Sujet: Everything is out of control ft. Uzo Mar 1 Mai - 10:56
Chaï LIBRE «EVERYTHING IS OUT OF CONTROL »
9 Mai 2018
Je m'étais réveillé tôt aujourd'hui, ou peut-être étais-je tombé du lit suite à un énième cauchemar. Il fallait dire que les jours n'allaient pas en s'améliorant depuis le gâchis qu'eût connu la fête des voisins à Olympia. Si cette dernière avait commencé dans de bonnes conditions, malgré quelques visages tristes et peu enclins à la fête, la rue principale avait très vite été prise d'assaut. Une histoire entre les deux camps de la ville avait fait irruption. Et, pour une fois, je n'avais aucunement fait partie de ceux qui s'étaient mêlés à l'intrigue. Tout du moins, pas autant que je l'aurais voulu. Devais-je être félicité pour ça ? Aurais-je le droit à quelques sourires en plus sur mon passage ? Probablement pas. Mais j'avais fait une heureuse : Christie. Elle ne se mêlait jamais aux problèmes des autres, même si curieuse, elle restait toujours loin du foutoir et elle m'avait demandé d'en faire autant. Bien sûr, j'allais une fois de plus créer une tension entre nous deux et me faufiler vers la bataille pour calmer le jeu des deux principaux protagonistes, mais le visage blanc et suant de l'olympienne me ramena à la raison. Elle s'était appuyée contre la table brinquebalante de ses deux mains, laissant le plateau de pâtisseries s'effondrer sur le sol d'asphalte et j'eus compris rapidement. Si elle n'avait pas été automatiquement touchée par la vague provenant du marché, elle avait été empoisonnée par les achats effectués à Stonebriar à la mi-avril. Ingrédients qu'elle venait d'utiliser pour la préparation des gâteaux et qu'elle avait goûté. Mes yeux s'étaient tournés vers les entremets sucrés qui jonchaient le macadam usé. Une semaine après cet épisode de confessions obligatoires, elle était souvent fiévreuse et peinait à exploiter ses connaissances dans les plantations et à effectuer son travail au mieux, si bien qu'elle était, parfois, congédiée à rester au lit, les migraines tambourinant son crâne au point qu'elle ne veuille aucune visite, pas même moi. Elle se plongeait dans le noir et se laissait aller à une sieste passagère. Ma compagne était ainsi touchée par la deuxième vague de malades et, le regard perdu, je scrutai le paysage, les gens qui s'activaient pour la communauté, par la fenêtre de la salle à manger de ma maison. Pensif, préoccupé par l'état de santé qui se dégradait pour une minorité d'Olympia, je terminai la dernière gorgée du breuvage chaud avant de me lever, prêt à entamer une nouvelle journée. Avant même de prendre mon petit-déjeuner, je m'en étais allé vers la boite aux lettres où les Olympiens demandaient services aux bâtisseurs pour une bricole à réparer dans leur logement, mais rien. Pas une seule demande. Il fallait dire que les situations catastrophiques s'enchaînant, les améliorations dédiées aux habitations étaient laissées de côté, même s'il nous était demandé de continuer à vivre le plus normalement possible. Alors, c'est naturellement que je m'étais décidé à aller nettoyer le cimetière bien trop souvent délaissé jusqu'aux prochaines morts. Accompagné de mes outils, d'un chiffon et d'un seau d'eau, j'avais traversé la ville jusqu'à cette partie abandonnée. Quoi que, les derniers décès étaient tout de même si récents qu'il arrivait à certaines personnes de venir se recueillir sur les tombes. A côté de la première, je vins à m'agenouiller et, à l'aide d'une truelle, je vins gratter la terre pour déterrer les premières mauvaises herbes, celles qui s'étaient mises à pousser au printemps et qui avaient maintenant une taille un peu trop conséquente. J'aurais pu choisir un endroit bien plus joyeux sur lequel travailler, mais le champ de repos m'avait fait de l’œil depuis quelques jours, comme s'il prévoyait déjà d'accueillir de nouveaux corps dès les prochaines semaines. Ce fût dans le silence le plus complet que j'eus décidé d'effectuer ma mission. La végétation enlevée, c'est naturellement que j'eus décapé la mousse des croix gravées et vins les nettoyer le plus proprement possible, l'âme en peine. T'es pas obligé(e) de rester à l'écart, lançai-je d'une voix neutre alors que je frottai énergiquement le dessus d'un crucifix. Fais comme si je n'étais pas là, proposai-je à la personne qui se tenait droite derrière mon dos. Si je ne passais pas forcément inaperçu avec tous ces tatouages sur le corps, j'étais l'homme que l'on ne pouvait remarquer pour son grand bagout. Loin d'être asocial, j'étais tout de même très introverti avec les étrangers, ceux à qui je ne parlais pas souvent, ceux qui entraient à Olympia depuis peu sous la pulsion des recruteurs de la ville.
