Il y avait un certain plaisir à retrouver ce calme, l’absence d’effervescence quotidienne et le va-et-vient incessant des cavaliers du ranch. Même la plupart des tracas semblaient avoir déserté ses pensées et Dieu que ça faisait un bien fou, le constat s’imposait comme une évidence après ces deux jours et demi passés sans autre compagnie que la sienne et celle de sa sœur. Il pouvait apprécier son rôle de leader autant qu’il le voulait, nourrir toutes les ambitions qui pouvaient bien lui passer par la tête mais, force était d’admettre que ces derniers mois avaient été particulièrement difficile, qu’il avait eu cette désagréable impression de perte de contrôle à quelques reprises trop nombreuses à son goût. Tension permanente, paranoïa et sensation de perdre les pédales n’avaient jamais fait bon ménage. Au final, cette décision de partir avait été prise sur une lubie soudaine et Jenna s’était vu imposer le rôle d’accompagnatrice plus ou moins contre sa volonté, en l’honneur peut-être de ces quelques souvenirs d’une jeunesse lointaine où ils avaient passé tous les deux des jours hors du ranch à ne se débrouiller que grâce à ce qu’ils avaient appris. Ou alors avait-ce été le prétexte de s’assurer qu’elle était toujours bel et bien capable de se tirer d’affaire une fois loin de la sécurité du ranch ? Quoi qu’il en fut, Abel, dans tous les cas, ne pouvait se risquer à partir seul… et hors de question de se faire accompagner d’un quidam quelconque quand tout ce qu’il voulait était principalement faire une pause de ce qui était son quotidien depuis sept ans – quoiqu’il ne s’en soit rendu compte que plusieurs heures après avoir laissé la Crimson Valley derrière eux. Les bagages avaient vite été préparés : des armes, de quoi chasser, de quoi se défendre, quelques provisions et un peu d’eau claire, puis rien d’autre que le strict nécessaire pour se débrouiller dans la nature et faire face à quelques imprévus. Un troisième cheval en plus des deux leurs et ç’avait été fait, le ranch abandonné aux mains de Caden (officiellement) et à celles de Wyatt (officieusement). Quelques gardes les avait accompagné juste le temps de s’assurer que personne ne les pistait (on n’oubliait pas aussi aisément que certains semblaient avoir mis la tête du propriétaire des lieux à prix, or la situation ici se présentait idéale sous bien des angles) puis ça n’avait été plus que sa soeur et lui tandis qu’ils s’éloignaient des terres conquises par les clans avoisinant le leur, dans une région déserte qui n’était en théorie pas supposée receler trop de danger puisqu’il n’y avait jamais rien eu d’autre que de vieilles fermes désormais désertes plantées ci et là (en d’autres termes, faible taux de rôdeurs, ou d’étrangers attirés par les promesses des chaumières vides).
Abel était allongé sur le dos à même le sol sur une terre durcie par le froid de l’hiver, fixant un ciel bleu dégagé de toute trace de précipitations prochaines. A maigre distance de lui, un feu de camp achevait de cuire leur déjeuner (et vraisemblablement ce qui constituerait aussi leurs prochains repas puisqu’ils continuaient tout de même à éviter de faire des feux dès que le jour baissait, question de sécurité élémentaire) récupéré dans les collets posés à proximité. « A ton avis, il questionna à voix haute sans même prendre la peine de la chercher du regard, continuant de fixer un point indistinct droit devant lui, combien de temps il va leur falloir pour qu’ils décrètent qu’on est morts et qu’ils tentent de prendre ma place ? » Le ton restait toutefois léger, pas vraiment habité par l’inquiétude de cette possibilité plus qu’éventuelle. Abel s'était surpris de se rendre compte à quel point il avait eu besoin de cet éloignement, même pour simplement quelques jours, et cette quiétude qui n'avait pratiquement pas sérieusement été dérangée durant leur trajet avait fini par le trouver plus détendu que ce dont on avait eu l'habitude avec lui ces derniers temps. « Et, combien de temps tu donnerais à Caden avant qu'il se fasse jeter de la maison ? » Après tout, si leur frère était trop utile au ranch pour être tué autrement que sous la contrainte, il n’en restait pas moins qu’il n’était pas vraiment taillé pour diriger ; il y avait peu de chance que l’on se plie à lui comme l’on pliait devant son frère. Quant à la progéniture Rhodes… mieux valait, en vérité, éviter de penser au sort de ces enfants si d’aventure il fallait qu’une telle situation se produise.
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Sujet: Re: (VII) Into the wild Mer 21 Fév - 0:00
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Ça lui a pris du jour au lendemain. Elle s’est d’ailleurs demandé à plusieurs reprises quelle mouche l’a piqué. Il a débarqué dans la cuisine, la mine un peu renfrognée – pour ne pas changer – et décidée. « On prend le large quelques jours » Qu’il lui a lancé. Elle a ri, forcément, ça ne pouvait être qu’une plaisanterie, n’est-ce-pas ? En fait, non. Il était sérieux, on ne peut plus sérieux. Elle a haussé un sourcil plutôt perplexe. Comme si elle avait le luxe de pouvoir se payer une balade dans la nature plusieurs jours durant. Elle doit s’occuper de Lou. « Et, en attendant, qui va donner le sein à Lou ? » La question était totalement pertinente. Il a haussé les épaules, tourné les talons. Autant dire que ça signifiait qu’elle devait se démerder et trouver une solution. Solution qui se résumait simplement : tire-lait. Il ne manquait plus que ça, qu’elle se sente comme une vache laitière.
JOUR I. Ils ont plié bagage durant la matinée. L’idée de laisser Lou, Chloe et Silas entre les mains de Caden ne lui plaisait pas forcément. Mais bon, pas le choix. Au départ, on peut dire qu’elle s’est fait un point d’honneur à se murer dans un certain mutisme. Elle râlait, forcément. Puis, ils ont retrouvé leurs bonnes vieilles habitudes à une allure fascinante. Pister, chasser, déglinguer quelques rôdeurs, se balancer des remarques ironiques, rires même parfois, s’échanger des sourires, retrouver une complicité enfouie profondément. Oui, ils ont retrouvé leurs marques, comme si de rien n’était. Elle s’est surprise à souhaiter que ce moment perdure même après leur périple. Un souhait surement bien trop ambitieux.
