spinning world (jude)

mars 2019

Elle n'avait pas prévu de revenir à la Carrière si vite. Pas après son dernier entretien avec Ryan. Elle  préférait éviter l'endroit pour un certain temps, trop certaine de retomber sur l'olympien. C'était la dernière chose dont elle avait besoin. Parce qu'elle ne savait plus sur quel pieds danser avec lui. Il la faisait enrager et pourtant elle avait l'envie brûlant de reposer entre ses bras, qu'il la possède toute entière. Mais leur dernier échange n'avait mené à rien sinon à un tunnel sans fin. Une boucle qui se répète encore et encore. Elle n'avait pas la force de le revoir, pas l'énergie de se battre encore une fois. Alors quand l'ordre était tombé, qu'on l'obligeait à retourner là-bas pour d'autres informations, Amalia ne se gêne pas pour indiquer son mécontentement. Mais la mexicaine obéit, bien consciente que sa place au ranch ne tient qu'à ces informations. Remplaçable, elle pourrait, à tout moment, être évincée. Et ça elle ne peut pas se le permettre. Depuis quelques temps l'idée trotte dans sa tête de faire venir Leandro. L'endroit est sain, sans doute moins dangereux aussi. On ne peut pas tenir trop longtemps éloigné une mère et son enfant. Ravalant sa fierté et ses commentaires salés, Amalia s'exécute, quittant le ranch avec son escorte personnel. Son redneck rien qu'à elle qui fait bouillir son sang. Elle serre les dents, évitant de lui adresser la parole. Les sentiments haineux sont mutuels et ni lui ni elle ne cherche la compagnie de l'autre.

Silencieux, les deux compagnons d'infortune cahotent, lui à cheval, elle à pieds. Elle ne sait pas monter et n'a pas franchement envie d'essayer. Tôt ou tard pourtant, si son avenir est au ranch, elle devra apprendre. Pour l'heure, elle se sert de ses pieds et se concentre sur son objectif. Elle sait que la Mine a été prise par Aaren et cette pensée suffit à faire planer un vague sourire sur ses lèvres. Elle sait que son fils va bien.  Elle ne sait rien des détails de cette nouvelle alliance qui se joue, rien des complots qui animent la Carrière. Elle aurait aimé être de la partie, se mêler à ceux qui ont pris ce trou à rats. Elle aurait aimé voir la peur sur leur visage et en abattre quelques uns. Elle allait devoir se contenter d'un récit. Elle n'aurait même pas le droit d'entrer pour voir de ses propres yeux la Mine défaite. Le goût amer de ses propres pêchés lui revient en bouche comme un mauvais souvenir, un cauchemar. Elle doit vivre avec ses erreurs. Assumer. Plus facile à dire qu'à faire. Amalia serre les dents, la tête haute tandis que les barricades de la Carrière s'offrent à ses yeux.

C'est toujours le même rituel, les mêmes jeux puérils. On la toise d'un sourire narquois, son garde du corps reste à l'écart et elle demande à ce qu'on aille lui chercher son fils. Elle demande même des nouvelles de Jude mais le garde ne voit pas de qui elle parle. Leandro devra aller le chercher lui-même. Elle a besoin de son vieil ami pour obtenir les renseignements dont elle a besoin. Dont Abel Rhodes a besoin. Par chance, ou par un hasard effronté, Jude s'avance par là. A croire que Dieu ne l'a pas complètement abandonné. La vision de son ami suffit à lui rendre le sourire, à radoucir ses traits. Elle en oublie le danger. Elle oublie que Ryan pourrait être là aussi. « T'as l'air en forme. » qu'elle lance à Jude quand il arrive enfin à portée de voix.

mars 2019

Qu'il était étrange son Royaume, songeait parfois Indy depuis que la Mine faisait désormais partie de la Carrière. Ce n'est pas qu'elle y comprenait grand chose, juste qu'elle laissait ça aux adultes, enfin aux adultes que ça intéressait. Pas comme son père...
June ne prenait pas parti, préférant observer, savoir quand le vent tournerait assez pour partir sûrement. Il n'avait pas ressorti les vieux sac à dos, du coup Indy pensait que ça allait quand même. Au moins, ils mangeaient mieux, Leandro aussi semblait d'accord là dessus. : on avait moins peur de la nourriture, de la stocker et tout, ça c'est Jude qui l'avait dit à Indy.
La fillette savait se faire furtive, n'osant pas encore agrandir ce qu'elle considérait comme son territoire pour le moment, elle. Elle préférait aller et venir dans les allées où elle avait ses habitudes, parfois elle s'approchait de l'entrée même de la Carrière, mais pas trop.
C'est comme ça qu'elle remarqua les nouveaux arrivants, les deux hommes à cheval et...
Il fallut à Indy une volonté cruelle et adulte pour ne pas se jeter dans les bras d'Amalia. La gamine ayant conscience de son statut d'enfant, et que si la femme était ici ce devait être pour des choses graves.
Tout aussi discrètement, après un dernier regard, la gamine s'en alla prévenir Jude. L'homme arrêta de réparer les outils sur lesquels il travaillait puis s'en alla voir.

