Sujet: he had it coming, he only had himself to blame Dim 6 Jan - 0:06
Elisa Abel « HE HAD IT COMING, HE ONLY HAD HIMSELF TO BLAME »
Rentré un jour plus tôt que prévu de son dernier raid, il n’avait pas jugé utile de prévenir qui que ce soit de sa visite impromptue. Tout ce qu’il voulait, après tout, était de pouvoir passer un peu de temps avec Silas alors en quoi cela dérangerait-il les affaires d’Olympia ? Il viendrait et repartirait sans embêter personne, avait d’ailleurs à ce sujet fait preuve d’une bonne volonté exemplaire depuis que le gamin séjournait régulièrement dans l’enceinte de la ville. Sinon quelques personnes de l’équipe médicale rudoyées, le cavalier s’était efforcé de rester sage, de ne pas donner une seule raison à ceux qui le détestaient – et ce n’étaient pas ses détracteurs qui manquaient ici – de réclamer l’arrêt des soins prodigués à son fils. Comme à l’ordinaire, il se prêta donc au désarmement rituel avec sa sempiternelle mauvaise foi mais sans le moindre commentaire, pour se diriger ensuite vers l’infirmerie où l’on avait été prompt à lui indiquer que Silas s’y trouvait aujourd’hui. Une bonne nouvelle en soit : après ce qui s’y était passé la dernière fois, Abel n’avait pas franchement envie d’aller toquer à la porte des Yates. Mais une bonne nouvelle qui ne dura pas.
A deux doigts d’ouvrir la porte de la chambre du gamin, il fut stoppé net par des éclats de voix, et de rires, qui lui parvenaient depuis l’autre côté. Sans d’abord comprendre pourquoi, il se sentit soudainement glacé de l’intérieur, et sa main resta sur la poignée sans y appliquer la moindre force dessus. Sans la moindre gêne, il se mit à écouter et il lui fallut encore quelques secondes supplémentaires avant qu’il ne comprenne la source des frissons qui venaient de déferler le long de son échine : il connaissait cette voix. Et il se refusait encore à l’accepter que son inconscient, lui, l’avait déjà acquis et avait produit en réponse un sentiment indéfinissable de malaise profond. Plus de huit ans avaient peut-être passé depuis la dernière fois, mais Abel ne pourrait jamais rien oublier de tout ce qui était lié à Elisa. Il aurait voulu pouvoir se tromper, se dire que ce n’était là qu’une personne avec une voix similaire, mais il savait au fond de lui que c’était faux ; il savait aussi parce que Silas lui avait déjà parlé d’elle et qu’il n’y avait pas prêté grande attention, le prénom était banal et Abel était certain de sa mort. Enfin, il s’était trompé de toute évidence.
Le cavalier lâcha finalement la poignée et vint s’adosser contre le mur à côté de la porte, lançant au passage un regard noir à l’infirmière qui, traversant le couloir, l’observait d’un air perplexe. Il fallait qu’il se calme, il fallait que… quoi au juste ? Le cavalier n’avait pas la moindre idée de la réaction adéquate face à cette terrible réalité. Rappelons-le, il n’avait pas droit au moindre faux pas mais, comment débarquer d’un air zen dans la pièce où se trouvait une personne dont il avait assumé le meurtre toutes ces années durant ? La mère de son fils… Abel ferma les yeux, inspira longuement et rappela à l’ordre ses pensées qui s’éparpillaient dans tous les sens. Impossible de faire demi-tour maintenant alors, quel choix avait-il ? Il se décolla de la cloison et ouvrit la porte sans s’annoncer, marquant une pause sur le seuil le temps que la réalité visuelle rejoigne l’auditive. Il ne fallut guère plus qu’une fraction de seconde pour que Silas ne remarque sa présence, mais cela avait été suffisant pour qu’il ait un aperçu de leurs échanges, l’affection chaleureuse que le gamin avait au fond des yeux et dans le sourire quand il regardait Elisa. Il ne fallut guère plus pour qu’une jalousie terrible et folle vienne tordre ses boyaux, d’une ampleur et d’une possessivité telles qu’il n’avait jamais ressenties auparavant et qui manqua de le faire manquer à ses résolutions. Elisa ensuite se tourna vers lui et leurs yeux se trouvèrent, s’affrontèrent en silence. Un ange passa.
