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 it's a pity party | Whil Jennings

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Sam Thompson
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MessageSujet: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyLun 24 Juin - 23:13


Whil Sam
« it's a pity party »
Un poil à gauche. Non, plutôt un peu plus à droite. Mmmh.

D’un mouvement maladroit et enthousiaste de la main, elle fronce ses sourcils et tente d’orienter l’imposant barbu qui essaie désespérément de viser le centre de la cible avec sa septième fléchette. Son tabouret bascule dangereusement alors qu’elle ricane. Il rate. Elle se rattrape avec une main sur le bar et ferme ses yeux pour que la terre arrête de tourner aussi fort. Bordel. Il n’est pas encore midi. Ses paupières s’ouvrent, son regard se pose sur le comptoir. Pendant quelques secondes, elle semble se perdre dans le fond de son verre, le liquide ambré étrangement magnétisant. Elle y voit quelque chose, des vagues abstraites qui valsent les unes contre les autres. Une flaque. Une piscine. Une plage ? Elle n’a plus de maillot de bain. Sa contemplation prend fin ; elle porte le verre à ses lèvres et le vide avant de le reposer. Le bruit raisonne sur le bar et attire le serveur qui fait semblant d’essuyer le même verre depuis une ou deux minutes. Un accord tacite, elle hoche la tête et il se rapproche d’elle avec une bouteille pour lui servir le sixième, non, septième bourbon de la matinée. Elle passe la main dans ses cheveux, dégage son visage et repose ses coudes sur le comptoir. L’alcool brûle le long de ses entrailles, mais elle accueille la sensation, s’en délecte. La nuit a été rude, dérobée de sommeil à cause d’un souvenir déguisé en rêve. Du coup, elle a passé quelques heures à travailler sur un vieux moteur qui trainait dans son atelier depuis déjà quelques semaines. Un tas de ferraille. Une épave coulée depuis longtemps. Et elle n’a toujours pas de maillot de bain. Un bruit sourd la fait sursauter. Du coin de l’œil et malgré sa vision trouble, elle voit deux types se chamailler, une chaise au sol.

« Bande de gros lourds. »

Elle marmonne dans sa barbe pendant quelques secondes, eux, ils l’ignorent. Et elle n’est décidément pas très menaçante ce matin. Une sensation désagréable ; elle est assise depuis trop longtemps, le cul sur son tabouret. Alors elle se lève et le sol n’est pas très stable. Ou alors il s’agit de ses jambes – difficile à dire. Le barbu s’est découragé, aucune fléchette dans le centre de la cible. Elle tapote son épaule alors qu'il la dépasse pour retourner vers le bar.

« La prochaine sera la bonne, hein. »

Un pied devant l’autre, elle se rapproche du mur au fond du bar et se saisit de quelques fléchettes. Ses doigts fourmillent, et elle fait craquer sa nuque comme si elle s’apprêtait à se bagarrer avec la cible tricolore. Okay. Une première fléchette atterrit parterre. Bon. Une deuxième s’accroche à peine à la cible. Frustrant. Pour son troisième essai, déterminée mais surtout trop ivre, elle fait un pas en arrière pour prendre de… l’élan ? Au fond, elle sait que c’est une mauvaise idée. Quelques unes de ses synapses n’ont pas encore été entièrement noyées dans l’alcool, mais le message ne percute pas vraiment. Alors elle prend de l’élan, balance tout son corps dans son mouvement maladroit, et glisse. L’arrière de sa tête amortit sa chute, et elle sait que ce n’est pas une bonne chose. Elle ronchonne, les yeux clos, et reste immobile quelques secondes. Elle croit apercevoir une ombre à travers ses paupières. Elle ouvre les yeux et son regard se pose sur un visage familier.

« Ugh. Forcément. »

Le barbu se marre, et elle se dit que c’est vraiment une journée de merde.

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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyMer 26 Juin - 22:58


Sam Whil
« just means there's more cake for me »
Elle n’avait pas vraiment l’habitude de mettre les pieds au Caveau. Ca ne lui était jamais arrivé qu’une ou deux fois – avec Erin, toujours, il n’était pas imaginable que ça se passe autrement. Et ces derniers temps, Whil évitait soigneusement de se rappeler ce genre de souvenirs. Pas besoin de pleurer les disparus en revivant le passé ; l’absence était déjà assez douloureuse à digérer ainsi.

Néanmoins, aujourd’hui, la soigneuse n’avait pas le choix : elle manquait d’alcool à brûler. Et aussi improbable que cela puisse paraître, si le bar le plus couru du Royaume n’était guère un de ses endroits favoris, c’était sûrement le seul lieu qui paradoxalement lui offrait la plus grande réserve de désinfectant artisanal de toute la Carrière. Les serveurs la voyaient donc de temps à autre passer le bout de son nez innocent pour simplement remplir ses quelques flacons et repartir aussi sec, peu à l’aise au beau milieu de cet océan d’ivrognes, de gais-lurons et de fêtards aguerris que l’Influenza n’avait pas assagi.

Comme toujours lorsque la petite infirmière venait à pénétrer l’antre bruyante du Caveau, elle se faufilait le plus discrètement possible – un exercice plutôt simple pour elle – jusqu’au comptoir, priait pour ne faire aucune rencontre désagréable ou gênante et expliquait simplement au serveur habituel sa requête. Jusqu’à présent elle avait toujours eu ce qu’elle voulait sans trop d’encombres. Mais ses plans furent contrariés par un retentissement sonore qui fit tourner quelques têtes dont la sienne ; son buste se penchant pour chercher l’origine de ce boum criard qui témoignait assurément d’un petit accident de parcours. A une poignée de mètres d’elle, gisant au sol comme une bienheureuse sortant d’une sieste salvatrice, la tête aux longs cheveux bruns épars étalés au sol de Thompson était identifiable entre mille. « Sam ?! » Laissant bouteilles d’alcool fort en plan pour s’approcher à grands pas de la susnommée Carrière, il ne fallut pas trois secondes à la jeune fille pour comprendre le pourquoi du comment de cette chute vertigineusement prévisible. Son flair l’informa d’un premier fait logique : la mécano avait pris un déjeuner plutôt corsé et liquide. « C’est pas possible … Ca empeste le whisky. » La jeune fille lui tapota les joues pour l'éveiller un peu plus rapidement avant d'inspecter sa tête rapidement - aucun signe de saignement, c'était déjà ça. « Ca va ? Tu vois quelque chose ? » Pas sûre qu’elle la distinguerait de façon nette et précise, mais tant qu’elle pouvait l’apercevoir, la réponse lui suffirait déjà d’estimer si elle était uniquement ivre ou ivre et victime un traumatisme crânien.