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Ven 18 Mai - 19:40
Chaï Uzo « everything is out of control »
Il était peu dire qu’Uzo avait soigneusement évité de se retrouver à proximité de l’endroit après avoir appris la nouvelle. Comme si le fait de ne pas se retrouver face à la tombe fraîchement creusée, de ne pas avoir à déchiffrer le prénom indiquant la personne inhumée là-dedans, lui permettait de ne pas avoir à faire face à la réalité. Comme tout le monde après bientôt huit ans de galère, elle avait perdu trop de proches et cela à la longue avait fini par susciter un conflit intérieur entre la ridicule facilité avec laquelle elle parvenait à l'acceptation d’une nouvelle mort, d’un nouveau deuil, et cette autre partie d’elle-même qui refusait obstinément à se dire “encore une de plus”. Pour sûr, Uzo n’avait pas pensé qu’Iris viendrait allonger cette liste funèbre de sitôt mais ce foutu monde était beaucoup trop imprévisibles pour ne pas comprendre que même ceux que l’on pensait à l’abri risquait tout aussi bien de disparaître d’un jour à l’autre que les plus téméraires. Même des mois après la vaccination à Austin, l’ex-militaire ne parvenait toujours pas à comprendre ce qui avait pu pousser l’infirmière à faire ce geste. Donner l’exemple ? Iris avait été le positivisme incarné lorsqu’elle vivait encore, certes, mais même si la miner pouvait parfaitement accepter cette envie folle de croire qu’un tel vaccin était envisageable, il avait été proposé de la main de parfaits inconnus, qui ne leur en avait pas communiqué le moindre détail. Et elle était enceinte… cela n’aurait-il pas dû freiner son geste ? Choisir volontairement de s’exposer au danger pour une chimère, d’accord, mais il y avait eu ici une autre vie en jeu, sans pouvoir de décision aucun… Après qu’elle soit tombée dans le coma, Uzo n’avait jamais cessé d’espérer à un seul moment reposer les pieds à Olympia pour apprendre son réveil, la bonne santé de la mère et celle de l’enfant à venir. Sa propre chimère, qu’elle avait soigneusement nourrie au fil des mois et de ses visites un peu plus raréfiées à la ville. Puis tout avait pris fin, abruptement. La nouvelle lui avait fait l’effet d’une giclée d’eau glacée en plein visage. Il lui avait fallu du temps pour l’assimiler, puis plus de temps encore pour se résoudre à venir visiter le cimetière. Elle n’était même pas encore allée voir Bass, n’avait pas fait connaissance avec l’enfant qui avait survécu, cet espèce de miraculé dont elle avait entendu quelques personnes en parler avec plus ou moins d’engouement. Il ne lui avait pas fallu des facultés cognitives exceptionnelles pour comprendre que certains voyaient en lui la potentielle solution à bien des problèmes, sorte de messie au sang nettoyé de tout fléau. Uzo, elle, se refusait de penser à lui autrement qu’en simple être humain au même titre que les tous les autres, et seul souvenir vivant de celle qui avait été une amie et instructrice précieuse au fil de ces dernières années.
Uzo s’aperçut qu’elle fixait depuis quelques minutes sans mot dire la silhouette d’un olympien occupé à nettoyer les plus vieilles tombes, lorsque la voix de ce dernier traversa la distance pour venir lui claquer aux oreilles. Elle eut un léger sursaut qui la sortit de sa torpeur, grimaça un rictus gêné qui s’évanouit dans le vide puisque Chaï ne la regardait pas et fit quelques pas en avant pour se rapprocher de lui sans pour autant faire intrusion dans sa bulle personnelle. « Désolée, elle exprima finalement d’une voix sincère. Je n’avais pas l’intention de te déranger. » Mais, suivant un fil abstrait dans ses pensées désordonnées, elle s’était perdue dans la contemplation des gestes de l’olympien qui s’obstinait à redonner un peu de noblesse à ces vieilles pierres délaissées. « A vrai dire, je ne pensais pas rencontrer qui que ce soit ici. » Mais peut-être n’était-ce pas plus mal, au final ? Peut-être que converser un peu avec quelqu’un de vivant, dans ce lieu lugubre, l’aiderait à combattre sa réticence toute naturelle à arpenter ces allées renfermant bien trop d’histoires sombres et de destins tragiques. Si Chaï n’était pas vraiment l’épaule sur laquelle elle serait venue pleurer, s’il n’était même pas un ami, sa présence en ces lieux avait néanmoins un côté vaguement confortant. « Tu sais où elle est ? » Le prénom resta bloqué dans sa gorge, mais il était fort probable qu’il n’en eût pas besoin pour comprendre de qui elle causait.