La porte refermée sans un bruit, il fallut bien qu’il s’astreigne à jouer la comédie, se comporter comme si Elisa n’avait aucune sorte d’importance pour lui. Savait-il la vérité, Silas ? Est-ce qu’elle le lui avait dit ? Est-ce qu’elle l’avait dit à quelqu’un, n’importe qui ici ? Il lui était pratiquement impossible de rester indifférent face à sa présence et pourtant, il n’avait pas d’autre choix à l’heure actuelle. Abel s’assit au bord du lit, embrassa le gamin tout en lui retournant son sourire chaleureux mais lorsqu’il croisa à nouveau le regard de l’olympienne, l’avertissement était net et sans appel : pas de scène devant lui. Pourtant, il allait bien falloir qu’ils parlent, et cela n’allait pas souffrir de délai supplémentaire.
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Sujet: Re: he had it coming, he only had himself to blame Mer 6 Fév - 17:34
Elisa Abel « HE HAD IT COMING, HE ONLY HAD HIMSELF TO BLAME »
Le moment était agréable ; les sourires étaient de sortie. Mieux, même ; quelques éclats de rire vinrent tirer sur les joues fatiguées de la blonde, alors que le cadre morne de cette vie post-apocalyptique les avaient laissé plutôt flasques et inanimées. Cela faisait un moment qu’elle était là ; et elle comptait rester encore longtemps, malgré les légères crampes causées par cette longue série de sourires sincères. C’était donc, jusqu’à présent, une bonne journée. Même si son enfant était malade, même si c’était pas facile. Elle était là pour lui, le serait toujours à partir de maintenant, et c’est tout ce qui comptait. Elle termina enfin de raconter une anecdote sur un voyage dont elle avait l’impression d’avoir fait dans une autre vie, avant de reprendre une inspiration plus profonde. Silas fit une remarque légère qui ne manqua pas de laisser échapper un gloussement à l’ancienne magistrate. Elle n’y pensait pas ; se refusait de le faire en sa présence pour ne pas s’obscurcir l’esprit dans ces moments privilégiés, mais elle se posait toujours la même question : comment l’éducation d’Abel Rhodes a pu donner un gamin aussi adorable ? Et, forcément, une question en impliquait une autre ; comment serait-il devenu, si elle l’avait éduqué ? Comment l’aurait-elle éduqué ? Forcément, la série de questions finissait pas la rendre maussade. C’est pour ça qu’elle chassait ces pensées, alors qu’au chevet de son fils, elle profitait de l’instant.
Mais il fallait bien que cela se termine un jour. Le bruit d’une poignée qui se tourne, le léger grincement de la porte ; et voilà que tout s’envolait. Pas pour le gamin, qui ne savait pas ; qui ne devait pas savoir pour l’instant. Elle ne s’était pas tournée de suite, mais avait attendu une réaction de sa part pour le faire. Un sourire, une lueur dans les yeux ; une émotion sincère. Elle tourna la tête, suivant son regard, pour tomber celui qu’elle n’avait vu que de loin jusqu’à présent. Ces retrouvailles, elle y pensait depuis longtemps. Elle avait imaginé plein de scénario, avait pensé ressentir pleins de choses. Mais au final, pas de tristesse, pas de colère, pas de haine. Simplement rien, le néant. Un échange de regard silencieux, un signe de tête instinctif et peut-être un peu hypocrite. Elle était… perdue. Elle resta donc immobile, comme une statue, se contentant de suivre la progression de l’homme qui avait tenté de la tuer. Elle le vit se pencher sur son fils, l’embrasser ; quelque chose se produisit, dans le fond de ses tripes, mais, elle ne s’attarda pas à essayer de comprendre. Elle manqua le sens du regard de l’homme, pourtant plutôt explicite ; mais n’avait au final même pas eu besoin de cet avertissement. C’était une question de bon sens.
Elle attendit alors un peu. Elle garda son regard planté dans le sien, un autre ange passa ; à croire que si elle restait, une autoroute céleste allait finir par prendre pied dans le coin. Alors, elle le lâcha, bascula vers son petit bout, lui esquissa un sourire sincère en oubliant presque la présence de l’autre. Elle se leva, passa sa main dans les cheveux du petit en lui annonçant : « Je dois te laisser » elle tourna la tête, et, pour la première fois, ressenti quelque chose. Ce n’était pas du tout son genre d’être hypocrite, et pourtant, difficile de qualifier ce qu’elle allait dire autrement puisque elle annonça : « … maintenant que tu es entre de bonnes mains » le ton qu’elle avait employé, pour un enfant, était probablement anodin. Abel, qui avait quand même marié avec elle, allait probablement comprendre la colère froide qu’il sous-entendait. Elle croisa une nouvelle fois le regard de son petit, et sortit sans autre forme de procès, en entendant à peine la réponse de ce dernier. Elle ferma la porte, doucement, avant d’aller poser ses deux mains sur la commode qui constituait le seul mobilier du couloir.
