Alcohol is the best stress reliever | Angel&Andrea

Penchée sur mon carnet, je ne remarque pas les planches de l’échelle qui craquent. Je suis complètement obnubilée par mon projet actuel. Mes mains tracent machinalement un visage que j’ai fini par connaître sur le bout des doigts, celui d’Erin. Après une heure de travail, le papier est pratiquement entièrement recouvert. Je ne fais que peaufiner quelques détails comme son regard. Les pupilles sont toujours les plus longues à faire, car j’essaie d’y refléter une émotion précise. Il ne reste que quelques traits à tirer, mais je n’ai pas le temps de les tracer. Une voix masculine bien familière se fait entendre et, d’un geste brusque, je referme mon journal. La couverture de cuire claque contre le papier dans un bruit sourd et je reste silencieuse quelques secondes avant de me reprendre. J’étais si absorbée que j’avais complètement oublié où je me trouvais et pourquoi je m’y étais rendue. Je cafouille quelques excuses incompréhensibles pour expliquer mon sursaut. J’en profite pour ranger mon cahier, évitant complètement de répondre à sa question. Si je lui ai demandé de se pointer ici avec de la boisson, c’est pour oublier complètement la blonde, pas pour parler d’elle. Une fois les preuves de mon malheur cachées, je me retourne enfin vers mon dealer. « C’est super! » Je m’exclâme en remarquant la grande bouteille de fort qu’il a amené. Il y en a largement assez pour me bourrer la gueule au point d’oublier qu’y je suis. C’est idéal et je me sens honteuse de n’avoir rien amené pour le remercier à part quelques bonbons. Un paquet de réglisse un peu dur et du chocolat. Trois tablettes de Oh Henry dénichées dans un vieux distributeur. Ce ne sont clairement pas les meilleurs, mais c’est mieux que rien. « Moi j’ai ça. » J’ajoute bêtement en sortant mon mince butin. À voir ce qui est étalé sous nos yeux, une vieille bouteille d’alcool et quelques confiseries, j’ai vraiment l’impression de revivre une de mes soirées d’été du début de mon adolescence. Sauf qu’à l’époque, je finissais toujours par conclure avec ceux que je trainais dans ma vieille cabane dans les arbres. Et ça, je sais que ça ne se produira jamais avec Angel. Même complètement bourrée, je n’ai jamais franchit cette limite. C’est probablement une des raisons qui rend ces soirées si plaisantes. Je sais qu’il ne se fait jamais de fausses idées et qu’entre nous, il n’y a jamais de malentendus. « On est pas un peu ridicules à se planquer dans les bois pour boire en cachète? » J’esquisse un petit sourire en déballant l’une des tablettes de chocolat. Je me remémore ces soirées d’été qui exaspéraient toujours mes parents trop croyants. Si on m’avait dit qu’un jour les morts se relèveraient, mais que je trouverais tout de même le temps de vivre des moments comme ceux-ci, j’aurais éclaté de rire. Dès le début de l’apocalypse, j’ai accepté que plus rien ne serait jamais comme avant. Le nouveau monde était encore plus merdique et il faudrait faire avec. Mais depuis que j’ai rejoint les Crimsons, je peux respirer un peu. Maintenant, je peux me poser un instant pour profiter de la vie. Pour cette raison, je ne quitterais les cavaliers pour rien au monde.

