valles caldera

été 2013

Accroupi au dessus du corps d’un rôdeur, Leon ne put s’empêcher de faire un tour d’horizon et de profiter de la vue, malgré ce qu’il avait sous le nez. Tant de végétation, tant de verdure, des montagnes ; ça lui faisait bizarre. Il resta silencieux, alors que sa mâchoire s’agitait dans un tic qu’il avait lorsqu’il était pensif. La journée avait été bien chargée ; ils avaient fouillé les alentours de White Rock, avant de se remettre en route quand ils constatèrent que l’endroit semblait complètement désert. Ils avaient roulé pendant quelques heures ; et venaient de prendre une pause. Leon en avait profité pour se dégourdir les jambes, s’aventurant à une dizaine de mètres de la voiture, un pick-up couvert. Le cadre était magnifique ; la vallée, complètement dégagée. Le ciel s’embrasait d’une belle couleur rouge, alors qu’un vent frais se lever et rafraîchissait cette chaude journée d’été.

Il analysait la situation, l’emplacement. Dormir dans le coin était une bonne idée ; ils n’avaient qu’à quitter la route, se mettre au milieu de la vallée ; éteindre leurs feux et passer la nuit. Leur position allait être complètement à découvert, mais, au moins, ils auraient le temps de voir arriver le danger. Il poussa sur ses jambes, se retrouva debout, fit volte-face. En marchant vers leur véhicule, il se passa la main dans les cheveux. le rôdeur avait était abattu par quelqu’un ; difficile à dire y’a combien de temps. c’était la seule chose qui le tracassait. Mais il allait voir ça avec Lenny, de toute façon. Il regarda à gauche, puis à droite. Elle n’était pas là ; pas encore du moins. Il ne s’inquiéta pas plus que ça, mais, par réflexe, dégagea quand même sa veste de l’endroit où était rangé son flingue sur sa ceinture ; un glock 20 qu’il avait dans ses affaires depuis le début. En marchant, il se pencha un peu pour essayer de voir derrière le navara couvert ; pas là non plus. Il planta son regard sur les vitres teintés de la voiture, avant de finalement arriver au niveau de la portière avant.

Il posa la main sur la portière, fit un nouveau petit tour d’horizon, avant de tirer sur la poignée. Il espérait trouver l’autre à l’intérieur, n’ayant pas fait attention à ce qu’elle faisait le temps de son petit tour, mais peut-être était-elle même partie faire un tour. Il comprenait le besoin de s’isoler ; leur petite expédition commençant à durer, maintenant. mais, ça en valait le coup. Certes, ils poursuivaient tout deux ce qui pouvait être qualifier de chimère. Mais ils en profitaient pour ramasser ce qu’ils pouvaient au passage. Et là, leur coffre était blindé. ce qui indiquait qu’ils allaient probablement devoir rentrer bientôt. M’enfin, ils verraient ça demain.

Portière ouverte, Leon se contenta de prendre sa veste de la voiture, tout en continuant de chercher du regard Lenny. En même temps, il prit une grande inspiration, profitant de cet étrange moment. Il constatait, tristement, qu’il n’avait jamais été dans une forêt de ce genre. Ou plutôt, qu’il n’avait jamais pris le temps de s’y arrêter. C’était plus… vert. Plus vivant de ce dont il avait l’habitude. Les bruits ambiants étaient peu nombreux, et il n’eut aucun mal à entendre sa binôme arriver. Il tourna la tête vers elle, la dévisageant en gardant une expression neutre. Il n’était pas du genre à sourire. Pas du genre à rire ; même s’il faisait souvent preuve d’humour, ou du moins, essayait. Il ne parla pas, alors qu’elle franchissait les derniers mètres qui les séparaient. Il se contenta d’un coup d’oeil dans sa main ; elle avait ramené un livre, mais la couverture le rebuta. Il fit donc non de la tête, quand elle posa sa question, et l’intérêt qu’il porta à ce bouquin prit définitivement fin.

Alors qu’elle commençait à parler, il s’adossa à la voiture en croisant les bras pour l’écouter, toujours aussi inexpressif. Il suivit son geste, et aperçu effectivement le toit dont la toiture étincelait à travers la végétation. Il hocha pensivement la tête, alors qu’après un moment, elle finissait par lui demander son propre rapport. Il regarda le cadavre du rôdeur, puis le centre de la vallée. Il eut un discret tic de mouvement de machoîre, avant d’annoncer d’un ton égal : “Rien de fou. Un rôdeur mort depuis longtemps, je présume. Et on pourrait déplacer le pickup au centre de la vallée pour y passer la nuit en sécurité” en même temps que ses paroles, il jeta un coup d’oeil à sa montre comme si le ciel orangé n’était pas une indication suffisante. Il décroisa les bras, se remit bien droit avant d’annoncer en commençant à marcher : “Allons-voir cette maison, avant tout” il se tut un instant, tourna la tête vers elle afin de lui annoncer : “Puis, on ira attraper ces poules” son ton était sérieux ; et au fond de lui, pour une fois, il l’était également. Il avait entendu une discussion, en ville. Un type qui disait que les poules, c’était, avec les lapins, très bien pour l’élevage par les temps qui couraient. Pas besoin de beaucoup de bouffe, reproduction rapide, source de nourriture continue… Bref, il avait retenu l’essentiel : les poules, c’est cool.

