Malini, dents serrées et visage congestionné par la douleur, observait les points de sutures de fortune, la vision toujours floue. Arte avait fait au mieux, comme d’habitude avec le matériel assez basique du ranch. La plaie devrait guérir. Il semble que c’est ce que la jeune docteur lui a dit, mais la recruteuse était trop occupée à gérer la douleur du traitement pour écouter. Mais au fond la plaie, tout le monde s’en fout. Ce n’est pas le sujet le plus préoccupant. Ce qui inquiète, c’est le sang de rôdeur qu’elle avait sur elle quand la machette avait tranché la peau de son ventre. Si elle ne présente aucun symptôme pour l’instant, un développement de la maladie n’est certainement pas exclu. Alors en plus de la douleur, l’indienne a quelque chose d’autre au ventre : la peur. Elle est au milieu de tellement de changement et de questionnement que ça lui paraît idiot de mourir maintenant. Deux mois auparavant, elle aurait accueilli la nouvelle avec indifférence, mais maintenant, elle commençait à tout remettre en question.
Saloperie de ***. Il s’était barré quand il avait compris ce qu’il avait fait. En fait, heureusement qu’il s’était barré, parce que blessée ou pas, elle lui aurait arraché les yeux. Le fait était quand même que, laissée toute seule dans la planque, le ventre déchiré, elle avait eu comme premier réflexe de presser la plaie avec son tee-shirt. Le problème, il était encore maculé de son camouflage de rôdeur. Quand elle avait compris l’étendue des dégâts, elle s’était aussitôt débarrassée du dit tee-shirt. Ses vêtements de rechange ont servi à nettoyer les abords de la plaie avec de l’eau javellisée, puis à bander sommairement son ventre. Lentement et non sans peine, elle avait pris le chemin du ranch, son flingue serré entre ses doigts au cas où une autre attaque lui tomberait sur la gueule. Jamais la route ne lui avait paru aussi longue. Même la première fois, lorsqu’elle avait été ramassée par Abel, épuisée, elle n’avait pas autant souffert du trajet.
Et maintenant, elle devait attendre, allongée sur le lit du poste de soins, le regard rivé sur le plafond, à se demander si sa vie allait vraiment s’arrêter. La maladie. Elle avait déjà tout perdu à cause de la maladie, lui avait cédé ce qu’elle avait de plus précieux, mais cette connasse venait même lui réclamer sa propre vie. Le monde se foutait bien de sa gueule. A en voir le visage sombre des gens qui passaient près d’elle, elle devait conclure qu’on n’était pas très optimistes par rapport à son état. Sûrement que la nouvelle s’était déjà répandue : Malini est infectée. Les autres cavaliers préparaient-ils déjà piques et fourches pour exiger qu’elle soit exécutée avant d’être vraiment malade et de contaminer tout le monde ? Elle aimerait penser que non, qu’on s’inquiète pour son état, que les derniers fervents croyants laissent une petite prière pour elle… Pff… à qui va-t-elle faire croire ça ? Il n’y a personne pour s’inquiéter vraiment de son état. Caden ? Il s’en remettra très vite, elle en est sûre. Beckett ? Il serait sûrement triste, surtout quand il serait seul. Mais il suffirait qu’Elanor tende la main pour qu’il n’y pense plus. Abel ? Elle aimerait rire, mais ça lui causerait sûrement plus de douleur qu’autre chose. Ils n’ont quasiment pas causé en plusieurs mois, encore tous les deux choqués par les débordements de leur fausse-vraie dispute. Pourtant quand elle tourne la tête, elle le voit arriver, passer la tête dans le cabanon et marcher –boiter – droit vers elle. Ca y est, c’est l’heure de la sentence. « De toutes les têtes avec laquelle j’imagine la Faucheuse, c’est vrai que la tienne finalement fait beaucoup de sens. » Elle a un sourire aux lèvres. Ce n’est pas une réplique méchante, plutôt résignée.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Mer 20 Sep - 23:06
Malini & Abel
« let the sky fall »
(mi août)
La nouvelle était vite parvenue jusqu’à ses oreilles ; en règle générale, un blessé au ranch ne restait pas dans l’anonymat, surtout si l’incident n’était pas anodin. Face à l’annonce Abel était resté de marbre, en apparence principalement concerné par le danger potentiel que pouvait bien représenter la recruteuse désormais. Il avait posé quelques questions brèves, concises, puis avait finalement renvoyé le messager après avoir obtenu de lui tout ce qu’il souhaitait savoir. Son inquiétude, bien sûr, était un tout petit peu plus personnelle que ce qu’il avait bien voulu manifester. Qu’elles qu’aient été les tensions animant la relation quelque peu chaotique établie entre Malini et lui, il ne nourrissait pas de réelle rancune à son égard. Du moins, pas en quantité suffisante pour prétendre ne pas se soucier de son sort à l’heure actuelle. Ils étaient en froid, certes. Ils ne s’étaient pratiquement pas croisés ou parlés depuis un bout de temps à la fois pour préserver les apparences, ce rejet publique aux cruels accents de vérité, et parce qu’ils n’avaient pas vraiment eu l’envie de se retrouver face à face. De toute façon, Malini n’avait mis la main sur aucune information importante à lui faire passer à ce jour (du moins fallait-il le supposer puisqu’elle ne s’était pas manifestée en ce sens) alors pourquoi auraient-ils couru le risque de dévoiler leur petite machination ?
