Sujet: why are feelings always so complicated ? ▸ zed Mar 6 Juin - 2:07
« Why are feelings always so complicated ?
Les yeux fermés, la tête légèrement relevée vers le ciel, Anaiah profite de la pluie qui tombe sur son corps assez peu vêtu. Ce genre de cadeau s'avère trop peu fréquent ces derniers temps et elle frissonne un peu, bien malgré elle. La nuit est déjà tombée sur la carrière et c'est sans doute la raison pour laquelle l'indienne ne prend pas vraiment la peine de se couvrir davantage afin de dissimuler son corps à la vue des curieux. Elle n'est pas vraiment pudique, non plus, se cache derrière l'habitation afin de frotter sa peau avec des racines broyées de chlorogalum, une plante à savon. Elle retrouve la chaleur du feu quelques minutes plus tard, démêle ses cheveux avec ses doigts alors que Mr. Gus vient lui mordiller les orteils. Le rat déteste la pluie et préfère de loin la chaleur omniprésente de la cabane, d'autant plus qu'il n'hésite jamais à se glisser sous la couverture afin de se réchauffer.
Felix n'est pas encore revenu de la chasse et Anaiah décide d'enfiler une robe qui lui arrive aux genoux et qu'elle a déjà dû réparer à plusieurs reprises dans les dernières années. Elle a promis de rejoindre Zed au Caveau ce soir et elle compte bien boire un peu afin de se changer les idées. Si elle réussit généralement assez bien à guérir les patients qui lui passent entre les mains malgré le manque constant de ressources, elle n'est pas encore parvenue à sauver Ebba et elle sait à quel point elle est importante pour Zed. Si elle ne le connaissait pas assez, elle pourrait même dire qu'il en est amoureux. Dans un monde où les catastrophes s'enchaînent aussi rapidement qu'une bombe nucléaire détruit tout sur son passage, l'amour ne semble pas vraiment avoir sa place.
Elle noue ses mèches brunes en une natte sommaire qui lui tombe dans le creux de la nuque, caresse le rongeur entre les oreilles pendant une fraction de seconde avant de quitter l'habitation pour se mettre à courir jusqu'à l'entrée du Caveau. Elle ne ralentit l'allure que lorsqu'elle se trouve à l'abri de la pluie, secoue un peu la tête et essuie son visage avant de se diriger vers le bar rudimentaire qui se trouve d'un côté de la pièce souterraine. Elle devine la silhouette de Zed, sur un tabouret, sourit et se mordille légèrement la lèvre avant de s'avancer vers lui. Afin de le surprendre et de le taquiner, Anaiah l'entoure de ses bras et dépose un baiser sur sa joue, pressant ainsi son thorax contre le dos masculin.
« Bonsoir. »
Elle le relâche pour s'asseoir sur le tabouret voisin du sien, se décale un peu afin de lui faire face entièrement.
« Tu as commencé sans moi ? »
Un sourire étire les lèvres d'Ana' alors qu'elle commande rapidement une boisson alcoolisée à son tour, un verre étant déjà posé devant Zed.
« Tu me dois encore une danse. Tu sais ça ? »
Un pari stupide quelques mois auparavant, beaucoup d'alcool afin d'oublier cette épidémie qui faisait toujours rage à la carrière et voilà qu'il lui avait promis une danse, la prochaine fois qu'ils se retrouveraient ensemble au Caveau.
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Sujet: Re: why are feelings always so complicated ? ▸ zed Jeu 22 Juin - 10:48
the red string of fate
anaiah kholi & zed g. hendrix
« Merci Bailey, » marmonne le blond quand il s'assoit à la place où l'attend déjà un verre un peu trouble, de ce liquide infâme dans lequel il vient se noyer tous les soirs : un rituel devenu quotidien. Il pensait avoir éradiqué cette manie de la consommation quelques mois plus tôt, à la lumière du sourire d'Ebba. Mais la grippe avait éteint cette lumière : à présent Zed était comme un enfant dans le noir, terrifié mais petit à petit et de plus en plus résigné à se découvrir des démons dans les ombres. Il ne lutte même plus contre elles qui le dévorent au fur et à mesure que le temps passe : il tient face dans les grandes représentations de la vie ordinaire, sourit, parle, vient en aide, c'est dans sa nature intrinsèque, mais ses pensées sont de plus en plus noires et violentes. Et il faut le dire, la culture des maux prospère pas mal par les temps qui courent.