Il adopta mécaniquement un pas le plus discret possible, fait étrange que les gens remarquaient directement ou pas du tout.  Peu habitué à ce type de terrain, il faisait ponctuellement crisser du gravier, ou craquer des brindilles ; mais on pouvait quand même le qualifier de relativement discret. Il n’avait rien à dire à l’autre, pendant qu’ils marchaient, et il se contenta de faire le trajet en restant silencieux.

Lorsque l’autre s’était arrêtée, il fit de même, tourna la tête et la dévisagea. Face à sa réaction, il ne put s’empêcher d’esquisser un très léger sourire. Il lui fit ensuite un signe de tête affirmatif ; qui n’a pas envie de courir après une poulette, après tout ? avant de se remettre en marche et en acquiesçant dos à elle. Chaque chose en son temps. Pour l’heure, ils avaient une maison à fouiller. Le pillage ; dérangeant pour certains, normal pour Leon. S’introduire dans le domicile de quelqu’un d’autre, il le faisait depuis tout petit ; pour des raisons qui ont varié avec le temps. Du simple cambriolage, aux sauteries avec l’ex d’une de ses cibles ; il en avait fait des choses chez autrui. Il avait l’impression que c’était une autre vie, mais, au fond de ses tripes, il avait peur que ça lui manque.

En l’occurence, il n’eut pas le temps d’y penser plus que ça ; puisque la brune ouvrit la porte. Il n’avait pas eut à la forcer ; tant mieux. Après, vu la tête de la porte, il n’aurait eu aucun mal à le faire. L’autre l’incita à entrer, ce qu’il fit après lui avoir simplement annoncé : “T’as oublié de toquer” ce qu’il ne manqua pas de faire avant d’entrer dans la bâtisse. La luminosité était encore correcte, mais ses yeux durent s’adapter un peu. Pas de réaction suite au bruit, c’est à dire pas de rôdeur.
Dommage. Cette journée se faisait longue, et il aurait préféré un petit coup de violence plutôt qu’une session de longue et pénible fouille. Il poussa un soupir, un peu démotivé, fit trois pas dans la maison avant d’aller s’affaler sur un des canapés du salon. Posant ses bras en long sur le dossier, il commença tranquillement sa fouille. Des photos, des bibelots, y’avait là une sacrée collection. Mais plus vraiment de trucs importants. Il poussa un soupir, changea de position pour poser ses coudes sur ses genoux. Un léger tic nerveux commença à l’agiter, et ses jambes se mirent à tapoter le tapis, sous lequel craquait un plancher. Il n’y fit pas spécialement attention, au début. Mais, au bon d’un moment, remarqua que le bruit n’était pas le même en fonction de son pied.

Il baissa les yeux, se pencha pour rabattre la décoration ce qui dégagea un nuage de poussière. En dessous, une trappe. Fantastique. Il tira cette dernière, tomba sur un couvercle métallique. Il resta immobile un instant, puis, ouvrit celui ci. Il esquissa un autre sourire, avant de s’adresser à Lenny en donnant un peu du coffre pour qu’elle puisse l’entendre où qu’elle soit dans la maison : “J’ai deux bonnes nouvelles” son ton était tout à fait sérieux, comme d’habitude, et resta le même alors qu’il annonçait : “On est riches, et on a de quoi faire du feu ce soir” ses mains agrippèrent les quelques liasses de billets ; c’était principalement des petites coupures, mais une sacré somme en tout. En dessous, des clés, un putain de lingot d’or, et un petit coffret ; il s’empressa d’ouvrir ce dernier. Des bijoux. Dieu bénisse les gens qui ne faisait pas confiance au banque. M’enfin, alors qu’il soulevait le petit trésor d’une valeur de 40 000 dollars, il se demanda qu’est-ce qu’il pourrait bien en faire maintenant.

Même pour Leon, la scène était amusante. Il regarda, l’air un peu amusé, Lenny vérifier le billet d’un oeil expert. Son geste ne faisait aucun sens ; puisque ces billets avaient maintenant la même valeur que ceux d’un jeu de monopoly. Il cessa de la regarder un instant, porta son regard sur le bouquin qu’elle venait de poser à ses côtés. Décidément, elle était d’humeur à lire aujourd’hui. Il s’apprêtait à faire une remarque, mais se tut quand il réalisa qu’il s’agissait de la bible. Deux ans plus tôt, il avait commencé à la lire. Il serait peut-être temps pour lui de la finir ; parce qu’il n’y avait eut qu’une seule chose constante dans sa vie. La foi. Et s’il s’était contenté durant sa vie d’avant de se prétendre catholique, Leon l’était vraiment. La religion lui donnait une cause, un but, un cadre qu’il se devait de respecter. C’était un socle commun, qu’il pouvait partager avec tous pour mieux se comprendre ; et plus particulièrement les siens.

