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 do your worst. (lucan)

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MessageSujet: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyMer 6 Fév - 20:26


lucan anselm
« do your worst »
Des rivières pourpres sillonnent sa carne jusqu’aux poignets chaque fois que ses phalanges pansent la blessure. Une lame de coutelas s’agite en même temps, jouant de ses reflets menaçants que les lazurites du toubib perçoivent à peine tant l’arme boude son champ de vision. Il n’empêche que le danger guette, blotti à quelques centimètres de son oreille droite. « Elle meurt, j’te crève. » Le soupir d’Anselm rompt là les manières pugnaces du type (dont il ne se remémore d’ailleurs pas le prénom, ses talents de physionomiste n’allant guère plus loin que la mémorisation exacte des cicatrices). « C’est un nez cassé, pas une trépanation. » À la patiente de s’agiter sous les compresses, sonnée par la chute survenue quelques minutes plus tôt, à quelques kilomètres à peine du ranch. « Alors pourquoi elle pisse autant l’sang ?! » Il est vrai que ça abonde. Le médecin voit ses provisions s’amenuiser à vitesse grand V. C’est à coup de torchon qu’il termine sa besogne, patientant que l’hémorragie se calme avant de réutiliser d’autres tiges. « Qu’est-ce que tu veux que j’te dise. Prenez des vélos la prochaine fois. C’est moins capricieux. » Une radio, c’est évidemment ce qu’il aurait fallu lui faire passer, à la cavalière intrépide. Mais faute de moyens et de réalité décente, von Brandt ne compte que sur ses méthodes de militaire. Exit le paquet de glace pour réduire l’œdème, il se lève et fait couler de l’eau plus ou moins fraîche sur un second bout de tissu. En revenant auprès de la souffreteuse, il applique délicatement le pansage avant d’examiner, sous le faisceau de sa lampe de poche, les pupilles de la femme. « Sur une échelle de 1 à 10, t'as mal combien ? » Une voix éraillée lui rétorque sept. « Je te montre combien de doigts ? » Quatre. Il se tourne vers l’émule shakespearien. « Et lui, c’est qui ? » Drake. Et à en croire par la mine que tire le partenaire, c’est bien son blase. Grattant au passage l’info, l’allemand ouvre un tiroir où la plupart de ses onguents sont entreposés. « J’apprécierais que tu baisses ton cure-dent, Drake. Elle m’a l’air franchement vivante. » Un sursaut d’hésitation anime une ultime fois le Rider. Mais il abdique. Quelques secondes de plus et Anselm perdait patience : Olympia avait au moins ça d’appréciable, c’est que ses rues ne grouillent pas de cow-boys décérébrés par le moindre coup de chaud. Le baume appliqué sous le cataplasme d’infortune relâche un parfum de saule blanc et de laurier. Des arômes qui lui remémorent le cueilleur de ces plantes. Lucan. Sa présence parcoure calmement les pensées du toubib, lutinant aussitôt l’opiniâtreté professionnelle jusqu’ici frustrée de n’avoir eu aucune nouvelle. « Qu’elle reste allongée pendant au moins une heure. Ramène-la ensuite dans sa caravane et veille à ce qu’elle s’hydrate. Je passerai la voir en fin de soirée. » Les compresses usagées sont jetées dans un baril plusieurs fois brûlé, et les torchons dans une bassine pleine d’autres loques ensanglantées ayant servi ces deux derniers jours. L’hiver amène son lot d’accidents, et les Crimson Riders l’impétuosité qu’il faut pour s’y précipiter à pieds (ou fers) joints.