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Lun 21 Mai - 13:32
Chaï Uzo «EVERYTHING IS OUT OF CONTROL »
9 Mai 2018
Après tous ces décès, ça me surprend qu'il n'y ait pas plus de monde, répondis-je à la voix féminine qui jaillit doucement dans mon dos. Si la présence d'un Olympien semblait la surprendre, l'absence de bon nombre d'entre eux m'attristait. Peut-être trop occupés à célébrer la venue au monde du bébé d'une défunte, trop affairés à redonner un sens à leur vie, trop peinés pour faire face de nouveau à ces tombes qui leur rappelaient à quel point la vie était courte. Beaucoup trop et pas assez à la fois. La question suivante arrêta tout mouvement de ma part sur la vieille pierre, comme si les images de ses funérailles venaient hanter le paysage funèbre. Mes pupilles se déplacèrent jusqu'à tenter d'apercevoir l'identité de la jeune femme. Même si j'avais reconnu la voix d'Uzo, je voulais comme m'assurer que mon sens ne me jouait pas un tour de plus. Il m'arrivait tant de fois d'imaginer entendre le rire de ma femme, les fausses disputes de mes parents, quelques blagues d'anciens camarades de route et même les pleurs d'enfants rencontrés au hasard et qui ne furent plus. Mes billes dévisagèrent un court instant le visage meurtri de l'ex-militaire, le faciès frappé par une brise de vent qui laissa envoler quelques mèches de ses cheveux. Mon regard lâcha celui qui l'avait, un bref moment, rencontré et se planta sur un arbre qui continuait de pousser parmi les morts. Un air chaud s'échappa de mes narines, et je décidai de créer une distance entre la terre et mes genoux, me redressant tranquillement pour gagner de la hauteur. Je t'y accompagne, laissai-je mes lippes articuler, les outils restés à même le sol ne pourraient m'en vouloir de les abandonner un peu. Mes gants troués rejoignirent ses compatriotes et c'est dans le plus grand des silences, suivi de près par Uzo, que je me faufilai entre les tombes bien trop nombreuses jusqu'à me planter devant celle dédiée à Iris. Ma paume gauche rejoignit le dessus de ma main droite alors que mes yeux s'arrêtèrent sur le prénom gravé soigneusement dans la pierre. Je ne pense pas qu'elle ait énormément souffert une fois dans le coma, ajoutai-je après que le vent ait été seul orateur pendant notre minute d'interruption. C'est toujours mieux que de sentir le venin nous transformer, tentai-je de trouver un peu de positif dans tout ça, même si cela sonnait plus comme une tristesse dissimulée derrière quelques brèves paroles optimistes. Mes billes ténébreuses s'arrêtèrent sur une autre plaque, celle d'un homme qui n'avait pas eu la chance de trouver son dernier souffle dans les meilleures conditions. Mordu, il avait certainement ressenti son anatomie entière se crisper, la fatigue puiser son énergie la plus minime, la fièvre l'envelopper dans une couverture de feu, la toux lui arracher ses organes vitaux. Plusieurs fois son état lui avait donné l'envie de s'évanouir, mais la douleur le réveillait à chaque fois pour davantage le pousser à se confronter à la souffrance meurtrière. Mon torse se bomba et quelques frissons me donnèrent la chair de poule. Quand as-tu été au courant de son départ, questionnai-je Uzo. Elle avait probablement été informée par un ami qu'elle côtoyait à Olympia. Contrairement à moi, beaucoup appréciaient la voir traîner dans le coin. Nous ne nous étions jamais parlés avant, et je m'étais fait une opinion d'elle désastreuse. La pique-assiette de la ville, je l'avais surnommée, parce que je la voyais repartir, toujours, avec quelques fournitures dénichées sur les routes par mes camarades olympiens. Peut-être qu'il était temps de lever le drapeau blanc et que chaque partie lève enfin le temps mort pour tenter de s'apprécier, vues les circonstances. Tu es déjà passée voir l'enfant ? Il grandit à une de ces vitesses, commentai-je quand bien même je me tenais toujours fortement éloigné de Bass et Peyton, ne pouvant remarquer son évolution que de loin. De toute façon, je continuais à penser que ce n'était pas une vie pour un enfant, combien de fois l'avais-je répété ? Bien trop souvent, selon Christie. Christie... Mon visage se tourna légèrement vers Uzo qui avait déjà eu affaire à la quadragénaire et elles semblaient s'apprécier toutes les deux, pour le peu qu'elles se rencontraient par hasard. Christie est malade, elle aussi, ajoutai-je. Elle n'avait pas pris part aux vaccinations, mais avait acheté des ingrédients contaminés par Lazare, produits qu'elle avait dégusté dans des gâteaux et qui lui avait très vite donné le tournis. Elle peine à travailler ces derniers jours, fis-je en retrouvant l'image de ses migraines, ses sueurs et son équilibre bancal. Comment c'est par chez toi, m'intéressai-je bizarrement aux conditions d'un autre camp.
