Sujet: the pleasure and the pain. Lun 11 Mar - 16:34
juan lucy « the pleasure and the pain »
Marcher. Bon Dieu, ce qu’elle pouvait détester ça, parfois. Il fallait dire que la blonde s’était échappée du Ranch depuis un certain moment. Partie la veille, elle n’avait qu’une hâte désormais, retrouver son lit et récupérer. Elle avait fait l’aller-retour au Stonebriar Mall pour y dénicher quelques trucs. Elle n’aimait toujours pas l’endroit. Trop de monde, trop de foule, trop de dangers. Des zones d’ombres attirant les mauvaises idées. Les mauvaises personnes. Une mélasse bien épaisse de bonnes intentions et de faux sentiments qui réveillaient ses instincts de survie. Puis, le sac légèrement plus rempli, elle s’était échouée au Royaume, avait dormi avec sa soeur - mais clairement, elle ne savait pas comment celle-ci supportait sa situation. Même un rat était mieux traité que cela au ranch, elle en était persuadée. Malgré ses arguments, la petite n’avait pas cédé. Les dégâts du mois de novembre ne paraissaient plus, au marché. Comme si l’événement n’avait jamais eu lieu ; pourtant gravé dans sa mémoire, dans sa chair. Une autre raison qui l’incitait à vouloir voir sa soeur quitter les lieux. Ce n’était pas sa décision, au final. Elle n’était pas sa mère, et respectait son choix.
Lucy s’était enfuie du Royaume aux premières lueurs du jour. Le ciel s’était paré d’or, pour éclairer son chemin. Elle avait refermé sa veste en cuir pour se parer contre les assauts de la bise, enfilé son sac et après un dernier câlin à Whil, s’en retournait au Ranch. Si elle rentrait tôt, c’était pour pouvoir travailler le reste de la journée - les Rhodes n’accordaient pas vraiment des jours de congés selon le bon vouloir des habitants. La blonde n’avait pas choisi le chemin le plus court pour rentrer. Elle ne voulait pas que sa route passe par le Square, par pur paranoïa. Toujours sur ses gardes, même aux aurores. Juste au cas où, quelqu’un la surprendrait une fois de trop à traîner dans les parages. Et puis, son mentor lui avait parlé d’un ancien magasin d’armes, un peu plus au Sud. Pillé depuis des années, elle ne doutait pas de retrouver l’endroit béant. L’espoir la portait tout de même vers la route désignée, et le sentiment d’être suivie l’accompagnait. Sans doute un rôdeur qui se faisait invisible. Ce n’était que des détails qui la rendaient alerte. Un craquement qu’elle était certaine de ne pas avoir produit. Un oiseau qui prend son envol. Alors quand elle voit la chère tête blonde du mort-vivant, sa dague fait un aller simple en direction de son crâne.
Son regard s’attarde quelques instants sur ce qu’il reste d’humain de la créature qu’elle vient d’achever. De libérer. Des scintillements qui attirent son attention et ses poches se retrouvent alourdies d’un collier et d’une alliance. La femme n’avait rien dans les siennes, d’ailleurs. Les chaussures lui font de l’oeil, mais avant qu’elle ne se penche pour les récupérer, Lucy s’assure que rien ni personne ne risque de l’attaquer. C’est à ce moment-là qu’elle le voit. Une esquisse, un mouvement. Son palpitant qui s’emballe à l’idée d’être suivie. Montrez-vous. Elle ne crie pas, mais son ton est ferme, et la dague récemment plantée dans un crâne a repris sa place dans sa main.
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Lun 11 Mar - 23:39
lucy juan « the thorn with the flower »
Quitter les pourtours de l’avant-poste pour un peu d’air et de solitude ; ce n’était pas qu’il en crevait d’envie, mais Juan savait apprécier la quiétude de ce genre de sortie. Ses pieds foulaient l’herbe en silence, son mutisme lui offrant le recueil et la concentration suffisante pour être alerte sans vraiment forcer.
