caught up in the crossfire (amalia)

Quand y’en a plus, y’en a encore. Alors que Ryan pensait enfin en avoir fini avec les ordres et les missions commanditées, voilà qu’on l’envoyait à nouveau dans une mission de troc à la Carrière. Si Ryan avait prévu une journée tranquille à poncer une table qu’il souhaitait rénover et mettre comme neuve, ce n’était pas son jour. Au moins, on lui faisait assez confiance pour l’envoyer à la Carrière seul désormais. Peut-être que c’était juste dans sa tête, mais il avait l’impression que les choses et les esprits commençaient vraiment à évoluer. Néanmoins, il n’était pas vraiment enthousiaste à l’idée de se rendre à la Carrière. Il savait que nombreux jackals s’y étaient rendus avec Marisa avant l’assaut du centre-commercial. Globalement, les jackals restaient minoritaires et Ryan avait peu de chance d’en croiser un qui le connaisse, mais bon, il tenta tout de même de se défaire de la tâche. Mais les ordres étaient catégoriques : la Carrière avait des provisions et choses dont certaines personnes hautes placées semblaient avoir besoin et c’était évidemment les moins considérés qui se tapaient l’affaire. Pas question pour la plupart des Olympiens d’aller dans ce bourbier sans nom. Ryan se rendit donc à la carrière seul dans le but de rencontrer un certain Neo. Ryan osait espérer que ce n’était pas son vrai nom et sûrement juste un fanatique de Matrix. Seulement, lorsque Ryan attendit au point de rencontre l’individu en question, ce n’était pas un simple fan de la matrice qui se pointa. Mark. Un ancien jackal. Qu’il avait vaguement fréquenté. Eh merde. Ce dernier avait un large sourire aux lèvres qui ne présageait rien de bon. « Bah alors Ryan, c’est toi qu’ils ont décidé d’envoyer ? Ma foi, cela me ravit t’as pas idée. » Alors que Ryan voulait dégager de son chemin pour carrément s’en aller, Mark l’attrapa par l’épaule comme on attrape un pote, sauf que lui avait une lame aiguisée au bout de sa main qu’il pointa sur Ryan. « Attend, viens, on va faire un tour du côté de mon nouveau chez-moi, parce que je sais que toi maintenant tu crèches ailleurs, mais viens voir où tes anciens compères sont logés.  » Ils n’étaient pas loin de Rocbruyère et c’est donc là que Mark l’emmena. Ryan aurait pu se défendre, mais il avait bien senti que Mark était entouré de jackals qui les suivaient discrètement, prêt à intervenir si Ryan avait le moindre geste suspect. L’endroit n’est pas franchement charmant. Pourtant, lorsque Mark l’emmène dans un coin et le lâche, voilà que trois jackals surgissent autour de lui, Ryan ne saurait même pas dire d’où ils sont sortis. « Je te ferais bien le tour du propriétaire, mais comme tu peux le voir, y’a pas grand chose. Moi, j’ai une question pour toi en revanche : chez toi c’est comment ?  » Ryan ne voulut pas répondre. Son regard était noir et son visage impassible, toujours avec son sac de provisions dans la main. « Non parce que tout le monde sait que Monsieur est à Olympia maintenant. De ce que je sais, John qui était avec toi a été pendu, Lewis pendu aussi et Nate a été relâché. On peut savoir ce qui te rend si spécial ? » Il tendait son couteau en direction du blond, pour le menacer. Mais Ryan ne pouvait décemment pas dire la vérité : j’ai coopéré pendant l’attaque, j’ai trahi les jackals, je me suis mis à genoux devant la leader d’Olympia et je suis bon ami avec sa soeur. Ces révélations se solderaient par sa mort imminente. « J’ai rien à te dire Mark. J’ai fait dos rond et quelqu’un a dû me prendre en sympathie. Si tu veux vraiment savoir, va demander à des Olympiens, ce sont eux qui ont voté après tout. » C’était un peu un mensonge, car c’est probablement Peyton et surtout indirectement Willa qui ont sauvé sa pomme, mais c’était la seule chose plausible qu’il pouvait lui répondre. Il savait très bien que Mark ne se satisferait pas de cette réponse et serrant le poing sur un sac qu’il avait pris avec lui, s’apprêtait à lui lancer en pleine figure pour décamper ou sortir son couteau et prier pour sa vie. Il savait pourtant que c’était une mauvaise idée d’être venu ici…