Quelques instants plus tard et après avoir traversé le camp niché dans sa glaise, c’est devant la tanière de l’amérindien que le teuton se plante. Il n’est pas venu les paumes vides. Son nécessaire (très modeste) de médecin accompagne également un bouquin écorné. Rien de mieux pour adoucir la bête qu’un classique de la littérature américaine grignoté par les mites aux chapitres les plus captivants. Longshadows appréciera sûrement l’exercice d’imagination, et si pas, tant pis, l’appât vaut ce qu’il vaut. L’important reste encore de choper ce mât de cocagne avant qu’il ne disparaisse derechef dans sa grotte. Qui d’autre lui confectionnerait ses onguents s’il devenait un infirme ? Aux deux heurts puissants dont la porte écope s’accompagne le phonème rocailleux du visiteur. « Lucan, c’est moi. J’ai un Asimov. »
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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyVen 8 Fév - 18:22


lucan anselm
« do your worst »
Avec quelques chutes de tissu, du gravier et du sable, Lucan avait été capable de coudre ce qui ressemblait plus ou moins à une balle antistress. Régulièrement, l'homme la pressait afin de muscler ses doigts, refusant de perdre en dextérité. Il se servait du poids conséquent de l'objet comme d'une petite haltère également, prenant garde à ne pas traumatiser son épaule.
Ce genre de technique, Lucan avait déjà du l'utiliser lorsqu'il vivait seul au milieu des bois, refusant de retourner à la civilisation pour un médecin.
Son sens des priorités avait toujours été étrange après tout...
Avant et après chaque tour de garde qu'il prenait, là qu'il ne pouvait plus retourner en raid, Lucan s'exerçait. Certains jours étaient plus durs que d'autres, cela aussi l'homme s'y attendait.
Aujourd'hui, il se sentait épuisé, ne le disait à personne pourtant. Tout le monde était crevé, alors fort et grand comme il l'était, Lucan avait juste à faire un effort, non?
Quelques heures de répit avant son prochain tour de garde. La balle dans sa main, il la serrait encore et encore, les yeux perdus dans une rêverie quelconque.
Qu'on l'appela à l'extérieur le fit sursauter quelque peu. Anselm, médecin du ranch.
Anselm et un livre, qui plus est.

”Alors entre, j'espère qu'il est en bon état”, autorisa l'homme.
Il dégagea le seul autre tabouret qu'il possédait dans cette cabane bâtie de ses mains, pour le laisser à la disposition de l'autre.
Un peu partout, rangés en piles étranges mais toujours avec soin, les livres de Lucan. Asimov, il en possédait peu aussi le cadeau d'Anselm lui redonnait un brin d'énergie.

”Qu'est-ce que je peux faire pour toi? Tu t'inquiétais de me trouver complètement abruti par mes tisanes? “

Ou alors...Ah...euh oui, ou alors Lucan avait tout simplement oublié de se pointer pour faire vérifier l'état de sa blessure ainsi qu'il était prévu.  Pas la première fois, pas la dernière non plus... Son envie d'autonomie ne le poussait jamais vers les autres, pas même quand ils pouvaient l'aider.

”A moins que tu ne sois là pour me faire la leçon, Homme-Médecine. Rendez-vous manqué, c'est ça? Pardon.”

Le mot était sorti penaud, enfantin, et parfois Lucan faisait bien penser à un éternel adolescent en effet...
Anselm était un type bien, capable de faire beaucoup avec peu. Des enfoirés lui reprochaient peut-être que beaucoup, ce n'était pas assez, pas Lucan.

”Et merci de venir voir. Tu me montres le livre?”
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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyDim 10 Fév - 11:42


lucan anselm
« do your worst »
Tanière est un doux euphémisme. L’intérieur de cette cabane ressemble davantage à l’habitat d’un amasseur compulsif qu’à l’archétype du bungalow estival. Y traînasse une poussière fainéante que les livres entassés cultivent en toute impunité, de quoi éternuer une bonne dizaine de fois si on est chanceux, ou, si on l’est moins, garder dans le nez cette vieille odeur de renfermé pour les quatre prochains jours. Encore que la chance n’y soit pour rien. C’est une question de sensibilité olfactive et, malheureusement pour von Brandt, la moisissure n’est pas la plus horrible des effluences qu’il ait eu à odorer.