En spectateur frontal, un grand barbu visiblement lui aussi bien éméché se gaussait de la scène, pas plus chagriné qu’autre chose. La petite brune releva le regard vers lui pour l’épingler. « Vous pourriez me donner un verre d’eau au lieu de rire, s’il vous plaît ? » Son ton volontairement appuyé ne laissait aucune imagination sur l’irritation sous-jacente que l’inactivité des gens autour d’eux lui inspirait. Pour toute réponse, le principal intéressé haussa les épaules et se fendit d’un rictus avant de s’éloigner pour aller voir ailleurs. Evidemment, ce n’était pas sur ces piliers de bar qu’elle pourrait compter quand il s’agissait de demander autre chose que de l’alcool.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyJeu 27 Juin - 20:59


Whil Sam
« it's a pity party »
Avec un peu de volonté…

La surface poisseuse sur laquelle elle s’est paisiblement et volontairement allongée il y a quelques instants ne la révulse pas immédiatement. Elle a l’impression de flotter, comme si le sol ondulait sous son corps. Alors elle n’essaie pas de se redresser, pas tout de suite. À la place, elle referme brusquement les yeux et fronce violemment ses paupières pour que le noir l’envahisse. Une seconde d’obscurité, deux, puis trois. Elle ouvre un œil, le referme, ouvre le second puis soupire, dépitée. La jeune femme à l’expression préoccupée ne s’est pas volatilisée. Pas un fragment de son imagination alors, ce qui est pour le moins embêtant. Ce n’est pas qu’elle ne l’apprécie pas, plutôt le contraire, mais de se faire sermonner par une gamine de bon matin alors que sa tête se prépare à imploser ? Le peu de dignité qui lui reste s’offusque à l’idée, préférant se plonger dans un océan de déni. Son regard papillonne autour de la jeune femme et elle hésite à faire le mort. Mais Whil n’est pas un grizzly, non. Même la bestiole en question ne se montrerait pas aussi tenace. Alors elle se décider à faire signe de vie en marmonnant, « Ça va, garde l’éloge funèbre pour plus tard. » Elle s’appuie sur ses coudes pour relever sa tête. Une vague de nausée s’empare de ses tripes, mais elle serre les dents. « Laisse tomber, c’t’imbécile serait capable de rater le verre, viser c’est pas son truc. » Elle pousse sur ses bras pour se retrouver en position assise, et tourne la tête pour lancer un petit sourire narquois au barbu qui lui jette en retour un regard des plus hostiles. Tiens, sale ingrat. Elle retourne sa tête trop vite, et apporte brusquement une main vers sa bouche. Elle a le mal de mer. Elle respire par le nez quelques secondes mais finit tout de même par se relever avec l’aide de sa nouvelle mère poule :

« C’est bon, ça va, juste un peu mal au crâne, mais dis-moi, » Elle passe la main dans ses cheveux et penche la tête d’un côté, songeuse, « inhabituel de te voir par ici, qu’est-ce qui t’amène ? »

Elle se rapproche du bar, mais plutôt que de reprendre sa place sur son tabouret, elle reste appuyée contre le comptoir. Sa main se tend naturellement en direction de son verre, mais alors que le bout de ses doigts frôle l’objet de ses convoitises, elle s'arrête. Jeez, Whil et ses regards agacés ont de quoi faire trembler un bar d’ivrognes. Elle repose sa main – vide – sur le comptoir et le coin de ses lèvres remue imperceptiblement :

« Je sais, je sais, mon foie. Mais franchement, je crois que tu t’ferais chier sans patients à sermonner, puis, » et en baissant d’un ton, « mal dormi cette nuit, alors j’me disais qu’une petite ronflette au Caveau allait me remettre sur pied. Mais quelqu’un a décidé d’interrompre ma sieste. » Son sourire est franc, cette fois, et elle finit par conclure d’un air dramatique :

« La mort marche, le respect se perd, non mais quel monde, Whil, quel monde. »

Elle hausse un sourcil et finit par reprendre son verre pour le porter à ses lèvres. Mauvaise idée. Le liquide ambré passe à peine sa gorge qu’elle écarquille les yeux, repose le verre et tourne le dos à la jeune femme pour vider son estomac sur le sol du Caveau. Elle lève sa main, index en l’air ; un geste qui sous-entend donne-moi une petite minute. Quelques ivrognes rient grassement, le barman soupire.

So much for dignity.


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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyMar 2 Juil - 23:57


Sam Whil
« just means there's more cake for me »
La belle au bois dormant émergea enfin et ses premiers mots n’étaient pas vraiment gages de gratitude. En dépit de ce qu’elle voulait assurer, elle allait parfaitement bien et était là où elle désirait l’être, soit allongée sur un sol qui n’avait pas du voir la couleur d’un détergent depuis au moins plusieurs années. « Tu viens de t’effondrer littéralement par terre, je pense que c’est un peu plus qu’une migraine. » commenta placidement la plus jeune. Apparemment l’âge n’était pas plus un vecteur de sagesse qu’un critère décisif pour savoir qui des deux femmes était la plus raisonnable.

