Sujet: pray for plagues | Whil Jennings Jeu 24 Oct - 2:54
Whil Sam « pray for plagues »
Août 2019 C’est dans sa tête. C’est la redescente. C’est la paranoïa. Ça ne peut être que ça, cette angoisse qui pèse plus lourd que du plomb à l’intérieur de son estomac et qui s’alourdit un peu plus, à chaque fois que les crampes lui arrachent le souffle, que les nausées se font si virulentes qu’elle vomit ses tripes et que la peau de son front surchauffe. Ça ne peut être que ça, et elle sait qu’elle radote, qu’elle ressasse, qu’elle tourne en rond. Mais, ça ne peut être que ça. Une psychose passagère déclenchée par un sale mélange d’alcool, de drogues et d’insomnie. Ou alors…
Ça fait un quart d’heure qu’elle se balance maladroitement d’une jambe à l’autre devant l’infirmerie. Des mèches de cheveux collent à la peau de son visage et de sa nuque, et des gouttelettes de sueur perlent à la base de ses tempes. Elle a envie de vomir. Avec un soupir étouffé, elle appuie son front contre la surface de la porte ; à la recherche d’un peu de fraicheur, à la recherche d’œillères. Et bon dieu ce qu’elle aimerait faire l’autruche, mais elle-même se voit forcée de l’admettre. Quelque chose cloche. And that’s the understatement of the century. Une main tremblante se pose sur son ventre, et un grognement bouillonne au fond de sa gorge sans pour autant voir le jour. You dumb fucking slut. Elle ferme les yeux alors que ses doigts s’enfoncent dans la peau de son abdomen. Elle serre, et elle serre, jusqu’à ce que ses ongles puissent s'y planter douloureusement à leur tour. Et elle a peur. Ce genre d’effroi qui vous fait hyperventiler, vous serre le cœur et vous persuade que c’est la fin. La fin de quoi ? Elle n’est pas trop sûre, la terreur est trop viscérale pour lui permettre de se montrer rationnelle, alors elle lâche un grondement aussi primitif que la panique qui lui bouffe l’estomac. Puis, un bruit de pas qui lui fait lentement tourner la tête. Une grande rousse qui a le malheur de passer par là en lui jetant un regard curieux. La colère monte. La peur aussi. « Tu veux ma photo, conasse ?! » Les mots qu’elle crache sont gutturaux, comme si elle les puisait dans le fond de sa gorge, et l’agressivité qui émane d’elle la surprend presque tout autant que son interlocutrice. Shit, shit, shit. C’est l’interaction de trop. Elle enfonce la porte plus qu’elle ne l’ouvre, et pénètre à l’intérieur de la pièce en la refermant violemment derrière elle.
Clac.
Ses yeux balayent furieusement l’infirmerie du regard, et elle distingue la rassurante tête brune. Une expression déconcertée l’accueille, et ce n’est qu’après avoir ouvert la bouche pour balbutier « Whi- » qu’elle réalise qu’un type se trouve assis sur un brancard, un bandage fraîchement appliqué autour de l'avant-bras. Elle s’arrête dans son élan, quelques secondes durant, puis réduit finalement la distance qui la sépare de la jeune infirmière. « Dehors, » qu’elle lâche froidement en jetant un coup d’œil au patient. « J’ai dit, DEHORS, » et elle aboie plus qu’elle ne parle, mais ça a l’avantage de faire sursauter le blondinet. Plus efficace que l’école militaire, il se redresse, raide comme un arc tendu, et quitte la pièce à pas de loup. Et le silence. C'est un silence étrange, pas nécessairement gênant, mais qui marque un peu plus la curiosité de la situation. Et puis, un murmure désarticulé, « Whil, j’ai-, je croi-, enfin. » Les mots ne s’ordonnent pas comme elle le veut, et elle fixe son amie, visiblement perdue. Secouée. Ça ne lui ressemble décidément pas.