En voyant le côté désespéré des jackals, prêt à buter par simple jalousie, il se dit qu’être avec eux ne lui manquait vraiment pas. Il comprenait de mieux en mieux l’image qu’il avait dû renvoyer en étant des leurs. Oui, il disait des leurs. Car il ne se considérait plus comme jackal. Pas que ces derniers aient toujours été très solidaires, et d’une certaine manière, Ryan avait peut-être traité d’autres aventuriers comme Mark le traitait actuellement. Mais, ce désespoir et ce côté nihiliste lié à la condition jackal, ça n’était pas et ça n’avait jamais été lui. Il avait encore peut-être des pulsions sanguinaires, mais il estime qu’il savait désormais les assagir et les laisser sortir au bon moment. Qu’espérait réellement Mark de cette pseudo entrevue menaçante ? Qu’il lui donne une formule magique pour entrer et foutre le boxon où bon lui semble ? Un type comme lui, même avec les bonnes armes de négociation, aurait été incapable de survivre un jour à Olympia comme lui l'avait fait. A faire les plantations et enlever les mauvaises herbes, déblayer toutes les merdes qui traînaient, aller buter des rôdeurs en masse au centre-commercial. Non, Mark n’aurait eu ni la patience ni le bon sens d’effectuer toutes ses tâches dans son intérêt. Trop impulsif. Trop con surtout. C’est ce que Ryan s’apprêtait à lui dire en lui balançant son sac dans la figure quand une voix familière répliqua à sa dernière remarque. Voilà qu’Amalia débarquait … pour le sauver ? Ou simplement pour faire régner l’ordre au sein du territoire ? Ryan n’était pas réellement sûr de ses intentions. Il faut dire que leur dernière rencontre et première depuis un long moment ne s’était pas exactement pas bien passée. Si Ryan croyait s’en être sorti et avoir réussi à la convaincre à demi-mot de son innocence dans les accusations de la brune, cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle allait soudainement se soucier de son sort. Amalia a pourtant l’air de connaître Mark, au vu du regard qu’elle lui jette. Peut-être l’a-t-il lui aussi emmerdé par le passé ? Toujours est-il qu’Amalia semble belle et bien déterminé à tirer Ryan de cette mésaventure, puisqu’elle lui adresse un discret clin d’oeil complice. Visiblement ses hommes ne la prennent pas au sérieux. Certes, Ryan ne l’a jamais vue se battre. Toutefois, il n’a aucun doute sur ses capacité si elle a réussi à survivre avec un enfant à charge tout ce temps. Et il n’a guère oublié son passé dans son gang de famille où elle a dû faire chauffer l’arme plus d’une fois. Et puis, ses hommes seraient-ils idiots ou vivent-ils sous une roche ? En se renseignant à peine sur elle, Ryan savait qu’elle était devenue chef de zone des Plovers. Ils seraient vraiment stupides pour des jackals récemment intégrés et avec une sale réputation d’attaquer sur le territoire de la Carrière une chef de zone. M’enfin, la finesse et l’intelligence n’avaient jamais été les points forts de Mark et sa bande. Ryan attendit une, deux, et à la troisième seconde, balança son sac dans la gueule de Mark pour se décaler vers la droite et maîtriser un des premiers jackal qui l’entourait, laissant donc Mark et son complice aux mains d’Amalia. Il donna un premier poing à son assaillant, ce dernier surpris, manqua sa riposte ce qui permit à Ryan d’asséner un uppercut dans l’autre sens qui le fit tomber raide par terre, inconscient. Un de moins. Quand il se retourna, il vit Amalia en prise avec les deux autres jackals. Ryan voulait évidemment se faire ce petit con de Mark. Il regarda autour de lui, à la recherche d’une arme qui pourrait le neutraliser sans le tuer. Car oui, Ryan ne voulait pas d’un mort sur son dos à nouveau. S’il venait à buter Mark, et ça faisait désormais partie de ses plans, ce serait discrètement. C’est finalement en fouillant la veste du jackal inconscient qu’il trouva une matraque de taille moyenne. Il osait espérer que ce jackal n’avait pas été policier dans une autre vie sinon il y avait fort peu à prier pour l’avenir de l’humanité. Il s’approcha alors de Mark et le poussa au sol d’un coup de pied violent avant de lui donner un, puis deux, trois, quatre coups de matraque violents, jusqu’à ce qu’il vit le sang commencer à perler du visage de Mark, et qu’il sentait qu’il allait vite perdre pied s’il continuait. Il grogna en prenant une grande inspiration avant de s’écarter.  « Si t’as un problème, tu sais où me trouver. A moins que je ne te trouve avant. Maintenant casse-toi sombre merde. » Mark ramassa avec l’autre jackal celui inconscient à terre avant de filer. Il se tourna alors vers Amalia. « Merci pour ton aide, mais je pense que j’aurais pu m’en sortir seul...Tu vas bien ? » Il voulait évidemment garder sa fierté, ne voulait pas de dette envers elle, déjà qu’il avait du mal à regagner ses bonnes grâces. Il sortit une cigarette de victoire de sa poche qu’il alluma pour ensuite tirer quelques lattes salvatrices. Il tendit ensuite le paquet à Amalia. « Tu fumes toujours pas ? » Il faisait référence à la dernière fois qu’il lui proposa une cigarette, dans un contexte évidemment tendu sous tous les aspects. « Ce mec est sa bande, ce sont vraiment des sales types, des ordures qui voient pas plus loin que le bout d’leur nez et qui sont jaloux des autres plus intelligents qu’eux, tu semblais connaître Mark non ? J’vais me le faire celui-là… »

