Same shit, different day. | Wyatt

1977 Wyatt ne parle pas beaucoup de son enfance. Né au Texas, enfant unique. Son père était un fermier - pas le genre qui peine à survivre avec sa production, pas un grand propriétaire terrien comme les Rhodes, entre les deux. Un gars qui bossait dur, avec quelques employés, qui participait aux rodéos l'été venu.Sa mère bossait dans des bureaux, assistante d’une société dont Wyatt n’a jamais su le nom. Il était plutôt mignons tous les deux et s’adoraient. C’est le souvenir qu’en garde Wyatt, en tous cas. Etant gamin, il a appris à monter à cheval, à tirer à l'arc et au lance-pierre, puisque les 8 premières années de sa vie furent à l'air libre, à la ferme. Il ne pensait pas vraiment réapprendre à tirer à l'arc à cheval à 33 ans passés. A l'époque, c’était un bon gamin, bien qu’il ait une aptitude assez incroyable pour récupérer tous les animaux à moitié crevé des environs – s’il y avait une boite en cartons remplis de chatons efflanqués dans un rayon de vingt km entre chez lui et l'école,  il tombait forcément dessus. Un peu turbulent, farceur, mais comme un gamin.

1986 Wyatt a 8 ans. Sa mère est morte l'année d'avant, emportée par une infection pulmonaire. Son père la suit dans un accident cette année là. Ce n'était pas si... tragique, en soi. Le gamin était dévasté, son monde s'écroulait, on le colle dans le premier train pour la grande ville. Mais il serrait les dents, son tigre en peluche et il pouvait s’en sortir. L’adulte n’en parle jamais et le tigre rapiécé par tous les trous le fixe toujours au fond de son sac. Il ne parle pas non plus de la tante toujours absente qui l’avait pris sous sa tutelle, chez qui il était resté un an. Elle fumait comme un pompier, était directrice d’une agence de pub, sortait beaucoup et il restait surtout avec des baby-sitters. Elle n’était pas méchante, Wyatt ne vous laisserait jamais dire ça. Juste que Wyatt était pas son problème.
1987 Wyatt sonne chez leur voisine, l'épaule gauche gravement brûlée par de l'huile brûlante, accident de cuisine alors qu'il était laissé seul. La large cicatrice qui marque son épiderme est aujourd'hui dissimulée sous des tatouages, comme les suivantes, mais il ne fut jamais autorisé à retourner chez sa plus proche parente encore en vie. Les services sociaux ce serait. Il fut ballotté d'une famille d'accueil à une autre, jamais adopté pour de bon. Trop vieux pour avoir un espoir au bout d'un moment. Pourtant, il souriait, il riait, et il se montrait le plus adorable des gamins, pas vraiment chiant. Juste voulant être aimé – et particulièrement collant, démonstratif dans son affection. Se murer dans son deuil et son chagrin : échec. Etre sage, adorable, souriant : échec. Ramener un adorable chiot : échec. Ramener un tigre volé à un cirque en douce dans sa chambre : échec.

1994 4 familles d'accueil, 2 tentatives d'adoptions, 4 centres de services sociaux. Puis, les Fawkes. Il y débarque à 16 ans le corps bardé des différentes cicatrices de son existence et un air de chien battu sur le visage. Ils l'adoptent. Pour de vrai, pas un simple accueil temporaire, et même s'ils ont déjà une gamine de 5 ans, Eli. Sa petite soeur adoptive. Ils ont des défauts comme toute famille, mais il en fait partie et ils ne le rejettent pas. Il reste chez eux après sa majorité, pour finir ses études et surtout passer le concours de l'école de police. L'espoir d'un monde meilleur et d'une carrière stabile. Plein de donuts, aussi.

1997 Wyatt est officiellement flic, maître chien dans la brigade canine. Il n'y reste que deux ans malheureusement - l'un des colis que son chien était supposé examiné s'est révélé piégé. Son compagnon fidèle explosant  en morceaux à deux mètres de lui. Pour le maître, aller simple pour l'hôpital, grièvement blessé. A nouveau, les cicatrices physiques sont recouvertes de tatouages, mais Wyatt reste sourd pendant une année entière. D'abord des suites de l'explosion, puis par traumatisme. Il quitte la section cynéphile, et passe beaucoup de temps à bosser dans un bureau avant de retrouver son ouïe et son envie d'être flic. 2000 Trafics, voilà sa nouvelle branche et il passe plusieurs années sous couverture - trois ans une fois, un an et demi l'autre, au milieu des trafiquants de drogues, serrant la main aux connards qui lui propose leurs putes gratuites, parce qu'ils font du trafic d'êtres humains, d'Europe de l'est et de l'Asie, des mineurs et des majeures. Vérifier la qualité de la drogue, tuer des sales types pour garder ses mains plein de sang, crédibles. Ajouter des tatouages encore et encore. Comme si cela suffisait à cacher ce qu’il était.


