La monotonie a quelque chose de spécial dans sa façon de rattraper ceux qui la fuient. Madison n'a jamais vraiment détesté la routine, elle avait au contraire, toujours la fâcheuse manie d'y trouver un certain réconfort : celui de l'absence de surprise, celui de l'absence de douleur. Mais tout autour d'elle, elle avait observé les gens multiplier les activités et les projets uniquement pour fuir l'ordinaire, comme si c'était une mauvaise chose, l'ordinaire. La môme elle aime bien ça. Les moments de répit, les moments où le cours des événements ne lui saute pas à la gorge pour lui arracher des larmes et des émotions. Elle flâne, pense, travaille, réfléchit, sans avoir à se presser, sans avoir à s'inquiéter. L'ordinaire est une échappatoire pour elle, une oasis où se plonger et oublier. Tout oublier. Oublier que Winona pourrit en cellule, oublier qu'elle est seule maintenant, avec seulement Dieu et Lincoln comme anges gardien. Sa vie entre les mains, comme les crayons qu'elle tient, à elle d'esquisser son quotidien et son futur. Mais la gamine est incapable de faire preuve d'imagination quand il s'agit d'elle. Par où commencer quand on veut grandir ? Quel chemin prendre pour s'accepter et prendre confiance en soi ? Quand elle regarde en arrière, Madison se rend bien compte qu'elle n'a jamais été prête pour cette vie, que ses airs matures n'étaient rien de plus que son incapacité à se réjouir des choses simples. On ne l'a pas préparé à être adulte, elle aurait dû avoir plus d'étapes, plus de temps pour les erreurs... Dans ce monde, si tu te trompes, tu meurs.
Pour arrêter de faire les cent pas, la gamine se pose dans sa cabane, les yeux rivés sur le livre trouvé plus tôt dans le campement. Les mots ne l'intéressent guère, ce sont plutôt les pages blanches à disposition qui lui font de l'oeil, appellent son esprit à coucher ses tourments. Lincoln avait demandé aux raiders de ramener plus de feuilles et de carnets pour elle, mais en attendant qu'ils ne reviennent, elle n'avait que la poussière sur les meubles pour tracer des motifs. Poussière qu'elle balayait aussitôt lors de son ménage. Alors que ce livre... Il était juste posé là, sans propriétaire qui le surveillait, peut-être laissé derrière par les gamins dans leurs courses effrénées. Elle l'avait ramassé parce que c'était son devoir, tout simplement, de ranger ce qui traînait dans le camp. Si quelqu'un y tenait vraiment, il viendrait le chercher dans sa cabane. Mais en attendant, ce livre n'appartenait à personne, coincé dans une bulle de temps. Elle n'avait qu'à arracher discrètement les quelques pages blanches et le laisser traîner à nouveau... Ce ne serait qu'un tout petit acte de plus à ajouter à la culpabilité qui lui rongeait toujours les os. Alors elle cède. Et bientôt, les arabesques colorées prennent le pas sur chaque espace libre, transcende le blanc, illuminent les mots. Lentement, les angoisses se déversent sur les feuilles dans des paysages sans aucune logique entre eux, des couleurs hors de ce monde, des arbres violets, des rivières pastel, les couleurs se mélangent comme elle voit les mots. Et elle s'endort au milieu de son arc en ciel improbable, les nerfs calmés, presque prête pour le nouveau jour.
