Sujet: survival tip no. 1 : do not die (ada) Jeu 9 Fév - 1:44
survival tip no. 1 : do not die
ada & arte
Précédemment, dans Tout le monde déteste Arte:
Jour trente-et-quelque-chose. A l'horizon, rien de neuf. C'est le constat qu'elle fait à peu près tous les matins depuis qu'elle est partie d'Olympia. Il y a eu quelques jours où des rôdeurs étaient à portée de vue, voire à portée de main, mais le plus souvent, c'est à sa solitude grandeur nature qu'Arte est confrontée au lever du soleil. A la solitude, et à la morsure du froid, quand elle s'éveille dans une couverture tâchée de sang, installée sans confort à la place conducteur de son 4x4, son M16 sur les cuisses. Il n'y a plus d'essence depuis le jour vingt-et-quelques, donc le jeune médecin campe sur le bord de la forêt depuis un peu moins de deux semaines. C'est plus sûr que de rester sur ses pattes, mais elle commence à sérieusement s'emmerder à regarder les jours défiler sans savoir quoi faire pour s'occuper. Elle compte encore sur sa chance, pourtant inexistante jusque là, de trouver de quoi revenir sur ses pas. Si une voiture passe à proximité, elle se l'est promis, elle ne cherche pas à comprendre et exécute les passagers.
Jour quarante-quarante-cinq. La roue n'a pas tourné (les roues non plus mais ça, ça n'a rien d'étonnant) ; Arte a finit par craquer... Comme son QG a fini par la laisser tomber. Un groupe de réanimés a réussi à faire basculer le 4x4 dans le fossé, avec elle dedans. Il lui a fallut plusieurs heures pour se sortir de ce merdier, des bosses dans le dos, des bleus sur les côtes et sur son visage pas tout à fait net d'avoir traîné si longtemps dans une forêt, la trace que laisse un M16 quand il vous tombe sur la gueule. Elle s'était fait un plaisir, après ça, de leur vider le crâne mais ça n'avait pas suffit à réparer leurs torts. Alors après avoir fourré le peu qu'il lui restait d'amo et de nourriture dans un sac à dos, elle avait entreprit de descendre la route qui longeait la forêt ; quitte à s'exposer à d'autres dangers, autant le faire en mouvement.
Une poignée de jours après quarante-quarante-cinq. Mauvaise rencontre, mauvais réflexes, nez cassé et munitions à sec : autobiographie d'une désespérée qui a abandonné l'homme de sa vie, la communauté qui l'avait accueillie et le confort de son lit parce que quelque chose clochait chez elle. Arte se maudit plus que jamais quand elle comprend qu'elle est non seulement trop loin de l'endroit où elle voulait se rendre, mais aussi perdue dans la cambrousse texane la plus totale. A sa droite, des arbres ; à sa gauche, encore plus d'arbres. Et en face d'elle des cadavres affamés, chicots pourris, doigts crochus, prêts à lui sauter dessus. Huit, neuf, dix... Quinze, seize, puis trop pour les compter, surtout trop pour un seul malheureux couteau. Mais il serait trop stupide de rebrousser chemin maintenant, surtout quand elle progresse dans cette direction depuis si longtemps. Arte peste. Son nez lui fait un mal de chien, et elle préfère ne pas parler des plaies qui traînent sous ses fringues qui empestent. Un miracle, que les rôdeurs lui trouvent encore un parfum de comestible, d'ailleurs, parce que tout ce qu'elle sent sur elle, c'est la transpiration, le sang et le musc tout particulier du tas de merde dans lequel l'homme qui lui a pété le nez l'a poussée (dans lequel elle s'est poussée toute seule, très bien). Elle n'a plus le temps de réfléchir. Ils arrivent à vitesse grand V, surtout pour elle que la faim et la soif ont ralentie presque de moitié. A s'y méprendre, elle ressemble à l'un d'entre eux... Et pourtant ils s'acharnent à essayer de l'attraper quand elle décide de tirer avantage d'une ouverture dans le groupe (Gertrude n°22 s'est cassée la cheville sur un gros caillou, a fait tomber Albert n°53, semant discorde et chaos dans la chorégraphie) pour taper un sprint qui aurait fait pâlir d'envie Usain Bolt. Pas loin des neuf secondes cinquante-huit anachroniques, vraisemblablement plus près des dix-huit (mais eh, toujours plus rapide que Gertrude, Albert, Patrick et Gudule), elle explose un nouveau record dans la discipline olympique courir à jeun avec vingt zombies collés au cul.
Elle vient de se taper un sprint que ses organes n'approuvent pas le moins du monde, et tout son corps se plait à le lui rappeler. La douleur que provoque l'adrénaline quand elle se retire, lui donne envie de crier à s'en déchirer les cordes vocales, mais Arte sait trop bien que le moindre son risque d'ameuter les rôdeurs qui ne se sont pas déjà mis en tête de partir dans sa direction. Elle voit encore leurs silhouettes tanguer à l'horizon, quelques deux cent, trois cent mètres plus loin, et elle devrait sans doute tout faire sauf s'arrêter à cette distance, mais ses jambes la lâchent et son corps percute le macadam. Elle se dit qu'elle aurait dû tenter le slalome entre les peupliers quand sa joue s'écrase sur la ligne blanche, que sa tête rebondit une fois ; mais après ça ses yeux se ferment, et elle n'a plus le temps de penser quoi que ce soit.