2005 Il refuse de retourner sous couverture. Des mois sans voir sa famille d'adoption, ses amis, il finit à deux doigts de devenir fou, aussi mauvais que ceux qu'il doit arrêter, ou pire sympathiser envers eux. Il n'en peut plus. Un ancien collègue de la brigade cynophile arrive dans le pub où les flics se retrouvaient pour lui mettre d'autorité un chiot pitbull amoché dans les bras. Un trafic de combat de chien tout juste démantelé - cadeau, Bullet est à toi. L’ancien chien de combat est devenu une boule de fluffy qui le suit partout. Y compris durant l’apocalyspe et Wyatt a déjà du tuer un ou deux salopards qui l’ont pris pour une saucisse. Aucun regret.
2006 Opération de démantèlement d'un trafic d'être humains venant d'Europe de l'Est. Un des coups de filet qui a le plus dégoûté Wyatt de son existence, mais aussi l'occasion de rencontre Vladimir. Il fut l’un des correspondants principaux avec les serbes, ce fut l’occasion de bosser son russe, et de découvrir les méthodes d’Europe de l’est. Mais aussi un des hommes qui est devenu plus qu’un collègue et qu’un ami, avant que tout foute camp. Au point de souvent débarquer chez le Serbe pour squatter son canapé, sans expliquer ce qui réveillait son besoin de compagnie ou comment il avait pu pénétrer dans l’appartement, sans vouloir expliquer sur son besoin de dormir sur le canapé contre son collègue ou pourquoi il multipliait autant les phrases de drague nulles.

Juillet 2010 Il doit retourner sous couverture, des membres de gang qu'il avait emprisonné ont repris du service et sa couverture tient toujours, alors... Pourtant Wyatt est blasé, amer. Et convaincu qu'il va y laisser sa peau cette fois, comme un mauvais pressentiment que ce serait la dernière. Il passe récupérer les affaires laissées chez Vladimir et récupère assez de courage pour lui voler un baiser. Bisou, salut, se faufiler par la fenêtre sur l'escalier de secours, Bullet sur ses talons et son sac sur l'épaule.

+ and then there's today :

Novembre 2010 La télévision balance son lot de mauvaise nouvelle dans une baraque dans la banlieue d'Austin. L'influenza, une épidémie galopante. Les morts se relèvent, l'armée entre dans la danse. Wyatt observe l'écran en tenant un paquet de petits pois congelés sur son oeil au beurre noir, tandis qu'un type à côté compte des liasses de billet dont tout le monde se foutra bientôt. D'ici la fin du mois, Wyatt et son sac ont disparu de la planque.
Début décembre 2010 Lorsqu'il parvient à se faufiler entre les barrages de police, les cadavres (vivants où non) et la joyeuse atmosphère de panique, Austin est dans le chaos. Vladimir a déserté son appartement, pour le meilleur ou pour le pire. Dans le sien, Wyatt a à peine le temps d'entendre le bruit d'un fusil à pompe qu'on charge pour éviter de se faire plomber par sa propre soeur qui était venue y trouver refuge. Câlins, munitions, et le duo, ingérable dès qu'ils sont ensembles, quitte la ville. Fin décembre 2010 ils arrivent aux abords du ranch des Rhodes, où siège encore le patriarche. La ville est un enfer, et une vallée éloignée de tout est une illusion de sécurité à l'époque. Wyatt se souvenait du patriarche Rhodes, qui serrait la main à son père lors des foires. Il se souvenait d'être impressionné par l'aura du type, et que son père répétait souvent que c'était un honneur que un Rhodes admette lui être redevable.  