Et noyer le poisson étant l’une des nombreuses spécialités de la mécano, celle-ci choisit d’éluder les questions gênantes pour reporter tout son intérêt ailleurs … Sur elle. Whilelmina imita sa stratégie, ne répondant même pas à sa question alors qu’elle désapprouvait le diagnostic dédramatisant de Thompson. Perchée debout sur ses deux pieds ou pas, elle n’était pas bien convaincante et l’ex-Jackal pouvait facilement voir dans son jeu. « C’est pas drôle, Sam. » L’humour caustique de son aînée ne faisait ni chaud ni froid à la soigneuse, plutôt préoccupée par ce besoin quasi-constant de devoir effectuer un détour au Caveau bien plus que nécessaire. Si seulement elle acceptait l’aide qu’elle voulait lui donner …

La cadette assista à l’ingestion de la  gorgée de trop sans pouvoir réagir à temps. Déjà le verre avait été vidé de moitié et déjà, le visage de Sam passait de traits tirés et narquois sur fond blanc un peu pâle à une grimace nauséeuse et un soudain recul. La giclée de vomi qui vint souiller un peu plus le plancher de la taverne fit détourner le regard d’une Whil pour le moins mal à l’aise et dépitée. Si la presque trentenaire s’était jusqu’ici donnée un mal de chien pour assurer le change, tout son petit numéro venait d’être réduit à néant en recrachant le contenu de son estomac au vu de tous. Le serveur quant à lui semblait déjà fatigué de cette farce, le soupir qu’il expira en témoignant. « Désolée. Vraiment. » bafouilla la brune. « C’est pas ta faute Whil, mais tu peux l’emmener ailleurs ? J’ai assez de gerbe à nettoyer comme ça. » En tant que figure de l’aide médicale du camp, elle était là autant pour gérer les grands blessés que les victimes de coma éthylique. « Oui, désolée, je m’en occupe. » A défaut de pouvoir garantir des excuses ou un repentir de la part de la cliente un peu agitée, elle décida d'agir avant qu'une bagarre n'éclate à cause d'elles. « Je reviendrai chercher tout ça … après. » D’une main, elle désigna vaguement les bouteilles qui avaient été remplies d’alcool bien trop fort pour être buvable. Quoique, il était préférable qu’elle garde cette info pour elle – au cas où Sam se sentirait pousser des ailes et prendrait le tout pour un challenge.

La soigneuse fit signe d’un geste plutôt clair que le petit-déjeuner de championne de Sam s’arrêtait là pour aujourd’hui. « T’en as assez fait, je crois, là. » La Carrière saisit ensuite le verre d’eau qu’on avait daigné leur accorder pour le tendre d’autorité à la plus âgée. « On peut aller dehors maintenant ? » Ou voulait-elle encore faire son cinéma ? Whilelmina avait sa patience pour elle et beaucoup de tolérance mais au ton que la plus jeune employait, ces qualités s’étaient réduites comme peau de chagrin après la prouesse gastrique de la mécano.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyJeu 4 Juil - 1:04


Whil Sam
« it's a pity party »
Parfois, elle sait se la fermer.

Ce n’est certainement pas une occurrence des plus fréquentes, mais quand ouvrir la bouche ne sert qu’à l’enfoncer, elle préfère parfois ravaler ses commentaires à deux balles et, ici, prendre le verre d’eau qu’on lui tend. Choose your battles. Elle boit une gorgée sans rechigner, mais hausse tout de même un sourcil en fixant la jeune femme. L’amertume dans sa bouche est désagréable, un mélange de bile et de bourbon qui lui arrache une grimace alors qu’elle n’est que trop consciente du cadeau qu’elle a laissé sur le sol de l’établissement. Not my finest moment. Une seconde, puis une troisième gorgée et elle dépose le verre sur le comptoir.

« Tu me proposes de rentrer avec toi ? Oh Seigneur mais paye-moi un verre d’abord, j’suis pas une fille facile. »

La blague passe mal, et elle tire une gueule avant de relever les mains devant elle, une sorte de mea culpa, « … ouais, c’est bon, j’te suis », sa voix est presque penaude. Avant de passer le pas de la porte, elle quitte ses camarades de beuverie et son fournisseur avec un salut militaire terriblement exécuté et un peu trop vacillant. Les oh casse-toi qu’elle reçoit en retour la font sourire. Quelle bande d’hypocrites. Les mains dans les poches, elle avance derrière sa mère poule et admet que prendre l’air n’est peut-être pas la plus mauvaise des idées. Une réflexion qu’elle décide de ne pas partager à voix haute toutefois ; sa dignité suffisamment ébranlée pour le reste de la journée. Il n’est même pas midi.  Elle passe une main dans ses cheveux, lève le visage vers le ciel et ferme brièvement les yeux. Le contraste entre le vieux caveau et la matinée ensoleillée est flagrant ; les rayons de soleil pénètrent sa boite crânienne et éclatent juste derrière ses orbites. Elle se masse les tempes, ouvre un œil, puis l’autre. Naturellement, elle penche la tête d’un côté alors qu’elle examine la moue de son infirmière attitrée, « Je t’accorde que même selon mes standards, ce matin est un peu limite, mais je t’assure, ça va », puis la tête qu’elle tire lui fait rajouter « Mieux… Qu’il n’y parait ? » Ce qu’elle essaye d’affirmer fermement prend des airs de question, sa voix partant légèrement dans les aigus. Elle se racle la gorge avant de continuer, « ‘fin, pas de commotion, okay nurse ? »

Un coup d’œil à son poignet, et elle se saisit de l’élastique pour maladroitement attacher ses cheveux. Elle passe une main derrière sa nuque. Elle titube toujours légèrement mais parvient à fixer son regard sur l’horizon pour retrouver un semblant de stabilité et, bien qu’elle ne soit de toute évidence pas sobre, repeindre le sol du caveau a eu pour avantage de lâcher un peu de lest. Elle inspire profondément, ses nausées sont édulcorées mais son mal de crâne se précise.

« Je t’ai pas menti, la nuit a été rude. Cauchemars, tout le bordel. »

C’est un discours habituel par ici ; personne ne survit si longtemps sans avoir abandonné quelques morceaux fracturés de son âme, sans s’être plongé dans le pire de ce que la nature humaine a à offrir, sans avoir commis le pire, non plus. La mort qui marche, ça a de quoi foutre les boules, seulement voilà, la majorité des survivants ne sont pas hantés par les rôdeurs anonymes. Ç’aurait été trop simple.