C’est moins pire qu’il n’y paraît, d’ailleurs. Les bouquins sont rangés, voire ordonnés, et si les piles disséminées crient au risque incendiaire, leur positionnement démontre combien le maître des lieux chérit ses trésors. Ans n’est pas peu fier d’ajouter une nouvelle pierre à cet édifice d’érudition : le tome est offert sans plus d’égards qu’une prunelle amusée, mais le geste est sincère. « Pardon ? J’ignorais que vous connaissiez ce genre de vocabulaire, ici. » Les babines s’étirent en un sourire narquois (rien de personnel, mais charrier les autochtones du ranch est devenu un hobby lorsqu’il n’a pas les mains enfoncées dans leurs plaies). De l’amour vache, tout au plus, car en vérité la rusticité du camp et de ses gueux s’accorde bien mieux à sa nature profonde qu’Olympia ne l’a jamais fait.

Lucan est une exception à la colonie. Il a l’autarcie acharnée et la discrétion butée. Il jurerait dans n’importe quel paysage communautariste, même celui des Crimson où le collectif est disparate. Sans trop en savoir sur lui, l’allemand peut deviner au moins ça : Longshadows n’a pas attendu la fin du monde pour s’en isoler. Clairement, il a la claustration greffée aux chairs. Ça, et un goût tout à fait discutable pour les surnoms. « Tu ne veux pas finir avec de l’arthrose parce que t’auras oublié de consulter le toubib, crois-moi. » Son regard trébuche contre la balle manufacturée. Il sourcille. « Malin », s’en saisissant, il la fait tourner dans sa pogne puis la malaxe, s’asseyant sur le tabouret mis à disposition. « Une rééducation autonome… Si tous mes patients pouvaient avoir ton esprit d’initiative. » En la reposant, ses lazurites le dévisagent. « Tu en es où dans ta consommation ? » Le flacon d’analgésiques était bien léger, à l’époque, mais depuis quelques jours, des cavaliers sont revenus avec des provisions. S’il espère que Lucan ne lui en réclamera pas plus (toute denrée médicale étant distribuée avec grande parcimonie), la guérison des énergumènes étant sous sa tutelle lui importe néanmoins, et prévaut presque autant que le rationnement. L’équilibre est fragile. Cornélien. Une difficulté qui ne lui est cependant pas inhabituelle : lui non plus n’a pas attendu que le monde chavire pour être en état de guerre.

« Je peux voir ? » D’ores et déjà debout, il approche de l’amérindien sans vraiment lui laisser le choix. Les pans de tissu sont relevés, laissant apparaître la blessure qu’il ausculte tout en redirigeant l’attention du brun vers le livre de science-fiction. « Tu connais les trois lois qu’Asimov a inventées ? » Pas qu’il s’y connaisse, lui. Mais Daniel était dingue de ce type de littérature. À quinze ans, il avait même gratté un recueil de nouvelles qu’il avait voulu lui lire au téléphone. Acte manqué à cause des interférences et de l’impatience du père, pris entre deux missions à des kilomètres de là. Il ne s’était plus souvenu de cette histoire, jusqu’à maintenant. Qu’est-il devenu, ce recueil ? Où sont passées les fables des disparus ? Un peu partout dans cette cabane, peut-être, religieusement entassées comme dans une calme nécropole.  
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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyLun 11 Fév - 21:59


lucan anselm
« do your worst »

Parce qu'il ne savait pas quels mots prendre pour expliquer, s'expliquer, Lucan préféra le silence. Il n'estimait pas pouvoir être plus efficace seul qu'avec Anselme, néanmoins se démerder quand on le pouvait, ça laissait un peu plus de place pour les autres, non? Ceux qui en avaient réellement besoin...
Bien sûr, il n'aimait pas avoir mal, aurait apprécié qu'on le console, qu'on l'écoute, ce n'était pas à l'autre de le faire cependant. Ce genre d'envie, d'exister, d'être là, Lucan la traînait depuis trop longtemps pour y faire attention. C'était juste une douleur de plus, un pincement à ce qu'il était, à ce qu'il serait toujours, et parfois il souriait.
Le médecin acquiesçait à sa conduite cependant, ne le jugeait pas. Il voyait bien dans sa manière de le regarder qu'Anselm comprenait que ce qu'il avait en face de lui n'était rien d'autre qu'un animal sauvage. Alors l'homme se conduisait comme tel au mieux, et cela marchait. Lucan désigna d'un geste de la tête le flacon d'anti-douleurs, là, sur ce qui servait d'étagère. Et puis, pour se faire pardonner du silence d'il y a quelques instants, il tâcha de sourire aussi. ”J'ai dû en prendre deux en tout, tu peux récupérer le pot, je me débrouillerai”, répondit-il simplement.

