action is coming | kanda

automne 2014

Le souffle court, Leon parcourut les dernières marches du bâtiment trois par trois. Il était au dernier étage. Il s’appuya sur la rambarde pour reprendre son souffle et se pencher un peu. Putain de merde, c’était une orgie de rôdeurs là en bas. Un véritable tsunami, qui montait inexorablement, à la recherche de sa petite personne. Avec d’autres raiders d’Olympia, ils avaient été séparés lors de la fouille de cette petite ville lors de l’arrivée d’une horde immense. Il avait trouvé refuge dans ce bâtiment, alors que les rues étaient saturées de mort-vivants, pensant être en sécurité. Mais l’édifice était visiblement une passoire, puisqu’il n’avait pas tardé à avoir de la compagnie. Il prit encore une, puis deux respirations, avant de se tourner, enfoncer la porte de l’escalier d’un coup de pied en pointant son glock en avant. Le couloir était dégagé, parfait. Il s’élança, à la recherche d’une sortie vers le toit ; ne courant pas, mais adoptant une allure à la fois rapide et lui donnant la possibilité de tirer sur un potentiel attaquant surgissant d’une des nombreuses portes.

Derrière lui, le mugissement des dizaines, voir de la centaine de rôdeurs dans l’escalier. Devant lui, le gouttement régulier des gouttes qui filtraient à travers la toiture que le temps avait trop abîmé pour qu’elle reste étanche. Chacun de ses pas faisait craquer le bois d’une façon qui aurait dû lui sembler inquiétante ; son pas, celui d’un tueur expérimenté et discret, presque inaudible en temps normal, était trop léger pour faire craquer ainsi un parquet encore solide. Mais il était trop concentré, trop en train d’analyser chaque élément qu’il voyait, pour se permettre d’y accorder de l’attention. Une grave erreur, qu’il ne tarda pas à payer. Un craquement ; et ce ne fut non pas le plancher, mais le béton en dessous de lui qui céda et il se retrouva en train de chuter sans même comprendre ce qui lui arrivait. Voulant essayer de se rattraper, il lâcha son arme mais manqua d’attraper le rebord. Son pistolet tomba, mais, heureusement qu’il s’agissait d’un glock. Le coup ne partit pas. Il s’effondra lourdement sur le dos ; il n’eut pas le temps d’essayer de réfléchir qu’il vit des pieds se rapprocher de lui. Mécaniquement, la machine bien huilée qu’était son corps se mit en branle. Une rotation sur son dos pour se mettre en place, et ses jambes balayèrent ce qu’il supposa être un rôdeur, alors que d’une main, il s’apprêtait à agripper la créature pour la maintenir et de l’autre, à sortir son couteau.

Voyageant depuis un mois sans interruption, Kanda est passé par trois Etats pour arriver au Texas. Un voyage très long surtout que le plus gros trajet a été fait à pied puisque la plupart des moyens de transport était HS. De ce fait, après chaque journée de marche, la voyageuse devait se reposer pour reprendre des forces pour les marches à venir. Ainsi, elle avait trouvé refuge dans un vieux bâtiment. L’endroit était calme, mais par précaution, elle avait barricadé les ouvertures pour empêcher les wendigos de passer par là. Toutefois, les fenêtres restaient en accès libre. Les vitres étaient brisées ce qui permettait à l’air de s’engouffrer dans la pièce. A chaque petite bourrasque, les particules de poussières volaient plus haut, exécutant des schémas précis qu'elles seules connaissaient. Blottie dans un coin de la pièce, Ziio les observa, bruyante grâce à la lumière du soleil. Elle essayait de rester éveillée mais la fatigue était trop grande et finit par avoir raison d’elle. Lentement, elle sombra dans le soleil. Léger un premier temps car chaque craquement provenant de l’immeuble la réveilla en sursaut. Puis ce fut un sommeil profond où les songes firent très vite leurs apparitions.  