Amalia était là, à la fois comme d'habitude et différente. Elle sourit aussi en le voyant, et Jude sourit à son tour. ”Je prends l'air et je fais de l'exercice...” répondit-il dans un rire.
Pendant une seconde, une gêne aurait pu s'installer. Ce ne fut pas le cas, Jude choisissant de prendre Amalia dans ses bras, elle sa première amie de la Mine, alors qu'il ne connaissait personne et se devait de faire au mieux avec une enfant encore traumatisée de trop d'horreurs.
”Indiana m'a prévenu, elle t'a vu arriver. Sans doutes la fillette était-elle à présent allée retrouver Léandro ”Ils vont bien, Amalia, ton fils, ta mère, Lake aussi. “
Et puis Jude regarda la cavalière, incapable de dire qu'il avait tenu sa promesse. On ne se vantait pas de telles choses après tout, on se contentait de les faire, juste.
”Dis-moi ce dont toi tu as besoin, je ferais au mieux. Même si j'ai plus de chocolat, malheureusement...”
Peut-être reportait-il sur Amalia tout ce qu'il était incapable de faire pour Neve? Avec son amie, Jude étaient capable de choses et de promesses, des promesses qu'il tenait, avec son amante il n'y avait que brouillard et désespoir...

mars 2019

Elle est toujours soulagée de voir le visage familier de Jude, comme si un poids lui était momentanément retiré de ses épaules douloureuses. Soulagée par le son de sa voix et ses bras qui viennent l'entourer dans une étreinte amicale dont elle avait besoin. Il n'y a que Jude qui ose la toucher, être si proche d'elle. Et il est certainement la seule personne à avoir ce privilège. Personne n'approche Amalia et personne n'ose l'appréhender de cette manière. Retrouver Jude c'est à chaque fois une bouffée d'oxygène pour la jeune femme. Un sourire aux coins des lèvres, elle l'observe quelques secondes, retenant son souffle jusqu'à ce que la bonne nouvelle parvienne jusqu'à ses oreilles. Tout va bien. Elle peut à nouveau respirer. Sachant que bientôt elle serrait son enfant dans ses bras. « Merci » qu'elle murmure, sincèrement reconnaissante pour cette information. Être ainsi séparé de sa chair, pesait durement sur Amalia. Son humeur s'en ressentait et elle avait parfois du mal à se lever le matin en sachant que son fils n'était pas là. Elle savait que cette situation ne pourrait pas durer encore longtemps. Tôt ou tard (et certainement plus tôt qu'elle ne le pense) il faudra qu'elle parle à Abel Rhodes et négocie la venue de Leandro. Peut-être celle de Lake aussi, si la jeune femme souhaite encore la suivre. Sa mère, Amalia ne se fait pas d'illusions. La matriarche préférera sans doute rester auprès d'Aaren Diggs où elle a désormais ses habitudes. Amalia ne lui en voulait pas. Pas vraiment. Elle comprenait. Diggs était un homme de bien, au fond, et la jeune femme le respectait toujours malgré leurs différents. Peut-être espérait-elle secrètement un retour à la normale. Un jour.

« Et comment va Indy ? » Amalia n'avait jamais rêvé d'avoir une fille et l'idée d'un second enfant n'avait jamais germé dans sa tête, ni dans celle d'Emilio. Leandro leur avait apporté plus de joie qu'ils n'auraient pu l'imaginer. Et puis l'apocalypse avait frappé, le monde s'était écroulé. Il avait fallu survivre, apprendre à vivre de nouveau. Mais Amalia considérait presque la gamine comme la sienne. Elle était intelligente, peut-être un peu trop pour son âge. Et elle appréciait l'amitié qu'elle offrait à son fils. Elle ne s'inquiétait certes pas autant du sort d'Indiana que de son propre fils mais elle pensait à elle de temps en temps. Et à Jude, naturellement. Le seul véritable ami qu'Amalia comptait. Ces choses là étaient rares, voire inexistantes dans sa vie. Elle n'avait personne en dehors de sa famille. Et sa famille avait aujourd'hui presque entièrement disparu. Ne restait que des fantômes, des souvenirs tenaces. « T'en fais pas, j'suis pas là pour le chocolat. » Elle ne manquait de rien au Ranch, même si les nuits elle se sentait terriblement seule. Sur le plan de la nourriture, elle ne pouvait pas franchement se plaindre. « J'ai plutôt besoin de discuter. » De savoir ce qu'il s'était passé ici, d'obtenir toutes les informations possibles de Jude. Sans qu'il ne se doute de son petit manège. « J'ai appris pour la Mine. J'aurai aimé être là et voir la peur sur les visages de ces rats ! » La haine qu'elle vouait aux habitants de la Mine n'était un secret pour personne. Il n'y avait pas si longtemps encore, Amalia rêvait de faire exploser les tunnels. Elle n'avait pas eu la chance de participer à la prise. Ni de tuer quelques Miners au passage. « T'as des détails croustillants sur le sujet ? »

