Sujet: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Lun 5 Aoû - 14:59
Qui bat. Qui bat. Qui bat. Et mon cœur est fragile.
AOÛT, 2019. San Marcos Airport. Les pistes.
Il n’était pas allé à la prière du matin. Un oubli presque innocent. Presque un acte de rébellion inconscient. Il pensait y aller au départ, puis le temps l’avait fait prisonnier avant de filer. C’était la première fois depuis longtemps qu’il loupait le sermon de Lazare. La première fois depuis longtemps qu’il ne s’était pas rendu au petit-déjeuner. Il ne voulait pas attirer l’attention, bien au contraire. Il voulait juste s’isoler un peu. Faire le vide dans sa tête. Se faire oublier quelques instants. Ce matin, on était venu le réveiller avant l’aube, car il y avait eu un problème dans les toilettes communes. Le soleil n’était pas encore levé que ses bras nageaient dans les excréments. Dans ces moment-là, il était bien content d’avoir perdu son odorat. Il lui suffisait d’imaginer du chocolat, et ça devenait presque insignifiant. Il ne se plaignait jamais de ce genre de tâches. C’était sa mission. L’un de ses jobs. Et puis il était important de garder l’intérieur de l’Aéroport le plus propre et sain possible. La chaleur du mois d’août – et du reste de l’année – du Texas était propice à la prolifération de maladies. Alors il avait passé l’heure suivante à nettoyer, puis après avoir rincé ses avant-bras, il avait quitté la pièce en silence pour errer seul, tel un fantôme, dans les couloirs déserts de l’ancien terminal.
Au lieu de regagner son lit, il était allé trouver l’extérieur. Il avait besoin d’air. Et puis à quoi bon retourner se coucher ? Ces dernières nuit Morphée semblait le laisser de côté, l’oublier. Alors, on se rebelle ? « La ferme. » Il referma ses mains un peu plus sur la barre de fer du pied de biche. Objet qu'il avait utilisé un peu plus tôt. « Combien ? » « Une dizaine? » Il marchait avec détermination, le regard éteint, fixant sans voir le bout des pistes, là où le soleil pointait maintenant le bout de son nez. Il n’avait croisé que peu de personnes, la grande majorité de sa famille dormait encore. On ne lui avait pas posé de question, on le connaissait, on ne le surveillait plus depuis longtemps. « Je parlais pour les autres. » « Des centaines? » « ça ne te rappelle rien? » « La ferme, j’ai dit. » Sa dernière phrase avait été plus élevée que toutes les autres. Suffisamment pour attirer l’attention d’un rôdeur solitaire, à une dizaine de mètres de là. Nathan accéléra son allure. Il courrait presque lorsque son arme improvisée entra en contact avec le crâne de la créature. Il frappa. A plusieurs reprises. Et le monstre s’écroula. Il resta immobile une dizaine de secondes à le fixer. Pathétique. « Un problème ? » La fatigue jouait sur ses nerfs déjà à vif depuis les événements du centre commercial. S'ajoutait à cela une nouvelle qui lui était parvenu la veille et que son esprit refusait de traiter. Silence. L’autre – lui-même – ne lui répondit pas. Un rictus s’invita sur ses lèvres. Non pas un sourire, mais une grimace indéchiffrable.
Un râle sur sa gauche attira son attention. Une autre de ses choses s’approchait, lentement. Sa main gauche – celle qui tenait l’outil – fut prise de tremblements. Il baissa ses yeux quelques instants, pour observer ses doigts, avant de plonger son regard dans le ciel orangé. Du sang. Il inspira profondément. Il devrait rentrer, mais il ne le voulait pas. Pas tout de suite. Il balaya le paysage autour de lui. L’aéroport paraissait si petit d’ici. Aujourd’hui il était prévu qu’il soit de pair avec Gabriel pour un petit nettoyage des pistes. Il avait déjà fait tout ce chemin, alors autant commencer maintenant non ? Gabriel saurait le trouver de toute façon. Son corps le démangeait. Sa tête bouillonnait. Et ce qui était une bien mauvaise idée, lui paru être la meilleure idée qu’il ait eu. Frappe. Peut-être aurait-il été plus sage qu’il passe par l’armurerie avant de venir ici ? Il était sous équipé, et en t-shirt. Frappe. Les restes marchants d'une femme n’était plus très loin de lui. Il tira de sa poche un bout de foulard qu’il attacha autour de son cou pour protéger sa bouche de possible éclaboussures. Frappe. Il s’écouta. Et il frappa. Car frapper lui faisait du bien. Sa main tremblait toujours, mais son esprit se vidait un peu plus à chaque coup qu’il administrait.