"Putain de merde..." sont les premiers mots qui lui sortent de la bouche quand la jeune femme se réveille, au même endroit que quelques secondes plus tôt, peut-être minutes. Peut-être heures, d'ailleurs, elle ne peut pas en être sûre - mais elle n'y croit certainement pas, sa chance ne lui aurait pas permis de survivre aussi longtemps inconsciente. Le seul indice du temps qui s'est écoulé entre l'instant où elle a perdu connaissance et celui où elle l'a retrouvée se trouve à moins de trois pas de son corps encore largement cotonneux. Seul comme un sale clebs, le rôdeur n'est pas loin de la surplomber, de fondre sur elle et d'en faire son goûter, et ce n'est pas vraiment une perspective qui conquit Arte. Difficilement et en griffant ses paumes sur le bitume, elle tente de reculer. Ses talons glissent sur le sol comme des allumettes sur du papier de verre. Éventuellement les pieds du réanimé le trahissent, s'emmêlent et comme le médecin l'avait prédit, le corps qui n'a plus que la peau sur les os lui tombe dessus. Elle pousse un cri. Un seul cri.
Cri qui s'étrangle, qui se meurt en sanglots. "Non ! MERDE, NON !" Une main tente de maintenir les poignets du mordeur, l'autre d'éloigner son visage du sien en serrant sa gorge. Ses doigts s'enfoncent dans la chair putréfiée, dans sa trachée. Un liquide visqueux, vaguement rougeâtre, lui tombe dessus et elle se mord l'intérieur de la joue pour ne pas vomir ses tripes.
Ce doit être la façon dont le karma la remercie d'avoir si bien veillé sur Olympia. Jusqu'à ce jour-là, elle ne le pensait pas, mais quand ses yeux se perdent dans l'unique pupille translucide du rôdeur, Arte commence à croire qu'elle a mérité tout ça. Mérité de se faire balancer dans un fossé, mérité de se faire piller, mérité de se retrouver avec le nez cassé. Et que maintenant elle mérite de crever seule, loin de tout ce qui compte vraiment pour elle. C'est la façon qu'a choisie l'univers pour la punir, sans doute. La vagabonde rit quand elle sent ses coudes faiblir, et son heure plus proche que jamais. Elle n'a même pas la présence d'esprit d'implorer les cieux de lui donner une seconde chance. Et Arte pense même, en se trompant, que si on la lui proposait, elle cracherait dessus.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Lun 20 Fév - 20:09
♔ Arte & Ada
« survival tip no. 1 : do not die.
Quatre jours. Quatre jours qu’elle marche dans les pas d’une inconnue notoire. C’est long à force, mais c’est l’unique moyen de s’assurer des capacités d’un survivant. C’est sa technique à elle, elle n’est pas du genre frontal, à débarquer et poser des questions, tuer si la personne se révèle inintéressante. Non, elle file les gens, Ada, elle les laisse mener leur petit bout de chemin en solitaire s’ils s’avèrent sans grande importance. Pas de casse inutile donc. Pas de confrontation qui n’en vaille pas réellement la peine. Pas de paroles usées. Pas de risques superflus. Elle a donc suivi une infime partie du périple, ou plutôt des mésaventures en chaîne, de cette fille qu’elle ne connait ni d’Eve ni d’Adam. La parfaite inconnue par excellence. Heureusement, elle se révèle un minimum intéressante, preuve qu’elle n’a pas perdu son temps pour rien cette fois-ci. Il n’y a rien de plus frustrant que de s’investir pour finalement s’avérer complètement déçue et désillusionnée. Rencontre calamiteuse. Nez cassé. Horde de putréfiés. Malchance en tous genres. Certes elle n’a guère été épargnée et pourtant, elle respire encore. Preuve d’un minimum de débrouillardise et d’ingéniosité. Ou alors, signe que toute personne ayant des jambes et sachant courir à ses chances. Ah oui, ils ont été sportifs, ces quatre derniers jours. Pas de repos entre deux galères. Elle l’a perdue à un moment, dans la confusion, parmi les morts qui semblent se multiplier sans cesse ces derniers temps. Couvrir ses traces ne semble pas dans les habitudes de celle qui se place en bonne position de nouvelle recrue. Une chance d’ailleurs. Elle l’a retrouvé quelques heures plus tard, trainant ses guibolles fatiguées. Elle aurait pu intervenir à ce moment-là, mettre fin à cette filature. Elle aurait très bien pu intervenir plus tôt également, avant, lui venir en aide à plusieurs reprises. Mais non. Il fallait qu’elle lui prouve inconsciemment sa valeur. On ne ramène pas n’importe qui à Crimson Valley, pas elle en tout cas. Et pour l’instant, elle en bonne voie pour devenir autre chose que " n’importe qui ". Y’a de l’espoir.
