Are you really wearing heels bigger than my dick ? | Lucy & Wyatt

Gosh, que ce camp était grand. Trop grand, presque. Comment faisaient-ils, pour le garder en sécurité ? Pour éviter les brèches ? Il n'y avait pas une tour de garde, mais une demi-douzaine ! Même une mère pourrait y perdre ses petits. Même Lucy pourrait y perdre ses talons hauts. C'est dire ô combien le ranch était grand, et ô combien elle se perdait depuis que le type qui lui avait montré les installations l'avait abandonné. De plus, elle n'avait pas encore repéré l'habitation d'Alex, qui devait déjà avoir reprit la route pour un nouveau raid.
Perdue depuis trois fois, elle avait encore du mal à visualiser la localisation des bâtiments, les uns en rapport avec les autres. Et dès qu'elle s'éloignait de ce qui s'apparentait aux chemins les plus pratiqués, la confusion s'emparait de ses traits. Quand ce n'était pas à cause d'un trou qui faisait s'enfoncer l'un de ses talons, manquant de la faire chuter à chaque fois.
On aurait pu croire qu'au bout de quelques jours, elle aurait déjà appris à laisser ses chaussures de citadine de côté, mais non. Elle persistait. Déambulant au gré de ses envies, attirée par un détail brillant ou repoussée par l'odeur bien trop forte de l'étable. Lucy était l'électron libre, incapable de trouver sa place dans le système bien huilé. Peu importe où ses pas la menaient, elle n'y était jamais à sa place. Celle qu'elle avait longtemps trouvé, au milieu de la route et du bitume, entourée d'humains et de revenants … elle l'avait perdue. Et ce ranch était à l'opposé de ce qu'elle avait toujours connu. C'était grand. Une grande prison. Aucun risque de se marcher dessus – si quelqu'un l'énervait, elle imaginait qu'elle n'avait qu'à s'enfuir à l'autre bout du camp pour être tranquille pendant un an. Peu de visages lui inspiraient confiance, cela dit. Peu de visages familiers à qui se confier.

Alors, quand elle se fait accoster sous l'atmosphère brûlante du Texas, elle se demande si cela n'est pas le fruit de son esprit dérangé. Mais non, l'homme est bien là, lui demandant ce qu'elle foutait. Étant donné que Lucy confondait encore la moitié des personnes qui lui avaient été présentées, et que celles-ci n'étaient pas bien nombreuses, il n'était pas compliqué d'imaginer qu'elle n'avait jamais croisé celui-ci. J'essaie … de m'y retrouver. Quoi ? J'ai pas le droit d'être là ? Si on lui avait bien fait comprendre que la maison des Rhodes et sortir du camp étaient hors-limites, elle ne pensait pas être en train d'enfreindre quoi que ce soit à ce moment précis.
Mais elle le voit. Son regard, qui s'attarde un peu trop à ses pieds. Son jugement silencieux avant même qu'il n'ouvre la bouche. Alors quand il relève la tête pour parler, elle n'hésite pas à planter ses opales dans les siennes. Pratique, ces talons. Il n'avait même pas le luxe de la prendre de haut. Si seulement il savait combien de fois elle avait entendu ces mêmes réflexions … C'est déjà fait. Baptisés par le Ranch Rhodes dès son arrivée, ses talons avaient le mérite d'être toujours debout. Ce qui n'était pas le cas de tout ce qu'elle avait croisé. Je suis arrivée ici il y a quelques jours, je ne pense pas que nous ayons été présentés. Je suis Lucy. Et au lieu de tendre la main pour lui faire une poignée de main ou quoi que ce soit que les hommes virils font entre eux, elle glisse sa main sur sa jupe de manière à faire remonter le tissu et divulguer l'une de ses fesses, de profil. Les talons, ça me fait juste de belles fesses ! Ce qu'elle s'est bien gardée de lui montrer, ce sont les deux dagues dissimulées sur son autre jambe. Au lieu de cela, elle préfère passer pour la blonde de service, la bouche en coeur.

