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 i'm a goner | roxana

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Whil Jennings
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MessageSujet: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyVen 17 Aoû - 0:22



roxana whil
«somebody catch my breath»
La tente occupée par la soigneuse de garde ce soir était bien calme. D’habitude il n’était pas rare de voir débarquer au moins trois ou quatre blessés en fin d’après-midi – soit par imprudence, soit après un esclandre qui avait dégénéré - mais l’affluence réduite des malades soulageait au moins le travail de Whilelmina qui n’avait donc comme unique tâche que celle de nettoyer le bazar ambiant de l’espace de soin.

Quelques uns de ses collègues avaient du avoir du pain sur la planche en effet puisqu’il avait fallu changer le drap qui recouvrait les quelques lits de camp trônant dans la pièce improvisée, et de nombreux objets avaient été mal rangés ou jetés en vrac dans les bacs. L’esprit pragmatique de la petite brune qui n’avait de toute façon rien de mieux à faire aimait trop l’ordre pour laisser les choses en l’état. Accroupie, elle était donc consciencieusement en train de reclasser les quelques vivres médicaux qu’ils possédaient. La maniaquerie avait ses avantages ; ils s’y retrouveraient plus facilement dans une situation d’urgence et en cas de vol, il était bien plus facile de remarquer que quelque chose manquait à l’appel dans un endroit bien tenu.

En replaçant les pansements avec les rouleaux de bande dans le même compartiment, Whil crut sentir un mouvement dans son dos semblable au froissement d’un tissu. Elle jeta un coup d’œil rapide par-dessus son épaule, persuadée d’avoir rêvé la chose ; mais une silhouette se tenait bel et bien sur le pas de l’infirmerie de misère de la Carrière. Les cheveux roux flamboyants, les iris clairs contrastant avec la dureté de son expression faciale, mais surtout le choc qui fissurait les jolies pommettes hautes d’orgueil de ce visiteur impromptu. « Roxana. » murmura une Whilelmina qui pensait avoir sous son nez l’authentique apparition d’un fantôme terrifiant  pourtant bien trop réel pour en être un.

Difficile d’oublier une personne comme elle. Pas après tout ce qu’elle lui avait enseigné, pas après ce qu’elles avaient forgé et encore moins après le souvenir aigu de précision qu’elle avait conservé de leur dernière discussion il y a bientôt un an. Que je ne te revoie jamais. Alors même que l’ancienne Jackal n’avait pas encore émis le moindre son, la plus jeune entendait d’ores et déjà l’ombre de sa voix aux accents d’une rancune rocailleuse tonner. Peu importait les raisons qui les amenaient à se retrouver de nouveau l’une devant l’autre, ce n’était et de très loin pas ce que Whil souhaitait précisément à cet instant.

Ses yeux remarquèrent la blessure en même temps qu’ils dévisageaient la stature de la femme. Sa présence ne pouvait plus qu’être liée à deux causes : son état de santé ou la présence de Whilelmina à qui elle avait promis une fin qui n’avait rien de doux. La chance ne lui souriait pas autant qu’elle l’aurait voulu. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Une moitié de sa conscience n’aimerait que pouvoir se persuader que ce face-à-face n’est pas voué à l’échec. Qu’une issue de secours favorable peut leur être offerte. L’autre moitié quant à elle cherchait déjà du regard son arme, se demandant combien de temps il lui faudrait pour l’empoigner et se défendre dans le cas hypothétique où la rouquine décidait de lui régler son compte en guise de bienvenue.
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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyDim 19 Aoû - 12:34


whilelmina roxana
« People come and go, but life is simply about seeing who cares enough to stay »