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Dim 17 Juin - 13:26
Chaï Uzo « everything is out of control »
Uzo se contenta d’acquiescer d’un simple hochement du menton face à la déclaration de l’olympien, pour le suivre ensuite sans émettre la moindre objection. Elle comprenait sa surprise face au peu de fréquentation du cimetière, mais comprenait tout autant ceux qui passaient devant sans s’y arrêter. La vie, désormais, était tellement importante et tenait à si peu de choses… les survivants préféraient se concentrer sur elle plutôt que sur ce qu’ils laissaient derrière eux, elle ne voyait pas le mal à ça. Les morts, du moins ceux auxquels on prenait le temps d’apporter une sépulture décente, ne bougeaient pas et seraient toujours là lorsque le besoin de se recueillir se ferait sentir. Sauf que bien souvent, il y avait d’autres choses plus pressantes à faire et qu’on n’avait d’autre choix que d’avancer vers l’avant. Sa gorge se serra tandis que ses yeux se posaient enfin sur la tombe fraîche de son amie, un nœud qui la poussa à observer un silence lourd alors que Chaï reprenait la parole. « Maigre consolation », objecta-t-elle tout de même après quelques secondes. « Enfin, je suppose que tu as raison. » Elle aurait, toutefois, préféré qu’Iris n’ait pas à mourir tout court. Qu’elle ait moins souffert que d’autres était une chose, mais il y avait un gosse ici qui grandirait sans jamais connaître celle qui l’avait porté et attendu avec impatience. « Deux ou trois semaines, peut-être plus. Je ne sais plus trop. » Tout était assez confus, la nouvelle lui était tombé dessus un peu par hasard alors qu’elle n’y était pas préparée et puis, elle avait eu des choses à faire, peu de temps à accorder à ce chagrin tout fraîchement éclos qui avait creusé un nid dans sa poitrine. Après ça, il y avait eu la réticence, l’idée que tant qu’elle ne se pointait pas ici, cette réalité n’était pas celle à laquelle il fallait qu’elle se conforte. Le temps avait passé, ainsi, avant qu’elle ne prenne finalement cette décision. « Non, elle secoua doucement la tête. C’est la première fois que je viens depuis… depuis que j’ai appris. » Elle ne savait même pas comment Bass réagirait si elle se pointait devant chez lui à l’improviste, mais pas pour lui non, pour l’enfant. Tout était tellement compliqué.
Face à la triste nouvelle annoncée par son compagnon, l’ex-militaire finit par décrocher ses yeux de la sépulture pour se tourner légèrement vers lui, glisser son regard dans le sien. Christie, elle ne la connaissait pas très bien, mais sûrement mieux que ce qu’elle savait de l’homme qui vivait avec elle. Dès le départ, elle avait eu un bon contact avec elle, dès le départ, elle avait trouvé un écho dans la sympathie naturelle de l’olympienne. La question suivante la détourna de toute réponse un peu embarrassée qu’elle aurait autrement fini par donner, l’aidant d’une manière détournée à retrouver quelques points de repères dans cette conversation assez peu étrange avec un homme qui n’avait pourtant jamais montré le moindre signe d’appréciation à son égard. « Ça pourrait être pire, elle lâcha finalement. Je ne crois pas qu’on soit les plus mal lotis à ce sujet. » Les malades avaient immédiatement été pris en charge et ils n’avaient, du moins pour l’instant, à pleurer aucune perte. « J’ai entendu parler du remède sur lequel travaillent nos scientifiques alors, j’ai pas envie de perdre espoir maintenant. » Même si rien de concret n’avait encore été annoncé, Uzo se refusait à laisser entrer dans son esprit l’idée que cette alliance impromptue entre la Mine et Olympia ne puisse amener à rien de fructueux par la suite. Toutes les nouvelles, ces derniers temps, étaient tellement mauvaises… ils auraient bien besoin, tous, de quelque chose susceptible de remonter la barre, de leur montrer pourquoi l’espoir méritait même maintenant qu’on continue de l’entretenir. « On trouvera bien quelque chose. » Une affirmation emplie d’une certitude qui cherchait elle-même à se convaincre de son bon droit. Il fallait qu’ils trouvent quelque chose. Sa main vint se poser sur l’épaule de son compagnon, geste discret d’une sorte de réconfort qu’elle voulait donner tout autant qu’elle en avait besoin. La pression légère de ses doigts autour de l’articulation, son regard glissant à nouveau de Chaï vers la tombe, elle continua d’une voix plus basse, mais pas moins sincère pour autant : « Je suis désolée pour Christie, j’espère qu’elle va s’en sortir. » Est-ce qu’ils n’avaient pas déjà assez perdus, tous ? Est-ce qu’ils n’avaient pas déjà bien assez de ce fléau rongeant leurs morts pour qu’ils aient en plus à supporter la maladie qui s’en prenaient aux survivants ?