Lorsque le soleil eu fini son ascension matinale, cinq corps gisaient à terre. Il n’y avait pas beaucoup de rôdeurs dans cette partie des pistes. Pour une raison certainement dénuée de sens, il avait trouvé bon de les rassembler ensemble, formant à l’aide de ces cadavres inconnus un cercle. Il prit place au milieu, début d’abord, avant de se laisser tomber. Il s’était déchaîné sur les monstres. Leur tête n’était plus. Des morceaux de morts gisaient un peu partout autour d’eux. Immobile, couché au sol, il tenait toujours fermement le pied de biche, d’une main toujours tremblante. La tête vide, sourd au monde extérieur, il fixait le ciel, sa respiration en rythme avec les battements de son cœur qui tambourinait avec rage entre ses oreilles.
Rodrigo Álvarez
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Dim 8 Sep - 22:51
Au sein de la longue liste des choses que Rodrigo n’aimait pas figurait d’une part, les gens, et de l’autre, les gens pas foutus d’être à l’heure. Une catégorie à laquelle, s’il en jugeait le temps prolongé depuis lequel il attendait Nathan, son binôme de la journée appartenait très certainement. Ce n’était pas tant que le mexicain rechignait d’aller au turbin tout seul, car cela ne lui causait pas de problème particulier, mais même sa misanthropie prononcée lui soufflait que se piquer un plongeon tout seul dans la masse grouillante au dehors n’était jamais une bonne idée, et avait à son actif tout un tas d’arguments recevables pour le justifier. Donc Rodrigo s’était équipé, puis avait attendu en pestant avant de se résigner à s’en aller ramener, par la peau du cul s’il le fallait, le camarade d’infortune qui lui avait été assigné aujourd’hui. La décision prise, il s’en était allé le chercher au travers du dédale parfois tortueux de l’aéroport jusqu’à ce qu’une bonne âme s’en vienne l’informer que Nathan l’avait, de fait, déjà devancé sur les pistes depuis quelques temps. Pour plus d’une raison, cela l’avait curieusement mis en colère.
Dehors, il lui avait fallu un peu de temps avant de retrouver la trace du gamin. Bien entendu, l’appeler à haute voix étant complètement exclu à moins de vouloir s’attirer toute l’attention sur lui (et pas forcément celle du concerné), il lui avait fallu agir avec un peu plus de subtilité. Chercher de l’animation indiquant un combat ne l’avait mené à rien. Mais il avait fini par trouver quelques signes évidents d’un passage humain récent. Les remonter. Et tomber sur… sur quoi, au juste ? Prudent, Rodrigo ne s’était pas précipité vers le cercle de macchabée mais s’était d’abord contenté de l’observer d’un œil perplexe avant de se rapprocher en silence. Nathan gisait là, immobile… mort ? De là où il se tenait, entre le soleil matinal qui lui agressait les yeux et les déchets organiques encombrant la scène, il lui était impossible de juger avec certitude de l’état du jeune. Trop loin pour percevoir si un souffle régulier soulevait ou non sa poitrine et il n’allait certainement pas se prêter à écouter son souffle juste pour en être sûr. Pas envie de se faire bouffer l’oreille sur un malentendu… Retenant un juron sur sa langue, il enjamba prudemment les rôdeurs castagnés pour faire halte à moins d’un mètre du gosse. Et lui balancer son pied dans les côtes. Non pas un coup violent du genre à vouloir fêler la cage thoracique, mais suffisamment vigoureux pour rester néanmoins désagréable. L’effet ne se fit pas attendre et, quand l’autre manifesta un signe de vie en réponse au contact inconfortable de sa godasse, Rodrigo noya aussitôt le soulagement ressenti sous une colère beaucoup plus violente. « ¡ puta madre ! » Il l’empoigna par le col pour le redresser, rude dans ses gestes et la bouche tordue sur un pli peu amène. « Eres completamente loco. Tu viens ici en pyjama ? » Nathan était en t-shirt, la peau insolemment vierge de toute blessure… vraiment ? Difficile à dire, en fait, parce qu’une plaie pouvait fort bien se cacher sous les souillures dues aux projections des adversaires abattus. Et avec ces connards d’infectés, il ne fallait guère plus qu’une égratignure minime pour risquer gros. « Tu cherches à te faire buter ? »