Il ne s’était pas précipité pour aller la voir, Abel, avait terminé sans se hâter ce qu’il était d’abord en train de faire et de fil en aiguille il s’était finalement écoulé au moins une bonne paire d’heure avant qu’il ne prenne le chemin de l’infirmerie de fortune dans laquelle McMahon charcutait les cavaliers qui ne rechignaient pas à se trouver face à elle. L’accueil lui tira un rictus vaguement amusé mais il se contenta simplement de secouer la tête, refusant le “titre” qu’elle lui accordait, tout ironique qu’il soit. « Ouais enfin, t’as pas prévu de crever de suite j’espère, c’était pas la peine de revenir jusqu’ici sinon. On est déjà suffisamment occupé comme ça. » Adoptant le même ton qu’elle, la voix n’avait pas la moindre trace d’agressivité dans ses tournures et préférait plutôt se prêter au jeu d’un humour noir aux accents suffisamment bruts pour qu’on puisse se demander s’il était vraiment sérieux ou non. D’un autre côté, il était aussi normal de considérer qu’il ne souhaitait pas voir un potentiel danger s’infiltrer dans son ranch si on pouvait l’éviter. Et, dans la mesure du possible, il avait toujours préféré ne pas avoir à se retrouver face à une ancienne connaissance devenue rôdeur : à chaque fois, ç’avait été un peu comme une accusation muette balancée au visage. Abel se tira une chaise, abandonnant toute prétention à être capable de maintenir la station debout s’il n’en avait pas l’obligation, et s’y laissa tomber avec une légère grimace, les doigts crispés sur le pommeau de la canne. « Comment tu te sens ? » Bien sûr, la question était à plusieurs niveaux : d’abord le souci réel de sa personne – mais celui-là était bien caché puisque, on l’avait dit, ses émotions ne transparaissaient pas vraiment en façade à moins de les y chercher au fond du regard qu’il avait rivé sur elle – et puis ensuite, et surtout, le souci vis-à-vis de ce qui lui rongeait peut-être les entrailles, l’infection sournoise, celle qu’on ne pourrait pas endiguer si elle se manifestait.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Jeu 21 Sep - 0:01
Abel & Malini
« let the sky fall »
Elle n'a pas l'oeil assez aiguisé pour détermine s'il était venu lui rendre visite en tant qu'Abel Rhodes chef du clan des cavaliers venant déceler une menace ou s'il était là en tant qu'Abel, le type de la grande maison avec qui elle entretenait une relation aussi compliquée que pleine de rebondissements. Alors elle s'attendait à tout et surtout au pire : qu'il la vire du ranch sans préavis ou qu'il lui annonce une exécution en bonne et due forme. Mais rien de tout ça. Il se contenta de répondre avec le même ton à son trait d'humour et elle grimaça un sourire. "T'inquiète que même la mort est pas équipée pour me supporter." Mais il n'y a plus la même lueur d'assurance dans le regard et elle est loin du panache auquel elle avait habitué les autres habitants du ranch. Elle était sûrement pâle, le visage ravagé par la fatigue et elle empestait encore la sueur et le sang. Sa seule consolation ? Elle ne se sentait toujours pas malade. Le cavalier tire une chaise pour s'affaler près d'elle et elle ne peut pas s'empêcher de penser qu'ils ont l'air fins comme ça, les grands blessés du ranch. Ils reprennent simplement leur conversation, des mois après, ignorant leurs rancunes respectives parce que la situation est de ce genre-là. Du genre qui pousse à résoudre les crises mineures à l'annonce d'une nouvelle pire encore.
Et il s'enquit de son état. Sincèrement. Y a-t-il une pointe d'inquiétudes dans sa voix ou a-t-elle rêvé ? À quoi pense-t-il à l'instant ? Sûrement aux mesures à prendre si on venait à détecter des symptômes. Sûrement cherchait-il les bons mots pour l'annoncer à Silas aussi. "À bout de force. J'ai mal quand je bouge et même quand je bouge pas et j'ai même pas droit à un peu de gnôle pour m'anesthésier." Mais il attend une autre réponse, une plus pressante. "Mais je me sens pas malade." Pour l'instant. "Arte dit que la plaie cicatrisera sans trop de problèmes si on la surveille bien. Et elle me garde en observation au cas où..." Elle se passe d'expliciter sa phrase. Verbaliser la possibilité qu'elle tombe malade lui arrache des frissons d'appréhension. À moins que ça soit un début de fièvre ? Elle a les yeux rivés sur la canne qu'il presse entre ses doigts, pensive. "Tout le monde est déjà au courant n'est-ce pas ?" Traduction : tout le monde veut déjà me mettre dehors ? Elle soupire puis grimace lorsque son corps est irradié par la douleur. "Si t'es venu me dire qu'il vaut mieux que je parte, je crois que je comprendrais." Mais s'il est venu lui dire autre chose, quoi que ce soit de positif, pitié qu'il le lui dise. Malini n'ose pas se l'admettre encore, mais elle a besoin d'un peu de réconfort, elle a besoin de quelqu'un pour lui dire que ça irait mieux, pour lui dire qu'on avait besoin d'elle. Elle avait souvent fantasmé sa mort, persuadée que l'instant venue, elle serait drapée dans sa dignité, contente de quitter ce monde sans se soucier de ce qu'elle laisserait derrière elle. Mais maintenant que l'idée pouvait se concrétiser, elle repensait à toute sa vie avec un pincement au coeur. Maintenant elle voudrait rester, près de Silas, près des cavaliers, près de Bass pour essayer d'arranger les choses et les tourner vers le positif... Elle voudrait rester, faire ce voyage jusqu'à la maison de sa famille en Alabama et y récupérer toutes les traces de sa fille, de sa soeur et de sa mère et peut-être même retrouver ces deux dernières vivantes... Elle voudrait rester en vie. Juste rester en vie.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Sam 23 Sep - 0:23
