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 1. No husband, no problem | Hector & Almaze

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Almaze Talisker
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MessageSujet: 1. No husband, no problem | Hector & Almaze   1. No husband, no problem | Hector & Almaze EmptyLun 30 Oct - 18:04

egotrip


" Hot coffee was this thief's weapon of choice"
Novembre 2017


Almaze n’était pas une fille de la campagne ou de l’extérieur tout court. Malgré son caractère indépendante, égoïste et qui n’acceptait aucun ordre même pour sauver sa peau, elle préférait les cages dorées. Or, argent, satins, et cuirs. Le luxe lui plaisait, ou à défaut, la solitude, les murs autour d’elle, la booze en tas au pied du cul, et accumulés autour d’elle, ses trésors. Oh, non Almaze était bien mieux à l’intérieur, et tant que la cage était d’or fin, elle trouvait bien comment en sortir à coup d’absinthe et de vin. Les barreaux d’acier lui faisaient bien plus peur.  La pie voleuse pourtant, était dehors, et son blouson de cuir véritable, offert par son époux il y a des années, dont l’une des manches étaient lacérées par les griffes d’un mort, semblait bien maigre face au vent d’automne. Elle détestait être dehors avec une férocité hargneuse. Pourtant, la voilà qui marche dans les rues désertées d’une petite ville industrielle. Un rôdeur est empalé un peu plus loin et elle avance dans cette direction, les dents serrées et un poignard en main. Elle était originalement là pour cueillir des pâquerettes et assimilées; elle voulait de quoi éliminer le moisi dû à l’ouragan dans sa chambrette, et surtout des herbes pour faire passer le goût trop fort de l’éthanol ( elle n’était pas difficile sur le goût, uniquement sur le degré : mais pour revendre au caveau, le goût vipérin n’était pas suffisant ). Au passage, dans un raid très égoïste et individuel, elle était passée par là à la recherche de bouteilles oubliées. Maintenant, elle remontait le long de la piste de pièges et de passages humains jusqu’à une porte prétendument close. Si quelqu’un s’intéressait à l’endroit, une promesse de trésor était à la clef et Almaze ne voyait aucun inconvénient à tuer quelqu’un pour avoir ses dernières clopes et une boîte de capotes périmées.

Pénétrer par effraction, sans déclencher des pièges était un jeu d’enfant et son hobby préféré. “- Gotcha.” . Le murmure résonna dans la pièce silencieuse et obscure alors qu’Almaze atterrit souplement sur le sol. Ses yeux étincellent tels des diamants qui clinquent joyeusement contre le sol et un sourire vicieux apparaît sur ses lèvres en voyant les masses d’objets entreposés là. Sans doute inutile pour un esprit pragmatique, un paradis pour elle. Ou presque. Almaze contempla le pénis violet caoutchouc posé sur un meuble, accompagné de ses petits camarades, son regard passant bien au-dessus de ses lunettes de soleil en forme de coeur ( l’ironie ne lui avait jamais échappé).  “- Dégoûtant.” Elle ne dirait certainement pas non à quelque chose qui permettait d’avoir un orgasme sans avoir à supporter un autre être humain, mais cet entreposage, dans ces conditions… Elle passa sa main sur un meuble, explorant les lieux avec ravissement, malgré son pas lent et prudent. Son couteau de joaillier raye le bois lorsqu’elle l’effleure, avec un bruit horripilant de manque de respect.  “- Hell, no”. Elle plisse le nez, retrousse les lèvres. Des sextoys, des timbres, trois jeux de cartes, un tableau entreposé dans un coin, des montres...La joli caverne d’Ali Baba perdait son charme, comme un enchantement qui se dissout pour laisser voir des toiles d’araignées, de la poussière et un squelette cadavériques en lieu et place de la créature plantureuse. Cela lui fichait la chair de poule, de revoir la chambre particulière de son époux et elle envoya un coup de pied dans l’un des objets au sol. Si autrefois, elle avait eu une légère tendresse pour le côté tordu et malsain de son époux, si bien caché lorsqu’ils devaient aller à aller l’opéra ou au théâtre en robe de soirée, elle n’était absolument pas satisfaite qu’il se rappelle à sa mémoire alors qu’elle espérait faire main basse sur un trésor nouvel âge.