JOUR II. Jenna s’est vautrée et forcément, il s’est marré. Elle s’est relevée, l’air mi-boudeur mi-dégoûté, les vêtements tartinés de boue et quelques égratignures ci et là (qu’elle a ignoré par fierté). La recherche d’une rivière s’imposait. Finalement, après un débarbouillage en règle et le privilège de faire tomber Abel dans la rivière, ils ont repris la route. Cette fois-ci, c’était au tour de l’aîné, de râler. Encore une fois, même routine, ils ont pisté, chassé, même placé quelques pièges, cherché un abri plus ou moins sûr pour la nuit. À un moment, elle pourrait jurer qu’Abel s’est fait du souci pour elle, lorsqu’ils se sont retrouvés encerclés par quelques rôdeurs. Ou alors, elle divaguait. En tout cas, voilà bien longtemps qu’ils ne s’étaient plus entraidés et épaulés de la sorte.
JOUR III. Jenna, l’estomac dans les talons, observe leur futur déjeuner, le regard perdu dans les flammes. Certains contemplent la beauté du monde comme Abel et d’autres, gardent les yeux rivés sur le déjeuner. Chacun ses priorités. Elle sourit aux questions de son aîné. Probablement qu’ils commencent déjà tous à tirer des plans sur la comète tandis que Wyatt rumine et s’affole sans rien laisser paraître. Elle ne sait pas exactement ce qui adviendrait à son frère ni même à la ribambelle de marmots Rhodes en cas de non-retour. Elle ne préfère pas y songer plus amplement. « Je crois qu’ils sont déjà en train d’y songer. Je pense qu’ils prient pour qu’on ne revienne jamais en réalité. » qu’elle raille. Caden n’est pas franchement taillé pour le rôle de leader. Peut-être que Wyatt prendrait le relais. Ou Winona. Ou un abruti quelconque. « Tu n’as vraiment aucune foi en Caden ! » Elle non plus, d’accord. Le ton est faussement offusqué. Finalement, elle daigne lâcher des iris le futur repas et s’installer, les jambes en tailleur, aux côtés de son aîné. « Peut-être qu’il nous surprendrait, peut-être même qu’il ferait un bon leader. » Elle fait mine de réfléchir, lèvres pincées, l’index posé sur ces dernières. « Enfin, pour ça il faudrait déjà qu’il survive à Silas, Chloe et Lou. En sachant que Chloe le mène par le bout du nez, que Silas lui fait peur et que Lou lui déchire les tympans, c’est plutôt mal barré. »Caden, ce véritable héros des temps modernes ! D’accord, elle se moque, c’est peut-être un peu méchant, mais c’est plutôt la vérité. La cadet des Rhodes, aussi utile soit-il, n’aurait aucune chance de diriger le ranch, même elle serait mieux placée pour ce rôle, c’est dire !
« Tous, tu crois ? il releva sans rien perdre de sa détente, décidé jusqu’au bout à ne pas se laisser ronger par le moindre tracas concernant le ranch. Je pense que t’es un peu trop radicale, je suis même sûr qu’il y en a encore une poignée parmi le campement pour ne pas être du même avis que toi. » Un peu plus tout de même en réalité, fallait-il espérer, ou alors l’inquiétude concernant leur retour là-bas en un seul morceau serait vraiment de mise pour le coup. Abel ne rétorqua pas à la pseudo accusation concernant son opinion vis-à-vis de Caden, gardant le silence tandis qu’elle continuait mais incapable de retenir un ricanement moqueur alors qu’elle comparait leur frère à un hypothétique “bon leader”. Dans un monde de bisounours, peut-être était-ce susceptible d’arriver si l’on était optimiste. Abel était intimement convaincu qu’il n’aurait pas été capable de gérer le ranch (encore aurait-il fallu qu’il l’ait voulu) avant le début de l’épidémie, trop gentil pour ne pas se faire arnaquer de toutes parts au moindre échange nécessaire avec des personnes extérieures à l’installation agricole. Mais ça, de toute manière, ça n’appartenait qu’au vaste champ sans limite de leur imagination. « Lou déchire les tympans de tout le monde, Jen. Faudrait que tu te fasses à cette réalité. J’ai vraiment pas envie d’être à ta place quand elle commencera à te faire des crises, plus tard. Mais je peux te promettre que tu vas te régaler. » Aussi petite pouvait-elle encore être, la dernière née de la progéniture Rhodes était déjà un sacré morceau de caractère. Fidèle, sans le moindre doute, à l’image de la plupart des Rhodes. Quant à Silas… eh bien, ce n’était pas compliqué, son oncle semblait intimement convaincu que le gamin était un psychopathe en devenir. En ce qui concernait son fils, loin d’être stupide, il avait bien compris comment abuser du manque flagrant d’autorité du cadet de la fratrie Rhodes et toujours tirer son épingle du jeu. Il fallait s’estimer heureux, sans doute, qu’il ne soit pas du genre morveux turbulent à toujours fomenter une quelconque bêtise ou alors Caden finirait pendu par les pieds avant que Jenna et Abel n’aient eu le temps de rentrer de leur petite excursion imprévue. Il était toutefois clair que ce n’était pas en continuant de se laisser mener par le bout du nez par un môme de dix ans qu’il saurait tenir tête au reste des cavaliers. Apprécié, oui ça il l’était sans aucun doute. Mais de là à ce qu’on lui obéisse sans chercher à le contester… eh bien, c’était une toute autre histoire.
« D’ailleurs avec Chloé, ça se passe comment ? » Abel s’était redressé, finalement, pour à son tour couver le lapin en train de cuire d’un regard tout à fait équivoque. Le fumet qui s’en dégageait avait de quoi allécher n’importe qui et, l’estomac dans les talons, il avait le plus grand mal à brider son impatience. « Pas trop dépassé de sa paternité imprévue ? » Difficile de ne pas remarquer comme Caden et Jenna semblaient s’être enfin trouvé un terrain d’entente via la gamine à moitié orpheline et il n’était pas aveugle là-dessus. Pas plus qu’il ne se voilait la face quant au fait que l’écart entre son frère et lui semblait de nouveau doucement se creuser depuis quelques mois, comme si les changements que l’exil avait apporté au plus jeune des deux n’avaient tout compte fait pas eu que des retours positifs. De fait, cette complicité qu’ils avaient cru retrouver s’était lentement à nouveau effilochée au fil des quelques désaccords rapidement revenus agrémenter leurs tête-à-tête même si – et heureusement – aucun conflit marquant n’était à déplorer pour le moment. C’était à se demander quand était-ce que cette foutu famille serait capable de voir le jour où les trois frères et sœur arriveraient à trouver le bon équilibre… « Est-ce qu’il est conscient de sa chance pour avoir échappé déjà à une partie des pires moments ? » Un léger rictus mordit sa face, tandis qu’Abel se penchait pour retirer l’animal embroché du feu de camp, et apprêtait son couteau afin de commencer la découpe.