Il était venu humblement demander asile, et on lui avait accordé.  Wyatt ne pensait s’attarder au ranch. Il ne pensait certainement pas y rester sept ans. Personne ne pensait que l’apocalypse était réelle, de toute façon, jusqu’à l’avoir devant les yeux. Il trouverait quelque part où aller, autre chose… toujours autre chose, sans jamais savoir quoi. Et pour être honnête, Wyatt aimait la vie au ranch tandis que sa protection s’organisait, qu’ils accueillaient les nouveaux venus dans leur protection. Le grand air, les chevaux, sa sœur. La caravane laissée à l’abandon qu’il avait récupéré pour y foutre ses miches l’hiver ; Les Rhodes aussi – il appréciait leur compagnie, et son respect pour le paternel était immense. Aussi immense que les tensions avec Abel, son aîné, futur leader de la petite tyrannie du camp.
Avant la fin de la première semaine de Wyatt au ranch, tout le monde avait compris que les deux hommes ne pourraient jamais se voir en pâture. Jamais Si l’un n’avait pas l’aîné des Rhodes, l’autre le protégé du paternel, la situation aurait pris un tournant bien plus rapide. La simple existence de l’autre les révulsait et la « simple » antipathie des débuts explosa rapidement par des remarques de l’un envers l’autre. Wyatt n’était pas homme à se laisser marcher sur les pieds, se laisser humilier. Et il n’était pas incapable de s’abaisser au niveau de son adversaire pour le provoquer sciemment. Ils se sont mis sur la gueule, plusieurs fois, durant les premiers mois avant de parvenir à une sorte de statut quo pendant qu’Abel prenait les rênes du ranch.
Ils se haïssaient cordialement et tenaient à le faire savoir, pourtant les années qui passaient prouvaient qu’ils travaillaient efficacement ensemble. Y compris à protéger ce que Wyatt considère aujourd’hui comme son chez lui – et son devoir de protéger. Y compris des Jackals, y compris des rôdeurs, y compris lorsque Jenna était enlevée ou qu’on essayait de destituer Abel. Il essayait de rester en-dehors des affaires des Rhodes ( situation qui sent le souffre ) pour se se concentrer sur le ranch, animaux, humains et protection des environs compris. Il ne pleurerait certainement pas la mort d'Abel, mais il savait reconnaître ses mérites. Individuellement, personnellement, Abel était un connard homophobe tyrannique, un petit tyran de cours de récrée que Wyatt haïssait de toutes ses tripes. Mais, paradoxalement, ça ne l’empêchait pas de le respecter. De respecter ses décisions de leader ( en général ) et les principes qui fondaient ses décisions ( est-ce que Wyatt était pour le choix d’exécuter les traîtres ? Oui. Il n’y avait plus de pardon dans ce monde, et les morts ne le dérangeaient que lorsqu’ils revenaient à la vie ) et même certains traits de caractère. Le respecter, au point de lui sauver la vie plusieurs fois. Depuis qu’Abel était devenu leader, Wyatt se mordait la langue pour ne pas le provoquer outre mesure. Il s'était fixé comme limite de ne pas en venir à nouveau aux poings – l’instinct de survie d’un gamin qui s’était pris des tartes et des foyers par centaines, du grand frère qui voyait Eli s’épanouir en sécurité ( et auprès d’un autre Rhodes, mais on va dire qu’il n’avait rien vu).  Au point qu’il devienne le chef de la sécurité du ranch. Sur le coup Wyatt n’avait pas vraiment su comment le prendre : honneur, compliment, malédiction ? Les chef de la sécurité sont les premiers à douiller lorsque la sécurité fout le camp et Wyatt n'était pas assez con ou orgueilleux pour penser que, compte tenu de la situation, ils seraient toujours en sécurité dans la vallée.


Et les ennuis ne tardèrent pas à arriver. Pour autant, Wyatt a réussi le double miracle de ne plus envoyer son poing dans le visage de Rhodes, ni de s'engueuler avec lui suffisamment pour être jeté dehors ou exécuté sommairement. Des engueulades, toutefois, il y en a eu. Le quotidien du chef de la sécurité est une longue litanie de « non », « Rhodes, non » « stop » et «  qu'est-ce que c'est (encore) que ce bordel ? », « les hétéros sont cons ». Mais il a appris à tenir le fort, en quelques sortes. Certains doivent penser qu'il doit savoir tout ce qui se passe au ranch, du fait de son habileté surnaturelle à surgir dans le dos des fouteurs de merde et des intrus ; il sait beaucoup, mais il y tout autant qu'il refuse de savoir – ce qui se passe dans la maison Rhodes, qui couche avec qui, et environ 80% du drama qui se déroule dans la vallée. Ce qui l'intéresse, ce sont leur conneries qui risquent de poser un risque, le reste, il fait avec.
Même chose pour l'aide apportée à Olympia – il était là, lorsque les nouvelles de l'attaque sont arrivées, mais il n'a pas bougé d'un pouce. Pas qu'il n'en ait pas envie, pas qu'il n'approuve pas – au contraire. Bordel qu'il avait envie de tirer à vue, de se défouler un peu, pour une cause juste. Mais s'il y a bien une chose dont Wyatt est certain, c'est qu'on ne peut sauver tout le monde. A croire que sa vie maintenant consiste en un boulot sous couverture continuel ; d'un côté sa personnalité, de l'autre ce qu'il doit faire. Il observait de loin le deal entre Olympia et le ranch, entre la mine et le ranch – il n'avait aucun intérêt dans la diplomatie. Wyatt se contentait de plisser les yeux et de grimacer en voyant une partie des cavalier sécuriser leurs atouts à Olympia, et Archer être envoyé dans la vallée – sérieusement ? Des ennuis, encore des ennuis, de la lassitude et de la méfiance. Restant à assez de distance des problèmes pour que ce ne soit pas sur lui que Abel hurle en se rendant compte qu'on les entubait ( était-ce vraiment une surprise pour qui écouter Peyton et ses expressions faciales plus d'une seconde ?)