Son coup de pied rageur a fait voler une horloge contre une bouteille de whisky. Une, deux trois, de nombreuses bouteilles, intactes. Sans hésiter, elle se baisse et s’empare d’une, buvant directement au goulot de longue gorgée. L’alcool ambré lui brûle la gorge, apaise ses sens, et lui fait soupirer de bonheur. Ses neurones retrouvent leur génie.  Elle prend contre sa poitrine deux autres bouteilles, et commence à arroser les différents objets hétéroclites de celle entamée, alternant vandalisme et boisson avec un plaisir évident, tant elle chantonne pour elle-même des atrocités, histoire d’enfants démembrés, de maris dans des placards et de rubis qui roulent.

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MessageSujet: Re: 1. No husband, no problem | Hector & Almaze   1. No husband, no problem | Hector & Almaze EmptyVen 3 Nov - 14:54



   

   
AL & HECK

   

   
Es-tu le vin douteux qui me donnera mal à la tête le matin ?

   

Combien de semaines, de mois, d’heures à suer sang et eau pour créer sa caverne d’Hector Baba ? Il n’a pas chômé le gredin, certainement pas, récupérant lors de raids les objets dont personne ne se sert habituellement. Canif émoussé, bouchon de champagne millésimé (souvenir de la haute oblige), piercings, tableaux de grands et petits maîtres, câbles en tout genre, porcelaines ébréchées, panier de pique-nique, cravates et nœuds papillons pour les occasions mondaine (à relativiser), pince à linge tordue, briquet vide. Maniaque de la collection, un toc qui lui est resté. Il en prend soin, il fait briller ses joyaux fantaisistes. Des trésors de corbeau, des bricoles que seul son regard exercé peut apprécier pleinement. Personne n’osera le contredire. On le prend facilement pour un fou. Le taré fouineur qui fourre des montres et des capotes dans ses poches intérieures de costume élimé. Un vieux beau, un drôle, il n’est plus que le vestige de sa vie antérieure. On n’ignore pas non plus son talent pour récupérer des biens précieux et cette fois indispensables à la communauté. Médicament anti-diarrhées, ventoline, viagra, pilule contraceptive, il a tout. Il faut juste en payer le prix.

Arrivant près de sa cachette, il remarque des pas dans la boue à l’entrée. Quelque chose lui dit qu’une surprise malvenue l’attend. Haussant un sourcil, il s’arme de son rasoir. On a déjoué ses pièges aisément. La petite souris, il va l’attraper, la faire cuire aux petits oignons. Là dehors c’est la jungle, il faut être toujours prêt. L’éventualité du pire cancane dans son crâne. Lâche de nature, il se visionne tout un film d’horreur en l’espace de trois secondes. Souffle court et erratique (non, pas érotique), mains tremblantes et moites, sueur au coin du front. Ça sent le coup foireux. Il approche furtivement, ça il sait y faire. Il la voit de dos, son ombre se reflète contre les parois de la caverne. Il hésite. Il sent qu’il peut la choper et coller sa lame contre son cou angélique. Ou il pourrait patienter un peu, lui tendre un piège à l’extérieur…il secoue la tête. Tant d’options. Il la tue et ensuite ?

Accourant comme un lion sauvage – alors qu’il n’a aucune allure altière après des années de désœuvrement – il pousse le cri de Tarzan pour effrayer sa proie. Il manque de tomber à la renverse en remarquant le joli minois reconnaissable entre tous. « Toi. » Le choc fait rouler ses yeux comme des billes dans un entonnoir. Hector n’en revient pas. Sa femme. La dernière fois, c’était en cure de désintox…apparemment, cela ne lui a pas servi. Il jauge la bouteille entamée avec désarroi. Viens voir chéri en tendant les bras, pas le genre de la maison. Il doute de sa réaction. Il ne veut pas tomber dans le mélodrame. Stoïque, un brin coincé, il grommelle : « Tu n’as pas perdu l’habitude de fourrer ton museau dans mes affaires… » Le gentilhomme croise les bras, signifiant son mécontentement, mais à l’intérieur, il ressent une sorte de soulagement. Soupir, le regard inquisiteur. Elle a l’air de s’être mieux adaptée que lui à ce monde déchu. Et maintenant ? Il ne voit pas d’issue. A-t-elle rejoint un groupe ? Vit-elle en solitaire ? Mari et femme, ça ne compte plus de nos jours, si ? Son indépendance, c’est sa philosophie, il ne l’en privera pas. On se croise juste, on boit un coup et on s’en va ? Les questions se bousculent au portillon, ça casse la tête. Il observe sa main, la bague est intacte, une promesse qui a encore du sens ? « Tu as gardé le blouson. Il te sied parfaitement. » Cela lui confère un air d’aventurière. Toujours aussi gaga dans son cœur. Faites qu’elle veuille rester un peu en sa compagnie…
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MessageSujet: Re: 1. No husband, no problem | Hector & Almaze   1. No husband, no problem | Hector & Almaze EmptyDim 5 Nov - 18:35