Le practicien s'approcha alors, obligeant Lucan à réprimer un mauvais réflexe. Comme un enfant battu, presque... Une histoire cachée, ils en portaient tous au moins une ainsi. Mais Anselm était bon médecin, savait détourner l'attention. A la question sur Asimov, Lucan accepta de se détendre, lui, ses muscles, son grand corps étrange. ”Oui, je les connais”, acquiesça-t-il. ”Un robot ne peut mettre en danger un humain que ce soit par ses actions ou son immobilisme. Un robot doit également obéir aux ordres des humains, sauf s'ils contredisent la première loi. Enfin, un robot doit également protéger sa propre existence à partir du moment ou là encore ça n'entre pas en conflit avec les lois précédentes...” Il sourit, détournant la tête de son épaule blessée.
”L'ordre de ces lois est assez intéressant, le robot doit avoir conscience de l'importance de l'existence des hommes avant même de l'importance de l'existence de la sienne. T'aimes Asimov, Doc?”

De sa main libre, Lucan tâchait de feuilleter le livre. Les moisissures le désolait, sitôt seul il nettoierait l'ouvrage au mieux. Quant aux trous laissés par les mites, malheureusement l'homme ne pouvait rien y faire.
Prendre soin de ce qu'il possédait était dans son caractère, les livres, les lieux où il avait à habiter, les vêtements... Lucan faisait au mieux. L'homme se montrait tout aussi soigné que rêveur, offrant un contraste étrange aux autres. ”J'aurai fait un robot abominable je pense, peut-être pas autant qu'un humain mais quand même. Alors, cette épaule?”  
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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptySam 16 Fév - 18:19


lucan anselm
« do your worst »
Un regard est jeté au tube qui continent la denrée précieuse. Les lippes restent scellées, mais une nutation acquiesce aux propos de Lucan. Forcer l’altruisme n’est pas plus son genre que le cultiver déraisonnablement. Si son patient considère supportable la douleur (plus que probable) de sa blessure, c’est que le mental doit en effet pouvoir l’encaisser. Il aurait fallu que l’amérindien se torde en tous sens et que son organisme s’enfièvre pour que von Brandt dénigre net l’allégation.

Aux lois ânonnées par cœur, Ans sourit machinalement. L’attention est manifestement rivée sur la cicatrice lamentable, pour ne pas dire hideuse, qui surplombe la chair. Exception faite de son apparence, qui ne choque ni ne dégoûte le vétéran (moins habitué aux coutures parfaites qu’aux sutures grossières commises dans l’urgence), il redoute des complications. Celui ou celle qui s’est occupé de soigner la lésion n’était clairement pas du métier. Dans tous les cas et parce qu’une blessure telle aurait nécessité des soins autrement plus chirurgicaux, le toubib regrette en silence cette guérison négligée qu’il tente incorrigiblement de réparer depuis. « T'aimes Asimov, Doc ? » Le dénommé sourcille, tiré de ses pensées et palpation, puis relâche le pan de tissu qui recouvre instantanément la cicatrice. « C’est vite dit. » Les lectures, en règle générale, n’étaient pas sa priorité. Autant dire qu’elles lui échappent totalement, à présent. « Mais je connaissais quelqu’un qui en était dingue. » Il s’est avancé jusqu’aux cachetons qu’il récupère, singeant une risette en coin. « Vous vous seriez bien entendus. » Dans un monde meilleur. Parce que Danny n’était pas fait pour survivre à ce règne-ci, où l’animalité de tout un chacun prône les bas instincts. Il était trop fin d’esprit. Trop naïf aussi. Déconnecté des réalités prosaïques auxquelles une partie de ses gènes étaient pourtant issus. Peut-être que s’il avait été présent pour l’initier aux vérités brutales, son fils ne serait pas devenu un singe savant couvé dans la chaleur de l’opulence. Peut-être que Danny serait encore là, auprès de lui, à lui jeter ses brillants quolibets et lui rire au nez.  