L'agitation du camp au matin est un bal organisé, presque gracieux à sa façon. Chaque personne a son rôle, chaque objet à sa place et c'est peut-être le seul moment de sa journée où la gamine sait quoi faire et où aller. Le livre sous le bras – quelques pages méritent encore son attention et ses coups de crayon – elle vaque à ses occupations, range, nettoie, trie et organise, dans une succession de mouvements mécaniques qui détournent son attention de tous les problèmes. Et enfin, quand viennent les minutes de répit du déjeuner, elle se pose au soleil, à la recherche d'un paysage à sublimer. Près d'elle viennent s'installer deux raiders qui se préparent à partir en mission. L'un d'eux a le regard pesant sur la petite et il ne tarde pas à cracher ce qui lui traverse l'esprit : « Ben alors, personne a un vrai cahier à te donner ou quoi ? » Madison secoue la tête, sans savoir quoi répondre à cette question. Le second loustic argumente aussitôt : « Eh mais, je connais ce bouquin. C'est celui de l'indien ! Il le lisait hier soir. » La môme a l'air confuse, baisse les yeux sur sa trouvaille puis les remonte vers son interlocuteur. « Qui ? » Sa voix peu assurée est presque rauque, à force de s'emmurer dans le silence. « Lucan. Il a plein de bouquins qu'il laisse traîner partout, c'est à lui ça j'crois. Il te l'a prêté ? » Il y a un moment d'hésitation, mais la vérité finit toujours par franchir les lèvres de la gamine. « Je l'ai trouvé... » Et c'est peut-être son air penaud, comme prise entre deux phares de voiture sans possibilité de s'échapper qui leur arrache un rire gras. Et ils ne résistent pas à l'envie de la charrier un peu plus, cette âme innocente qui fait des montagnes des petits riens du quotidien. « Bah tu ferais mieux de lui rendre, sinon il va s'énerver. Attends, la dernière fois il m'a botté le cul parce que j'avais arraché une fleur. Comme quoi, je respectais pas la terre de ses ancêtres, tout ça. » Le doute assaillit la Madison. Elle ne connaît pas très bien Lucan, mais elle n'en avait jamais entendu des échos négatifs, alors elle bredouille : « Lucan ? Vraiment ? » Le compère, ragaillardi par la crédulité de la jeune cavalière ajoute : « Ouais et attends, moi il m'a foutu une beigne parce que je suis arrivé deux minutes en retard pour un départ en raid. » Et alors qu'ils s'amusent de leur nouvelle plaisanterie, la petite se relève, soudainement raide, l'air grave, les yeux plongés sur le livre qu'elle a complètement transformé. Au-delà des pages blanches, ce sont les bas des pages qui ont été fleuris, colorés et les mots se parent des couleurs qu'elle voit. Elle ne peut pas se contenter d'arracher ses méfaits, ce serait détruire une bonne partie de l'ouvrage. Elle ne peut pas le cacher indéfiniment, les raiders de Lucan l'ont vue en possession du livre. Elle n'a pas d'autre choix, rendre le bien à son propriétaire, sourire d'excuse aux lèvres, et espérer que son lien avec Abel suffise à la protéger de la fureur du chef d'expédition.
Elle aurait dû se douter que le livre n'était pas sans propriétaire. En remontant vers le campement, elle se rend compte effectivement que le bouquin a été abandonné à deux pas de la cabane de l'amérindien. Il se trouve sur le pas de chez lui, assis au soleil, comme s'il l'attendait, bien que son regard soit occupé à autre chose. Après une profonde inspiration, Madison réduit la distance. « Lucan ? » Elle demande, la voix hésitante et les mots sont tout aussi faibles alors qu'elle poursuit : « Je crois que c'est à toi. » Elle lui montre l'ouvrage fermé qui conserve ses œuvres qui lui donnent maintenant l'impression d'avoir transgressé quelque chose, comme un tagueur devant la mairie de sa ville, quand il écrit en grosses lettres des insultes envers le système. La différence, c'est que la môme s'exprime avec des fleurs, avec des couleurs, avec des entrelacs de pensées traduits en arabesques. « Je ne savais pas, je l'ai trouvé et... » Sa gorge se noue alors qu'elle a l'impression de confesser un crime grave. « J'avais plus de feuille et... » Et quoi ? Incapable de formuler des mots, elle ouvre la première page maintenant décorée de motifs symétriques et colorés qui rappellent les vitraux des cathédrales. « Je suis désolée, je pensais que c'était à personne. »
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Sujet: Re: serendipity ∞ Lucan Dim 20 Jan - 18:01
madison lucan «serendipity»
De la même façon qu'un homme pieux chercherait réconfort dans une bible ou un texte sacré, Lucan avait extrait de sa pile de livres un exemplaire de Moby Dick, là où la colère était punie pour celui désirant en faire sa loi. Lucan, à qui on parlait peu ou prou, peu importe la période de sa vie, avait pris pour habitude de chercher conseils et réconforts dans les livres. Parce qu'il n'était pas quelqu'un que l'on consolait, avait appris à l'accepter pour le faire seul, avec de l'encre et du papier. Parfois cela marchait, parfois non. La colère, depuis combien de temps et d'injustices se l'interdisait-il? Et n'était-ce pas le lot de tout homme, toute femme que de faire cela? Ne pas y arriver signifiait-il pour lui qu'il était moins qu'un homme? Tout cela le dérangeait.
L'atmosphère au ranch n'était plus la même pour lui. Certains en profitaient, accentuant leurs rumeurs à son égard. Malheureusement, toujours en convalescence de sa blessure, Lucan n'avait pas l'occasion de leur foutre son poing bien comme il faut. Celle-ci avait beau être sur l'épaule gauche, elle modifiait assez son équilibre et son assiette pour que l'homme sente que quelques exercices de postures seraient nécessaires, après. Il était sorti avec une élève en kinésithérapie pendant quelques mois, à la fac, juste pour profiter des massages, cela lui avait également permis d'apprendre quelques trucs pour lui...