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" Hot coffee was this thief's weapon of choice"
Novembre 2017

Dans une autre vie:  la demoiselle en détresse, la princesse à l'hermine, sursaute gracieusement, pousse un cri sur-aigu, de surprise face au hurlement de sauvage du dragon gardant ce trésor de misère. L'effet de surprise est intact, tétanisant, avant qu'elle ne se reprenne et possiblement, joue de l'idée de lui courir dans les bras. Notre réalité est tout autre. Almaze ne sursaute pas, Almaze n'est pas effrayée, ne marque aucune surprise. Tout au plus, un frisson incompressible tord un bref instant sa colonne vertébrale; Mais ce n'est pas de la peur. Elle compte jusqu'à 2, la patience n'est pas son fort, et se retourne lentement, pivotant dramatiquement sur son talon. Hector Talisker, resurgi ébouriffé des morts. Il a perdu de sa superbe, le seigneur, avec les années et les crasses, réduit au rang de simple mortel. Pour un homme qu'il l'attirait premièrement pour son argent, c'est la déconfiture. Le reste, l'esprit, la niaque, la mentalité, le jury délibère, peu amène. Loin d'être convaincu alors que Almaze le juge de haut en bas, un sourcil arqué, le minois défiguré par une moue boudeuse. Son faciès de base. Sa main péremptoire sur sa hanche, tandis qu'elle réfléchit. Considère la situation. Maudit son avidité proverbiale - si elle avait suivi ses tripes, reconnu la sensation désagréable de familiarité et foutu le camp... elle n'aurait pas d'alcool en main. Almaze fait un large geste de main sur le foutras que seuls eux deux peuvent nommer trésor, même en cette ère de recyclage extrême.  "- Tu n'as pas perdu l'habitude de laisser traîner tes affaires partout. Cela me donne tellement envie d'y foutre le feu si tu savais. ".

Elle soupire, mélodramatique, mais sereine. Snob en diable, elle boit une gorgée d'alcool au goulot, comme une provocation. Hector s'est découvert un nouveau don en son absence, lui donner envie de boire, lui donner envie de pisser sur ses affaires, d'y foutre le feu, immoler leur mariage pour voir si les cendres peuvent se transformer en diamant.  Elle le nargue, pleine de morgue, bien décidée à e pas lui laisser la main haute, sachant son silence pire qu'une indifférence réelle. Elle joue avec sa bague autour de ses doigts, les carats, l'éclat indécent d'une vie passée, gardée toujours vive dans les pierreries inaltérables. Il brille. Elle a toujours aimé son éclat, depuis que le faux chevalier s'est mis à genoux. Aurait-elle pu dire autre chose que oui alors que toutes ses entrailles se serraient de désir pour le joyau ?

Almaze éclate de rire, pouffant légèrement jusqu'à devoir mettre sa main devant son visage, paume vers sieur son époux. Geste élégant appris par maman pour camoufler ses rires démesurés, si souvent moqueurs, cruels dans leur vitriol. Là, il est simplement amusé alors qu'elle rétorque, un rire dans sa voix.  "- Il est sur-mesure, tu le sais." Elle lève l'avant-bras, pour dévoiler les larges stries que la faim d'un rôdeur a creusé dans le cuir épais lorsqu'il avait voulu la dévorer toute crue.  Une manière comme une autre de lui faire un bras d'honneur. Avant il lui donnait un air de braqueuse de banque, mauvaise graine. Maintenant, elle a le cuir dur.

