Jezabel Davis, lost sister

Je ne me souviens quasiment pas de papa. Je me rappelle sa voix et sa gentillesse, le regard pétillant qu’il posait sur moi quand il me prenait dans ses bras en rentrant du travail, le soir. Mais je me souviens surtout du soir où il n’est jamais revenu. Maman pleurait, Kyle dans ses bras et moi, je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait. Je saisissais sans vraiment l’appréhender que je ne reverrai jamais papa, mais pour une gamine de sept ans, la mort d’un parent est un concept trop complexe. J’ai beaucoup pleuré les premières semaines quand je ne le voyais toujours pas rentrer mais Kyle et maman me rassuraient, je n’étais pas vraiment seule. Je me suis encore plus rapprochée de mon frère après ce terrible épisode, c’était la figure masculine de ma jeune existence, il n’était pas trop âgé pour qu’un gouffre infranchissable nous sépare ni trop jeune pour ne pas supporter la présence constante de sa petite sœur. Je me rappelle que je me croyais intouchable et que je ne songeais que rarement aux horreurs dont étaient responsables mes semblables. J’envisageais de devenir infirmière après le lycée, d’emménager avec Carla, ma meilleure amie depuis l’école primaire. J’avais des projets plein la tête et des idées que je notais  dans un carnet – j’ai encore gardé l’habitude de faire ça. Je n’étais vraiment pas prête à affronter la cruauté d’un monde ravagé par la misère. Innocente, je comptais sur Kyle pour me protéger des sévices de la vie et sur maman pour me réconforter. L’un a disparu dans la nature et la seconde est décédée depuis des années.

Tout d’abord, ce fut la peur et l’incompréhension. Comme je l’ai dit, j’étais innocente à l’époque et d’une naïveté écœurante. Sans mon frère et son soutien, je pense que ni maman, ni moi n’aurions survécu. Je ne voulais pas quitter la maison et abandonner ma chambre – j’en souris aujourd’hui – et en partant, j’étais convaincue que nous reviendrions bientôt. Je ne suis pas retournée à Chicago depuis ce jour fatidique. Nous sommes partis en laissant derrière nous les vestiges de notre ancienne vie, et dans l’ignorance la plus totale de ce qui nous attendait. Avec le meilleur ami de Kyle, maman et Kyle, nous rejoignions certains groupes avant de reprendre notre chemin, sans but distinct à part notre survie. Le jour de la mort de maman a été l’un des pires moments de mon existence, l’attaque fut brutale et dévastatrice et nous laissa orphelins, Kyle et moi. Je me suis cramponnée à lui de toute mes forces et me suis écroulée dans ses bras, incapable de le lâcher, incapable d’affronter la réalité. Je voulais fuir ces images horrifiantes mais je ne le pouvais pas, alors j’ai suivi Kyle et me suis résolue à laisser partir un autre parent. A ce moment-là, la peur s’est muée en terreur et sans mon frère, je n’aurais jamais pu me relever. Je n’étais pas forgée dans le même moule que lui, son cœur semblait aussi généreux que le mien mais il pouvait encaisser encore et encore et continuer à me sourire, à me dire que nous nous en tirerions, ensemble. Je l’ai cru. Peut-être parce que je le voulais bien, sûrement parce que j’avais confiance, mais aussi parce que je n’avais pas le choix.

Quand il a disparu, j’ai eu à faire ce choix. Il fallait que je me batte pour survivre, je ne devais pas baisser les bras et abandonner, mais ce n’est pas le choix que j’ai fait directement. J’ai fermé les yeux et j’ai enduré, trop faible pour me défendre et me protéger moi-même, une gamine dans une arène de gladiateurs. Il m’a ligotée, m’a bâillonnée dans un premier temps, et a abusé de moi. Mon calvaire a duré plusieurs jours, j’ai perdu le compte et la volonté de vivre, au bout d’un moment. Je ne souhaitais qu’une chose, que ma souffrance cesse et de ne plus poser les yeux sur Julian. Mais Kyle m’attendait, il devait me recherchait, j’en étais persuadée au plus profond de mon être. Alors, quand l’occasion s’est présentée, j’ai attrapé sa machette et me suis frayée un chemin vers la liberté à l’aide de la lame ensanglantée. J’ai tué pour la première fois et me suis ruée vers notre camp, trop pressée pour prendre la moindre précaution. J’ai couru, et couru, et quand je suis arrivée sur place… Kyle avait disparu lui aussi. Je suis tombée à genoux et les larmes ont dévalé mes joues tandis que je fixais la forêt devant moi sans vraiment la voir, à la dérive dans mon cœur et mon âme. J’ignore combien de temps je suis restée ainsi prostrée mais les lumières du jour ont fini par m’envelopper, alors je me suis finalement relevée pour reprendre ma route. Kyle avait survécu, c’était forcé, c’était obligé. C’était nécessaire.

La solitude est devenue ma compagne dans ma quête et j’ai eu de plus en plus de mal à interagir avec d’autres survivants. J’ai observé beaucoup de groupes de loin, sans jamais m’avancer trop près ou me faire repérer. Je ne voulais pas revivre le même cauchemar qu’avec Julian et tant que je ne voyais pas Kyle, il était inutile que je me mêle aux autres. Un an est passé sans que je ne trouve d’indice mais j’ai continué sans relâche, ne pouvant me résoudre à l’idée de l’abandonner définitivement. Au détour d’un bourg paumé, un pillard m’a attaquée par surprise alors que je farfouillais dans mon sac pour mettre la main sur mon déjeuner, mais mes réflexes m’ont sauvée la vie. Ma machette m’a de nouveau tirée d’affaire et j’ai compris que la mort de Julian serait certainement plus facile à supporter que d’autres morts. Lui, il m’avait tant fait souffrir alors que cet inconnu, j’aurais préféré ne jamais le rencontrer.

Deux ans après la séparation, j’ai capitulé et ait rejoint quelques survivants que je venais de rencontrer. Je ne suis restée que six mois avant de leur fausser compagnie ; deux membres du groupe avaient péri dans un guet-apens et mes recherches de Kyle avaient ralenti depuis mon arrivée chez eux. Pourtant je ne peux nier que leur présence me faisait le plus grand bien ; j’ai ri avec eux, chose qui ne m’était plus arrivé depuis si longtemps, je retrouvais la Jeza que j’étais autrefois, avant tout ça. Mais Kyle était prioritaire, et après une autre année écoulée sans avancée notoire, je commence à ne plus savoir où regarder.

Déjà bienvenue
Ensuite, très belle fiche ! J'aime beaucoup Jezabel et j'ai hâte de découvrir les retrouvailles avec son frère

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Pour bien démarrer, tu peux poster une fiche de liens (en pensant bien à la tenir à jour) et en demander aux autres, créer un scénario si tu as des besoins précis ou un pré-lien s'ils le sont moins. On rappelle qu'il faut impérativement poster un sujet d'activité et que les Wanderers doivent intégrer un groupe dans le mois qui suit leur validation.

Tu peux maintenant gambader librement sur le forum et surtout RP.