Le goût irrigue les papilles, les muqueuses de la bouche ; il mentirait s'il disait qu'il sentait encore l'amertume, s'il disait que descendre la moitié d'un verre de ce jus de chaussette lui faisait un quelconque effet. C'est juste l'une des étapes d'une mécanique plus ou moins bien rodée, d'une suite de gestes dans laquelle il trouve parfois un réconfort inespéré. Comme à une bouée dans la marée, il s'accroche à ses systèmes même s'il ne sait pas quand la tempête va cesser, si elle cesse.
Ebba ne s'en sortira pas, c'est une certitude qu'il a, qu'il a formée au fond de lui-même. Il se ment la plupart du temps, croit encore aux miracles, à la rumeur d'un Lazare, mais tout au fond de lui-même il s'est déjà préparé à l'inévitable. Il l'a déjà perdue, comme il a perdu Kace avant elle, comme il perd une à une toutes les choses qui comptent à ses yeux. Quand il regarde son bras droit, cette jeune fille devenue sa protégée et sa protectrice, et sans qu'on puisse vraiment le cacher, cet amour qu'il s'interdit, il voit déjà un cadavre où d'autres verraient encore un visage certes éprouvé par la maladie mais encore plein de vie. Il voit les veines violacées sous la peau grise, et les cernes qui la rendent si fine, il voit les larmes et la sueur et les insectes qui rampent le long des lésions que la fragilité a provoqué. Il voit les os, les côtes surtout, les clavicules qui saillent sous le t-shirt sale. Il voit les cheveux qui collent à son front brûlant et les lèvres gercées - et alors, alors, il n'a plus tout à fait envie de l'embrasser, et plutôt sent sa gorge se nouer, l'air lui manquer. Quand il la regarde comme ça, il essaie de respirer mais invariablement ses poumons le trahissent ; il essaie de parler, mais toujours les mots se dérobent à lui. Cette semaine, avec l'état de la jeune fille qui empire, il n'a pas voulu lui rendre visite plus que quelques minutes par jour. C'est au-deçà de ses forces, il dirait si on lui posait la question, il ne peut pas, il répondrait.
Moitié vivante, moitié fantôme, elle le suit du regard dès qu'il ferme les yeux. La main crispée sur son verre, il se laisse hanter par la vision de la jeune femme sur son lit de mort, quand deux mains humides viennent l'encercler. Un long moment il pense imaginer tout ça, imaginer les doigts qui l'agrippent avec douceur, qui s'enlacent pour l'étreindre. Il imagine derrière lui Perséphone ou Proserpine, clémente face à son désarroi, attendrie par le salut qu'il implore du bout des lèvres. Prête à satisfaire ses attentes, à noyer l'homme dans l'oubli, à le laver de ses péchés. En plein fantasme, pleine divagation, il se laisse finalement atteindre par le contact charnel, ses lèvres sur sa joue, la voix d'Anaiah qui le ramène sur le rivage, à la réalité. Le blond grimace, comme pour remettre ses idées en place. Sa grande main passe sur son visage tiède, un peu noirci par la poussière d'une journée passée à aider dans les cultures. « Tu as commencé sans moi ? » demande la soigneuse, et à quoi Hendrix répond dans un haussement d'épaule, « Il faut croire que j'en avais besoin. »
Avec maladresse, son regard glisse sur la jeune femme : ses yeux noirs, ses longs cils, sa peau lisse et dorée, ses cheveux ébènes tressés et où s'échouent quelques gouttes d'eau glacée. Un sourire en coin tord sa bouche alors qu'il tend l'index pour l'en débarrasser en taquinant une mèche ondulée par l'humidité. La vision d'Ebba supplantée par une autre, il retrouve quelques couleurs à son univers. Une parenthèse dans un récit qui se fait raconter en cris et chuchotements, en rouge, noir et blanc.