Il fut presque prit au dépourvu quand l’autre acheva son inspection et prit la parole. Il porta son regard sur elle, réfléchit un instant avant de lui annoncer : “D’accord, mais une prochaine fois, alors. Là, on va passer la nuit, charger les poules et rentrer” c’était son plan, qu’il présentait de manière brute, sans avoir l’impression de devoir se justifier. Il savait ce qu’il faisait, donc il n’avait pas à être contesté. Il la regarda essayer les bijoux, et se contenta de répondre honnêtement à sa question : “Pas terrible. L’or te va mieux que l’argent” il la regarda, esquissa un sourire en coin avant de rajouter : “Enfin, tu me connais moi et mes goûts. Garde les si ça te plaît, la propriétaire viendra pas les chercher” annonça-t-il d’un ton plus léger, mais sérieusement. Celle à qui ils appartenaient était probablement morte, et elle avait dû payer un paquet pour toutes ces babioles. Alors, autant que quelques les affiche. Il inspecta ensuite les pierres précieuses de plus près, et se contenta de hocher la tête de manière affirmative. Il n’était pas expert, m’enfin, il avait eut l’habitude de voir ce genre de bijoux, même si c’était mal vu d’être trop tape à l’oeil. Si c’était contrefait, c’était bien fait.

Il se leva ensuite, prenant de la hauteur par rapport à l’autre et en lui annonçant : “Cette clé ; j’pense que ça ouvre une porte. Reste à savoir laquelle. T’es tombée sur une porte verrouillée ?” sans attendre sa réponse, il se mit à marcher en l’écoutant à la recherche d’un potentiel trésor plus utile que des billets.

Bien sûr que oui il tenait à ses poules, en même temps. Il se disait que c’était potentiellement dommage de rater les oeufs d’une poule d’or. Ou quelque chose comme ça. Il lui répondit ensuite, s’agissant de la gente féminine, en lui annonçant simplement : “Le secret, c’est de pas trop le faire” alors qu’il était occupé à de regarder cette clé de plus près. Elle se gardait un petit souvenir ; pourquoi pas. D’un coup d’oeil, il jaugea l’objet. Simple, efficace. Rien à dire. Il la snobba complètement, alors qu’elle posait une autre question. Less talking, more raiding. Il l’entendit derrière elle parler une nouvelle fois. Elle se causait toute seule ? Non, visiblement pas. Il lui décida de lui répondre directement : “Tu pars loin, mais t’es dans le thème. Je pense qu’ils gardaient leurs armes sous clé” avait-il raison ? ils allaient le savoir bien assez tôt. Ou du moins, il l’espérait. Il fouillait généralement les rôdeurs qu’il tuait, et, il était frustré quand il tombait sur un trousseau de clé qu’il n’aura jamais l’occasion d’utiliser parce que le cadavre s’était promené sur une centaine de kilomètres.

Alors qu’il testait les différentes portes, il entendit Lenny lui suggérer une idée qui se révéla être plutôt bonne. Il hocha la tête pour lui signaler qu’il approuve, et s’approcha de la porte qui semblait être celle de la cave. Il glissa les clés dans sa poche arrière, sortit son flingue et sa lampe torcha. Il poussa la porte, qui bloquait un peu visiblement. Sans perdre de temps, il lui donna un gros coup de pied et elle s’ouvrit en claquant. Il leva sa torche, l’alluma. Pas de bruit. Rien en vue. Il descendit donc, le bois des escaliers craquant sous chacun de ses pas malgré la prudence et la légèreté de sa démarche. Arrivé à mi-chemin, il éclaira le tout ; des toiles d’licornes du mal, des étagères à moitié vide, un groupe électrogène, une armoire où il y avait visiblement besoin d’une clé. Bingo. Il descendit, se retrouva en bas, fit un tour sur lui même pour être sûr de ne pas avoir de mauvaise surprise. Mais, c’était apparemment bon. Il annonça simplement à la brune : “La voie est libre” avant de ranger son arme, sortir les clés et d’ouvrir le conteneur. La serrure résista un peu mais sans plus, alors que la porte était rouillée et refusa de s’ouvrir. Il jura, posa la lampe sur l’étagère pour y voir quelque chose tout en utilisant ses deux mains, puis força le tout en s’appuyant à l’aide de son pied. Une demi-seconde de pression, et BAM. L’armoire s’ouvrait en un fracas. Mais, les secousses qu’ils produisaient avait dérangé une charmante maman-licorne du mal qui dormait là ; affolée ces soudains assaut sur son humble demeure, elle tenta de prendre la fuite ; se retrouvant sur le faut de la porte à l’instant où Leon réussit à l’ouvrir. Elle fut donc projetée, elle et toute sa couvée qu’elle transportait, en plein sur Lenny qui venait de terminer de descendre les escaliers.

Il ne perdit pas de temps ; la main posée sur son arme, il se retourna prêt à dégainer. Leon ne comprit pas directement l’affolement de la jeune femme, mais comprit vaguement l’idée quand elle commença sa gestuelle. Il l’observa donc, ne cachant pas le fait qu’il était un peu amusé. Alors que l’autre sembla libérée de ses petits assaillants, il fit un hochement négatif de la tête en guise de geste moqueur. Sa menace ne lui fit ni chaud ni froid, parce qu’il avait prit la précaution de prendre les clés avant de partir. Au niveau de la prudence, il y avait deux écoles ; ceux qui laissaient la clé sur le contact pour partir vite en cas d’urgence, et ceux paranos qui avaient peur qu’on leur pique leur bagnole. Il hésita à lui répondre, mais se contenta de sortir les clés du pick-up, de les soulever devant elle puis de les ranger à nouveau.