A la recherche de tout et de rien il engloutissait les mètres ; en quête d’un élément de distraction dans le paysage, d’une bestiole perdue pouvant satisfaire l’appétit d’autrui ou bien de quoi que ce soit qui l’aurait empêché de tourner en rond. Certaines journées paraissaient bien interminables, s’écoulant trop lentement et s’étirant trop en longueur pour ne pas demander à être un peu bouleversées. Son Taurus fidèlement accroché à sa ceinture et sa main jouant avec l’effilé d’une des lames qu’il chérissait le plus, Rufus rôdait. Lion en cage prêt à savourer la moindre distraction, il errait tout en connaissant parfaitement les repères des lieux et en sachant bien là où il se dirigeait.
Au détour d’un premier mur à moitié écroulé, il avait aperçu le premier l’agitation furtive, presque imperceptible. La silhouette discrète avait pourtant fini par se trahir et pris à son propre piège que celui de la curiosité, le rouquin avait choisi de suivre à la trace cette onde inconnue qui franchissait les racines noueuses sans se formaliser des obstacles de terre et de pierre qui cheminaient le sentier mal dessiné. Il n’avait pas encore réussi à voir précisément de qui il s’agissait. Mais une chose était définitive : cet étranger-là allait lourdement regretter de s’être un peu trop approché des abords du camp. Les promeneurs un peu trop curieux étaient bien rares, souvent espions ou éclaireurs envoyés pour tenter de découvrir ce qui se terrait près d’eux dans l’obscurité.
Rapproché de cette ombre qui évoluait sans s’arrêter, son bras se redressa lentement, habillé du prolongement métallique du revolver. Il tirerait d’abord un premier coup pour lui faire peur, pour la paralyser de frayeur quelques secondes et ainsi mieux identifier l’animal effarouché – la brebis potentiellement égarée. Et pourtant, avant même qu’il ne puisse presser la détente, un point noir et luisant qui tâchait sa vision. Une veste de cuir sombre et usée un peu trop grand. L’écusson large dans le dos. Cette griffe dans le bas qu’il reconnaissait – celle qu’un infecté lui avait laissé en souvenir il y a si longtemps déjà.
Le cœur tambourinant, il s’était replié contre le mur à la dernière seconde, juste avant qu’elle ne se retourne. Les cheveux blonds n’avaient pas laissé apercevoir le visage qu’ils encadraient. Mais il voulait savoir. Non, il brûlait d’envie de découvrir qui était celle qui portait cette veste. Parce qu’il croyait vivre un songe éveillé, parce qu’il était peut-être à deux doigts d’avoir sous ses doigts un indice vivant pouvant le mener à ce qu’il n’osait croire – ou parce qu’il avait conservé malgré ces mois d’amertume et de cynisme l’espoir fou et inconsidéré qu’elle pouvait toujours être là, quelque part.
Comme une tentation, un appel sans sommation à se rendre, il l’aurait reconnue entre milles. Sa voix n’avait pas changé – ses intonations, il les connaissait et les identifiait les yeux fermés. La méfiance pointée sur lui comme une arme de poing, la dureté de ses syllabes détachées entre ses lèvres pourtant capables des plus douces paroles.
Tranquillement il sortit de sa pénombre, sans se démonter. Ses mains absolument pas détachées de l’arme qu’il tient en main. A l’intérieur de lui, la tempête grondait – un orage d’été. Son regard fixement posé sur les épaules de celle qui le voit enfin de toute sa hauteur. « Sinon quoi ? » Il pourrait presque croire à une deuxième première rencontre. Ils se jaugent, sûrement bien incapables de décider s’ils allaient croire à ce qui était présentement en train d’avoir lieu. « Tu vas continuer de me vouvoyer ? » C'était incroyable qu'il parvienne à la regarder sans bouger. Peut-être craignait-il de briser l'illusion au moindre faux mouvement.