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Sujet: Re: (VII) Into the wild Ven 30 Mar - 23:28
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La scène est presque irréelle. Elle, lui, côte à côte, discutant normalement, sans élever la voix, profitant simplement du moment. C’est certain que ça lui manquait, ce genre d’instant. D’anciens souvenirs remontent, elle en devient presque nostalgique. Malgré les mésententes, les disputes, la déception et tout le reste, elle n’a jamais cessé de croire en ses proches, elle n’a jamais songé à tourner le dos à sa famille, aux siens, pourtant elle aurait eu toutes les raisons du monde de le faire. Mais, elle ne peut pas. Déjà, par principe. Ensuite, pour son père. Finalement, parce qu’elle y tient à ses bougres de frères, même à Caden avec qui elle n’a presque aucun atome crochu, c’est dire ! Elle a souvent douté malgré tout ou c’est plutôt qu’elle a toujours eu peur qu’on lui tourne à nouveau le dos, surtout Abel. Elle a été marquée par son retour au ranch et le refus s’en étant suivi, peu importe le nombre d’années s’étant écoulé depuis, dans sa tête une petite voix persiste, toujours présente dans les pires moments, une petite voix qui lui dicte que si son aîné a pu l’abandonner une fois, il n’est pas improbable qu’il recommence. Alors, oui, ces quelques jours en sa compagnie, loin de l’agitation du ranch, à déterrer une complicité enfouie mais encore bien présente, sont une véritable bouffée d’air frais. Elle reprend un peu confiance, en elle-même, en son frère. Elle a l’impression qu’ils ont passé énormément de temps à recoller les morceaux entre eux, peut-être que ce n’était donc pas vain, il reste bel et bien quelque chose à sauver.
« Je dirais que… ça se passe. » Elle sourit à sa propre remarque, elle revoit ainsi Caden en train d’essayer d’expliquer à Chloe le sens du mot papa et les aléas que cela représente. Parfois, il semble désespéré. Peut-être parce qu’il est dépassé, à moins que ce ne soit à cause des années manquées en présence de Chloe. « Doucement mais surement, disons qu’il apprend sur le tas. Puis, quand il est dépassé par la situation, il déclenche la sonnette d’alarme qui ne porte autre que mon prénom. » Même si, elle l’avoue, elle commence de plus en plus à le laisser mariner, il a trop tendance à l’appeler à la rescousse en cas de crise de colère, de pleurs, etc. Aussi, il ne semble pas être doté d’un instinct paternel lui permettant de s’éveiller en pleine nuit lorsque Chloe s’époumone suite à un mauvais rêve ou une autre raison quelconque. « Je n’en suis pas certaine, je devrais lui dire. C’est vrai qu’on lui a fourni un enfant capable de passer ses nuits, quasiment totalement propre, à même de parler et ne s’exprimant pas uniquement par des cris et des pleurs. » D’accord, cela signifie également qu’il a loupé pas mal de moments importants dans la vie de sa fille, mais le principal étant qu’il est désormais présent pour elle et qu’elle ne se souviendra pas de sa non-présence durant les premières années de sa vie. Ça la rend triste en réalité, Jenna, de songer au fait que Chloe ne se souviendra probablement pas de Cirilla, elle se fait la promesse de ne jamais oublier de lui remémorer comment était sa mère et à quel point elle l’aimait. « Enfin, disons que je me venge durant ces quelques jours, puisqu’il est obligé de s’occuper de Lou, ce qui inclut cris, pleurs, colères, couches sales, biberons et j’en passe. Même si, pour être honnête, je suis sûre qu’il aura recours à son joker, autrement dit Judith. » Mais, au moins, il va ouvrir les yeux, comprendre qu’il a peut-être évité le pire... ou pas. Elle se relève finalement, s’approchant d’Abel, observant ses faits et gestes. « Je surveille que tu n’ais pas perdu la main, avec la vieillisse et tout ce temps passé derrière ton bureau, j’émets quelques doutes. » Elle ne s’est pas privée pour la charrier durant ces quelques jours, ce n’est pas maintenant qu’elle risque d’arrêter. Ça aussi, ça lui remémore des souvenirs enfouis.
« Trois jours contre trois ans ? Je t’ai connu plus vindicative que ça, Jen. Tu parles d’une vengeance… » Même si, du point de vue de Caden, devoir gérer Lou durant une aussi courte période, en plus des deux autres, allait sûrement relever d’un enfer insurmontable pour lui. Connaissant son frère, Abel n’avait nul doute quant au fait que Judith, en leur absence, allait se voir gratifiée d’une promotion certes temporaire mais non moins inestimable – autrement dit l’hébergement dans la demeure familiale afin d’être à même d’intervenir en cas de crise de l’une des deux petites et ce même au beau milieu de la nuit. Il irait sûrement lui tirer les oreilles pour ça d’ailleurs, même si Judith avait toujours entretenu une réputation vierge de tous reproches. Question de principe : le cadet Rhodes était certes plus laxiste et tolérant que lui, ayant moins tendance à se méfier de tout un chacun, mais les règles restaient les règles, même lorsque celui qui les avait établies n’était pas là pour veiller au grain. « Peut-être bien qu’elle se chargera elle-même de lui mettre un peu de plomb dans le crâne, qui sait. » Judith faisait des merveilles avec les enfants, ce n’était un secret pour personne ou, du moins, pas pour ceux des cavaliers qui étaient parents. Mais avec les adultes, ce n’était pas tout à fait la même histoire. Abel ne la connaissait pas plus que ça, ne s’était jamais franchement intéressé à elle, mais à la voir gérer parfois un bout de sa famille il avait fini tout de même par la cerner un peu. Face à Caden, qui était typiquement le genre de personne à qui l’on avait parfois envie de secouer les puces, elle n’hésiterait pas une seule seconde. Trois gamins… un peu comme eux, à leur époque, comme une réflexion de leur propre enfance mais dans un climat bien moins tendre. Il fallait toutefois espérer que ceux-là ne seraient pas aussi casse-cou en grandissant que ce qu’avaient pu être leurs parents quand ils étaient plus jeunes.
Abel releva la tête dans la direction de Jenna lorsque celle-ci se rapprocha de lui, plissant les yeux suite à sa remarque et affectant une mine contrariée. « Fais gaffe à qui tu traites de vieux, hé. Tes doutes, tu peux te les carrer où je pense. » Le ton s’était voulu réprobateur, il n’était pas franchement vexé à proprement parler mais plutôt typiquement du genre à réagir au quart de tour face à ce genre de piques – elle en avait parfaitement conscience –, et à les considérer comme l’opportunité de se “venger” lorsqu’une occasion de lui jouer un sale tour se présenterait à lui. Ces sales habitudes-là, on ne les changeait pas avec le temps, jamais… « Remets encore une fois mes compétences en doute et je te laisse aller te trouver un casse-croûte ailleurs. » Le pire, était sûrement qu’il en serait parfaitement capable si elle continuait de le chercher. Juste pour le plaisir de bouffer un truc devant elle après l’avoir presque littéralement vue baver l’équivalent d’un seau pendant la cuisson du gibier. Oh, elle ne se laisserait pas marcher dessus aussi aisément, probablement même qu’ils se battraient comme des gamins pour un morceau de pain jusqu’à ce qu’elle finisse par obtenir gain de cause… mais, oui, il en était capable. « Tu crois que je vois pas clair dans ton jeu ? questionna-t-il tout en commençant à découper les morceaux, regard rivé à sa tâche mais le sourire dans la voix, accompagné d’une légère teinte moqueuse. Tu cherches simplement à m’agacer pour que je te laisse le faire, et que tu puisses t’octroyer la meilleure part. » Ou pas. Peut-être qu’elle n’avait aucun autre projet que celui de le piquer à vif, ça n’avait pas vraiment d’importance en soit. Ce qui l’était, en revanche, était la légèreté de leur conversation, de leur relation à cet instant précis. « Et puis, pour ce qui est de se la couler douce, t’es quand même la grande championne ces derniers temps, alors si moi j’ai perdu la main je sais pas ce qu’on va faire de toi. » Sauf que c’était lui, bien sûr, qui avait empêché sa sœur de sortir, ou de faire tout un tas de choses même à l’intérieur de l’enceinte de leur domaine. C’était lui qui l’avait enfermée dans une cage, tenté de la confiner au ranch. Et qu'elle n'avait jamais semblé s'en estimer particulièrement satisfaite.
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Sujet: Re: (VII) Into the wild Ven 20 Avr - 23:29
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Vieux. C’est vrai qu’ils le sont. Surtout lui en réalité. Il est loin le temps où son aîné traumatisait ses petits-amis de l’époque – enfin, il en est encore capable -, le temps où il était l’idole de ses amies et qu’elle en roulait des yeux, le temps où ils arrivaient à communiquer correctement plus de trois fois par an. Cependant, elle doit admettre que les choses semblent se remettre en ordre doucement et surement. Peut-être qu’ils reprennent leurs marques oubliées, ces marques qu’ils n’ont jamais pris le temps de reprendre depuis son retour au ranch. Bien que douloureuses, les anciennes querelles s’estompent et s’avèrent de plus en plus futiles à ses yeux. Il faut bien avouer qu’elle se raccroche de plus en plus à la notion de famille depuis son retour au ranch il y a de cela de longs mois. Prise de conscience dont elle ne connait pas véritablement la cause. Est-ce que c’est important ? Pas vraiment. Ce qui compte, c’est eux, leurs enfants et l’avenir. Tout le reste est secondaire, pas superflu néanmoins, mais pas primordial non plus. D’une certaine manière peut-être que c’est sa grossesse, l’arrivée de Lou dans sa vie, qui lui permet aujourd’hui de tenir un tel discours.
Elle s’esclaffe, Jenna, renchérit illico presto. « Dans ton postérieur ? » Elle s’installe au côté de son aîné, le sourire aux lèvres. Une seule et unique constante ne changera jamais, il s’agit des crasses qu’ils s’envoient constamment. Moyen comme un autre de se prouver leur affection, du moins c’est la théorie de la benjamine Rhodes. « Le grand manitou Rhodes se froisse donc si facilement. » Elle sait qu’il est sérieux, il serait capable de déguster ce gibier sous son propre regard affamé. Il est cruel. Enfin, il parait qu’elle lui ressemble. Il est vrai qu’elle en serait également capable. « Je pensais que la meilleure part me revenait de droit puisque je suis ton adorable petite sœur. » Plus si petit que ça. Tout de même, elle sera toujours la dernière, le bébé, de la fratrie. Même si, Caden pourrait prétendre à cette place et la détrôner malgré qu’il excelle dans le rôle du Calimero de service. « Je te signale que tu m’as mise à la retraite anticipée et provisoire. » Qu’elle rétorque, le ton faussement offusqué. Il faut bien avouer qu’elle a cherché en la mettant à l’envers à Aaren Diggs. Puis, les conditions ne lui permettaient certainement plus de participer aux raids et encore moins de les mener – le gros ventre étant contraignant. Par la suite, une fois Lou née, il a simplement décidé de la préserver. Oui, parce qu’elle a bien conscience que malgré ses airs froids, il l’a sciemment tenue à l’écart alors qu’elle se porte comme un charme depuis des lustres. Il ne l’avouera pas, mais sa façon à lui de la protéger, elle le sait. Seulement voilà, elle ne veut pas être inutile, superflue, un véritable poids mort, hors de question. De plus, elle est douée pour les raids et elle sait diriger une équipe, parfois de manière un peu tyrannique certes – la faute à qui, hein ? – mais tout de même, elle peut se rendre utile, elle le veut. Au fond de lui, il a conscience qu’elle représente une ressource pour l’instant gâchée. « Il s’agit bien d’une retraite provisoire, n’est-ce-pas ? » Autant saisir l’occasion pour aborder le sujet, surtout qu’il est actuellement dans de bonnes dispositions et d’une humeur non-massacrante, ce n’est pas négligeable. « Parce que si ce n’est pas le cas, tu sais que je peux te faire vivre un enfer ? J’espère que tu ne sous-estimes pas ma… chiantitude héritée de… toi-même. » Elle esquisse un sourire en biais. Elle a presque tout appris de lui après tout. Il sait de quoi elle est capable et ô combien elle est bornée. Pas question qu’elle le lâche d’une semelle avant d’avoir retrouvé un tant soit peu de responsabilités.
Inutile d’espérer que Jenna ne saisisse pas cette perche tendue, voire carrément offerte sur un plateau d’argent. Et à la mention de “retraite provisoire”, Abel n’émit en guise de réponse qu’une sorte de grognement inintelligible pouvant passer tout aussi bien pour une affirmation qu’une négation… ou, plus largement, pour la réponse de quelqu’un cherchant simplement à éluder la question sans avoir à se mouiller. Tout d’un coup, son attention sembla de nouveau entièrement dédiée à la carcasse rôtie qu’il était en train de découper et sa sœur sembla d’ailleurs parfaitement s’en rendre compte puisqu’elle ne se gêna pas pour surenchérir sur son silence, ne lui laissant finalement pas d’autre choix que celui de relever la tête vers elle. « Est-ce que tu veux que Lou grandisse comme Chloë ? Sans mère ? » Lou n’avait même pas de père, enfin… pas un à qui le cavalier confierait l’enfant en tout cas. Plutôt crever que de la laisser entre les pattes crasseuses du roi des pouilleux. La question, toutefois, n’attendait pas de réponse, ils la savaient très bien tous les deux. Ça n’apportait, pour autant, aucune solution à ce désaccord qui les liait depuis qu’Abel l’avait strictement confinée aux frontières de ses terres. Il savait pertinemment que Jenna ne pouvait pas rester indéfiniment à se tourner les pouces, que ce n’était certainement pas comme ça que cela marchait et certainement pas au sein de son clan, où chaque paire de bras était utile et utilisée. Elle n’était pas une débutante, ni quelqu’un risquant de se faire tirer comme un lapin à la première sortie hors des terres. Elle savait se battre, commander, tirer, pister… elle avait bien des compétences dont il avait un besoin crucial à l’heure actuel, pourtant il s’était obstiné à la contraindre à l’oisiveté, repoussant l’échéance jusqu’à la limite du possible. « C’est quand même assez contradictoire, il lui fit remarquer après un temps, comme t’as râlé quand je t’ai dit qu’on partait quelques jours et comme tu te plains maintenant de ne pas assez sortir. » La voix restait calme, sur le ton de la conversation et s’il y traînait bien quelques accents railleurs alors ils étaient légers, moquerie tranquille et usuelle à l’égard de sa frangine. « Ou bien tu comptes la prendre avec toi si je t’envoie en raid ? T’es très bien placée pour savoir comment ça se passe, et comme il arrive fréquemment qu’on s’absente un jour ou deux de plus par rapport au programme principal. » Minus les risques, les hostiles, les obstacles en cours de route. Mais il ne lui apprendrait rien de plus en les énonçant un par un, pas vrai ?
Abel acheva sa découpe, tendit sa part du déjeuner à sa partenaire et mordit ensuite dans la sienne à belles dents. Le goût de la viande grillée valait bien toutes les attentes et il se prit quelques secondes pour savourer la chair, bien décidé à profiter de chaque bouchée comme il se devait. « A vrai dire, il admit finalement après quelques instants tout dédiés à la dégustation, j’avais espéré que tu te contenterais du travail au camp et de la chasse avec Jamie pour encore quelques temps. » Combien, exactement, il se garda bien de le mentionner. Mais, il n’était pas stupide, et il connaissait trop bien sa sœur pour savoir que ces espoirs là n’avaient pas eu la moindre chance de vivre jusqu’à voir leur aboutissement. Seulement, il avait eu tellement à gérer ces derniers temps, que ce problème-là ne lui avait semblé que très futile vis-à-vis de tout le reste. Et Peyton qui, à son tour, s’était retrouvée enceinte… Depuis quelques mois, Abel avait la désagréable impression que son petit monde bien agencé partait en couille dans toutes les directions possibles et imaginables. Alors oui, il avait volontairement persisté à laisser Jenna sur le banc de touche malgré toutes ses remarques, toutes ses allusions et ses réticences. Inflexible à chaque fois qu’elle avait voulu aborder le sujet, du moins jusqu’à aujourd’hui. Et, il ne dirait pas qu’il n’avait pas prévu que cela allait arriver.
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Sujet: Re: (VII) Into the wild Mar 12 Juin - 20:26
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L’allusion à Chloe et Cirilla lui arrache une grimace. Abel et son tact inouï ont encore frappé. Heureusement qu’elle y est habituée depuis le temps. Elle écoute son frère sans broncher, bien qu’elle lève à plusieurs reprises ses iris émeraude vers le beau ciel bleu. Peut-être qu’elle est contradictoire mais la situation actuelle est différente. Il l’a prévenue en catastrophe, la forçant à improviser, l’arrachant à Lou alors qu’elle n’était pas prête, pas préparée surtout. De surcroît, elle s’est vue dans l’obligation de tirer son lait et de se sentir telle une vache laitière. Merci, Abel. Mais, elle reconnait ne pas forcément se montrer apte à reprendre son ancienne place. Elle a du mal à quitter sa fille, elle l’avoue. Pourtant, cette sortie improvisée lui fait du bien. Mine de rien, elle commençait à être oppressée et complètement irritable – oui, plus que d’habitude – à force de rester cloîtrée au sein de la demeure familiale avec pour unique compagnie des enfants. Il y a vraiment de quoi devenir folle. Elle n’est pas nounou, non. « Tu m’as pris par surprise ! » Qu’elle conteste, les lèvres pincées, tirant presque la moue. Elle a l’impression d’être de retour une poignée d’années en arrière, à devoir rendre des comptes à son aîné. Une constante qui n’a pas changé. « Je le sais bien. » Elle soupire, elle sait qu’elle a perdu cette bataille, mais surement pas la guerre. Elle a conscience que les raids ne sont pas sans risque, qu’il y a des chances qu’elle s’absente plusieurs jours, qu’elle soit dans l’obligation de relayer Lou au second plan. Elle se sent un peu tel un monstre face à cette idée. Non, effectivement, elle n’est pas prête. Mais, elle le sera à nouveau, tôt ou tard. Elle souhaite juste reprendre doucement, commencer par des raids simples et rapides. Le temps qu’elle s’y fasse, qu’elle coupe le cordon. Est-ce vraiment trop demander ?
Sans autre protestation, Jenna s’empare du morceau de viande, son estomac le lui réclame. Et puis, de toute évidence, elle n’a aucun argument à soumettre, aucun qui semble jouer en sa faveur du moins. Ce n’est pas faute de réfléchir, mais rien ne lui semble suffisant pour convaincre son bougre de frère. Lorsqu’il reprend la parole, son intérêt est immédiatement piqué au vif. Elle ne sait pas exactement de quelle manière interpréter ses propos. D’un côté, elle a le sentiment qu’il ne lui fait pas assez confiance, ou alors c’est simplement qu’il craint encore pour elle. D’un autre, il laisse la porte ouverte. Donc, elle ravale son côté tête de mule, pour l’instant du moins. « D’accord, je m’en contenterais. » Elle mord à nouveau dans la viande grillée, comblant la sensation de faim titillant son estomac. Mais, elle n’a pas dit son dernier mot, il doit s’en douter, c’est beaucoup trop facile. « Mais, quand Lou arrêtera enfin d’être pendue à mon sein et que je ne serai plus obligée de lui servir de biberon humain, j’espère reprendre les raids. » C’est dit, c’est clair et net. Elle espère qu’il fera bon usage de cette remarque.
✻ ✻ ✻
« Non, tu n’as rien compris, tu bois seulement si tu l’as déjà fait. Comme par exemple, je n’ai jamais couché avec Peyton Yates. Tu bois. Je ne bois pas. » D’un geste de la main, elle incite son aîné à avaler une gorgée d’alcool fort. À quel moment exactement est-ce qu’ils en sont arrivés à s’installer autour d’un feu tout en buvant comme des pochetrons ? Question pertinente. « Mais, je pourrais boire s’il advenait que je vire de bord. » Elle pose un index sur ses lèvres, faisant mine de réfléchir plus amplement à cette éventualité. « Je veux dire, elle intelligente, belle, drôle, un peu caisse-couille certes, mais avoue qu’elle a des fesses dignes de Beyonce ! » Même complètement saoule, ce n’est pas de manière anodine qu’elle aborde le sujet Peyton Yates, c’est complètement calculé. Elle ne connait pas leur relation sur le bout des doigts, mais par contre, elle a pertinemment conscience qu’Abel ne trouvera aucune autre femme prête à supporter ses déboires, ses accès de colère et son comportement irascible. C’est un fait. D’ailleurs, à ses yeux, Peyton est une héroïne… à moins qu’elle ne soit complètement cinglée. Les deux hypothèses se tiennent. « D’accord, ton pouvoir de réflexion vole plus bas qu’un derrière de cochon, mais tu devrais tout de même envisager une réconciliation, tu ne vas plus pouvoir te contenter du fessier de Winona maintenant ! » Et, elle boit, tire la grimace tandis que l’alcool lui brûle le gosier. Elle n’est pas certaine de vouloir se remémorer cette conversation demain matin.
Sujet: Re: (VII) Into the wild Ven 22 Juin - 19:26
Jenna Abel « into the wild »
C’était tout de même dingue comme après autant de temps de survie dans un monde autant dévasté, l’on parvenait encore à mettre la main sur quelques trésors. Des maisons isolées à côté desquelles tout le monde était passé à côté, ou à l’inverse des villages, villes, sciemment évités comme la peste fut un temps et désormais vidés de leurs habitants infectés, mais où les rumeurs continuaient à pousser les gens à faire un détour. Ici, et là, quelques caves poussiéreuses renfermaient encore des merveilles et il semblait bien qu’aujourd’hui Jenna et Abel aient découvert l’un de ces endroits ayant échappé à l’emprise du temps (et des pillards). La journée n’avait pas été bien fructueuse en dehors de ça, mais pouvoir mettre la main sur une jolie collection d’alcool rattrapait largement le coup, le seul problème étant qu’ils seraient obligés d’en laisser la majeure partie sur place, les sacs étant déjà bien remplis et le risque que les bouteilles se cassent pendant le trajet, gaspillant leur contenu et abîmant le reste au passage, trop présent. De là, était venue l’idée d’en profiter un peu. L’endroit était littéralement désert, calme, et ils auraient tout le temps de voir venir si d’aventure un hostile s’approchait d’eux, qu’il soit mort ou vivant. Ils avaient encore un peu de temps avant la tombée de la nuit… et quelques idées stupides à exploiter.
« C’est à chier, ton jeu », il râla sans toutefois se faire prier lorsqu’elle l’incita à boire. L’alcool lui brûla la gorge et une légère grimace déforma brièvement ses traits tandis qu’il avait l’impression de sentir toute sa progression à travers son organisme. « On a plus quinze ans, merde. » Il rendit la bouteille à sa sœur, fronçant les sourcils et arborant un air vaguement soupçonneux tandis qu’elle évoquait sa propre sexualité, et les atouts de Peyton. « Tu veux pas ériger un temple à son nom aussi, tant qu’on y est ? » S’il fallait commencer à parler de ça, Abel allait sûrement avoir besoin de bien plus que de quelques gorgées pour ne pas tirer la gueule à la simple mention du prénom de l’olympienne. « Et garde-toi tes fantasmes pour toi, merci. J’ai pas besoin de t’imaginer en train de te la taper. » Ni elle ni personne d’autre d’ailleurs. Mais surtout pas elle, après tout on parlait de Jenna tout de même. Jenna, toujours incroyablement douée pour donner des coups de pied dans la fourmilière et aborder n’importe quel sujet avec son frère sans avoir réellement peur des représailles. Jenna, surtout, remarquablement chiante lorsqu’elle avait une idée bien installée en tête comme cela semblait être le cas à cet instant. « Pourquoi pas ? » il riposta, piqué au vif par ses remarques et clairement sur la défensive face à sa sœur. « Elle au moins, risque pas de me foutre un chiard entre les bras. » Parce que c’était de ça qu’il s’agissait, pas vrai ? Le nœud du problème, le départ d’incendie qu’ils n’avaient pas su contrôler. D’imaginer Winona avec un polichinelle dans le tiroir… L’idée avait un côté comique vu le caractère de la raider et de toute façon si cela devait arriver, il ne risquait pas d’être fautif sur ce sujet, cela faisait bien longtemps que cette espèce de relation désentimentalisée qui les avait unis durant quelques années n’avait plus lieu d’être.
Abel récupéra la bouteille et en porta une nouvelle fois le goulot à sa bouche, fermement décidé à noyer dans l’ivresse cette conversation, quelle qu’elle soit et où qu’elle doive mener. Il abandonna son ironie, admettant finalement d’une voix un peu plus lasse l’aveu qu’il lui avait été plus facile de planquer derrière toutes les disputes et l’agressivité des mois passés. « J’suis pas comme toi, Jen, j’ai pas envie de ça maintenant. C’est trop de risques, et trop d’opportunité pour les autres de nous blesser. » Il laissait volontiers leur avis à ceux qui pensaient que la venue au monde d’un enfant dans un univers aussi ravagé était signe de changements positifs à venir, mais il ne le partageait pas. Et des responsabilités, Dieu savait qu’il en avait déjà largement plus qu’il ne lui en fallait. « Puis j’ai déjà Silas, toi. Caden. » Lou, Chloë… autant de personnes envers lesquelles il se sentait un devoir de protection, autant de personnes qu’il affectionnait sincèrement et autant de risques d’avoir à subir la perte d’un proche. « Bref, j’ai déjà bien assez d’emmerdes avec vous tous, qu’il acheva sur un ton un peu plus tranché. Et j’ai vraiment pas envie de parler de ça maintenant. » A la place, il attrapa l’autre bouteille, celle à laquelle ils n’avaient pas encore touché du fait du serpent qui surnageait à l’intérieur et qui conférait à l’ensemble un aspect vraiment rebutant. « Alors, ok pour ton jeu de merde, mais à condition que tu portes tes couilles et qu’on attaque celle-là à la place. »
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Jenna Rhodes
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Sujet: Re: (VII) Into the wild Lun 25 Juin - 16:22
family (n) no family is perfect… we argue, we fight. We even stop talking to each other at times. but in the end, family is family… the love will always be there.
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Le tact est en option chez Jenna Rhodes, en même temps elle a de qui tenir, elle préfère s’abstenir de passer par quatre chemins, surtout lorsqu’elle est face à son frère dont la subtilité est quasi inexistante. Alors, pas la peine de s’amuser à détourner la conversation pour en arriver au sujet fâcheux. Autrement dit, Peyton Yates. Elle ne se prétend pas experte en sentiments ni même en relation sentimentale d’ailleurs, mais elle sait reconnaitre lorsqu’Abel est sur le point de commettre une erreur qu’il risque de regretter. De plus, ça l’agace, ça l’enrage aussi parfois, qu’il prétend que tout est comme avant, qu’il n’est pas concerné par la grossesse de Peyton et que ce n’est pas son problème. Justement, il s’agit bel et bien de son problème, c’est ce qu’il doit comprendre. Elle est prête à le secouer, à lui hurler dessus, à l’amener de force à Olympia, à la confronter, elle est obstinée comme jamais et elle ne compte pas lâcher l’affaire, pas avant qu’il admette qu’il est effectivement concerné par cette grossesse, qu’il le veuille ou non. Ce n’est guère l’enfant du saint esprit tout de même !
« Parce que tu crois que j’en avais sérieusement envie ! » qu’elle s’exclame, manquant de s’étouffer avec sa propre gorgée d’alcool. Non, Lou n’était certainement pas prévue dans l’équation. On pourrait la qualifier d’erreur de parcours malgré qu’elle l’aime à présent plus que tout et qu’elle donnerait sans hésiter sa vie pour elle. Mais non, elle n’était pas dans le programme. Elle ne souhaitait pas infliger ce monde à un enfant innocent. Puis, finalement, elle reconnait qu’elle a changé grâce à cette grossesse. Elle a peut-être ouvert les yeux sur certaines choses. « Je sais ce que tu vas me dire, on a toujours le choix, à l’exception près que l’idée d’un avortement post-apocalyptique façon Abel est traumatisante. Mais, il est vrai, tu n’es pas enceinte, tu n’es pas Peyton, alors forcément, t’as pas ce souci. » Elle hausse les épaules face à ses propres propos. Ce n’est pas vraiment un reproche, elle aimerait simplement qu’il prenne conscience de son comportement, de la dureté de ses paroles. Mais, soit, il ne veut plus en parler, elle peut comprendre, même si elle ne peut s’empêcher de rouler des yeux face à son obstination. « Et, au fait, t’es une grosse emmerde à toi tout seul ! » Elle comprend qu’il ait peur de s’entourer trop, de perdre ses proches, mais tout de même, elle le trouve con, c’est tout. « Tu sais très bien que je vais rouler par terre si je bois ça. » Les yeux plissés, elle observe la bouteille, le cadavre trônant au milieu ne lui aspire rien de bon. Non parce qu’ils ont de la route tout de même et autant qu’ils évitent de crever. Mais, sans alcool, pourra-t-elle vraiment raisonner – ou du moins tenter – son frère ? Elle connait plus ou moins la réponse à cette question. « Je n’ai jamais maltraité Caden. » Elle boit pour prouver sa bonne foi, les paupières closes, la gorge irritée par l’alcool. C’est horrible, tout bonnement détestable. Elle tire la grimace, le palais en feu et les sens écœurés. C’est pire que ce qu’elle ne l’imaginait. « Et, je n’ai jamais pris mes distances avec une personne que j’apprécie plus que de raison par peur de perdre cette dernière et de me sentir vulnérable. » Elle fixe Abel sans flancher. Il pourrait jouer la carte Aaren Diggs, il est vrai, à l’exception près que rien n’est comparable. Elle ne boit pas cette fois, aucune raison. « Tu bois deux fois. » Non, il ne risque pas de s’en sortir aussi facilement, c’est mal la connaitre. Elle est aussi têtue et bornée que lui quand elle le souhaite.
Sujet: Re: (VII) Into the wild Sam 30 Juin - 16:45
Jenna Abel « into the wild »
Se faire traiter d’emmerde… il n’y avait bien que Jenna pour oser lui balancer ce genre de choses à la figure, hein ? Elle aurait été plus proche, qu’il l’aurait sans aucun doute frappée. Non pas méchamment mais par principe, un bon taquet sur l’arrière du crâne histoire de remettre les compteurs à égalité. « Et alors, il rétorqua, l’air très peu alarmé de s’imaginer la benjamine Rhodes finir complètement torchée en plein territoire inconnu et potentiellement hostile. C’est toi qui a proposé ce jeu. Assume. » Et il la dévisagea attentivement tandis qu’elle étrennait la bouteille, s’amusant de la grimace écœurée et ne voulant pas en rater une miette. Sans pour autant oublier qu’il allait plus que probablement en passer par là, lui aussi…
Pas de prénom évoqué, cette fois, mais l’allusion n’en était pas moins évidente. Sans broncher, le cavalier soutint le regard de sa frangine jusqu’à ce qu’elle se sente en devoir de souligner qu’il était évidemment seul concerné par la remarque, puis se fendit d’un soupir tout en roulant des yeux ; l’instant d’après, il récupérait la bouteille des mains de sa sœur pour en jauger le goulot d’un œil dubitatif et absolument pas convaincu. « Je vois, il fit, détachant son attention de l’alcool pour la reporter sur sa partenaire. Ton seul objectif, c’est de me voir finir complètement beurré avant toi, c’est ça ? » Peut-être pas exactement, en fait, mais au rythme où ça démarrait… Abel s’offrit encore quelques secondes de préparation psychologique, puis finit par obéir à l’injonction énoncée quelques instants plus tôt et s’acquitta des deux gorgées à boire. L’aîné des Rhodes ne s’était jamais estimé expert en terme d’alcool, mais il avait tout de même été habitué pratiquement toute sa vie aux bouteilles de bonne qualité. Même maintenant et après huit ans de bordel, la cave soigneusement construite puis remplie par Abraham Rhodes et son père avant lui recelait encore de suffisamment de merveilles pour être loin de s’estimer malheureux (à condition en tout cas de s'astreindre à une consommation parcimonieuse et égoïste). Des alcools infâmes, il y avait tout de même trempé les lèvres de temps à autre mais celui-là, il lui fallait bien admettre qu’il battait des records. L’instinct manqua de lui faire recracher illico la première gorgée, mais savoir que Jenna s’en était abstenue était en soit une motivation suffisamment forte pour déglutir et boire une seconde fois aussitôt après. De toute manière, il y avait fort à parier que d’ici quelques minutes ni elle ni lui ne seraient en mesure de sentir quoi que ce soit au vu comme son gosier venait d’être sérieusement décapé.