Se faire sous-estimer était tout autant un passe-temps qu'une méthode de survie. Si porter des talons hauts l'y aidait, alors elle les gardait. Qu'on la pense pas capable de faire grand-chose lui donnait l'avantage dans un combat, par exemple. Dans la vie quotidienne, cela pourrait mener à la desservir. On lui avait bien interdit de sortir du Ranch, et si les gens continuaient de la prendre pour quelqu'un ayant baigné principalement dans la chance liquide pendant huit ans, elle n'était pas prête de sortir de sa grande prison. Mais la demi-douzaine de tours de gardes seraient susceptibles de la freiner dans son envie d'évasion.
Lucy n'était dans ce camp que depuis quelques jours, aussi prenait-elle encore son mal en patience. Il y avait suffisamment de nouveautés dans ce camp pour elle, pour l'empêcher de trop penser à l'extérieur. Voici Lucy, qui plie. Encore.
Mais tôt ou tard, elle en aura marre, et quand elle relèvera la tête, affirmera sa voix, ses chaînes se briseront. Et il ne faudrait pas se trouver sur son passage. Il est là son problème, son désir de liberté maladif qui compromet sa sécurité. Parce qu'elle s'en fiche. Parce qu'elle ne cédera plus sa liberté pour plus de sécurité. Ses parents avaient tort au sujet de la sécurité, et la folie les a poursuivi derrière les barrières, en-dessous des crucifix, entre les prières.
Elle passe au-dessus de sa remarque sur ses bras ballants. A peine arrivée, elle n'avait pas eu l'intention de s'investir trop vite dans le camp. Encore fallait-il qu'elle sache s'y retrouver, sans quoi elle ne serait pas plus utile qu'une vulgaire brouette. Alors elle s'autorise à lui expliquer, en long, en large et en fesses, les raisons de sa présence. Peut-être qu'elle a juste envie de s'amuser, sous ces températures folles. Peut-être qu'elle a juste envie de savoir qu'elle peut plaire, malgré l'apocalypse.

Mais le peu de réaction de la part de l'homme la déçoit. Sa vision trop technique des choses était ennuyante. Si seulement ... Elle n'avait pas l'air enchantée à l'idée de lâcher ses paires de chaussures, facilement qualifiable d'inutiles – pire, de la ralentir ou de la mettre en danger – qu'elle chérissait pourtant. L'idée de ce qu'elles représentaient plus que l'objet en lui-même. Un des derniers rencard du passé, le monde qui s'ébranle sous le passage des femmes en talons. Un cliquetis méthodique quasiment oublié des mémoires, au profit d'un râle disgracieux et de démarches branlantes.
Elle voit Wyatt s'approcher d'elle avec une posture d'ours dominant qu'elle aurait pu voir à des kilomètres. Le genre qui devait faire peur – mais les hommes qui faisaient peur à Lucy avaient tendance à mourir plus vite. Elle en avait vu d'autres, et elle en verrait d'autres essayer. Enchantée, Wyatt. Elle supposa que c'était son titre qui lui donnait légitimité, mais Lucy n'avait retenu que les prénoms des Rhodes à la gouvernance des lieux. Dommage pour Wyatt - qu'elle n'hésiterait pas à charrier à la première faille de sécurité venue – même si elle espérait ne jamais en voir.
Les bras ballants, hein ? Amusée, Lucy virevolte sur les nerfs du chef de la sécurité, les bras certes dans le dos, mais pas beaucoup plus occupés que les siens. Curieuse de savoir jusqu'où elle pouvait aller sans franchir les limites, jusqu'à quel point il prendrait sur lui avant d'agir. Ou si, contrairement à certaines personnes qu'elle avait croisé dans ce camp, il avait encore un peu d'humour. Même si pour un chef de la sécurité, le boulot devait probablement passer avant. Même si je suppose que tu n'as pas à te justifier. Dis-moi, vous faites quoi ici, à part bosser ? Sa question était plus que sincère. De ce qu'elle en avait vu – et des paroles de Wyatt quand il l'avait vu – tout le monde semblait très porté sur le travail. Ce qui n'était pas forcément dans les préoccupations de Lucy. Ou du moins, elle estimait que tout travail méritait salaire, et elle avait du mal à voir les bons côtés du travail peu reluisant qui l'attendait d'ici un jour ou deux.