« Tu me dois encore une danse. Tu sais ça ? » fait-elle avec son minois auquel il ne saurait vraiment dire non. Zed hoche la tête, bon perdant ; son sourire est encore timide néanmoins. Il prend une autre gorgée de son verre, laquelle il fait durer un peu plus qu'à l'accoutumée. « Il faut que je boive un peu plus que ça pour que tu me fasses danser, Anaiah, » lâche-t-il entre plaisanterie et grand sérieux. « Mais je te l'accorderai. Toute à l'heure. » Son regard balaye la tente ; la nuit est peut-être tombée mais les hommes les plus bourrus de la carrière y traînent encore leurs sales pattes et leurs grands projets de révolution bolchevique post-apocalyptique. Il avise du regard Garrett, ancien ami, grand rival, ennemi juré, et ce dernier lui rend l’œillade. Zed, sous son souffle, tourne la tête vers Ana et avec un demi sourire railleur précise, « Quand les saloperies auront déguerpi. J'ai déjà une sale réputation- » il fait référence aux rumeurs qui l'entachent jusqu'au cou, « je tiens pas à ce que mes talents de danseur fassent eux aussi les gros titres. » L'ironie accompagne ses propos, mais la vérité est moins modérée. Les rumeurs qui courent à son sujet lui ont pourri la vie : de sa présumée paternité à son supposé éloignement de la politique d'Aaren Diggs, il n'a pas du tout été épargné, quand bien même les bruits à son sujet se sont taris et ont laissé en grande partie place au mythe ou canular de Lazarus, cet homme relevé des morts. « Parle-moi, plutôt. Raconte-moi des choses. » Il est vague, le fait exprès. Si Ana est au Caveau, c'est peut-être parce qu'elle a besoin de vider son sac.
Spoiler:
Comment ça c'est un peu long... ? Désolée, ne te sens pas obligée, j'avais besoin de dire des choses. N'hésite pas si tu veux que je modifie quelque chose surtout. Bisous sur tes fesses :marisa:
egotrip
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Sujet: Re: why are feelings always so complicated ? ▸ zed Dim 2 Juil - 22:58
« Why are feelings always so complicated ?
Anaiah sourit légèrement lorsque Zed récupère quelques gouttes d'eau dans ses mèches brunes, ravie de constater qu'une petite lueur de bonheur semble raviver l'éclat des iris masculins pendant une fraction de seconde. Elle devine à quel point la situation actuelle s'avère difficile à supporter, pour lui, puisqu'elle surprend parfois son regard posé sur Ebba, derrière elle, lorsqu'elle fait baisser la fièvre avec une serviette imbibée d'eau glacée ou lorsqu'elle veille sur elle. Ce n'est pas facile de changer d'état d'esprit en quelques heures et un ou deux verres d'alcool n'y change pas grand chose. Si Ana' connait Zed depuis des années, elle l'a rarement vu aussi triste que maintenant, tente de lui changer les idées de son mieux sans vraiment réussir à lui soutirer autre chose qu'un maigre sourire. C'est mieux que rien, qu'elle se dit à chaque fois, heureuse de son exploit. Elle glisse délicatement son pouce sur le dos de la main du brun, baisse légèrement les yeux lorsque le contact s'évanouit, un doux sourire aux lèvres.
Elle s'amuse un peu en lui rappelant la danse qu'il lui a déjà promise, échappe même un rire un peu plus léger lorsqu'il affirme qu'il n'a pas encore bu suffisamment pour se laisser aller à quelques valses. Elle prend une gorgée du liquide alcoolisé qu'on vient tout juste de déposer devant elle, grimace et doit prendre sur elle pour ne pas tousser.
