Sujet: It's always darkest before the dawn. Mer 2 Nov - 18:27
Le sommeil est sûrement ce qu'il y a de plus rare en temps d'apocalypse. Les nuits courtes à s'agiter deviennent la norme, on vit de demi-comas de quatre heures et de nerfs à vif et on appelle ça être reposé. Et chaque fois que les paupières ont le malheur de se fermer, c'est juste pour repasser les images sinistres de six ans en enfer. Qu'on lui apporte celui qui peut dormir en paix, et Malini lui jettera plus qu'une pierre. Le confort approximatif d'un duvet sous une tente n'aide pas non plus dans la précieuse quête du sommeil. Tout comme les soucis, d'ailleurs. Elle se retourne pour la centième fois en dix minutes, les yeux désespérément ouverts et la gorge désespérément nouée. Il lui faudra bien plus qu'imaginer les draps en soie de son ancien lit pour pouvoir dormir cette fois-ci. Pas après ce qui s'était passé aujourd'hui.
On lui avait dit que ce n'était plus la peine qu'elle vienne surveiller les enfants, qu'on avait trouvé quelqu'un d'autre pour la soulager de cette tâche. Et le mot s'excitait dans son esprit, prenait de l'ampleur jusqu'à l'oppresser. Elle avait voulu répliquer, expliquer que venir les voir était justement son seul soulagement, mais les arguments s'étaient accumulés en face. Finalement, avec un sourire plat, elle s'était retirée sans esclandre. Le regard vide, le pas lourd, elle avait fait le tour des champs et des pâtures en espérant retrouver un peu de tranquillité. Le calme de l'extérieur. Mais dans sa tête, ça sonnait trop. Elle ne le voyait pas, mais elle le sentait, le dénivelé dans son esprit. La pente dangereuse qu'elle dévalait à toute vitesse et qui ne cessait de s'incliner comme si on voulait absolument la voir s'éclater violemment au fond et le plus rapidement possible. Il paraît que parr les temps qui couraient, fallait pas se méfier des morts mais des vivants. Et de soi-même. Malini en avait vaguement conscience, le danger venait d'elle aussi. L'espace de quelques secondes, elle avait eu l'idée de repartir à l'extérieur, alors même qu'elle rentrait tout juste d'une campagne de recrutement. Elle aurait peut-être pu convaincre Abel, qui sait ? Peut-être qu'il n'aurait pas vu le masque de fatigue, peut-être qu'il aurait pensé que c'est juste son air habituel... Mais elle savait aussi qu'elle était épuisée, et que si elle sortait sous le coup de l'émotion, elle aurait bien été capable de pas revenir. Et ça, ça lui ferait trop plaisir.
Alors qu'elle se retourne une fois de plus, la suspicion se transforme en certitude et elle pulse dans ses veines. Cette idée de la remplacer à la garderie, elle était pas tombée du ciel sur le crâne des décideurs. Quelqu'un avait dû la planter là, et il n'y avait qu'une personne avec la capacité et le mobile pour le faire. Elle se lève précipitamment de son semblant de lit, enfile ses baskets et sort de sa tente avec détermination. L'été texan ne semblait pas vouloir céder du terrain, un temps propice aux nuits à la belle étoile. Malini jette un regard ci et là sur les riders étendus autour d'un feu, agacée par ce côté festif. « C'est pas le camp des scouts, putain. » Elle marmonne pour elle-même, pour s'entendre et se donner un peu de courage. Mais elle est prise de doutes quand elle arrive face à la bâtisse des Rhodes. Elle danse d'un pied sur l'autre, se demande si c'est une bonne idée et quel mensonge elle pourrait bien raconter à Abel si elle se fait prendre. Alors elle fait demi-tour, s'arrête à nouveau, se laisse ronger une dernière fois par la colère pour redonner du sens à ses actions. Finalement, elle prend la direction des écuries. Elle sait qu'une fois l'aube venue, l'objet de ses représailles viendra sûrement s'occuper des chevaux. Et Malini attendra.
***
Les cernes lui crèvent les yeux. La fatigue l'engourdit un peu, mais l'attente la tient résolument éveillée. Dans sa tête, elle s'est refaite cent fois la conversation, mais il n'existe aucun scénario où elle ne finit pas par encastrer la demoiselle dans une barrière. Alors que l'heure approche, une dernière pensée vient la cribler. Et si quelqu'un d'autre se montre à sa place ? Et si c'est Caden qui se présente plutôt ? Malini se pince les lèvres. L'appréhension phagocyte ses capacités de réflexion. Elle improvisera s'il le faut, esquissera sa moue innocente, endormira n'importe quel soupçon.