Penchée sur mon carnet, je ne remarque pas les planches de l’échelle qui craquent. Je suis complètement obnubilée par mon projet actuel. Mes mains tracent machinalement un visage que j’ai fini par connaître sur le bout des doigts, celui d’Erin. Après une heure de travail, le papier est pratiquement entièrement recouvert. Je ne fais que peaufiner quelques détails comme son regard.  Les pupilles sont toujours les plus longues à faire, car j’essaie d’y refléter une émotion précise. Il ne reste que quelques traits à tirer, mais je n’ai pas le temps de les tracer. Une voix masculine bien familière se fait entendre et, d’un geste brusque, je referme mon journal. La couverture de cuire claque contre le papier dans un bruit sourd et je reste silencieuse quelques secondes avant de me reprendre. J’étais si absorbée que j’avais complètement oublié où je me trouvais et pourquoi je m’y étais rendue. Je cafouille quelques excuses incompréhensibles pour expliquer mon sursaut. J’en profite pour ranger mon cahier, évitant complètement de répondre à sa question. Si je lui ai demandé de se pointer ici avec de la boisson, c’est pour oublier complètement la blonde, pas pour parler d’elle.  Une fois les preuves de mon malheur cachées, je me retourne enfin vers mon dealer. « C’est super! » Je m’exclâme en remarquant la grande bouteille de fort qu’il a amené. Il y en a largement assez pour me bourrer la gueule au point d’oublier qu’y je suis. C’est idéal et je me sens honteuse de n’avoir rien amené pour le remercier à part quelques bonbons. Un paquet de réglisse un peu dur et du chocolat. Trois tablettes de Oh Henry dénichées dans un vieux distributeur. Ce ne sont clairement pas les meilleurs, mais c’est mieux que rien. « Moi j’ai ça. » J’ajoute bêtement en sortant mon mince butin. À voir ce qui est étalé sous nos yeux, une vieille bouteille d’alcool et quelques confiseries, j’ai vraiment l’impression de revivre une de mes soirées d’été du début de mon adolescence. Sauf qu’à l’époque, je finissais toujours par conclure avec ceux que je trainais dans ma vieille cabane dans les arbres. Et ça, je sais que ça ne se produira jamais avec Angel. Même complètement bourrée, je n’ai jamais franchit cette limite. C’est probablement une des raisons qui rend ces soirées si plaisantes. Je sais qu’il ne se fait jamais de fausses idées et qu’entre nous, il n’y a jamais de malentendus. « On est pas un peu ridicules à se planquer dans les bois pour boire en cachète? » J’esquisse un petit sourire en déballant l’une des tablettes de chocolat. Je me remémore ces soirées d’été qui exaspéraient toujours mes parents trop croyants. Si on m’avait dit qu’un jour les morts se relèveraient, mais que je trouverais tout de même le temps de vivre des moments comme ceux-ci, j’aurais éclaté de rire. Dès le début de l’apocalypse, j’ai accepté que plus rien ne serait jamais comme avant. Le nouveau monde était encore plus merdique et il faudrait faire avec. Mais depuis que j’ai rejoint les Crimsons, je peux respirer un peu. Maintenant, je peux me poser un instant pour profiter de la vie. Pour cette raison, je ne quitterais les cavaliers pour rien au monde.

J’ignore sa remarque, préférant ne pas m’étaler sur le sujet. Je me contente de grimacer, ce qui peut être interpréter de plusieurs manières. Il pourra lire ce qu’il veut dans mon visage et ça m’est complètement égal, tant qu’il ne relance pas. Tout ce dont j’ai envie, c’est d’une soirée de délire. Un seul moment où je pourrai déconner au max et oublier toute la merde des derniers temps. Des dernières années, même. Si je peux me saouler au point d’oublier l’existence des rôdeurs, c’est encore mieux. Je reste donc silencieuse, essayant d’installer la cabane afin qu’elle soit un peu plus confortable. Faut dire que boire sur des vieilles planches de bois pourrîtes, ce n’est pas l’idéal. Mais c’est déjà mieux que de le faire au milieu des bois où la mort pourrait venir nous chercher à n’importe quel moment ou, encore pire, à la carrière. Il y a des gens que je tiens à éviter là-bas, des regards que je préfèrerais fuir. Alors ma cache est idéale par défaut. Et Angie ne semble pas s’en plaindre. De toute façon, je crois qu’avec lui, n’importe quel endroit serait satisfaisant.

Plus qu’impatiente de lancer la soirée, je commence à sortir les minces provisions que j’ai pu dénicher. Je lâche une vanne idiote en me revoyant des années plus tôt, alors que je m’évadais ainsi pour boire avec mes meilleures amies et mes premiers copains. Je m’attendais à au moins un rictus de la part du dealer, mais non. Il me surprend totalement par sa réplique qui me pousse à la réflexion. Il a raison. Pourquoi se faire chier à vivre comme des rats alors qu’il est encore possible de profiter de la vie. Se terrer chez les Crimsons ne sert à rien. Chasser sans relâche non plus. La nourriture ne semble pas sur le point de manquer et juste avec mes trappes, j’en ai souvent suffisamment. Je devrais m’arrêter plus souvent ainsi. Prendre des moments pour vivre un peu plutôt que de survivre sans arrêt. C’est bien. Je suis bien, malgré toutes mes emmerdes. J’esquisse un sourire, le premier sincère de la soirée. Maintenant, je suis plus d’humeur à boire. J’ai envie de m’amuser pour les bonnes raisons.