Almaze dépose précautionneusement la bouteille en équilibre instable sur des boites entassées. Elle saisit un foulard anciennement de soie, où subsistent d'anciennes tâches de sang. Il a du vouloir les effacer, mais il y a des choses qui refusent de disparaître, même si on vit très bien sans. Soigneusement, se regardant dans un miroir ébréché, elle ajuste le foulard en cravate sur sa gorge. Elle ne le regarde pas mais le commentaire, tombe, nonchalant. "- Je suis surprise que tu sois en vie."  Elle n'est ni mécontente, ni déçue - surpris et... un brin perplexe, pas encore sûre de ce qu'elle doit faire avec cette information. L'envie de mettre le feu à l'endroit ne l'a pas quitté, mais ils faisaient de bons partenaires, dans le temps. Mais entre temps elle a piqué quelques crises en hospice pour alcooliques, et elle montre les dents à son reflet.

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MessageSujet: Re: 1. No husband, no problem | Hector & Almaze   1. No husband, no problem | Hector & Almaze EmptyMer 6 Déc - 10:22



   

   
AL & HECK

   

   
Es-tu le vin douteux qui me donnera mal à la tête le matin ?

   

Elle n’est pas de ces femmes à sauter dans les bras de l’homme qui lui a mis la bague au doigt, certes non. Il pourrait regretter une fougue romantique passagère, regretter les élans amoureux et pathétiques à la fois, il pourrait lui reprocher ce manque d’affection maritale, mais jamais il ne s’est départi de son flegme, jamais il n’a laissé paraître le cœur. Jamais il ne s’est vraiment plaint ; le contrat était net, sans bavure. Pas de chichi de couple ordinaire. Rien de baveux, rien de poisseux, pas d’empathie ridicule, pas d’expansion sentimentale ou malvenue. Ils ne se sont jamais contentés de beaux discours, de parole zélées, un contact brut, deux caractères à se bouffer la face toute la nuit entre deux grogs et trois cigarettes.

« Y foutre le feu, c’est toi le pyromane maintenant ? Or, tu ne gâcherais sûrement pas des bouteilles de ma collection personnelle, n’est-ce pas ? »
Petit battement de paupières. Il désigne du menton un meuble fracassé, une antiquité désuète, invisible aux yeux des gens normaux. Beauté de l’usure, de l’ancien et du trépas. Un vestige unique en son genre, renfermant des crus de feu sa cave contenant parmi les plus rares cépages. Il avait réussi une mission relevant du suicide pour les récupérer. Il ouvre le buffet moisi et lui tend une bouteille. L’année de leur mariage. Tiens donc…Il avait failli y passer. Comme quoi, ça valait peut-être le coup après tout !

« Je te sauve toujours la vie bien malgré moi… » Fierté mal placée. Ego qui ressort forcément. Il marmonne dans sa barbe en observant la marque du diable. Une petite pique hasardeuse qu’il lance en souvenir du bon temps. Il avait fait d’elle une femme réputée, mondaine, des carats à chaque doigt…Une vraie duchesse. Garden party, afternoon tea-whisky…

« J’ai toujours su me débrouiller… » comme un rat fouinant les bennes à ordures. Il lève les yeux au ciel, plisse le nez d’un air désapprobateur et lui fait sa merveilleuse moue boudeuse. Tout l’monde pense ça de lui, à première vue, c’est un incapable en costume cravate, pas foutu de se défendre seul, à balancer les autres sur les rôdeurs. Hector s’adapte en toutes circonstances, quitte à aller contre une valeur humanitaire. Il mérite la mort, il le sait bien. Il a piqué le ticket de quelqu’un de bien. Pourtant il est toujours là, extrêmement affable, extrêmement fou aussi, à trouver sa place dans un monde déchu. « Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça. » Un chien galeux, la peste ambulante.

« Tu sais pertinemment de quoi nous sommes capables toi et moi. Un duo complice, une équipe qui gagne, tu vois. »
Il passe une main de vainqueur dans ses cheveux, remettant une mèche rebelle. Il l’avait envoyée en désintox, pour son bien hein. Il comprend que la plaie picote encore, il n’a pas eu l’temps de la désinfecter comme il aurait fallu. « Tu es dans un groupe ? On pourrait reprendre nos petites affaires…ensemble… » Pas frileux le mec. Un ton un tantinet mielleux, pas si suppliant. Sourire grivois. Une proposition en bonne et due forme. Une nouvelle mission pour lui : réapprivoiser le chat sauvage.