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Jeu 19 Sep - 23:56
Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Les yeux levés en direction du ciel, il ne restait de Nathan qu’un corps inerte sur le sol. Aveugle à la réalité, sa respiration était la seule chose qui l’empêchait de complètement dériver. Car l’air qui venait gonfler ses poumons était réel, lui, il le savait. Les choses qu’il voyait tout autour, elles, elles ne l’étaient pas. Pourtant, il y avait bien son frère – à moins que ce ne soit lui-même ? Il entendait sa voix, et il se répondait. Les mots qu’il sortait avec aisance, n’étaient que le fruit de son imagination. Car là, étendu sur le sol, au milieu de restes presque humains, Nathan restait complètement silencieux. Les battements de son cœur n’étaient plus que des acouphènes, des bruits parasites. Le temps, lui non plus n’existait plus. Lazare. Gabriel. Levi. Les rôdeurs. Eux, ils n’avaient jamais existés. Pas dans son présent à lui.
Il eu mal, subitement. Au ventre. Mais il ne compris pas d’où elle venait, cette douleur. Il ne fallut que quelques micro secondes pour que son corps réagisse, mais dans sa tête, il lui fallut comme plusieurs minutes. Tout était si lent à lui revenir. Non. Il était bien à terre. Il ne voulait pas partir, pas tout de suite. Il voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Trop sèche peut-être ? Non. C’était autre chose. Gabriel. Gabriel était là. Il jura. Il aboya, comme il le faisait si bien. Nathan était désormais sur ses pieds, soutenu par le col. Les yeux clairs de Nathan se plongèrent dans le regard sombre de son aîné. Il ne le soutint pas longtemps cependant. Gabriel était en colère. Le pire était sans doute que Nathan ne comprenait pas dans l’immédiat pourquoi.
Tic. Il ne s’était passé que quelques secondes. Cinq, tout au plus. Il pouvait encore sentir la poigne de l’homme sur son col. La dernière question n’avait pas fini d’être prononcée. Et Nathan restait passif. Tac. Les yeux tournés vers le bas, il l’écoutait. Tic. Tac. Le mot final venait de tomber. Sa tête à lui, était sur le point d’exploser. Tic. « Me... TA GUEULE. » Le premier mot avait été prononcé d’une voix calme. Le reste, avait été craché de sa gorge, avec colère. En même temps qu’il avait parlé, sa tête s’était penchée sur la droite. Il ne parlait pas à Gabriel. Tac. Tic. Tac. Le manque de sommeil ne le réussissait vraiment pas. Tic. La bombe pouvait sauter à tout moment. Nathan le savait. Ce n’était ni le lieu. Ni la personne. Il devait s’éloigner. Il crispa ses doigts, et fut surpris de trouver la sensation du métal dans la paume de sa main. Le pied de biche, il l’avait oublié. Tac. Alors, dans l’unique but d’établir un peu plus de distance entre Gabriel et sa personne, et rompre tout contact, il frappa devant lui. Un seul coup.
Il ignorait s’il blessa le vent, ou s’il toucha Gabriel. Ça, il ne voulait pas le savoir. Il n’avait pas pris la fuite, comme sa tête lui dictait de le faire. Il s’était juste contenté de reculer d’un ou deux pas et de plonger ses yeux sur un bout de crâne éclaté, sur le sol. « Me gustaría. »
Rodrigo Álvarez
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Mar 1 Oct - 21:42
Que Nathan le regarde ou pas en lui causant ne changea pas grand chose pour Rodrigo. Comment était-il supposé comprendre que le minot ne s’adressait pas à lui lorsqu’il avait vociféré sa réponse ? Il n’avait aucune raison de le savoir, bien sûr, et de fait reçut ce “TA GUEULE” dans la figure avec autant de violence que si l’autre l’y avait cogné. « ¿Que dices? » demanda-t-il alors d’une voix calme, dangereusement trop calme, alors qu’il s’était figé – comme coincé dans le temps entre deux secondes, l’air de ne pas comprendre qu’on puisse lui répondre de la sorte avec autant d’impertinence. Il ne vit pas venir le coup. Pas parce qu’il n’était pas sur ses gardes, trop relâché, l’esprit ailleurs, rien de tout ça non. Mais parce que l’idée que son comparse soit susceptible de réagir de la sorte était tellement à des lieues de ce à quoi il s’attendait venant de lui qu’il ne l’avait pas envisagé. Tout le monde faisait des erreurs, hein ? Et lui, pas plus qu’un autre, n’était infaillible.