Et aujourd'hui, Lucan ne retrouvait plus son livre. Il l'avait laissé sur le perron hier soir, profitant de quelques minutes pour lire à l'extérieur. Trop crevé, un peu à l'ouest, l'homme ne l'avait pas rentré avec lui. N'importe qui en passant aurait pu le saisir pour le balancer ailleurs dans le simple plaisir de l'emmerder. Histoire de vérifier si oui ou non, Lucan était en position de faiblesse...
Quelqu'un avait effectivement fait cela, mais Lucan ignorait qu'une autre personne l'avait récupéré par la suite. Il connaissait l'histoire du roman bien sur, le destin des personnages, il avait également d'autres livres à lire, devait se faire une raison...
Assis sur ce même perron où il se trouvait hier soir, l'homme soupira. Du temps libre mais rien pour l'occuper... Comme pour se moquer de lui son épaule le tira un peu. Une voix l'appela, pas des plus assurées d'ailleurs. Madison. Il tourna le regard vers la jeune fille, calme, curieux. Avait-elle un message à lui faire passer, un endroit où l'envoyer? Plus oiselle que fille, elle semblait se concentrer de toutes ses forces pour ne pas s'envoler. Quelque chose qu'elle avait, qui était à lui. Entre les mains de Madison, Moby Dick... En douceur, comme un parent récupérerait un tout jeune enfant, Lucan se saisit de l'ouvrage. Les mots de la jeune fille avaient-ils un sens? Il ouvrit le livre, regarda. Alors, ses yeux sombres se posèrent à nouveau sur Madison Il se leva, bien plus grand qu'elle, beaucoup trop grand, même, lui désigna la porte pour l'inviter à entrer.
”Merci de l'avoir trouvé. De l'eau bout, tu veux boire quelque chose?”
Il avait commencé à relire Moby Dick de manière enragée, cathartique, pour se méfier et se défaire d'une colère qu'il sentait naissante depuis les événements d'Olympia. Dans le livre était un homme dévoré de rage, un dont la simple description se devait de mettre Lucan et tout autre lecteur en garde contre ce défaut. Un roman sombre, noir, menant à la chute d'un homme. Qu'y avait-il entre les pages si ce n'est des choses indicibles et ténébreuses? Et de thèmes aussi arides, dangereux et maudits que la colère, une jeune fille avait pu dessiner autour des motifs de fleurs et de tout autre chose. Lucan aurait aimé que des graines de ces fleurs volent du livre jusqu'à son esprit à lui pour que d'aussi jolies choses viennent tempérer ses émotions. Il en avait besoin.
”Ce sont de jolis dessins...”
Il n'avait pas envie de se mettre en colère, quitte à la ravaler, à en être malade à vomir. Il n'avait pas envie voilà tout, pour Madison, le livre, comme tout le reste au ranch, voilà la vérité. S'en rendre compte le fit sourire un peu, pour une fois la réponse n'avait pas été dans un livre, mais dans des gribouillis dedans.
Lucan reposa l'ouvrage sur la table et sorti un sac qu'on lui avait amené il y a un moment déjà. Parce que l'organisation n'était pas son fort, l'homme n'avait pas encore eu le temps de faire le tri dans les livres qu'il contenait.
”Fouille là dedans, tu vas peut-être trouver quelque chose pour dessiner? Sinon choisit un livre ou deux...”
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Sujet: Re: serendipity ∞ Lucan Mer 27 Fév - 2:22
Lucan & Madison
Elle ne s'y attendait pas. Il y avait une forme de calme et de bienveillance dans la voix du colosse quand il la remercia d'avoir ramené le livre. Et elle ne s'y attendait pas. Son esprit était encore tourmenté par les railleries des deux raiders et à vrai dire, être face à Lucan n'arrangeait pas vraiment les choses tellement sa taille imposante impressionnait la petite. Si elle n'était pas figée sur place par ses propres angoisses, elle aurait probablement fait un pas en arrière. Mais Lucan était loin d'être une menace, loin du portrait impitoyable dressé plus tôt, et Madison comprenait maintenant qu'on s'était payé sa tête. Elle n'en prenait pas offense, pas vraiment, c'était son lot quotidien. Elle était souvent la victime désignée des plaisanteries sans grande conséquences, les quelques petits actes qui ne font pas mal mais qui amusent la galerie. Elle s'en voulait à elle plutôt, de ne pas pouvoir lire les sous entendus et les sarcasmes un peu mieux. « Je veux bien... Si tu as du thé. Ou peu importe, sers-moi ce que tu as. » Toujours conciliante la gamine, toujours polie, jamais intrusive. Dans un monde où les comportements étaient parfois plus proches de l'instinct animal que de l'ordre de la civilisation, la môme s'accrochait à ses manières. C'était à travers ce prisme qu'elle arrivait à comprendre la société, c'était à travers la norme qu'elle avait toujours réussi à survivre et elle ne comptait pas se défaire de ses habitudes. Elle se plaisait bien à ne gêner personne.
