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 Straight for the head | Bass&Holly

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MessageSujet: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyMer 19 Déc - 19:21

Straight for the head


« Bass et Holly»

Si y’a une chose que je redoute depuis l’arrivée de ces fanatiques, c’est une attaque. Leur présence ne présage rien de bon et malgré leurs murs, je sens Olympia vulnérable. J’ai l’impression que la ville ne sera peut-être pas en mesure de subir un nouvel affront. Des gens m’ont raconté ce qui s’était passé il y a un moment. Des enfants ont perdu la vie en grand nombre et chaque habitant porte encore ce deuil à sa manière. Une page sombre de plus à leur histoire. Inutile d’en ajouter une autre. Si ce n’était que de moi, je les aurais chassés depuis longtemps. Tirer sur un innocent ne me cause aucun problème, surtout s’il adopte des comportements menaçants. Je m’y serais donnée à cœur joie, mais personne ne m’en laisse l’occasion. Les gardes se contentent de les observer pendant que les autres restent à l’intérieur. On attend, tout simplement. Mais s’il y a une chose que j’ai appris à l’extérieur, c’est que les gens passifs ne vivent jamais longtemps. Certains finissent par trouver refuge quelque part. Ils sont protégés un moment, mais éventuellement, la merde revient toujours les chercher. Personne n’y échappe et c’est pourquoi il faut agir avant qu’elle ne nous tombe dessus. C’est pour cette raison que je rôde près de murs au lieu d’être bien sagement en classe. J’ai conscience de donner un mauvais exemple aux jeunes, mais pour l’instant, il y a plus important.  Je me promène le long des remparts métalliques, réfléchissant aux issues possibles et toutes celles auxquelles je peux penser ne sont pas forcément bonnes.  Je sens qu’un truc va nous tomber sur la tête et je ne peux rien faire du tout. Ça m’enrage à un point où la folie me guette. Je suis à deux doigts d’ouvrir les grilles et de foncer dans le tas avec Leah pour les massacrer un à un. Mais, plutôt que de poser un geste qui me vaudrait probablement l’exclusion de la ville, je me contente de grimper dans le premier poste de garde que je croise. Je ne reconnais celui qui s’y trouve déjà qu’une fois sur la plateforme. Le recruteur, alias l’idiot que j’ai pris pour un pédophile, fixe les adorateurs de Lazare. Je me demande ce qu’il en pense. Il doit avoir les mêmes envies meurtrières que moi. Alors qu’est-ce qui l’empêche de passer à l’acte? « Belle journée, non? » Je me glisse à ses côtés, le regard rivé sur l’attroupement. Ils ont l’air idiots et j’ai du mal à comprendre ce qui peut les pousser à obéir ainsi à un individu visiblement dérangé.
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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyMer 2 Jan - 21:21


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Qu’est-ce qu’il l’empêche de passer à l’acte ? Bass cherche les raisons, il râcle le fond de son cerveau à la petite cuillère pour en extirper pêle-mêle la liste confuse des raisons pour laquelle il ne doit pas se livrer au meurtre de son « prochain » - même si, en plus que cela lui fasse un bien fou, cela résoudrait tous ses problèmes momentanés et ceux de la génération à venir. La mémoire d’Elijah, qui lui plane sur les épaules. La conscience, la mauvaise. La culpabilité. Les fantômes assassinés qui le réveillent encore parfois, quand bien même les bras de Malini l’enveloppent d’un foyer. Les bonnes résolutions. L’obéissance à Peyton. Eli qui méritait d’avoir un père adoptif à temps partiel qui ne tuait pas les humains. Qui promettait et agissait pour un monde meilleur.

