Won't accept your silence - Nino

janvier 2019 + Ils pouvaient de nouveau sortir de la mine, une aubaine pour les miners qui commençaient sérieusement à tourner en rond. Après des jours à chercher un coupable, Anita avait finalement accepté de rouvrir les portes, non sans qu’on lui force un peu la main. Tous les jours, Nino s’était rendu à son quartier pour l’encourager à cesser cette mise en quarantaine, qui faisait finalement plus de mal qu’autre chose aux troupes. Comme toujours, la chef s’était terrée dans un avis personnel, refusant d’écouter les autres, avant de finalement accepter son éventuelle erreur, sans toutefois l’assumer. Maintenant que tout le monde pouvait de nouveau vaquer à ses occupations, l’éclaireur pouvait enfin souffler des quelques mois éprouvant qu’il venait de traverser. Du moins, c’était ce qu’il aurait aimé pouvoir faire, si le jeune Poutine ne montrait pas quelques signes de fatigue. Pour un petit animal comme lui, ce n’était jamais bon et même s’il n’était pas un expert animalier, il se doutait que quelque chose n’allait pas avec son fidèle compagnon. Inquiet, il s’était rendu chez des miners un peu mieux informés, avant de comprendre qu’il était temps de trouver un professionnel. Heureusement pour lui, l’entente avec le ranch tenait encore, et d’après ce qu’il connaissait sur ce groupe, ils disposaient sans aucun doute de quelqu’un de compétent pour résoudre son problème.

Pour avancer plus vite, Nino avait installé le petit animal dans son sac à dos, qu’il portait à l’avant pour ne pas le perdre de vue. Protéger son chien était le seul objectif de la journée, si bien que dans la nature hostile, il se montra plus que vigilant. Après de longues heures de marche, il arriva enfin au ranch, où l’on connaissait désormais suffisamment son visage pour venir à sa rencontre. Face aux gardes, il expliqua son soucis et sans trop de questions supplémentaire, on le fit entrer. Pour des raisons de sécurité logique, un des garde l’accompagna dans le ranch, indiquant par ailleurs que la vétérinaire en question devrait pouvoir l’aider sans trop de difficulté. Une aubaine pour le propriétaire de l’animal, qui se faisait sans surprise beaucoup de soucis. Alors que l’autre homme frappa à la porte d’une bâtisse, Nino prenait son mal en patiente sur le perron, attendant que l’inconnue se montre disponible pour lui.

Si l’attente semblait assez longue, il ne fut pourtant que quelques minutes avant de voir la fameuse arriver, d’un pas long et visiblement peu inquiet. Lorsque cette dernière releva la tête pour lui faire face, un frisson parcouru l’éclaireur qui resta silencieux un certain temps. Même si cela commençait sérieusement à remonter, le brun ne pouvait tout bonnement pas oublier ce visage, celui de la jeune femme qu’il avait sauvé et surtout le visage de celle pour qui il avait tué. Une sensation bizarre qui l’empêchait de parler, et qui instaurerait automatiquement un malaise. « Toi ? » Conscient que le mot était mal choisi, le brun reporta son attention sur l’animal, réalisant qu’il ne connaissait absolument rien de le personne qui se tenait devant lui, si ce n’était un sombre épisode dérobé. « Tu… Es vétérinaire au ranch ? » Nino ne voulait pas qu’elle prenne ses jambes à son cou, pas une seconde fois, pas maintenant qu’elle se trouvait juste devant lui. Par peur qu’elle ne prenne peur, il attrapa Poutine, pour venir le tenir dans ses bras.  

janvier 2019 + L’animal relevait la tête, comme s’il savait que la personne qui venait d’arriver pouvait lui venir en aide. Un instinct de survie qui parlait autant que le mutisme dans lequel s’enfermaient les deux humains. Gêné de lui imposer de mauvais souvenirs, Nino n’osait pas poser des questions et se concentrait sur l’état inquiétant de son petit compagnon. Heureusement pour lui, la brune semblait s’y connaître et comptait bien venir en aide à la plus mignonne des boules de poils. « Poutine, c’est son prénom... » Indiquer le prénom du malade paraissait naturel, surtout s’ils étaient amenés à passer les prochaines minutes dans la même pièce. La bâtisse dans laquelle travaillait la jeune femme restait assez rudimentaire, mais comparé à ce que possédait la mine, le ranch était assez gâté. Obéissant, il déposa l’animal sur la table qui occupait le milieu de la pièce, tout en lui caressant l’arrière des oreilles pour le rassurer.

Epuisé, l’animal ne tarda pas à s’allonger, attendant sagement qu’on lui porte secours, un état qui inquiétait sans surprise son propriétaire. En effet, Poutine avait d’avantage habitué son entourage à une fougue sans nom, qu’à la paresse. C’était d’ailleurs son calme nouveau qui avait alarmé l’éclaireur, qui bienveillant, ne se voyait pas attendre les bras croisé que le bon dieu protège son ami. « Il mange plus trop en ce moment, et depuis hier je le trouve vraiment pas en forme. » Avec ses mots, il tentait d’expliquer ce qui n’allait pas avec l’animal, espérant que tout cela n’était qu’une mauvaise passe et que dans quelques jours, l’adorable retrouvera sa vivacité. Puisqu’il ne pouvait rien faire de plus, il s’en remettait à la soigneuse du ranch qui ne tarda pas à commencer son observation. Ses gestes semblaient assurés et professionnels, de quoi rassurer le miners.

Alors que son regard quittait difficilement la petite boule de poils, la curiosité l’emporta et pour la première fois depuis son entrée dans la pièce, Nino s’autorisa un regard pour la brune. Sans se connaître, ils se savaient liés, et pour une raison étrange, leurs chemins ne cessaient de se croiser. Pour la sauver, il avait tué un homme, le premier de sang-froid, le genre de souvenir qu’il ne parvenait à effacer. Ce jour sombre restaient naturellement autant marqué dans leurs deux esprits, si bien qu’aucun n’osaient réellement en parler. Si Nino comptait bien respecter le choix de la brune de ne pas revenir sur leurs rencontres, l’éclaireur espérait au moins pouvoir faire plus ample connaissance et enfin découvrir la personne qu’il avait pu sauver. « Tu… Ca fait longtemps que tu es au ranch ? » Une question anodine qui n’engageait à rien, histoire de ne pas trop brusquer la plus jeune.