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Mar 12 Mar - 22:27
juan lucy « the pleasure and the pain »
Son échine lui renvoie avec violence le désagréable sentiment d’être suivie. Épiée. En danger. Cela dit, elle n’avait rien fait de plus que marcher et tuer un rôdeur solitaire ; elle doutait qu’on la tue pour ça. Du moins l’espérait-elle de toutes ses forces. Ses jointures blanchissaient autour du manche de sa dague, sa voix était tendue après seulement deux mots. Pitié, faites que cela ne soit qu’un stupide rôdeur. Ou un Olympien perdu dans la nature ; comme elle quand elle était arrivée dans la région. Un écureuil. Les quelques secondes qui s’écoulent dans un silence de mort sont pure torture. Elle ne pouvait pas mourir ici, ni comme ça. Elle ne pouvait pas s’avancer vers le mouvement qui avait capté son attention, de peur de tomber dans un piège, ni s’en éloigner, au risque de finir la journée avec ce besoin constant de regarder par-dessus son épaule. Ne pas savoir la tuait.
Et savoir la tua. Une silhouette qui apparaît finalement dans son champ de vision. Armé certes, mais cela n’attire son attention qu’une demi-seconde. Ce qu’elle voyait la figea sur place, le souffle coupé et les illusions à la dérive. Non. Non non non non. Ce ne pouvait pas être vrai, quelqu’un lui jetait un sort, ce n’était qu’un mauvais tour. Pas vrai ? Cela ne pouvait pas être lui. Puisqu’il était mort, à Las Vegas qui plus est. Et pourtant plus ses pupilles détaillaient l’homme face à elle, même à plusieurs mètres de distance, et plus elle devait se rendre à l’évidence. Personne ne pouvait avoir son visage et sa voix. Qu’on la ranime, Lucy n’est plus en vie. Le choc, la surprise, l’ont fait dérailler. Arrêt du coeur, station des larmes. La blonde n’arrivait pas à réaliser ce qui se tramait juste en face d’elle, hermétique à la vérité qu’elle avait trop souvent espéré, trop souvent attendu, et qui l’avait toujours déçue. Ses mains (accompagnées de sa dague, donc) se plaquent sur son visage, devant sa bouche et son nez. Mais c’était trop tard pour freiner les canaux lacrimaux, qui déjà se vidaient en silence. C’était à peu près tout ce dont elle était capable. Pas de bouger. Pas de parler. Pas de se défendre et encore moins d’attaquer. Figée sous la violence de sa tempête, la jeune femme en était réduite à subir cette arrivée impromptue. C’était impossible. Son imagination lui jouait des tours - elle avait dû manger un truc bizarre, on lui avait glissé des drogues dans son dernier repas - merde, qu’est-ce qu’elle avait foutu à Stonebriar. La blague était du plus mauvais effet, si ça en était une. Ses sens ne l’avaient jamais trahi de telle manière. Juan, qu’est-ce que tu fous là ? Mais les mots ne franchissent pas ses lèvres, bien trop scellées par les émotions qui la submergeaient.
Une foutue habitude qu’elle pensait avoir radié de son comportement, bien des années plus tôt. Elle se revoyait, tétanisée dans la cuisine parentale à cause des rôdeurs. Lui n’aurait jamais dû lui faire cet effet. Elle ne sait même pas où elle trouve les ressources pour pleurer, encore. Elle pensait avoir tout vidé, et pourtant cela ne s’arrêtait plus. Puis son corps tout entier lâcha. D’abord ses yeux, puisque même embué avec les perles salées, elle n’arrivait plus à soutenir cette vue, son regard, son visage. Ensuite ses genoux, ou quelque chose de ce côté-là. Vulnérable, Lucy se retrouve assise aux côtés du rôdeur qu’elle venait de libérer. Poupée de chiffon qui comprenait pour la première fois ce que c’était, d’être un mort-vivant. De ne plus avoir la place dans ses pensées pour la logique et la raison, d’être piégée sur terre et d’imaginer l’au-delà. Avec lui. Preuve qu’elle était bien incapable de l’oublier.