« Merci. » Docilement, elle s'approche du sac que le chef d'expédition lui tend et ses mains commencent l'exploration. Des ouvrages aux noms familiers mais aux contenus inconnus se succèdent. Elle a toujours eu du mal à se concentrer sur un roman, Madison. Sa synesthésie l'empêche souvent d'assimiler les suites de mots car elle ne voit qu'une explosion de couleurs qui titillent immédiatement son envie de dessiner. Quand elle s'essaye à l'exercice, elle est souvent obligée de lire plusieurs fois les mêmes pages pour suivre et elle s'en lasse alors rapidement, préfère terminer le tout en dessins pour pouvoir y voir plus clair. « C'est une sacrée collection que t'as. » Les gens trouvent du réconfort où ils peuvent. Pour Lucan, ça devait être les livres. Elle finit par dénicher un agenda datant de 2009. Quelques pages sont griffonnées de rendez-vous ou de dates de rendus de devoirs, mais il y avait plus d'espaces vides, de quoi réjouir la petite qui voyait déjà ses prochaines nuits comblées. « Je vais prendre ça. » Un sourire timide aux lèvres, elle affiche sa trouvaille. « Pour le reste ça devrait aller, je ne voudrais pas abîmer un autre de tes livres. Et puis Lincoln devrait me ramener des feuilles bientôt. » Toujours dans la retenue.
Ses yeux s'aventurent sur le reste de la cabane. Elle est dévorée par la curiosité mais feint de ne pas l'être. Pourtant, entrer dans une nouvelle demeure est comme un terrain de jeu pour elle, un cabinet des merveilles, une fenêtre dans l'esprit des autres. Ça lui permet de s'adonner à son passe temps favori, imaginer. Elle imagine des personnalités hautes en couleurs, des gens qui lui ressemblent, des âmes loin du chaos ambiant. C'est une technique comme une autre pour lui permettre de croire encore en la bonté d'âme. Et comme souvent les gens parlent plus à travers ce qu'ils laissent voir qu'à travers leurs propres mots, Madison s'amuse à les découvrir à travers leurs possessions, presque par psychométrie. « Tes raideurs se sont un peu payés ma tête avant que je vienne. C'est eux qui m'ont dit pour le livre. Ils m'ont aussi fait croire que tu te mettrais en colère... »
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Sujet: Re: serendipity ∞ Lucan Mer 27 Fév - 15:58
madison lucan «serendipity»
Il prenait garde à chaque geste, chaque souffle de mots aussi pour ne pas que naisse la moindre tempête. La jeune fille l'avait suivi à l'intérieur et lorsqu'elle entra, Lucan ouvrit aussitôt ce qui lui servait de fenêtre. Qu'elle ne se sente pas enfermée, perdue dans l'antre d'un ogre. Qu'elle n'ait pas peur, la peur épuisait trop...
Par chance, l'Indien avait fait chauffer de l'eau il y a peu. ”J'en ai moins que je le voudrais, des livres.Il y a beaucoup de romans fantastiques et science-fiction dedans, mes préférés. Certains trouveraient cette collection inutile et idiote...” répondit-il, attrapant un pot en fer blanc un peu cabossé. Dedans, tout ce qu'il utilisait pour ses thés et tisanes, et certains sachets étaient...plus forts que d'autres, dirons-nous. Pour Madison, Lucan préféra prendre quelque chose de plus simple au goût agréable autant que possible. ”Assieds-toi, j'en ai juste pour quelques secondes.” La gamine semblait avoir trouvé son bonheur. Elle était discrète, polie, ,le genre de caractère dont on prenait peu l'habitude au ranch. ”Ah oui?” Ce qu'elle disait des Raiders l'étonnait peu. Il mit sur la table deux tasses remplies à ras bord ainsi qu'une petite soucoupe avec dedans, un gâteau sec bien misérable mais ayant le mérite d'exister. ”Ils n'ont pas tout à fait tort, parfois je me mets beaucoup trop en colère. Ca épuise plus qu'autre chose, comme sentiment, ça te blesse toi plutôt que les autres, sauf que tu t'en rends compte que lorsqu'il est trop tard.” Une pointe d'amertume se devinait dans la voix de l'homme, une pointe de solitude aussi.