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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyLun 15 Juil - 19:10


Sam Whil
« just means there's more cake for me »
« Oh, ne commence pas. » semblait crier son regard désapprobateur décoché à l’adresse de l’impétueuse brune à l’humour détonnant. Elle lui donnait du fil à retordre, c’était certain, et bien que Whil n’était pas contre une dose de défi dans sa vie ou un peu d’auto-dérision, ces derniers temps, elle aspirait plutôt au calme qu’à la tempête. Il y avait eu bien assez de remous ces mois précédents. La disparition d’Erin, la mort d’Angel plus récemment et sa solitude grandissante au sein de la Carrière. Heureusement qu’elle pouvait compter sur Arianne, heureusement qu’elle pouvait se reposer sur son rôle et qu’elle pouvait y abandonner tout son esprit pour ne pas songer à autre chose.

Faute de faire s’esclaffer son audience, Thompson quitta son antre avec dignité comme elle savait le faire – sous les remarques et les sifflets de son public – suivie de très près par Whilelmina. « Merci » qu’elle susurra à peine, presque soulagée de ne pas avoir à affronter la résistance d’une Sam au sommet de son art. Parfois la raison la frôlait et l’atteignait en plein vol. Le reste du temps, elle considérait la soigneuse comme une épine coincée dans le talon de sa botte : petite, pénible et difficile à éliminer du paysage.

A la lumière du jour, la mine de l’autre paraissait encore plus froissée parles excès. Pas vraiment étonnant quand on attaquait le whisky à une heure aussi précoce. Les pupilles d’encre de la plus grande croisèrent celles plus claires de la jeunette, à la recherche d’un peu de compréhension – en vain. « Je ne suis pas sûre que de prendre une cuite à dix heures du matin soit signe de bonne santé, Sam. » Une commotion, si ce n’était que ça, ce n’était rien. C’était plutôt la source qui l’inquiétait. « Mais je peux me tromper. Je suppose que je ne connais rien à la vie. » Blasée, l’ironie mordante de son ton de voix avait soudainement eu des accents plus durs injustifiés, ce que Whil remarqua une milliseconde trop tard. Elle secoua la tête en soupirant. « Excuse-moi. Je n’ai pas à te dire ça. » L’irritation due à la fatigue passagère n’était pas quelque chose dont elle était fière : Whil aurait préféré pouvoir se contrôler au maximum et ne pas faire subir à la mécano des humeurs dont elle n’était en rien responsable. Après tout, ce n’était pas Sam qui avait fait détaler Erin ou qui avait tué son ancien ami Jackal.

La seule chose qu’elle pouvait lui imputer, c’était de se faire du souci pour sa santé, et pas seulement physique. On ne buvait pas par plaisir, pas à cette quantité et à cette fréquence là. Sam avait beau être une forteresse, la soigneuse ne comptait pas baisser les bras face à son cas. Alors quand elle le pouvait, elle volait des bribes de confessions, des vagues indications sur l’état de sa patiente qui dédramatisait toujours tout. « Tu dors mal ? » Elle répétait ça comme si ça lui permettait de l’interpréter. Il ne fallut pas plus de dix secondes pour que la question suivante vienne sans détour ni préambule. « Est-ce que tu te drogues à l'Angelus ou au puff ? » De temps en temps, Whil se sentait comme une femme bien trop arriérée et vieillotte emprisonnée dans le corps jeune et frétillant d’une adolescente. Pas à sa place, avec dans la bouche le discours ringard d’une personne qui devrait plutôt vivre avec son temps. Déjà, elle prédisait l’air vexé et les yeux au ciel qu’allaient lui balancer l’aînée, consternée par les agissements maternels de la jeune fille.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptySam 3 Aoû - 17:18


Whil Sam
« it's a pity party »
Son père disait qu’à défaut d’être honnête, la vérité se lisait toujours dans ses yeux.

Alors elle laisse son regard se balader dans la petite ruelle, du sol jusqu’aux différents cabanons, mais ne parvient pas à empêcher le mouvement au coin de ses lèvres. Le sourire est aussi bref qu’il est sincère, et elle hausse un sourcil alors qu’elle observe son interlocutrice s’emporter. Puis, une seconde à peine, c’est tout ce qu’il lui faut pour reprendre contenance. C’est impressionnant, et elle l’envie parfois, ce contrôle – bien qu’elle se plaise souvent à la taquiner et à suggérer que neuf fois sur dix, il frôle l’obsessionnel. Au fond, elle sait très bien que toute forme de contrôle n’est qu’imaginaire dans une vie comme la leur ; une illusion qu’on chasse faute de pouvoir faire autre chose de concret alors que l’univers nous tombe dessus. Elle, elle la recherche désespérément au fond d’une bouteille, alors elle est mal placée pour juger qui que ce soit d’autre. Cela n’empêche qu’à force de faire monter la pression sans lâcher du lest, elle va finir par exploser, la jolie infirmière. C’est drôle, elles peinent toutes deux à trouver le juste milieu et se balancent à deux extrêmes d’un même fossé. Et, il est difficile à dire si en se côtoyant, elles empêchent l’autre de tomber ou si au contraire, elles se précipitent mutuellement vers le bas. Only time will tell. « Arrête de t’excuser toutes les cinq minutes », elle la regarde du coin de l’œil, « Tu sais qu’à force de toujours assumer la responsabilité pour la merde des autres, tu seras la seule à patauger dedans ? » Elle désigne un pauvre banc en bois d’un coup de tête et vacille gentiment jusqu’à pouvoir y poser ses fesses avec un soupir soulagé. Elle tend ses jambes devant elle et croise ses bras derrière sa tête en fermant les yeux. La migraine est bien installée ; du plomb derrière les yeux, les oreilles qui sifflent, un inconfort qui part de son cuir chevelu et irradie jusque dans sa nuque. Quelle joie. Elle ouvre un œil, puis gênée par un rayon de soleil qui semble lui cramer la rétine, le referme aussitôt. Ah, la question qui met la mère dans mère poule.