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Dim 17 Mar - 17:07
lucy juan « the thorn with the flower »
Ses yeux s’accoutumaient à reconnaître Lucy, à la redécouvrir millimètre par millimètre. Et Juan se demandait comment il avait tenu jusqu’ici maintenant qu’elle réapparaissait de nulle part. Le choc était équivalent à un coup de poing en pleine tête et c’était de très loin la droite mentale la plus délicieuse qu’il ait reçue de sa vie.
Elle ne semblait pas en meilleur état que lui, donnant l’impression d’être mise face à un fantôme. La voir s’effondrer au sol fut au-delà de ses forces et en trois enjambées, il avait réduit à néant la distance qui les séparait et l’attrapait pour l’empêcher de s’écrouler. Ses doigts s’étaient refermés sur ses frêles bras, le contact amplifiant l’envie vibrante de tenir sa silhouette contre la sienne pour ne plus la lâcher. De ses grands yeux bleus perlaient toute la tristesse et la perdition, la même qu'il devinait étinceler dans ses iris.
Il ne voulait pas voir ces larmes couler sur ces joues, pas plus qu’il ne voulait sentir sa respiration arythmique et ses épaules tressautant se presser contre lui. Lucy ne flanchait pas, ni pour les autres et encore moins pour lui. Il voulait tuer cette douleur qu’elle avait bridé depuis longtemps, au moins aussi longtemps que lui avait réduit au silence la sienne depuis le jour où ils s’étaient perdus. C’était plus qu’il ne pouvait l’admettre et sa voix rauque tonna doucement. « Calme-toi mi cielo. » Alors que sa main venait à caresser fébrilement, presque sans oser y toucher sa chevelure, il ne savait plus s’il avait encore le droit de l’appeler ainsi. Il prenait d’autorité cette liberté mais le temps perdu entre eux l’en privait sûrement désormais. Tant pis ; pourvu qu’elle ne l’ait pas oubliée.
Egoïstement, c’était ce pourquoi il priait depuis des mois et des mois sans que rien ne se passe. Et tandis qu’il aurait du dès cette seconde se délecter de l’avoir devant lui, de l’avoir à nouveau avec lui, le doute ne fit que rejaillir pour l’asperger. Qu’allait-elle croire, au juste ? Qu’il l’avait attendue depuis tout ce temps ? Elle devait penser qu’il l’avait abandonnée, jetée aux oubliettes, rayée de sa mémoire et de ses entrailles sans l’ombre d’un remords. Qu’il avait appris à vivre sans elle et qu’il s’en portait très bien. Quel mensonge odieux, mais auquel elle pouvait bien croire s’il ne le dissipait pas. « Je croyais … je pensais que tu- » Il n’arrivait pas à parler, redevenu ce gamin mal assuré l’espace de quelques secondes où aucun mot n’était à la hauteur du trou béant que sa disparition avait laissé. Plus fragilisé que jamais il n’aurait voulu l’admettre auparavant, il s’était pansé tout seul en pensant bien faire : mais la cicatrice de cette blessure était vilaine, bien mal refermée et surtout encore sensible à certains moments. Preuve en était ce manque d’éloquence qui ne lui ressemblait pas ; ce silence lourd et trop long qui n’était pas lui.