Sujet: Re: he had it coming, he only had himself to blame Dim 10 Fév - 16:31
Elisa Abel « HE HAD IT COMING, HE ONLY HAD HIMSELF TO BLAME »
Abel avait mille questions qui se bousculaient dans sa bouche mais pas d’autre choix que de la garder close dans l’immédiat. Mais merde, Elisa était vivante et présente ici, à Olympia. Depuis combien de temps ? Depuis quand elle se pavanait là, juste sous son nez ? Et Silas… Le cavalier était calme en apparence, mais c'était une toute autre histoire à l’intérieur. Elle ? Elle semblait beaucoup plus tranquille mais, pour sa gouverne, elle avait eu le temps de se préparer à ça. A l’inverse de lui, elle ne tombait pas des nues, elle avait très bien conscience du fait qu’il rôdait dans les parages et avait peut-être même eu largement le temps de songer à un plan d’action pour ce jour où ils finiraient forcément par se retrouver, volontairement ou non. Et de toute évidence, ce jour était arrivé. Elisa se leva et le regard d’Abel suivit le moindre de ses gestes, la mâchoire serrée sur quelque impulsivité qu’il manqua de laisser filer lorsqu’elle fourragea dans les cheveux du gamin. Bien sûr, elle partait, parce que cette situation ne pouvait pas durer. Ils n’allaient pas prétendre qu’il n’y avait rien et rester tous les deux au chevet de leur fils éternellement. L’olympienne n’avait pas d’autre choix que celui de vider les lieux et lui… il savait pertinemment qu’il n’en avait pas davantage. Certes, il aurait pu la laisser filer et rester là, profiter de ces instants désormais trop rares en compagnie de Silas mais comment rester imperturbable en sachant ce qui venait de se passer, comment se sortir Elisa de l’esprit et jouer l’indifférence ? La réponse était simple : il n’en était pas capable. Le silence accompagna le départ de l’olympienne, imprégnant les lieux d’une atmosphère assez étrange. Abel garda le regard vissé sur le porte close pendant encore de longues secondes sans mot dire, jusqu’à ce qu’une question du mioche lui parvienne aux oreilles. Forcément, même lui était capable, à ce stade, de percevoir qu’un truc ne tournait pas bien rond avec son père. « Désolé, je crois que j’ai oublié quelque chose, répondit-il simplement face aux quelques mots interrogateurs. Je reviens de suite. » Il força un sourire un minimum sincère sur ses lèvres et quitta le bord du lit là-dessus. L’expression détendue abandonna ses traits sans autre forme de procès dès qu’il eut tourné le dos à l’enfant mais ses foulées restèrent nonchalantes ; ce n’était pas l’envie qui lui manquait, pourtant, de magner le pas et rattraper Elisa avant qu’elle ne soit susceptible de lui échapper…
Ses yeux accrochèrent la silhouette de son ex-femme, dos à lui, dès qu’il sortit sur le palier de la chambre. Un instant, il la contempla ainsi tandis que le chaos de ses pensées le contraignait au mutisme. Mais le couloir n’était pas plus adéquat que la chambre pour une conversation plus poussée… Les gestes survinrent avant la moindre parole échangée entre eux. Brusquement, Abel s’anima et sa poigne se referma autour du bras de l’olympienne, resserrant aussitôt la prise pour l’empêcher de s’en libérer tandis qu’il se rapprochait d’elle. « Fais pas d’histoire », il lui souffla tout en l’entraînant avec lui loin de la chambre de leur fils. L’infirmerie d’Olympia, il y avait passé suffisamment de temps pour en connaître tous les recoins. D’abord pendant sa longue convalescence ici, et puis du fait de ses visites répétées ensuite, à cause de Silas. Aussi ce ne fut pas long avant qu’il n’ouvre sans la moindre hésitation une porte sur leur droite, y pousse Elisa d’une main fermement appuyée entre les omoplates, puis s’engouffre à sa suite dans la petite pièce. Le débarras était exigu, rempli de bordel et peu lumineux mais au moins seraient-ils tranquilles ici. Face à face, enfin, et seuls, Abel put enfin laisser tomber entièrement le masque. Ses yeux exprimaient clairement toute la colère froide qui l’animait en ce moment même, colère dont il ignorait à vrai dire lui-même la réelle provenance. Était-ce possible que la simple présence de son ex-compagne puisse ainsi raviver de tels feux, après autant d’années et la conviction de sa mort ? « Qu’est-ce que tu fous ici ? il demanda finalement, choisissant cette question parmi toutes les autres qui lui brûlaient les lèvres. Il n’a pas besoin de toi. »
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