Les frissons dégringolent violemment contre l’échine, font claquer les dents de la rouquine. Un goût métallique inonde son palais alors qu’elle inspecte les dégâts. La vue de la chair arrachée, criblée d’éclats de verre, lui soulève presque l’estomac. Brillante et poisseuse, son hémoglobine glisse entre les morceaux profondément incrustés, donne un aspect plus spectaculaire à la blessure. La plaie s’étend sur tout son bras, s’ajoute aux écorchures qui zèbrent la peau opaline de part en part. Une belle chute dont elle se serait volontiers passée. Tout comme de la mâchoire d’un pourri à quelques centimètres à peine de son visage. Les muscles affreusement crispés, elle se fraie un chemin dans la Carrière, tente plus ou moins de se faire discrète. Loin d’être évident quand on a des cheveux roux, une grande gueule, et qu’on est associée aux grands méchants loups des environs. Les pestiférés supposés rester confinés dans leur zone, et ne surtout pas se mêler au reste de la populace. Une belle hypocrisie d’après elle, sachant que d’anciens jackals se sont intégrés en douce dans les campements. Les rats qui ont quitté le navire les premiers n’ont pas à subir l’exclusion comme eux. Suffisamment malins pour se fondre parfaitement dans la masse en dépit des atrocités commises. Elle préfère toutefois la précarité de sa situation plutôt que d’essayer de se sociabiliser ou de lécher des bottes.

Miraculeusement, la chasseuse parvient sans encombres jusqu’à la tente recherchée. On lui a suffisamment vanté les mérites de son occupante pour qu’elle mette sa fierté de côté, pas encore prête à crever d’une vilaine septicémie. Sa respiration se coupe net en reconnaissant la silhouette frêle, les boucles brunes. Les grands yeux de poupée agrandis par l’horreur de la retrouver. Un rictus acerbe déforme ses traits, les tord dangereusement. « - Toi. » Crache-t-elle avec mépris, sans même se donner la peine de prononcer son prénom. Elle retient un ricanement à l’entente de sa question, examine la gamine de haut en bas. « - Je suis venue te régler ton compte. » La langue claque brutalement contre le palais, alors qu’elle esquisse un pas en avant. Juste pour l’intimider, s’amuser de sa réaction. Elle verrouille à son tour du regard l’arme que la gosse semble chercher, se demande si elle aura le cran de s’en emparer et de frapper avant d’être attaquée. C’est ce qu’elle lui a appris après tout. Une part d’elle serait fière de la voir appliquer ses leçons, contre elle ou non. En dépit du ressentiment qui pulse férocement dans ses veines, elle ne peut s’empêcher de remarquer qu’elle a l’air en forme. Un indicible soulagement s’épanche dans ses poumons à ce simple constat. Relents d’affection qu’elle n’est pas parvenue à annihiler entièrement, trop attachée à son élève autrefois pour s’en défaire. D’autorité, elle s’installe sur une chaise vacante, s’y affale sans la moindre grâce. « - Ou juste me faire soigner ça, j’ai pas encore décidé. T’arriveras peut être à me convaincre une seconde fois de t’épargner. » Susurre-t-elle, avide de la faire mariner davantage. Le morceau d’épiderme boursouflé est mis en évidence alors qu’elle étend son bras sur sa jambe. Ses orbes polaires s'amarrent aux prunelles claires de Whilelmina, leur intiment un ordre silencieux.

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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyDim 19 Aoû - 21:41



roxana whil
«somebody catch my breath»
La réponse de la rouquine n’aurait pas pu davantage lui correspondre. Elle avait des allures de Mort incarnée, débarquant dans le baraquement seule à une heure tardive où l’on n’attendait jamais personne. Il ne lui manquait plus que la longue cape noire d’encre pour donner un peu plus de tonalité dramatique et de réalisme à son entrée. « Dans ce cas, quittons cette tente. » lâcha un peu trop sereinement la plus jeune, subitement consciente que Roxana risquait moins d’apprécier la provocation que de la prendre au sérieux. « C’est un endroit fait pour soigner, rarement pour mourir. » se contenta de préciser Whilelmina avec une justesse effarante. Si elle devait subir le courroux de son aînée trahie, elle préférait au moins que cela se fasse à l’abri des autres et surtout pas dans un lieu qui voyait déjà suffisamment de sang s’écouler comme ça.

