pour faire état de sa virilité. « J’aime pas l’amour vanille. » Elle énonce calmement. Parce que c’est plein d’attention, parce que c’est plein de sentiments et qu’elle a peur de beaucoup trop aimer ça justement, et de ne plus jamais y goûter. Alors à l’inverse, elle plonge un regard sombre dans le sien, avec une lueur lubrique qui dit : retourne-moi. Fais-moi mal s’il le faut. Et si tout dégénère, so be it.
Bass Ferguson
Olympians + le monde qui est le mien
Hurlements : 1971
visage : Travis Fimmel
crédit : gaja & miss pie & malini
survit depuis le : 14/10/2016
capsules de troc : 2961
Sujet: Re: recruitment competition (ft. Malini & Bass) Sam 27 Jan - 21:43
egotrip
Game on and forest on fire.
Malini & Bass
fin juillet 2017
Bass veut d’elle, en entier. Le désir qui brûle son bas-ventre, son corps qui se presse contre le sien comme pour oublier les mois de séparation. Elle, et le reste aussi. Mais une chose après l’autre, un baiser à la fois, une victoire comme une autre, qui en appelle une autre peut-être. La vaincre sans amour vanille, la mener à son lit, à ses bras, l’y enferrer définitivement pour oublier ce qu’est l’obscurité sans elle. Que leurs corps enlacés mènent aux sentiments, à la conquérir et à baisser ce dont elle s’enveloppe, camouflage de sang et de tripes pour lutter contre les cœurs ouverts et les confidences sur l’oreiller. Bass est sorti des ténèbres, mais c’est une course contre la montre lorsqu’elles lui collent à la peau, poisseuses. Malini n’a pas d’auréole, mais la chaleur de son corps le transcende. Le fait revivre. Pour la première fois depuis des mois, depuis un an, depuis leur rencontre peut-être ou bien avant, Bass ne se dégoûte pas lui-même. Plus ce vide oppressant dans son ventre, les tâches de sang qu’il est le seul à voir marbrer sa peau, les cicatrices, les bleus qui ne disparaissent pas, sa barbe qui lui mangent les joues et cache sa maigreur, ses cheveux rasés comme si cela permettrait un nouveau départ. Il ne se dégoûte pas et ce corps capable de tuer enserre Malini dans ses bras comme s’il pouvait les broyer en une seule personne qui tiendrait debout. Il se tait, obéissant. Il a la bouche occupée alors qu’ils joignent à nouveau leurs lèvres et la douceur du baiser fond sous la fougue. Pas de doutes, pas de paroles. Tant mieux. Il ne peut pas la laisser repartir, et cela se ressent à la manière dont il la retient contre lui, ses caresses rustres et maladroites, presque violentes. A cet instant, il s’en fiche de lui faire mal pourvu qu’elle soit sienne, qu’elle soit là. Tant pis s’ils se font du mal, tant pis pour les insultes et les ombres qui maquillent leur traits, cernés, et creusés, morts-vivants qui s’embrasent l’un contre l’autre. Cabosser leurs corps l’un à l’autre, tout foutre en l’air et baiser dans les bois. Qu’est-ce que ça change ? Tous ces mois à se résister, de peur de voir leur truc s’évaporer entre leurs mains, parce que Caden était accroché à sa peau, parce que Bass n’osait rien désirer, rien prendre. Tout ça pour finir au point de départ, leurs bois, Malini, nue et l’impression de se faire mal en se faisant du bien.