Lentement il se releva, portant Lucy contre lui pour la faire tenir sur ses pieds et l’aider à se relever sans pour autant la lâcher. Ses yeux se posèrent sur ses lèvres tremblantes. La seule chose dont il avait eu envie pendant des nuits entières et qui lui aurait paru évidente, naturelle, essentielle en temps normal aurait été de l’embrasser avec fougue, d'y apposer les siennes fiévreuses et brûlantes. Mais à dévorer chaque détail de ce visage encore baigné de sanglots, Juan était à présent désemparé et n’avait même pas la moindre idée de quoi dire ou faire. Par quoi commencer, alors que deux ans s’étaient précisément écoulés. Alors il essuya du pouce quelques traces mouillées de chagrin et murmura si bas que l’écho de ses paroles vrombissait en lui. « Dis-moi quelque chose. N’importe quoi. Mais parle-moi. »
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Mer 20 Mar - 19:12
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Le voir était déjà insoutenable. Impensable. Un revenant, comme tant d’autres, un mort qui s’était mis à parcourir la terre comme tant d’autres. Son coeur piégé au milieu des émotions qui la traversaient ; joie, tristesse, excitation, inquiétude. De haut-le-coeur en états d’âme, ses joues sont rapidement souillées de ses larmes, nées sous le choc. Juan. Quatre lettres et un parterre de fleurs fanées ; un homme, son homme, que sa raison avait tenté d’oublier, que son corps n’oublierait jamais. Le toucher aurait été insupportable si ce n’était pas si doux. A genoux, son corps de chiffon ne tenait que grâce à lui. Sa proximité soufflait encore ses pensées, Lucy incapable de penser clair, d’y voir clair, de comprendre cette situation. Elle avait besoin de s’exprimer autrement qu’avec ses larmes mais la simple idée d’ouvrir la bouche pour émettre un son semblait au-dessus de ses forces. Le sentir n’était pas un plaisir. Son nez contre son épaule ne sentait rien d’autre que la crasse et le manque de lessive. Ce qui lui faisait penser qu’elle ne devait pas sentir grandement meilleur - et une partie d’elle le regretta. Ses fringues étaient sur son dos depuis deux bonnes journées, et sa veste, oh, sa veste … ne portait plus l’odeur de Juan non plus. L’entendre finit d’achever ses illusions. De combattre les dernières appréhensions qu’elle avait. Avec regret, elle se rendait compte qu’elle avait oublié certaines de ses intonations. L’aisance avec laquelle il jonglait entre l’anglais et l’espagnol. Dans ses bras, avec ses paroles pour réconfort, elle se calmait peu à peu. Du moins, ses larmes se tarirent. Son palpitant, lui, explosait les records. Se déplaçant de manière à pouvoir l’enlacer, elle eut recours à l'entièreté de ses muscles pour l’attirer contre elle, au point où ça faisait mal, au point où elle n’aurait jamais voulu lâcher. Plus jamais, lui disait une petite voix dans sa tête, plus jamais il partira. Le goûter n’était pas pour tout de suite, mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Rattraper le temps perdu, vitesse grand V. Lucy consentit néanmoins à le laisser respirer, à se pencher en arrière pour que leurs visages ne soient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Plonger dans ses opales était encore un peu compliqué, aussi se contenta-t-elle de fixer son nez et sa bouche, d’acquiescer aux phrases qu’il ne termine pas.
Elle sait. Elle comprend. Elle a traversé les mêmes épreuves en solitaire. Une peine partagée, des adieux absents. Ils avaient tout le temps, maintenant, pour réapprendre à composer avec l’autre. Une fois encore, il lui prouve qu’il est sa force, quand elle se sent décoller, contre lui. Rejoindre la verticale et le monde des vivants. Un pas qu’elle n’avait pas vraiment franchi, depuis Las Vegas. Et dans le brouillard de l’espoir, Lucy oublie un instant l’éventualité qu’il ait refait sa vie. Sa peau contre la sienne est bien trop attirante, et la blonde se repose un instant dans sa paume. Combien de fois avait-elle rêvé d’un moment pareil ? Combien de fois ses rêves s’étaient transformés en cauchemars une fois ses paupières ouvertes ? Le supplice de son absence n’avait rien à voir avec le supplice de sa voix, si basse et si profonde. Sa gorge est sèche, sa voix est rauque, sa raison en vacances, si bien que ses premières paroles sont brutes. Je t’aime. Timidement, mais avec courage, elle se force à croiser son regard. Aujourd’hui, il y a une certaine pudeur entre eux, installée là pendant deux ans. Je ne savais plus si je te l’avais dit avant ... avant que l’on soit séparés. Je ne savais plus si tu avais conscience de tenir mon coeur entre tes mains. Si tu le tiens encore. Tu m’as manqué. Brute, une fois encore. Mais au moins, elle se sentait mieux ; plus légère, en quelque sorte. Peut-être que son rêve s’arrêterait là, mais au moins, cette fois, elle lui aurait ce qu’il y avait d’important. Ce qui comptait.