Un peu d'agitation se fait entendre et la jeune femme se redresse et se tient bien droite, comme si elle se préparait à un événement militaire. Mais c'est qu'on n'est pas très loin tout de même : dans sa tête, c'est déjà la guerre. Et finalement, une silhouette se dessine sous ses yeux fatigués, une démarche qu'elle méprise mais qui finit par se suspendre dans un sursaut de surprise. C'est que Cirilla ne devait pas s'y attendre maintenant, ou alors pas en cet endroit. Mais elle était préparée, c'est sûr.
« C'est de ta faute, avoue. Ça puait tellement la mesquinerie que ça pouvait être que toi. » Malini attaque avec la confiance de celui qui se croit dans son bon droit, celui qui pense se défendre d'une offensive qu'il n'a en aucun cas commencé.
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Sujet: Re: It's always darkest before the dawn. Dim 6 Nov - 20:24
Une fois n'est pas coutume, Cirilla devait admettre qu'elle avait été d'une subtilité et d'un sang froid auxquels elle avait habitué peu de gens. Elle n'était pas un maître de la manipulation, d'habitude son honnêteté et son exubérance lui permettaient d'arriver à ses fins avec un manque certain de finesse. Mais face à la menace que représentait Malini, à ce conflit qui taisait son nom, les regards noirs dissimulés par des sourires, et les insultes voilées de sucre et de guimauve, elle s'était sentie obligée d'agir. Elle était incapable de mettre le doigt sur le pourquoi du malaise qui l'envahissait quand elle voyait la jeune femme. Était-ce les étreintes trop appuyées, Chloë blottie avec possessivité contre sa poitrine alors que ses bras se serraient brusquement quand Cirilla tendait les mains pour la reprendre ? L'intrusion dans son quotidien et Malini qui s'était proposée de venir l'aider avec trop d'enthousiasme, jusqu'à en voler des moments qui n'étaient pas à elle ? La fureur presque fanatique de cette dernière (s'en était-elle seulement rendue compte, dans sa colère?), quand elle lui avait interdit l'accès à sa fille ? Depuis ce jour, leurs rapports étaient allés de mal en pis. Cirilla ne voulait pas juger sans connaître, elle n'avait eu que des rapports ponctuels avec Malini, pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de conversations qu'elles avaient pu avoir, mais elle ne pouvait se défaire de l'idée qu'elle en avait après son bébé, en particulier. Alors, après s'être assurée que quelqu'un s'occuperait systématiquement de Chloë en son absence – pas Malini, surtout pas Malini — elle avait commencé à se renseigner sur les autres habitants du ranch, leurs anciens emplois, et avait trouvé une institutrice, Emma, une fille délicate couverte de tâches de rousseur qui semblait plus qu'heureuse de prendre le relai. L'idée n'avait pas été difficile à instiller aux Rhodes. Abel avait lui même un garçon, et quoiqu'il ne soit pas le plus grand fan de Cirilla, il avait été sensible aux arguments d'éducation, de lecture, de classes de jour avec un véritable encadrement intellectuel « Malini est adorable et elle s'occupe bien des enfants, mais il lui manque l'expérience d'Emma. Elle sera bien plus utile en raids. » et puis Malini a l'air si fatiguée. Alors, ils avaient accepté, et Cirilla s'était silencieusement réjouie de son coup de maître. Après tout, Malini, c'était aussi la fille qui l'avait remplacée aux côtés de Caden. Elle n'était pas stupide, savait très bien que Caden n'avait jamais était sien, on ne possède pas les êtres humains. Mais à le voir si complètement aller de l'avant, et avec cette fille en particulier, qui ne lui ressemblait en rien, elle n'avait simplement pas apprécié. C'était trop de coïncidences. Caden, et puis maintenant Chloë. Cirilla n'en avait parlé qu'à Jenna. Elle se sentait suffisamment paranoïaque, n'était pas prête à ce qu'on relègue ses suspicions aux divagations d'une folle. Elle avait l'impression de perdre la tête, de voir le mal partout, mais non – elle n'avait pas imaginé. Elle était aussi persuadée d'une chose : elle ne savait pas comment, elle ne savait pas pourquoi, mais Malini était au courant. Non pas qu'elle lui ait dit, un bon joueur ne révèle jamais ses cartes avant la fin et Malini était une sacrément bonne joueuse. Restait à deviner quel jeu se cachait entre ses mains, et l'utilisation qu'elle comptait faire de cette carte. Pour le moment, Caden n'était pas arrivé, enragé, pour la maudire de lui avoir menti par omission, ce qui la laissait à penser que Malini ne lui avait pas annoncé, mais cette épée de Damoclès pesait au dessus de la tête de Cirilla qui se sentait enfermée par sa propre traîtrise. *** La nuit avait été courte, entrecoupée par les cris de Chloë qui continuait de faire ses dents, et Abel qui était venu la sommer une centième fois de faire taire la gamine sous peine de se faire jeter hors de la maison. C'est donc avec des cernes de trois mètres de long qui lui donnent l'air d'être un vampire (Edward Cullen, me voici), le corps grelottant de fatigue et de froid, léthargique et encore endormie, qu'elle traîne les pieds jusqu'aux écuries. Elle est motivée par l'idée qu'après avoir nourri les chevaux, nettoyé leurs boxs et les avoir sorti dans les près, elle pourrait piquer un somme dans un coin de box, en enroulant une plaid autour d'elle pour se faire discrète. De toute manière, Caden ne viendrait pas aux écuries aujourd'hui, c'était son unique jour de repos, à moins qu'elle ne le fasse mander pour une urgence avec l'une des montures. Allait-il passer la journée avec Malini ? Une jalousie sourde et laide s'insinue en elle, mais elle l'ignore. Ça ne la regardait pas.