« J'aurais fait un robot abominable je pense, peut-être pas autant qu'un humain mais quand même. Alors, cette épaule ? » Un grognement amusé tremble dans le poitrail du médecin. Manquerait plus qu’aux rôdeurs s’ajoutent des légions métalliques venues anéantir le peu d'Humanité qu'il reste. Il se plante face à Lucan, opine bizarrement, et s’arme d’une mine neutre. « Ça va. » Pire menteur au monde. Se sachant foutu à ce jeu-de-rôle, il esquive les orbes du jeune-homme et retourne jusqu’à l’entrée de la cabane par laquelle il sort, jetant par-dessus épaule un « suis-moi » ferme. Autrement dit pas d’objections, de quelque nature qui soit, car cette fois, Longshadows ne pourra pas y couper.

Dehors, le toubib l’entraîne dans son sillage jusqu’aux écuries, lesquelles sont, une fois n’est pas coutume, plutôt calmes. Arrivés là-bas, il longe les box et va jusqu’au cagibi où sont rangés les outils. Tout ce qui relève de l’objet contendant, comme les cures-pied, est naturellement sous clé, mais ce n’est pas ce qu’est venu chercher l’allemand. Après une courte inspection, il lâche un rauquement de victoire et revient avec le balai qu’il a glané. Il en dévisse la tête crépue, ne gardant que le bâton, avant de le soupeser devant Lucan. « Je te la fais courte. Tes muscles rachidiens, juste ici », son bras se lève et son doigt vient pointer le flanc meurtri, « risquent la sclérose. En fait, ça a déjà commencé. Le seul moyen pour toi de repousser l’inévitable, c’est d’entretenir ton corps, mais hey », sa pogne revient s’enrouler contre le bois, « mollo sur les chevauchées. » Au sérieux quasi draconien de son timbre succède une lueur espiègle traversant ses lazurites. Est autant sermonné le cavalier que l’homme sur lequel certaines prunelles pivotent (un grand gaillard comme ça, ça doit affoler les libidos). Ses ridules redeviennent austères. « Blague à part, évite les efforts physiques intenses tant qu’il n’y aura pas d’amélioration de ce côté-là. Chaque fois que tu lances ton cheval au trot ou au galop, tu risques le déchirement musculaire. Alors une fois, ça se soigne. Deux fois, aussi. Mais à la troisième, j’te garantis pas que tu pourras relever un jour ton bras, ni même te courber, pas avec ces lésions. » Il indique le manche à balai. « D’où les étirements. » Ceci dit, il allonge la position de ses mains et ramène les bras en arrière tout en les gardant tendus. Quelques mouvements sont montrés avant qu’il tende le bâton au Rider. « Essaie. »
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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyJeu 21 Fév - 16:17


lucan anselm
« do your worst »
“Vous vous seriez bien entendu”, la phrase avait quelque chose proche d'un coup de poing pour Lucan, une impression étrange d'amitié ratée, de trahison. Cette personne, celle dont parlait Anselm, était morte, l'homme n'avait pas besoin de le demander pour être sûr. Ils portaient tous leurs fantômes avec plus ou moins de regrets ou de douleurs, les choses étaient telles que maintenant on arrivait même plus à dire que l'on était désolé. Il songea au Asimov que le médecin lui avait apporté, à celui qu'il possédait déjà dans ses pauvres vestiges, aux autres livres du même genre aussi que cet Autre aurait aimé lire peut-être...
”Mon père était toujours désemparé quand je lui parlais de mes lectures”, murmura Lucan. Chaque noël, chaque anniversaire, son père tentait de lui offrir au moins un livre, exercice d'autant plus dangereux que ceux qu'aimaient son fils n'entraient pas dans sa zone de confort. Cela sonnait comme une barrière entre eux, cela n'en était pas.
Peu importe qui avait été la personne disparue pour Anselm, les livres semblaient avoir été comme une barrière eux aussi...
”J'ai jamais réussi à lui dire qu'il y avait un peu de lui dans mes lectures, un peu de ma mère aussi, même si c'était pas les mêmes livres qu'eux. “ Il haussa les épaules, se contentant d'acquiescer lorsque le Doc lui demanda de le suivre dehors.

