Sujet: So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor) Mar 17 Oct - 0:30
Elakekette
« So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand »
Septembre 2011 Le sang sur ses vêtements était encore chaud du meurtre qu’il venait de commettre. Il ne pouvait pas mettre d’autres mots sur le crâne défoncé à coup de brique de son acolyte, quelques instants plus tôt, au détour d’un carrefour désert. Meurtre. Il l’avait tué, la main assurée, presque sans aucun remords, abandonné sa carcasse aux nerfs encore gigotants sans même prendre la peine de garder un souvenir de sa dépouille, pour se souvenir de lui. Peut-être que la morsure n’était pas profonde, que son teint soudain blafard était dû à la peur de se voir mourir, peut-être que. Mais Beckett était usé des nuits aux goûts d’enfer passées dans la ville qu’il ne connaissait que trop peu pour réussir à s’y sentir en sécurité et aligner quelques heures de sommeil, malgré la fatigue qui le dévorait, impossible pour son corps de s’écrouler, son esprit était corrompu par l’épuisement. Paranoïaque du moindre grain de poussière soulevé par les brises de l’après-midi, campé sur son revolver, peut-être un peu trop, incapable de savoir s’il était encore chargé ou s’il avait usé l’ultime balle sur la dernière personne à qui il faisait encore confiance. Laissé seul par lui-même, ses dernières paroles à l’attention de l’autre le hantait encore pourtant. L’hôpital. C’était un murmure qui se passait de survivant en survivant, glissait discrètement dans les rues, lieu de trêve où quelques bonnes âmes encore soignaient les fous qui arrivaient à survivre dans le labyrinthe mortel. La grande avenue qui y menait était déserte, ou en tout cas semblait l’être, des grognements échappés des bâtisses sans les corps desquels ils émanaient pour se donner à la vue de l’ancien itinérant, il avançait, nerveux, de la sueur pour s’échapper de son front et aller goûter de la pointe de ses cheveux en bataille, sûrement l’air fou si ce n’était pour ses yeux remplis du noir de l’obsession, un mot qui tournait en tête dans sa boucle comme un mantra pour ne pas finir de se briser. L’hôpital, l’hôpital, l’hôpital. Comme s’il espérait y trouver des murs immaculés, des poches de morphine pour le détendre, des jolis filles comme dans les films qu’on avait jamais trouvé dans ces endroits-là, il y mettait toute son âme à se rapprocher du bâtiment indiscernable des autres. Pourtant, derrière les grandes portes, c’était un brouhaha infâme qui l’attendait, concert de grognements et quelques cris étouffés qui ne résisteraient pas longtemps, une autre barre peuplée du rien de la mort. Il n’abandonnait pas pour autant, persuadé de pouvoir accéder aux étages supérieurs et de grappiller quelques denrées salvatrices, il fouina dans les portes dérobées pour trouver à l’arrière une cage d’escalier encore vierge de tout signe de vie, gravissant quelques marches jusqu’au palier supérieur avant de se stopper. Une porte ouverte, du bruit, du bruit vivant, des éclats de voix et des bruits de pas précipités, du bruit d’un corps qui essaye de se défendre et qui succombe, toutes sortes de bruit qui l’empêchaient d’avancer et qui tendaient tout son corps, puis, dans un éclat de silence fracassant, ce fut un petit corps fétiche qui tomba à ses pieds, terrorisé. Les bruits qui venaient des étages supérieurs ne le trompaient pas, d’une façon ou d’une autre, les rôdeurs étaient rentrés en masse et s’étaient mis à bouffer tout ce qui leur tombaient sous la dent, et la gamine providentielle n’était pas seule, un sac énorme sur le dos alors que, tétanisée, elle ne bougeait pas. Ç’aurait été tellement facile de lui voler le sac, trop gros, trop chargé pour elle, de lui arracher du dos en lui extorquant quelques hurlements peut-être, de refermer la porte sur elle, qu’elle distraie la petite vague de zombie qui semblait se diriger vers eux, juste le temps pour lui de disparaître dans le recoin d’une rue. Ç’aurait été facile si ce n’était pas une gamine d’une petite vingtaine d’années en pleine crise de panique, s’ils étaient encore à deux et que l’ancien dresseur de fauve lui aurait sûrement déjà tiré une balle dans la nuque, parce qu’il pensait qu’il ne fallait mieux pas s’encombrer. Mais au final, c’était l’autre qui était mort, et c’était Beckett et son cœur d’artichaut encore là, planté près de cette tignasse blonde sur le point de se faire bouffer. « Bouge. » Le mot sortit tout seul de sa gorge, et à peine le laissa-t-il s’échapper de ses lèvres que son corps sembla revenir à la vie, glissant le pistolet à sa ceinture pour attraper le corps frêle de ses deux bras et le soulever du sol, l’arracher au ciment glacé et sans vie pour l’emmener dehors, à la lumière brûlante du jour, à fermer la porte pour laisser derrière eux les rôdeurs et leur soif insatiable de vie.