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Mar 17 Juil - 21:29
Chaï Uzo «EVERYTHING IS OUT OF CONTROL »
9 Mai 2018
Le remède des scientifiques... Fera-t-il, au moins, moins de dégâts, dis-je d'une petite voix, n'interrogeant personne, ne visant personne non plus. Avant que l'apocalypse ne se mette à rugir sur ce monde, les médecins commençaient à croire que les vaccins n'étaient pas bons, pas tous du moins. Beaucoup de découvertes de spécialistes indiquaient que ce que l'on nous injectait et de quoi l'on faisait l'apologie faisait mourir des enfants, des jeunes adultes et des adultes. Ils se sont rendus compte, après des années d'utilisation, de la dangerosité de certaines substances implantées dans ce qui devaient nous sauver. Alors, aujourd'hui, pouvions-nous réellement croire à un remède bénéfique créé des mains de la médecine ? Pouvions-nous faire confiance en ces manipulations loin d'être naturelles ? Ne devrions-nous tout simplement pas accepter que les choses tournent mal et arrêter de nous acharner sur ces pauvres mourants ? Après que le vaccin de Lazare ait causé tous ces problèmes, je doute énormément sur la durabilité d'un vaccin anti-vaccin, annonçai-je d'une voix faiblarde. Je n'étais pas pessimiste pour deux sous, j'étais même connu pour être le mec qui s'en faisait le moins, qui vivait comme il le devait et ne se posait pas plus de questions que ça. Mais, lorsqu'il s'agissait de proches, de membres à part entière d'une famille reconstruite au fil des années, des mois, des semaines et des jours, je ne souhaitais qu'une seule chose : qu'on leur foute la paix et qu'on les laisse vivre leur dernier instant dignement. Je n'apprécierais pas que l'on prenne Christie pour cobaye, déclarai-je en laissant mon regard se focaliser sur la pierre tombale, imaginant déjà ma compagne officielle six pieds sous terre. J'estime que nous n'avons pas le droit de leur infliger ça, finis-je, conclus-je même. Parce qu'ils avaient déjà énormément vécu, énormément souffert d'une part, d'autre part c'était inconcevable pour moi de sourire faussement, de faire semblant simplement pour rassurer ces braves gens. J'en étais incapable, je le savais. Alors, qui serait susceptible d'être auprès de Christie lorsque ce jour d'espoir ou de défaite arriverait ? J'ai perdu ma femme il y a cinq ans, ouvris-je à nouveau la bouche après un long silence, comme ayant besoin de me confesser, comme ayant besoin de briser la glace. Personne ici n'était au courant de mon malheur, mis à part une des infirmières qui avait réussi à garder le secret lorsque je vins à péter des câbles, à ne plus dormir la nuit, à vagabonder plutôt que de prendre le repos mérité qui m'était dû. Elle avait attrapé une maladie contagieuse, et je m'en suis rendu compte que bien trop tard, fis-je en venant frotter de mes pulpes l'une de mes tempes. Le chef de notre groupe l'a achevée alors que je m'apprêtais à parcourir des kilomètres pour lui trouver des antibiotiques, confessai-je avant de me pincer les lèvres. Je leur en ai longtemps voulu. A elle, de me l'avoir caché, à lui, de ne pas lui avoir laissé la moindre chance, mais je me rends compte aujourd'hui que celui à qui j'en veux le plus, c'est à moi-même. A vouloir changer l'ordre des choses, on finit par perdre les personnes que l'on aime, soupirai-je ensuite en baissant le regard sur les quelques brins d'herbes qui tentaient de pousser au pied de la tombe, je ne pense pas que je pourrais continuer à survivre aussi bien avec une histoire de plus, semblable, sur la conscience, avouai-je ma culpabilité et ma plus grande faiblesse, celle que je tentais sans cesse de refouler devant les autres. Qu'ils aillent tous se faire mettre, qu'ils aillent tous en enfer au son des tambours de guerre, m'exclamai-je à l'encontre des manipulateurs de gènes, à l'encontre des scientifiques qui se prenaient pour des dieux. Parce que, si je me terrais tranquillement et écoutais sagement les recommandations de tous, ici, il n'en était pas moins sûr de ma capacité à faire la guerre à ceux qui toucheraient un seul cheveu de mes proches.