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Dim 21 Avr - 12:50
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Il pourrait embrasser ces paupières à peine closes, lui arracher cette veste qu’il lui avait offert, porter cette frêle silhouette sans effort pour la coller à lui et souder leurs corps. Il s’en foutait bien de ce cadavre à terre, il n’avait rien à faire du monde autour d’eux ou de la moindre possibilité qu’elle soit avec un autre. Un autre, la pensée lui arrachait déjà un soupir irrité. Partager Lucy avait été et était toujours exclu ; alors il ferait ce qu’il fallait pour s’assurer qu’elle n’ait plus besoin du moindre substitut à l’absence qu’il avait causée. Il allait réparer ses torts de lui-même, il se le promettait sans douter d’y parvenir.
Mais les choses étaient plus compliquées que ça. La voix intérieure de Cassidy semblait rire quelque part en lui, amusée par l’ironie d’un double-jeu imposé. Lui, qu’en était-il de sa situation ? Que penserait donc sa jolie comparse si elle découvrait que celle qui avait existé n’était pas uniquement un fantôme ? Que croirait Lucy en sachant à quels saints s’était voué Juan depuis son départ ? Toutes ces questions éclatèrent au bord de ses lèvres tandis que celles de l’ancienne Outlaws insufflait ses paroles comme un remède à la plaie béante qu’il se traînait depuis un moment. Il inspira profondément, sa main se perdant le long de sa joue pour glisser contre sa nuque. Elle lui accordait tout ce qu’il aurait espéré et bien plus et il se maudissait plus que jamais de ne pas être capable de faire preuve d’honnêteté. De tout arrêter, freiner des quatre fers pour tout confesser. Quitte à briser cette retrouvaille et à la voir fuir pour de bon, cette fois. « Lucy, Lucy, Lucy … » Il répéta son prénom trois fois dans un murmure, une façon comme une autre risible d’exorciser ce douloureux désir qui lui brûlait les phalanges et hantait sa mémoire. Il savait d’avance que c’était un échec de lutter contre tout ça. Il avait conscience qu’il venait tout juste de signer son probable arrêt de mort en acceptant de se perdre dans ces deux yeux bleus qui le fixaient, qui l’attendaient. Un de plus, un de moins … Il n’était plus à une menace près. Il en avait vu tellement d’autres, déjoué trop de fois les plans d’un funeste destin.
Il se débrouillerait. Trouver une sortie de secours n’était pas un exercice nouveau pour Juan. Alors il abandonna tout sens de la raison, toute logique pour l’embrasser – ni violence ni empressement fiévreux, seulement la volonté de retrouver ce qu’il avait désespérément voulu. Ses lèvres étaient encore trop proches des siennes alors qu’il susurrait son repentir. « Je t’ai cherché là-bas. J’t’ai cherché tellement de fois. » Dieu qu’il s’en était voulu, dieu seul savait à quel point il se portait responsable des atrocités arrivées aux Outlaws, de sa disparition à elle, de leur séparation forcée. « Je savais que t’étais là quelque part. Je voulais pas t’abandonner. » Il pourrait presque se sentir comme un enfant fautif d’avoir échoué. Il se disait qu’au fond, s’il l’avouait, peut-être qu’elle accepterait qu’il revienne près d’elle. Peut-être que cela allègerait sa conscience alourdie depuis des mois et des mois.
Commencer par savoir si Lucy était toujours Lucy l’intéressait. Avait-elle changé ? Nécessairement, oui. A quel degré ? Ca l’inquiétait et le tenaillait à la fois. « Tu t’en es sortie seule, alors ? » Son regard la couvait avec une certaine fierté. Elle avait toujours été forte, et l’était plus encore que la dernière fois que leurs chemins s’étaient séparés. « Ils n’auraient jamais eu ta peau. » Les infectés ou les salopards qui avaient décimé leur clan, aucun n’avait réussi à la stopper. Ce n’était pas demain la veille que ça arriverait.