Elle espérait que ça en valait le coup ? En se tournant et en jaugeant le stock, définitivement. La première chose que Leon regarda ne fut pas les armes ; il y en avait déjà assez ; mais les munitions. Il fronça les sourcils quand il découvrit que l’arsenal stocké ici était principalement de chasse, des calibres parfois atypique qu’il n’avait clairement pas l’habitude d’utiliser. Il regarda les différentes boîtes, avant de pousser un soupir. Pas besoin de s’embêter plus que ça, ils allaient tout prendre et faire le tri en ville. Il jeta un coup d’oeil aux alentours, alors qu’il annonçait à l’autre son intention : “Essaie de trouver un sac, on embarque tout” alors qu’il commençait lui même ses recherches dans la cave. Il reprit sa lampe, fit un balayage des alentours, décida de jeter son dévolu sur une malle. Il posa sa lampe, s’agenouilla pour l’ouvrir. Directement, il annonça à Lenny : “Laisse tomber pour le sac, c’est bon” puisqu’il était tombé sur un duffel bag militaire. Il le souleva, et en dessous, toute une panoplie d’ancien militaire. C’était vieux, comme matos par contre. Les motifs de camouflage étaient d’un autre temps, de l’ère du vietnam, mais il n’y connaissait rien et ne pouvait pas le devenir. Il fourra les treillis dans le sac ; s’ils avaient tenu aussi longtemps, ils pourraient encore être utile aujourd’hui. Sans ménagement, il balança ce dont il n’avait pas besoin sur le côté. Une série de médailles, un drapeau américain, rien de très utile sinon. Ah, des filets de camouflage. Trop encombrants pour être mis dans des sacs, il les posa sur le côté. Il tomba finalement sur un vieux casque, qu’il ramassa avant de se relever pour retourner à l’armoire. Lenny étant sur son passage, il lui vissa la protection sur son crâne, visiblement trop petit, et, sans s’arrêter, lui mit une tape dessus en lui annonçant complètement sérieux : “Sors protégée” avant de commencer à piller cette armurerie domestique.   

Oh, il était loin d’être inquiet ; mais préféra se taire plutôt que de lui annoncer cette triste vérité. Il pensait qu’elle ne comptait pas à ses yeux à l’époque ; ou du moins, pas plus que quelqu’un d’autre. Ils avaient certes, à cause de leur quête commune, passé un peu plus de temps ensemble. Mais il ne pensait pas qu’elle était importante pour lui, alors que ça commençait à être le cas. Pas spécialement à cause de potentiels sentiments, mais surtout parce qu’elle était un exemple de ce que devait signifier être humain. Un exemple de ce qu’il aimerait être, même s’il ne s’agissait que d’une chimère pour lui. Il n’atteindra jamais son humanité, c’était impossible, mais il se refusait de se décourager.

La fixant pensivement jusqu’à présent, il se contenta de hocher la tête à sa constatation. Ils avaient fait le tour du propriétaire, il était temps d’aller se préparer pour la nuit. Il continua de la fixer, alors qu’elle s’éloignait. Il la sentait vulnérable à ce moment là ; un tic agita sa mâchoire, il hésita à aller lui parler, mais non. Qu’est-ce qu’il pourrait lui dire ? La vérité ? Ce n’était pas toujours le meilleur remède, elle écraserait potentiellement les espoirs de la jeune femme. Et c’était l’espoir qui faisait avancer les choses dans ce triste monde. Quand elle revint, plus déterminée visiblement, il l’écouta et hocha la tête. Il l’invita donc à passer devant d’un geste et à remonter les escaliers, alors qu’il balaya une dernière fois la salle de sa lampe-torche. Il poussa un soupir, chargea le sac sur son dos, récupéra les filets de camouflages qui pourraient toujours être utiles.

Une fois en haut, il croisa son regard le temps de la dépasser, alors qu’elle le questionner. il regarda la luminosité à l’extérieur avant d’annoncer très simplement : “On les mettra dans le coffre” n’y connaissant rien en bestioles. Elles allaient probablement uriner et déféquer de partout sur ces provisions durement acquises, m’enfin. Il rajouta ensuite : “On fera ça demain, faut déplacer le pick-up tant que…” il sentit instantanément le contact. Il lâcha son filet, fit un volte-face ; la mémoire musculaire fit tout le travail, il n’eut même pas à réfléchir. En l’espace d’un instant, sa main entourait son petit poignet, et il pouvait partir sur une prise pour lui déboîter l’épaule. Mais non. Il ne voulait pas non plus s’en arrêter là ; le geste était un peu trop… agressif.