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Mer 25 Juil - 23:48
Chaï Uzo « everything is out of control »
De toute évidence, Chaï ne partageait ni son opinion, ni son espoir quant à ce que les quelques cerveaux brillants survivants du coin étaient capable de mettre au point. Et, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour ça ; en un sens, elle comprenait, même. Le manque de matière première, de matériel… puis d’information, tout simplement, justifiait largement tous les doutes que n’importe qui pourrait bien émettre vis-à-vis de cette tentative de remède. Toutefois, Uzo ne put s’empêcher de froncer les sourcils à la mention de cobaye. Qui avait parlé d’expérimentations forcées sur les malades ? Jusqu’à preuve du contraire, le libre arbitre avait et était toujours respecté, du moins sur ce sujet là. « Mais eux ont le droit de choisir s’ils le veulent ou non, elle releva doucement, sans élever la voix. Christie prendra sa décision, pas toi pour elle. » Et si elle ne souhaitait pas conserver ce dernier espoir là, alors ne restait plus qu’à désirer que le sort lui soit clément. L’ex-militaire resta silencieuse après ça, peu désireuse de prime abord d’entamer un débat là-dessus. Il avait le droit d’avoir cette opinion et elle, celle de ne pas être d’accord avec. Tous deux disposaient des mêmes informations, et l’olympien n’était pas stupide ; ce n’était pas à elle de le convaincre de changer d’avis. Mais ça n’empêcha pas qu’elle aurait aimé, elle, qu’Iris puisse avoir accès à ce choix. Iris qui avait choisi de se faire vacciner pour l’espoir d’une possible guérison, puis qui en était morte. Aurait-elle eu l’opportunité, qu’elle n’aurait jamais baissé les bras, jamais accepté de se résigner face à la facilité. Et ce rayon de soleil-là allait manquer, à Olympia, il manquait déjà tellement…
Uzo écouta l’histoire de son vis-à-vis avec une patience attentive, ses grands yeux sombres rivés au narrateur durant tout le temps de sa prise de parole. Une femme, un frère, un proche… qui pouvait se targuer de ne s’être fait amputer d’aucun être cher depuis le début de ce foutu fléau pandémique ? Elle-même, comme tout le monde, traînait derrière elle son lot de séparations douloureuses et de souvenirs hantant les quelques rêves qu’elle faisait encore. « Je ne comprends pas, elle reprit après un faible sourire sur sa tirade particulièrement vindicative, je n’arrive pas à mettre une logique sur ton raisonnement. » Il n’y avait là aucune agressivité, ni suffisance. « La morale de ton histoire ne fait aucun sens. Tu aurais pu la sauver, s’il ne s’était pas chargé de l’achever avant. Ce n’est pas ton geste qui a décidé de son sort. Et Christie, tu la laisserais mourir sans te battre ? En quoi est-ce mal de vouloir changer l’ordre des choses, si c’est pour conserver nos proches auprès de nous ? Et pourquoi continuer à survivre, si c’est pour regarder les autres mourir sans rien essayer au préalable afin de les sauver ? » Derrière le cumul des questions, la curiosité était réelle et le chemin sur lequel son interlocuteur avait visiblement choisi de s’avancer lui apparaissait complètement obscur. « S’ils réussissent à mettre au point quelque chose, quelque chose d’efficace… tu ne voudrais pas tout faire, pour que cela ait une chance d’arriver, pour que tous les malades puissent bénéficier du droit à la vie le plus longtemps possible ? » Enfin elle savait que pour une personne qui se refusait de jouer aux rats de laboratoire, il y en aurait trois derrière qui seraient volontaires pour qu’on fasse des tests sur eux. Après tout, quitte à mourir, autant que cela puisse permettre d’en sauver d’autres non ? Elle même n’aurait pas hésité une seule seconde avant de se désigner, la chance avait cependant voulu qu’elle ne soit pas atteinte de ce nouveau virus. « Si on devait se laisser faire, comme t’as l’air de le penser, alors autant ouvrir les portes tout de suite et laisser les rôdeurs faire leur job. Puisque c’est ce que nous somme tous censés devenir. »