Elanor Barnes
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Sujet: Re: So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor) Sam 21 Oct - 13:19
elakekette
« so you can drag me through hell, if it meant i could hold your hand »
Ils ont tenu bon. Ils ont tout fait pour que ça fonctionne. L'hôpital était devenu le dernier refuge en ville. Un semblant de paradis dans un enfer bien réel. Le temps passe et Elanor continue d'espérer, sourire aux lèvres, croit dur comme fer que quelqu'un va venir. Personne ne vient. Il y a bien longtemps qu'aucune nouvelle ne leur parvient. Aucune qui vaut la peine de s'y attarder. Alors, elle se lève chaque matin, voit ses patients, offre son sourire et ses yeux brillant d'espoir, quelques paroles réconfortantes. La routine s'est depuis longtemps installée. Une routine et un quotidien qui volent en éclats en quelques minutes. Elle ne sait pas ce qui est arrivé, ni comment c'est arrivé. Elle ne sait rien. Elle entend les cris de panique et, instinctivement, accoure pour comprendre. Alors elle les voit. Les monstres, déchirant la chair, se nourrissant des vivants. Elle recule et hurle quand une main agrippe son bras. « C'est moi Ela ! Ca va ? » Elle ne parvient pas à parler et reste muette, le regard embué de larmes qui refusent de couleur. « Il faut partir. Prend tes affaires. Vite. » Elle ne discute pas et s'en va vers sa chambre, rassemble ses effets les plus précieux, vérifie que son inhalateur est bien dans sa poche et en prend autant que possible. Elle retrouve Alex dans le couloir et la panique l'enveloppe à nouveau. Elle les entend approcher. Bientôt elle pourra les voir. « Cours !! Fonce ! » Elle attrape le sac à dos qu’il lui lance, s’y accroche de toutes ses forces et l’abandonne, le laisse derrière elle, ne se retourne pas en l’entendant hurler. Elle fonce sans trop savoir où elle va. Elle sait que l’étage du bas est condamné, que les morts le tiennent, sait que les étages du haut ne la mèneront nulle part. Piégée, petit animal sans défense, elle se retrouve dans la cage d’escaliers. Descend parce que la liberté est vers le bas, qu’elle n’a pas d’autres solutions. Elle tente le tout pour le tout. Armée d’un simple couteau de combat, chargée de ses sacs qu’elle ne lâcherait pour rien au monde, elle se retrouve prise au piège. La fin approche, elle lève son couteau dans un geste parfaitement inutile, tombe mollement au sol, sent l’air quitter ses poumons et la panique l’envahir. C’est la fin. « Bouge ! » Ses yeux s’ouvrent, se posent sur cet inconnu imposant qui vient de la libérer. Elle voudrait bouger, essaie de toutes ses forces. Mais c’est la peur qui dicte ses mouvements, coule dans ses veines, l’empêche d’avancer, de respirer. Il grogne quelque chose, la soulève du sol, poids mort entre ses bras. Elle serre de toutes ses forces cet inconnu qui l’emmène loin du chaos et de la mort. Les yeux fermés, elle est incapable de se concentrer, de reprendre son souffle. Elle s'accroche, paniquée, son petit corps tremblotant de froid, de peur. Enfin elle sent la chaleur d'un soleil timide contre sa peau. Elle entend une porte claquée et le bruit de ces monstres disparaît enfin. Elle s'accroche, refuse de lâcher cet homme qu'elle ne connaît pas mais qui vient de la sauver. Trop apeurée, trop choquée pour réussir à se détacher. Il finit par s'abaisser, la force à lâcher prise en la posant sur le sol. Elle rouvre les yeux, les pose sur son sauveur qui n'a rien de rassurant. Elle cherche son inhalateur, parvient jusqu'à lui, inhale une bouffée, deux et puis trois. Enfin son souffle lui revient. Les yeux humides de larmes, le visage tourné vers son sauveur, elle tremble encore, paniquée. « Il faut aller chercher les autres. » Elle bégaie lamentablement, petite chose fragile qui espère encore pouvoir sauver le monde.