C’est certain, ce sont des diamants qu’il faut à cette fille pour qu’elle revienne auprès de lui, ô doux noble désargenté…
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MessageSujet: Re: 1. No husband, no problem | Hector & Almaze   1. No husband, no problem | Hector & Almaze EmptyJeu 21 Déc - 0:20

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Novembre 2017

Il essaie de l’amadouer, le maraud. Les cils qui papillonnent, la moue divine, yeux kahlua et lentement, presque au ralenti, zoom fois trois cents, un sourire naît sur les lèvres d’Almaze. Un petit, en coin, point trop sardonique, presque réel, sincère et… touchant-touché-amusé-mutin. Remplissez les cases qu’il vous sied, vis à vis de l’étincelle qui rôde dans ses yeux à elle. Non, ce n’est pas la pose simulée par son époux, bien que certains murmurent qu’il n’est pas moins séduisant à garder le goût du vieux, plutôt qu’en service trois pièces, meuble de cheminée de marbre compris. Tel un whisky vieilli dans un vieux fût dégueulasse, et dont on hésite à le rejeter pour son aigreur, ou à l’adorer pour se vanter qu’il s’agit d’un goût qui s’acquiert, goût de décadence, de nantis et de causes perdues, jetées au feu. C’est son geste pyromane qui a allumé le feu dans les yeux d’Almaze, et qui la fait la redresser, l’intérêt piqué, alors que le désir la crispe dans son ventre.
Elle récupère, rapace avec une douceur et élégance presque décalée, la bouteille qu’il agite comme un calumet de la paix. Almaze fait tourner le précieux nouveau-né, le fruit de leurs amours. Elle le tient dans ses bras autant comme un nourrisson que comme un grand cru dont elle admire le miroitement qui ricoche sur son visage. Le sourire éclot. Presque songeur, définitivement amoureux. Elle ne pinçait pour cette bouteille, et son regard s’attendrit, infatué du cru malgré sa symbolique poisseuse. Regardant le verre teinté comme elle ne regarde personne. « - Tu as toujours été un sentimental.» Comprendre : plus qu’elle. La sauver, conserver une bouteille de cette année là, maintenant… Il le cachait juste assez pour être supportable, pas trop geignard. C’est un soupire doux qui passe ses lèvres, une moue presque attendrie. Presque. Puisqu’elle relève ses yeux de biche innocents, et qu’une once de jugement traverse son sourcil arqué.

La bouteille serrée contre son cœur, le regard dansant, feu-follet ivre, tocard qui se prend un mur, elle se déplace, sans le lâcher des yeux. Cherchant à l’aveugle de quoi ouvrir la bouteille sans en égratigner à jamais le verre. Ils ont toujours su se débrouiller. Elle ne le relève pas, ne le corrige pas, n’entre pas dans la danse du concours de petite vertu. C’est pour cela qu’elle l’a épousé – littéralement. Bien qu’il y ait, la porte entrouverte, plus d’avantages que d’inconvénients. Etreintes d’alcôves, verres de cristal, lèvres contre des rubis chatoyants comme du sang, les doigts qui se nouent l’un à l’autre en signe de victoire. Elle ne l’a pas aimé, mais elle a aimé être sa femme. C’était tellement plus que ce qu’elle avait signé. « - Les cafards meurent en dernier. » Convient-elle avec ravissement. Elle débouchonne la bouteille d’un verre à droite et ajoute, fière de ce qu’ils sont jusqu’au bout des ongles. « - Je bois à ça. »

Almaze ne boit pas encore, elle s’avance vers lui, l’air de vouloir prouver quelque chose, un peu méprisante, une moue arrogante et boudeuse sur ses lèvres. Grivoise, aussi, deux chats qui jouent sur les toits. « - J’ai l’air d’avoir besoin de toi ? »  Il y a un rire dans sa voix, mal contenu, qui ronronne contre ses cordes vocales, prêt à railler. Mais la vraie réponse est : peut-être. Elle se rapproche, le pas félin, les hanches envoûtante et relève le minois pour le regarder droit dans les yeux, maintenant qu’elle est tout prêt, la bouteille entre leurs corps. Elle effleure ses lèvres des siennes – non, de l’ivoire mordant de ses lèvres. Le fixe, puis rompt le charme quand ses paupières cillent. « - Tu n’as rien que je veux. » Dédain qui gifle. Il n’a plus un rond, le nanti. Plus de coups à monter, plus d’affaires, plus de soirée, à peine de l’alcool. Plus rien qui brille pour attirer la pie. Pourtant, elle s’ennuie à mourir. Elle montre les dents et feule, chat sauvage furieux. « - Je n’ai pas oublié où tu m’as mis, joli cœur pourrit. ».
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