Malini & Abel
« let the sky fall »
C’était un peu étrange, se causer comme ça après tous ces mois à s’ignorer superbement. Presque comme s’il ne s’était rien passé alors que pourtant on savait pertinemment que ce n’était pas le cas, qu’il y avait quelque chose qui se dressait entre eux depuis cette fameuse dispute, une ombre, un mur qu’il leur faudrait bien briser un jour s’il fallait que cette relation garde une chance de réellement s’arranger. « Tu sais comme elles galopent, ici, les rumeurs » qu’il se contenta de répondre, acquiesçant à sa question. Bien sûr que tout le monde savait ou du moins, tous ceux qui s’interessaient un minimum aux racontars qui se trimballaient de bouche à oreille. Malini, après tout, n’était pas exactement une figure inconnue et anonyme au sein du campement. Et encore plus depuis son exploit à Stonebriar un peu plus tôt dans la saison. Alors forcément, on était curieux de ce qui s’était passé, de ce qui allait arriver ensuite. Ce n’était pas vraiment l’inquiétude qui les animaient, ceux qui colportait la nouvelle de l’état de la recruteuse, mais plutôt une espèce d’intérêt complètement malsain. Et déjà, si l’on tendait l’oreille, on pouvait se rendre compte de ceux que certains lui avaient déjà inventé pour justifier la blessure et éviter qu’on se lasse du ragot. « Tu crois ? » il reprit, relevant ses mots avec un petit rictus indéchiffrable fiché au bord des lèvres. Fut un temps où, s’il lui avait dit de partir, elle n’aurait pas réagi de la sorte, difficile de ne pas s’en souvenir maintenant. L’ironie du sort était peut-être un peu cruelle et il ravala sans mal le sarcasme qui menaçait de s’échapper. Probablement qu’il n’avait pas besoin de l’exprimer pour qu’elle comprenne l’idée qui lui avait traversé la caboche. Abel ne pouvait pas, pourtant, se résoudre à la chasser comme un vulgaire animal malade ou trop faible que le reste du troupeau abandonnerait derrière lui aux prédateurs afin de préserver ses têtes saines. Et si ce n’était pour tout ce qu’il lui devait après tout ce temps qu’elle avait passé à ses côtés à lui être loyale et à mettre ses talents à son service, alors c’était pour Silas qu’il lui faudrait s’abstenir. Le mioche ne lui pardonnerait jamais d’avoir abandonné Malini à son sort sans même chercher à savoir s’il y avait un espoir de rétablissement, surtout alors qu’elle n’était même pas aux portes de la mort. Il ne lui avait déjà pas pardonné cette altercation, quelques mois plus tôt,, et la main qu’il avait levée sur elle... Le cavalier échappa un soupir tandis qu’il se redressait contre le dossier de sa chaise, les doigts jouant machinalement contre le pommeau de cette foutue canne. « Tu vas partir, ouais. » Il marqua une pause par pure curiosité, juste parce qu’il se demandait si elle comprendrait réellement,, comme elle l’avait affirmée, ou si cette réplique n’avait été que le pur produit de sa résignation face à son état. Salaud de lui infliger ça, sûrement. Mais au final, à peine une poignée de secondes ne s’était écoulée avant qu’il ne reprenne de cette même voix un peu plate, sans intonation particulière. Comme s’il énonçait une banalité. « Je vais m’arranger avec Peyton pour qu’ils te reçoivent à Olympia. Ils sont mieux équipés, là-bas, pour s’occuper des cas comme toi. » Avoir récupéré l’un des médecins de la mine ne leur avait pas miraculeusement fait pousser une infirmerie en bonne et due forme. « Une fois que ce sera fait, on t’y escortera. » A noter qu’il ne prenait pas en compte l’éventualité que la leader d’Olympia puisse lui refuser cette requête.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Dim 24 Sep - 20:51
Abel & Malini
« let the sky fall »
"Tu crois ?" Elle a un maigre sourire. Elle croit. Parce qu'elle ne peut pas lui assurer qu'au dernier moment, elle ne s'insurgera pas d'être jetée comme un vieux sac poubelle. Que ce soit par fierté ou tout simplement par peur. Par fierté parce qu'elle a donné beaucoup trop de sa personne à cet endroit pour ne pas avoir au moins un petit peu de reconnaissance ou au moins un air inquiet sur le visage de tout le monde. Par peur, parce qu'elle n'a besoin que d'une chose à l'instant : une main tendue. Mais les seules mains tendues pour l'instant des doigts pointés vers elle et les seules inquiétudes sont un peu forcées pour cacher les messes basses et les racontars. Il doit déjà y avoir de nombreuses rumeurs sur le comment c'est arrivé, certains lui reprochent déjà d'avoir toujours été trop sûre d'elle alors qu'elle traversait les hordes sans frémir une seconde. Certains disent qu'elle l'a peut être cherché tout ce temps. D'autres ont du mal à s'imaginer que c'est possible, elle qui se présente toujours comme intouchable. Celle qui a tué Gabriel Rosario n'est pas invulnérable. Et elle aussi, ça la dépasse. Vulnérable. Elle déteste ce mot, elle déteste ce que ça signifie et elle déteste cette mobilité forcée qui la met à la portée de n'importe qui.