Alors, il le transforma un peu. Il ne lui asséna pas un coup dans le ventre pour la faire se baisser de sa main libre, mais la saisit à la gorge. Verouillant toujours son poignet de l’autre, il l’utilisa comme levier pour la plaquer contre le mur. Sans délicatesse, mais sans la violence excessive dont il aurait fait preuve avec un hostile. Une fois immobilisée, il approcha son visage du sien, la jaugea. Ses doigts englobaient son cou d’une base de la mâchoire à l’autre, mais il n'y mettait pas une pression suffisante pour l’étrangler. Il sentit son poux, d’ailleurs, et ça lui procura une étrange sensation. Mais, pour le coup, il se contentait de la tenir à sa merci. Il se contenta de lui annoncer : “Je pourrais mal interpréter cette main” Le ton était sérieux, mais il s’agissait plus d’une étrange plaisanterie pour justifier son geste à la base violent, plutôt qu’un réel avertissement. Il était tout à fait conscient qu’elle avait un petit-ami. L’homme qui l’était avant en aurait rien eut à faire, voir pire ; il aurait chercher à coucher avec elle simplement pour le défi que ça représentait, et la fierté qu’il pouvait en tirer d’avoir cocufié quelqu’un. Mais Leon n’était pas comme ça. C’était un type bien. Il la lâcha, s’écarta et demanda : “J’t’ai pas fais mal, j’espère ?” probablement pas, mais il lui avait peut-être fait peur. Il sortit par la même occasion les clés, pour lui fourrer dans la main, histoire de faire patte blanche.

Le contact de la main de Lenny sur son torse avait un peu étonné Leon. Il s’attendait à plus de… résistance de sa part, d’être autant malmenée, mais non. Elle s’arma cependant d’une certaine forme de courage et de dignité en lui tenant tête. Son regard, son ton transpirait le défi ; alors que pourtant, il l’avait littéralement à sa merci. Deux gestes, une fraction de seconde, c’était son bras ou sa nuque de brisée. Mais, si instinctivement il avait pensé aux gestes, jamais il ne les mettrait à exécution et c’est peut-être cette faiblesse que l’autre avait vu. La froide détermination du tueur dans ses sombres prunelles s’était peut-être effacée, au final. Une bonne chose pour lui et ce à quoi il aspirait.

Il esquissa un très maigre sourire, avant de lui répondre très directement d’un ton moins abrupte pour éviter qu’elle le prenne trop mal : “Arrête” il secoua la tête en expirant, pour illustrer pas vraiment sa gêne, mais plus sa pudeur par rapport à la situation. Il regrettait même à ce moment là de l’avoir plaquée ainsi, lui tendant une perche pas très morale. Sa remarque suivant le fit avoir la même réaction que précédement, et son sourire s’agrandit un peu alors qui lui annonçait : “D’habitude, je ne me contente pas de plaquer quelqu’un contre un mur” Il ne mentait pas. Avec l’homme qu’il était avant, ça aurait été soit la mort, soit le sexe. Mais, encore une fois, il aurait mieux fait de se taire. Il commençait à parler un peu trop vite à force de passer du temps avec elle, et il fallait qu’il arrête. S’il ne réfléchissait pas avant de parler, il risquait de laisser revenir le sicario, une part de lui même qu’il tentait justement d’effacer.

La petite scène terminée, il la laissa donc s’échapper. Il ne bougea que la tête pour la suivre alors qu’elle sortait, avant de pousser un soupir, et de ramasser ses affaires en lâchant pour lui même à voix haute : “Ce que tu voulais, hein…” il secoua la tête, de manière plus blasée cette fois. Ce rapprochement, ça le dérangeait vraiment. Il fallait qu’il en parle avec elle, qu’il mette les choses au clair. C’était ainsi qu’il devait être, ainsi qu’il devait parler : en disant la vérité, ou en ne disant rien du tout. Il poussa un soupir, et s’engouffra à sa suite en laissant une petite distance entre eux durant le trajet pour réfléchir à ce qu’il allait lui dire.

En arrivant au pick-up, il alla ouvrir l’arrière couvert du pick-up. S’il y avait encore un peu de place sur le plateau en bois qui séparait la partie inférieure et supérieure du coffre, c’était quand même un sacré merdier. Il n’y avait plus grand chose, dans les villes ; mais dans les voitures, échouées ici et là sur des routes perdues, on trouvait des sacrés trésors. En l’occurence, il posa ses affaires par terre, commença à faire de la place pour pouvoir caler leurs trouvailles en sécurité. La tâche était si difficile qu’il en oublia presque Lenny.

Silencieusement, Leon termina de ranger et de réorganiser le coffre. Il était plutôt bon, pour ça ; il trouvait la place optimale de chaque chose, faisant un excellent usage de son intelligence spatiale. Quand il eut terminé, après cinq bonnes minutes, le coffre allait même jusqu’à en sembler plus vide. Tant mieux ; il fallait y rentrer des volatiles. Jetant un coup d’oeil à travers le pare-brise arrière, il remarqua que Lenny était côté conducteur et non plus à ses côtés ; alors, il alla sans l’intention de contester jusqu’à la place passager. Il entendit sa question, et lui répondit en faisant simplement un signe de tête en guise de réponse. C’était peut-être une perche pour engager une discussion, mais il était trop pensif pour la saisir. Silencieusement, alors qu’il s’installait à ses côtés, il claqua la portière, lui jeta un long regard, avant de porter à nouveau son regard vers l’avant.  