Le pied de biche heurta son ventre, à peine ralenti par l’épaisseur de cuir de son blouson, et lui coupa le souffle. Un seul coup. Mais un coup de trop. Rodrigo recula d’un pas, main inutilement portée contre son estomac alors qu’une flopée de jurons franchissait ses lèvres. Quand il releva les yeux vers Nathan, ils étaient brûlant d’un brasier de colère tout juste contenue et sa réponse n’arrangea pas les choses, bien au contraire même. « T’as un problème, tonto ? » Il s’avança vers lui, les poings serrés. « Tu veux qu’on en cause peut-être ? » Encore un pas pour ronger la distance que Nathan avait voulu instaurer entre eux. « Oh, tu me prends pour quoi ? Ton chien ? » Et il cogna. Sans crier gare, le bras se détendit subitement, poing serré, pour cueillir son comparse, ou adversaire, avec un avant goût de la bête qui grondait en lui. Rodrigo, bien sûr, était de ce genre d’homme qui n’hésitait pas à lever la main pour se faire respecter mais ne tolérait pas vraiment qu’on lui retourne la faveur. A plus forte raison quand la personne en face ne valait guère mieux qu’un gamin à ses yeux. Débrouillard, certes, mais gamin tout de même. Certaines choses ne se faisaient juste pas et Nathan avait largement outrepassé son seuil de tolérance en lui manquant de respect comme il venait de le faire.
Le mexicain, cependant, avait à cœur de remettre les compteurs à zéro (or did he?), ce pourquoi toute son attitude, après le premier coup porté, indiquait qu’il était tout prêt à en découdre avec son vis-à-vis. Les rôdeurs pourraient bien attendre leur tour : il n’y en avait guère qui se pressaient à proximité immédiate d’eux, de toute manière. « Viens, lança-t-il avec aux lèvres un sourire de loup, un sourire mauvais. Essaye encore. » Répondre à la violence par la violence. Répondre à tout par la violence. Nate avait une araigné* au plafond ? Qu’à cela ne tienne, Rodrigo avait une solution miracle pour ça.
* c'est pas une faute c'est pour esquiver la censure que j'avais complètement oubliée mdr.
Nathan Spangler
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Sam 5 Oct - 12:39
Nathan recula de quelques pas. Dans sa tête, toutes les voix, tous les sons s’étaient éteints. D’un seul coup. Celui offert par Gabriel. Ce n’était pas la première fois que son mentor levait la main sur lui. Ce n’était sans doute pas la dernière fois. La douleur lui vrillait l’œil et semblait maintenant irradier tout son crâne. Sa vision s’était troublée, avant de se dédoubler. Sans doute la faute à quelques vaisseaux éclatés. Il secoua sa tête à deux reprises. Rien ne changeait. Il vacilla légèrement sur sa gauche. Pas pour prendre la fuite, non, mais pour tenter de garder un équilibre sommaire le temps de …. Le temps de quoi exactement ? Reprendre ses esprits ? Ce n’était peut-être pas pour le meilleur.
Immobile, de profil, Nathan était incapable d’analyser la situation correctement. La faute au coup sans doute, mais aussi à une certaine instabilité datant de plusieurs jours. Sans relever la tête, il vint poser son œil meurtri et désormais rouge sur la silhouette de l’homme. Gabriel, dans sa manière d’agir, lui envoyait des signaux contradictoires. Il lui disait d’avancer, de riposter. Mais ce sourire, ce rictus mauvais qui hantait le coin de ses lèvres lui disait de rester à sa place. Essaye encore. Une menace ou un ordre ? Non. Sa tête s’agita en signe de négation. Ses épaules s’affaissèrent légèrement. Tout dans sa posture et son langage corporel criait qu’il ne le ferait pas. Qu’il ne le voulait pas. Il respectait trop Gabriel pour engager un corps à corps dans lequel il n’aurait de toute évidence aucune chance. La fatigue. Le manque de nourriture. L’énergie dépensée plus tôt. La carrure de l’autre. La liste énumérant les raisons d’une défaite inévitable était longue.