Il était sorti hier, il s’était battu avec eux et il les aurait tués, à mains nues, étranglés, peau arrachée, si Malini n’avait pas surgi pour remettre de l’humain en lui. Pour lui rappeler que s’il tuait les ouailles serviles, le seul perdant ce serait lui, ce serait lui qui aurait à vivre avec, pas à Lazare, pas leur troupeau bêta, par leur cause. Bass y pense à tout ça, le regard perdu sur la scène surréaliste en contre-bas. Elijah lui avait parlé du dadaïsme, quand il avait trouvé des tableaux, ramené pour Olympia, Malini aussi a essayé de lui expliquer. Ça fait un peu le même effet à Bass. Il est sur la plateforme protectrice, le nez au ras de la tôle, les genoux à demi pliés et les avant-bras posés sur le rebord métallique, presque tranchant. Il n’a que les yeux qui dépassent observant la scène, la prétendue curie : les lazares s’entassent en bas, comme si ça ouvrirait les portes du paradis en demandant svp vos enfants. On les chasse, on les houspille, on en blesse certains, mais ils semblent plus rôdeurs qu’humains. Déterminés à un seul but. Ils parlent, c’est la seule différence. C’est âcre dans la gorge de Bass il aimerait tous les tuer, l’envie présente, en arrière-goût. L’institutrice de Eli et Jezabel s’approche de lui, mais Bass ne quitte pas le spectacle en contre-bas des yeux. Il grimace à sa question, aussi moqueur que dégoûté, le visage tordu un instant. Puis, Bass singe le ton de la météorologue qui passait en boucle à la prison aux fenêtres barrées: « - Alerte orange, risque de chutes de tueurs d’enfants, il est déconseillé de sortir de chez soi. » Il avait l’habitude de faire rire les enfants avec des tours de magie même quand tout allait mal, dommage qu’il ne croit plus au père Noël et son acolyte le père Lazare, pour les enfants pas sages.

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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyJeu 3 Jan - 19:35

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« Bass et Holly»

La vue des ces idiots ravive des souvenirs douloureux. Je revois Arden à feu et à sang. La fumée qui s’élève des bâtiments, celle qui m’a d’abord attirée vers le campement. Puis les rôdeurs, leurs râles et leur odeur mêlée à celle de la braise. J’arrive pratiquement à ressentir la panique qui avait pris contrôle de mon corps ce jour-là. C’est comme si elle revenait, qu’elle tentait de se frayer un chemin jusqu’à mon crâne. Je la sens se faufiler dans mes veines, crispant mes membres. J’aurais pu lui céder si Bass ne s’était pas retrouvé là. Je serais probablement montée sur la plateforme, j’aurais pété les plombs et je me serais lancée dans la marre de corps pour les massacrer un à un. Et j’y aurais pris plaisir. Mais au lieu d’une telle effusion, je me contente de grimper aux côtés du garde. J’affiche un pseudo-sourire et j’essaie de voir ça d’un bon œil. Olympia est bien mieux gardée qu’Arden. Leurs murs sont presque titanesques et la population bien plus apte à se défendre qu’une quinzaine de gamins et d’adolescents. Tout ira bien. Je dois avoir confiance. Je prends place aux côtés de mon co-citoyen qui lâche une vanne douteuse. Malgré tout, mon sourire s’étire. « Je prévois aussi un risque de pluie de cailloux s’ils foutent pas le camp rapidement. » Je m’approche des bords pour les détailler davantage. Ils ont l’air normaux. Des humains, comme Bass et moi. Ils ont simplement pris de moins bonnes décisions. Ils ont décidé de laisser leur vie entre les mains d’un homme horrible et j’ai du mal à comprendre pourquoi. Ils ne doivent pas tirer grand-chose de leur geste. Les sourcils froncés, j’attrape le stylo accroché à ma ceinture, juste à côté de mon canif. « Tu crois que j’arriverais à en abattre un d’ici? » Je jette un second coup d’œil aux sbires qui sont toujours parfaitement immobiles. Pourtant, ils doivent entendre mes paroles de là où ils sont. Ils sont au courant des menaces et ils restent parfaitement immobiles. Pathétique. C’est tout ce que j’arrive à voir en eux. Une immense lâcheté, un désir de survie inexistant et une absence complète de jugement. Je me demande comme une personne peut en arriver là. Dans mes pires jours, je n’aurais jamais fait de mal à un innocent, encore moins attaquer une ville pleine d’enfants. S’ils ont si peu envie de vivre, pourquoi ne pas simplement abréger leurs jours?
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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyDim 27 Jan - 11:13