Plutôt que de remettre ça, elle s’assied lourdement à la place du type, et prend la tête entre ses mains. Inspirer, expirer. Inspirer, expirer. Elle pèse les mots sur sa langue, réfléchit et se ravise plusieurs fois. Enfin, « Je crois que je suis enceinte. »
Whil Jennings
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Sujet: Re: pray for plagues | Whil Jennings Sam 26 Oct - 22:42
Sam Whil « this time you're gonna have to seal your fate »
Août 2019 Il n’était jamais trop tard pour venir la voir. De permanence pour tenir la garde de l’infirmerie, Whil terminait de s’occuper de la vilaine coupure du bras qu’un raider avait laissé traîner en pensant que ça passerait. Un peu comme un vilain rhume ou un coup de froid ; à la seule nuance que sa blessure s’était infectée et était devenue tellement douloureuse qu’il ne pouvait plus bouger le bras. L’insouciance des uns faisait le gagne-pain des autres. Après un nettoyage corsé de la zone et une minutieuse intervention chirurgicale, la cicatrice recousue et enroulée dans de la gaze n’allait plus être qu’un souvenir marqué dans la chair du type ; rien d’autre. Preuve que les cas les plus désespérés avaient toujours une chance de s’en sortir – dans ce cas précis, d’éviter l’amputation. « Ca va cicatriser ? » interrogea l’homme plutôt soucieux de savoir s’il était définitivement tiré d’affaire. « Oui, il faudra juste revenir changer le pansement tous les jours jusqu’à ce que ça ne soit plus rien qu’une banale marque de vie. » Après tout, ils avaient tous les leurs.
Tandis que Whilelmina donnait les dernières recommandations à son patient, la porte s’ouvrit en trombe sur une grande liane brune en furie – Thompson, évidemment. Soupir las. Décidément, la mécano avait l’art et la manière de briser le calme en deux secondes. « Sam, je suis occupée … » Malgré la mine déconfite de la jeune femme, Whil ne pouvait pas tout laisser en plan pour cette dernière. Pas sans une bonne raison ; celle que lui concoctait la brune n’était pas des moindres.
Elle n’avait pas l’air de rire et même l’air terrorisée. Ca n’était jusqu’à présent jamais arrivé et elle cria, à bout de nerf et de patience pour faire virer celui qui occupait apparemment la place convoitée. L’homme partit sous la menace et sans demander son reste à qui que ce soit sous le regard atterré de la soigneuse. Ce n’était pas comme ça qu’elle aurait voulu que les choses se passent mais Sam parvenait indécrottablement à obtenir ce qu’elle voulait c’était ainsi et elle pouvait remercier son charisme autoritaire pour ça. « Tu ne peux pas faire ça, tu sais ? » En clair, débouler comme une tornade et hurler sur les gens. Whil tolérait les excès de son interlocutrice parce que ça n’avait d’impact que sur elle : mais là, ils n’étaient pas tous seuls.
Sauf que tout sens de la politesse fut jeté aux oubliettes quand Sam reprit la parole. S’effondra sur la chaise la plus proche, tremblant comme une feuille morte. Balbutia la dernière nouvelle cette fois sans trébucher sur une seule syllabe. « Comment ça, tu – » Whilelmina la considéra, blême, avant de passer une main sur son visage et de la poser sur le bras de son aînée. « Bon. Déjà, calme-toi. » Le conseil n’était pas le plus éclairant qu’elle ait à lui donner, surtout à une époque où porter la vie était un choix lourd de conséquences et que la refuser n’était absolument pas plus simple. Si Sam était réellement enceinte et qu’elle ne voulait pas garder le bébé, la suite allait devenir très compliquée pour la survivante. D’ici à ce qu’elles en arrivent à de telles extrémités, Whil préférait déjà s’assurer que l’autodiagnostic de sa camarade soit véridique. « Quand est-ce que tu as eu tes règles pour la dernière fois ? » Inutile d’aller lui demander si elle avait eu des relations sexuelles récemment, l’ex-Jackal n’étant pas assez naïve pour encore croire aux immaculées conceptions. Jamais la soigneuse n’aurait pensé à avoir à aborder ce genre de discussions avec elle – une partie d’elle en d’autres circonstances plus légères en aurait ri. Là, elle n’en avait pas le cœur. « Tu te sens fatiguée, nauséeuse ? » Peut-être étaient-ce ces premiers indices qui avaient disséminé le doute chez la Quarry.