Et pourtant, il l’écouta. Il l’écoutait toujours. Répondre à la violence par la violence. A la douleur par la douleur. Il connaissait Gabriel depuis plusieurs années maintenant, et à force de le côtoyer, il comprenait sa manière de fonctionner. Habituellement, Nathan n’allait pas jusqu’à la confrontation. Non pas qu’il le craignait – car il lui faisait suffisamment confiance pour remettre sa vie entre ses mains – mais parce qu’il l’estimait plus qu’il n’estimait qui que ce soit ici – excepté Lazare, évidemment. Malheureusement le calme ne fut que de courte durée et déjà l’écho de ses propres pensées revenaient à l’attaque. Alors, poussé par cet esprit de destruction qui l’habitait – et qu’il détestait - et dans l’unique but de gagner un peu de calme, ses doigts se crispèrent une dernière fois sur le pied de biche avant qu’il ne fende l’air, grignotant la distance qu’il avait de nouveau creusé entre Gabriel et lui.
Sans grande surprise, Gabriel stoppa sa tentative avant que l’arme de fer ne l’atteigne. Avant que le moindre mal ne soit commis. Mais ce n’était pas suffisant. Dans sa tête, l’horloge s’était remise en route. Il pouvait sentir la colère qui émanait de l’homme et qui venait alimenter sa propre colère à lui. Il se dégagea de cet adversaire qu’il se plaisait à voir parfois comme une sorte de grand frère, un modèle. Nathan cherchait à maintenir le regard bestial de Gabriel, alors qu’il revenait à l’attaque, visant cette fois-ci les jambes. Habituellement, ce regard ne lui était pas destiné. Et il n’aimait pas ça. Ses mains étaient toujours prises de tremblement. Intérieurement, il luttait. Continue. Nathan s’arrêta net, bloquant son geste en plein élan. Quelques secondes d’hésitations durant lesquels il fut le plus vulnérable. Quelques secondes de déconnexion durant lesquels il libéra le pied de biche de son étreinte. Fuck. Qu’était-il en train de faire ?
Rodrigo Álvarez
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Jeu 17 Oct - 20:31
Rodrigo n’avait eu aucun mal, cette fois, à intercepter une attaque qu’il avait eu le temps de prévoir et de voir venir. Nathan avait foncé droit sur lui, aucune feinte, aucune esquive, aucun piège… le seul exploit de son adversaire, ici, avait été d’être suffisamment vif dans ses réactions pour intercepter le pied de biche de ses deux mains avant d’en goûter le baiser dur et mordant pour la seconde fois. Et puis il l’avait laché sans opposer grande résistance quand son jeune compagnon avait voulu se dégager de la poigne. Il l’avait observé prendre du recul, n’avait pas riposté, s’était contenté d’attendre. Vigilant et en colère, prêt à en découdre. Mais certainement pas prêt à passer à tabac une proie facile sans vraiment de raison de le faire. Parce que c’était exactement comme ça qu’il visualisait Nathan à cet instant précis. Non pas qu’il jugeât le gosse inapte au combat (il aurait toujours catégoriquement refusé de le prendre en binôme sur les pistes si tel avait été le cas) mais il ne l’avait jamais estimé comme un adversaire à sa mesure. Principalement parce qu’il ne l’avait jamais considéré comme un adversaire tout court, en fait. Nate n’était pas un ennemi. Nate n’était même pas vraiment là en fait : c’était, en tout cas, l’impression qu’il avait en cet instant précis. Et une des raisons pour lesquelles il n’avait pas cherché à attaquer à son tour passé le premier coup de poing et la provocation, seulement à se défendre. Son comportement l’intriguait parce qu’il ne le comprenait pas, pour autant cela ne voulait pas dire qu’il devait le tolérer.