Son exécution pourtant promise fut reportée temporairement ; la jeune femme s’installa d’autorité sur un siège proche et exposa la véritable et première raison de sa venue ici-bas. Et la petite brune de froncer le nez, remarquant les sillons rouges le long du bras, les éclats de verre parsemés dans la chair à vif et surtout, l’absence complète de ressentiment sur le visage de la trentenaire. Pas très étonnant, l’endurance de Roxana Byers n’était plus à prouver depuis bon nombre d’années. « Tu ne t’es pas loupée. » Pendant une fraction de seconde, elle s’interrogea sur la validité de ce commentaire. Sur sa propre aptitude à se comporter comme si cette femme qui venait de débouler dans sa vie après presque un an n’était qu’une habitante comme une autre. La nouvelle était trop fraîche pour être assimilée d’un seul coup, la vivacité de l’existence de son ancienne mentor était trop véridique pour qu’elle ne puisse encaisser sans sourciller la chose.

Elle resta immobile. Ses yeux étaient encore perdus sur la silhouette du Winchester qu’elle choisit sciemment de ne pas prendre – elle sentit sur ses épaules l’once de déception de la part de la rousse peser sur elle. Ce n’était pas une confrontation physique que la plus jeune recherchait, pas plus qu’elle ne se sentait de taille à affronter verbalement Byers. Elle était plus terrorisée qu’elle ne l’avait été depuis longtemps et le souvenir de la peur ne lui avait pas manqué. Il lui rappelait ses jours de fuite avec Arthur, ces jours de solitude passés à se cacher dans la terre, à vivre de rien et à se contenter de trop peu, avec pour seule compagne persistante la crainte bouffante d’être trouvée. Sa voix s’exprima finalement sans écouter sa tête, une drôle de tonalité perturbée dans les cordes vocales. « Je ne savais pas que tu étais ici. Je pensais … » La fin de sa sentence n’avait rien d’engageant ou de flatteur, pourtant au fond, Whilelmina ne recula pas pour la dire. « … Que tu étais morte. » Ce n’était en aucun cas un souhait ou un rêve, contrairement à ce que son interlocutrice aurait pu potentiellement s’imaginer. Malgré les fossés entre elles et la rancœur, la soigneuse n’avait jamais voulu que Roxana laisse sa peau. Elle ne méritait pas cela, loin de là.

La brune s’avança finalement d’un pas suivi d’un deuxième et observa la blessure, profonde et étendue. Elle ne savait pas si elle profitait de ce long moment de contemplation pour réellement comprendre ce qui s’était passé ou si elle était tout bonnement en train de repousser le moment où ses doigts entreraient en contact avec le bras de l’ancienne Jackal. « Comment tu t’es fait ça ? » Pas plus une morsure qu’une griffure, un rôdeur ne pouvait pas intentionnellement avoir causé une telle lésion. Machinalement, sa main attira à elles la petite table roulante et branlante où traînaient encore de quoi soigner un patient sur le pouce. Pour l’heure, Whilelmina se contentait d’obéir implicitement aux choix de Roxana qui, temporairement, avait décidé de ne pas encore rouvrir les hostilités. Cela ne saurait tarder.
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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptySam 25 Aoû - 19:48


whilelmina roxana
« People come and go, but life is simply about seeing who cares enough to stay »

Elle ne se démonte pas la gamine. Elle relève le menton, lui tient tête. Elle lui propose presque un duel au soleil, à s’affronter comme dans un vieux western. La rouquine préfère l’imaginer en adversaire à sa taille plutôt qu’en proie prête à se laisser égorger sans broncher. Elle ne l’a après tout pas éduquée ainsi. Le ton employé lui arrache un rire bref, fait naitre un rictus mauvais sur ses lèvres. « - Calme-toi, Antigone. Inutile d’être si mélodramatique. Et puis tu crois vraiment que je te donnerais le choix ? » Elle ne se serait sans doute pas annoncée, si elle avait réellement décidé de la tuer. Elle n’aurait pas laissé l’hésitation gangréner sa volonté, elle se serait jetée sur elle sans autre forme de procès. Implacable et sans pitié. A force de décimer des zombies, on ne fait plus tout à fait la différence avec les vivants. On les confond. Ils sont tous déjà morts sur cette terre de malheur de toute façon. Piégés au milieu des enfers, avec juste leur misère à picorer. Elle ne fait qu’accélérer l’inévitable. Et pourtant. Elle s’attache plus qu’elle ne veut l’admettre à certains cadavres en sursis.