Alors qu’elle démarrait la voiture, il ouvrit la vitre, posa son avant-bras sur la portière, et scruta les alentours, attentif. Tout était très calme ; trop calme, en fait. C’était étrange. Des secousses commencèrent à agiter le pick-up, puisqu’ils roulaient en offroad. Mais ce n’était rien de dramatique. Le sol recouvert d’épaisses touffes d’herbes était loin d’être rocailleux et de présenter un risque de crevaison. La luminosité commençait à être assez faible ; mais le ciel était dégagé, et la lune pointait déjà. Elle était presque pleine, ce qu’avait  oublié Leon et ce qui l’inquiéta un peu. Ils risquaient d’être visible de trop loin, l’éclairage étant suffisant pour se refléter sur les quelques endroits où la voiture n’était pas rendue mate par la crasse et la mpoussière. Mais ils verraient si on essaie de s’approcher d’eux, au moins. Et puis, au pire, ils avaient maintenant des filets de camouflage. Ils allaient peut-être devoir les essayer, tiens.

Ils arrivèrent à destination ; la brune lui adressa la parole. Il tourna la tête directement pour la dévisager, le visage inexpressif. Il ne tarda pas cependant à la rassurer, en lui annonçant simplement : “C’est ma faute, tu n’as pas à te justifier” il n’allait pas en dire plus. Il avait été franc, au final ; il lui avait tendu une perche, alors que ce n’était pas une bonne idée. Mais il ne le fera plus ; ils pouvaient passer à autre chose. Il acquiesça à sa proposition, et sortit pour aller ouvrir le coffre duquel il tira une caisse dans laquelle ils stockaient leurs conserves. Il demanda donc : “Alors, ce soir… Baked beans ? Real Turtle Soup ? Sweet Peas ? Pineapple chunks ? Chicken Broth ? Profite d’avoir le choix, cette fois ; qu’est-ce qui te ferait plaisir ?” il continuait de sortir et de regarder les différentes boîtes qu’ils avaient à leur disposition, attendant la réponse de l’autre avant de changer de sujet de discussion de de demander : “Tu m’aideras à mettre le filet après ?”  

La fête. C’était le cas de le dire. Ils avaient un sacré stock, avaient fait un sacré voyage. Peut-être devait-il ouvrir également une bouteille ? Il jeta un coup d’oeil, hésita un instant pour finalement décider de remettre cette prise de décision plus tard. Peut-être à la fin du repas. Le choix de la jeune femme n’étonna pas Leon. Baked Beans, baby. Une valeur sûre. Il lui jeta un autre coup d’oeil quand elle accepta sa demande d’aide. Avec plaisir. La politesse était toujours quelque chose qui allait le dépasser ; elle n’allait quand même pas prendre son pied en tendant un putain de filet ? Il lui fit un signe de tête en guise de réponse et de remerciement. à sa question, il répondit simplement : “J’creuse le trou pour le feu, tu t’occupes du reste” ils avaient toujours de quoi faire un petit feu dans leur coffre. Une cagette rempli de morceaux de bois de taille diverses, où cas où il n’aurait rien à proximité pour faire de quoi se réchauffer un peu. Sans attendre de réponse, il alla chercher sa palle, qui avait une place bien précise dans son organisation du coffre. Alors qu’il finissait de l’extraire, il capta le regard de Lenny, visiblement perturbée. Il fronça ses sourcils, perplexe, écoutant patiemment ce qu’elle avait à dire. Il resta silencieux quelques instants, réfléchissant, avant de finalement lui annoncer : “Je n’ai aucun intérêt à le faire, et je ne le ferais pas” il se tut un instant, haussa les épaules et se dirigea un peu plus loin, à un endroit plus ou moins correct pour faire un feu.

Alors qu’il plantait sa pelle dans le sol et l’enfonçait en y transférant son poids via son pieds, il décida néanmoins de reprendre cette discussion. Sans la regarder, il lui demanda : “T’as pas à t’excuser, tu sais. Juste...” il retira une première pelletée, la balança sur le côté. Il pivota la tête pour la regarder au moment où il posait la question : “Pourquoi ?” il était curieux de savoir. Sa vérité était très simple ; ça faisait un moment qu’ils voyageaient ensemble, un moment qu’il n’avait pas goûté aux plaisirs charnels. Il s’était laissé emporté par des pulsions aussi basse, ce qui était un fait qu’il admettait à lui même. Qu’il admettrait peut-être si elle lui retournait la question, s’il arrivait à trouver une façon élégante de l’annoncer. J’ai juste envie de baiser étant la seule formulation du problème qui lui venait actuellement à l’esprit, il se tairait probablement. Il n’avait jamais vraiment eut l’âme d’un poétique capable d'employer des beaux mots pour quelque chose d'aussi cru, et depuis qu’il essayait d’être le plus sincère possible, son cas s’était empiré. Mais il ne voulait pas être vulgaire pour être vulgaire, non plus. Donc encore une fois, il gardait en tête la même ligne directrice : dis la vérité, ou tais-toi. Il se taisait beaucoup du coup.
En écoutant sa réponse, il terminait le trou dans lequel l’autre allait pouvoir faire son feu. Il allait ensuite pouvoir s’occuper de planter les différents piquets sur lesquels ils allaient accrocher le filet.