La sentence tombe, coupe tout l'espoir qui s'accumulait dans sa poitrine. Elle détourne aussitôt le regard, ne veut plus voir Abel et lui préfère la contemplation du mur en bois et de ses nombreuses rainures. Elle a dit qu'elle essaierait de comprendre et elle s'emploie à le faire. C'est une décision rationnelle : Malini est une menace, en tant que chef, il écarte la menace. Pourtant, le noeud au fond de sa gorge grossit, remonte jusqu'à ses yeux où perlent quelques larmes qu'elle tente de juguler. À la douleur physique s'ajoute une compression de sa poitrine, quelque chose comme le désespoir pointe le bout de son nez. Il y a une insulte au bord de ses lèvres, une invective directement adressée à lui, à cet endroit, à tous ces gens qui vivent avec elle au quotidien mais ne sauraient même pas faire semblant d'être affectés. Mais elle ne dit rien tout de suite et heureusement, car il délivre le reste de sa nouvelle qui la laisse pour le moins confuse. Elle retourne la tête vers lui, le regard plein d'interrogations. Finalement, elle laisse échapper un soupir de soulagement aussitôt suivi d'une grimace. "Holy fuck Abel ! J'y ai vraiment cru." Comme le témoignent les yeux brillants de larmes, mais qui n'ont plus de raison de couler.
"Merci." De ne pas m'abandonner alors que je m'étais déjà faite une raison. Olympia. Ce n'était peut-être pas la destination qu'elle avait en tête, compte tenu des relations compliquées qu'elle entretient avec les habitants de là-bas, mais c'était sa meilleure chance de s'en sortir si effectivement la maladie se déclarait. Elanor et Bass n'auraient qu'à ravaler leurs rancoeurs pour deux semaines. "Tu fais partie du on ? Fais gaffe Rhodes, je vais finir par croire que tu te fais du souci." C'est presque étonnant même : Abel Rhodes ne la déçoit pas. Après avoir collectionné les décisions foireuses à son égard, il fait quelque chose qui ne sert pas uniquement son intérêt. "Tu l'as déjà dit à Silas ?" A propos de son état, à propos de la menace de mort qui pèse sur sa tête.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Mar 26 Sep - 18:29
Malini & Abel
« let the sky fall »
Il n’avait pas l’habitude de la voir ainsi, Malini, l’air aussi faible et les yeux brillants de larmes contenues. Lui, il n’avait pratiquement toujours connu que cette femme forte prête à lui tenir tête envers et contre tout, les poings serrés et des braises au fond du regard. Mais finalement, elle n’était pas si différente des autres, pas moins humaine, pas mieux préparée face à cette mort imminente qu’il lui avait insinué sur un ton qui n’avait même pas eu la décence de paraître désolé. Il ne tirait, néanmoins, aucune satisfaction de ce constat, de ce revirement subit de situation : tout de même, il n’était pas si mesquin. Elle était aisément tombée dans cette piètre mascarade mais après tout, quoi de plus normal ? On parlait d’Abel Rhodes, ici, alors quelle autre réaction aurait été plus logique et plus attendue de sa part sinon qu’il décide sur le champ de se débarrasser sans ciller d’un soldat invalide et potentiellement dangereux pour sa communauté ? Une pâle esquisse de sourire se forma sur ses lèvres alors qu’elle remarquait le geste inhabituel à son égard. Du souci ? Peut-être. « Ouais, eh bien, évite de le crier sur tous les toits tu veux ? Ou après ça les autres vont être foutus de croire que je suis capable d’avoir des émotions. » Autres que la colère, s’entend. Mais l’ironie imprégnait suffisamment ses propos pour ne pas avoir besoin de les préciser davantage.