Sujet: Re: So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor) Dim 22 Oct - 2:54
Elakekette
« So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand »
Il pouvait encore sentir les mains de l’apeurée ancrées dans sa peau alors qu’elle refusait de le laisser partir quand il voulait la déposer à terre, alors à l’abri des rôdeurs, ou, en tout cas, moins exposé à eux. Il avait cherché ses poignets frêle pour les détacher de lui, elle était comme un koala apeuré dans les forêts incendiées, qui s’accrochait avec folie au dernier arbre épargné par les flammes, pourtant encerclé par les braises qui le menaçaient. Ça ne servait à rien de s’accrocher à Beckett, des cernes sous les yeux et de la fatigue jusqu’au bout des ongles, sans doute que son corps lâcherait si ce n’était pour son esprit qui refusait de se laisser aller, paralysé par la peur. Il arrivait encore à garder son visage lisse de tout, même de l’adrénaline des moments qui lui bouffait la cage thoracique, la faisait gonfler jusqu’à menacer d’explosion avant de la laisser se refermer sur elle-même, comme si son cœur disparaissait. Une implosion. Il devrait être mort. Et cette stupide gamine ne voulait pas le lâcher sans qu’il ne la force. Elle suffoquait, ses larmes allant s’écraser sur le goudron sans retenu, sa gorge incapable de sortir d’autres sons que des hoquets brisés alors que ses mains, désespérées, cherchaient à atteindre quelque chose qu’il n’arrivait pas à discerner, petite boite de plastique et de métal qu’elle enfouit dans sa bouche avant, comme par miracle, de retrouver l’usage de ses poumons. Quand il se rendit compte de ce que c’était, Beckett détourna le regard de la jeune femme pendant quelques secondes, le visage tordu par un rictus. Un inhalateur. Comment est-ce qu’une gosse asthmatique pouvait encore être en vie dans ce monde là ? Il n’avait pas besoin d’y réfléchir deux fois pour se rendre compte qu’il avait devant lui un chien avec une patte folle, incapable de courir, incapable de se sortir des situations délicates tout seul, comme il venait de le voir. Sans doute incapable de survivre sans l'aide de quelqu'un d'autre. Pourtant, dans ses yeux tristes, Beckett ne trouva pas d’imploration, de réclamation, ni même une lueur de remerciement, et la voix faiblarde qui s’échappa de son corps encore tremblotant n’était dirigée que vers l’hôpital et le passé qu’il représentait déjà. « Les autres ? » Il n’attendait pas de réponses, ne voulait savoir aucun prénom, âge, histoire d’amitié ou de famille, il ne lui laissait pas même le temps de considérer la question qu’il renchérit déjà, froid, déjà rendu insensible aux massacres qui se passaient devant lui. « Ils sont morts, les autres. » Presque sous ses yeux, si ce n’était pour la porte solide qui lui avait permis de rester en vie, sans doute qu’entre les grognements s’il se concentrait pourrait-il entendre quelques cris étouffés, mais il n’en avait pas envie. Plus envie. Les moments d’héroïsmes des premiers jours avaient vite été remplacé par la fatigue et le manque de provision, l’égoïsme de la survie, si ce n’était pour ce petit écart à la règle du règne animal, soubresaut d’humanité qui l’avait surpris dans une cage d’escalier. Si son ancien acolyte était encore là, sans doute se fendrait-il d’un brin de philosophie dont il avait le secret, à clamer que maintenant la ville était redevenue comme avant, égoïste et aveugle du malheur des autres, qu’on laissait les gens crever dans les rues comme on le faisait avant avec les putes et les clochards, qu’on se rendait aveugle à coup de possessions futiles, volées dans des baraques désertes, qui ne nous rendraient pas heureux. Mais Beckett ne pensait pas à tout ça, la condition humaine et l’effondrement des mondes. Il ne pensait pas vraiment, son esprit fermé pour laisser son corps agir, contradiction de son cerveau qui se privait de lui-même pour réussir à rester en vie. S’il pensait, il ne s’encombrerait pas d’une asthmatique. « Allez viens. » Il lui tendit la main pour qu’elle se relève, qu’elle quitte le béton qui l’abritait confortablement comme un piège de douceur posé là par les infestés qui traînaient encore dans les rues.