mars 2019

Il y avait beaucoup à dire, et à la fois absolument rien alors Jude regardait Amalia avec la douceur du moment, rien de plus. Quelque chose dans ses yeux à lui, quelque chose proche d'une vérité quelconque, une vérité sans importance qu'il y ait eu du sang versé en son nom ou non. Le remerciement de la jeune femme portait un chagrin, un instant Jude imagina ce que cela serait de confier Indy à d'autres sans pouvoir l'emmener. Y penser trop fort était dangereux, pouvait-il comprendre, y penser trop fort pouvait casser quelque chose...
Alors, l'homme se contenta de secouer la tête un peu. De raconter que la fillette allait bien. Elle avait toujours des cauchemars, mais apprenait à se rendormir après, à en parler aussi. Cela, Jude s'abstint de le raconter, c'était leur histoire à tous les deux, au père et à la fille, et Indy restait sa responsabilité.
Puis vint les questions sur la Mine, un combat étrange comme un coup de poing sur son propre visage. Quelque chose pour faire comprendre à l'homme que les choses évoluaient, qu'il le veuille ou non.
Evoluaient, changeaient.
Un bruit de cavalcades lui fit baisser la voix un peu. Parce qu'il y avait du sang dans son récit et à peine eut-il le temps de finir sa phrase, que deux frimousses apparurent alors, chacune les sourcils froncés, chacune dans la réflexion des gestes à avoir.
Un garçon qui n'avait pas vu sa mère depuis un moment, une fille qui savait ce que cela faisait de garder le secret d'un fou, de l'accepter comme père.
Et puis, près avec bravache, Indiana se jeta alors dans les jambes de son père, furieuse, sauvage, petit animal qui montrait les dents pour sourire. Quelque chose d'enfantin dans l'étreinte, et puis un défi aussi, un défi au monde, rien de plus : si moi qui peut voir mon père tous les jours, je suis capable de tels gestes d'affections, alors Leandro peut faire pareil avec sa mère qu'il n'a pas vu depuis longtemps.
Peut faire pareil sans rougir, sans avoir honte parce que la fillette avec lui venait de faire pire.

Une main dans les cheveux d'Indiana, Jude recommença à parler à voix haute. Parce que cela pouvait être une leçon intéressante pour les enfants, il le savait. ”Je t'en ai peu dit mais c'est parce que je me mêle à peine de ces choses là que ce que je sais est vrai. Il n'y a pas besoin de me cacher des détails ou autres, je ne suis pas connu pour des affinités particulières avec les autres clans. Ca changera peut-être d'ici ce soir, je ne sais pas...”
L'homme haussa les épaules. De plus en plus, Indiana reproduisait ce geste maintenant. Certains membres de la Carrière s'amusaient de la ressemblance entre le père et la fille.
”Dans tous les cas, je n'ai pas joué les héros.”

mars 2019

Jude est avare de mots. Il l'a toujours été et Amalia appréciait d'autant plus ce trait de caractère chez lui. Pas de grands discours entre eux. Jamais besoin d'en faire trop. D'en dire trop. Leurs regards se suffisaient. Mais aujourd'hui, en cet instant précis, Amalia aurait aimé qu'il en fasse davantage. Qu'il ouvre la bouche et lui raconte tout dans les moindres détails. Elle ne manquerait pas de connaître la vérité, de tout savoir où presque. Elle aurait simplement préféré discuter de tout ça avec Jude. D'un signe de tête, elle lui indique qu'elle comprend. Jude ne se mêle pas aux autres. Il laisse les grandes affaires aux grands. Il observe, patient. Il y a chez lui un côté pragmatique qu'Amalia n'a pas. Elle fonce tête baissée sans réfléchir, quitte à se brûler les ailes. Pas Jude. Il sait attendre et plonger au bon moment.

Plonger c'est d'ailleurs presque ce que fait le petit Leandro quand il voit sa mère. Amalia ne cherche pas à dissimuler sa joie derrière un masque de fermeté. Elle sourire avec toute la sincérité d'une mère qui retrouve son enfant. Les traits soulagés de le voir en un seul morceau, toujours en vie, toujours aussi beau. Il se jette dans les bras de sa mère qui le serre avec la force d'une lionne. Pas prête à le lâcher, Amalia ferme les yeux, ses mains se perdant dans la chevelure grandissante du garçon, respirent profondément cette odeur familière qu'elle a si peur d'oublier avec le temps. Son petit prince va bien. Elle le regarde de haut en bas, une main sur sa joue, un sourire aux lèvres. “Tu grandi trop vite pequeňo !” Contre l'avis de Leandro, elle lui ebourrife les cheveux, les yeux pétillant de malice. “Il va falloir couper ça jeune homme.”