Elle soupire, cale son dos contre un vieil arbre en bordure de route, glisse le long de l’écorce, ses jambes cèdent à son tour, sous le coup de la fatigue. Elle observe l’inconnue, gueule contre le bitume, boit une gorgée d’eau salvatrice. Elle est là, étendue à quelques mètres d’elle, à bout il semblerait. C’est si absurde d’abandonner de la sorte et elle sait de quoi elle parle, après quatre ans de solitude, quatre ans avec pour unique compagnie son esprit brisé. Un coup d’œil derrière son épaule lui indique qu’elles ont encore quelques minutes devant elles avant que la mort ne les rattrape à nouveau. Soit elle se relève et elle lui tend la main. Soit elle reste à terre et elle crève. Une chance sur deux. Ada n’a aucun problème de culpabilité et ce, depuis bien trop longtemps. Elle ne s’en encombre plus. Le monde est dur, tragique, pour elle, pour cette fille, pour tout le monde, alors oui, elle a tiré un trait sur ce genre d’émotion superflue. Bass ne serait pas fier. Elle s’en fiche après tout, non ? Elle hausse les épaules. Oui, elle s’en fout, du moins, c’est ce qu’elle s’évertue à se dire. Un son fend l’air. Puis un cri, un sanglot, un juron de désarroi. Elle relève la tête, contemple la scène sans sourciller, le rôdeur ne semble même pas la calculer. Elle est invisible, simple spectatrice. Le moment critique se présente. Le fameux moment. Celui qu’elle attend depuis quatre jours. Elle se dresse sur ses deux jambes, agrippe fermement son poignard. Un pas, deux pas. Un coup de pied dans la carcasse puante et la lame transperce la dernière pupille vicieuse du cadavre. Elle souffle, frotte la lame sur son jean. « C’était moins une. » Elle lui tend la bouteille d’eau, scrute la surprise déformant la moindre parcelle de son visage. « Tu peux rester là, à papillonner des yeux en attendant les morts ou on peut se bouger. Je connais un endroit. » à force de sillonner le paysage texan à la recherche de recrues, elle a repéré pas mal de coins sûrs. En l’occurrence une cabane, à environ un kilomètre d’ici vers le sud. Elle n’attend pas de réponse, tourne les talons et s’éloigne déjà. Qui l’aime la suive ou pas.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Mer 22 Fév - 22:41
survival tip no. 1 : do not die
ada & arte
L'arrière de son crâne cogne contre le bitume. Elle ferme les yeux en essayant de canaliser le peu de force qu'il lui reste : il est clair qu'elle ne s'en ressortira pas vivante à ce stade, et pourtant elle consomme chaque seconde de ce dernier instant de lucidité dans le but honorable, mais stupide, de repousser l'inévitable. Quantités de jurons lui échappent tandis qu'elle serre les dents, qu'elle ricane sans espoir, faite à l'idée qu'elle va vraiment en finir dans ces circonstances absolument affligeantes. Au moins personne n'y assistera, à cette fin sans saveur, se dit Arte, et la pensée qui devrait la réconforter ne le fait pas tout à fait. Et puis tout s'arrête. Il y a encore un instant où elle ne réalise pas sa chance et que son corps reste inerte sur le macadam, comme punaisé au sol quand bien même le poids du rôdeur ne l'y retient plus. Elle se demande si c'est ce qu'elle est censée ressentir à cet instant. Elle sait que la sensation qui la parcourt n'a rien de celle qui vous étreint quand la mort vient ; et la jeune femme sait en grande partie ceci parce que la douleur qu'elle a dans les entrailles n'a rien de nouveau, elle la traîne depuis qu'elle a quitté Olympia. Il y a aussi un court instant où elle regrette que tout ne se soit pas arrêté dans cette mascarade de conneries, que les mâchoires du rôdeur n'aient pas mis fin à la suite infernale de mésaventures qui lui pleuvent sur la gueule depuis des semaines. Et enfin, il y a l'instant où ses yeux se rouvrent et que la violence de son existence la percute de plein fouet : il n'y a plus de doutes, elle est encore en vie.
Son regard se fige sur la silhouette qui l'a sauvée d'une mort certaine, et toute émotion s'évanouit. Son visage, déjà livide, se vide encore. Ce n'est alors pas tant la surprise qui inonde ensuite ses traits qu'un air de pas vouloir y croire. « C’était moins une. » Arte hoche la tête, scrute la blonde, qui la scrute aussi, et tend finalement son bras encore fébrile pour saisir la bouteille d'eau tandis qu'elle se redresse difficilement. Arte a trop soif pour être méfiante ; elle ouvre la bouteille et amène le goulot à ses lèvres sèches sans y repenser à deux fois. Elle est encore sous le choc, clairement ; son esprit échoue à se reconnecter au réel. Son regard loin à l'horizon à présent, elle expire tout l'air de ses poumons. « Tu peux rester là, à papillonner des yeux en attendant les morts ou on peut se bouger. Je connais un endroit. » L'inconnue a raison : il n'y a pas de temps à perdre, le petit groupe de réanimés qu'Arte a dépassé en piquant le sprint du désespoir est loin d'être un cas isolé, et pourrait de toutes façons décider de revenir sur ses pas. Rester statique n'est pas une bonne idée. Elle avale encore quelques gorgées d'eau et s'essuie le visage dans le revers de sa manche avant de ne se mettre en marche, et les quelques vingt-cinq premières secondes du périple, le médecin ne trouve pas le moindre commentaire à faire. Les vingt-cinq premières secondes, elle suit aveuglement l'inconnue, et ensuite marque un temps d'arrêt. Elle observe rapidement l'allure de la jeune femme devant elle et fronce les sourcils. « C’est quoi le plan, exactement ? » demande-t-elle en croisant les bras.