Bizarrement, une fois aux écuries, les explications d'Anselm même avec le mot “nécrose” dedans, ne furent pas un coup de poing, elles. L'Indien ne s'affligea pas, prenant le temps de comprendre le sous-entendu à propos des chevauchées.
Sur ce point là, malheureusement, Lucan se dépensait peu pour ne pas dire...pas. Quant au cheval, oui, l'Indien savait avoir poussé ses limites à Olympia, raison pour laquelle Abel lui avait hurlé dessus, raison aussi ayant fait qu'il avait hurlé sur Abel par la suite en un échange presque pervers de bons procédés.
Lucan pris le bâton après avoir observé Anselm puis commença à reproduire les étirements. Il faisait cela sans se soucier de la vitesse, prenant le temps de comprendre les gestes avant tout et la manière dont son corps devait se positionner. Ce n'était pas une démonstration de force, mais un travail de rééducation...
Deux hommes étaient entré dans les écuries eux aussi, les observaient. Ils ne se moquaient pas à haute voix, ils murmuraient juste entre eux, tout en vaquant à leurs occupations, cependant on ne pouvait ignorer qu'ils pointaient l'Indien du regard avec un peu trop d'amusement, allant jusqu'à pouffer un peu.

”Dites moi une chose, Doc, une personne blessée, c'est une personne qui a échoué?” murmura-t-il, continuant les étirements sans se décourager, le visage simplement triste, fermé.

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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyMar 5 Mar - 20:29


lucan anselm
« do your worst »
« Pour sûr », qu’il tranche. Poings sur les hanches, il toise la manœuvre exécutée sans que ses ridules, fermées par la concentration, ne dénoncent ni trouble ni embarras. « Échec, défaite, c’est du pareil au même. Tu foires : tu paies. » Le binôme de gamines qui s’esclaffent timidement dans son dos lui arrache un rictus. Et lui qui croyait les Riders plus couillus. « Vous n’voulez pas aller vous enfiler plus loin, les deux ? Y en a qui bossent. » On lui adresse un doigt et des rires gras. Ce à quoi le médecin rétorque un sourire oblique, préférant aux messes-basses de péteux cette rustauderie recouvrée — comparable à l’environnement martial dans lequel il a pataugé pendant plus de vingt ans. « C'est ça, j’vous aime aussi », appuyant d’un clin d’œil gouailleur, il en revient finalement à Lucan lors même que les gars s’esbignent avec leurs montures.

Longshadows n’a pas montré le moindre signe d’agacement, ce qui conduit le toubib à embrayer sans faire état de la saynète ou de l’éventuel désarroi que les railleries modiques auraient pu faire surgir. « Je ne te dis pas le nombre de plaies, contusions et fractures que je soigne chaque jour. Si tout le monde s’enlisait dans le défaitisme à chaque fois qu’une raclée ou un accident est essuyé, cet endroit tomberait en morceaux. » La nuque vrille vers l’extérieur, où l’astre diurne s’emmitoufle lentement mais sûrement dans la vêprée. Il trouve rarement le temps de contempler les terres des Rhodes, mais lorsque son regard en parcoure les reliefs, une impression de robustesse immarcescible se dégage du caléidoscope champêtre. Quelle que soit l’heure, le point de vue, l’humeur ; ce domaine impose un respect que même les bêtes paraissent honorer dans leurs galops. « Ça serait dommage… », murmure-t-il pour lui-même, puis il renifle, s’écarte de quelques pas en rejoignant une futaille fermée sur laquelle il s’assoit. À moitié seulement, genou plié, une godasse contre le bois, l’air de ne pas vouloir (et surtout pouvoir) s’éterniser trop longtemps. Les bras se croisent.