Amalia se relève lentement, son regard se posant sur Jude et Indiana collé contre les jambes de son père. ”Elle grandi aussi.” Comme une fatalité, une réalité trop dure à supporter. Elle aimerait que son fils reste un enfant. Elle aimerait le garder près d'elle pour toujours, le protéger. Mais tôt ou tard, le lionceau doit quitter les pattes envahissantes de sa mère. Le regard d'Amalia croise celui de Jude et elle choisi de ne rien dire de plus sur le sujet épineux de la Mine. De toute évidence, elle n'obtiendra rien de Jude. ”Qu'est-ce qu'il se passe ce soir ?” qu'elle demande, intriguée, un sourcil arqué dans une expression interrogative.

mars 2019

JIl n'était pas avare en détails, simplement conscient qu'Aaren ne l'aimait pas. Pendant plus de huit mois, Jude avait habité la Carrière, on faisait appel à lui pour des missions quelconques, pour escorter des gens, des marchandises... On, toujours des particuliers, jamais la Carrière en elle-même. Il avait déjà vu celui qu'on considérait comme un roi, bien sûr, le roi d'un royaume étrange, un royaume où Jude ne pouvait se sentir à sa place.
Il restait. Il restait pour Indiana, que la gamine récupère, grandisse. Ait assez de forces pour reprendre la route parce que la route les attendait quand la Carrière les rejetait.
Prendre les armes pour ce petit bout de terrain, Jude ne le pouvait pas. Pas avec honnêteté, il le pouvait pour protéger Amalia et sa famille, pour Erin qui n'était plus là mais avait apporté son amitié à Indiana, pour ce genre de choses, de personnes.
Pas pour un roi, Apocalypse ou non.
Les enfants sont collés à eux, Jude songea que les cheveux d'Indy aussi méritaient une coupe. L'idée le fit sourire. ”On trouve un bol et on leur fait la même coupe à tous les deux, t'en penses quoi?”

Il plaisantait, ça n'empêcha pas Indy de lui jeter un regard horrifiée avant de se rapprocher d'Amalia pour espérer de l'aide. Un instant, l'atmosphère s'allégea un peu plus, puis Jude secoua la tête. ”Ce soir, il se passera que je t'aurai vu, qu'on se sera parlé. J'suis pas du genre bien apprécié ou bien intégré ici. Indiana est une enfant avant tout”... un cri de la gamine vint ponctuer cette affirmation.”Mais moi je suis un étranger. Quelqu'un qui est sorti de nulle part avec sa gosse, qui fait sa vie et...” Et peut-être était-ce en dire trop, il ne savait pas.
Il ne savait pas, il parla quand même.
”Et qui s'est attaché à une étrangère aussi. Quelqu'un pas de ce camps, on fait mieux pour être bien vu tu penses pas? J'me demande si un jour j'aurai simplement plus de boulot, si on arrêtera de faire appel à moi parce que personne ne veut perdre son temps à me faire confiance.“
Il était un homme fou à l'esprit usé, il portait bon nombre de douleurs aussi, les exprimait à sa façon, ne pouvait faire plus, ne savait faire plus.

”Si j'avais commis quelques actions pendant cette histoire avec la Mine, on en aurait profité pour me taxer de psychopathe je pense. Personne ne veut d'un psychopathe....”

mars 2019

La conversation prend un ton léger et Amalia pourrait en oublier la seconde raison qui l'a mené jusqu'à la Carrière. Bien sûr, son fils en était la première. Toujours. Elle avait besoin de voir son visage, de se réchauffer avec son sourire, de le serrer dans ses bras. Il était tout sa vie, la raison qui la gardait en vie. Il n'y avait rien de plus important que Leandro. Mais une fois les enfants parti, elle devait reprendre son rôle. Elle ne pouvait pas revenir les mains vides au Ranch. Il lui fallait quelque chose, n'importe quoi. Son avenir en dépendait. Celui de Leandro aussi. Elle comptait bien ramener son petit garçon avec elle bientôt. Mais pour l'heure, Amalia joue le jeu, sourire aux lèvres. Les enfants n'ont pas besoin d'être mêlés à ces sales histoires. Leur temps viendra. ”T'en fais pas, princesa, je le laisserai pas faire.” qu'elle dit à la petite Indiana, lui adressant un clin d'œil. La gamine aux long cheveux est bien trop jolie pour qu'on les lui coupe. Elle se souvient de son enfance et de ses propres long cheveux. Elle se souvient qu'il fallait l'obliger à les couper sans quoi le désordre était inqualifiable.