« Pourquoi, t’es un agent sous couverture des stup’ ? », un sourire en coin, « J’invoque le cinquième amendement, chef. »

Peut-être qu’elle la provoque intentionnellement. Peut-être même qu’elle est curieuse de savoir si elle finira par exploser, par lui en foutre une ou tout simplement par décider qu’elle en a assez de perdre son temps avec une bornée qui ne mérite pas vraiment de sortir du trou dans lequel elle s’est volontairement jetée. Peut-être qu’elle n’en vaut juste pas la peine. Et pourtant, elle se surprend à rechercher sa compagnie malgré tout. Feed a stray dog once and… « Pas régulièrement, non. Respire. », it always comes back. Elle se force à ouvrir ses paupières et à tourner la tête vers elle. Le mouvement déclenche un vertige qui la prend aux tripes, mais elle continue comme si de rien n’était, « Vraiment, j’suis pas une addict, okay ? », deux secondes avant de rajouter, « Pas à ça, en tout cas. » Elle hausse les épaules, penaude et ramène ses mains vers son visage pour se masser paresseusement les tempes.

« T’as l’air à cran », un silence, « Enfin, à cran version Whil. C’est-à-dire un haussement de ton qui dure cinq secondes et une moue qui dit que t'es à deux doigts d’être vulgaire », elle ne parvient pas à ravaler le petit rire avant de conclure, « Flippant, vraiment. Alors, qu’est-ce qui te travaille ? Plus que d’habitude, j’veux dire. »

Elle relève une jambe et la replie sous ses fesses pour lui permettre de se retourner vers elle en lui faisant face. Two can play this game.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyMar 13 Aoû - 22:31


Sam Whil
« just means there's more cake for me »
Pendant une fraction de temps, le regard de Sam traînant sur elle semblait la sonder et lire à travers elle avec aisance. Identifier le même malaise qu’elle, simplement dissimulé sous un apparat différent du sien. Elle avait appuyé du doigt sur un point sensible sans sourciller, touchant du premier coup à quelque chose de trop épineux pour être résolu en quelques brefs conseils. Le constant besoin de contrôle de Whil ne datait pas d’hier et Sam marquait des points avec une précision chirurgicale et à la fois un je-m’en-foutisme incroyable.

Peut-être lassée par la potentialité d’un sujet trop sérieux, la grande liane brune endossa finalement son rôle d’éternelle plaisantin, éludant le brusque changement d’humeur de la soigneuse par une moquerie que Whil laissa glisser sur elle sans réagir. Plantée devant elle comme un petit chef face à sa bande de scouts, elle avait les bras croisés et le regard fixé sur Sam. « Je dis ça pour toi. Tu fais ce que tu veux, c’est juste que – » La plus jeune marqua un temps d’arrêt, hésitant, avant de poursuivre avec un peu plus d’empathie et un peu moins de morale. « Ca ne t’aiderait pas. » Ca n’avait aidé personne de son entourage jusqu’à présent.

Le discours que son interlocutrice lui tenait n’était pas vraiment inédit mais pour autant il paraissait vrai. Sam n’était pas franchement du genre à se cacher de ses vices et surtout pas si sa réponse pouvait agacer plus encore la benjamine. « D’accord. » Déjà Whil se radoucit. Lutter contre Sam n’a jamais été sa volonté au contraire et ce malgré ce que la plus âgée pourrait s’imaginer au sujet de sa cadette. Certes, elle provoquait chez elle bien plus de froncements de sourcils et de moues renfrognées que de rires et d’enthousiasme, mais ça ne l’empêchait pas de se soucier d’elle et de ses problèmes. Ca ne la retenait pas de tenter de l’aider, de lui tendre régulièrement la main et de courir le risque de ne trouver que du vide en retour. Parce que parfois, Sam acceptait son geste.

L’ex-Jackal abandonna sa posture pour s’asseoir aux côtés de la trentenaire, son menton se tournant légèrement vers elle. « Pourquoi tu dis ça ? » Plus inquisitrice que renfrognée, Whilelmina finit par hausser lentement les épaules, tentant de jouer une attitude dégagée et insouciante qui lui allait très mal. En tout cas, mal pour quelqu’un qui tentait de faire bonne figure alors qu’il portait sur lui le visage de la contrariété. « Rien, rien, ça va. » A son tour de passer au détecteur de mensonges ; le résultat était cependant bien plus piètre que pour Thompson.

Un ange passa et comme il avait l’air de peser sur ses épaules plus que d’habitude, Whil étendit ses jambes, scrutant le bout de ses chaussures élimées en espérant trouver une solution imaginaire à ses problèmes muets. Chou blanc. Ne lui restait plus qu’à vider son sac en priant pour que ça aille mieux – elle devinait déjà l’issue de sa tentative. « Ca fait six mois qu’Erin a disparu. » Est partie serait plus exact. A déserté serait encore plus violent de reproches et de douleur, mais pas moins faux. Tant qu’ils n’en avaient pas la preuve formelle, personne ne pouvait dire ce qu’il était réellement advenu de la raider. « Au début les gens s’en souciaient, maintenant tout le monde a l’air de s’en ficher. Comme si c’était normal. » Sa voix était hantée par quelque chose d’indéchiffrable – du remord, de la colère, de la frustration. Un mélange piquant. « Aucune trace. Elle n’a rien laissé derrière elle. A croire qu’elle ne voudrait vraiment pas qu’on la retrouve. » Maintenant qu’elle l’avait dit à voix haute, Whil ne se sentait pas vraiment mieux.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptySam 7 Sep - 1:08


Whil Sam
« it's a pity party »
Elle en a passé des heures à essayer de se convaincre qu’il n’y avait plus rien de bon ou de compatissant en elle. Peut-être avait-elle réussi à se débarrasser de toute son humanité au cours de ces dernières années ? À oublier ce que c’était que de s’attendrir ?

Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Seulement voilà, à force de s'entêter à se réfugier derrière cette moue qui se veut détachée, c’est une pulsion foncièrement humaine qui lui chatouille désagréablement la poitrine parfois. L’empathie. Un muscle qu’elle a perdu toute habitude d’exercer, et qui, les trois quarts du temps, prend tristement la poussière derrière un monticule de culpabilité et de déni. Ici, il se manifeste dans le bref silence qu’elle laisse s’étirer avant que la gamine ne se décide enfin à lâcher ce qu’elle a sur le cœur. Un semblant d’une intention vaguement louable ? Peut-être. Alors elle la laisse déballer, oublie l’inconfort né de ses excès matinaux, et la regarde simplement. Pas de haussement de sourcil, pas d’expression narquoise, non, elle se contente de l’écouter, et quand son bras fourmille de son coude jusqu’au bout de ses doigts, elle se dit que ce serait si simple et naturel de poser une main compatissante sur son épaule. Ce serait humain. À la place toutefois, elle attend patiemment, immobile. Faut pas déconner, une petite voix perfide qui s’entête à la tirer vers le bas. Elle prend quelques secondes pour chercher ses mots, soucieuse de faire les choses bien. Elle n’est pas certaine d’en être capable. « Elle compte beaucoup cette Erin pour toi, hein ? » elle traine ses fesses sur le banc pour réduire la distance qui les sépare, « Je suis désolée. Je sais que c’est insupportable de ne pas savoir, surtout. » Le doute, une incertitude qui sait nourrir un espoir tout en créant mille et un scénarios catastrophes à la place.

C’est cruel. Mais elle refuse de la dorloter et de la rassurer avec des mots doux. ‘Je suis sûre qu’elle va bien’, ‘tout finira par s’arranger’, bullshit. Elle mérite mieux que ça, la jolie brune. Mieux que la compagnie d’une épave qui pue l’alcool et le regret, aussi. But you get what you get. Elle s’appuie contre le dossier du banc, « Où qu’elle soit, il faut que tu te mettes dans la tête qu’elle est là-bas et que toi t’es ici. » Elle pince ses lèvres, reconnaissant son manque de tact, « Peut-être qu’elle frappera à ta porte demain, dans six mois ou dans une année. Mais quelque chose me dit que la dernière des choses qu’elle voudrait pour toi, c’est que tu passes tout ce temps à ressasser jusqu’à en perdre la raison. » Un bref haussement d’épaules, l’air de dire ‘c’est toi qui sais’, et elle relève la tête comme si elle cherchait un ou deux rayons de soleil.

Un temps, puis deux. « Quitte à te foutre mal, autant le faire sur un banc qui fait mal au cul et en bonne compagnie, mmh ? », elle espère alléger l’atmosphère, mais continue tout de même plus sérieusement, « J’ai donné son nom aux raiders qui m’amènent régulièrement des pièces. Des fois que… », elle ramène son regard vers elle et s’autorise un petit sourire, « En attendant, j’aime me dire que j’te donne du travail. Une distraction, quoi. » Elle tend sa nuque d’un côté, puis de l’autre, et lève les bras au ciel pour étirer les muscles endoloris de son dos. Quelque chose coince au niveau de son omoplate droite, et elle se tortille pour essayer de libérer un peu de tension, sans succès. Résignée, elle arrête de gigoter et jette un coup d’œil à la gamine avant de lâcher, penaude, « Je sais c’que tu vas dire, mais j’avais déjà mal avant de ma casser la gueule ce matin. »

C'est peut-être pas si difficile finalement, d'exercer son empathie.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptySam 14 Sep - 23:51


Sam Whil
« just means there's more cake for me »
« Oui » qu’elle souffla simplement. Il ne lui avait pas fallu plus d’une milliseconde pour répondre par l’affirmative à la question de Sam. Evidemment qu’Erin comptait pour elle. Comme tous ces principes un peu clichés et au demeurant vrais, c’était une fois que la jeune fille avait disparu que Whil prenait l’ampleur de son attachement pour la raider. Elle tenait à elle, oui. Mais peut-être ne soupçonnait-elle pas l’importance capitale qu’avait peu à peu acquise Erin en étant à ses côtés et qu’une fois la jeune femme disparue de la ligne d’horizon, elle mesurait l’étendue des dégâts.

Sa camarade n’y pouvait strictement rien et malgré cela elle se désolait bien de la peine de la soigneuse. Délivrée d’un blocage indescriptible, celle-ci trouvait lentement la facilité de placer des mots sur ce qui lui pesait. « Si elle était morte, je préférerais le savoir. Là j’ai juste … Rien ? » Sam avait totalement raison : c’était le pire cas de figure – et le meilleur à la fois car il laissait la porte ouverte à tout le champ des possibles. Si elle avait au moins le droit d’être fixée sur la finalité de ce qui était arrivé à sa comparse, elle pourrait s’en tenir aux faits, à une version établie et vraie. Là, elle ne pouvait s’appuyer que sur des suppositions, vivre de théories et d’espoirs infondés. Qu’est-ce qui était le mieux entre prier chaque soir pour la vie d’une femme dont elle n’avait plus la moindre nouvelle ou s’en remettre à Dieu pour le salut d’une âme défunte ?

Qu’aurait voulu son amie pour elle ? Qu’elle ne se tue pas la santé à petit feu, ça c’était évident. Elle devinait dans un souvenir inventé de toutes pièces une réaction d’Erin face à elle en plein désarroi. Elle aurait refusé tout net d’assister à un tel naufrage ; elle aurait tout fait pour l’inciter à aller de l’avant et à se battre. Un drôle de sourire nostalgique avait pointé le début de son ombre inconsciemment, parachevé par la plaisanterie de la mécano. Mécano qui, l’air de rien et sous ses airs bourrus, semblait prête à donner un coup de main pour aider sa casse-pied d’infirmière. « C’est gentil. Merci. » Elle s’apprêta à rajouter que si Sam obtenait la moindre nouvelle – bonne ou mauvaise -, il était plus avisé de ne pas chercher à le lui cacher. Conseil bien inutile : la brune était d’une franchise absolue et clairement pas du genre à tourner autour du pot. S’il existait bien un individu dans la Carrière dont elle pouvait espérer une honnêteté brute et froide, c’était elle. « Je vois. Tu fais tout ça pour me rendre service, en fin de compte. Très généreux de ta part. » Plus chevalier blanc qu’on ne pouvait se le dépeindre, Sam avait donc peut-être bien encore de la bonté à revendre – Whilelmina ne s’était pas plantée là-dessus non plus. « En tout cas tu te donnes beaucoup de mal pour me changer les idées. » Doucement le sourire renaissait sur ses lèvres. Timidement mais sûrement. Il finirait par redevenir celui, spontané et naturel, qu’elle avait une telle facilité à accorder aux autres habitants du Bourbier et à tous ces gens qu’elle croisait.