L'air est frais, et la pluie a tracé de longues flaques d'eau sur les sentiers boueux qui mènent aux écuries. Cirilla évite les plus grosses mares en sautillant d'un côté du chemin à un autre, et cet exercice matinal a le mérite de la réveiller complètement. L'odeur de l'averse, de l'herbe mouillée, est vivifiante et énergisante. Quand elle arrive enfin aux écuries, elle a de la terre sur toute la longueur de ses bottes mais elle est de bonne humeur et elle sifflote. Elle attrape l'une des brouettes et la charge de fourrage et de graines. Cependant, une voix familière qui lui arrache des frissons d'aversion l'interrompt « C'est de ta faute, avoue. Ça puait tellement la mesquinerie que ça pouvait être que toi. » Cirilla détourne la tête pour faire face à son interlocutrice. Elle sait déjà qui va se retrouver dans son champ de vision, mais la vue de Malini si tôt le matin la fait quand même grimacer, comme un réflexe involontaire. Il faut le dire, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle la découvre si rapidement auteure du stratagème – de quoi d'autre pourrait-elle être venue lui parler ? Mais, la surprise passée, elle reprend prise et module son visage pour garder un air neutre et surtout plein d'incompréhension. Elle avait toujours su qu'elle serait mise à jour, c'était simplement plus tôt que prévu. Jamais Malini ne l'avait confrontée aussi ouvertement, et la colère qu'elle peut deviner dans sa contenance est utile. Qui sait, peut-être qu'en la poussant hors de ses gonds la jeune femme en dévoilerait plus que désiré.
« Qu'est-ce qui est ma faute ? Si tu viens m'accuser d'un quelconque grief sois plus explicite, que je sache quelle est l'accusation, et de quoi je me défends. » elle sourit avec indulgence, comme on sourit à un enfant insolent et indiscipliné.
Sujet: Re: It's always darkest before the dawn. Dim 13 Nov - 15:01
Un rictus inquiétant tord ses lèvres alors que son regard détaille Cirilla de haut en bas. Elle ne paye pas de mine non plus. La fatigue d'une jeune maman lui voile le visage et Malini est renvoyée à des années en arrière, quand elle-même enchaînait des nuits courtes à calmer un bébé pour le moins agité. Il n'y a cependant aucune once de compassion de la part de la recruteuse, ses deux sphères noisette reprennent la teinte glaciale du mépris. Il n'y a qu'un sentiment possible envers la blonde, et il est profondément négatif. Malgré son corps engourdi par l'attente, elle se lève et s'étire brièvement. Elle ne supporte pas l'idée d'être regardée de haut, alors elle toise Cirilla en premier. Aucune ne veut paraître faible face à l'autre, animée chacune par un instinct peut-être un peu trop animal. « Tu as donc tellement à te reprocher que tu ne sais même plus à qui tu causes du tort ? Remarque, ça ne m'étonne même pas. Alors laisse-moi t'éclairer. Tu fais chier tout le monde. » Elle se garde bien de le dire aux autres, ne veut pas passer pour une commère médisante, mais son opinion sur Cirilla est bien arrêtée. Cette femme est l'allégorie de l'égoïsme, elle prend et ne rend jamais. Elle laisse une traînée de personnes désœuvrées derrière elle. Malini le sait, parce que c'est dans cet état qu'elle a récupéré Caden.