Il la regarde. Il ne fait que ça, même si son ordre son regard passe du grain de sa peau, à la courbe de son sein jusqu’à ses yeux. Sans incertitude, sans même le jeu qui caractérise si souvent. Il l’a trop longtemps regardée comme la huitième merveille du monde, la seule merveille encore debout, la seule qui se bat, pleine de sang et qui le prend aux tripes, cœur, esprit, entrejambe, tout d’un même bloc, la désirant de fond en comble. La sensation du pantalon qui glisse en bas de ses hanches, de la main avide de Malini qui le touche et l’électrise, ravissant son dû. Son esprit se fait la malle et il se sent à deux doigts de trembler contre ses bras, et ce n’est pas le froid des bois, ce n’est pas la peur qu’elle lui tourne le dos sans plus jamais se retourner. Ce n’est pas ce qui l’étouffe au creux de sa poitrine quand il la regarde, ces sentiments qui le consument et qu’il ne peut pas murmurer à son oreille en pleine nuit, laissé seul, laissé pour compte. C’est le désir, la frustration et le plaisir mêlé. Un grognement sourd sort de sa gorge. Bass montre les dents et un instant l’éclat de son regard s’assombrit jusqu’à faire peur, jusqu’à crier un autre combat, comme s’il pouvait vraiment lui faire du mal. Elle n’aime pas l’amour vanille. Elle n’aime pas l’amour tout court. Au loin, quelque part, il y a le cœur de Bass qui se brise. Il n’y a pourtant pas d’hésitation dans la manière dont il la regarde, juste du désir et de l’amour qui la regarde sans se cacher. L’olympien la saisit à la gorge, observe ses lèvres où il avait un jour déposer du sang, songeur et dépose un baiser sur ses lèvres, presque trop doux, tendre au possible alors qu’il s’appuie contre son corps de tout son poids. Puis, brusquement, il déboutonne son pantalon tandis qu’il l’embrasse avec la même violence que ses gestes sans égards pour elle et ses vêtements. Faire glisser les tissus de ses hanches pour la soulever du sol, l’envelopper dans ses bras.
Pas d’amour vanille. Il peut lui faire mal, il peut unir leurs corps sans douceur et avec le manque des mois passés à y penser sans aucun réconfort dans sa solitude. Il aimerait l’adorer de ses lèvres et de ses doigts, prendre le temps de caresser sa peau jusqu’à en connaître chaque grain de beauté et chaque soupire. Lui dire que cela ne se finira pas comme ça, que cela ne sera jamais fini, qu’il l’a dans la peau, qu’il crèvera sans elle cette fois. Prendre le temps, au lit, entre eux. Mais il n’y a que cette étreinte au fond des bois, et ses gestes pour essayer de lui transmettre ce qui bout dans sa poitrine. Il la veut – toujours pareil, à la fin des comptes, et Malini toujours à côté de la plaque, sans doute. La forcer à le regarder à rester auprès de lui alors qu’il est en elle, l’empêcher de penser à autre chose, de penser tout court. Et chacun de ses coups de reins est comme un désir de laisser sa marque, de ne pas se laisser oublier, de plus se laisse remplacer. Leurs corps au moins sont sur la même longueur d’onde, se répondent l’un à l’autre, à défaut de leurs esprits. Bass ne doit pas penser à la même chose que Malini puisqu’il pense à elle, comme un embrasement qui le brûle et le laisse pantelant dans son cou, contre ses lèvres, le regard rivé au sien dès qu’il le croise, hypnotisé. Elle n’aime pas l’amour vanille, il n’y tient pas non plus. Il tient juste aux sentiments que trahissent chacun de ses gestes d’une force mal contrôlée. Il ne l’oublierait pas. Pas après leur premier meurtre, leurs jeux, leurs baisers, leur première dispute. Tant de premières fois qui le laissent sur sa faim – comme celle-ci.
Ou non ? Ou pas ? Bass serait bien en peine de le dire alors qu’il s’écroule presque contre elle. Pas sur sa faim, mais toujours affamé d’elle. Il dépose un baiser, faiblard contre une trace de morsure laissée sur sa peau, la brûlure de sa barbe sur sa peau bronzée, puis d’autres lentement, le souffle erratique, comme si le mal qu’ils s’étaient fait pouvait être soigné par l’amour, qu’ils pouvaient se soigner l’un et l’autre. L’amour, celui qu’il éprouve pour elle, qui a éclot dans un cœur lacéré de griffes et de plaies, qu’il a envie de souffler à son oreille comme une promesse solennelle de ne jamais la quitter. L’amour qu’il tait alors qu’il ravale sa salive, son souffle, et son regard de tendre se durcit, comme pour la provoquer en défi, la provoquer de l’écarter, de le repousser, se rhabiller et l’oublier, encore.