Elle n'a pas peur de l'inconnue, loin de là ; elle n'en est pas méfiante non plus : il faut aussi dire que la jeune femme vient de lui sauver la vie, et bien qu'elle n'ait pas articulé le moindre merci (et ne compte sans doute pas le faire de si tôt), elle lui est reconnaissante comme elle l'a rarement été envers qui que ce soit d'autre. Elle n'est juste pas assez stupide pour croire que ce geste d'altruisme puisse être totalement gratuit. Ça ne marche plus comme ça, aujourd'hui. « Crois-moi, je sais que j'ai l'air d'avoir besoin de quelqu'un, mais... » La brune fait aussi bien allusion à la situation fâcheuse dans laquelle la recruteuse (car il paraît évident qu'il en s'agisse bien d'une) s'est illustrée en sauveuse et héroïne, qu'à son piètre état physique. Outre ses forces largement diminuées, Arte est en effet couverte de boue ou de poussière, et dansent sur sa veste dont le kaki est passé des tâches de sang plus ou moins denses. Le sien, celui de cet enfoiré de l'autre jour, celui de mecs déjà morts... Elle jette encore un très rapide coup d’œil par dessus son épaule. La fin de sa phrase s'écrase. « C'est quoi le plan ? » elle réitère, entre curiosité et anxiété, tandis qu'elle emboîte plus franchement cette fois le pas à son interlocutrice - tant que son corps lui permet de marcher. Elle ignore sur quelle distance encore la jeune blonde compte la traîner.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Mar 28 Fév - 23:28
♔ Arte & Ada
« survival tip no. 1 : do not die.
Elle s’avance dans la forêt d’un pas assuré, adoptant immédiatement un rythme soutenu. Elle n’a pas envie de traîner dans le coin ni même de s’éterniser. Et puis, il faut dire que l’image du minuscule chalet agrémentée de quelques vivres, couvertures et d’un feu de bois, est on ne peut plus motivante. Son dos la fait souffrir, son sac est trop lourd pour ses épaules et les fourmillements s’élançant dans ses mollets trahissent une certaine fatigue. Il temps qu’elle fasse une pause, elle en a besoin. Parfois, elle repense à ses quatre années de solitude, s’étonnant encore à l’heure actuelle d’avoir tenu bon tant d’années, d’avoir repoussé ses limites au fil des jours. L’instinct de survie, phénomène impressionnant. Elle ne pourrait pas revivre tout ça, pour tout dire elle n’est pas certaine d’en avoir encore la force et le courage, peut-être qu’elle se laisserait dépérir, ou peut-être que non. Personne ne peut prévoir. De toute façon, la question ne se pose pas. Ça l’arrangerait d’ailleurs que cette dernière ne se pose plus jamais.
Elle esquisse un sourire, Ada, à l’entente d’un bruissement de feuillage lui indiquant la présence de l’inconnue juste là, derrière elle, à quelques pas. Donc, la curiosité de celle-ci est attisée. Un bon point pour la recruteuse. Le silence s’installe pendant une poignée de secondes indéfinissable. Elle ne le brise pas, pas son genre, garde le cap vers le sud. Elle n’a jamais été troublée par ce dernier, au contraire, ça repose les esprits après tout. Quelques mots fendent l’air. Des mots justifiés. Le plan ? Ne pas crever, déjà, ne pas terminer en gamelle pour putréfiés. Sort peu alléchant, sort qu’elle n’a souhaité qu’à une seule et unique personne en sept années. Elle secoue légèrement la tête, chassant cette pensée de son esprit, elle ne veut pas y resonger, elle ne veut pas repenser à lui. Encore trop douloureux, encore trop frais malgré les années écoulées. Elle ne prend pas la peine de s’arrêter, de faire face à l’inconnue, la clarté ne fait que faiblir, le temps ne joue pas en leur faveur. La forêt de nuit, mauvais plan. Très mauvais plan, à éviter donc. Elle laisse planer le suspense encore un peu. Non pas qu’elle aime jouer, elle apprécie surtout le contrôle en réalité. « Le plan pour l’instant se résume à un chalet, au sud, à moins d’un kilomètre maintenant. La nuit ne va pas tarder, évitons de traîner. » Clair et assez concis. De toute façon, la brune n’a pas l’air d’être du genre à aimer la conversation superflue. Un bon point d’ailleurs. « C’est tout ce dont tu as besoin de savoir pour le moment. » Le ton est neutre, aucune froideur, peut-être un peu brusque certes. Elle n’est pas vraiment connue pour sa douceur, Ada, pas du tout même. Trompeuses les apparences, n’est-ce pas ?
Le silence. À nouveau. Plusieurs minutes s’envolent. Elle se demande qu’est-ce qui peut bien trotter dans la caboche de sa nouvelle recrue. « Tout le monde a besoin de quelqu’un. On a toujours besoin de quelqu’un à un moment ou un autre. L’être humain n’est pas un animal solitaire. » Ses paroles font échos à celles de la jeune femme, avec du retard pour sûr. Le fait est qu’on a beau se voiler la face, la solitude ronge, lentement, presque imperceptiblement, puis un beau jour, on se retrouve au fond du gouffre, au bord de la folie. « Ada. » qu’elle souffle d’une voix claire. « Je m’appelle Ada. » Parce que les présentations s’imposent tout de même. Il faut dire qu’elle aimerait également pouvoir mettre un nom sur le visage de la fameuse inconnue aux multiples malchances. « Et toi, comment je dois t’appeler au juste ? » Elle ralenti la cadence cette fois-ci, se retrouvant désormais coude à coude avec l’autre fille, elle plonge ses prunelles interrogatrices dans les siennes, sans gêne. « À moins que tu préfères que je te surnomme la malchanceuse. » Elle sourit, légèrement, brièvement. « Ou Caliméro. » Du pareil au même. Les deux sont de circonstances.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Mar 7 Mar - 22:02
survival tip no. 1 : do not die
ada & arte
« Le plan pour l’instant se résume à un chalet, au sud, à moins d’un kilomètre maintenant. La nuit ne va pas tarder, évitons de traîner. » Arte hoche la tête: la perspective est plus que motivante. Elle pense néanmoins qu'elle s'en souviendrait, si elle était tombée sur un chalet au milieu de la forêt de Pedernales Falls, le long de son voyage. Mais la vérité, c'est qu'à l'aller elle roulait bien trop vite pour mémoriser de potentiels endroits de repli (elle estimait aussi ne pas en avoir besoin), et que sur le chemin du retour, elle ne s'était jamais vraiment aventurée à l'intérieur de la forêt et s'était simplement contentée de longer la route. Un mauvais plan comme un autre... Arte ne commente pas les propos de la blonde, trop occupée à faire le tri dans son esprit. Elle se demande si elle fait bien de la suivre, mais ne s'arrête pas, le regard rivé sur la silhouette qui avance un peu plus vite qu'elle. Si les choses tournent au vinaigre, la jeune brune se figure qu'elle pourra toujours tuer la jeune femme. Elle a encore de quoi le faire, un coup de couteau est si vite arrivé. Elle n'aura aucun remords, ou alors seulement les premières heures, et se figurera que c'est ainsi que l'expérience s'organise aujourd'hui, qu'il y a des sacrifices à faire pour survivre et qu'il vaut généralement mieux sacrifier les autres que soi-même. Arte est cynique à sa propre façon. Mais elle doit s'en rendre compte à un moment, comme les doutes se dissipent : elle a plus de chances avec la blonde que sans.