Avant de se réveiller en sursaut, elle a rêvé qu'elle les tuait encore une fois. Elle se souvenait parfaitement bien des visages de ses victimes dans l’arène. Mais elle ne faisait pas que les tuer. Cette fois-ci, elle les découpait en petits morceaux. Mais pour en faire quoi ? Ça elle ne sera jamais puisque le vacarme à l'extérieur la réveilla. Kanda dormait que depuis deux heures, trop peu pour toutes ses heures à déambuler d'un endroit à l'autre. Mais assez avoir la force de se lever pour se diriger vers les fenêtres et regarder ce qui se passait à l’extérieur. Un très grand nombre de rôdeurs se bousculaient afin d'entrer dans le bâtiment. Visiblement, ils pourchassaient quelqu’un car elle entendit ses pas dans l’escalier. Puis un grand fracas qui annonçait que l’inconnu venait de frapper la porte à coup de pied pour l’ouvrir. Enfin, il marchait dans le couloir. Ses pas étaient légers, aussi léger que les siens. Kanda se déplaça dans la pièce, les yeux levaient vers le plafond en suivant l’avancé de l’étranger qui avaient attirés les marcheurs jusqu’ici. Inquiète, l’ancienne professeure d’histoire priait silencieusement que l’individu s’en aille. Elle ne se sentait pas prête à retourner à la civilisation, elle n’avait pas encore retrouvé une stabilité émotionnelle pour ça. Un mois, c’était beaucoup trop court pour dompter la bête en elle. Elle craignait un pétage de plomb et par mégarde tuer une personne innocente. Alors, elle resta tranquille dans son coin pour ne pas attirer l’attention. Elle s’était mise à l’opposé de là où était supposé être l’homme. Elle retenait son souffle comme si celui-ci pouvait être entendu. Quand soudain le plafond tomba. Kanda resta abasourdie quelques secondes, aveuglée par la nuée de poussière qui tombait tout autour des débris. Elle s’approcha, méfiante, le couteau prêt à servir dans sa main gauche et l’épée dans la droite. Le brouhaha allait attirer les rôdeurs d’un instant à l’autre, mais instinctivement, elle voulait voir si l’autre humain était encore en vie. S’il était mort, elle fouillera ses affaires pour récupérer tous ce qui pouvait lui être utile.  

Cependant, la vagabonde ne s’attendait pas du tout à ce qui allait suivre. L’intrus utilisa un enchaînement de mouvements qui la fit basculer. Agile comme un félin, la grande brune se releva et elle repoussa la main qui cherchait à l'attraper avec son avant-bras. Ensuite, elle enchaîna avec un coup à la poitrine avec son pied pour le faire reculer ce qui lui laissa le temps d’aller chercher son arc et ses flèches et de faire face à l'adversaire avec une flèche prête à finir tout droit dans le crâne du gars en face d’elle. « Ne bouges pas ou je te décoche une flèche entre les deux yeux ! »

automne 2014

Son balayage avait été efficace ; mais il s’était visiblement trompé sur la nature de son adversaire. Le coup de pied le prit presque au dépourvu, mais les réflexes ancrés dans son corps de tueur lui permirent d’encaisser plus ou moins correctement le coup qui ne manqua quand même pas de lui couper le souffle. Mais il n’avait pas besoin de respirer ; ou du moins, à cet instant là. Il ne réfléchit même pas, le coup l’ayant fait glisser sur le parquet humide quelques centimètres plus loin. Rien de dramatique, mais assez pour lui permettre de récupérer son arme à bout de bras. Il l’atteignit, mais perdit quelques instants à le dégager des gravats, et au moment où l’autre avait l’occasion d’encocher sa flèche, lui ne faisait que commencer à la braquer. Il chercha alors à croiser son regard, le fit sans trop de problème puisqu’elle lui adressa la parole. à son injonction, il ne put s’empêcher de répondre qu’on sourire dans un premier temps. Il secoua légérement la tête, fit un très vague geste du menton pour mettre en évidence le fait qu’il la braquait elle aussi. Enfin. La position de son bras était étrange, l’angle était étrange, mais, merde. Il pouvait tirer et potentiellement la pénaliser assez pour qu’elle n’ait pas envie de transformer cette impasse mexicaine en un bain de sang inutile.

Il la regarda de haut en bas, puis de bas en haut, toujours prêt à réagir en cas de problème. Sa posture était intéressante, sa carrure apparemment athlétique. Son regard le marqua, et il s’apprêtait à dire une première chose quand le râlement des rôdeurs commença à raisonner dans le couloir d’au-dessus. Il lui annonça très simplement, d’un ton qui oscillait entre le neutre et l’amical : “Je ne te veux pas de mal. Je veux juste sortir de là. Baisse ton arme, et je fais de même” des craquements se firent entendre dans le couloir derrière elle, et il ne tarda pas à rajouter : “Ils arrivent, prends une décision et vite” il ponctua d’un signe de tête, d’une gestuelle amicale qui se voulait rassurante.

Il ne comptait clairement pas baisser son arme en premier, le sicario en lui criait même de lui coller une balle sans sommation. Mais il se prendrait probablement la flèche encochée, perdrait l’occasion de s’enfuir et allait probablement mourir. Alors, malheureusement, sa survie était dans les mains de cette grande brune. Mais l’inverse était réciproque, donc tout allait bien pour l’instant. Il n’avait pas l’habitude de faire confiance aux inconnus ; les hommes étaient trop égoïstes pour se permettre ce luxe. Dans cette situation, le choix était restreint mais toujours possible encore une fois.