Elanor Barnes
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Sujet: Re: So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor) Mar 24 Oct - 13:31
elakekette
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Il faut qu'elle se lève. Il faut qu'elle se calme. Les autres ont encore besoin d'elle et de ses maigres forces, de son espoir sans faille, de son sourire rassurant. Elle n'a pas le droit d'abandonner. Pas encore. Ils comptent sur elle. Elle ne peut pas encore tous les perdre. Elle ne peut pas rester toute seule. Son regard fuyant rejoins celui de l'étranger qui lui donne des frissons. Elle ne peut pas rester assise à attendre. Morts. « Non. » Impossible. Son esprit ne le conçoit pas et avant qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle est debout sur ses deux jambes chancelantes. Elle regarde vers la porte close d'où le bruit étouffé des rôdeurs s'échappe. Elle s'élance, prise de folie, l'adrénaline pulsant dans ses veines, l'empêchant de penser clairement. Elle est prête à rouvrir les portes vers l'enfer, à se jeter dans la mêlée. Prête à mourir sans le savoir. Petite fille idiote et naïve qui croit pouvoir sauver le monde avec un sourire. Elle se trompe. L'homme la retient fermement par le poignet, lui brûle la peau de son toucher trop fort. « Lâchez moi !! » Aucun cri ne quitte sa bouche. Elle n'a plus la force d'hurler, seulement de pleurer. Il la tient trop fort pour qu'elle puisse s'enfuir et bientôt l'adrénaline du moment passe, la laisse vide. Elle se laisse retomber mollement sur le sol, incapable de faire quoique ce soit sauf sangloter lamentablement, perdre son souffle encore. Le visage baissé vers le sol, elle ne voit plus son étranger de sauver. Elle l'entend soupirer, piétiner, s'impatienter. Elle ne comprend pas ce qu'il attend d'elle. Pourquoi est-ce qu'il s'encombre d'un poids mort comme elle ? Il se répète, veut absolument qu'elle suive le mouvement. Mais elle ne peut pas. Elle n'y arrive plus. La peur prend le dessus. La peur et le chagrin. Encore des pertes. Encore des morts. Encore seule au monde. Pourquoi est-ce que Dieu ne la laisse pas en paix ? Pourquoi toutes ces épreuves dénuées de sens dont elle ressort brisée ? Elle ne veut pas continuer et encore regarder le monde mourir. Elle ne veut plus avoir mal. L'homme ne lui laisse pas le choix, ne cherche plus à discuter avec sa petite carcasse vide. Il la soulève, la force à rester debout sur ses jambes quand tout son corps tremble, implore un repos qui lui sera refusé. Elle n'a pas le choix. Elle le sait. Elle doit suivre ou mourir. Alors qu'il ramasse ses affaires, garde son sac avec lui, elle suit, ses petites jambes pas aussi rapides que les siennes. Elle ne sait pas où ils vont. Elle ne sait même pas son nom. Elle sait seulement qu'elle n'a pas le choix. Elle suit, reniflant de temps en temps, essuyant les larmes salées qui lui brouille encore la vue. Elle respire lentement, inspire longuement afin de ne pas laisser ses poumons le loisir de la trahir. « Où est-ce qu'on va ? » s'entend-elle demander de sa petite voix enfantine, un peu perdue. Apeurée aussi par cet homme qu'elle ne connaît pas. Une carrure imposante, une voix dure, un regard trop sombre pour y distinguer quoique ce soit. Il pourrait la tuer d'un claquement de doigt. Il pourrait enserrer son petit cou d'un seule main et stopper sa respiration pour toujours en quelques secondes. Elle n'aurait pas la force de lutter. Elle laisserait la vie lui échapper. Ce serait rapide. Presque indolore. Et alors elle n'aurait plus à ressentir toute cette tristesse, ce chagrin sans fin qui l'empêche de respirer, d'avancer. Elle pourrait couler dans le néant, ne plus se relever. Elle pourrait enfin être en paix.