Quand sa sauveuse énonce ce qu'Arte sait déjà, à savoir que l'homme n'est pas un animal solitaire, elle se renfrogne, bien à l'abri du regard de la jeune femme. Elle aimerait qu'il en soit autrement. Si ces dernières semaines lui ont appris quelque chose, c'est qu'elle ne peut pas s'en sortir seule. La solitude, dont Ada dirait qu'elle ronge imperceptiblement, l'a bouffée sans la ménager, elle. Chaque jour plus grande, plus forte. Chaque soir présente, comme un pieu dans son ventre, dès qu'elle fermait les yeux la joue contre le cuir glacé du siège du 4x4. Et ça n'était pas pareil que la première fois... Quand le médecin avait quitté l'hôpital, il avait été saccagé par une horde de rôdeurs. Il n'y avait plus rien du groupe qu'elle avait côtoyé pendant cinq ans, quand elle y était revenue le lendemain de l'attaque. Elle s'était dépêchée de récupérer les données qu'elle pouvait récupérer et s'était faite la malle sans demander son reste. De beaucoup elle avait vu les visages tuméfiés et transformés par la Faim, transformés par la mort. Elle avait couru, leur sang sur les mains, sur les joues aussi. Bien sûr elle aurait pu se battre à leurs côtés avant que la balance ne penche en leur défaveur, et elle ne l'avait pas fait, mais leur disparition ne pesait pas sur sa conscience. Elle s'était retrouvée seule indépendamment de sa volonté. Quitter Olympia, Arte l'avait fait de son plein gré, quand bien même elle n'arrive pas exactement à mettre le doigt sur les raisons qui ont fait qu'elle ne pouvait plus y respirer.
« Arte, » répond sobrement l'intéressée quand la jeune femme arrive à sa hauteur. Elles ne doivent plus être très loin pour qu'elle se permette de ralentir. C'est l'occasion de dévisager l'inconnue une fois de plus, cette fois en la prénommant Ada. C'est un nom qui sonne bien. Pourtant elle ne le répète pas, elle ne dit pas qu'elle est enchantée de la rencontrer. Elle l'est, mais ça ne saurait pas se lire sur son visage ni dans l'inflexion de sa voix. Arte n'est pas très communicative aux premiers abords. Il faut du temps pour l'apprivoiser, comme un animal sauvage. Très sauvage, même. Mais pourtant le bas de son visage se fend en un sourire à la remarque de la jeune crimson rider ; Arte souvient brusquement que certains muscles aux alentours de sa mâchoire sont destinés à faire s'étirer délicieusement ses lèvres pâles. « Très drôle, Ada. Tu fais référence à ma course poursuite contre la mort de toute à l'heure, ou à toutes les merdes que je me ramasse depuis le début de la semaine... ? Bordel, si tu savais tout ce qu'il m'est arrivé cette semaine. » elle marmonne avant d'amener la bouteille à ses lèvres. Le silence qui suit n'est justifié que par le goulot en plastique pressé contre la bouche de l'ancien médecin d'Olympia. Elle se délecte d'avoir de l'eau potable, claire, pour se rincer la bouche. « C'est ça, ton chalet ? » finit-elle par demander tout bas, les lignes anguleuses de la petite bâtisse se dessinant entre les arbres, à quelques mètres de là.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Lun 13 Mar - 0:57
♔ Arte & Ada
« survival tip no. 1 : do not die.
Elle sourit, satisfaite de voir l’inconnue du nom d’Arte se dérider. Elle n’a pas l’air bien commode, un point qu’elles ont en commun. À se demander comment elle s’est retrouvée recruteuse. Force est de constater que ça lui a permis de renouer avec les autres. Elle n’est pas encore prête à se dévoiler, ni même à se livrer, mais c’est déjà un grand pas en soi. Peut-être que c’est justement ce recul, cette distance qu’elle s’impose, qui fait d’elle une si bonne recruteuse. Oui, parfois elle se lance des fleurs aussi, ça lui arrive. « Je crois que je préfère Caliméro, mais va pour Arte. » qu’elle lâche en replaçant une mèche folle derrière son oreille. « Étant donné l’aperçu que j’ai eu de ton périple, j’ai eu un avant-gout de ce qui a bien pu te tomber sur le coin de la figure. » Un sacré avant-gout. La malchance qui lui colle à la peau. Elle n’est pas du genre à plaindre les autres, mais en l’occurrence, elle ferait bien une petite exception. Arte est vraiment dotée d’un karma pourri.