Il y a dans l'air ce parfum de contradiction, qui contrastait agréablement avec celle du fumier. Une odeur de désastre imminent qui étire ses lèvres dans le plus doux des sourires. D'un côté, Wyatt, chef de la sécurité ou n'importe quoi d'autre qui faisait joli sur un titre qui n'avait aucune valeur depuis 2010, posture d'ours mal léché, une barbe grossière et … un chien, qu'elle n'avait pas remarqué tout de suite. De l'autre côté, c'est-à-dire environ dix centimètres face à lui, se tenait Lucy, perchée sur des talons détonnant, sa candeur auquel personne ne croyait, et une propension certaine à décevoir.
Elle avait déjà mis les deux pieds dans le plat, dans la merde aussi. Pourtant elle se tenait encore là, le dos droit en faisant de son mieux pour ne pas se répandre en excuses. Pour attiser le feu en espérant ne pas s'y brûler. Après tout, elle n'était rien, seulement la nouvelle du camp, une tâche encore floue pour perspective de carrière. Ce qui lui donnait des ailes. Des libertés qu'elle ne se serait pas autorisée par le passé. Pour le moment, elle n'a eu aucune réprimande, alors elle continue. Pour voir jusqu'où elle peut aller. Pour voir s'ils étaient tous aussi stricts que les premiers Crimson qu'elle avait rencontré, ou si certains savaient s'amuser.

Elle ne sait pas si c'est l'attitude de Wyatt ou ses paroles qui finissent par la faire rire. Sans doute un peu des deux. Cette vérité crue qui sort, et pourtant elle n'avait pas encore eu l'occasion de voir ou de participer auxdites activités. Enfin, peut-être qu'elle venait de contribuer à celle qui consistait à lui taper sur les nerfs … Mais elle devait avouer que voir le chef énervé serait sans doute distrayant. Et dangereux – mais tout était dangereux depuis que les morts revenaient à la vie.
Un emploi du temps chargé … c'était une façon de voir les choses. Pas très catholique, le programme. Détail qui aurait dû avoir son importance. Mais Lucy s'était bien éloigné du chemin religieux, et peu de choses l'avaient incité à retrouver Sa voie. Pour autant, elle avait une pensée pour Lui à chaque fois qu'elle endormait un mort-vivant. Pour le reste … disons qu'elle avait adapté la bible à sa sauce et à l'époque.
Quant à la posture du cow-boy en face d'elle, elle ne fait que déclencher un nouveau rire chez Lucy. Ils étaient partis le recruter où, leur chef de la sécurité ? A Disneyland ? Mon jeu ? Eh, je te signale que même Barbie avait un rôle dans Toy Story, Shérif Woody ! Il n'y a plus que de la malice dans sa voix, la méchanceté ayant disparu. Elle jeta un regard vers le chien, à ses pieds. Ces bestioles s'étaient faites bouffer en masse par les rôdeurs, et elle était toujours un peu surprise quand elle en croisait un. Disons que cela ne changeait pas grand-chose à sa vie, même si elle comprenait l'effet qu'ils pouvaient avoir sur la solitude. De manière générale, Lucy n'était pas très à l'aise autour des animaux. Je suppose que c'est Zig-Zag ?

Lucy doit avouer que la première impression du chef de la sécurité – à savoir, un petit ours légèrement pervers sur les bords – avait changé du tout au tout ces derniers instants. Catapultée dans l'univers enfantin de Toy Story, Shérif Woody et son fidèle compagnon Zig-Zag venaient donc d'apparaître à Lucy, qui prit sur elle la comparaison avec Barbie. Sans son amant à ses côtés, certes, mais les talons hauts chevillés au corps.
Une Barbie dont les croyances catholiques ne trouveraient pas refuge dans ce Ranch, selon les dires du shérif. Olympia. Elle notait le nom dans un coin de sa cervelle, même si elle trouvait le nom bien pompeux. Tiré, elle le devinait sans effort, du Mont Olympe, de la résidence divine. Je sais pas si je pourrais leur faire confiance. De son point de vue, les humains n'avaient jamais été aussi loin des divinités grecques, de l'immortalité et de leur grandeur. Surtout s'ils étaient « des gens bien ». Elle tairait sans doute ses croyances un peu plus, après tout, elle n'avait besoin de personne pour cela.