Le temps de ses quelques coups de pelle pour avoir un trou assez profond pour éviter de foutre le feu à la prairie, Leon écouta attentivement la réponse de l’autre, lui jetant un coup d’oeil de temps en temps. Son premier argument était valide, c’est sûr. M’enfin, ça n’était quand même pas une raison. Il la regarda s’embarrasser un instant, détourna le regard pour se concentrer sur son action le temps qu’elle se reprenne, avant d’écouter la vraie raison. Elle terminait plus ou moins au même moment où il faisait de même, alors, la pelle toujours en main, il se tourna, hocha la tête pensivement, et se contenta de lui répondre : “D’accord” avant de passer à côté pour aller ranger la pelle à sa place, et sortir ses piquets et son marteau. Il jeta un coup d’oeil à l’autre qui s’apprêtait à allumer le feu, avant de se mettre à ses plantations.

Dix minutes plus tard, tout était plus ou moins fait. Leon était en train de revenir ; il s’était écarté d’une centaine de mètre, voir ce que donnait l’utilisation du filet. Et c’était plutôt pas mal ; si on voyait encore les reflets de la carrosserie de la voiture, sans ça, elle ressemblait juste à un rocher perdu au milieu de la prairie. Il distingua assez facilement la silhouette de l’autre, qu’il supposa être affairée à servir leur repas probablement gastronomique. Il parcourut les derniers mètres qui la séparait d’elle, avant de lui lancer, très informel : “On est plutôt pas mal, malgré des reflets un peu trop visibles” il alla se poser à côté d’elle, avant de lui rajouter en posant son regard sur elle : “Un peu de crasse et de poussière, et le problème sera réglé” et de la poussière, il y en avait dans le coin. Enfin, pas ici spécialement. Mais, de retour au Texas, même sur les routes, le sable était partout et ne manquerait pas de recouvrir le lustré de la voiture. Dans leur cas, la voiture avait été lavée par la pluie il y a quelques jours. Il saisit la gamelle que lui saisissait l’autre, la remerciant d’un signe de tête, avant de décider d’essayer de continuer la discussion : “ça va ? Pas trop déçue ?” il ne précisa pas par rapport à quoi, voulant garder la question ouverte voir ce qu’elle avait à répondre. Mais lui avait en tête le fait qu’ils n’aient pas trouver son frère. Ni Faith, d’ailleurs. Et qu’ils allaient rentrer loin d’être bredouilles, mais leur quête toujours inachevée. Peut-être allait elle l’être à jamais. C’était ce que c’était convaincu Leon, avant de rencontrer Lenny. La lueur de son espoir avait ravivé la flamme du sien. Restait à savoir où elle en était.

En mangeant sans trop faire attention à ce qu’il mangeait, Leon faisait plus attention à ce que lui disait Lenny qu’autre chose. Il haussa les épaules à sa question, ne faisant même pas attention au fait qu’elle ne le regardait même pas, pour ne pas amener un sujet potentiellement sensible à table. Il ne put s’empêcher de lui aussi esquisser un éphémère sourire face à tant d’optimisme. C’est sûr qu’il y avait eut des journées bien pire que ça, et, Leon s’en doutait, qu’il y en aura des pires à l’avenir. Il lui répondit très simplement : “Tant mieux” ; une réponse certes très succinte, mais vraiment sincère. Il la dévisagea quelques instants, essayant de voir si elle avait été honnête, elle. Après quelques instants, il supposa qu’elle avait l’air d’essayer de l’être plus qu’autre chose, mais il ne releva pas. Quand elle retourna la question, il répondit très simplement : “Quand on attend rien, on peut difficilement être déçu” son ton était très sérieux, comme d’habitude. Il s’agissait d’une demi-vérité ; Leon avait décidé de ne rien attendre de la vie, de tout attendre de lui même il y a quelques années maintenant. Mais cette façon de formuler les choses ne put l’empêcher de pouffer légèrement de rire en secouant la tête. Quel bad boy ténébreux il devait faire. M’enfin, le sujet était réellement clos, donc il l’était peut-être.

Il acquiesça à sa suggestion. Il n’avait pas l’habitude de dormir beaucoup, mais il commençait à réellement fatiguer. Néanmoins, il avait l’habitude de passer un peu de temps seul le soir, le temps de fumer une cigarette ou deux tranquillement. Il répondit donc à l’autre : “Vas-y. Prends la banquette arrière, c’est à mon tour de dormir devant” il lui jeta un coup d’oeil. Elle attendait visiblement une autre réponse. Il secoua la tête, et reprit d’un ton faussement sérieux cette fois : “Allez, casse-toi. J’éteindrais le feu” avant de suivre l’autre du regard le temps qu’elle aille s’installer. Il sortit ensuite une cigarette, se l’alluma, se disant qu’il allait se griller celle-ci avant d’aller dormir.