L’esquisse du chalet aux allures reposantes étire machinalement le coin de ses lèvres. Vision apaisante. « C’est bien lui, en chair et en os. » Elle s’avance d’un pas prudent, enjambe le semblant de système de sécurité bancal, élaboré à base de cordage et de vieilles canettes. Instinctivement, elle agrippe son calibre vingt-deux, parée à toute éventualité. Elle n’y a plus remis les pieds depuis un certain temps, mieux vaut se montrer vigilante plutôt que de foncer la tête baissée. La main posée sur la poignée, elle tourne le loquet, s’immisce dans l’antre à pas de loup, l’arme maintenue en évidence, dressée devant elle. Elle adresse un signe de tête à Arte, lui indiquant de sécuriser les pièces sur sa gauche tandis qu’elle s’occupe du reste. Cette tâche ne s’éternise pas bien longtemps, étant donné l’étroitesse des lieux. Elle est plutôt satisfaite, son petit coin de paradis ne semble pas avoir été découvert par d’autres. Une aubaine ! « Rien à signaler de mon côté. » se contente-t-elle de déclarer d’une voix vive. Elle se déleste sans précaution de son sac à dos, percutant le sol dans un bruit sourd. Elle lève les bras au ciel, étire ses muscles endoloris. Un massage ne serait pas du luxe, on peut toujours rêver.
Installée face à la cheminée, sa persévérance à allumer un feu de bois digne de ce nom est impressionnante. Elle sent la présence de sa potentielle nouvelle recrue peser dans son dos. « Tu penses que tu t’en sortirais mieux que moi et mon indéniable non-talent pour cette tâche ? » Elle se résigne, cédant sa place avec plaisir non-dissimulé. Ses jambes ploient soudainement, elle se laisse choir sur le canapé, pousse un soupir de satisfaction. « Dis-moi, qu’est-ce que tu foutais exactement seule dans la nature ? » s’enquit-elle, on ne peut plus intéressée par la question. L’idée qu’elle puisse braver le monde depuis un long moment avec pour seule et unique amie la solitude ne lui traverse pas réellement l’esprit. Malgré son comportement farouche, sauvage, elle ne l’imagine pas survivre seule. Pas qu’elle ne l’en croit pas capable. Juste une impression comme une autre. « Ça fait combien que tu enchaînes ces péripéties rocambolesques ? » Son estomac proteste, gargouille, tandis que la question s’échappe de ses lèvres. Elle se hisse sans grande conviction sur ses guibolles, le souvenir de sachets de viande séchée guidant ses pas. Elle farfouille un instant dans les armoires, sans grande conviction. Une étincelle illumine son regard alors qu’elle retrouve ces derniers sans aucune difficulté. Jackpot. Ça ne vaut pas un bon vieux hamburger Mcdo, mais elle ne va pas s’en plaindre. Elle regagne le salon, envoyant un sachet en direction d’Arte. « Ce n’est pas de la grande gastronomie mais ça vaut toujours mieux que rien. » Elle hausse les épaules, se réinstalle nonchalamment dans le canapé en attente de réponses à ses interrogations. Longue soirée en perspective. C’est maintenant que son petit numéro de persuasion commence.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Dim 16 Avr - 15:36
survival tip no. 1 : do not die
ada & arte
Elle passe d'une pièce à l'autre, son regard traîne dans les coins. Elle n'est plus attentive comme elle pouvait l'être au début de l'épidémie : on doute que qui que ce soit puisse encore l'être. Il est fou de constater à quelle vitesse l'être humain s'accoutume à l'horreur et au danger. « Rien à signaler non plus, sinon de la poussière, » lâche la brune en passant son index sur un meuble qu'une fine couche de saleté recouvre. Elle l'essuie dans son pantalon, qui en a vu d'autres, alors qu'elle pousse un soupir qui fait trembler ses poumons. Le bruit sourd du sac qui s'écrase sur le parquet la fait sursauter mais aucun son ne sort de sa bouche tandis qu'elle pivote vers la jeune femme. Là, son silence demeure intact. Le médecin l'observe se plier en quatre pour donner vie à un amas de bois mort et de cendres dans l'antre d'une cheminée en sommeil depuis sans doute trop longtemps. C'est le moment où elle prend conscience du froid qui l'étreint, et le moment où Ada prend conscience du regard qui l'épie. La bouche d'Arte se tort en un rictus, vaguement amusé quand on l'invite à participer à la corvée du feu de cheminée. « T'as raté quelque chose... » lui marmonne la jeune femme en laissant ses empruntes vadrouiller sur la tablette qui surplombe l'âtre. Ses doigts butent rapidement sur les reliefs d'un écrin en carton, dont elle extirpe une grande allumette. Il n'en reste que quelques unes, et elle ne compte pas les gâcher, alors elle délaisse un instant sa trouvaille pour arracher les pages d'un dictionnaire dans la bibliothèque. Elle est à ce point captivée par son pliage qu'elle fait d'abord mine de ne pas avoir entendu la recruteuse aux cheveux blonds, et semble soulagée quand cette dernière s'éclipse quelques secondes.
Arte se concentre sur le feu qu'elle parvient éventuellement à faire partir, et s'amuse quelques instants à regarder l'énergie consommer très lentement les bûches. Elle se penche même pour donner un peu de souffle aux flammes naissantes, et finit par se redresser quand son interlocutrice réapparaît avec ce qui semble être quelque chose de comestible dans les mains : du bœuf séché. Elle s'amuse sans sourire de la remarque de la jeune femme, réceptionne le sachet qu'elle palpe comme pour se réassurer de sa réalité. « Je pourrais manger n'importe quoi. Rassure-toi, pour moi, c'est de la grande gastronomie, » confie le médecin en venant se laisser tomber dans le même canapé que la blonde, mettant quand même entre elles quelques dizaines de centimètres.