La légèreté de la conversation disparaît tellement rapidement qu'Amalia ne sait plus sur quel pied danser. Sourcils arqués dans une expression d'incompréhension, elle fini par soupirer, voyant bien ce qu'il voulait dire. Jude n'était pas vraiment le genre de type vers qui on allait naturellement. Pas bavard, peut-être trop bizarre. Mais il suffisait pourtant de faire un effort, d'apprendre à le connaître. Amalia ne regrettait pas son amitié avec l'homme. Il était d'ailleurs l'une des rares personnes de ce monde qu'elle appelait ami. ”On est tous des psychopathes à notre manière.” Il fallait l'être pour survivre dans ce nouveau monde. ”C'est leur problème. T'es quelqu'un de bien, y aura toujours des gens pour s'en souvenir.” Elle y compris. Amalia n'est pas un exemple en matière de confiance. La sienne se mérite et ils sont peu nombreux à l'avoir gagné. Ou gardé. ”J'ai pas l'impression d'avoir perdu mon temps jusque là.” Elle lui offre un sourire chaleureux, espérant qu'il se reprennne en main. Elle n'est pas douée Amalia, les mots ne viennent pas naturellement. Mais elle essaie. Espère que sa présence suffit. ”Et puis les premiers psychopathes dans cette histoire c'était ces pendejos de miniers.” Elle n'a pas oublié. Elle ne peut pas. La disparition de la Mine à été un évènement satisfaisant pour la mexicaine. Son seul regret étant qu'elle n'avait pas été là pour y participer.

mars 2019

Chaque camps connaissait des tragédies, il y avait des rancunes, des rancoeurs, il y avait des choses que l'on pardonnait, parfois beaucoup trop horribles et qui ne le méritaient pas, il y avait des choses qu'on oubliait, des dont on se rappelait. Jude n'était qu'un spectateur, ici il était entouré de fantômes plus que d'ennemis mortels au fond. Cela convenait...
Indiana regardait les deux adultes, entendre Amalia l'appeler “princesa” avait amené une douceur presque douloureuse sur son visage, le souvenir de son vrai père, lui aussi lui parlait dans cette langue.
Jude pouvait pas, Jude la connaissait pas. Jude était son père maintenant parce que, parce que...
La fillette fronça le nez, dure elle aussi. ”Les pendejos, ils doivent tous mourir.”
Jude baissa les yeux vers l'enfant, vers celle qui prononçait un souhait tout autant qu'une sentence. Il y avait des souvenirs douloureux, ils resteraient, ils resteraient toujours. Sa main se posa sur l'épaule de la fillette, simplement.

”La vie au ranch, comment c'est?” A son tour de poser des questions également. ”Si un jour ils ont besoin de gros bras, parle leur de moi... “
Les vestes et les chemises cachaient souvent la musculature de l'homme. Lorsqu'il surveillait Leandro et Indiana, Jude se retrouvait parfois à jouer avec eux pour les distraire. Il laissait Leandro gagner contre lui au bras de fer...
Des souvenirs, des souvenirs étranges de ce présent à lui que Jude construisait. A lui, à Indiana aussi... Il vivait, il existait, il était le père de sa fille et quelque part dans sa tristesse, une femme l'aimait.
Il l'aimait aussi, un médaillon dans une poche, elle était avec lui toujours, elle était loin de lui tout le temps.
La phrase d'Amalia continuait à flotter “tu es quelqu'un de bien”. Ce n'était pas une vérité, c'était une défininion et la jeune femme ne pouvait le savoir mais cela encourageait l'esprit troublé de Jude de continuer à être ainsi.
De suivre cela comme une règle, une religion : être quelqu'un de bien.
Jude, le père d'Indy, l'amant de Neve, quelqu'un de bien. Alors, cela arrivait peut-être un peu tard, mais l'homme se prêta à sourire. ”T'es quand même une sacrée femme, tu sais ça? Ouais, j'crois bien que j'vais continuer à éviter de te mettre en colère. J'ai l'instinct de survie moi, madame...
Au diable la Carrière, au diable la Mine, au diable le Texas tout entier où Jude se construisait peut-être mais ne savait que construire, lui.

mars 2019

Pendant un instant, Amalia se perd dans ses pensées, le regard braqué sur la petite Indiana qui lui rappelle douloureusement la gamine qu'elle était au même âge. Insouciante, sauvage, avec cette étincelle dans le regard. Une gamine prête à conquérir le monde avec ses mots et ses petits bras. Indiana a l'esprit affûté et Amalia ne doute pas qu'elle deviendra une femme de caractère. Si elle survie jusque là. Plus de certitudes à ce sujet. Elle-même pourrait mourir demain alors une enfant ? Ce monde n'est pas fait pour eux. Elle doit à tout prix récupérer Leandro. Elle doit adoucir Abel Rhodes, le faire plier. Amalia ne peut plus le laisser derrière elle. La douleur la transperce d'avantage chaque jour et parfois elle a l'impression de ne plus pouvoir respirer. Regarder son garçon grandir à distance la détruisait à petit feu. Il fallait que Leandro rentre avec elle. Le plus tôt serait le mieux.