« J’espère que ça ne te mine pas. Je sais que c’est dur à encaisser, de se souvenir qu’on est qu’un Homme, mais c’est ce qui fait aussi les meilleurs soldats. Quand t’apprends à tolérer tes faiblesses et tes limites, tu peux survivre à tout. Même à la honte. » Son timbre solide trahit l’expérience et, à revers de cette expérience, l’indulgence du mentor pour qui doit encore apprendre. Là de son prêche, il godaille toutefois une risette anémiée, évadant ses lazurites dans la pénombre qui s’installe autour d’eux. « Je ne vais pas te mentir, ça n’a rien d’une science exacte. » Il n’est le parangon d’aucun sagesse, et ses démons gueulent trop sous la pelure philosophique de ses idées pour qu’il ose affirmer le contraire. Comme pour exorciser la médiocrité de sa confidence, il inspire, arque un sourcil, puis déballe sur un ton purement informatif : « Dis-moi, dans tout ton tas de bouquins, tu n’aurais pas des volumes sur la médecine naturelle ? Tes onguents me sont utiles, mais j’aimerais pousser la recherche à des utilisations plus vastes. »
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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyLun 11 Mar - 14:36


lucan anselm
« do your worst »
Les railleries, Lucan vivait avec. Elles étaient insidieuses toujours, sournoises, méchantes, mais modiques? Jamais. Les railleries visaient à le démolir, à démolir quelque chose de lui. Avant l'Apocalypse, elles se basaient en grande partie sur ses origines amérindiennes. On voyait en lui une créature de Frankenstein monstrueuse, avec un résultat difforme quant au mélange de deux cultures...
Il n'y avait pas grand chose à répondre à cela, ce genre d'accusation ne se fondait sur aucune logique, juste sur la volonté de faire mal. Lucan préférait les choses logiques, celles qui appelaient à un dialogue. Il n'aimait pas parler, il aimait dialoguer cependant : quand on ne laissait pas ses phrases sans réponses, quand on l'écoulait, lui répondait, et quand lui-même avait la capacité de répondre à l'autre, aux autres.
Il a envie de répondre en cet instant, de tourner vers Anselm cette prunelle sombre et de parler, de lui expliquer un peu mieux, mais les mots se coinçaient dans sa gorge.
Un léger silence étirait l'instant, multiples douleurs, multiples cicatrices. Et puis les phrases se dégagèrent alors, juste comme cela

”Je ne demandais pas pour moi, je demandais pour les autres. Me débrouiller seul, me blesser parce que je ne suis pas surhumain, j'en ai l'habitude. Surmonter cela aussi, mais les autres? Ils me voient saigner ou avoir mal, Ils peuvent me condamner pour cela...” Avant que le doc ne puisse répliquer, Lucan secoua la tête, sa voix comme un grondement.
”Et ne me dites pas que cela ne regarde que moi : nous vivons en communauté, cela veut dire que l'on doit attendre quelque chose des autres de la même façon qu'il sont en droit d'attendre quelque chose de nous afin que tout fonctionne. On attend de moi que je m comporte bien, exécute mes tâches, mes corvées, on attend de moi aussi que je supporte beaucoup de choses.”

Les moqueries, chacune d'entre elles. Il ne les supportait pas, voilà la vérité.
De nouveau un silence, puis une question. Une question d'Anselm, cette fois-ci. Malheureusement, Lucan n'avait pas la réponse que l'autre souhaitait entendre : ”Je t'ai donné tout ce que j'avais pour le sujet. Au prochain raid, je regarderai dans un annuaire l'adresse d'un médecin, voir si je peux y récupérer des ouvrages intéressants... Mes onguents et mes plantes, on m'a tout appris à l'oral.”
Les remèdes de grand-mère à l'état pur. Quant à de pseudos ouvrages de shamanisme... Lucan en avait déjà feuilleté, beaucoup de bêtises dedans. Des bêtises dangereuses parfois, cependant une bibliothèque universitaire aurait peu-etre quelque chose de plus poussé sur le sujet?