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Qu’est-ce que tu fous là Bass, sérieusement ? Il n’est pas un garde, pas un défenseur d’Olympia. Il n’est pas un tueur, malgré tout ce qu’il pense de lui-même et de ce qu’il a déjà fait. Ce qu’il serait à nouveau capable de faire. Le chef recruteur est au chômage technique depuis que les Lazares récoltent les âmes égarées dans leurs filets à papillons. Le père ne l’est qu’à mi-temps. Eli est avec Peyton et il n’y a pas assez de kilomètres et de gabions entre eux et ceux que le blond observe. « - Ils ne partiront pas. » Prophétie dont il se serait bien passé. Il y a des châteaux forts dans les livres pour enfants de la bibliothèque. On jette des pierres et des excréments, on fait pipi sur les assaillants, bien caché derrière son pont-levis, et le château reste imprenable jusqu’à ce que les dragons surgissent. Bass n’a pas la moindre idée de comment faire un pont-levis, mais cela ne doit pas être plus dur que tout le reste.
Il sature dans les souvenirs qui reviennent lui larder la mémoire comme la balle prise cette nuit-là revient larder sa cuisse par moments. Tout vient de sa tête, mais ça reste. Les paroles de Holly lui tirent pourtant un sourire bref, presque invisible sous la barbe. Il lui jette un regard en coin, l’étudiant, considérant la question. « - Avec un caillou, oui. Les stylos sont plus utiles. » Qu’eux. Et pourtant, un style ne fait pas partie des choses que Bass juge utile au quotidien.  Le pire c’est qu’on danse sur la lignée du politiquement correct. Les gardes ont reçu l’ordre de les disperser s’ils s’approchent trop, s’ils se pressent trop des murs. Comme une horde qu’on garde sous son contrôle. Le spectacle est aussi angoissant, de les voir rester là, pas assez loin, pas assez près, ne rien pouvoir faire.  Politiquement correct oui. Politiquement humain, peut-être pas. Bass se gratte le dessous du menton, reposant le regard sur l’extérieur – au-delà de la ligne de Lazare, sur l’horizon, l’orée des bois décousus, le chemin qui mène à la ville.   « - Je crois que je suis censé te dire qu’on vaut mieux de ça. » C’est ce qui lui fait peur dans les Lazares. Ce que lui devient, et ce qu’il aurait pu devenir. Si Peyton ne l’avait pas récupéré quand il s’était introduit ici, si Elijah avait eu d’autres visées que les vieilles peintures croûtées par le temps – il aurait pu être eux. N’était-il pas comme eux ? Prêt à faire n’importe quoi pour son propre idéal. Y croire encore. Prêt à tuer pour Eli.

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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyLun 28 Jan - 20:39

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« Bass et Holly»