Sans laisser planer davantage le suspense, elle prend place, le plus confortablement possible. « - Joli sens de la déduction. » La langue claque, riposte au tac-au-tac. Les relents de peur dégagés par la gosse l’irritent au lieu de la rendre fière. Elle n’a jamais eu envie d’être un monstre pour elle au fond. Elle a seulement cherché à l’endurcir. Lui donner une chance de s’en sortir, mieux que sa sœur morte dès les prémices de l’épidémie. Sauver l’une à travers le reflet de l’autre. Entretenir l’illusion pour se rattraper de n’avoir pas pu secourir sa cadette. Son ancienne protégée bute sur les mots, la ramène sans le savoir aux retrouvailles qu’elle ne parvient pas à oublier. Douglas, aigri et en colère qu’elle ait pu en arriver à cette déduction. Malheureux de croire qu’elle n’était pas affectée par sa perte. Les souvenirs houleux font courir des frissons d’affliction contre ses membres. Elle les chasse dans un soupir, recompose son masque moqueur. « - Eh bien non, j’espère que t’avais pas parié au moins. Tu sais à quel point j’aime te surprendre. » Ronronne-t-elle. Double-sens évident. Sa trahison, la fuite dans la nuit, et la furie incendiaire sur ses talons. La chasseuse n’arrive pas à déterminer si son ex-élève a pris ses désirs pour des réalités, préfère rester dans l’ignorance à ce sujet. Prétendre qu’elle n’en serait pas affectée et ne pas s’offusquer.

Un haussement d’épaules nonchalant accueille l’interrogation légitime, alors que la jeune femme s’approche d’elle. Une biche effarouchée à proximité d’un fauve blessé. L’achever ou l’aider, au risque de se faire ensuite dévorer ? Dilemme cornélien qu’elle croit voir danser dans les prunelles céruléennes. « - Une mauvaise chute, c’est tout ce que tu as besoin de savoir. » Aucune envie de faire la conversation, et de lui raconter en détail ses mésaventures dans les bois. Elle n’est pas venue pour ça. « - C’est pas contagieux, tu peux y aller. Je vais pas canner là, me transformer et faire chuter tes statistiques quant au taux de survie sous cette tente, rassure-toi. Sauf si tu me soignes pas correctement et que je crève d’une septicémie. » Assure-t-elle, en s’avançant sur la chaise de fortune. Réduisant sensiblement l’écart les séparant.  « - C’est surement ce que je ferais à ta place d’ailleurs. Mais t’es pas assez vicieuse pour ça toi, si ? Tu vaux mieux que nous, c’est pour ça que t’es partie, non ? » Questions rhétoriques, elle ne fait que réfléchir à voix haute, sans attendre de véritable réponse. Elle sait pourquoi elle est partie, elle arrive même à le comprendre quand ses instincts de tueuse sont en berne. Roxana tolère seulement moins qu’elle l’ait quittée elle, comme une voleuse si elle ne l’en avait pas empêchée. Est-ce qu’elle ne méritait pas au moins des adieux dans les règles, à défaut de remerciements dignes de ce nom ?

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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptySam 1 Sep - 23:34



roxana whil
«somebody catch my breath»
Cela l’aurait arrangée, d’avoir le mauvais rôle jusqu’au bout. Il était plus compliqué pour l’une comme pour l’autre de chercher à se comprendre, à s’entendre. Quand bien même Whil ferait un pas vers l’autre, elle pressentait que l’accueil ne serait pas celui auquel elle aspirait. « Je n’ai jamais parié sur la mort de qui que ce soit. » répondit-elle pour clore le débat et passer à la suite. Même dans ses moments de cynisme les plus profonds, Whilelmina n’avait pas misé sur le trépas d’autrui. Il aurait fallu avoir des possessions pour cela et surtout un sens aigu de la nonchalance que les Jackals n’avaient pas suffisamment fait éclore pour cela.