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Mar 14 Aoû - 14:14
Chaï Uzo «EVERYTHING IS OUT OF CONTROL »
9 Mai 2018
Peut-être que tu as raison, me résignai-je en baissant le regard vers une autre des tombes qui était bonne à nettoyer également, non loin de celle d'Iris, peut-être que nous devrions ouvrir les portes et en finir une bonne fois pour toute avec cette connerie, soufflai-je en gardant un air las et neutre, les yeux rivés sur l'écriteau défiguré par quelques pousses de mousse verte qui avait fait de lui sa proie à la multiplication de sa végétation. Et puis, un sourire en coin se dessina lentement sur mes lèvres. Une esquisse incompréhensible avant que je ne tourne la tête vers Uzo et lâche un rire franc et sincère. Sérieux, tu m'as cru, interrogeai-je la femme à la peau typée. Bien sûr qu'elle m'avait cru. Avec tout ce que l'on pouvait raconter sur moi, toutes ces frayeurs qui se lisaient sur le visage d'une majorité d'Olympiens lorsqu'ils me croisaient ou parlaient de ma personne dans mon dos. Effrayés parce qu'ils n'arrivaient pas à déceler ce que je pensais réellement. Un coup, je disais noir, un coup, je votais blanc. Et c'était voulu, pour que personne, plus jamais personne, ne puisse entrer dans mon esprit et saccager tout ce qui s'y trouvait encore et que je voulais intact. Tout ce qui est vrai, dans ce que j'ai dit, c'est que je n'aime pas les scientifiques et les différentes manipulations qu'ils effectuent. Pour le reste, chacun est libre de choisir de vivre ou de mourir, de prendre des risques ou non, commentai-je. Oui, tout ce qui était vrai, c'était que je n'aimais pas ces hommes qui se prenaient pour des Dieux, qui batifolaient avec nos gènes quand notre misère avait été créée de leurs mains. Christie fera ce qui est bon pour elle, je le sais, ajustai-je. D'ailleurs, auraient-ils réellement le choix du vaccin anti-vaccin empoisonné ? Personne ne le savait encore. Concernant ma femme, j'aurais pu la sauver si j'avais gardé indemne mes valeurs, confessai-je à Uzo que j'avais oublié qui j'avais été pour vivre -ou survivre- et que cela avait forcément eu des répercussions sur la vie des autres, de mes proches, de mon épouse. A l'heure d'aujourd'hui, je ne savais toujours plus qui j'étais et qui j'étais censé être. L'apocalypse avait décimé tout ce qui me caractérisait pour laisser, debout sur ses jambes, un homme sans aucune réelle identité. D'où cette protection spirituelle et fort intelligente des derniers souvenirs, des dernières particules du passé que je n'offrais à personne. Tu as le droit de me prendre pour un fou, souris-je en m'adressant directement à mon interlocutrice, le faciès vers le sien, tu ne seras pas la première ni la dernière à me penser aliéné. Peut-être qu'ils n'ont pas tort les habitants d'Olympia..., dis-je, plus très sûr si ils pensaient à raison ou à tort. Le cerveau en compote d'avoir trop veillé sur Christie, de n'avoir pas trouvé le sommeil depuis des nuits et de m'affairer encore de manière absurde, comme un bouffon. Il faut que je nettoie, fis-je en direction d'Uzo avant de tourner les talons pour rejoindre mon emplacement premier, là où j'avais débuté l'embellissement de la pierre tombale, là où j'avais trouvé de quoi m'occuper pour éviter de penser à toutes ces morts survenues et prochaines que nous devrons célébrer. Morceau de tissus usager à la main, je vins frotter l'écriteau d'un enfant. D'ailleurs, il n'y avait pas besoin de le connaître pour voir, de part la taille de l'emplacement, qu'il n'était pas âgé de plus de cinq ans. Y'a-t-il des regrets ou des remords qui t'empêchent parfois de survivre Uzo, demandai-je après un silence de plomb qui eût le temps de rendormir la totalité des morts du cimetière, parce que, personnellement, j'suis pas sûr d'avoir été, à ce point, blessé. Si certains faits du passé m'empêchaient de trouver les bras de Morphée, jamais ils ne m'avaient poussé à baisser les bras, à m'avouer vaincu. Étais-je pour autant devenu un homme sans coeur ?