Il faut attendre que le plastique soit déchiré, et les premières pépites de viande gobées, pour que la jeune brune s'ouvre un peu plus. Elle ne le fait pas de bonté de cœur, et certainement pas parce qu'elle en a besoin ; elle a besoin de parler après tout ce temps passé seule, mais c'est plutôt parce qu'elle sent l'insistance de la jeune femme qu'Arte se pince les lèvres et cherche ses mots. Ada lui a sauvé la vie. Elle lui doit quelque chose. Les yeux dans le vague, le regard attiré par la danse des flammes qu'il ne parvient pas à suivre, elle lâche : « Ça doit faire deux mois, je crois. On est en février, encore ? Ou mars... ? » Pile entre les deux, mais elle ne le sait pas. Ses sourcils se froncent avec l'interrogation ; elle se tourne une seconde vers la blonde et finit par hausser les épaules. « J'étais dans un autre campement avant. J'ai dû partir. J'aurais pas dû... » Sa voix perd en intensité, quand déjà elle était un peu hésitante. « J'aurais dû attendre le printemps. J'ai failli crever tellement de fois depuis que je suis partie, j'en reviens toujours pas de pas avoir été emportée par une saloperie comme la grippe. » Elle s'arrête pour avaler une pincée de bœuf de plus. Le goût, la texture, le sentiment d'avoir quelque chose dans le ventre ; la chaleur du feu qui gagne petit à petit les quelques mètres carrés du salon ; la présence étrange mais réconfortante de l'inconnue ; le récit dont elle omet toutes les particularités. Toutes ces variables commencent à sérieusement la secouer. Elle déglutit péniblement, au bord des larmes sans trop comprendre à quel moment l'envie de pleurer s'est manifestée. Elle la combat. Comme d'habitude. « De quel campement tu viens ? T'es du coin ? »
Spoiler:
C'est un peu de la merde, désolée Dis-moi si tu veux que je change des trucs.
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Elsie Ferguson
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Ven 12 Mai - 17:58
♔ Arte & Ada
« survival tip no. 1 : do not die.
Elle ferme les yeux l’espace de quelques secondes, profitant du goût de la viande séchée, les papilles presque en extases. On se contente de peu, de nos jours, un rien est une trouvaille, un délice. Le canapé s’affaisse légèrement sous le maigre poids d’Arte dont la carapace doit probablement peser plus lourd que la propre carcasse de la brune. Elle n’abandonne pas, Ada, parce qu’elle est habituée, elle-même étant autrefois aussi renfermée qu’une huitre. C’est facile, de tout contenir, de se murer dans un mutisme feint. Ça l’est moins de se confier, ça blesse autant que ça soulage. Mais, sur le long terme, ça en vaut la peine. Peut-être que leurs chemins ne font que se croiser, qu’elles n’ont que cette soirée, cette nuit, à partager, elle n’en sait trop rien, mais si elle peut aider cette inconnue dans laquelle elle se reconnait parfaitement, dans laquelle elle se retrouve, ce sera déjà ça de pris. Elle ne tire jamais des plans sur la comète, préférant rester réaliste, garder les pieds ancrés sur terre. Peut-être qu’elle perd sa soirée, qu’elle perd son temps, au moins aura-t-elle profité d’une pause éphémère avant de reprendre la direction du ranch et de son tumulte. C’est ça, de se contenter d’un rien.
Des mots vagues et lointains brisent le silence. Elle écoute, regard fixé sur les quelques flemmes dansantes, les paumes frictionnant instinctivement ses cuisses. La nuit n’est pas toujours clémente au Texas. Elle se l’imagine parfaitement, Arte, tentant de se réchauffer, de se trouver un abri, deux mois durant, évitant les hordes de justesse, chanceuse de ne pas se voir foudroyée par la grippe. Ça n’a pas dû être facile, ça ne l’est jamais, peu importe la période, peu importe la durée de l’errance solitaire, peu importe les circonstances. Les jours s’allongent, semblent être des mois, la notion de temps n’ayant plus aucun sens. Elle perçoit nettement l’hésitation, l’omission volontaire de détails. L’esprit fabrique de toutes pièces, dessine ces détails non prononcés. Elle s’imagine mille et une raisons, mille et une raisons pour lesquelles l’inconnue aurait préféré la solitude et la dure réalité de ce monde à la vie en communauté, la sureté d’un camp. Conflit. Divergences d’opinions. Envie suicidaire d’aventure. L’amour. La trahison. Ce n’est qu’une ébauche, un début. La liste est longue, trop longue. Elle n’interrompt pas, elle sent que ce n’est pas le moment. Le timbre chancelant, incertain, ne devient qu’un souffle, s’estompant, se brisant presque, se laissant inconsciemment aller à la fragilité des émotions. Fissure ébréchant la carapace.