Une heure plus tard, il n’avait pas bougé. Le cul par terre, les jambes pliées, les avant-bras sur les genoux, il se grillait une troisième cigarette. Il regardait le feu, pensif, travaillant sur lui comme il avait l’habitude de le faire. Un bruit de pas, un grognement lui fit lever la tête. C’était un peu loin. Il ne perdit pas de temps, repéra immédiatement grâce à la pleine lune la position de l’intrus. Il se lança vers lui, tout en sortant son tomahawk de sa ceinture. En marchant, il vérifia les alentours immédiats du coup, il n’y avait que lui. Le rôdeur, attiré par le feu, ne remarqua même pas Leon dont les bruits de pas étaient étouffés par l’herbe épaisse. Il n’eut pas le temps de comprendre, que la hache se plantait dans son crâne et qu’il s’effondrait, définitivement. Le sicario retira son arme du cadavre, avant de l’essuyer vaguement en le frottant contre les vêtements du défunt en s’accroupissant à ses côtés.

Au moment où il se décida de le fouiller, du mouvement, au loin, capta son attention. Un autre rôdeur venait d’émerger, au loin, de la forêt. Enfin, une silhouette qu’il assimila à un rôdeur. Puis une autre. Puis une autre. Bordel de merde. Il se releva directement, retourna à la voiture. Ils avaient encore un peu de temps ; restait à savoir quoi faire. Il éteigna le feu, en remblayant la terre de son pied dans le trou, étouffant directement les quelques braises qu’il restait, avant de se diriger vers la voiture. Il posa sa main sur la portière avant, mais se ravisa.  Rouler de nuit était pas une bonne idée, il fallait attendre. Il se décala, ouvrit la porte arrière pour tomber sur une Lenny qu’il supposa endormie. Elle s’agita, peut-être à cause de l’air frais, de l’odeur de clope qui couvrait les vêtements de Leon, ou du mélange des deux, mais il ne perdit pas de temps et la força sans délicatesse à se relever un peu, en lui faisant un signe de se taire. Il se glissa dans la voiture, referma la porte, chuchota à l’autre : “Horde” avant de prendre sa couverture essayer de la caler sur les deux sièges avant pour faire un rideau de fortune avec. Les vitres latérales et arrières étaient teintées ; mais pas celle avant.

S’ils ne faisaient pas de bruit, la horde allait se contenter de passer, mais la nuit s’annonçait longue. Il referma la vitre passager entreouverte, au moment où la symphonie des mugissements des morts commençait à être perceptible.

Maintenant qu’ils étaient dans une sécurité relative, Leon se perdit dans la contemplation des morts. Alors que l’autre émergeait visiblement péniblement de son sommeil, les premiers rôdeurs commençaient à arriver à leur niveau. Leur démarche, lente, saccadée par leurs différentes mutilations avait quelque chose d’hypnotique. Leurs râles également. Il croisa presque le regard des premiers qui passaient très près de la voiture, évitant de peu cette dernière, continuant leur route vers ils ne savaient où. Ils étaient à ça de mourir ; à ça. Un frisson lui traversa l’échine, prenant un plaisir malsain à être ainsi sur le tranchant du fil. Il tourna la tête vers l’autre, se penchant vers elle pour avoir à produire le moins de bruit possible en lui répondant : “Raté, oui. Mais j’suppose qu’on perd rien à essayer de dormir” il réajusta légèrement et avec attention sa position sur le siège. Un bruit trop fort pouvait capter l’attention d’un rôdeur, l’attention d’un rôdeur captait l’attention d’une centaine de ses petits potes. Il croisa ses bras sur son torse, cala son menton sur ce dernier, fit mine de dormir. Il ne trouva pas le sommeil directement, et avant un bon moment même ; le temps que le plus gros du défilé macabre passe.

Un instant, il pensait être bien éveillé. Le suivant, il venait visiblement de ses réveiller. Ouvrant les deux yeux en même temps, il regarda à droite, puis à gauche, puis, chercha la source de cette pression sur sa jambe. Lenny s’en servait d’oreiller. Il fronça les sourcils, plaça sa main au dessus de son épaule, hésita un instant. Peut-être devrait-elle dormir encore un peu ? Elle pourra le faire pendant qu’il conduit, au pire. Il baissa sa main, secoua son bras fermement mais sans violence. Il s’adressa à elle très simplement : “Réveille toi. On va y aller” elle ne perdit pas de temps pour dégager sa jambe, il n’en perdit pas pour s’extraire du véhicule après s’être assuré que les alentours était vide. Il remarqua que le filet avait changé de position ; et, à peine eut il ouvert la porte qu’il entendit les mugissements d’un rôdeur. Il fit le tour du pick-up pour réaliser que ce dernier était complètement coincé dedans. L’ancien sicario eut presque jusqu’à aller à se demander comment en était-il arrivé là, avant de s’approcher assez pour mettre fin à ses supplices d’un coup de tomahawk bien placé. Avec un bruit mat, les mugissements se turent et le calme revint. Il poussa un soupir, fais un tour d’horizon. Il hésitait presque à proposer à l’autre de refaire un feu, de se faire un café, mais non. Une horde était à quelques heures d’eux, allant dans leur sens contraire pour l’instant. mais il n’avait pas envie de faire les  frais d’un changement de direction impromptu. Il s’étira un peu les jambes, avant de monter côté conducteur, de récupérer les clés auprès de Lenny et de se remettre en route vers Olympia.