La recruteuse croise ses bras sur sa poitrine, elle se tient droite, pleine de la dignité de ceux qui ont tout perdu mais ne veulent pas l'admettre. C'est peut-être parce que Cirilla a quelque chose d'elle au fond que ça pourra jamais coller entre elles. Elle aussi c'est une femme de caractère, qui ne plie pas. Qui ne plie jamais. « Mais si tu tiens tant à savoir, hier j'allais rendre visite aux enfants et on m'a dit que mon aide n'y était plus nécessaire. On m'a dit que ce n'était pas contre moi, que c'était pour me soulager. » Elle insiste sur le dernier mot, celui à cause duquel elle n'a pas réussi à dormir, celui qui l'a mis sur la piste de la jeune maman. Malini s'en rappelle, quand elle gardait Chloë, elle disait la même chose. C'est pour te soulager, Cirilla, c'est pas facile de trouver du repos les premiers mois. Et au fond, peut-être que la recruteuse pensait vraiment l'aider, peut-être qu'il n'y avait pas encore toute cette machination en place. Elle ne sait plus quand ça a commencé, elle ne sait plus quand tout a basculé en dessein sombre. « Je sais que ça ne peut pas être l'idée d'Abel. Il m'en aurait parlé avant. C'est forcément quelqu'un d'autre qui a dû mettre tout ça en place. Et honnêtement, il n'y a qu'avec toi que ça coince ici. Donc remonter jusqu'à toi a été plutôt... évident. »
Aussi simple qu'une règle de mathématiques. Cette histoire lui laisse un goût amer dans la bouche, un goût fade de vengeance. Elle se force à la patience, même si l'envie de défigurer Cirilla pulse dans ses veines. À la fin, quand tout aura pris sa place, Cirilla n'aura plus rien et Malini la dépouillera même de ce rien du tout-là. « C'est à cause de Caden ? C'est parce que tu es jalouse, c'est ça ? » Les lippes s'étirent et accompagnent le reste du visage pour former une expression de pitié. Aborder le sujet sensible, c'est sa chance de pousser la blonde hors de ses retranchements.
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Sujet: Re: It's always darkest before the dawn. Dim 18 Déc - 21:10
Malini est forte, elle assène insulte sur insulte avec naturel. Cirilla suppose qu'au fond, elles se ressemblent peut-être un peu trop pour jamais espérer s'entendre, toutes deux passionnées, enflammées, bilieuses. Le détachement qu'elle s'est imposée lui permet de ne pas prendre à cœur l'injure. Mais elle ressent tout de même un pincement, retrouvant un fond de vérité dans ce que dit Malini. Elle se sait loin de l'innocence qu'elle plaide, mais refuse de plier face à sa rivale. Pour tout dire, elle n'aurait pas pu évincer avec autant de facilité la jeune femme si ses interlocuteurs n'avaient pas approuvé voire encouragé sa demande. Il fallait croire qu'elle avait dû, elle-aussi, se faire des ennemis depuis son arrivée au ranch. Encore un point commun, dont elles se passeraient bien. Droite comme un i, les bras croisés, Malini continue sa condamnation avec le sang froid d'un avocat à la barre. Mais Cirilla avait fait des études de droit, elle s'y connaissait en plaidoyer. Elle n'était pas du genre à céder du terrain. « Mais si tu tiens tant à savoir, hier j'allais rendre visite aux enfants et on m'a dit que mon aide n'y était plus nécessaire. On m'a dit que ce n'était pas contre moi, que c'était pour me soulager. » c'était donc bien ça, le nœud du problème. Et Cirilla a beau creuser au plus profond de ses tripes, elle n'arrive pas à être désolée. Il y a un part de noir en Malini, quelque chose de pas clair, sur lequel elle n'arrive pas à mettre de mots. Juste l'instinct d'une mère qui ressent une abime derrière les sourires et les rires.
La confiance en la bonne foi d'Abel arrache une moue amusée à Cirilla. Après tout, elle n'avait fait qu'instiller l'idée, elle n'était que l'impulsion de départ, c'était lui qui avait mis en œuvre le reste. Était-elle naïve au point de se croire méritante des états d'âme de leur « chef bien aimé » ? Ciri renifle avec mépris, attends la dernière bravade, le chant du cygne agonisant, défait. Malini avait perdu, elle le savait.
« C'est à cause de Caden ? C'est parce que tu es jalouse, c'est ça ? »
La réplique, vicieuse, perfide, lui laisse un goût d'amertume dans la bouche. Elle s'y attendait et ne se laisse pas déstabiliser, mais elle savait que ce moment viendrait. Après tout, elles n'avaient pas eu leur grande dispute au sujet de l'amant volé. Évidemment, qu'elle est jalouse, quand elle s'accorde le temps d'y penser, ce qui demeure assez rare. Jalouse, blessée, agacée, déçue … Choisissez le mot. Heureusement, elle a souvent l'esprit occupé, entre Alex et ses sautes d'humeur, Jenna qui peine à sourire, Chloë, Chloë, toujours Chloë, seule chose qui ne lui soutirait pas une grimace ces derniers temps. Et Malini, parfois, quand elle était énervée.