La petite brune déplia un linge propre, dévissa une bouteille d’eau et une bouteille d’alcool mélangé pour s’occuper de la plaie. D’un coup d’œil, elle analysa plus profondément les éclats qu’elle distinguait dans la chair, ses oreilles captant de concert les explications raccourcies et synthétiques de son aînée. Visiblement elle souhaitait garder certains détails pour elle, ce qui se respectait – le secret médical n’avait plus forcément de raison d’être en leur temps, Whilelmina s’y tenant néanmoins lorsque cela lui était demandé. « Tant mieux. » Oui, tant mieux si ce n’était pas de la main d’un walker qu’elle s’était fait cette sale égratinure. La texane n’aurait pas eu le cœur à devoir l’abattre de sang-froid pour le bien-être du campement. Pour le reste, que la flamboyante Chacale la pense capable de la laisser crever d’une surinfection … Ca ne valait pas la peine d’en débattre, Rox’ la croyait capable de toutes les déceptions à l’heure actuelle. « Si c’est comme ça que tu vois les choses … » murmura Whil, armée d’une petite pince.

Elle s’affaira à retirer les petits morceaux non-identifiés qui risquaient de souiller la blessure, son interlocutrice se cantonnant obstinément à ne pas l’informer plus que de raison et à privilégier les piques. « Très bien, je vais me contenter de ça alors. » Le dialogue restait froid et neutre. La soigneuse n’allait pas être celle qui provoquerait l’autre, elle laissait ce rôle parfaitement adapté à la plus âgée qui n’avait aucun mal à sélectionner les bons arguments pour appuyer un peu plus à chaque fois sur les cordes sensibles de son ancienne apprentie.

Et notamment la possibilité que l’état de blessée de Byers représentait comme opportunité pour la déserteuse. Une option tentante et aisée, à portée de main et dans ses capacités. Tuer un malade, ça n’avait rien de sorcier quand on savait comment éradiquer le mal. Pourtant Whil s’évertua à faire la sourde oreille, versant un peu d’alcool dilué sur un linge alors qu’elle arrosait la plaie d’un peu d’eau au préalable. « Je soigne tout le monde ici, peu importe qui tu peux être. Jackal ou pas. C’est comme ça que ça fonctionne. » Sa main vint essuyer le sang séché et les débris autour de la plaie, nettoyant la peau jusqu’à lui rendre son éclat laiteux. Le désinfectant inonda doucement l’écorchure, ses yeux concentrés sur l’acte ne déviant pas d’un iota. « On partage le même clan maintenant, même si on n’a pas rejoint la Carrière de la même façon, et même si tu me détestes. » Moi, je ne te déteste pas. Les mots restèrent bloqués dans sa trachée. Minable, c’était certainement ainsi que Roxana l’aurait qualifiée si elle l’avait entendue dire une chose pareille. La faiblesse des sentiments n’était pas une facilité que l’on s’autorisait.

Assez. C’était assez, si la rouquine voulait un affrontement, elle l’aurait, mais Whilelmina refusait d’endosser des propos qu’elle n’avait pas plus tenus que pensés. Sa main reposa sèchement le rouleau de bandage sur le plateau, peut-être plus brusquement qu’elle ne le voulait. « Qui a dit que je me sentais supérieure à qui que ce soit ici ? Tu crois que c’est comme ça que je me vois ? Mieux que tous les gens autour de moi ? » Ses grands yeux bleus dévisagèrent Roxana comme pour déchiffrer ce que ce mur d’inexpressivité dissimulait derrière son air fermé et buté. Elle l’avait connue, elle avait su autrefois ce qu’elle abritait en pensée. Au fond, Whil était sûre de pouvoir parvenir à atteindre à nouveau son ancien mentor. « Je peux être plein de choses Roxana mais je ne suis pas ça. Je ne suis pas meilleure que les autres. » Une traîtresse, une menteuse, une lâche. Mais pas quelqu’un d’orgueilleux, non. La mémoire ne pouvait pas s’effacer et si la petite brune tentait de se racheter une conscience et d’obtenir un pardon, c’était le sien dont elle avait besoin. Elle avait et devait encore réapprendre à pouvoir se regarder, à pouvoir vivre en sachant tout le mal qu’elle avait fait et tous les torts qu’elle ne pourrait jamais effacer. Rien que cette pensée l’empêchait à tout jamais de s’estimer au-dessus d’une quelconque mêlée.
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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyDim 16 Sep - 1:15