« Je suis sûr que Caden aurait valu plus qu’une gorgée », Abel commenta avec un fin sourire moqueur au bord des lèvres. « C’est assez réducteur… » Pour tout ce qu’il l’avait maltraité ? Inutile de s’en cacher, et surtout pas devant elle, après tout leur frère en avait vu des vertes et des pas mûres de la part du reste de sa famille… et bien deux tiers des coups foireux étaient sans conteste dû à l’aîné. Il l’aimait pourtant, son frère, il n’y avait aucun mensonge là-dedans mais plus le temps passait, et plus l’entente entre les deux hommes semblait difficile. Caden avait changé, Abel… pas assez sans doute. « Enfin, on va pas commencer à faire des subtilités dans ton jeu d’alcolo. » Il se racla la gorge, et reprit la parole, lueur vaguement mesquine au fond des yeux. « Mon tour donc, je suppose : j’ai jamais bourré la gueule de mon gosse. Ni fait quoi que ce soit susceptible de déboucher sur ça. » Suivant quoi il posa un regard appuyé sur elle, attendant sans rien rajouter qu’elle récupère la bouteille qu’il était tout prêt à lui offrir obligeamment.
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Jenna Rhodes
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Sujet: Re: (VII) Into the wild Mar 10 Juil - 16:48
family (n) no family is perfect… we argue, we fight. We even stop talking to each other at times. but in the end, family is family… the love will always be there.
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Deux objectifs s’entrechoquent en réalité au sein de la caboche de Jenna Rhodes. Premièrement, celui de voir effectivement son aîné à moitié saoul (ou même plus) se rouler dans les bois. Deuxièmement, obtenir des aveux de sa part, lui faire avouer la – grande – part de responsabilité qu’il détient vis-à-vis de Peyton Yates, de leur futur mioche et de leur histoire digne d’un film dramatique. Il foire un peu près toutes les relations un peu trop personnelles qui se présentent sous son nez mais cette fois-ci, c’est différent. Elle est persuadée qu’une partie de lui ne souhaite pas voir Peyton s’éloigner, prendre définitivement ses distances. Et puis, avouons-le, il est sacrément chiant lorsqu’il broie du noir et qu’il est par conséquent en conflit avec la leader d’Olympia. Alors, elle prie pour une réconciliation divine et si elle peut légèrement forcer le destin, elle ne compte pas s’en priver, pas le moins du monde d’ailleurs. Elle l’observe sans détacher son regard de son visage ne serait qu’un centième de secondes, guettant les moindres réactions de son frère tandis qu’il porte la bouteille à ses lèvres. Le liquide est abject, il a l’air en parfait accord avec ce verdict. Elle esquisse un sourire moqueur à son intention. Si, il recrache, elle ne perdra pas une seule occasion pour lui remémorer ce souvenir. Malheureusement, ses espoirs s’effondrent alors qu’il déglutit difficilement. C’est sûr et certain que ça ne vaut aucunement les bouteilles entreposées dans la cave des Rhodes.
« Il est vrai que c’est assez réducteur après tout ce qu’il a été obligé de supporter, à cause de toi surtout, à cause de moi un peu beaucoup. Tu peux toujours reprendre une gorgée en son honneur, fais-toi plaisir. Je vois bien que tu en as envie ! » Plus pour lui, moins pour elle. En voilà une excellente idée. C’est vrai que Caden n’a pas été épargné. Il détient en quelque sorte le statut de victime de la famille Rhodes. Abel, lui, possède la palme du fils adoré. Le chouchou. Elle, c’est un peu plus compliqué, trop même. Disons qu’elle a longtemps oscillé entre grâce et disgrâce, honneur et déshonneur, et ainsi de suite. Le juste milieu, Jenna ne connait pas vraiment ce concept. C’est tout ou rien. Elle fronce les sourcils tandis qu’il se racle la gorge, une lueur étrange brillant dans le fond de ses prunelles, une lueur qu’elle reconnait et qu’elle appréhende en quelque sorte. Il ne risque pas de la louper sur ce coup-là. Véridique. Elle ne comprend pas tout de suite, l’information ne semble pas immédiatement remonter jusqu’au cerveau. « Qu’est-ce que… » Et, là, prise de conscience, elle en a la mâchoire qui se décoche d’ailleurs. Instinctivement, elle croise les bras contre sa poitrine, lorgnant d’un regard mauvais la bouteille qu’il agite sous ses yeux. « Merde ! » Un instant elle réfléchit, se questionnant quant à la quantité de lait qu’elle a bien pu tirer avant de partir à l’aventure avec Abel. Elle ne sait plus. Il faut dire que l’alcool n’aide pas à réfléchir. Tant pis, Lou subira sa première cuite à seulement quelques mois. « C’est ta faute aussi. » Elle lui tire la moue sans attendre. D’accord, elle est un peu de mauvaise foi, mais tout de même, elle n’a pas totalement tort. « Si tu le souhaites, je peux me charger de la première cuite de Silas dès qu’il en aura l’âge. » Qu’elle déclare tout en lui arrachant la bouteille des mains, pas vraiment prête à s’intoxiquer à nouveau avec cette chose, mais puisqu’il le faut… Elle porte le goulot à ses lèvres et ainsi de suite, encore et encore. Les heures s’enchaînant sans qu’ils en aient réellement conscience. La nuit les enveloppant de sa noirceur avant qu’ils n’aient le temps de freiner leur consommation d’alcool. Et, bientôt, le parcours du combattant en vue de rejoindre le ranch s’annonce pour nos deux baroudeurs Rhodes.