Sujet: Re: So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor) Sam 13 Jan - 5:19
Elakekette
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La rescapée ne l’écoutait pas, ne le voyait pas, et il savait très bien que derrière le ciel sans nuage de ses yeux bleutés se cachait la folie de ne pas vouloir y croire. Il avait assez vu de survivants empoisonnés par les désillusions pour attraper le poignet de la gamine à temps alors que, dans un sursaut d’énergie dont il ne la pensait pas capable dans son état, elle s’était précipitée pour ré-ouvrir la porte en métal, se jeter aveuglément dans la gueule du loup. Dans l’espoir de voir quoi ? Ce n’était pas comme s’ils avaient des corps à pleurer, des visages froids et sans émotions à toucher pour se rendre compte de la mort de leurs proches. Il n’y avait que des carcasses réanimées et affamées, et Beckett pour retenir cette petite âme d’aller se faire déchiqueter par des chairs déjà décomposées. Il ne semblait y avoir que l’ancien itinérant pour retenir cette folle d’aller se faire crever, sa main fermement accrochée à ce bras minuscule qui luttait contre la raison avant, dans un nouveau fracas de tissus, que son corps entier ne se retrouve à nouveau sur le sol, vidé d’énergie. Beckett ne pourrait dire si elle venait de se rendre compte que tout ceux qu’elle pouvait connaître dans cet hôpital de fortune étaient morts, ou si son esprit s’était simplement fermé sur lui-même pour ne pas avoir à s’en rendre compte, toujours était-il qu’il refusait de bouger sans elle, de la laisser sur le goudron à peine réchauffé par les rayons paresseux du soleil jusqu’à ce que quelques pattes traînantes de rôdeurs ne la trouvent et ne la dévorent en quelques bouchées. « Faut qu’on bouge. » Il se répétait, commençait à s’impatienter, inquiet de rester à découvert autant des morts que des survivants armés qui ne s’embêteraient pas de deux nouveaux compagnons, surtout pas après avoir vu le chargement avec lequel était embêté la petite blonde. Il aurait pu se contenter de prendre le sac et s’en aller sans se retourner, laisser les pleurs s’étouffer derrière lui jusqu’à ce que le bruit de ses pas ne les recouvrent, mais la journée avait déjà été trop avec lui pour qu’il arrive encore à alourdir sa conscience de ses actes. Remettre la pleureuse sur ses pieds n’était pas chose difficile, elle semblait peser aussi lourd qu’elle en avait l’air, une feuille qu’une brise de vent aurait échappé jusqu’à l’autre bout de la ville, et ses jambes grelottantes mirent du temps à sembler comprendre qu’on attende d’elles qu’elles soutiennent le corps de la jeune femme. Pourtant, une fois debout, elle eut le bon réflexe, peut-être sans s’en rendre compte, de suivre son sauveur de pacotille dans les rues de la grande ville qu’il ne connaissait que trop peu pour prétendre les faire survivre encore longtemps. « Loin d’ici. » maugréa-t-il en réponse à la question innocente, ne prenant pas la peine de la compassion ou la volonté de rassurer, ou peut-être faisait-il autant qu’il pouvait sans pour autant s’effondrer aussi, s’ouvrait juste assez pour communiquer mais ne pas laisser filtrer la fatigue et l’envie de s’écrouler. « On devrait essayer de regagner la périphérie avant la nuit, se trouver une banlieue pas trop infectée par ces trucs là pour se reposer. » Le petit détail fâcheux qui rendait la survie si difficile, les rôdeurs, qu’il ne savait pas encore comment nommer avec certitude. « S’il n’y a plus d’hôpital à New-York, ce n’est pas la peine de rester. » Il continuait à avancer dans le labyrinthe d’immeuble en suivant naïvement les quelques panneaux de circulation des grandes avenues, sans prendre la peine de se retourner, se contentant de ses oreilles pour savoir que la petite blonde le suivait encore – et qu’elle était la seule à le faire. Les bruits de la ville étaient inquiétants mais lointain, les klaxons des voitures remplacés par quelques coups de feu ci et là, le grouillement des new-yorkais pressés par des gargouillements émanant des immeubles fermés. « Beckett. Moi c'est Beckett. » laissa-t-il échapper, au milieu du silence des bruits habituels, le regard toujours vers l’horizon, sans même attendre de réponse à cette main tendue, si ce n’était qu’elle sache à qui crier à l’aide la prochaine fois qu’elle tomberait en mauvaise posture, ou peut-être, dans un espoir fou qu'elle lui survive, de savoir qu'il ne serait pas une énième victime rendue inconnue par l'épidémie.