« J'ai refait ma vie, Malini. Caden est le cadet de mes soucis. Je suis même heureuse pour vous deux. » ces mots lui arrachent la langue, la bouche. Elle continue, néanmoins. Elle n'assistera pas à son propre procès sans se défendre, ce n'est pas son genre. « Et je te trouve injuste. Est-ce que tu penses que les raisons de ce changement étaient irrationnelles ? Emma a suivi une formation, c'est son travail. Il ne me semble pas illogique de lui demander de s'occuper des enfants. Ce qui est égocentrique, c'est ton incapacité à envisager cette décision sous son aspect positif, et indépendamment de ta petite personne ». Elle croise les bras, aussi droite que Malini. « En plus, je n'avais rien à voir avec cette affaire. J'ai autre chose à faire de mes journées que de me soucier de tes états d'âme et de la progéniture des autres. Si tu n'es pas contente, parles-en à Abel, c'est lui le chef après tout. ».
Sujet: Re: It's always darkest before the dawn. Lun 19 Déc - 9:51
Le voilà ce moment qui leur pendait au nez à tous, ce moment où tous les non dits et frustrations seraient enfin posées sur la table. Mettez deux femmes de caractère dans une même pièce, elles en ressortiront forcément ennemies. Et même si elles se prêtent au jeu des alliances, une méfiance latente se fera toujours sentir. Chacune n'aspire qu'à une chose, dépasser l'autre. Ce qu'on peut dire, c'est que Caden a eu le chic de choisir ses compagnes. Deux filles du sud, déterminées, élevées pour faire face au reste du monde, toutes deux prêtes à défendre ce qu'elles ont avec une rage quasi féline. Malini, elle a pas peur d'en arriver aux mains si nécessaires, c'est comme ça qu'on lui a appris à se défendre en Alabama. Et elle ne doute pas un seul instant que Cirilla soit prête à le faire elle aussi. Elles sont toutes les deux habiles et dangereuses, de vraies survivantes. Leur ressemblance donne à cette scène un aspect encore plus trouble, mais aussi pimenté.
Cirilla, elle se tient droite et digne, encaissant chaque réplique avec panache presque. Elle est difficile à abattre, mais Malini connaît son point faible. C'est Caden. Caden, et leur relation au goût d'inachevé, Caden et la fille qu'ils ont ensemble et qui lui rappelle le Rhodes chaque matin que la création fait. De son côté, le rider n'a jamais fait le deuil de cette relation, et elle se doute que pour Cirilla, c'est la même chose. Peut-être qu'elle ne l'aime plus, mais elle n'oubliera jamais le sentiment de trahison. C'est marqué au fer rouge. C'est pour ça que lorsque la blonde prétend avoir refait sa vie, Malini ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Un rire plus cynique que franc, qui en dit long sur ce qu'elle pense de cette histoire. Alex ? C'est ça son moyen de refaire sa vie ? La recruteuse doit bien avouer que ça la fait rire de les voir jouer à la petite famille, alors qu'elle connaît toutes les circonstances. Pour elle, le petit chien fidèle d'Abel est au centre d'une vaste blague orchestrée par Cirilla. C'est à la fois triste et galvanisant de le voir s'occuper de Chloë avec la ferveur d'un père, qu'il est loin de se douter de ne pas être. Une lueur de folie voile le regard de l'Indienne et se dissipe aussitôt. C'est l'effet systématique que lui procure cette information avec laquelle elle joue sans cesse, comme un dément s'amuserait avec une bombe au milieu de Grand Central. Et elle s'amuse d'autant plus de la suite des propos de la jeune femme. « Oh mais c'est que tu serais devenue l'avocate des civils du ranch ? La grande altruiste qui se soucie vraiment d'eux ? Quelle blague, je t'ai jamais vue lever le petit doigt pour quelqu'un d'autre que toi. Et écoute-toi un peu. T'as rien à voir avec cette histoire, pourtant tu as l'air d'en connaître tous les détails ! Je ne te savais pas si amie avec les femmes de la garderie. »
Un sourire torve se dessine sur son visage quand elle parle d'Abel. « Mais ce que tu n'as pas l'air de comprendre, c'est qu'Abel et moi, on se parle justement. Il n'aurait pas pris la décision de m'évincer sans me prévenir. Ça veut dire que c'est quelqu'un qui lui a subtilement glissé l'idée. J'avoue, je suis presque impressionnée. Je m'attendais pas à autant de subtilité venant de ta part en fait. Je pensais pas que tu serais capable d'un tel plan, toi qui as l'habitude de débarquer partout avec tes grands sabots et ouvrir ta grande gueule quand ça te chante.» Mais faire des plans, établir des stratégie, c'était son truc à elle. Alors forcément, quand quelque chose se refermait autour d'elle, elle savait par où commencer pour remonter la piste. « Pourquoi tu nies encore l'évidence ? »
Fin alternative:
Comme promis, j'avais des envies de troll. Voici une fin alternative pour enfin lancer notre ship.