Sam Thompson
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Sujet: Re: pray for plagues | Whil Jennings Mar 29 Oct - 19:05
Whil Sam « pray for plagues »
Août 2019 Sale parodie d’une prière qu’elle n’ose même pas formuler à voix haute, ses mains sont jointes, paume contre paume devant son visage. Amen mon cul. Elle se noie, et elle essaie délibérément de forcer de l’air plutôt que de l’eau à l’intérieur de ses poumons. Elle se noie, et elle a envie d’éclater de rire. Elle se noie, parce qu’elle sait. Elle sait que personne n’est là pour l’entendre, cette foutue prière – and don’t fool yourself. Even if there were, you’d be the least deserving person of them all. Alors à quoi bon, si ce n’est pour se retrouver avec un faux espoir, artificiel et crée de toutes pièces, aussi bancal que ses habituelles justifications à deux balles. Il y a mieux, pour se faire du mal. Et ça aussi, elle le sait. Alors elle se noie. Seulement, maintenant quoi ? Si se faire du mal ne la concerne plus qu’elle seule ? Shit. La réflexion réveille un énième haut-le-cœur, et ce sont des doigts tremblants qu’elle porte brusquement à ses lèvres – comme si la barrière supplémentaire serait à même de l’empêcher de gerber ses tripes pour la septième fois de la journée. Un semblant de solution tout ce qu’il y a de temporaire, mais qui lui permet au moins de reprendre ses esprits. Elle essaie de respirer. Elle n’est pas certaine que ça fonctionne.
À travers le furieux vacarme d’un cœur qui continue de s’emballer, un écho se détache du vide qui l’entoure. Une bouée. La voix de Jennings. Alors elle s’y accroche désespérément, et parvient enfin à poser son regard sur son amie. Avec un effort qui lui fait mal au crâne, elle arrive à percevoir ses mots, et à formuler une réponse. Ses règles. « Je… j’suis pas sûre, ça fait des mois que je suis irrégulière, » sa propre voix lui parait tout à fait étrangère, mais elle persévère, « l’alcool, l’Angélus… ça fout la merde, mais, sept, huit semaines ? » Elle passe une main dans ses cheveux, et marmonne en détournant les yeux, « peut-être plus… » Elle fixe bêtement le pied d’une chaise, un peu plus loin. « Le rapport est plus récent que ça, mais, » elle hoche lentement la tête, et le simple mouvement parait aussi désarticulé que ses explications, « fatiguée, ouais, nauséeuse, j’t’en parle pas. » Elle relève les yeux et lâche en grimaçant, « Whil, ça fait une semaine que je passe mes journées à vomir, » une pause, et elle conclut d’une petite voix qui traduit bien son épuisement « et pas que le matin. » Morning sickness? More like all day long puking.
Pas que ses excès journaliers ne l’aient pas habituée à ça. Gerber. Parce que oui, certaines de ses gueules de bois étaient encore particulièrement pénibles, et ce malgré l’habitude et la tolérance développée au fil des années. Mais ça, ça c’est autre chose. Plus qu’une gueule de bois ou une redescente d’Angélus un peu limite. Et elle le sait. « Il faut que tu fasses quelque chose, je… je peux pas.. c’est pas le moment… je, » elle se mord la langue, à deux doigts d’exploser, ou de chialer. Elle ne sait pas trop. « Putain Whil, je suis pas faite pour ça, tu m’entends ? », sa voix se brise à la fin de sa phrase. You pathetic little thing.
Et elle pense à lui. Ben. Le seul gosse qu’elle ait eu à sa charge ses dernières années. Actuellement six pieds sous terre quelque part au Missouri. Well that went well, huh? La main devant sa bouche ne suffit plus, l’acidité remonte le long de son œsophage et elle plonge brusquement au sol en s’accrochant à une misérable poubelle en plastique. À genoux, elle y vomit sa bile et ses tripes.
Whil Jennings
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Sujet: Re: pray for plagues | Whil Jennings Dim 3 Nov - 22:08
Sam Whil « this time you're gonna have to seal your fate »
Août 2019 Dans un flot continu, la plus âgée tenta d’aider par ses réponses l’infirmière. C’était vague et imprécis et surtout bourré d’informations parasites qui n’auguraient rien d’engageant pour une future et possible maman – drogue, alcool et fœtus ne faisaient absolument pas un ménage heureux – mais elle grappillait ce qu’elle pouvait. « Je vois. » Comme si la mouche qui avait piqué Sam venait de frapper une deuxième fois, la jeune femme fut reprise d’une montée d’anxiété qui la rendait encore plus instable que jamais. Ce qui n’aidait pas l’ex-Jackal à y voir plus clair mais elle ne pouvait blâmer le tourbillon de panique dans lequel était empêtrée Sam. « Ta dernière relation avec un homme, c’était quand exactement ? » Venant d’une jeune femme aussi réservée – pour ne pas dire coincée – que Whil Jennings, la demande était à deux doigts d’être hilarante à l’exception près que sous la tente, personne n’avait envie de rire.