whilelmina roxana
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« Je n’ai jamais parié sur la mort de qui que ce soit. » Et moi, j’aurais parié que tu répondrais ça. La rouquine le pense très fort, ravale finalement sa raillerie. La brunette commence déjà à l’agacer avec ses réponses diplomatiques et pacifistes, elle ne peut pas le masquer. Elle préfèrerait sans doute avoir face à elle une gamine odieuse et insolente. Une tête à claques dont elle aurait rabattu le clapet avec un vif plaisir. Elle aurait ainsi pu lui en vouloir impunément et sans complexe. Mais elle ne lui facilite pas la tâche, Whilelmina. Elle la lui complique, comme depuis le tout début. Injecte des myriades de nuances de gris à un monde qu’elle s’évertue à rendre blanc et noir depuis la mort de son fils. Même menacée, elle accepte de s’occuper de la furie. Retire les morceaux de verre un par un, méthodique. Intense, la douleur fourmille dans son bras, lui arrache des grimaces d’affliction par instant. La piqure de l’alcool sur la plaie n’arrange rien, la fait grelotter et se mordre la joue jusqu’au sang. Elle ne se plaint pas pour autant, s’évertue à retenir râles et protestations.

Les belles paroles rentrent dans une oreille, ressortent par l’autre. Elle en ricane intérieurement, loin d’y adhérer. Elles ne feront plus jamais partie du même camp. Les survivants n’aspirent qu’à voir leur tête juchée au bout d’une pique. Venger les morts tombés sous la barbarie des chacals et se débarrasser définitivement de la vermine. Les voir disparaitre le plus loin possible d’eux, à défaut. Ce n'est pas un fossé qui les sépare, c'est un gouffre vertigineux. « - Une philosophie de vie très admirable. Tu t’entraines pour le discours de remerciements de Miss Carrière ? Pas sûr que ça mette en joie le voisinage de te voir prôner ce genre de connerie, mais t’as l’air d’y croire, c’est le principal. Vaudrait peut être mieux miser sur ta plastique quand même. » Susurre-t-elle, un brin venimeuse. Elle ne l’abhorre pas vraiment, la môme. Elle lui rappelle trop Natasha pour y parvenir entièrement. Semblable en bien des points à sa cadette tombée à l’aube de l’épidémie. La haine est un terme excessif pour qualifier ce qu’elle ressent à son encontre. Elle déteste l’ordure qui lui a labouré les reins sans son consentement, gravant des tourments indélébiles au creux de sa chair. Pas la gosse dont elle s’est occupée, à laquelle elle s’est attachée plus que de raison. L’affection gravite dans ses tripes, en dépit de la colère qui continue d’incendier ses veines. Du courroux incisif qui semble démontrer le contraire par A+B. Démonstration erronée. Les mathématiques, ça n'a jamais été son fort. Plutôt spécialiste des équations impossibles à résoudre.