Inconsciemment, ses muscles se tendirent, se préparant à recevoir une nouvelle attaque alors que tout semblait indiquer que son compagnon allait réitérer son assaut. Et puis… rien. Pause. Le môme avait lâché son arme et restait là, immobile, comme soudainement figé. Les yeux plein de questions. Rodrigo abandonna sa posture de combat pour se redresser, croiser les bras contre sa poitrine. Il pencha légèrement la tête sur le côté, un peu à la manière d’un chien qui ne saurait pas trop interpréter les signaux en face. Et son regard noir ne quittait toujours pas Nathan, rivé à lui dans l’attente d’il ne savait plus trop quoi désormais. « Alors, demanda-t-il simplement après un temps, c’est déjà fini, t’as plus envie de jouer ? » Il fit claquer sa langue d’un air désapprobateur et, si le sourire mauvais de tout à l’heure avait disparu de son visage, ce n’était certes pas pour laisser la place à une expression plus amène. « Hé, chiquillo, qu’est-ce que tu branles aujourd’hui ? T’étais où, là ? » Le mexicain restait sur ses gardes malgré tout, l’air profondément contrarié ; il s’était déjà fait surprendre une fois aujourd’hui et n’escomptait pas de laisser cet incident se reproduire de sitôt. « Je veux plus de ça ici. Tes enfantillages, c’est pour ta cour de récré, pas avec moi. »
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Sam 26 Oct - 15:39
« De jouer ? » Par pur mimétisme inconscient, Nathan avait penché sa tête sur le côté, comme un chiot faisant face à l’incompréhension d’un monde qui lui échappait. « Parce que j’ai l’air de m’amuser ? » Il y avait quelque chose d’étrange dans sa manière de parler. Les questions étaient autant destinées à l’homme qu’à lui-même. Il fixait l’homme, les yeux plissés comme pour s’assurer de mieux le voir. Il avait cette impression désagréable de déjà vu et il savait que ce n’était pas dû à un dysfonctionnement de sa tête. Un autre temps. Un autre lieu. Une autre personne. Une personne morte, dont les traits se mélangeaient à ceux de Gabriel. Même attitude. Mêmes regards. Mêmes mots. Jouer. Jouer car était supposé être fun. Mais jouer faisait mal. Jouer faisait peur. Surtout, jouer n’était jamais fun. ça ne l’avait jamais été. Jamais. Jamais fun.
Ses yeux avaient quitté Gabriel pour se poser sur le pied de biche. Des enfantillages. En temps normal, il ne l’aurait pas pris mal. Il connaissait Gabriel depuis de longues années, et il avait pour habitude de se faire traiter comme un enfant par l’homme. Mais dans l’immédiat, il était confus, incertain. Son esprit embrouillé ne savait plus qui il avait en face – ou contre – lui. Gabriel ? Dave ? Un ami ? Un bourreau ? Il pouvait sentir les frissons parcourir sa nuque et hérisser ses poils un à un. C’était étrange, car il savait que le corps qui se tenait devant lui était Gabriel – il l’avait vu, il l’avait entendu, il l’avait touché et il avait été touché – mais son cerveau, ses yeux, ses sens étaient épris d’un doute qui ne cessait de grossir alors qu’un brouillard opaque venait peu à peu modifier sa perception des choses. T’es cinglé. Non. Il ne l’était pas. Il le savait. Il pouvait être beaucoup de choses, mais cinglé il ne l’était pas. Pas plus que tout ces autres. La ferme.
Sa chaussure frappa le côté relevé du pied-de-biche afin de le faire remonter, et sa main épousa avec rapidité la forme de la barre métallique. Avoir l’arme dans la main le confortait. Il se sentait moins impuissant. Moins petit. Plus en contrôle. Cependant, en témoignait la chimère qu’il observait devant lui, le contrôle il l’avait perdu depuis longtemps. Il se sentait ridicule. Mais ridiculement en danger aussi. « T’aimais pas ça, jouer, eh? » Cracha-t-il tout en évitant de le regarder directement dans les yeux. Alors il fixait le corps de l’autre, ses mains. Car ce corps et ces mains étaient ceux de Gabriel, ça il le savait. Ce visage aussi, sans doute, mais dans l’immédiat il ressemblait à un fantôme du passé. De tous ceux qui auraient pu revenir, il avait fallut que ce soit lui. Nouveau frisson. Son corps était pris de tremblement. Sa main s’ouvrait et se fermait, alors qu’il dansait d’un pied à l’autre. Symptômes typiques d’un manque de sommeil évident ; ne pas tenir en place, le manque de concentration, la confusion et les hallucinations. Nathan grimaça. « T’es pas réel. » Murmura-t-il. Persuadé que s’il le répétait suffisamment les choses redeviendrait en ordre.