Et Silas, déjà, qui se faufilait dans la conversation. Evidemment qu’elle se souciait de lui, Malini, il était sans doute le seul Rhodes avec lequel elle avait toujours eu une bonne relation (Chloë, vu son âge, n’étant pas prise en compte dans l’équation). « J’ai rien dit, non. Parce que je pense qu’il a été au courant avant moi. » Il n’avait peut-être même pas encore dix ans, son gamin, mais il était déjà bien assez grand comme ça pour savoir laisser traîner ses oreilles partout sans qu’on lui prête la moindre attention. De fait, Silas s’était trouvé sur le campement lorsque Malini y était revenue et, s’il avait attendu un peu avant d’aller voir son père à ce sujet, celui-ci avait directement compris les pensées que les expressions du gamin ne savaient encore pas bien camoufler. Forcément pour lui, Abel et Malini étaient toujours ces deux personnes qui avaient manqué de s’étriper en place publique quelques mois plus tôt. Et il était déjà bien assez vieux pour être déjà au courant du genre de sort Abel réservait à ceux contre lesquels il avait une dent : de son point de vue, son père ne se fendrait pas du moindre effort pour la recruteuse. Ce dernier ne l’ayant informé de rien avant de quitter la demeure familiale pour rejoindre l’infirmerie, il y avait fort à parier que l’enfant lui ferait la gueule à son retour. « J’imagine qu’il viendra te voir dès qu’il pensera que j’ai le dos tourné. » Après tout, sans demander la permission il ne courrait pas le risque de se voir opposer un refus. Et sans interdiction, pas de désobéissance. Son mioche était une foutue tête de mule lui aussi. En même temps vu sa famille… Abel chassa l’expression amusée qui s’était installée sur son visage à l’évocation de son fils et redevint sérieux, plongeant son regard dans celui de son interlocutrice. « Alors dis-moi, qu’est-ce que t’as foutu au juste pour te mettre dans ce merdier ? C’est bien la première fois que tu te fais avoir de la sorte. »
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Mar 3 Oct - 14:15
Abel & Malini
« let the sky fall »
« Je dirai rien si tu répètes pas non plus que j’ai failli chialer. » Ce n’était pas forcément une honte qu’elle ressentait par rapport à sa faiblesse, après tout, même le plus solide des rocs peut s’effondrer face à la mort, c’était plutôt une remarque pour poursuivre dans la connivence. Chacun d’eux a une réputation bien ancrée au ranch, et même s’ils n’étaient pas que ceux qu’on murmurait d’eux, ils aimaient plutôt bien l’effet qu’ils avaient sur les autres. Ce n’est qu’une couverture évidemment, chacun d’eux sait très bien que l’autre est capable de craquer. Malini avait déjà eu l’occasion de s’occuper d’un Abel au fond du trou quand Silas était tombé malade. Alors des émotions, elle savait pertinemment qu’il en avait. Là où c’était un peu flou, c’était de savoir pour qui il pouvait les ressentir. Elle détourne le regard à nouveau en pensant à Silas, sûrement inquiet à se demander si elle était vraiment à l’article de la mort, si elle allait se faire jeter du ranch comme une malpropre. Cet enfant était beaucoup trop intelligent pour son propre bien, apprenant dans l’ombre les rouages de la vie en communauté. La recruteuse imagine très bien sa petite moue contrariée et elle ne doutait pas que si quelqu’un aurait défendu la place de la brune au ranch, c’est le petit garçon. Il serait sûrement monté au créneau, aurait eu quelques reproches à faire à Abel, aurait fait la tête longtemps pour culpabiliser son père. L’indienne a un sourire absent à l’idée de savoir que dans tout ce bazar, il y aurait au moins une personne à se battre pour elle, à la regretter. « Il t’en aurait voulu si tu m’avais vraiment foutu dehors. J’ai essayé de faire en sorte qu’il t’en veuille pas trop pour la dernière fois… Mais pas facile de lui expliquer sans trop griller le truc. » Elle évoque les nombreuses conversations entretenues avec le jeune Rhodes suite à la violente altercation entre Abel et elle en mai dernier, alors qu’il se faufilait en douce dans le cabanon de la recruteuse ou dans les écuries pour de plaindre à cette mère de substitution qu’il ne désirait pas perdre.
Mais l’heure n’était pas au sentiment de fierté parental qui semblait également planer sur Abel. Le leader ne perd pas le nord et exige un rapport des faits. « Il faut une première à tout, à ce qu’il paraît. » Malini grimace, cherche la bonne façon de tourner les choses : il n’y en a pas. « J’ai baissé ma garde. Pendant un recrutement. Je me suis pas assez méfiée, et la situation a escaladé d’un coup. Il a sorti sa machette et je suis même pas sûre qu’il l’a fait exprès, mais le résultat est là. » Elle pointe le pansement en sang. « J’ai l’impression que c’est quelqu’un qui était familier avec le ranch. Il m’a posé des questions trop spécifiques pour que ce soit un hasard… Adam, ça te dit quelque chose ? » Quelque chose lui dit qu’il y a un dénouement à avoir qui lui était hors de portée lors de son altercation. La réaction excessive, la façon dont la situation a dégénéré en si peu de temps a forcément une explication.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Jeu 5 Oct - 23:45
Malini & Abel
« let the sky fall »
Silas lui en aurait voulu, ouais, ça Abel n’en avait pas douté une seule seconde. Mais Silas était un gosse, et il fallait bien qu’il comprenne que toutes les décisions que son père prenait n’était pas forcément plaisantes, même pour lui qui menait somme toute une existence plutôt dorée malgré tout, et qu’il n’allait pas réviser un choix simplement parce que l’enfant n’en était pas satisfait. La vie n'était pas juste, de toute manière, ni tendre, et le gamin en était déjà bien trop conscient pour son âge. « C’était pas ton rôle de faire ça, de toute façon. Et il doit bien accepter que tout ne se passe pas forcément comme il le voudrait. Que ce soit à ton propos, au mien ou à celui de n’importe quelle personne dont il est proche. » Et tant pis si pour ce faire Abel devait supporter la rancune de son fils et de le voir lui préférer la compagnie de Jenna et des bambins. Ça lui serrait le cœur (du moins la partie qui n’était pas complètement atrophiée), c’était certain, mais c’était nécessaire. Et de toute manière, ça finirait bien par lui passer.