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Mer 24 Avr - 21:36
juan lucy « the pleasure and the pain »
Son coeur, son corps et son cerveau avaient du mal à y voir clair. Fébrile, elle se laissait porter par des morceaux de Juan, ses bras, sa main, sa voix. Plus rien ne fonctionne comme il le devrait, la réalité et le rêve la perdant quelque peu. Combien de fois avait-elle rêvé de ce moment ? Combien de fois avait-elle imaginé son cadavre servant de buffet pour une douzaine de rôdeurs affamés, ses cris de terreur la réveillant en pleine nuit ? Combien de fois avait-elle espéré que ce soit lui, en entendant un bruit derrière elle ? Lucy, Lucy, Lucy. Croiser son regard avait été compliqué, faire passer les preuves d’amour à travers ses lèvres pénible, et libérateur. Entendre son prénom, trois fois, de sa part, ravivait des souvenirs aussi réels qu’imaginés, l’ancrait dans la réalité - une qu’elle ne voulait pas quitter. Des murmures qui la ramènent de loin, qui la font battre un peu plus des cils, sur lesquels se formaient déjà des perles de joie. Forcément, elle ne réalisait pas, pas vraiment. Pour achever de la convaincre, les lèvres de Juan se posèrent sur les siennes. Pour achever l’illusion - parce qu’un tel baiser, elle ne l’avait pas ressenti dans ses délires oniriques. Lucy finit de se réveiller, de se convaincre, dans ce baiser qui s’acheva bien trop vite à son goût. Puis des larmes salées qui dévalèrent ses joues, étendues dans un sourire large. Et je t’ai attendu, Juan. On a retourné la ville, mais c’était trop dangereux. J’ai prié pour qu’il ne te soit rien arrivé. Des heures, des jours durant. Le regard perdu sur le gâchis de Las Vegas, sur ces vagues de rôdeurs qui rendaient toute recherche complexe, voire impossible. Elle aurait voulu ne jamais y être allée, ne jamais être repartie. Pas sans avoir retrouvé Juan, vivant ou mort. Ne pas savoir, c’était ça, le pire. Je voulais pas t’abandonner, non plus. Loin d’elle cette idée. Une confession en écho à la sienne, des je t’aime déguisés aux yeux du monde.
Sous ses phalanges aventureuses se dessine la barbe mal taillée de l’homme. Son homme, fut un temps. L’était-il toujours ? Son baiser la laissait espérer, mais les années les avaient séparé, et tout était possible. Même le fait qu’il soit en vie. Non, pas seule. J’étais avec les soeurs Miller, et quelques autres. Je les ai quitté avant de revenir au Texas. Et toi ? D’autres survivants à tes côtés ? D’autres amis, qui ont peut-être survécu ? Les OMC, ces durs à cuir(e). ... Et ils n’avaient pas intérêt de toucher à la tienne. Lucy, transformée en Lucifer pour ses beaux yeux - et sa belle peau. Lucy n’était pas connue pour sa jalousie excessive ou sa possessivité, mais il ne fallait pas lui rendre les prunelles azur de Juan si c’était pour l’en priver cinq minutes plus tard. Alors la blonde poussa sur la pointe de ses pieds, retrouvant les lèvres du survivant. Ses doigts retrouvèrent le chemin de sa nuque, des amarres familières, qu’elle avait cru ne jamais retrouver, des frissons traversant son corps. Naïvement, elle aurait voulu que jamais ce moment ne s’arrête. Et de manière nullement naïve, elle espérait aussi redécouvrir le reste de sa peau, de son odeur, de son corps. Ce qui devait se lire dans ses yeux bleus, quand Lucy rompit le baiser, sur le bout de sa canine qui mordait sa lèvre inférieure. Si son amour avait survécu, est-ce que leur amour avait survécu à leur séparation ? Ne s’était-il pas reconstruit, depuis ? Est-ce que ... la question se meurt sur ses lippes. Poser la question, c’était risquer d’entendre une réponse différente que celle qu’elle voudrait. C’était risquer de se retrouver brisée, à nouveau. Devenir dingue, alors que son corps ne voulait qu’une drogue. Le voulait lui.