« C'est dégueulasse. Je sais pas comment tu fais. »
On s'habitue, sûrement, mais elle sait que Zed passe une grande partie de son temps ici, qu'il boit parfois jusqu'à ce que le soleil ait remplacé la lune ou que l'aube pointe le bout de son nez. Elle avale une nouvelle gorgée, se dit que le goût finira par s'améliorer, avec le temps. Anaiah se retrouve rarement au Caveau, elle n'a donc pas la chance - ou la malchance - d'apprendre à apprécier le goût typiquement infâme de la boisson qu'ils servent ici.
Elle surprend les regards que Zed lance autour d'eux, pousse un léger soupir alors qu'il parle de sa propre réputation qui dégringole. Elle le connait suffisamment pour savoir qu'il est quelqu'un de bien et qu'il mérite qu'on le laisse tranquille, mais elle sait aussi à quel point les rumeurs qui lui collent au cul peuvent être pesantes et difficiles à maîtriser sur le long terme. Les gens parlent, ça s'ébruite et quand le racontar vous vient aux oreilles, il est déjà trop tard et tout le monde est au courant.
« Tout est bon pour se divertir un peu, ici. »
Elle soupire, prend une nouvelle gorgée de sa boisson alors qu'elle déteste franchement tous ces gens qui se mêlent des affaires des autres sans même être un minimum concernés. Vivre et laisser vivre semble être un adage oublié par un grand nombre d'habitants au sein de la carrière, comme si les moindres faits et gestes des voisins devaient absolument être épiés, questionnés et analysés. Anaiah met un point d'honneur à ne pas s'immiscer dans la vie privée des autres et ce, même s'ils vivent tous au sein d'un diamètre particulièrement restreint. Chacun fait ce qu'il veut de sa vie, elle n'est là ni pour juger, ni pour espionner.
Un sourire étire ses lèvres lorsque son ami reporte son attention sur elle en lui demandant de lui parler et elle se mordille distraitement l'intérieur de la joue, joue un peu avec le verre qu'elle fait tourner entre ses doigts.
« Tu sais, les journées se ressemblent beaucoup, ces derniers temps. Je n'ai pas beaucoup de temps pour moi et c'est tant mieux, ça m'évite de réfléchir trop en détails. »
Elle débute en haussant légèrement les épaules, sait pertinemment qu'elle doit éviter certains sujets en compagnie de Zed. Ebba, notamment. Pourtant, la jeune femme est souvent dans ses pensées, en ce moment, et ce n'est pas si facile de la laisser filer et de la mettre de côté.
« Je t'ai dit que j'ai appris à Mr. Gus à aller chercher des framboises sauvages ? T'aurais dû le voir quand il est revenu. Il en avait partout ! »
Elle rit un peu, se remémore le museau entièrement rouge du rat alors qu'il s'était définitivement gavé de petits fruits avant de lui en ramener quelques uns.
Un mouvement attire son attention dans le coin de la tente et Anaiah détourne les yeux quelques secondes afin de témoigner du départ de l'une des crapules dont parlait Zed auparavant avant de reporter un regard amusé sur son ami.
« Un de moins. J'ai hâte de voir ce déhanché que tu m'as promis. »
Elle rit, effleure sa hanche du bout des doigts avant d'agripper son verre pour le finir d'une traite, non sans grimacer à nouveau.
« Oh tu sais quoi ? Je pense qu'il y a quelques gamins qui aimeraient apprendre à lire. Ou à compter. Ça pourrait te faire du bien de passer un peu de temps avec eux. Tu les rendrais heureux, en plus. »
Elle propose son idée prudemment, un petit sourire au coin des lèvres alors qu'elle commande déjà un nouveau verre. Si elle désire l'avaler sans rechigner, elle doit en prendre plus que ça.
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