Elle n’eut pas le temps d’entrevoir une réponse ou un début de quoi que ce soit que le contenu de l’estomac de son amie – autant dire beaucoup de bile et pas mal de rien - se répandit dans une vieille poubelle saisie à la hâte par Sam. Les mains tremblantes et les lèvres humides, l’image de Sam n’était plus celle d’une femme qui avait abusé de la bouteille et payait cher ses excès. Elle n’était ni en état d’ivresse ni victime d’une indigestion mais plutôt d’un méchant sort du destin farceur.
Dans l’esprit de la famille Jennings, une naissance était toujours une nouvelle pleine de félicité. Pas une ombre dans un tableau ou une tâche sur un monochrome. C’était ce qu’on avait appris à Whil et ce qu’elle avait toujours cru avec une ferveur aveugle et naïve. Par la force des choses l’apocalypse avait changé tout cela, souillant la beauté d’une vie nouvelle pour susciter d’autres questions, d’autres angoisses, d’autres douleurs. A l’heure où les moyens de contraception devenaient plus rares que les munitions de Browning, comment pouvait-on encore se réjouir d’endurer une grossesse de neuf mois quand c’était davantage une faiblesse qu’une force ? Comment pouvait-on réussir à trouver le sommeil en songeant qu’il faudrait penser non plus pour un mais pour deux êtres ? Et puis qu’est-ce que c’était qu’éduquer un enfant dans un Texas désertique uniquement peuplé de mort-vivants ? Il y avait de quoi en avoir des vertiges et la plus jeune ne pouvait que soupçonner un infime pan du bouleversement interne que vivait Sam. Elle lui tendit un linge pour essuyer la commissure de ses lèvres avant de s’asseoir devant elle. « Hé, écoute-moi. » Ses deux petites mains attrapèrent les siennes pour les serrer dans le creux de ses paumes. « Avant d’imaginer le pire, on va déjà s’assurer que le diagnostic est le bon d’accord ? » Elle devait rationaliser les choses et pas uniquement pour retenir Sam de devenir folle. « Et si c’est vraiment le cas et que – » Choisir les mots, ne pas utiliser celui qui ferait littéralement déguerpir la mécano bien trop connue pour tout un tas de choses, mais certainement pas pour un quelconque instinct maternel. « Que tu ne veux pas garder le bébé, alors on trouvera une solution. » Il en existait. Elles n’étaient ni simples ni indolores malheureusement mais ce choix n’appartenait qu’à Sam et uniquement elle. « Je ne vais pas te laisser tomber, je te le promets. Tu sais que je vais tout faire pour t’aider. » Que ce fut pour une gueule de bois ou pour une potentielle grossesse, la soigneuse avait décidé depuis le début qu’elle veillerait sur Sam.
La jeune fille reprit le bassinet pour le laisser sur les genoux de sa patiente. Occulté le stress de sa camarade, aux oubliettes ses appréhensions et toute l’émotion de l’hypothèse d’un enfant à venir. Whil se concentrait pour envisager tout le champ des possibles et il y avait intérêt à ce qu’elle ne se trompe pas. « Est-ce que tu as souvent envie d’aller aux toilettes ? » Débuta la valse des questions interminables. « Tu es irritable ? Plus que d’habitude je veux dire. » Sa moue contraria la maladresse qu’elle n’esquiva pas ; la brune continua donc sans trop s’attarder sur son sarcasme involontaire. « Est-ce que tu as des moments où tu as particulièrement faim ? Est-ce que certaines choses que tu appréciais t’écœurent ? » Tous ces petits suppléments allaient dans le sens que Sam supposait. Mais s’il manquait trop d’indices, alors peut-être qu’il fallait observer la situation sous un angle différent.
Sam Thompson
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Sujet: Re: pray for plagues | Whil Jennings Jeu 14 Nov - 15:00
Whil Sam « pray for plagues »
Purger.