L’expression accepte bien souvent qu’on passe de l’amour à la haine avec un seul pas. L’inverse est sous entendu, comme si à un sentiment aussi puissant ne pouvait se substituer qu’un sentiment encore plus fort. Pas de gradation, pas de demi-mesure, juste l’un ou l’autre dans un ballet incessant et souvent infernal. Mais l’a-t-elle seulement jamais haï ? Ou n’était-ce qu’un mensonge de plus ? Un mensonge servi à elle-même pour étouffer la peine causée… La vérité lui éclate brutalement alors qu’elle sent tout son corps s’enflammer au contact de sa peau, comme si elle avait retenu son souffle tout ce temps et que finalement le sentir contre elle lui redonnait la capacité de respirer. Si de la haine à l’amour, le pas est le même, qu’en est-il du pas entre le sexe et l’amour ? Est-ce que c’était maintenant qu’elle réalisait pleinement qu’elle n’était pas juste entichée de son sourire canaille mais qu’elle était entièrement dépendante à son bon vouloir ? Elle avait souffert de ne pas l’avoir vu depuis tant de temps, elle avait souffert des mots qu’il avait prononcés, et cette souffrance s’imposait à elle maintenant, à mesure qu’il comblait le manque qu’il avait causé. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachées, c’est Vénus toute entière à sa proie attachée. Les mots de Racine lui viennent à l’esprit alors que les lèvres du recruteur attrapait les siennes dans un baiser un peu trop tendre pour deux personnes qui prétendaient ne plus vouloir se revoir.
Il la capture dans son étreinte, ses bras trouvent naturellement leur place autour de ses hanches, ses doigts découvrent la peau de l’Indienne pendant qu’elle s’évertue à lui donner satisfaction, à réveiller la fureur, à le provoquer, et finalement il répond. Une main qui monte à sa gorge comme pour répondre à ses suppliques silencieuses, une promesse de lui donner ce qu’elle cherchait, mais aussi ce qu’elle ne cherchait pas, cette part d’amour qu’il ne peut pas s’empêcher de communiquer du bout des lèvres. Il laisse un sourire satisfait sur le visage de la recruteuse quand il commence à la déshabiller, à la manipuler, à la ravir du sol pour la réifier et la chérir comme elle l’aime. Pourquoi cet attrait pour la brutalité ? Elle sait déjà, ça l’éloigne de son humanité, ça éloigne de ce qu’il y a à voir derrière les barrières de la recruteuse : la faiblesse, le cœur fragile, le défaut d’affection. Elle détourne l’attention à coup de dent, joue avec ses ongles pour sculpter la peau de Bass, pour y dessiner des multitudes d’arabesques sans logique. Juste pour la plaisir de toucher la chair et uniquement la chair. Jamais le cœur. Elle ressent sa frustration, l’accumulation de longs mois à jouer un jeu qui laissaient des idées flotter à l’arrière du crâne, et aujourd’hui il avait l’occasion de lui rendre cette attente. Vengeance extatique. Il se donnait du mal à lui faire du bien, comme si c’était son unique chance, comme s’il voulait faire passer un message, laisser une marque indélébile. Voulait-il qu’elle lui affirme, à termes, qu’elle lui avait menti tout ce temps ? Elle ne pouvait pas l’oublier. Peut-être qu’elle lui dirait. Peut-être qu’elle laisserait voir une part de vulnérabilité, parce qu’elle se souvient qu’il avait été réceptif la première fois… Parce qu’elle ne veut pas le laisser partir. Et c’est presque désespéré d’y penser, d’essayer de le retenir par le chantage affectif, comme ces schémas malsains d’autrefois où pour sauver leur mariage, certaines femmes en venaient à faire peser sur leurs conjoints le poids de la paternité. Mais n’est-elle pas désespérée de toute façon ? Que lui coûtait vraiment cette manœuvre ? Elle pouvait l’atteindre.