Elle fronce le nez en regardant à nouveau Jude, méditant sur ses mots un instant. Comme si la question avait quelque chose de compliqué. « C'est différent. Mieux organisé. » Pas franchement difficile quand on compare le Ranch à la Carrière. D'aucun pourrait argumenter que la Carrière est une sorte de bordel organisé. Amalia l'aurait dit. Avant. « Et plus difficile à vivre d'une certaine manière. » Elle avait perdu ses privilèges et quelques libertés au passage. Amalia avait encore du mal à digérer tout ça. Sa nouvelle position n'était pas franchement confortable. « J'hésiterai pas. » qu'elle lâche avec un sourire en sachant pertinemment que le Ranch n'acceptait pas de nouvelles recrues aussi facilement que la Carrière. Jude pouvait être un atout. Mais Indiana ? Elle avait déjà du mal à faire intégrer Leandro... Les enfants sont une faiblesse. Et Amalia ne peut pas se permettre de les accumuler. Plus maintenant.

La situation légère ne fait pas oublier à Amalia son but premier. Elle est ici pour obtenir des informations. Un quelque chose à se mettre sous la dent. N'importe quoi. Mais elle sait que Jude ne dira rien. Parce qu'il ne sait pas grand chose. Parce que se mêler des affaires du monde ne l'intéresse pas. Il a peut-être raison. C'est sans doute mieux comme ça. Mais Amalia n'est pas prête à jeter la clé. Pas encore. Pourtant, elle décide de jouer le jeu, d'oublier un instant ses obligations pour vivre un peu le moment présent. Pour sourire et rire. « Contente d'entendre ça ! On est jamais à l'abri quand jsuis dans l'coin... » clin d’œil à l'appuie, elle s'amuse Amalia. Et ça fait rire Leandro. Ce son suffit à faire fondre son cœur. Elle respire à nouveau. Et elle serre son fils contre elle, comme une mère un peu trop protectrice. « Dis-moi, t'envisage de quitter la Carrière ou t'es juste curieux ? » Sa curiosité à elle est piquée au vif.

mars 2019
L'homme hausse les épaules, Indiana se contente de plisser le nez. Les gestes de l'adulte et de l'enfant se répondent, expriment le même sentiment d'une certaine façon. La Carrière n'est rien pour eux, l'homme peine à y être autre chose qu'une ombre, un chien que l'on siffle au besoin, et la fillette a compris l'importance de ne pas s'attacher. Aimer l'instant présents, les amis, oui, espérer? Non.

”Il n'y a pas que de mauvaises personnes à la Carrière” commence l'homme. Il pense à Jonas malgré tout, prédateur dans l'ombre, danger latent peut-être pas pour lui, peut-être pas pour Indiana, mais danger quand même. Leur rencontre a fait prendre conscience à Jude qu'il ne savait rien de ses voisins, qu'en eux pouvaient se cacher des hommes de la même espèce que ceux ayant torturé Indiana.
On lui a raconté les jackals, un peu, on leur a raconté à tous les deux. Il a vu les ongles de la fillette lui mordre la paume des mains, serrer encore et encore, lui faire mal sans que la douleur ne calme rien. Il a vu ça, incapable de la serrer dans ses bras à lui sur le moment. Elle n'avait pas réclamé...

”Tu nous a toujours beaucoup aidé, Amalia.” Et quand Jude parle, il y a comme un accent de Floride sur le bout de sa langue. Un mimétisme, rien de plus... Indiana aussi a l'accent, parfois il se fait entendre, parfois non. On perd ses racines comme on perd absolument tout, c'est l'apocalypse...
”En fait, t'as été la première à nous aider depuis un très long moment, et je te vois là, être séparée de ton fils, de ta mère... Comment je peux respecter ce genre d'endroit après?”

Une conversation d'adulte, les enfants écoutent tous les deux. Du bout de sa chaussure, Indiana déplace la poussière en petit tas devant elle, le regard tourné au sol. Elle ne veut pas qu'on voit dans ses yeux à elle.

Jude pose une main sur l'épaule d'Amalia, lui. Un geste amical qui lui va bien, le genre de contact tactile rare mais précieux qu'il donne parfois. [color=olive]”Si on part, tu le sauras, Et ce sera pas avant d'être sûr que ta famille va bien...”[color] L'instinct de protection lui bat au coeur, c'est ce qui rythme sa vie et l'homme ne connait rien d'autre.
Il pense à Neve, à un médaillon qu'il garde avec lui, l'injonction de la femme, un simple verbe : attendre.
Car si Jude part, il y aura Indiana avec lui, il y aura Neve aussi, l'homme ne peut imaginer cela autrement.