Elle finit par lui confesser les ressemblances qu'elle lui trouve, à lui et son chien. Des références issues d'un autre âge, de la même rengaine du passé, qu'ils ne cessaient de se rappeler en espérant qu'un jour, ce soit des revenants dont on parlerait au passé. Pour le moment, Lucy perturbait le présent Wyatt, en se questionnant sur son futur ici, dans ce campement qui ne lui était pas encore familier. Difficile de se projeter dans une semaine, dans un mois, dans un an.
Baissant les yeux sur le chien, qui n'avait rien d'un ressort sur pattes, et qui était loin d'avoir l'air aussi rapide que son nom le laissait supposer, elle comprenait toutefois la fatigue du canidé, due à la chaleur ou à son maître. Ce qui suit est néanmoins trop rapide pour que Lucy y comprenne quoi que ce soit. Wyatt parle de fesses, et sur son ordre, voilà son pitbull qui fait trois tours et vient renifler son entre-jambe. Dégage ! Lucy ne contrôle ni ses pensées ni ses gestes, et s'active à tenter de faire reculer le chien avec ses jambes – ses tibias étaient sans doute préférables à ses talons hauts. Elle entend à peine le commentaire du maître, trop concentrée pour repousser le chien un peu trop décidé à son goût. J'peux savoir ce qu'il comptait trouver là, au juste ? Qui du maître ou du chien était le plus pervers, la question restait à débattre. En tous cas, les deux étaient fait pour s'entendre, pas de doute là-dessus.
Quant à son entrejambe … Si sa courte jupe avait jusque-là réussit à masquer d'indéniables atouts, elle n'en était désormais plus si sûre, car son agitement l'avait peut-être trahi. Faisant bonne figure et aucun commentaire, elle prévint néanmoins Woody, qu'elle n'hésiterait pas à tenir pour responsable. Tu devrais lui apprendre le consentement. On saute pas sur une femme comme ça. Et d'autres étaient morts pour moins que ça. Mais ça aussi, Lucy préféra le garder pour elle. Révéler au chef de la sécurité qu'elle était parfaitement capable de se défendre était une chose, qu'elle ait tué - plusieurs fois - parce que des dégénérés se croyaient tout permis avec son corps en était une autre. Lucy aimait qu'on la sous-estime, et Lucy n'aimait pas les animaux.

La situation n'était pas tant risible qu'elle était ridicule. Ses talons s'enfonçaient et martelaient le sol au rythme des assauts du canidé. Bullet ou Zig Zag, Lucy n'en avait cure, elle n'aimait pas beaucoup les bêtes et elles le lui rendaient bien. La décence aurait voulu que monsieur le chef de la sécurité bla bla bla ait un peu d'honneur et récupère son chien, mais il fallait se rendre à l'évidence. Le maître était à l'image de son animal, cabot.
Les explications tardent à venir et les assauts des griffes de Bullet commencent à se voir sur les jambes dénudées de la danseuse inopiné. Ses parades n'y font rien, ses questions non plus. Aucune réaction de Wyatt, si ce n'est que son absence de réaction montrait un amusement devant la scène providentielle qu'elle lui apportait. Un peu de distraction. Puis des explications qui n'expliquent rien. Son chien ferait un job – son job. Bien, le job. Bien pervers, le job.
Vraiment ? L'incrédulité et l'agacement se mariaient dans le son de sa voix. Puis, enfin, la libération. Un sifflement autoritaire qui fait s'éloigner le chien. Autant dire qu'après avoir martelé le sol comme elle l'avait fait, ce qui s'étendait à ses pieds ressemblait à un champ fraîchement labouré. Elle fit un grand pas et contourna la zone du désastre, histoire de pouvoir s'appuyer sur de la terre ferme. Puis, sauve, elle se penche en face de lui, sans vergogne pour explorer ses jambes zébrées de rose, sa cambrure offerte à l'assemblée. Tout en essayant de voir comment ce foutu chien avait réussi à être dressé à sentir … qu'est-ce qu'il avait dit ? Du cuir et des flingues. Ambiance BDSM au programme, donc. Un coup d'oeil à la silhouette accroupie de Wyatt et elle dût se faire violence pour ne pas l'imaginer dans un tout autre appareil. Le tout saupoudré de drogues, et pourquoi pas d'un fouet ? Avec tout l'attirail de l'écurie, elle ne serait pas surprise s'il venait à en manquer un du stock. Et du sang, bien sûr. Comme si le reste n'était pas assez glauque. Au final, elle ne voulait pas vraiment savoir comment l'homme occupait ses temps libres.