Alex ? C'est ça son moyen de refaire sa vie ? « C'est ça ton plan d'avenir ? Ce voyou ? Tu crois qu'il va te sortir du trou ? Il t'enfonce. Putain, je pensais que tu avais les meilleurs intérêts de ta fille à cœur. Même toi, tu mérites mieux que ça. » Deux sphères noisette se braquent sur Cirilla avec intensité. Ça lui donnait envie de vomir de la voir se gâcher avec ce type. Le problème quand on rencontre une femme de la même trempe que soi, c'est qu'on veut pas non plus la voir tomber. Ça enlève tout le challenge. Un adversaire à sa taille, c'est fait pour durer. Mais si Cirilla continue à ce rythme, elle se fera bouffer par Alex. Ça se voit déjà à son visage, plus fatigué que d'ordinaire. Malini, elle n'écoute même pas la suite du discours de la blonde. Ça ne la préoccupe plus du tout maintenant. Elle a Chloë en tête, son bien être, le besoin viscéral de la mettre à l'abri. Et Cirilla avec, parce que pour survivre, la petite aura besoin du plus féroce des instincts maternels.
« Débarrasse-toi de lui, et de tous ceux qui te retiennent. Tu vois pas que tu fais du sur place au ranch ? T'auras jamais rien de mieux que ce que tu as, ici. C'est de ça que tu rêves ? » Malini, elle voyait plutôt Cirilla dans quelque chose de plus grand, plus taillé pour elle. C'est pas une femme qu'on laisse à la botte d'un autre homme. « Barre-toi d'ici et mets ta fille à l'abri. Je peux t'aider. »
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Sujet: Re: It's always darkest before the dawn. Sam 7 Jan - 3:01
Alors que Malini l'accuse d'un manque d'altruisme, Cirilla retrousse les lèvres et plisse le nez, comme un chien sur le point de grogner, à défaut de pouvoir mordre. Elle peut difficilement nier son désintérêt pour les affaires du ranch, après tout elle n'a jamais particulièrement souhaité se mêler à la basse-cour d'Abel, plus heureuse dans sa solitude qu'en compagnie de ces hommes et femmes inconnus. Ce n'était pas tant du mépris que de la pudeur. S'attacher, c'était risquer de perdre, ce qu'elle ne pouvait simplement pas tolérer. Elle avait déjà Chloë ; à laquelle elle destinait chacun de ses battements de cœur, la moindre de ses respirations. Et Jenna, la seule famille qui lui restait. Et Alex ; mais leur relation était trop compliquée, trop fatigante. Autrefois, elle avait Caden, ou elle avait cru l'avoir. Elle s'était durement trompée, elle ne referait plus la même erreur. Alors, elle encaisse la critique, et ne laisse rien paraître sur son visage, sinon un frémissement de sa lèvre inférieure, retenant à peine l'envie de répliquer, acerbe. Ciri ne peut s'empêcher d'admirer Malini, même dans la défaite, elle reste digne et combattante. Peu peuvent en dire autant. Elle enchaine sans discontinuer, et seulement Cirilla réalise-t-elle qu'elle a dû passer la nuit dans l'écurie à l'attendre et à choisir soigneusement chaque argument, chaque injure, pour couper le plus profondément possible. Un avantage comme un inconvénient, les grands yeux noirs de son interlocutrice sont animés tant par la furie que par la fatigue. Le manque de sommeil marque ses pupilles sombres. Elle est belle, très belle, même dans sa colère, même au delà de l'aversion que Ciri éprouve pour elle. C'est ce qui rend la situation plus difficile, réaliser qu'au delà de cette victoire minime, elle ne faisait pas le poids, flamme solitaire face à l'incendie. Elle ne brillerait jamais suffisamment. Toujours décevante, obscure et indigne rivale des affections d'un homme qui l'avait oubliée.