Petit à petit, le feu dans ses reins s’épuise, laisse place au moment des amants à bout de souffle qui prennent maintenant le temps de se guérir, de passer les doigts ou les lèvres sur leurs blessures de guerre. Comme si c’était suffisant, comme s’il ne venait pas de se dérouler un long étalage de leurs douleurs respectives qui cherchent un exutoire à travers leurs pulsions physiques. La transe s’estompe pour laisser place à toute l’étrangeté du moment, leur nudité dans les bois où n’importe qui – ou n’importe quoi pourrait les surprendre à tout moment. Pourtant, reprendre les armes et retournait dans les impératifs de la survie lui paraissait bien trop difficiles, éloignés, comme s’il avait réussi à créer une bulle. Elle est dans sa bulle. A lui. Ses yeux s’égarent sur la carrure du recruteur, sur la lueur de défi dans son regard, puis elle s’attarde sur les marques qui se dessinent sur sa peau mate. Il ne s’était pas retenu, pas comme les autres qui doutaient de sa force à elle à pouvoir les supporter, alors que c’était souvent eux qui finissaient par manquer de fougue quand elle en avait terminé. Ce constat lui arrache un sourire un peu triste pendant que son esprit part à la dérive. Et s’il avait voulu délibérément lui faire mal ? Il avait prétendu ne pas vouloir la perdre, mais ça c’était avant. Avant ce moment. Comme si c’était le chamboulement total de tout ce qu’ils avaient pu se dire auparavant, un acte qui effaçait tout et laissait place à de toutes nouvelles considérations : il avait eu ce qu’il voulait, est-ce que son discours serait donc le même ? Il ne serait pas le premier homme de l’histoire à mentir à une femme pour en arriver là, il ne serait pas le premier à le faire avec elle, mais sûrement serait-il l’un des derniers. Alors elle darde à nouveau son regard vers lui, les iris noisette débordent de méfiance quant à ce qu’il compte faire ensuite. Peut-être la planter là, comme elle l’a fait la première fois qu’ils se sont rencontrés… D’une voix qu’elle aimerait dure, mais qui finit par s’étouffer sur ses derniers mots, elle commence : « T’as eu ce que tu voulais… » Mais Malini n’arrive pas à terminer sa phrase. Malini n’arrive pas à formuler les pensées qui assombrissent sa mine parce que Malini sent les premiers signes de sanglot : le cœur lourd, les yeux qui piquent, la gorge qui se serre. Elle tourne la tête juste à temps pour qu’il ne puisse pas voir sa grimace et ses efforts pour ravaler ses larmes. Et l'intention de manipuler n'y est même pas, c'est juste elle, brutalement mise à nue, brutalement mise face à l'idée qu'il aurait pu se jouer d'elle, qu'il pourrait disparaître cette fois. Vraiment. Alors péniblement, elle articule : « Si tu veux partir, c'est maintenant. » Et il y a derrière ces mots lourds l'étrange double sens : si tu ne pars pas, alors tu dois rester pour toujours.
Les mots courent le long de son échine et réveillent les frissons au passage. Pas vraiment, qu'il dit. Et ça réveillerait les indignations de la recruteuse si elle n'était pas occupée à repousser le sentiment de tristesse qui enserre peu à peu sa poitrine. Et son doigt inquisiteur vient chercher son visage derrière l'épaisseur des cheveux, mais elle n'obéit pas pour autant, reste fermement à observer le vide. Si seulement elle pouvait penser à ce vide... Mais il était partout. Dans sa tête, derrière ses paupières quand elle fermait les yeux, contre elle, sous sa peau et sur sa peau, elle ne pouvait plus l'ignorer, elle ne pouvait plus remettre le masque. Et les trois mots reviennent la narguer, écho du passé, de cette période où elle n'avait pas encore commis les erreurs qu'il lui a reproché si longtemps. Il la veut et elle aussi, elle aussi aimerait se soigner par sa présence, s'intoxiquer à son odeur, s'enfoncer dans ses bras. Bass Ferguson ne lui facilite pas la tâche. Dans son esprit, les questions s'accumulent. Qu'est-ce que ça veut dire tout ça ? À quoi est-ce que ça mène ? Est-ce que ça peut vraiment coller ? Elle n'est sûre de rien, si ce n'est qu'elle a bien compris qu'elle ne pouvait pas s'éloigner de lui. Ni maintenant, ni plus tard. Il avait réussi. Il la veut, qu'il dit. Et elle a presque envie d'argumenter qu'il vient de l'avoir. Mais elle sait ce qui se cache derrière ces mots : il la veut au-delà du besoin physique, il la veut comme aucun autre homme n'a réussi à l'avoir et il n'a pas idée d'à quel point il est proche de l'obtenir...