Fine observatrice, la jeune fille n’était pas passée à côté de ces signaux qui trahissaient une vieille douleur réveillée. « Tu sais, tu devrais peut-être arrêter de prendre le petit-déjeuner au Caveau et passer plus souvent à l’infirmerie en cas de problème. » La soigneuse farfouilla dans sa besace pour en sortir un sachet de feuilles séchées qu’elle versa dans sa gourde et qu’elle se mit à agiter énergiquement durant une poignée de secondes - probablement sous le regard éberlué de Thompson qui devait croire qu’elle était en plein acte de sorcellerie. « Bois ça, ça devrait faire passer les restes de ce matin. » Elle lui tendit la décoction sans ajouter un mot de plus – de toute façon, son interlocutrice était assez maline pour savoir que le breuvage lui ferait plus de bien que de mal.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyLun 23 Sep - 21:50


Whil Sam
« it's a pity party »
C’est toujours un peu troublant d’entendre certains mots.

Généreux ? Gentil ? Des caractéristiques qui, selon elle, ne lui correspondent pas. Ou plus. Du coup, elle décide de balayer sa supposée gentillesse d’un coup de main – un mouvement, certes, pas très coordonné – et roule les yeux en arrière, expéditive. Mais elle sourit toujours, alors le message se perd et se contredit, entre lèvres étirées et regard fuyant. Cela dit, il en vaut peut-être la peine, cet inconfort si particulier qu’il se détache de celui causé par ses excès matinaux – une façon détournée de dire monstre gueule de bois – parce qu’elle sourit aussi, la jolie infirmière. Mission accomplie. « Que veux-tu, on dit que j’ai un grand cœur » lâche-t-elle, tout de même un brin moqueuse (parce qu’elle a une réputation à maintenir). Quelques secondes, et c’est un air hébété qui se plaque sur son visage alors qu’elle la regarde sortir un sachet tout ce qu’il y a de plus mystérieux de son sac.

Elle porte une de ses mains à son front, et l’utilise comme visière de fortune histoire de bloquer les rayons de soleil qui l’empêchent de clairement distinguer le petit mélange auquel s’adonne la gamine. Une petite grimace – plus surjouée qu’autre chose – et elle se sent obligée de rajouter « Aussi, je sais que j’ai un foie solide, mais de là à faire cobaye pour tes potions magiques… » Ses yeux la trahissent, joueuse, et c’est sans plus de bavardage qu’elle accepte la gourde qu’on lui tend et la porte à ses lèvres, une patiente modèle.

La première gorgée, elle ne l’avale pas tout de suite. À la place, elle garde le mélange dans sa bouche, joues drôlement gonflées, comme si elle tâtait le terrain ; un poisson globe hors de l’eau. Lorsqu’elle décide que le goût de la décoction est tolérable – papilles expertes bien que trop souvent maltraitées, elle enchaîne trois grosses gorgées d’un air plus assuré. Elle sent que sa réaction est jaugée, examinée, et c’est du coin de l’œil qu’elle regarde sa voisine, « J’suis quasi certaine que le moonshine raté d’Earl a bousillé mon sens du goût pour toujours mais, » une autre gorgée qu’elle ponctue d’un ‘ah’ satisfait, « c’est plus que passable ton truc. » Un clin d’œil, et elle referme la gourde pour la poser sur ses genoux. Un silence s’installe, pas désagréable pour un sou, au contraire plutôt paisible. Les ruelles s’animent. Une nouvelle journée productive à la carrière.

Les muscles de sa nuque se détendent, le mal de tête passe au second plan. Un peu chieuse, elle tape dans la chaussure de Whil avec le bout de sa botte pour attirer son attention, et c’est sur un ton plus vif, les mots plus articulés qu’elle s’interroge à voix haute, « T’as des amis par ici, Whil ? ». Elle trouve que la question sonne creux, alors elle s’explique, « Ce que j’veux dire, c’est que c'est important d’avoir plus que des patients et des brebis égarées dans ta vie, tu sais. » Venant d’elle et de sa vie sociale aussi douteuse qu’à deux doigts d’être inexistante, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Elle le sait bien, mais ça ne l’empêche pas de jouer le rôle de la gentille.

Le temps d’une pause ensoleillée sur un petit banc en bois.
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyDim 13 Oct - 23:10


Sam Whil
« just means there's more cake for me »
Sam faisait mine d’être au-dessus de tout mais Whil n’était pas sotte ; elle refusait la sympathie qu’elle prenait plutôt comme un acte de faiblesse qu’autre chose. Pourtant ça lui réussissait mieux que les cocktails infâmes du barman du Caveau. Pour ce qu’elle en savait au sujet des breuvages de la Carrière, elle préférait s’abstenir d’y toucher. « Tu risques moins ta vie à boire ça que ce qu’ils te servent ici. » Du menton elle désigna la taverne qu'elles avaient quitté précédemment. « Sauf si aller mieux est une maladie grave pour toi. » Sam mettait une telle énergie à se détruire à petit feu qu’elle pouvait considérer qu’être en bonne santé était bien le pire syndrome dont elle pouvait souffrir.