S'il voulait perdre son temps à défendre son cul, qu'il profite au moins de la vue. Elle se redressa, tout en courbures exagérées, son décolleté évidemment soumis à la vue du shériff. Peut-être qu'il allait venir contrôler lui-même, au lieu de laisser son chien faire tout le travail. Blasphèmes pour l'enfant de Dieu. Ce que j'ai ? Mes règles. Elle le laissa méditer là-dessus, pas peu fière de l'embobiner de telle manière. La faille dans le système.
Pourtant, elle n'avait plus rien d'innocent et ses mensonges n'y échappaient pas, magnifiés par le battement de ces cils. Ou peut-être que tu veux vérifier par toi-même ? C'est la chaleur qui l'enhardi, qui lui fait tourner la tête. Un état second causé par la déshydratation – et si l'idée d'aller trouver de l'eau lui sembla bonne pendant un moment, la réalité l'empêcha cependant de tourner les talons. Lucy n'avait aucune idée d'où trouver de l'eau potable dans ce camp trop grand, trop neuf. N'ayant que peu d'options, elle noya elle-même son flirt incendiaire. Tu ne saurais pas où je peux trouver de l'eau potable, par hasard ?

Le shérif avait le don de lui courir sur les nerfs. Lucy voulait juste avoir l'ascendant, rien qu'une fois. Mais à jouer au plus malin avec quelqu'un de visiblement bien habitué aux manœuvres de diversion et des mécanismes de défense, il la piégeait à chacun de ses mouvements. Chaque réflexion. Son ego en prenait un coup, mais il était quelque part trop tard pour reculer.
Alors c'est un rire jaune qu'il lui arrache, quand il se propose de vérifier ses propos. Aveugle, elle ne semble plus lire la ligne entre l'humour et le sérieux. Elle ne le connaît pas, ni lui ni même cet endroit. Assommée par la chaleur, sa concentration s'effrite et elle finit simplement par lui demander où se trouve la source d'eau potable la plus proche.
Histoire de reprendre ses esprits, de changer le sujet de la conversation. De s'éloigner de lui, aussi, et de son chien pervers. Alors elle écoute, et retiens. Elle se rapprochera des campements, sans doute. Elle finirait bien par tomber dessus, ou sur une autre âme, plus aimable. Ce qui ne devrait pas être trop compliqué à trouver. Si elle commence à s'éloigner dans la direction du campement – du moins, la direction qu'elle croit être celle du campement – alors elle se doit de repasser devant Wyatt, proche, suffisamment pour le frôler.
Des adieux en pagaille, sifflés sur son passage.
Des informations qui montrent l'étendue de son ignorance. Des informations qui sous-entendent une légère menace, qui la font s'agripper à l'une de ses dagues, discrètement. Sa main qui glisse sous le tissu de sa jupe alors que ses yeux parviennent à rester plantés dans ceux du shérif. T'es pas mon style, de toute façon. Pas vraiment pressée de partir, Lucy. Elle se voit porter la pointe de sa dague contre sa propre joue, qu'elle tapote deux ou trois fois. La barbe, le look de clochard, tout ça. Même le chien, j'veux dire, c'est presque cliché. Presque triste. Pourtant Lucy souriait, la pointe de sa dague creusant une fossette. Les gens ne prenaient plus soin d'eux, à cette époque, ça faisait peur à voir, quant aux odeurs …
Elle n'irait pas le renifler de trop près.
Puisqu'ils en avaient visiblement fini ici, elle pouvait tourner les talons. Littéralement. Viens me trouver si tu veux retrouver un visage convenable. D'un haussement de sourcils, elle laisse transparaître le fond de ses pensées. D'un signe de tête, elle le remercie pour la direction, et comme elle s'est déjà fait congédier, elle ne s'épanche pas en au revoir.
D'un pas vif, elle s'éloigne du chien pervers et du Shérif Woody – dont elle avait déjà oublié le prénom, et risquait de le lui redemander la prochaine fois qu'elle le croiserait. Guidée par la soif et poussée par le regard de l'homme dans son dos, elle le savait. Elle allait se rendre au puit, se noyer dans l'eau fraîche, l'eau potable, et reprendre ses investigations autour du camp – prenant désormais grand soin à ne pas retomber sur l'homme et son chien de si tôt.