"Ptêt'ben qu'un jour, j'constuirai ma propre colonie?" Il s'amuse, cela cache un peu du chagrin, du poids de l'absence...
Une femme lui manque.

mars 2019

Leur petite conversation innocente devenait dangereuse et ça n'amusait plus du tout Amalia. Elle en perd son sourire et grimace, le regard qui se balade, à l'affût d'un danger invisible. Il n'y a personne pour les entendre et elle en est soulagée. « C'est le genre de discussion qu'on doit éviter tu sais ? » Elle ne veut pas le mettre en danger lui et Indiana. Pas plus que son fils. Chaque minute qu'elle passe à la Carrière en leur compagnie est une minute de trop. Une minute qui pourrait tout changer, leur faire perdre beaucoup. Ce n'est pas ce qu'Amalia veut. Elle a peut-être eu tord de croire qu'elle pouvait tirer quoique ce soit de Jude. Se passant une main sur le front, elle regarde tour à tour les enfants qui font mine de ne pas écouter. Mais elle sait Amalia. Parce qu'elle était pareille. Toujours les oreilles traînantes, le regard qui s'attarde. Elle ne comprenait pas tout mais elle en savait assez pour recréer un puzzle. Elle savait que Leandro écoutait et qu'il était assez intelligent pour calculer, comprendre tout ce qu'il se disait dans le monde des adultes. Pas encore un homme mais plus vraiment un enfant. Ce nouveau monde l'a fait grandir trop vite.

Elle soupire alors que Jude ne prend pas en compte ce qu'elle dit. Pas vraiment. Elle comprends, au fond. Elle aussi en veut encore à la Carrière. Elle en veut à Aaren Diggs. Et pourtant elle comprends les décisions prises. Elle a accepté et doit se faire une raison. Mais malgré tout, la Carrière c'était encore un peu chez elle. Impossible pour la jeune femme de se débarrasser de ses souvenirs, de ce sentiment d'appartenance qui lui colle à la peau. Si la chance lui était donné, si elle en avait l'opportunité et qu'on lui laissait le choix, elle reviendrait à la Carrière en un battement de cil. « J'ai ma part de responsabilité dans tout ça. Diggs aurait pu faire bien pire. » Comme il le lui avait bien fait remarquer. Elle avait été chanceuse. Plus que d'autres. Instinctivement, elle vient caresser les cheveux de son fils qui, pour une fois, n'essaie pas d'échapper à sa mère. « J'espère le récupérer bientôt. » Elle sait que Leandro sourit. Et ça suffit à réchauffer son cœur, à faire naître un nouveau sourire sur ses propres lèvres. Mais ça ne dure pas. Parce que Jude n'en n'a pas fini avec la Carrière. Il joue à un jeu dangereux. « Fais attention à ce que tu dis, entiendes ? » Elle n'est pas certaine que la vie de Jude importe beaucoup dans le coin. Ils auraient vite fait de le tuer.

L'idée, aussi saugrenue soit-elle, de démarrer son propre clan, avait quelque chose de séduisant et Amalia n'était pas contre. Elle instaurait ses propres règles. Elle serait, enfin, en charge de tout. Ça lui semble plus simple et plus plaisant que sa situation actuelle. « Tu penseras à moi pour le trône hein? » Clin d’œil à l'appuie, elle préfère revenir à la plaisanterie, à une conversation plus légère. Les propos de Jude l'inquiète et autour d'eux le monde s'agite à nouveau.

mars 2019
Ses motds ne sont que des choses invisibles écrites dans de l'eau, nul ne les entendait, nul n'y prêtait attention. Une épitaphe a ici plus de valeur que tout ce que pourrait dire Jude, il ne sait et cela est une bataille de plus pour lui.
Quelle est sa sagesse, quelle est cette chose qu'il peut apporter à son camps jusqu'à en être accepté? Quand il y réfléchit, l'homme a peur, est pris de vertige.
La terreur du vide, la terreur d'un vide, et il ne comprend pas. Indiana sait bien sûr, elle devine, un peu trop rusée pour son âge, mais les traumatismes font cela aux enfants comme aux adultes...
D'une certaine façon, la fillette comprend le poids d'une cicatrice, les conséquences qu'il y a à en porter, les conséquences qu'il y a à s'en cacher.
Mais le plus important tient en un seul verbe : survivre, les autres viennent plus tard, y compris aimer.
La gamine aime Jude comme un père, ce sentiment ne lui est venu qu'après quelques jours pourtant, après avoir vomi encore et encore tout ce qu'elle pouvait sans s'écrouler parce que son vrai père avait été là à un moment, dans son estomac.
Tant de choses qui n'ont pas leur place dans un corps de petite fille...
Elle promène ses yeux sagaces et sombres sur Leandro, sur Amalia, sur Jude aussi. Que Leandro rejoigne sa mère à un moment, c'est logique, et Indiana n'arrive pas à être triste. Elle sait que la Carrière n'est pas un terrain de jeu, qu'elle n'a pas à pleurer parce qu'un jour pour une raison quelconque, un copain n'est plus là. Elle acquiesce alors, pas pour les adultes mais pour le garçon. Cela ne regarde qu'eux, les enfants...