Ne pars pas, ne pars jamais... Mais ses lèvres sont scellées par la fierté, par l'envie insatiable d'avoir raison sur lui quand bien même elle en souffrirait plus que tout. Elle l'aime. C'est tellement simple à comprendre, tellement plus compliqué à dire, à accepter. Mais elle a peur qu'ils ne fontionnent pas ensemble, qu'elle l'écrase, qu'elle lui brise le coeur, qu'elle devienne folle et qu'il n'arrive pas à la contenir. Il n'est pas que garde-fou, il est aussi catalyseur et c'est dur d'être avec quelqu'un qui déchaîne tant de passions qu'il doit ensuite contenir. Avant la fin du monde, elle pensait savoir ce qu'était l'amour. Sa soeur lui disait souvent qu'elle tombait amoureuse comme on tombe d'une chaise. Par maladresse, sans y faire très attention finalement, elle voletait d'un homme à l'autre, confondant flirt et attirance avec amour. Mais lui... Ça n'était pas un hasard et ça n'était pas par mégarde. Ils l'avaient construit à deux, lentement, une confession sur l'autre, une histoire drôle sur l'autre, batissant un mur qui les enfermait tous les deux ensemble pour toujours. Et elle a peur qu'il lui obéisse quand elle lui dit de partir, et elle a d'autant plus peur qu'il s'écarte lentement et se rhabille, malgré sa ferme affirmation qu'il n'irait nulle part. Déjà elle se sent trahie, déjà elle se sent seule... Il ne la laisserait pas errer seule dans ces bois, si ? "J'ai menti..." Ça sort tout seul, sans préavis, sans explication et elle se tait un moment, pose sa tête contre le torse où il vient tout juste de la ramener. "Quand j'ai dit que je ne voulais plus te revoir. Quand j'ai dit que je t'oublierais. J'ai menti. J'en suis incapable."
Et elle aimerait reste là, que les bois disparaissent, que le monde tombe autour d'eux pour les laisser dans un cocon en dehors de la réalité, où ils auraient tout le temps de se découvrir. Qui est-il quand elle n'est pas là ? D'où lui vient cette dualité entre sa douceur et sa brutalité ? Mais le plus important : est-il taillé pour elle ? Il ne le sait pas encore, elle non plus d'ailleurs, mais elle va étouffer sa peine contre lui, et sa peine est bien lourde à porter, c'est un fardeau qu'elle traîne depuis six ans et qui n'a pas l'air de vouloir lui rendre la tâche facile. Et Bass a beau avoir la taille d'un colosse, elle n'est pas sûre que ses épaules soient plus solides pour autant. Après tout, il vient de perdre son frère... C'est un coup qui a sa charge également. Mais la bulle ne peut pas rester bulle. La réalité les enveloppe finalement et Malini recommence à percevoir le bruit de la nature. N'importe quoi pourrait surgir à tout moment et elle n'est absolument pas préparée. Alors tout doucement, pour ne pas précipiter le moment, pour ne pas perdre les dernières secondes contre lui, elle murmure. "On ne devrait pas rester là. Je connais un endroit..." Et elle sourit faiblement en faisant référence à la cavité qui avait scellé leur toute première nuit. Elle remet à plus tard, Malini. Les questions, les doutes, la fierté et la toxicité reprendront leur droit bientôt, elle veut juste leur faire un bras d'honneur le temps de quelques heures dans sa chaleur.