« Abel et toi, vous parlez ? Comme il t'a parlée de sa décision ? Comme il a décidé sans te consulter de t'évincer ? » elle renifle et fait une moue désintéressée . En soi, ce n'est pas un mensonge. Elle n'avait pas eu de stratégie particulière en abordant Abel, si ce n'est sa propre paternité. « Tu me dis égoïste. Tu as raison. Je n'ai pas de temps à perdre avec toute la marmaille du ranch. Ce qui n'est pas ton cas, pas vrai Malini ? Tu nourris une obsession malsaine pour chaque enfant, je te vois les regarder. Il y a une place à prendre, dans ta vie ? T'as un enfant caché ? Une progéniture secrète que tu as perdu sur la route ? » elle hausse les épaules. L'idée la fait frémir, parce qu'elle expliquerait beaucoup. Une mère qui a vécu l'inacceptable, trouvant le réconfort dans les enfants des autres. Mais Malini n'avait jamais parlé d'un autre enfant, si ? « Je l'admets, voilà. Il m'a été ridiculement aisé de te supplanter. Je vois que tu ne t'es pas faite que des amis, au ranch. En fait, auprès de beaucoup de gens, je n'ai eu qu'à dire ton nom pour provoquer les critiques. ». Elle se sait dure, très dure, mais ne peut plus retenir les mots amères derrière une façade diplomatique. Cela fait probablement trop longtemps qu'elles prétendent, qu'elles gardent pour elles les reproches, les insultes, et il suffisait d'une confrontation emportée pour que toute la rancoeur fasse surface. Si Cirilla voulait véritablement être honnête envers elle-même, ce qui n'était pas le cas : elle se complaisait bien trop dans les faux semblants et le mensonge, mais si vraiment la vérité lui importait, elle s'avouerait qu'au delà de son inquiétude pour Chloë, le problème demeurait Caden. Elle n'avait pas pardonné l'offense, aussi innocente que Malini soit dans cette affaire. Elle est jalouse, c'est laid, envieuse de ces moments partagés, des étreintes et des baisers dont elle n'a plus le droit, nostalgique d'une époque révolue, et espérant malgré elle une réconciliation improbable. Elle n'aime pas sa bassesse, déteste la personne qu'elle devient quand elle est poussée dans ses retranchements, dans son abjecte convoitise, elle qui pourtant a tâché de rester fidèle à elle-même, à ses valeurs. Mais elle n'arrive pas à s'arrêter, sa colère est presque maladive. Elle trouve la vie injuste ; Malini injuste ; l'humanité injuste. Elle a l'impression de tirer perpétuellement les mauvais dés pour un Maître du jeu cruel qui s'amuse de ses malheurs.
fin alternative:
C'est beau, ça se concrétise
Cirilla s'étonne du discours de Malini, si décalé de leurs échanges habituels. C'est d'un autre œil, ou d'une autre oreille, qu'elle l'écoute, presque hypnotisée par la détermination de la jeune femme. Ses propositions sont alléchantes, et elle découvre devant elle une femme tout à fait différente. L'avait-elle mal jugée ? Auraient-elles au final plus en commun que leurs caractères enflammés ? Il est vrai qu'elle ne s'était jamais cachée, dans les tréfonds de sa conscience, son admiration pour le courage de son éternelle rivale. « Je ne te savais pas si impliquée dans ma vie amoureuse » dit-elle sèchement mais sans réelle méchanceté. Plus habituée à s'énerver qu'à dire les vérités avec aussi peu de mordant.
Elle la considère, absorbée dans ses pensées « Qu'est-ce que tu me proposes, exactement, Malini ? ». Elle ne peut le nier, elle se sent flattée. Et surprise de découvrir dans les réflexions de Malini un miroir de ses propres ambitions. Son interlocutrice, de toute sa superbe, ne pouvait qu'être un atout, aussi ardente et passionnée qu'elle, l'esprit aiguisé et la parole facile. Elles pouvaient construire quelque chose de mieux, ailleurs, n'est-ce pas ?
Sujet: Re: It's always darkest before the dawn. Mer 18 Jan - 0:03
Cirilla, Cirilla, Cirilla. Cette satanée litanie qu'elle entend dans son sommeil la nuit, et qui, elle est sûre, hante aussi les pensées de Caden. Malini voit sa rivale partout, même quand elle n'est pas là. Cirilla se cache dans les regards distraits du vétérinaire, dans son air triste, dans les sourires nostalgiques qu'il a parfois sans s'en rendre compte... Autant d'obstacles qui ont finalement forcé Malini à se tenir éloigner de toute forme de sentiment. Le chagrin de Caden a été le garde-fou de l'Indienne, un moyen de s'éviter le pire. Car aimer un homme qui en aime une autre, c'est se donner la mort à petit feu. Alors elle se retient, s'interdit même de témoigner de la jalousie alors qu'elle en est paralysée.