Jude affronte le regard d'Amalia, lui. Et puis, comme Indiana, il acquiesce. Le geste de la fillette est sage, adulte, celui de Jude est celui d'un enfant acceptant les remontrances et les conseils. Amalia a raison, il le sait. Même les choses aussi fugaces que si écrites sur de l'eau peuvent tuer... Pour un instant, le silence est douloureux. Et puis Amalia parle à nouveau, alors Jude sourit un peu, il essaye. ”Toi, en reine? Pourquoi pas, je serai meilleur chevalier que roi je crois. “ L'homme parle à mi mots comme l'on raconte un rêve, il déguise ses mots et ses envies, il obéit.
”Amalia, s'il faut quelqu'un pour amener Leandro au ranch quand le temps sera venu, je m'en chargerai. Indiana voudra sûrement venir aussi, pour voir les chevaux... “
Près de lui, la fillette hoche la tête avec véhémence, même qu'elle sourit un peu, à la fois timide et effrontée.
”T'auras pas à débourser quoi que ce soit, et Rhodes pourra pas dire que tu réquisitionnes trop d'hommes à lui pour le gamin.”

mars 2019

Amalia n'apprécie pas toujours à sa juste valeur la place de l'amitié dans sa vie. Elle ne sait plus exactement quand Jude est entré dans la sienne, ni quand il est devenu un véritable ami pour elle et Leandro. Une personne de confiance vers qui se tourner, une épaule sur laquelle s'appuyer. Elle ne dépend de personne Amalia. Ça n'a jamais été son truc. Elle s'est toujours débrouillée. Peut-être parce qu'elle vivait dans un monde d'hommes. Peut-être parce qu'elle avait des choses à prouver. Qu'elle pouvait faire aussi bien que ses frères. Mieux même. Avouer ses faiblesses à un homme c'est trop en dire pour elle. Elle peut se débrouiller. L'apocalypse lui a appris à ne compter que sur elle. La mort d'Emilio n'a fait que renforcer cette idée. Personne ne sera jamais là pour elle et son fils. Pas comme Emilio l'était. Et pourtant, peu à peu, elle laissait entrer Jude dans leur univers. Elle le laissait prendre de la place, acceptait sa confiance et surtout son amitié. Elle n'hésiterait plus à lui confier son fils désormais.

« Ouais, j'hésiterai pas à te choisir pour nous protéger, Leandro et moi. » Doux euphémisme. Quelque part Jude les protégeait déjà. Il était là pour eux, veillait à la sécurité du petit garçon sans en avoir l'air. Un sourire suffit pour qu'il comprenne qu'elle lui est plus que reconnaissante. Quiconque connaît la mexicaine, sait que son fils est tout pour elle. Elle ne le laisserait jamais entre les mains de quelqu'un en qui elle n'a pas confiance. Elle adresse un sourire attendrie à la petite Indiana, se demandant si l'amitié grandissante entre la gamine et son Leandro allait évoluer vers une relation amoureuse dans quelques années. Amalia n'y verrait aucune objection, Indiana ayant prouvé sa force de caractère. Encore une fois, elle ne laisserait son fils qu'avec une jeune femme qu'elle approuverait. Maman lionne veille. « Merci Jude. J'te le ferais savoir quand ce sera le moment. » Elle glisse un regard vers le garde de Rhodes qui l'accompagne partout et elle roule des yeux en le voyant s'impatienter. « Ouais, j'crois que cette situation emmerde tout le monde. » Elle aimerait être libre de ses mouvements, pouvoir parler à qui elle veut sans éveiller de quelconques soupçons. Mais Rhodes veille. Il n'y a aucune confiance entre eux. Pas encore. Quelque chose se construit. Un quelque chose qui demande du temps et de la patience. Une qualité dont Amalia manque cruellement. « Je ne vais pas pouvoir m'attarder d'avantage. » Et à peine les mots sont-ils prononcés qu'elle sent Leandro resserrer son étreinte contre sa mère. Ça lui brise le cœur. Le laisser derrière elle la détruit à chaque fois. Mais bientôt, elle ne laisserait plus personne les séparer. Elle s'est promis que c'était une des dernières fois. « Prenez soin les uns des autres, okay ? » Elle serre les dents pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Ce n'est pas le moment de verser des larmes. Elle sourit tristement à Jude, déterminée à faire ses au revoir aussi vite que possible.