Le contenu de son estomac, surtout, mais dans une moindre mesure, son agitation et une fraction de la panique qui lui fait tourner la tête aussi. Doucement, la tension qui habite ses muscles se dissipe, les haut-le-cœur s’atténuent. Temps mort. Un semblant de calme s’installe, alors elle en profite pour serrer le linge tendu par Jennings entre ses doigts et tapoter distraitement sa bouche. « Merci… », sa voix est rauque, gorge malmenée par le reflux de bile, et son regard vacille, peine à se focaliser sur un seul plan. Mais elle s’acharne, et s’acharne, et parvient finalement à poser ses yeux sur son amie. Elle lâche la serviette sur le sol. Elle respire un grand coup. Le répit est plus que précaire, fragile, pas fait pour durer – un peu comme elle. Mais elle s’en contente, l’accepte et l’accueille avec un certain soulagement parce que pour l’instant, c’est assez. Assez pour ralentir le rythme effréné de son cœur, assez pour étouffer le vacarme à l’intérieur de sa tête. Assez pour reprendre le contrôle alors que tout lui échappe ; sa vie, sa tête, son corps. Des mains se posent sur les siennes, et le contact parvient à l’ancrer un petit peu plus dans la réalité. Un arrière-goût âcre persiste dans sa bouche, sa gorge brûle, et son front aussi, mais elle n’est pas seule. Elle respire toujours et elle n’est pas seule. Elle ne veut surtout pas être seule.
Solution. Bébé. Des mots qu’elle ne veut pas entendre, une réalité qu’elle ne veut surtout pas affronter, mais la partie rationnelle de son esprit lui rappelle que, si elle est venue, c’est justement pour ça. Malgré elle, un automatisme ; ses doigts retrouvent son abdomen, et s’y enfoncent un peu. Elle hausse brièvement les yeux au ciel, une imploration taciturne – please, please, please. Tout sauf ça.
Finalement, les mots de son amie percent complètement sa bulle, et elle les perçoit à présent avec suffisamment de clarté pour hocher la tête. Si le mouvement demeure quelque peu désarticulé, elle retrouve gentiment ses marques, et bientôt, sa voix aussi. Aller aux toilettes. Elle s’éclaircit la gorge. « Tu veux dire à part pour vomir ? » Elle s’autorise un petit rire, mais le rictus se mue très vite en grimace. « Pas vraiment, non. » Les questions s’enchaînent, et elle plisse les yeux, se concentre pour ne rien louper. « Irritable, mmh… », elle hausse un sourcil. « À toi de m’le dire, tu l’as trouvée comment mon entrée ? Du genre aimable ? » Elle se garde bien de mentionner la pauvre jeune femme agressée à l’extérieure de l’infirmerie, mais son expression en dit long. Elle passe sa langue sur ses lèvres sèches et poursuit, « Mais ouais, je dirais que je suis un tout petit peu à cran quand même, » le sarcasme est palpable et elle grince des dents avant de conclure, « t’es la première personne que j’meurs pas d’envie d’étrangler, Jennings. » Lucky her.
Puis, ça parle de nourriture, et rien qu’à l’idée, ses lèvres se tordent en une grimace qui traduit parfaitement son inconfort. Elle tire la langue, dégoutée, mais après réflexion, referme hâtivement sa bouche – ses dents claquent au passage. Ouch. Elle repense à ce matin, elle cherche ses mots, elle passe une main dans ses cheveux. « Euh… j’sais pas, j’ai été trop malade ne serait-ce que pour penser à de la bouffe cette semaine mais… » Sa gêne est palpable, et les mots sont crachés brusquement, « J’ai envie de viande. » Say what, now? Elle se reprend, essaye d’étoffer son explication. « J’ai euh, j’ai croisé les chasseurs qui revenaient avec leurs prises ce matin, et, je sais que c’est franchement bizarre, mais je crois que j’étais à deux doigts de me jeter sur un des lapins. » Elle hausse les épaules, penaude. « C’est mauvais signe hein ? Du genre mon corps qui veut faire des réserves ? Oh putain… » Les yeux écarquillés, elle s’emballe. Elle est à deux doigts de replonger. « Il me faut un test de grossesse. Est-ce qu’on a encore des tests de grossesse ? Ils sont périmés, hein ? Merde, merde, merde… » Help.