La recruteuse se prépare une nouvelle fois à répliquer quand elle entend sa vis-à-vis brandir à nouveau Abel comme argument. Mais la suite lui coupe le souffle, plus douloureusement et efficacement qu'un coup dans l'estomac. Instinctivement, la recruteuse fait un pas en arrière, soudainement sous l'impression d'une vraie menace. Celle de craquer. Elle tente de rejeter les souvenirs qui remontent par dizaine et qui tournent dans son esprit jusqu'à lui donner le vertige et la nausée. L'Indienne écoute à peine la suite des propos, entend à moitié la confession et les reproches qui suivent. Il suffit d'évoquer Nisha pour la terrasser. Ses épaules s'affaissent et sa main est dramatiquement posée sur sa poitrine pendant qu'elle essaie de cacher ses tremblement.
Cirilla n'est sûrement pas au courant. Ils sont très peu au ranch à connaître la véritable histoire et si à son arrivée au ranch, le passé de la recruteuse avait suscité beaucoup d'intérêt, les choses avaient fini par se tasser. Parmi ceux qui savaient qui elle était, ils étaient peu à se souvenir qu'elle avait une fille. Et le manque d'informations de la part de Malini avait eu tôt fait de reléguer les affirmations à de simples rumeurs, comme il y en a de nombreuses sur elle.
« Je t'interdis de parler de ce que tu ne sais pas. » Sa voix se veut froide, mais elle flanche légèrement avant de céder à la colère. « Je commence à en avoir marre de toi et de ta manie à te balader partout comme si t'étais la reine des lieux, comme si tu avais le droit de tout dire et de tout faire et t'en tirer sans problèmes. Tu sais rien sur moi, sur ma vie, alors je te conseille de te la fermer à ce sujet. Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre que les mégères qui gardent les gosses et lavent le linge ne m'aiment pas ? Je m'en contrefous ! » Une vanne de reproches est ouverte et se déverse : tout est bon pour l’accabler. « Je crois franchement que tu devrais pas te la ramener autant, parce que jusque-là, j'ai été bien gentille d'avoir joué ton jeu. Alors je te préviens, si tu tentes encore quoi que ce soit contre moi, je jure que je vais foutre la merde comme pas possible dans tes affaires aussi. Qu'est-ce qu'Alex dirait s'il apprenait que le vrai père de Chloë est en fait Caden ? » Elle abat sa dernière carte, laisse planer un instant la lueur de folie dans son regard avant de se draper de tout ce qu'elle a de dignité. Si Cirilla veut jouer, elle a le droit de savoir que Malini a aussi des armes en mains.
Fin alternative:
Toute forme de colère retombe, elles entrent dans un nouveau terrain de leur relation, jusque-là inconnu. Toutes les circonstances les poussent à être ennemies, mais Malini a d'autres plans en tête. Elle réfléchit depuis quelques temps, se dit que pour protéger Chloë, il ne faut pas aller contre Cirilla mais avec elle. Comme elle avait essayé au départ. « Je m'en fiche de ta vie amoureuse, en revanche, je pense à ton bébé. Chloë pourra jamais grandir correctement ici. » Elle croise les bras contre sa poitrine, défit un instant la brune de la contredire. « J'ai un endroit. Après la zone désaffectée. Un coin qui a déjà été pillé tellement de fois que plus personne n'y fout les pieds. J'y ai caché des réserves, au cas où il m'arrive une merde quand je suis en recrutement. » Malini souffle puis s'étire pour chasser la fatigue. Elle se pose sur une botte de paille pour reposer ses jambes et reprend : « Tu pourras te cacher là un temps, te mettre à l'abri. » Un voile de suspicion semble assombrir le regard de sa vis-à-vis. « Tu peux y aller avec Jenna si tu me fais pas confiance, y a pas de mal. Mais l'endroit est safe. » Elle soupire, triture une mèche de cheveux. « Des gens vont partir à ta recherche, et je les mènerai sur une fausse piste. Mais pour ça, faudrait qu'ils arrêtent de crois qu'on est ennemies. Donc on fait la causette, les réconciliations miraculeuses et ensuite, ce sera crédible si je prends la tête d'un groupe de recherches. Je prendrai Alex avec moi. Et il lui arrivera un accident, si tu veux plus l'avoir dans les pattes. Je sais pas encore, mort tragique par rôdeurs, ou alors il tombe malencontreusement dans un ravin... Tout est bon à prendre. » Il faudra attendre que ça se tasse, que les autres camps confirment que tu n'es pas chez eux. Je rapporterai des vivres en attendant et des nouvelles. Et ensuite, je disparais aussi. Je les conduis à la piste des jackals. Pareil, il faudra que ça se tasse un peu. Et après, le plan peut vraiment s'amorcer. On cherche un véritable endroit, un vrai empire. Et on recrute, petit à petit. Des femmes vulnérables mais prêtes à se battre. Des personnes influençables aussi, qui ont de la hargne et qui rempliront des tâches utiles. Et un jour, on pourrait être à la tête de notre propre groupe. »