La plus jeune se mordit la lèvre pour retenir le rire qui lui chatouilla les côtes face à la mimique d’une Sam aux joues gonflées et à l’air suspicieux. Finalement le poison n’en était pas un et après dégustation, la potion pas si magique que ça – une infusion de son cru – fut appréciée et validée. « Merci. C’est un remède anti-gueule de bois, apparemment il intéresse beaucoup de gens à la Carrière. Va savoir pourquoi. » Elle esquissa un vague sourire amusé. La clientèle de ce petit miracle en flacon n’allait pas tarder à enfler si l’on entendait parler des effets bénéfiques de cette décoction. En attendant, Whil en dispensait à ses proches un peu trop fêtards et elle avait eu le temps de le peaufiner.

Maintenant que Sam se remettait progressivement de sa gueule de bois, elle était d’humeur à discuter et l’ex-Jackal accepta de jouer le jeu – pour une fois, cela changerait des sermons et des piques plein d’ironie qu’elles s’envoyaient l’une à l’autre. « Aoutch. » Whil grimaça, un peu désarçonnée. La question, bien qu’abrupte, était plutôt posée pour la faire réagir que lui faire mal. Enfin, elle l’imaginait. Dans la bouche de la mécano, la maladresse n’était pas rare. « Oui ? Enfin, je crois. Je ne suis pas une reine du lycée populaire mais … J’ai des gens bien sur qui compter. » Bien que la moitié d’entre eux soit morte ou disparue, il demeurait quelques irréductibles points de repère qui n’avaient pas encore été décimés ou qu’elle n’avait pas perdus. « Regarde. Tu es là, toi. » Et comme un retour de bâton, son pied gauche de taper gentiment à son tour celui de sa camarade de banc.

La petite brune finit par hausser légèrement les épaules. « C’est marrant. A t’écouter je croirais presque que tu t’inquiètes. » Elle coula un regard plein de malice à sa voisine. « Vous êtes pleine de surprises, Sam Thompson. » Elle devrait peut-être passer plus de temps avec son aînée. Pas seulement pour lui faire des leçons de morale ou s’occuper de panser ses bobos du quotidien mais pour mieux la connaître, pour sympathiser avec cette fille qui sous ses airs revêches et nonchalants cachait une part lumineuse. « Tu avais quelque chose de prévu ce matin ? A part prendre ton petit-déj’ au Caveau, je veux dire. » Elles étaient bien là, sur ce banc, à prendre le soleil. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin et Whil n’était pas venue ici par hasard, elle avait un dispensaire à réapprovisionner. « Parce que ça ne me dérange pas de rester là toute la journée, c’est même plutôt agréable, mais je vais devoir finir par retourner à mes obligations … Et j’ai une cargaison d’alcool à brûler qui attend d’être ramenée. » Sous le regard mi-suspect mi-intéressé de Sam, Whil corrigea l’implicite de sa phrase. « Pour l’infirmerie. » Qu’elle n’aille pas s’imaginer que sous le manteau, la pieuse infirmière revendait de la gnôle contrefaite ou se rinçait le gosier avec de l’éthanol. « Tu m’aiderais à l’amener à la tente de soins ? »
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Sam Thompson
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MessageSujet: Re: it's a pity party | Whil Jennings   it's a pity party | Whil Jennings EmptyMar 22 Oct - 22:27


Whil Sam
« it's a pity party »
Regarde. Tu es là, toi. Mais l’est-elle vraiment ? L’affirmation de la jolie brunette la prend un peu au dépourvu, et elle penche bêtement la tête sur le côté – comme si le mouvement était censé lui permettre de mieux digérer l’information. Weird. C’est surtout qu’elle a la sale impression de passer les trois quarts de son temps à se remettre en question ; sa vie, ses choix, sa personne. Son existence même. Alors elle flotte, jour après jour, nuit après nuit, et en vient à s’oublier. C’est bien ce qu’elle veut, ce qu’elle recherche désespérément dans le fond de chaque bouteille qui croise son chemin, mais ça ne l’empêche pas de reconnaître que le sentiment est aussi troublant qu’il est grisant. Le genre de doute qui vous prend aux tripes et vous plombe les poumons en même temps qu’il vous serre à la gorge. Pourtant, elle s’y est faite, et la triste vérité, c’est qu’elle n’est pas certaine de savoir faire autrement. Pas après tout ce temps. Pourtant, elle est assise sur ce banc à dévisager Whil, et c’est comme ouvrir un robinet. Peut-être bien qu’il y aurait moyen de faire autrement, après tout.

Finalement, si les mots qu’elle perçoit la touchent, elle le cache avec une expertise qui ne lui est pas inconnue. Un rire qui se coince dans le fond de sa gorge, et un haussement de sourcil qui se veut aussi nonchalant que la main qui balaye le curieux compliment. « M’inquiéter, moi ? », elle se désigne de l’index, « S’te plait, ça n’me ressemblerait pas du tout. » Elle retire l’élastique qui rassemble ses cheveux pour y passer ensuite ses doigts. « Si t’avais été une reine du lycée populaire par contre, on aurait pu discuter, » qu’elle rajoute sur un ton conspirateur, s’autorisant à rentrer dans le petit jeu. Pour son interlocutrice, mais très probablement pour elle-même aussi. Y a pas de mal, non ?
Elle ravale un commentaire sur la qualité de la formule petit-déjeuner offerte par le caveau, et roule des yeux – non sans un petit sourire en coin. I deserved that, I guess. Une main trouve l’arrière de son crâne, pas de bosse, remarque-t-elle distraitement alors qu’elle lâche d’une voix presque enfantine, « Pour l’infirmerie, pfff. Forcément… » Elle se relève en soupirant, et pendant une fraction de seconde, le mouvement lui fait voir une pluie d’étoiles à l’arrière des globes oculaires. Ses jambes vacillent brièvement, mais elle reprend vite ses marques. « Ssssh, t’as rien vu, » qu’elle lâche pour faire taire l’infirmière avant de lui proposer sa main pour la redresser.

Elle jette un dernier coup d’œil vers le banc en bois, surprise par la chaleur qui se dégage au niveau de sa poitrine, et détourne enfin la tête pour rompre le silence, « Tu me laisses garder une bouteille quand même, hein ? »
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