Quelqu’un familier avec le ranch. Les propos de Malini lui firent froncer les sourcils, il n’aimait pas trop ce qu’elle insinuait. Des gens, il en avait exilé pas mal au cours des années, oui, mais aucun ne s’était ensuite avéré être un réel danger. Certains avaient été croisés et tués en raid, d’autres retrouvés en tant que rôdeurs et également achevés. Certains, encore, avaient trouvé refuge dans les autres campements. Les autres avaient tout simplement disparu de la circulation sans qu’il ne se soucie une seule fois de ce qu’il avait bien pu advenir d’eux. Mais les histoires d’attaque vindicatives, elles, étaient bien plus rare. Adam, bien sûr que ça lui disait quelque chose, il en avait vu défiler quelques au cours des sept dernières années. Mais s’il fallait se restreindre à un danger potentiel, il y en avait surtout un qui lui restait en tête, difficilement oubliable. « Peut-être. Mais c’est assez commun, comme nom. » Inutile de crier au loup tout de suite, pour ce qu’il en savait l’assaillant de Malini pouvait même très bien avoir donné un faux prénom. Mais, tout de même, son air s’était fait plus grave et même s’il ne disait rien de spécifique à ce sujet, on voyait bien que l’identité qu’elle venait d'annoncer avait tapé dans quelque choses, de vieux souvenirs et pas spécialement du genre agréable. « Certains olympiens et mineurs ont déjà eu l’occasion de pénétrer à l’intérieur de mes terres, il pourrait s’agir de l’un d’eux. » Mais, clairement, il avait quelqu’un en tête. Néanmoins sans la moindre certitude, cela pouvait tout aussi bien être son imagination qui s’était emballée trop vite ; parfois, il ne suffisait que d’un rien pour faire resurgir un morceau de passé qu’on croyait occupé à prendre la poussière dans un coin de sa tête, juste un mot-clef, un prénom balancé au détour d’une conversation. « Qu’est-ce que tu peux me dire de plus à son sujet ? Ce qu’il savait ? Ou à quoi il ressemblait ? »
bon bah du coup je te kéblo un peu je crois mais je voyais mal Abel se persuader direct de son identité, ou à l'inverse faire genre ça lui dit rien du tout, donc va falloir avancer un peu plus de l'autre côté pour pouvoir continuer ici j'en ai peur
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Dim 29 Oct - 18:34
Abel & Malini
« let the sky fall »
Il y a comme un silence grave quand il réagit à propos de Silas. Si Abel a raison sur le fait que le jeune garçon doive s'adapter à ce monde politique et dirigé par le besoin de survivre, Malini est également d'avis que le leader sous estime peut-être la clairvoyance de son fils. Elle ne le dira jamais, parce qu'Abel et elle ne sont plus vraiment dans de bonnes dispositions pour qu'elle se permette ce genre de remarques. Silas est plus intelligent qu'on ne le pense et il est une éponge, une éponge qui apprend les règles du leadership parce que tout le monde sait bien – sans pour autant le fanfaronner sur tous les toits – le ranch resterait aux mains des Rhodes pour longtemps, pour toujours peut-être s'ils arrivaient à vivre encore des années. Le garçon était un successeur, dans l'esprit de tous, et il apprenait déjà à prendre des décisions, à se faire des relations. Il n'avait pas encore la fermeté qu'il fallait, mais il avait un bon sens et une patience qui manquait à son père. Peut-être qu'Abel devrait en apprendre un peu de lui.
Mais ce n'était plus la question, ce n'était plus le sujet. Là, tout se concentrait sur le regard d'Abel qui entrait dans une certaine rétrospection pour se souvenir d'Adam. Et elle le voit bien qu'il a déjà une idée derrière la tête, qu'elle n'a pas besoin d'en dire plus, mais il a la décence de demander plus d'informations. Peut-être que se prendre une balle dans la jambe lui avait remis quelques idées en place et qu'il était plus enclin à réfléchir avant de frapper impulsivement ? Non, elle n'y croyait pas. "Grand, brun, belle carrure, yeux bleus, pommettes saillantes. Un accent bien texan. Il m'a dit qu'il venait du coin." Il doit pas y en avoir des centaines non plus comme ça qui sont passés au ranch. "Il avait l'air de bien connaître Jenna." Mais dans la tête de la recruteuse, il y a d'autres suspicions en sommeil, des théories peut-être un peu fumeuse quand on prend le temps de bien y réfléchir, mais elle n'était pas en état de penser correctement. Blessée, son esprit avait commencé à tomber dans la paranoïa. "Y a des indices qui me laissent penser qu'il a fait un tour chez les jackals aussi. Je suis peut-être folle, mais j'ai pas l'impression que ça ait été un hasard total." Bien sûr, elle l'avait suivi. Mais il avait l'air de savoir qu'elle était là. Et si ça n'avait été qu'un piège vraiment ? Après tout, elle a tué le leader des jackals, des représailles contre elle, contre le ranch sont peut-être à venir de la part des derniers survivants hébergés à la Carrière. Peut-être qu'on la traquait, peut-être qu'Adam était la solde de la Rosario et qu'ils voulaient sa peau.
Ou peut-être qu'elle extrapole, peut-être qu'Abel a une réponse, peut-être que la lueur illuminée dans son regard va mettre fin à ses divagations de blessée – un symptome d'une possible fièvre ? Une manifestation de la maladie qui évolue progressivement pour l'abattre ? "Alors, ça te dit quelque chose ?"