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Sujet: Re: the pleasure and the pain. Ven 17 Mai - 16:16
lucy juan « the thorn with the flower »
Les noms d’Holly et de sa sœur lui revinrent en mémoire, étranges reliquats d’un temps qui lui revenait en pleine figure avec un délice inavouable. Quelque part il se satisfaisait qu’elle n’ait pas été livrée à son sort sans être aidée de personne. D’un autre côté, il aurait pu tout aussi bien tuer pour se substituer à ces chanceux qui n’avaient pas goûté leur place. Lui aurait bien tout donné pour ça. « Nan. Y avait plus que moi, moi et moi. » La solitude n’était pas pour lui déplaire à l’époque mais cette compagne-là aurait pu le rendre fou. Le destin l’avait épargné d’une descente aux enfers déjà bien amorcée et il devait sa merci à une autre – son cerveau refusa tout net d’y penser, la culpabilité s’éteignant tout aussi sec sous le regard brûlant que lui jetait Lucy. « Autant te dire que les conversations n’étaient pas fameuses. » parvint-il même à plaisanter, un demi-sourire se peignant sur son faciès.
C’était comme un doux rêve dont il était hors de question de se défaire. Le timbre de sa voix se mêlait harmonieusement à la vision qui s’offrait à lui et maintenant que la paume de ses mains et la pulpe de ses doigts avait retrouvé le contact de Lucy, il ne lui était plus envisageable de s’en éloigner tout de suite. Il continuait de toucher sa peau, redessinant la courbe de ses épaules et la pente de son dos pendant qu’elle le dévorait du regard avec impatience. « Je peux pas y croire, bordel. » Un juron comme pour rendre cette tension moins impalpable et il ne put retenir le rire un peu nerveux et incrédule qui agita sa mâchoire. Il avait oublié avec quelle aisance Lucy pouvait le faire revivre et redevenir la tête-brûlée impétueuse qu’il était, avec quelle simplicité elle envoyait valser tout le reste pour redevenir le centre de ses priorités.
Et elle le savait, elle en avait pleine conscience. Ils se connaissaient trop bien pour ne pas savoir exactement quoi dire, quoi faire. Juan restait un homme faible. Si elle le cherchait, elle finirait par l’avoir et elle n’aurait pas longtemps à attendre. L’envie en lui grondait crescendo, trop facilement réveillée par ses doigts qui cavalaient le long de son corps, par ses lèvres qui se jouaient de lui et ses dents qui les mordillaient avec une innocence toute calculée. Ce diable-là était impossible à conjurer ; autant s’y abandonner et se repentir plus tard. « Tu sais que c’est dangereux, ici ? » murmura t-il si bas qu’elle seule pouvait bien l’entendre avec une parfaite clarté jusqu’à en saisir la subtile provocation de sa question. Depuis quand se souciaient-ils bien tous deux du risque qu’ils couraient ? Ensemble, ça n’avait jamais été leur préoccupation.
Ses bras étaient déjà en train de l’emporter, la soulevant contre lui pour l’embrasser un peu plus profondément alors qu’elle murmura, l’hésitation faisant trébucher ses mots. « Quoi ? » Il s’interrompit, la fixant droit dans ses pupilles à peine dilatées. « Qu’est-ce qui t’inquiète ? » Il n’avait guère besoin de temps pour pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Il connaissait l’ombre de ses regards, il n’avait pas oublié les signes qui venaient froisser son visage. Sans aucun doute il aurait pu ignorer l'anxiété qu’il percevait chez elle et passer à tout autre chose, sans doute que cela aurait été bien plus sage pour lui et pour eux deux.