Ils ne partiront pas. J’hoche doucement la tête, conservant un visage impassible. Cette vérité cruelle, j’y songe depuis des heures déjà, mais elle ne veut pas entrer dans mon crâne, comme si mon esprit refusait de l’admettre. Cette menace est réelle. Ils ne doivent pas être là sans raison et même s’ils se contentent pour l’instant d’être passifs, je me doute qu’ils finiront par lancer l’attaque. Ce n’est qu’une question de temps, alors pourquoi est-ce que personne ne réagit? Les gardes se contentent d’observer la scène. Des négociations ont eu lieu ou plutôt, une requête a été lancée, mais rien ne bouge. Pourtant, il me semble que le moment serait idéal. Il suffirait d’une grosse voiture et d’un volontaire pour appuyer sur le gaz et foncer. Je le ferais moi-même pour protéger les enfants. Pour éviter qu’il ne soit trop tard lorsque nos dirigeants réagissent encore. Mais je reste plantée là, à fantasmer à l’idée de leur lancer des roches sur la tête, priant pour qu’un drame ne se reproduise pas. Surtout qu’on m’a raconté qu’une attaque avait déjà eu lieu, emportant de nombreux enfants de la ville. Juste d’y repenser, à ça et à Arden, et l’envie de les faire fuir coute que coute me démange. Je ne vaux pas mieux que ça. « À quoi ça sert d’être moralement meilleur si c’est pour laisser les gens qu’on aime mourir? Ça fait aucun sens. Puis des cailloux n’ont jamais tués personnes… Je crois? » Je pousse un long soupire, secouant la tête dans tous les sens. Je n’ai pas dormi depuis un moment, trop inquiète pour trouver le sommeil. J'irai me coucher quand on m'aura juré qu'il n'y a pas dans cette forêt d'animal plus dangereux que le lapin adulte! Mais en attendant, il n’y a rien à faire pour apaiser mon esprit à part, peut-être, de me défouler un peu sur ces êtres inconscients, ces hommes lâches qui ne se battent même pas pour leurs propres convictions. Je me penche un instant, inspectant le sol. Je finis par trouver un caillou de la taille d’un trente sous. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça. Je place ma main gauche en visière, de sorte à mieux apercevoir leurs têtes d’idiots, puis j’élance le bras droit vers l’arrière. Je le ramène d’un mouvement vif vers l’avant, laissant l’objet glisser au bout de mes doigts, puis s’envoler jusqu’à ce qu’il atterrisse sur la chevelure noire d’un type à la première rangée. Ce dernier ne semble pas broncher. Il réagit à peine. « Tu crois qu’il faudrait un plus gros projectile pour les faire fuir? » Je demande, la tête penchée sur le côté, un peu déçue. S’il avait pu détaler, ça aurait été parfait.
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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyVen 1 Mar - 17:53


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Tu enfonces tes ongles dans la rambarde de bois, et dans ta barbe. Échardes et griffures, une pour chaque mains. Elles t’empêchent de voir clairement l’horrible cruauté gratuite, monstrueuse, que de jeter des cailloux à ceux massés à vos portes. Ils ne demandent même pas l’asile. Ils ne sont pas des rôdeurs, ils étaient des humains. Ils étaient des ennemis. Vous aviez cessé de vous battre pour votre survie, depuis Olympia, depuis l’attaque du centre commercial, le baroud d’honneur de la civilisation face aux enfoirés qui prenaient vos vies, vos familles, votre sécurité bien établie, entre humains. Tu ne peux pas les voir comme des humains, où tu perdras soit ton fils, soit ta raison. Mais ils étaient son reflet, purulent d’erreurs. Avaient-ils des doutes, en bas ?

Bass fait la moue, la tête brièvement penchée sur le côté, comme on secoue une boîte à meuh. Le sourire est torve, un peu retors, il contraste avec violence avec la douceur de la barbe « - Continue à te dire ça. » Il a été en prison pour avoir éclaté le crâne d’un ami à lui contre un mur de briques, de façon répétée, vélocité forcenée motivée par la haine, la rage et une tentative de viol. Les cailloux tuaient, lancés avec suffisamment de force.
Le recruteur observe la jeune femme lancer son projectile, éclairée par le soleil faiblard de l’hiver texan. Il doit plisser ses yeux bleus, d’où suintent les larmes face à la luminosité, mais il l’observe avec attention.  « - Joli lancer, pour une instit’. » Le commentaire est dénué de moquerie, simplement amusé, un peu blasé.

Il a des cailloux plein les poches. Des cailloux, des pièces, des origamis.  Bass glisse un poing dans l’une de ses poches éternellement raccommodées, mais ses doigts ressortent un doudou d’enfant recroquevillé dans la main de l’assassin. Il le chiffonne un peu plus. “- C’est pour ça que Peyton est là, faire en sorte qu’ils restent dehors, cette fois.” Le regard clair s’assombrit un instant, il lui jette un regard, avant de hausser les épaules.   “- Plus de force.” De sa main libre, il récupère un des débris amenés là par le temps, les passages, les invasions, les défenses - il heurte la tempe d’un homme en bas, qui lâche un cri surpris, avant de lever les yeux vers les murs de la cité, où Bass l'observe, accoudé au parapet, doudou en main, et la voix qui porte : “- Toutes mes excuses !” Le rire que contient sa voix tend peut-être à l’hystérie, à l’épuisement, à la peur qui déborde, à la paranoïa frénétique, à la rage coincée dans sa gorge, à la tension qui joue sur les nerfs de tout le monde.

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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptyMar 12 Mar - 19:41

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« Bass et Holly»

Pour être honnête, je crois que j’aurais du mal à m’en vouloir si l’un de mes projectiles abattait quelqu’un. Je n’en serais plus à un meurtre près et vu le monstre pour qui ces gens-là œuvrent, ce ne serait pas une grande perte pour l’humanité. Pour moi, ils représentent les méchants, tout simplement. J’ai du mal à penser plus loin, encore plus à me dire qu’ils ne valent peut-être pas mieux que nous. Qu’au fond, ils ne font que survivre, comme tout le monde a dû le faire au sein de la ville. Je ne me questionne plus sur le dysfonctionnement de l’humanité depuis longtemps. J’avance en protégeant ceux que j’aime. D’abord Arden, puis ma sœur et maintenant, mes élèves à Olympia. Hors de question que je laisse tomber ces derniers. Pas encore. J’attrape donc un projectile au hasard. Je le lance de toutes mes forces, mais, malgré la précision du coup, mon adversaire ne bronche pas. Je grimace, davantage sous la remarque de Bass. « Je n’suis pas qu’une instit’.» Je réplique, un peu insultée. Si les gens commencent à me voir comme tel, je sais qu’un jour ma réputation finira par devenir réalité. Seul hic, ce n’est pas ce dont j’ai envie. Je ne suis pas prête à mettre le passé de côté, encore moins à baisser ma garde.

Distraitement, j’observe les gestes du recruteur. Je le vois s’élancer, puis projeter le caillou de toutes ses forces. Un coup encore meilleur que moi. Un véritable strike qui arrache une grimace de protestation à l’homme qui se tient sous nous et une réplique moqueuse à mon acolyte. Un sourire s’étire sur mes lèvres, amusée par la situation. Il n’avait qu’à pas se tenir là ou à porter un chapeau. C’est son problème, vraiment. « J’espère qu’elle y arrivera. » Je me penche pour ramasser quelque chose n’importe quoi pour déranger les sbires, hésitant un peu avant de reprendre la parole. « Le psy m’a raconté ce qui s’était passé ici. Si ça vient à se répéter, je me jette du premier pont que je croise. » En espérant qu’il soit plus haut que la dernière fois et que je ne me réveille pas simplement sur la berge, toujours hantée par mes horribles souvenirs. J’ai déjà eu du mal à perdre ma première classe. Si la seconde venait à m’échapper, je ne m’en remettrais jamais, peu importe le nombre de séances que j’aurai avec Oscar. Émotive juste d’y penser, je lance le minéral de toute mes forces, sans prendre la peine de viser. Je ne sais pas où il rejoint le sol, mais je sais que je n’ai touché personne. Meilleure chance la prochaine fois.

« Tu crois qu’ils savent qu’on a des enfants ici? » Mon esprit affaibli par la rage se laisse aller à des pensées plus humanistes, prêt à reconnaître que ces larbins ne sont peut-être pas tous d’horribles personnes. Il y a peut-être des pères ou des mères dans le lot, des gens qui font leur possible pour la sécurité de leurs proches. Des gens comme nous, au fond, qui sont simplement tombés sur le mauvais groupe.

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MessageSujet: Re: Straight for the head | Bass&Holly   Straight for the head | Bass&Holly EmptySam 25 Mai - 20:02


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Le parapet sous tes pieds fait figure de pôle gravitationnel, la douceur du doudou te raccroche à la mansuétude par le bout du velours enroulé autour de ton doigt. Il y a un tiraillement en toi à voir le caillou s’abattre sur un être humain. La minuscule braise d’humanité, le noyau doux de Bass, ce qui lui rend figure humaine derrière l’ardoise raturée de tous ses petits défauts et grands assassinats. La braise qui s’essouffle et clignote en fonction de ce qu’on y insuffle. Le retour en arrière qui le ramène au gamin qui s’éraflait les genoux sur les lacs gelés, et portait les petits frères épuisés sur ses épaules. Cela le tiraille de voir la cruauté, et de tuer. Mais ton visage est impassible, pas un tressaillement du visage sous ta barbe, pas un cil pour entraver ton regard figé sur tes ennemis. Il y a un pli sous ta barbe, qui cache l’amertume, la vieille jalousie de la faute à pas de chance, qui module le sifflement flûté et admiratif qui passe tes lèvres. ”- Est-ce qu’il y a quelque chose de mieux qu’instit’?” T’as jamais fait la fac toi, jamais lu plus longtemps que la volée de magazines où Malini faisait de l’ombre à toutes les filles malingres. C’est pas que t’es mauvais à tout, c’est que t'es bon à rien, même ta bonté saugrenue se prend les cahots de la route en pleine face. Tu jettes un regard à la rousse, à demi, en coin, l’air de rien, tant que tu t’affales les coudes sur le mur d’Olympia. ”- On a de la chance de t’avoir.” D’avoir les bambins qui vont avec aussi. Père sans marmot, institutrice sans classe, quel est le plus grand drame ? Ce que faisait Holly… c’était la seule chose qui avait du sens.

Les gens comme toi sont là pour chercher les gens comme elle, les tirer de leurs trous, les épousseter et les mettre face à ce qu’ils ont à faire, tout en couvrant leurs arrières.  Empêcher que cela recommence. Cela recommencera. C’est en train de recommencer. La nausée tords tes boyaux, romps tes membres. Est-ce que tu seras là ? Est-ce que tu suffiras ? Est-ce que tu seras à la hauteur ? ”- Si cela vient à se répéter, je n’y survivrais pas.” Tu te souviens de l’impuissance dévorante plus que de la vieille cicatrice par balle dans ta cuisine. Tu te souviens de l’irruption de la démence entre les baquets de pommes et les gâteau au chocolat à 1% de cacao. Cela ne peut se passer que pendant ta mort ou ton inconscience, au point où tu en es.

Tu poses ta main sur son poignet, lorsqu’elle baisse un peu les bras. Le geste d’apaisement, le pouce qui le temps d’un éclair caresse sa peau plein de bonté d’âme - le réconfort se transforme en griffe à la question de la jeune femme. C’est un réflexe de lui broyer le poignet, et tu arrêtes immédiatement, mais c’est comme si on avait appuyé sur un de tes nerfs, les conneries des médecins de l’armée avec leur petit marteau et ton genou.  “- C’est pour ça qu’ils sont là.” La nonchalance de l’horreur, l’indifférence du dégoût. C’était facile d’oublier leur humanité, à ceux d’en-bas, mais ils n’étaient pas des rôdeurs affamés de leurs chairs. Les rôdeurs étaient faciles à tuer, à enjamber, ils n’ont que des instincts. Non, ceux de Lazare ils vous ont fait miroiter l’espoir, ils ont eu les sourires, les blouses blanches, ils ne sont pas une meute. Ils sont un clan. Ils doivent rire entre eux le soir, et partager le repas autour du feu de camp, se serrer  les coudes, avoir des enfants, des femmes. Pas assez d’enfants visiblement, pour toquer à la porte des autres. “- Pour le mien.” Il n’est pas à toi, pas ta chaire, pas plus que tu n’as le dernier mot pour l’éduquer. Vu les hasards des destinées de ta fratrie, cela vaut peut-être mieux. Mais tu t’en sens responsable, pis, tu lui fileraIs ta vie au marmot métisse qui t’es tombé sur les bras, qui a la malchance d’être exceptionnel. “- Et les autres après.” Peut-être que ce qu’il te dérange le plus, c’est qu’ils te ressemblent, que pour Eli, pour n’importe lequel des enfants d’Olympia, et même ceux du ranch en prime si on te le demandait gentiment, de l’autre côté de la barrière, tu as la même bave aux lèvres.
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