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Sam 4 Nov - 22:54
Malini & Abel
« let the sky fall »
La consternation, c’était probablement ce qui ce lisait le plus sur son expression à l’heure actuelle. La description que Malini venait de faire de son agresseur, pour toute évasive qu’elle puisse être, était trop proches des souvenirs qu’il avait gardé d’Adam pour ne pas être qu’une simple coïncidence, c’était trop gros. Seule la mention de sa sœur l’avait fait tiquer, qu’est-ce qu’elle venait faire là-dedans au juste ? Abel acquiesça à la question d’un simple grognement, les yeux baissés et l’air pensif, perdu dans le vague tandis qu’il avait machinalement porté une main à son front et se massait les tempes du bout des doigts. Il aurait pu s’en tenir à ça, la planter là et s’en retourner d’où il était venu – éventuellement attraper Jenna, tenter de tirer au clair la mention de son prénom dans cette histoire, mais cela n’avait aucun rapport avec l’actualité – sauf qu’il devait au moins à Malini quelques bribes de vérités. Si elle s’était faite attaquer pour la simple faute d’être une crimson rider, il ne pouvait pas simplement se contenter de prendre les informations qu’elle avait pour lui sans rien lui offrir en retour. Il l’aurait fait, probablement, pour n’importe quel autre cavalier lambda mais la recruteuse était plus que ça à ses yeux, même malgré les désaccords qu’ils avaient eu récemment. Alors il releva finalement la tête, rivant son regard aux iris sombres de son interlocutrice, pour finalement lâcher le morceau. « Il y a eu quelqu’un correspondant à ce portrait, au ranch. Tu n’étais pas encore là, bien sûr, il s’en enfuit durant le conflit que nous avons eu avec la mine. » Il ne lui dirait pas tout, bien sûr, mais qu’elle sache l’entière vérité après tout ce temps était aux yeux du cavalier aussi inutile que de lui servir le même mensonge auquel tous les autres avaient eu droit. « Disons qu’il y a eu un désaccord. Il s’est retrouvé prisonnier, quelqu’un lui a permis de se sauver avant mon retour. » Fort heureusement pour lui, il n’avait jamais pu savoir qui s’était arrangé pour le faire disparaître ; il n’aurait pas su goûter l’ironie de la situation. Il y avait très peu de chances, au final, que Malini ait entendu parler de cette histoire en particulier. La désertion d’Adam n’avait pas spécialement eu d’impact (il n’avait pas été le premier à se sauver de là, certainement pas le dernier) sur le ranch et, à l’époque, la claque que lui avait foutu Anita Jones avait eu des conséquences bien plus notables qu’un simple homme s’étant attiré les foudres du leader des lieux. « Enfin, c’était il y a des années. S’il était allé s’abriter à Stonebriar depuis, nous l’aurions forcément su d’une manière ou d’une autre. » Les conflits entre cavaliers et chacals avaient été suffisamment nombreux pour que pas que quelqu’un l’ait reconnu à un moment ou à un autre. « Je ne vois pas trop ce qu’il foutrait encore dans le coin. Qu’est-ce qu’il t’a dit sur ma sœur ? » Et est-ce que la réponse à cette question suffirait à l’éclairer de quelque manière que ce soit ? Si l’Adam dont elle parlait était bien ce même homme qu’il avait envoyé se perdre dans la mine, puis qui avait disparu de ses radars, il ne comprenait pas l’agression qu’elle avait subi. Qu’est-ce que cela était-il supposé signifier ? Une vengeance à retardement sur quelqu’un qui n’était même pas mêlé à cette vieille histoire ?
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Ven 1 Déc - 11:32
Abel & Malini
« let the sky fall »
Elle a donc bien tapé dans le mille, avait bien deviné l’affiliation au ranch de son agresseur. Abel lui raconte une histoire d’un passé antérieur à sa vie au ranch, lui rappelant par la même qu’elle n’a pas vécu toute sa vie ici malgré ce que sa lassitude laisse croire. Alors comme ça, Adam avait bien un passif avec les cavaliers, et apparemment, rien de bien positif. Il se serait enfui… Ca donne une toute nouvelle dimension à cette affaire. Est-ce qu’il y avait du ressentiment ? Bien sûr, la blessure résultait d’une tentative de défense parce qu’elle avait porté le premier coup, mais s’il n’avait absolument rien à se reprocher, il ne l’aurait pas laissé seule à se vider de son sang sans même un regard en arrière. Mais tout ça, ça n’a pas l’air de préoccuper Abel tant que ça. La seule information qu’il retient, c’est Jenna. La recruteuse lui retourne un sourire cynique, mais elle garde quand même ses pensées pour elle. « Il m’a juste demandé de ses nouvelles. Mais je me suis dit que s’il demandait après elle en particulier, c’est qu’il y avait quelque chose. » Et comme il ne s’intéresse pas plus à ses théories, elle ne s’y attarde pas. Elle n’a ni la force, ni la foi d’essayer de convaincre Abel. Sûrement se disait-il qu’il s’agissait de divagations paranoïaques de malade, qu’elle avait pris un sale coup et qu’elle extrapolait. Alors elle se referme, serre les dents, détourne le regard vers le ciel qu’elle perçoit à travers la fenêtre. Bleu, sans un seul nuage, un été texan dans toute sa splendeur. Une chaleur qui n’était pourtant pas propice à sa survie, la chaleur a tendance à faire que les bactéries et les infections prolifèrent. Ou du moins, c’est un vague souvenir qu’elle avait de livres qu’elle avait lus il y a longtemps. « Je sais pas en tout cas le pourquoi, mais il était bien là et c’est bien lui qui m’a fait ça. Je sais pas plus sur ses intentions en vérité. Mais il est pas net, c’est tout ce que je peux affirmer. »
La tête roule à nouveau vers lui, pressée de changer de sujet, pressée qu’il s’en aille finalement parce qu’il n’a clairement plus envie d’être là, elle l’a bien vu. Elle a juste un dernier message à faire passer. Le regard un peu éteint, la mine un peu défaite, elle demande du bout des lèvres. « Si je montre le moindre signe de transformation, tu sais que tu devras faire le sale boulot ? Me laisse pas devenir un rôdeur, colle-moi une balle directement. Personne d’autre n’aura les couilles de le faire. » Un constat, pas forcément amer, plutôt pragmatique. Elle ne peut pas ignorer le risque encouru, elle ne peut pas ignorer la possibilité de mourir, elle devait s’y confronter aussi rapidement que possible même, pour elle, et pour tous ceux autour d’elle. Pour qu’ils se fassent directement à l’idée, pour qu’ils fassent correctement leur deuil. Elle en parlerait à Silas, et elle lui demanderait d’écrire une lettre pour elle. Si elle n’arrivait pas jusqu’à Olympia, il fallait bien que quelqu’un l’annonce à Bass… Et elle préférait que ce soit elle. D’une certaine façon.
Sujet: Re: let the sky fall (abel) Sam 16 Déc - 9:59
Malini & Abel
« let the sky fall »
« Ecoute, je vais détacher un petit groupe pour revenir sur tes traces, je me doute bien qu’il ne sera pas resté dans le coin mais peut-être qu’il sera possible de le pister. Je ne vois pas trop ce qu’il est possible de faire d’autre pour l’instant, pas s’il ne refait pas parler de lui d’une manière ou d’une autre. » Faire courir le mot au sein du campement, les cavaliers les plus anciens encore présent se souviendraient peut-être de lui, sauraient qu’il faudrait peut-être être aux aguets lorsqu’ils sortiraient de l’enceinte du ranch pour une raison ou une autre. S’il avait pour but de se venger, mieux valait que ses potentielles cibles en soit avertie, et puisque dans l’immédiat il ne leur était pas possible d’en savoir d’avantage… On en était plus à la période des affiches avec photo et description, “avez-vous déjà vu cet homme ?”, numéro de téléphone en dessous au cas où. Ni le temps, l’encre, ou le papier (encore moins l’humour) pour faire ce genre de bêtises… « Je t’enverrai un des gars tout à l’heure avant que tu ne partes pour Olympia, tu lui diras exactement où vous vous êtes rencontrés pour qu’ils puissent remonter tes pas. » Peut-être qu’il en parlerai à Jenna aussi, peut-être serait-elle en mesure de l’éclairer davantage sur le sujet. Il aurait tout le temps d’y repenser lorsqu’il retournerait s’enfermer dans la demeure familiale mais, Dieu savait qu’il n’avait guère besoin de ce genre de tracas supplémentaire, il se serait volontiers passé d’une nouvelle comme celle que Malini venait de lui annoncer, aurait préféré l’entendre causer d’une attaque menée par un solitaire inconnu au bataillon, une bande d’errants sans aucun lien direct avec le ranch. Les choses, ici, avaient une fâcheuse tendance à ne jamais se passer comme il le voulait. Un sourire sans joie étira brièvement ses lèvres face aux propos soudainement redevenus bien plus graves de la convalescente. « Bien sûr. » Clair et concis, il n’y avait rien d’autre à répondre à cette demande-là de toute façon. Pas qu’il en eût la moindre envie toutefois, Malini lui avait toujours été utile, précieuse même et malgré leurs nombreux malentendus, désaccords et autres prises de tête, la jeune femme faisait toutefois partie de ces trop rares personnes qu’il appréciait et estimait (quoiqu’un vague instinct lui soufflât que ce n’était probablement pas vraiment réciproque). C’était néanmoins aussi son devoir en tant que leader, assumer la responsabilité de la mort d’un de ses survivants de la même manière qu’il s’employait à assurer leur survie. S’il fallait quelqu’un pour appuyer sur la gâchette, il le ferait sans la moindre hésitation, avait trop vu de visages connus parmi les rangs de ces créatures inhumaines. Et peu importe les années qui passaient, on ne s’y habituait jamais vraiment, à ce spectacle-là. Sa main se crispa sur le pommeau de sa canne tandis qu’il se relevait, étouffant une petite grimace face à la douleur qui continuait de le tarauder sans le moindre répit. Malini avait un besoin évident de repos et, dans l’immédiat, ils n’avaient plus rien à se dire ; aucun intérêt ni pour lui ni pour elle qu’il continue, dès lors, de rester à son chevet, ils n’avaient pas cette relation là et ne l’auraient jamais. « Évite tout de même de crever maintenant, je te dois encore des excuses alors, ça m’emmerderait que tu ne me laisse pas le temps pour ça. » Les mots avaient été balancés alors qu’il avait déjà amorcé son demi-tour, s’éloignant d’elle pour finalement brièvement s’arrêter sur le seuil de la porte et lui adresser un dernier regard. Il n’attendit cependant pas de réponse, n’en avait pas franchement besoin, et il ne lui fallut guère plus de temps pour totalement vider les lieux de sa présence.