Rodrigo Álvarez
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Lun 4 Nov - 1:33
Nathan récupéra le pied de biche abandonné au sol. Et Rodrigo, qui avait cru que la passade de son compagnon était terminée, en fut pour son compte. Un instant, son regard glissa de son visage pour se poser sur l’arme, l’air de vouloir juger de la prise, de s’il lui fallait craindre un nouveau coup imminent. Puis les yeux remontèrent s’ancrer à ceux, adverses, du gamin. Il lui arrivait fréquemment de ne pas comprendre quelque chose. Des paroles, un comportement, une réaction… souvent, cela était dû soit à sa mauvaise connaissance de la langue, soit au fait qu’il ne s’intéressait pas assez bien ses semblables pour prétendre les déchiffrer. Mais là ? L’attitude de Nathan dépassait son entendement, justement parce qu’il connaissait Nathan. Dans une moindre mesure, certes, ils n’étaient pas amis, encore moins confidents, mais ils se fréquentaient, se causaient. Il avait appris à son sujet en le regardant se battre, en l’épaulant puis plus tard en lui laissant le soin de couvrir ses arrières. Et il savait que le minot pouvait parfois être un peu étrange, bien sûr. Mais il ne l’avait jamais vu comme ça. La question qui se faufila au travers du petit silence ne fit rien pour arranger les choses. « Quoi ? » demanda-t-il en retour. Mais Nathan n’avait pas vraiment l’air de le regarder, le regarder vraiment. Pour la première fois depuis le début de leur curieux petit tête-à-tête, Rodrigo en vint à se demander si c’était bien à lui que l’autre parlait. Et si non, à qui d’autre ? Ils étaient seuls ici, minus les corps inertes des rôdeurs qu’il avait achevé tout seul avant l’arrivée du mexicain.
« Hmm », grogna-t-il en réponse ; parce que pour quelqu’un de pas réel, l’homme se trouvait plutôt tangible, lui. Une chose, au moins, était sûre : il leur était impossible de commencer ce pour quoi ils étaient venus ici tant que Nathan persistait à se comporter de la sorte. Ceci, exigeait en conséquence qu’il règle la situation, bien qu’il n’eût pas la moindre idée de ce qu’il convenait de faire en de pareilles circonstances. Peut-être le soleil lui avait-il cogné un peu trop sec sur la caboche ? Ou peut-être que… S’animant soudainement, Rodrigo s’avança vers Nathan et lui attrapa le bras. Les doigts fermement serrés autour de son biceps, il le traîna bon gré mal gré loin des cadavres, hors de la zone à risque des pistes sans paraître se soucier d’une quelconque réticence de la part de son compagnon. A foulées rapides, la distance fut avalée en quelques secondes seulement et; une fois de l’autre côté des grillages, il daigna enfin le lâcher, lui imprima sur l’épaule une rude poussée du plat de sa main pour l’écarter de lui (il ne lui faisait pas confiance, pas aujourd’hui, pas après ce qu’il avait fait tout à l’heure). « T’as pris une des drogues de ces imbéciles du Royaume ? » La voix était dure, sévère, le regard scrutateur. Il avait entendu parler de ce qui se vendait, là-bas. Des effets que cela pouvait avoir sur les consommateurs. Si Nathan était en plein trip, son comportement pouvait se justifier, ça en devenait presque logique non ? « Tu retournes pas là-bas – son bras s’étira, l’index pointant la zone hors de laquelle il venait de le tirer – comme ça, c’est compris ? Si tu veux mourir, c’est pas avec moi. » Et lui n’entendait pas se mettre en danger avec un binôme qui n’avait pas les idées claires. Qu’est-ce qui se passerait si le gamin se piquait à nouveau de l’idée de l’attaquer, lui ? « Donne-moi ton arme, maintenant. » Le bras s’abaissa, se tendit vers lui, paume ouverte vers le ciel. Donne-la moi ou je viens la prendre.