Je ne te déteste pas
. Elle non plus ne prononce pas les mots, s’interdit de tendre l’autre joue. Elle n’est définitivement pas douée pour s’épancher Roxana. Comme un animal de compagnie revenu à l’état sauvage, elle aboie, elle grogne. Se fait menaçante, se laisse difficilement approcher. Montre les crocs et bave comme un chien enragé. Que de la gueule, certains diraient. Elle a pourtant tué plus que le quota nécessaire pour rester en vie. Par cruauté, par sadisme. Pour oublier d’être humaine. Devenir une simple machine et arrêter de souffrir. « - Je suis profondément déçue, c’est différent. » Lâche-t-elle néanmoins, du bout des lèvres, en plantant ses rétines dans les siennes. Elle se méprise déjà d’engager la discussion de la sorte, alors qu’elle s’était promis de ne pas le faire. De l’occire ou de changer de chemin si elle la recroisait. « - J’ai aucune foutue idée de qui tu es au fond. J’aurais pas été si surprise de te voir te tirer sans un mot sinon. C’est pas le départ que j’ai jamais digéré, c’est la façon dont tu l’as fait. » Le ton reste dur, malgré l'armure qui commence doucement à se craqueler. La caractérielle se sent faible, en lui accordant pratiquement l’occasion de se rattraper. Ou au moins de s’expliquer. Incapable de rester un mur de froideur et de sarcasme comme convenu. Elle ne laisse pas le palpitant de marbre l’ancienne élève, elle ne l’a jamais fait.

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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyMar 18 Sep - 11:57



roxana whil
«somebody catch my breath»
Roxana préférait la tacler jusqu’à épuisement plutôt que d’avoir à tenir la conversation qui leur brûlait toutes deux les lèvres. Compréhensible. Après sa désertion, Whilelmina s’était repassée en boucle ces derniers instants où le regard de la rousse l’avait accusée, où ses mots avaient alourdi ses épaules d’une responsabilité dont elle ne pourrait jamais se défaire. Lâche et traîtresse. Elle voyait ces termes se refléter encore dans les expressions de la jeune femme quand celle-ci la regardait. Elle sentait encore sa réticence, sa colère non digérée et surtout son envie paradoxale de la provoquer pour la faire réagir, la pousser à crever un abcès qui serait sinon impossible, difficile à faire cicatriser. « Merci pour tes conseils avisés, j’y penserai. » Sobrement, Whilelmina laissa couler sur elle l’acidité de son aînée. Elle avait bien le droit de ne pas croire les mêmes choses qu’elle. Elle ne pouvait que le concevoir et le tolérer. Au moins, tant que Roxana la charriait, elle avait encore une chance d’exister à travers ses yeux, et potentiellement une chance de pouvoir se justifier. Ou de recoller les morceaux. A y songer, Whil avait envie de rire tristement ; ni l’un ni l’autre ne paraissaient à portée de main.

Finalement, sans qu’elle ne s’y soit préparée, ce fut la plus âgée qui fit la première un pas décisif. De surprise, la soigneuse s’arrêta dans sa tâche pour contempler la Jackal. Elle ne l’interrompit pas, l’écoutant avec une attention telle qu’elle constata sur le tard qu’elle n’avait pas encore tout à fait fini ses soins. La brune se reprit donc, penchant ses yeux sur la plaie nettoyée pour la recouvrir d’un baume épais légèrement boueux sur quelques centimètres. Une meilleure façon de guérir les querelles que l’alcool, parfois trop corrosif. Rox aurait sûrement préféré l’éthanol mais la douleur ne permettait pas toujours d’assainir toutes les situations. « Je sais, je … » voulut-elle finalement commencer, un peu perplexe, avant de s’arrêter pour attraper la bande et se donner le temps d’une réponse qui méritait que Roxana l’entende.