« Pas grand-chose… » J’hésite un moment, pesant les pours et les contres. Pour l’instant, je ne me suis pas vraiment confié. Ça pourrait peut-être me faire du bien, m’enlever un poids de sur les épaules. Par contre, je ne crois pas être prête à parler d’Erin. Elle a beau appartenir au passé, la revoir a ravivé des souvenirs douloureux. Je l’ai su trop tard, mais j’étais amoureuse d’elle. Je l’aimais plus que je n’osais me l’avouer à l’époque et je m’étais toujours imaginée reprendre les choses là où nous les avions laissées. Mais, après notre conversation dans les bois, je n’ai plus l’impression que ce soit possible. « Juste des retrouvailles avec une vieille connaissance. Ça n’a pas été agréable, mais je crois que je ne la reverrai plus, alors c’est pas la peine de me prendre la tête avec ça. » D’où l’alcool qui m’aidera à me détendre. « Mais sinon, je te verrais bien barman. » Un peu en lien avec ses activités, mais un peu plus légal. Ça pourrait être une option, à moins qu’il aspire à autre chose. « Tu vas faire quoi? » Comme ça, j’ai pratiquement l’impression de revivre mes dernières années de lycée. Les histoires d’amour tordues et l’orientation professionnelle étaient les sujets préférés des terminales. Encore mieux si c’était discuté autour d’une bouteille. D’ailleurs, j’attrape celle qu’Angel me tend sans la moindre hésitation. Je referme mes doigts directement autour du goulot, puis j’en prends une grande gorgée. Le feu descend le long de ma gorge et je tousse un peu. J’y suis allée fort, mais tant pis. Je grimace à nouveau en lui rendant le contenant.

Spoiler:

Suite à la première gorgée, une grimace vient orner mon visage. Je n’ai pas le temps de la réprimer et c’est mon orgueil qui s’en prend un coup, surtout avec la réplique moqueuse du châtain. Je dois me faire violence pour ne pas m’insurger. Étant plutôt susceptible, l’envie de rétorquer ne manque pas. Toutefois, je me contente d’un hochement de tête. Normalement, je bois plutôt des alcools récupérés lors de mes rares escapades en ville. Généralement, ils sont plus doux que ce qu’Angel a pu dénicher. À la longue, j’ai fini par perdre l’habitude. Malgré mes derniers agissements, je ne suis plus celle que j’étais avant. Je suis peut-être même un peu plus fragile malgré toutes mes prétentions, d’où mon amour renaissant pour la boisson, passion que partage visiblement mon camarade. « Je crois que ça pourrait le faire, tant que tu n’te retrouves pas à dégobiller partout et que tu peux encore enligner deux mots. » Quoi de mieux pour mettre l’ambiance qu’un barman complètement torché? Surtout que les gens alcoolisés sont souvent les meilleurs confidents. Bonus s’ils ne se souviennent de rien le lendemain matin. Pour moi, les bars sont un peu les confessionnaux modernes et à voir comment il est attentif, je ne doute pas un instant qu’il serait parfait pour le boulot. Mais si ça ne lui convient pas ou qu’il aspire à autre chose, c’est aussi bien. Il n’a pas à se prendre la tête avec ça. Nous ne sommes plus à l’école et il n’y a plus de professeurs ou même de parents pour nous forcer à nous orienter avant d’être prêts.

« Un jour à la fois. » J’ajoute, reprenant la bouteille qu’il vient de déposer à ses côtés. Cette fois, je me contente d’une petite gorgée, refusant d’encore me laisser avoir comme une débutante. Puis je manque de m’étouffer lorsque le blond reprend la parole. À l’entendre, j’ai définitivement l’impression de retourner dix ans en arrière. « Elle est plus genre… femme? » Je répète, un large sourire aux lèvres. Son hésitation est presque touchante. C’est adorable, mais aussi surprenant à quel point une situation peut paraître évidente pour une personne extérieure, alors qu’à l’intérieur, les choses ressemblent souvent à un fouillis indémêlable. Pour moi, c’est évident qu’il doit éprouver quelque chose pour cette fille. Sinon, il n’en parlerait pas ainsi. « En gros, tu veux dire qu’elle te plait? » J’ignore si c’est purement physique ou non, mais peu importe. J’espère qu’il finira par éclaircir tout ça et se lancer, mais en attendant, je ne peux m’empêcher de le taquiner un peu. « J’sais pas comment une fille a pu faire tourner la tête d’Angel Harrington, mais elle doit être un sacré morceau! Franchement, à ta place je m’accrocherais! » Je lui donne un petit coup sur l’épaule, histoire de le réveiller un peu.

« Mes histoires d’amour sont pas hyper intéressantes, en fait. » Je finis par ajouter après un moment de silence durant lequel j’en ai profité pour m’embrumer davantage l’esprit. Tant pis pour les rôdeurs, au pire je resterai perchée ici toute la nuit. « Il y a eu une fille il y a longtemps, mais je crois que ça n’a plus trop d’importance. J’en ai aucune idée, en fait. Je sais pas ce que je veux pour être honnête. Je crois que j’aimerais être un garçon. Vous n’avez pas l’air de vous prendre autant la tête, à moins que tu me caches quelque chose…? » Un sourire malicieux s’étire sur mes lèvres. Je ne suis pas du genre à potiner, mais je dois avouer qu’il n’y a rien de mieux pour se changer les idées que de se délecter des ragots des autres.

Spoiler: