Une Riders et une Miners entrent dans un bar…

JUIN 2017.
Ce n’est pas la première que Mercy se rend à la mine d’Hamilton. Elle n’aime pas trop mettre les pieds à la carrière. Le ranch n’est pas un hôtel cinq étoiles mais au moins, Abel tente d’y faire instaurer un semblant d’ordre. Et de propreté. Il semblerait que ce soit également le cas à la Mine mais elle n’a jamais eu l’autorisation d’y entrer. Anita Jones semble très possessive en ce qui concerne son petit domaine. Pourtant, malgré la misère qui y a règne, il y a quelque chose d’assez jouissif à la mine. Une sauvagerie refoulée, qui éclate parfois : elle ne compte plus le nombre de fois où elle a assisté à une bagarre. Ca lui plait. Parfois. Pas tout le temps. Elle n’aime pas se salir les mains, préfère laisser les sales besognes aux autres. Mais il y a des jours où il ne vaut mieux pas envoyer chier Abel Rhodes. Surtout lorsque la rumeur d’un vaccin commence à se répandre un peu partout, enflammant une nouvelle fois les esprits et mettant à  mal le calme relatif du ranch. Alors, lorsqu’on lui demande de chercher autre chose que de la nourriture, des vêtements ou des médicaments lors de son prochain raid, elle n’hésite pas, ne refuse pas. Et le lieu le plus propice à la recherche d’information lui semble évident : le grand marché d’Hamilton. Elle y va de temps en temps, troquer des choses trouvées ci et là. Aujourd’hui, elle se contentera de quelques bijoux à échanger contre quelques mots intéressants. Étrangement, l’argent ne vaut plus un clou aujourd’hui, pourtant, les bijoux se vendent toujours à prix fort. C’est pourquoi, elle fouille toujours les coffres à bijoux lors de ses expéditions : elle aime ça (sa folle passion pour les bijoux flamboyants) et ça s’échange bien. Peut-être qu’elle ira faire un tour au Caveau. Soûler les gens se révèle parfois utile. Méthode testée et approuvée.

Une heure après son arrivée, elle commence à se dire que toutes ces rumeurs, c’est de la merde. Deux informations principales ressortent : un vaccin semble se balader dans la nature et un type nommé Lazarre semble impliqué jusqu’au cou dans cette histoire. Le reste ne vaut rien. Le type aurait la peau bleue, viendrait de Mars et serait à l’origine de l’Influenza, envoyée sur Terre pour détruire la race humaine afin que les dauphins et les chihuahuas puissent diriger le monde. Elle ne sait pas trop si elle doit être amusée ou énervée. Finalement, elle est blasée. Alors, elle décide de s’arrêter à une petite échoppe pour boire un coup. On lui sert un alcool qui sent tellement fort, qu’elle en tousse alors que le verre se trouve encore sur la table. Pourtant, elle le boit cul-sec. Elle tousse encore plus fort, essuie ses yeux qui pleurent un peu mais ça lui redonne du baume aux tripes. Encore quelques verres comme ça et elle croira aux histoires de domination du monde des dauphins. Mais pas encore. Pour l’instant, elle se contente de regarder des types s’engueuler à quelques mètres d’elle. Ca lui fait un peu de distraction. Comme lorsqu’elle allait au cinéma, le vendredi soir. Rapidement, les gars commencent à se taper dessus. Ils sont vraiment mal élevés, par ici - pense la fille qui fait partie du camp des fous de la gâchette. Une femme tente de calmer le jeu en s’interposant puis en plaquant un des bagarreurs au sol. Ses petits copains ne semblent pas hyper contents de perdre un de leur compagnon de jeu. Mercy n’apprécie pas trop quand un combat est déséquilibré. Quatre contre un, c’est de la triche. Les sens légèrement brouillés par l’alcool, elle décide qu’elle va peut-être se salir les mains aujourd’hui. Elle se lève, la main sur l’arme qui pend à sa hanche puis se dirige vers la bagarre. Elle ne sait pas trop quoi faire. Si elle tue ou blesse gravement quelqu’un, ils vont la mettre au trou. Est-ce qu’ils ont une prison ici, au moins ? Elle sort son arme et la retourne, de façon à pouvoir assommer le type avec la crosse. Pourtant, elle a très très envie de lui mettre une balle dans le genou. Histoire de le calmer. Mais elle doit montrer une bonne image. Elle est une représentante du ranch, après tout. ET BIM ! Le type s’éclate au sol tandis que la blonde se tourne vers elle d’un air surpris. Mercy se contente d’un signe de tête, style cow-boy galant. A vot’ service, mam’zelle. Les bagarreurs sont peu à peu emmenés dehors. Elle espère que quelqu’un leur fera prendre une douche glacée pour les calmer un peu. Bande de barbares. "Merci je suppose ?" Elle range son arme et hausse les épaules, d’un air désinvolte. Comme si elle faisait ça tous les jours. "Même si je me le serais bien fait. Mais qui sait, peut-être qu’il se réveillera rapidement pour qu’on règle nos comptes. En espérant que t'aies pas frappé trop fort." Un sourire moqueur s’affiche sur le visage de Mercy. “Désolée, j’peux rien promettre. J’espère juste qu’il aura une sacrée migraine en se réveillant. Ca lui apprendra à prendre les gens en traître. Vous avez pas un code d’honneur ou quoi, ici ?” Non, évidemment qu’ils n’en ont pas. Ils sont presque aussi sauvage que les Chacals. Elle tend une main vers la blonde. Peut-être qu’elle va se faire une nouvelle copine. Ou une nouvelle ennemie. Pour l’instant, elle réserve son jugement. “Mercy Fisher. On boit un coup pour nous remettre de toutes ses émotions ? Je paie ma tournée. Enfin, je nous paie une tournée.” Elle n’est pas suffisamment généreuse. Faut pas pousser Jenna mémé dans les orties, non plus.

“Désolée, je pensais que vous étiez plus civilisés qu’au Stonebriar Mall. Mais vu la scène à laquelle je viens d’assister, je remarque que c’est de plus en plus le cirque par ici…” Elle se mord la langue. Elle est censé se faire des amis, des alliés et pas se mettre des gens à dos en insultant leur mode de vie. Mais l’autre blonde l’a un peu cherché. “Je vais savoir prendre soin de moi, merci.” Elle lui serre finalement la main, poussant des soupires à briser le coeur. Quelle drama queen ! Son comportement d’adolescente frustrée arrache un sourire amusé à Mercy. Et lorsqu’elle lui annonce enfin son nom, elle comprend mieux pourquoi cette frustration. Elle connaît Casey Redfield mais seulement de réputation. L’avantage d’être pote avec les Rhodes, c’est de pouvoir discuter stratégie de temps en temps et d’acquérir quelques informations utiles. Comme l’identité du chef de la sécurité des camps adverses. L’autre doit certainement s’attendre à être reconnue partout, tout le temps. Comme une petite starlette de la téléréalité. Mais la cavalière préfère faire comme si cette Casey lui était totalement inconnue. Il ne sera pas difficile de se faire passer pour une voyageuse lambda, à la recherche d’un peu de compagnie. Elle s’installe au bar, invitant d’un geste la jeune femme à la rejoindre. “Ravie de te rencontrer, Casey Redfield.”

Elle la regarde foutre un dernier coup pied au pauvre (lol nope) homme au sol, qui gémit comme un petit garçon. Vraiment, quelle violence. Mais elle ne dit rien, la laisse passer sa frustration comme elle le veut tandis qu’elle regarde le barman en levant les yeux au ciel. Bientôt, Casey la rejoint, semblant plus satisfaite que quelques minutes auparavant. Elle secoue doucement la tête lorsque Olympia est évoqué. Non, vraiment, elle aime bien y passer de temps en temps mais vivre dans ce petit bout de pseudo paradis, ça devient rapidement lassant. Son truc à elle, c’est le ranch et son ambiance bien particulière. Et ce sentiment d’être à la maison lorsqu’elle revient d’un raid plus long que les autres. “En vérité, non. Je vais là où le vent m’emmène. Ou plutôt, là où il n’emmène pas les rôdeurs et les pillards. Je viens de Dallas. Je passe d’un groupe à l’autre, histoire d’avoir un peu de compagnie de temps en temps.” Elle attrape le verre que le barman vient de déposer sur le comptoir, devant elle. Elle joue avec quelques instants, faisant tournoyer l’alcool au fond du verre avant de le boire cul-sec. Ca pique un peu mais ça réveille. “J’avais envie de me poser un peu, histoire de reprendre des forces. Ca fatigue d’être toujours sur la route. J’suis arrivée il y a environ deux jours. Et toi, tu fais quoi ici ? A part botter le cul des types comme lui.” Elle désigne le type toujours au sol. Il ne sera certainement pas capable de se remettre debout avant d’avoir désaoulé. “J’ai entendu quelques rumeurs aussi, je voulais savoir si c’était vrai ou pas. La curiosité est un vilain défaut, ça me tuera sûrement un jour mais que veux-tu. J’y resiste pas bien. Un peu comme le café. Putain, ça me manque tellement, le café.” C’est un peu vrai. Elle avait pour habitude de boire au minimum cinq cafés par jour, avant tout ça. Lorsqu’elle travaillait dans son bureau, en haut d’un beau immeuble moderne qui brillait au soleil. Maintenant, elle empêche des bonnes femmes d’assommer des mecs bourrés. La promotion de rêve.

Mercy hausse les épaules, dans un geste désinvolte. C’est vrai que désormais, les apparences sont trompeuses. On trouve de tout chez les Jackals : des pervers narcissiques, des tarés à la recherche de pouvoir et de contrôler, des dingues qui se croient dans une série télévisée, des faibles en quête de protection, des gens normaux mais perdus qui se sont un peu retrouvés là par hasard, sans vraiment savoir comment. Elle aurait pu faire partie de leur clan. Si elle n’avait pas su se traîner jusqu’au ranch des Rhodes, peut-être qu’elle se serait tournée vers le centre commercial dirigé par les Chacals. Le hasard, le destin, la loose, toussa, toussa. « J’ai jamais dit que j’avais fait un tour chez les Jackals… Mais qui n’est jamais tombé sur l’un d’entre eux ? » Tomber sur un Jackal, c’est un peu le summum de la malchance. En plus de tomber sur un rôdeur (ou deux). Heureusement, les Rosario étaient actuellement trop occupés avec leurs petits jeux de pseudo Roi et Reine (du bal) des bouffons pour réellement mettre des plans machiavéliques en place. Si vous tombez sur un relou psychopathe, vous aurez peut-être le bol de vous en sortir sans trop de bobo. Si vous tombez sur un groupe de relou psychopathes, clairement, vous êtes dans la merde. Ils ne sont pas tous des connards. Mais la plupart, si, quand même. Et leurs dernières actions – surtout à Olympia – n’arrangent pas leur réputation.