J'suis de retour, (BIS)
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Sujet: Re: Everything is out of control ft. Uzo Sam 25 Aoû - 22:01
Chaï Uzo « everything is out of control »
« J’imagine qu’on doit tous être un peu fous pour vouloir s’obstiner à survivre », elle rétorqua simplement à la supposition de Chaï. Tous fous, oui, pour ce qu’ils étaient pratiquement tous devenus des meurtriers et que personne ne trouvait ça choquant. Tous fous, pour les atrocités qu’ils avaient pu être amenés à commettre pour survivre et qui à présent étaient rentrées dans la norme. Parce que cela ne perturbait plus personne d’enfoncer une machette dans le crâne d’un rôdeur alors même que celui-ci avait pu être votre voisin vingt ans durant. Ce qu’ils étaient devenus, et le monde dans lequel ils vivaient… et pourtant Uzo n’aurait lâché ça pour rien au monde parce que ce putain d’instinct de survie la poussait à continuer à aller de l’avant quoi qu’il se passe et qu’elle s’était vouée à continuer d’espérer, envers et contre tout, qu’ils faisaient tout ça pour qu’un jour tout aille enfin mieux. Ou bien jusqu’à ce que tous les souvenirs d’avant aient définitivement été effacés et que plus personne ne s’en souvienne, que tout le monde soit persuadé que ce qu’ils avaient à présent n’était pas que la vieille relique saccagé d’un passé un peu plus glorieux.
Chaï s’éloigna et elle ne chercha pas à le retenir, pas vraiment sûre à vrai dire d’avoir envie de poursuivre cette conversation davantage. Elle était venue pour Iris, pas pour argumenter sur l’avenir que leur réservait ce vaccin ou sur n'importe quel autre sujet susceptible d'en dériver. Ses yeux revinrent s’attacher à la tombe de son amie tandis qu’elle entendait dans son dos les pas décroître pour finalement s’arrêter, devinant le point de chute de l’olympien sans même avoir à se retourner. Sous elle, ses genoux plièrent et elle s’assit en tailleur devant la tombe, lisant en boucle le prénom qu’elle ne prononcerait plus jamais pour s’attirer à elle l’attention de l’infirmière. Regret de n’avoir pas davantage profité du temps passé avec elle, de n’être pas venue plus souvent à Olympia lorsqu’elle le pouvait. Regret, également, pour cette fin ingrate et n’avoir pas pu lui dire adieu avant que cela soit trop tard. Regret… La question fusa dans le silence nouvellement rétabli, triste écho à ses sentiments endeuillés et l’ancienne militaire ne répondit pas de suite, ne se retourna pas davantage vers celui qui venait à nouveau de prendre la parole. Une ou deux secondes passèrent dans toute leur lenteur avant qu’à son tour elle n’ouvre enfin la bouche une nouvelle fois. « Tu es vivant et moi aussi, Chaï. Cela devrait répondre à ta question. » Chacun à leur manière, ils s’évertuaient à survivre, à passer un jour après l’autre sans savoir s’il serait le dernier. Un fardeau devenu trop lourd en avait poussé plus d’un à choisir le jour et l'heure de leur fin plutôt qu’à laisser le destin décider pour eux mais, de toute évidence, aucun de ces deux-là n’en faisait partie. Ou, du moins, pas encore. « T’as été blessé mais tu t’adaptes, c’est le propre de l’être humain. Ceux qui n’en sont pas capables meurent ; de toute évidence, ce n’est pas ton cas. Pas davantage le mien. » Dieu savait pourtant comme les remords lui pesaient lourdement sur le moral, parfois. Il lui arrivait encore de songer à Rachel et d’à ce qu’aurait été leur vie si elle s’était résolue à quitter l’armée bien plus tôt. « J’aimerais que tu me laisse, maintenant, elle demanda sans la moindre once de sécheresse dans la voix, mais dont la douceur était néanmoins empreinte d’une certaine fermeté. Tu as des choses à faire et moi, je ne suis pas venue ici pour causer avec toi. » Ce n'était pas là un reproche ou l'envie d'être désagréable avec quelqu'un qui, elle le savait, ne l'avait jamais réellement appréciée ; rien d'autre que de la simple sincérité à l'état brut. Le cimetière était rarement l’endroit de prédilection pour causer aux vivants et Uzo ne comptait pas y dérogeait. Elle n’avait rien contre Chaï, mais c’était pour Iris qu’elle s’était aventurée dans le cimetière d’Olympia.
(Je pense qu'on peut conclure ici, sauf si tu veux rajouter quelque chose ou que tu as envie de relancer autrement. )