Wyatt mit les bouchées doubles lorsqu'une bonne partie des cavaliers tomba malade, envoyée à Olympia ou dans leurs lits. Essayant de pallier au manque d'homme, à la distraction générale en se dédoublant et faisant tout à la fois.
C'est peut-être pour ça que la maladie le frappa aussi violemment, achevant un surmenage mental et un sacré lot de fatigue accumulée - un matin, Wyatt se leva, se posa la question rituelle de pourquoi était-il encore là et pourquoi ne tuait-il pas Abel lui-même qu'on en finisse , mis son visage dans un baquet d'eau froide, ses bottes, se leva... et s'effondra, inanimé dans les marches de sa caravane. Inanimé, suivi rapidement de fiévreux, malade comme un chien, délirant, alité, appelant un homme mort, avec comme infirmière personnelle sa petite soeur, Bullet et les menaces de la première pour le faire rester au lit. Wyatt voulait sortir, voulait bosser, et il sait très bien que la moitié des cris qu'il avait entendu durant sa fièvre étaient bel et bien réels.

Lorsque le chef de la sécurité ressurgit, on avait visiblement tiré à la courte paille le privilège de lui faire un rapport sur les évènements. Et de se faire cracher à la figure un « Vous vous foutez de ma gueule ? » bien senti. Deux, trois semaines d'inconscience entre la vie et la mort et quoi ? Tout fout le camp ? T'es réveillé ? Donc, Caden a commencé une baston, des intrus ont pillé la grande, Malini a failli clamser, Caden est parti en claquant la porte, la moitié des raideurs a cru pas revenir, et oh, quelqu'un a essayé de tuer Abel.  « - Personne n'a le droit de tuer ce connard à part moi» avait rugit Wyatt avant de partir aux nouvelles. Ils n'étaient pas censés tuer Bishop, ils n'étaient pas censés le torturer, ni le frapper ou même lui faire regretter son acte – l'affamer et attendre. Les cavaliers n'étaient peut être pas assoiffés de sang, mais Wyatt l'était. Malheureusement ou heureusement, le temps qu'il finisse de se remettre de sa convalescence, l'homme était mort. Mystérieusement. ( à l'intérieur du camp que Wyatt devait garder et oui, il rongeait toujours son frein à ce propos ).
Puis, il y avait eu une coalition pour reprendre le centre commercial, enfin finir une fois pour toutes avec la menace de ceux qu’on appelait les Jackals ; rester entre camps « civilisés capables de se bouffer et trahir avec des couteaux dans le dos sans tout à fait violer les femmes et ne faire que traumatiser les enfants, sans les tuer. Wyatt n’était pas certain de ce qu’il ressentait – c’était mieux que rien, et en même temps un coup d’épée dans l’eau ; Mais châtier les vilains lui ferait du bien, étoufferait son désir de justice et d’ordre. Il avait laissé Eli au ranch, avec son chien qu’il ne comptait pas sacrifier inutilement, (surtout à son âge) ( le chien, pas Wyatt ), un fusil à pompe et le droit de commander les gardes restants – qu’ils ne rentrent pas face à des ruines et était parti obéir à son leader bien-aimé, contemplant le centre imprenable, maussade, avant de partir au combat. Il en est revenu presque intact – des bleus, quelques coups et quelques coupures qui avaient eu besoin de points de sutures – s’il était rentré couvert de sang, c’était avant tout celui d’Abel, avec insultes à la clef. S’il mourrait, il jurait de le ressusciter sous une forme plus convenable qu’un walker, le tuer lui-même, puis tuer le rôdeur qui aurait pris sa place : alors lui avait fait un garrot, lui avait rappelé qu'il était la seule personne autorisée à buter ce fils de pute, et avait aidé à l'emmener hors des combat - tout ça pour repartir essayer de bouffer du jackal, le souffle court.
Il était hors de question que la situation lui échappe. Enfin : encore.