Elle lâche un rire amusé. Elle n’a pas peur d’être tuée ici. Jackson était planqué un peu plus loin, tel un chien fidèle. Certes, elle a beaucoup de considération pour lui. Il est son meilleur allié, son meilleur-amant. Son gage de vie. Sans lui, elle serait morte depuis longtemps. Ou paumée au Stonebriar. Ou pire, planquée à Olympia. Alors ouai, elle se savait relativement en sécurité. « Autre le fait que tu puisses être accusée, pourquoi est-ce ça te donnerait du boulot ? Tu es une sorte de Sherlock Holmes qui résout tous les crimes de la Carrière ? » Elle l’observe, cette jolie blonde au fort caractère, tandis qu’elle s’appuie au bar pour la regarder. Dans une autre vie, dans d’autres circonstances, Mercy aurait peut-être tenté un truc avec la jolie Casey. Mais sa fidélité envers son clan l’empêche de trop fraterniser avec les camps adversaires – aussi alliés soient-ils. « Pourquoi, toi tu n’y crois pas ? » Elle boit une gorgée d’alcool qui lui brûle la gorge. La sensation lui arrache un frisson qui traverse son corps en une douce vague de chaleur. Elle ramènera peut-être une bouteille ou deux au ranch. « En fait non, je n’y crois pas. Enfin, pas vraiment. Disons que l’éventualité d’un vaccin est intéressante. Imagine un peu s’il existe vraiment. Ça serait une vraie chasse à l’homme, une chasse au trésor. Le premier à mettre la main dessus dirige l’univers. » Elle sourit, ses propres mots l’amusent. C’est comme se souvenir d’un vieux film. « Il faudrait être naïf pour ne pas penser aux conséquences d’une rumeur. », dit-elle en lançant un clin d’œil à la femme qui lui fait face. « Alors j’essaie d’en savoir un peu plus, histoire d’éviter les ennuis. Malheureusement, l’apocalypse n’a pas mis fin aux intrigues politiques. »

« Donc si je résume un peu rapidement : tu cherches des infos sur le vaccin pour être maitre… maitresse de l’univers ? » Mercy lâche un rire amusé. Vraiment, elle pourrait s’entendre avec Casey. Si elles avaient été dans le même camp, elles auraient même pu devenir amies. Mais Mercy est loyale. Tout ce qui n’est pas un cavalier ne mérite pas son amitié. Un peu de compassion certainement, quelques rires par-ci par-là. Mais jamais de réelle affection. « Crois-moi, je n’ai aucune ambition. » Vrai. Mercy n’est pas un leader né comme peut l’être Abel Rhodes. Elle se contente de suivre le courant de la vie, de survivre comme elle peut. « Je refile volontiers le rôle de maîtresse de l’univers à quelqu’un d’autre. Tu es intéressée ? On pourrait créer un camp d’Amazones, ça pourrait être sympa. On seraient toutes puissantes ! » C’est une idée intéressante, séduisante. Réalisable, désormais dans ce monde apocalyptique. Mais ça demande trop d’efforts. Et puis, Mercy aime trop la gente masculine. « T’es venue seule ? Parce que pour quelqu’un qui veut dominer le monde, il te faudra un peu plus qu’un flingue et une belle gueule, tu t’en rends compte ? » La blonde hésite. Révéler l’existence de Jackson peut lui faire perdre un atout important. Elle ne connaît Casey que des rares bribes de rumeur. Elle ne lui fait pas confiance. Mais elle ne fait jamais confiance à personne. « J’ai quelques amis qui font quelques courses. Je dois les rejoindre plus tard. » Elle ne donne aucun nom, aucun signe distinctif. Ne pas donner trop d’informations. Mais bientôt, Casey se perd dans ses réflexions. Mercy garde le silence, se contente de l’observer. Vraiment, elle pourrait se laisser convaincre par cette femme dont le caractère fait écho au sien, bien qu’avec plus de force. Mercy semble plus discrète, dans l’observation plus que dans l’action. Une sorte de cassure chez Casey qui lui crierait de tenter une intervention, une mission de sauvetage d’une âme en dérive. On ne cherche pas la bagarre pour le simple fait d’aimer se battre. Une aventure peut-être, si Mercy se laissait tenter une nouvelle fois par une femme – c’est déjà arrivé. Mais une nouvelle fois, le mur de la loyauté est bien là, incassable. Cette pensée fait sourire la jeune femme. « Quelque chose cloche sérieusement dans cette histoire de vaccin. » Elles se fixent du regard, désormais. Mercy est d’accord mais elle n’est pas là pour réfléchir, simplement pour faire parler les gens et récolter un maximum d’informations. Casey semble d’humeur bavarde. Tant mieux. « Tu risques plutôt de t’attirer des ennuis que de les éviter en cherchant cette chimère. Enfin bon… T’as déjà vu les deux rigolos qui accompagnent Lazare ? Ou t’as déjà vu Lazare simplement ? » Mercy hausse les épaules. « Je ne recherche rien du tout. Je ne fais que papoter avec des inconnus en leur offrant un verre. Et non, je n’ai jamais vu les gardes du corps de Lazare. Ni Lazare. Les rumeurs disent qu’il ressemble à une espèce de nouveau Jésus mais ça reste des paroles en l’air, impossible à vérifier. Pour être honnête, je pense qu’il s’agit simplement d’une grande illusion. Je ne serai pas étonnée que l’histoire provienne d’Olympia. Ça serait bien leur genre. Lancer une grande parade semi-religieuse pour redonner espoir à l’humanité et détourner l’attention de leurs problèmes. Sauf que les gens parlent et que l’histoire se serait propagée en dehors des murs de la ville. » Elle se sert un nouveau verre, remplit en même temps celui de Casey. Elle ne boit qu’une petite gorgée. « Qu'est-ce que tu penses de tout ça ? Il est possible qu'il soit passé par la Carrière ? »