Nathan Spangler
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Sujet: Re: Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo Mer 20 Nov - 0:42
Ses lèvres s’entre-ouvrir, mais ce fut sa tête qui s’agita de droite à gauche avant même que le moindre son ne puisse naître. Non. Son arme, il ne la lui donnerait pas. Son arme, il la gardait. Lorsque Gabriel l’avait attrapé par le bras pour le trainer derrière les grilles, Nathan n’avait opposé aucune résistance. Tel un automate, il s’était laissé guidé, les yeux dans le flou, conscient que c’était une main amicale qui l’agrippait. Loin de pistes, et loin du danger immédiat, l’homme avait continué avec ses questions. Il parlait de drogue. Il parlait de mort. Mais surtout, il lui avait ordonné de lui donner le pied-de-biche. « J’en ai besoin pour me défendre. » Murmura-t-il presque, sortant de sa léthargie passagère. Ils pouvaient être loin des pistes, loin des cadavres, le danger immédiat lui était toujours à proximité pour la simple raison que le danger était partout. Le danger était physique. Le danger était humain. Il était tangible et Nathan pouvait le sentir refermer son étau invisible autour de lui. Ses deux mains tenaient maintenant fermement la tige de métal, mais rien dans sa posture indiquait une intention d’être hostile vis-à-vis de Gabriel dont le jeune garçon fixait toujours les mains. Il ne voulait plus voir son visage. Car ce visage lui rappelait le danger. Ce visage l’empêchait de se calmer. Ce visage, traduisait tout ce qu’il craignait. « Tu ne les as pas vu ? » Eux. Les autres. Naître. Détruire. Souffrir. Mourir. Il voulait croire qu’ils étaient meilleurs, qu’ils faisaient les bonnes choses, mais les événements du centre commercial l’obligeait à se rendre à l’évidence que les hommes n’étaient bons qu’à ça : s’entre-tuer encore et toujours. Détruire son prochain pour retarder son autodestruction. Pour retarder cet instant fatidique mais devenu si banal de la dernière expiration. Sa dernière expiration. Vivre. Pourquoi était-ce si dur de vivre ? Pourquoi était-il assez stupide pour espérer encore que les choses pouvaient être différentes ? Que tous les groupes ne se valaient pas ? Que l’histoire n’était pas écrite pour simplement se répéter ?
« Dis-lui que je suis malade. Dis-lui que je suis mort. » Tout en parlant, il avait rapproché le pied-de-biche de son visage, dont l’extrémité s’enfonçait légèrement dans sa joue gauche. Lui. Il n’avait pas osé dire Lazare, de peur d’être entendu. De peur qu’on le méprenne sur ses intentions, qu’on remette en cause sa fidélité envers leur leader. Car il aimait Lazare. Mais il ne l’aimait pas comme ça. Il n’aimait personne comme ça. Et ça le travaillait depuis la veille, depuis qu’on était venu le trouver pour lui annoncer la nouvelle. Comme si c’était quelque chose de bien. Comme si c’était quelque chose dont il aurait dû se réjouir. « C’est mal. » Marmonna-t-il encore. Ça paraissait certainement décousu de sens aux oreilles de Gabriel, mais dans la tête de Nathan, l’argumentation était viable. « Ne le laisse pas m’avoir. Ne laisse plus personne. » Il avait fini par relever ses yeux sur Gabriel, gardant difficilement un contact avec ses yeux, préférant fixer ses lèvres. Il se sentait faible, méprisable, pathétique, indigne aussi. Mais il n’y pouvait rien. A l’intérieur de lui se passaient des choses qu’il ne pouvait exprimer manque de mots. Des choses qu’on n’expliquait pas, et qu’on taisait. Des douleurs qui par leur invisibilité n’existaient pas pour les autres.
Si il avait fait face à n’importe qui d’autre, Nathan se serait inquiété qu’on le voit dans cet état, aussi terrorisé. Cependant, il avait suffisamment confiance en Gabriel pour s’autoriser à extérioriser ce qu’il portait en lui. Mais surtout, il avait suffisamment confiance en Gabriel pour lui demander de l’aide. « Je ne suis pas... » Sa voix s’était brisée, terminant de façon prématurée sa phrase entamée. Sa pute. Non. Il ne serait plus la pute de personne. Plus jamais.
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Toutes les machines ont un cœur. | Rodrigo
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