”En attendant, faut expérimenter...”

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MessageSujet: Re: do your worst. (lucan)   do your worst. (lucan) EmptyLun 11 Mar - 20:12


lucan anselm
« do your worst »
Le médecin sourcille comme le cavalier s’empresse de rabrouer toute réponse à ses éclaircissements. Une hâte froissée, il se peut, comme si ses conseils avaient été trouver l’orgueil de Lucan pour en asticoter les plis — et ce bien malgré von Brandt. Les précisions amenées sont cependant vaines. Accoutumé au tiraillement moral et pour le moins complexe que l’impotence physique engage, Anselm a l’instinct rôdé chaque fois qu’il s’agit d’appréhender les peurs que ses patients lovent là dans des regards, là dans des platitudes. « Précisément. Survivre à la honte, c’est survivre au jugement des autres, Lucan  — sans quoi elle n’est rien. » Et de ne guère s’étendre. Pas la peine de posséder quelque préscience qui soit pour sentir chez son interlocuteur qu’il s’est fermé au dialogue. Pourtant, l’allemand aurait pu ergoter là-dessus des heures entières, comme un puits sans fond dégorgeant d’anecdotes factuelles lui tenant lieu d’expérience. Il y a un rictus. Un raclement de botte. La déception silencieuse de l’ainé qui, tout sage ait-il pu considérer son jeune compagnon, réalise combien il est également prompt à la raideur. D’aucuns nommeraient ça l’arrogance de l’âge.

« Pourquoi pas, » rétorque-t-il finalement, opinant vaguement du chef à la suggestion faite, « mais je doute que tu y trouves quoi que ce soit d’intéressant. Ça n’est pas vraiment une science que mes collègues estimaient… Vois si tu peux trouver un cabinet de naturopathe, plutôt, ou une coopérative bio. Avec un peu de chance, aucun pilleur ne se sera intéressé au rayon livres. » Citer une bibliothèque, quelle qu’elle soit, lui paraît superflu. En neuf ans, il doute que ces mines de connaissance aient été épargnées et par les rôdeurs, et par les larrons, et par les caprices de dame Nature. « De mon côté, j’irai faire un tour à Stonebriar. Sait-on jamais. » C’est grogné. Mollardé à moitié. L’idée le tente autant que d’aller planter sa gueule dans les tas de purin bordant l’écurie. Et néanmoins, il le faut ; c’est une certitude qui émeut certaines de ses nuits depuis qu’il est arrivé au Ranch, pour y gratter de la marchandise, oui, c’est sûr, pour y revoir certains faciès d’Olympia, peut-être aussi, et puis surtout, pour calmer la colère. Celle qui fermente en sa tripaille si violemment qu’il jurerait sentir croître en lui un alter-ego de bile noire.

Se redressant dans sa posture, le germain décroise ses bras puis, désignant d’un signe de barbe le manche à balai, conseille placidement : « Tu t’y prends comme il faut. Un quart d’heure par jour sera suffisant. N’hésite pas à venir me voir ; si la douleur persiste, ou pour quoi que ce soit d’autre. » Il ne devrait pas avoir à le rappeler, c’est là son sermon le plus populaire et pourtant. Les patients sont parfois pires que des gamins — il faut se répéter, insister, le tout pour leur bien et ce malgré l’ingratitude. Il espère en silence qu’il n’aura pas à réitérer ses visites impromptues dans la cabane de Longshadows. Sa besogne devient chaque jour de plus en plus lourde sans qu’il doive de surcroît courir après les cicatrices et les fiertés blessées. Du plat de sa paume, il tapote cependant l’épaule valide de l’amérindien — signe ostensible de sa sympathie — avant de quitter totalement la futaille et de rejoindre les habitations parmi lesquelles l’attendent Drake et sa Juliette au nez cassé.

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