« C’est bien le désert. Si l’endroit est bien fortifié, on peut voir les gens – ou les choses – arriver de loin. Et puis franchement, est-ce qu’un camp uniquement composé de femmes pourrait être pire qu’un camp uniquement composé d’hommes ? Avec de la discipline, ça pourrait fonctionner ! » Oh le vieux rêve d’un camp d’amazones. Ça lui aurait bien plu à Mercy. Si elle n’avait pas autant aimé les hommes (même si parfois, s’amuser avec une nana n’est pas de refus). Elle boit une gorgée, puis deux. Elle supporte bien l’alcool normalement mais elle n’a pas bu depuis longtemps. Elle commence à avoir chaud, tire sur le col de sa veste pour s’aérer un peu, essuie son front en sueur. « Je suis plus utile ici qu’à marchander, crois-moi. Jamais été douée pour ça. » Par contre, pour papoter et soutirer des informations l’air de rien, ça ouai, elle est douée. Du moins, tant qu’on ne la reconnaît pas. Par chance, elle n’a jamais traîné assez longtemps à la Carrière pour qu’on connaisse son nom. A part un ou deux privilégiés peut-être. « Et toi, t’es pas censée bosser au lieu de boire un coup avec une inconnue ? Je te plaît tant que ça ? » Elle lance un sourire à la blonde à côté d’elle, signe qu’elle plaisante. Un peu. Parce que vraiment, si c’est comme ça que la chef de la sécurité de la Mine fait son boulot, ça doit être le bordel tous les jours. Mercy se dit qu’elle pourrait tenter de placer quelques espions à la Mine. Pour voir. Juste pour voir.

Elle écoute les hypothèses de Casey, ses doutes concernant le fameux Lazare, enregistre chaque information qui pourrait être utile. Mahony ? Qu’est-ce qu’ils pourraient foutre dans une ville paumée comme Mahony ? Il faudrait sans doute qu’elle y fasse un tour, si ce Lazare y a séjourné quelques temps. Mais plus le temps passe, plus Mercy se range à l’avis de Casey. Toute cette histoire est délirante. Elle veut bien croire en un vaccin mais les circonstances de cette soit disant révélation sont étranges. « Risquer ma vie, non. D’autres seront plus courageux – ou plus idiots – pour se rendre à Houston et venir raconter ce qu’ils y ont vu. Avec un verre ou deux d’alcool fort dans le nez, ça devrait passer. » Elle reste silencieuse quelques instants, réfléchissant aux différentes options. Elle sait à qui elle ferait appel si Abel décidait d’envoyer des éclaireurs à Houston. Mais elle croise le regard de Casey et cette petite étincelle bizarre qui y brille. « Quoi qu’avec un bon partenaire, ça me dérangerait pas d’aller prendre quelques vacances à Houston. Si jamais tu connais quelqu’un… » La Mine n’a peut-être pas l’intention d’y aller mais Casey, elle, est peut-être à partir à l’aventure.