Elanor Barnes
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Sujet: Re: So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor) Sam 27 Jan - 15:49
elakekette
« so you can drag me through hell, if it meant i could hold your hand »
Elle ne sait pas exactement ce qui la pousse en avant, ni comment son corps accepte la souffrance. L'adrénaline l'a depuis longtemps quitté et elle sait qu'elle ne marche pas à ça. Son cerveau éteint, refusant de regarder la réalité et d'affronter les récents événements, Elanor se laisse emporter par un inconnu, sauveur inopiné, inespéré. Perdue, livrée à elle-même, elle fait le choix de le suivre sans savoir si c'est le bon, sans espoir de s'en sortir. Depuis son installation à l'hôpital, Elanor n'a plus mis les pieds dehors, trop apeurée par le monde extérieur. Elle découvre la désolation environnante, l'abandon complet des rues, des immeubles et des divers magasins. Autant de lieux qu'elle avait connu grouillant de monde. Autant de vies probablement à tout jamais (ou presque) terminées. L'angoisse monte tandis qu'elle suit son sauveur anonyme d'un pas mal assuré, lui marchant bien plus vite, elle en retrait, apeurée, moins rapide. Il lui répond à peine, évasif, inspirant la peur en la petite Elanor qui panique en silence, la respiration saccadée. La périphérie. Quitter le centre ville lui paraît être une bonne idée. Elle sait bien que ce n'est pas sûr ici. Elle le sait parce qu'on le lui a dit et c'est une des raisons qui l'empêchait de sortir. Elle constate avec amertume les dires de ses anciens compagnons. Elle prie en silence pour ne rencontrer personne. Ni vivant, ni mort. Le souvenir de l'hôpital l'a fait frissonner et elle ralentit le pas, cherchant à calmer les battements affolés de son cœur, sa respiration douloureuse qui lui contracte les organes. Elle regarde droit devant elle, focalisant ses pupilles sur le dos de l'homme qui la devance, évitant de regarder à droite et à gauche, là où la désolation et la mort dominent. Sa voix reste coincée dans sa gorge, bloquée par la peur de ce monde qu'elle ne connaît plus. Alors que la voix de son sauveur résonne à nouveau, les yeux d'Elanor s'humidifient. En moins d'une minute, les larmes ruissellent sur son visage, s'écrasent dans son cou, inondent sa bouche de ce goût salé qu'elle connaît par cœur. Beckett. Elle se répète le prénom dans sa tête, se concentrant dessus. Pour ne pas oublier, pour se souvenir de cet homme qui l'a sauvé. Beckett. Elle n'a jamais connu de Beckett avant.
« Elanor. » Dit-elle doucement, entre deux respirations, retenant difficilement les sanglots qui remontent dans sa gorge. « Elanor Barnes. » Cette fois elle craque, éclate en sanglots et s'arrête de marcher au beau milieu de la rue, devant un coiffeur désert. Elle ne peut pas faire ça. Elle n'y arrivera pas. Elle se sent incapable d'avancer encore, d'affronter cette situation qui la dépasse, la terrorise. Elle ne connaît pas Beckett et elle ne comprend pas pourquoi il l'a sauvé, encore moins pourquoi il s'encombre d'elle maintenant. Ça l'angoisse tout cet inconnu, cette ville qu'elle ne reconnaît plus, ces rues désertes, presque silencieuses. Elle peut les entendre, les morts qui grouillent ici et là. Elanor le sait, si elle cède à la panique, laisse la peur la dominer, il l'abandonnera. Quoi de plus normal ? Elle n'a rien à lui apporter. Elle ne sait pas se battre, n'a jamais tenu une arme à feu, encore moins une lame. Elle ne sert à rien. Elle le ralentirait. Ou pire, elle le ferait tuer. Baissant la tête sur ses chaussures ensanglantées, Elanor l'entend s'approcher, soupirer, sans doute exaspérer par son comportement. « Désolée. » parvient-elle à murmurer, pitoyable, ridicule.
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So you can drag me through hell, if it meant I could hold your hand (Elanor)