Ses yeux sombres se posèrent sur Madie encore une fois, petite silhouette étrange mais capable de dire ce qu'elle pensait. Une qualité, et si la jeune femme avait su survivre au ranch, elle devait en posséder d'autres. Ca, sa propre force aussi certainement...
”Et puis je sais que tu ne pensais pas à mal... On le voit quand les gens font des choses avec rage, ce n'est pas ton cas. J'aurai du faire attention à mes affaires, c'est de ma faute.” Un nuage noir de colère, quelque chose pour l'empêcher de bien voir, de bien se conduire, voilà la vision de Lucan depuis plusieurs jours. Et il ne savait pas comment exprimer tout cela, ni même à qui. Il espérait juste que cela s'arrête, cesse enfin, qu'il redevienne le Lucan d'avant la blessure, avant l'attaque d'Olympia. Revenir en arrière, c'était un mythe, personne ne le pouvait. ”Prend le biscuit, je n'aime pas ça. Je le garde quand j'ai des invités, mais j'en ai pas vraiment alors....Trempe le dans le thé d'abord, ça t'évitera peut-être de te casser une dent?”
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Sujet: Re: serendipity ∞ Lucan Ven 3 Mai - 21:37
Lucan & Madison
Il émanait de lui une certaine sagesse. Son ton était calme, mesuré, et il parlait de lui comme s’il était dans une bulle en dehors de son corps et qu’il s’observait. Rares sont les gens qui admettent leurs propres faiblesses et sont capables d’en parler avec autant de recul. Madison croit se rappeler que Lucan avait baigné dans le monde universitaire, qu’il avait fait de longues études… dans quoi encore ? La philosophie ? La littérature ? Un des deux, elle en était sûre. Peut-être qu’il avait tellement étudié les défauts des personnages qu’il en était devenu un lui-même, vivant de chapitre en chapitre, tantôt dans une quête homérique, tantôt dans une réflexion sartrienne. « Merci, mais ne t’en fais pas, je sais que j’ai l’air jeune mais j’ai déjà perdu toutes mes dents de lait, hein. » Elle sourit distraitement de sa boutade, la gamine, mais elle finit par suivre son conseil et trempe le biscuit dans le thé fumant. Les arômes lui chatouillent les narines et les saveurs arrosent ses papilles. Heureusement que le thé n’avait pas disparu avec l’humanité. Les mots du raideur tournent dans son esprit, tout comme les fleurs tournent dans sa tasse alors qu’elle touille le breuvage. Elle n’avait jamais réussi à faire face à la colère, préférant l’étouffer plutôt que la gérer, mais dernièrement elle n’arrivait plus à s’en séparer, elle ne se reconnaissait même plus. Pour les autres, elle devait simplement avoir l’air un peu plus perdu que d’ordinaire, mais ils seraient tous tellement surpris s’ils pouvaient lire en elle.
« La colère, hein. Donc c’est vrai que tu remets à leur place les malheureux qui arrachent des fleurs ? » Une lueur de malice se dessine dans son regard, elle se gargarise de toute l’audace qu’elle a pour tenir cette discussion, mais au fond elle espère ne pas outrepasser de barrières. Mais au-delà de quelques traits d’esprit, elle espère également tirer des réponses, des conseils, une voie à suivre… N’importe quoi qui puisse l’extraire du flou spirituel dans lequel elle était enfoncée. « Et comment on s’en défait ? De la colère ? » Il n’y avait sûrement pas de réponse unique, mais jusqu’à présent, elle se contentait de prières et les résultats n’avaient pas été concluant. Personne ne lui répondait. Alors que Lucan était là, juste devant elle, fort de toute son expérience. Il n’était pas beaucoup plus vieux qu’elle, mais elle découvrait chez lui un calme qui la rendait curieuse, intéressée. À quoi bon, après tout, écouter les vieux du ranch si leur seule solution consistait à taper sur tout ce qui bougeait, et parfois ne bougeait pas ? Madison avait besoin d’un écho plus profond, d’un début d’idée plus grande que les contingences physiques et de ce fait, plus libératrice. « Les prières ne me font plus le même effet dernièrement. » Un piteux aveu qu’elle se permet, même si la dimension de ce que cela peut signifier lui fait peur.
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