Mercy repose son verre un peu trop fort sur le comptoir du bar. Elle vient de se souvenir de quelque chose. Une histoire racontée par son père – survivaliste depuis l’adolescence – avant qu’elle ne parte à Austin. Il y a bien quelque chose à Houston et ça pourrait être lié à un vaccin miraculeux. Si elle se souvient bien, le CDC avait installé un centre à Houston, près d’une gare ou d’un aéroport. Elle ne se souvient pas s’il s’agissait d’un centre de recherche ou de quarantaine. Mais tout ce qui touche au CDC pourrait être lié à cette histoire de Lazare. « Tu connais bien Houston ? » Elle ne sait pas si elle peut se fier à Casey Redfield. Mais elle semble intelligente. Et elle a besoin d’un avis. Pas besoin de lui parler du CDC. Elle garde ça pour Abel. Après tout, ce sera à lui de prendre la décision finale.

« En gros, t’as jamais de vacances quoi. Bon, avoues qu’il y a pire comme boulot que de tabasser des vauriens comme lui, dit-elle en désignant le type inconscient sur le sol, et que de boire un verre avec une gentille copine rigolote comme moi » ajoute-t-elle en souriant. Elle a un peu l’impression d’être dans le monde d’avant. Dans son ancienne vie, à profiter d’une soirée entre amis dans leur bar habituel. Sauf que Casey était encore une inconnue quelques minutes plus tôt. Et qu’il ne s’agit pas de sa ville. La discussion est vite ramenée à ce qui l’intéresse. Le sujet de sa venue à Hamilton. Elle secoue la tête. « J’ai jamais été à Houston. » Cette fois, elle dit vrai. « D’où l’utilité d’un guide. » Elle comprend la situation de Casey. Bien sûr, elle ne peut pas se permettre de partir à l’aventure comme ça, en mode yolo. Elle repose son verre, se redresse un peu. Elle aurait aimé que Casey l’accompagne. Mais Mercy a également ses propres obligations. Elle n’ira pas à Houston sans l’autorisation d’Abel. « J’explore toutes les pistes intéressantes. Si ce n’est pas Houston, ça sera une autre ville. Il doit bien y avoir quelque chose, quelque part. Peut-être pas un remède ou un vaccin. Mais quelque chose. » Elle se laisse parfois emporter par son idéalisme. « Écoutes, je comprends. Tu as des obligations ici. Je trouverais bien quelqu’un par ici, non ? Ou alors, je trouverais une carte quelque part. Je suis débrouillarde. » Elle se lève, s’étire comme un chat, comme si elle se réveillait d’une sieste reposante. Alors qu’elle est crevée as fuck. « Je vais rester dans le coin quelques jours. Si jamais tu changes d’avis ou que tu réussis à te libérer pour quelques semaines de vacances, tu sais où me trouver. » Elle pose une main sur l’épaule de Casey. Un geste amical. Une promesse peut-être ? Elles finiront bien par se retrouver à un moment ou à un autre. Dans quelles circonstances ? Mercy l’ignore. Peut-être lors d’une réunion entre les dirigeants de leurs deux camps. Alors, Casey apprendrait la vérité. Commencera alors une nouvelle amitié. Ou une nouvelle guerre. Peu importe. Ça serait dommage quand même. « Et si jamais tu t’ennuies, tu peux toujours m’inviter à prendre un verre. Je ne pourrais pas te refuser ça, je suis trop gentille. Surtout si je dois t’empêcher de tabasser tous les types qui passent dans ce bar. » Elle lance un sourire taquin à la blonde toujours assise. « Ravie de vous avoir rencontrée, Casey Redfield… », dit-elle cette fois, avec un sourire séducteur.