La violence ne lui faisait pas peur. Au contraire, cela l’excitait presque et le stimulait. Passer si près de la mort à chaque fois, cela avait quelque chose de grisant. Chaque fois qu’il se sortait vivant d’un combat, même s’il un peu amoché, il se sentait plus fort. Il avait eu envie de le buter, Mark, là tout de suite. Il aurait pu. Le sang avait commencé à gicler sur le visage du blond. Amalia ne l’avait pas arrêté. Il aurait pu continuer. Il en avait eu envie. Faire de lui un exemple pour les autres jackals présents sur les lieux. Mais il s’était stoppé. Le buter ainsi aurait nui à sa réputation. Du moins, à la nouvelle réputation qu’il tentait de se faire depuis quelques mois. Il était désormais d’un calme olympien. S’il voulait se faire Mark, il fallait le faire discrètement. Il viendrait un jour à la Carrière en début de soirée. Attendrait la pénombre et à l’aide de quelques pattes bien graissées, trouverait rapidement où crèche cet enfoiré. Il se pointerait dans sa tente ou dans sa modeste habitation et l’étranglerait. Douloureusement. Observant son regard quitter doucement la vie avec plaisir. Drôle de fantasme. Il sortit de ses pensées macabres quand Amalia finit par lui prendre une cigarette. Il la regarda quelques instants. En dépit du contexte actuel, elle semblait plus détendue que la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Elle devait probablement être habituée à ce genre de querelles. Il était content malgré tout qu’elle soit venue lui prêter main forte. Les règlements de compte entre jackals par ici devaient être fréquents, et ce n’est pas exactement comme si les habitants d’Olympia allaient s’inquiéter que Ryan revienne balafré ou pire qu’il ne revienne pas du tout. Il observe encore Mark et ses amis décamper au loin. « Des connaissances, rien de plus. Des moins-que-rien. J’étais emprisonné à Olympia avec certains de leurs compères. J’ai survécu et pas eux. Ils veulent savoir pourquoi. Il n’y a rien à savoir. J’avais des amis là-bas qui savaient que je n’étais pas comme eux. » Bon en fait, il avait une amie Willa, et il avait sorti son plus tour de charme à Peyton, mais bon, il n’allait pas se la remettre à dos tout de suite, donc autant lui faire croire qu’il était plus ou moins apprécié à Olympia. Et puis, dans le fond, ça commençait à être le cas et il n’avait pas causé de remous depuis qu’il était là-bas. Donc c’était un petit mensonge. Evidemment, Amalia lui demanda ce qu’il était venu faire ici - des embrouilles disait-elle. Il laissa échapper un petit sourire en coin avant de tirer sur sa cigarette. « Est-il si improbable que je vienne chaque fois avec des motifs tout à fait innocent et classiques et que je tombe toujours sur les mauvaises personnes ? » Cela commençait à faire pas mal de fois qu’il se foutait dans des situations pas possibles en étant de passage à la Carrière. Le lieu était maudit. Autant que les chaises à Olympia. « Encore une fois, j’étais simplement venu faire des affaires avec un certain Neo, et il se trouve que ce Neo était Mark. Crois-moi si je l’avais su, je ne serai pas venu mais obligation d’Olympia. » Comme personne n’avait daigné à l’accompagner, Mark en avait en plus évidemment profité. Car autrement, ce lâche n’aurait jamais osé attaquer un Ryan en compagnie d’un Olympien. Il comprenait que cela commence à faire un peu gros puisqu’un garde était déjà venu lui chercher les noises lors de leur dernière rencontre, mais Ryan avait simplement beaucoup d’ennemis. « Et toi, que fais-tu ici ? Mes petits oiseaux me disent que tu n’es pas la chef de zone de ce quartier, bravo d’ailleurs au passage pour ce poste bien placé. » Il adressa un regard complice à la brune, continuant à tirer sur sa cigarette pour jouer l’homme mystérieux. Ce n’est pas comme si l’information avait été très dure à trouver, mais bon, c’était toujours amusant de donner l’impression qu’il avait des yeux partout.