« J’ai longtemps erré avant d’atterrir dans le coin. Comme toi, j’étais seule, à la différence que les mois se sont éternisés, se transformant en années. Erreur monumentale. » Elle le pense, elle le pense vraiment. La solitude n’est pas une option, ce n’est qu’une échappatoire provisoire. Ça nous change. Elle parle d’elle en premier lieu, volontairement, elle sent qu’Arte a déjà besoin d’une pause, que le récit de sa propre existence est trop douloureux pour être conté d’une traite. Elle se stoppe un instant, se délectant du goût salé de la viande, marquant un temps d’arrêt. « Ce n’était pas une vie, d’être dehors, d’avoir peur de son ombre, de lutter chaque jour. » De la survie pure et dure, rien d’autre. Respirer, c’était tout ce qui importait à l’époque. Marcher, ne jamais s’arrêter, ne pas regarder en arrière. « Je me suis perdue, je crois, non en fait j’en suis sûre, j’étais plus moi. Et puis, je suis tombée sur le ranch. Ce n’est pas toujours simple, mais je me sens utile maintenant, je revis un peu plus, peut-être même que j’ai un but désormais, j’en sais trop rien à vrai dire. » Elle hausse les épaules, jetant un coup d’œil à son interlocutrice, jaugeant ses réactions. « Si t’as quitté ton groupe, c’est que tu as tes propres raisons, mais c’est jamais une bonne idée de s’éterniser seule en pleine nature, encore moins maintenant. » Au fond, elle n’a pas réellement besoin de savoir, ça ne fait aucune différence. Par contre, ce qui peut changer la donne, en plus de la ténacité qu’elle a pu déceler chez la jeune femme, ce sont ses atouts, ses capacités. « Tu faisais quoi avant tout ça, avant que ça parte en vrille ? » Elle esquive le sujet de l’ancien groupe, elle sent bien qu’elle n’a pas la force d’en discuter plus amplement maintenant, elle y reviendra tôt ou tard, en attendant rien ne presse.
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Sujet: Re: survival tip no. 1 : do not die (ada) Dim 28 Mai - 20:01
survival tip no. 1 : do not die
ada & arte
La jeune femme écoute le récit de la sauveuse, se retrouve naturellement dans ses mots. C'est vrai, elle se dit, elle n'est pas sur la route depuis si longtemps. Et elle ne s'attendait certainement pas à se faire arnaquer par l'univers de la sorte... Lentement, Arte inspire, expire, étouffe les sanglots, prend de la distance. C'est ce qu'elle fait de mieux, prendre de la distance : si bien qu'aujourd'hui, elle est bien loin de tout ce qui compte encore pour elle. Le souvenir de Nathan l'atteint à peine, il est hors de portée, elle en est persuadée, les autres olympiens qui s'étaient attirés son affection également. Ils ne se souviennent déjà sans doute plus d'elle, ou alors seulement des mauvais côtés de sa personnalité. Ils ne se posent certainement pas de questions. Elle a disparu sans vraiment prévenir qui que ce soit, sans faire d'histoires - ou presque. Oui, elle aussi s'est perdue. Mais alors elle s'est perdue avant de partir, peut-être même avant d'arriver à Olympia. Avec mélancolie, elle repense aux premières années de l'épidémie, aux journées passées dans le laboratoire, avec des gens dont le souvenir s'estompe, dont les noms sonnent tout à coup lointains, presque étrangers. Et comme leur souvenir s'estompe, le sien aussi : Arte ne sait plus qui elle était de cette époque, ni de celle d'avant, en fin de compte.
Concentrée, elle juxtapose aux réminiscences d'autres réminiscences. Tout se confond, éventuellement. Elle s'arrête brusquement, néanmoins, à cause d'un mot. Ranch. Son nez se fronce un petit peu, et elle frotte nerveusement sa joue. Le médecin préférerait s'accrocher aux mots de la jeune femme plutôt qu'aux questions qui l'assaillent soudainement. Et si elle était près des Crimson ? Près d'Olympia ? Silencieusement, elle dévisage la blonde à ses côtés, en oublie presque de plonger sa main crasseuse dans le paquet de bœuf séché... Au Texas, ce n'est pas vraiment les ranch qui manquent : ce n'est pas forcément celui des Rhodes dont on parle. Non ? Elle mâche lentement, réfléchit beaucoup plus vite, mais son esprit est tout de même fatigué. Elle hoche la tête, signifie qu'elle écoute toujours. Qu'elle comprend, qu'elle est d'accord, qu'Ada met en plein dans le mille quand elle dit que ce n'est jamais une bonne idée de s'éterniser dans la nature. Mais Arte est à moitié là, à moitié dans la conversation.
Jusqu'à ce qu'elle ne revienne à elle, quand la petite blonde la regarde, la questionne. Arte se pince les lèvres. De cette autre vie non plus elle n'a plus grande souvenance. Un sourire mécanique amorce la réponse plutôt qu'une grimace : « J'étais étudiante en médecine. Médecine légale, en fait, » elle se sent obligée de préciser. Ça compte, elle ne s'est pas spécialisée pour rien non plus. Elle voudrait parler un peu plus de ces longues années passées sur les bancs de la faculté de médecine, de ses longs mois d'internat passés à apprendre à tenir un scalpel, à ouvrir, observer, refermer des torses glacés. Elle voudrait parler de ses parents, aimants mais toujours fourrés au travail, de ses rares amies, de son premier copain, de sa tutrice qu'elle idolâtrait pourtant. Mais ça lui paraît si loin, qu'elle préfère se taire. Un silence s'installe donc, qu'elle brise finalement. Arte se racle la gorge, met de côté la nourriture gracieusement offerte. « J'é... J'étais médecin, à Olympia. » Les mots pèsent sacrément lourd mais le jeune brune semble trouver son équilibre. Elle ne va pas s’effondrer. Elle espère qu'elle ne va pas s'effondrer : parce que de toutes manières elle ne peut pas retirer les mots qu'elle vient de prononcer.