Elle n’avait aucune excuse et elle ne s’en cherchait pas. La situation avait été intenable, les manipulations d’Angus à son égard et la peur de ne plus se reconnaître avaient fini par la faire basculer. Whilelmina s’était réveillée de ce long coma de violence et avait compris trop tard qu’elle en avait déjà trop fait. Reculer et fuir était la solution des peureux, mais Whil n’avait pas fait tout ça pour crever au combat inutilement. La survie, c’était ce qui l’habitait depuis des années. Comme tout le monde. « J’y ai réfléchi. Crois-moi, j’aurais voulu faire ça du mieux possible pour tout le monde. » Elle avait réfléchi. Ses dernières nuits au campement des Rosario n’avait pas été de tout repos. Comment le dire, à qui ? Fallait-il seulement l’avouer ? Le mieux, c’était peut-être de disparaître comme un fantôme. Ils finiraient tous par l’oublier, comme si elle n’avait jamais existé. Douce utopie. « Mais je crois qu’il n’y a pas de bonne façon de partir. » Elle s’en était bien vite rendu compte quand Roxana lui était tombée dessus, cette nuit-là. On finissait toujours par être bien vite rattrapé par ses remords. « Peut-être que la seule solution viable c’était d’annoncer au groupe que je voulais partir. » Soit, signer son arrêt de mort. Dire à Marisa et aux autres qu’elle les quittait, qu’elle ne se reconnaissait plus en eux, qu’elle n’était plus avec eux. Affronter la désillusion d’Angus, et sûrement trouver la mort de sa main. C’était bien le genre de la maison. C’était terrifiant, et à y repenser, Whilelmina se souvint plus exactement pourquoi elle n’avait pas voulu être honnête.

Ses mains s’étaient activées à enrouler la bande autour du bras pour former un pansement solide et compact. « Si je t’en avais parlé avant, qu’est-ce que ça aurait fait ? » Cette fois elle regarda Roxana droit dans les yeux. La question, elle, avait besoin d’une réponse. « Ca aurait été à toi de me faire changer d’avis - ou de m’éliminer. On sait toutes les deux qu’on ne quitte pas les Chacals par trente-six portes. » La mort ou l’échine courbée, au choix. « Au moins, ça t’aurait évité d’avoir à me recroiser. » Elle en parlait presque comme si ça ne la concernait pas, comme s’il s’agissait du sort de quelqu’un d’autre, distant et lointain.
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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyDim 30 Sep - 21:31


whilelmina roxana
« People come and go, but life is simply about seeing who cares enough to stay »

La gamine commence par bafouiller, par chercher ses mots. Roxana aurait surement sèchement coupé la parole de n’importe qui d’autre, sans perdre de temps à écouter une traitresse se justifier. Mais elle est coincée là après tout, le bras salement amoché. Et les résolutions, c’est comme les migraines, on les oublie quand la douleur part. Si elle s’était jurée de ne jamais lui accorder son pardon ni même une chance de s’expliquer, elle ne parvient pas à s’y tenir face à la môme. Elle racle ses dernières miettes d’humanité pour elle, va puiser dans ses ultimes ressources. Si elle peut supporter un contact physique prolongé, elle peut bien écouter ce qu’elle a à dire. Se montrer plus raisonnable que ce qu’on attend d’ordinaire des chacals, et de leur fâcheuse manie de préférer la violence aux paroles. C’est désagréable, inconfortable cependant. Des picotements d’affliction ne cessent de dévaler son échine à mesure que les propos de son ancienne élève la ramènent au soir de sa fuite. Les séparations ont toujours un goût d’adieu depuis la fin du monde civilisé. Elle n’a probablement réalisé qu’au moment de la perdre à quel point elle comptait pour elle. La difficulté de la voir décamper sans se retourner après lui avoir transmis tout son savoir en matière de survie. Elle ne s’y attendait pas à l’époque, s’était sentie blessée de ne pas avoir senti son départ venir.

« - Pour signer ton arrêt de mort ? Ils n’auraient jamais toléré ça, ils t’auraient lynchée au sens figuré comme au sens propre. » Finit-elle par admettre, même s’il lui en coûte. Elle se désolidarise de ses compagnons volontairement. Juste pour lui signifier qu’elle représentait davantage pour elle qu’une simple collègue de route. « - Je t’ai bien laissée partir finalement non ? Evidemment que j’aurais cherché à te faire changer d’avis, mais je ne t’aurais pas dénoncée pour autant. » Tu pouvais me faire confiance. L’affirmation reste coincée sur le bout de la langue. Presque un alignement de grossièretés, venant d’une personne comme elle, qui tue et torture impunément. « - Je ne t’avais pas prise sous mon aile pour t’éliminer. » La logique se veut implacable. Ce n’est pourtant pas vraiment celle de son groupe. La colère partiellement retombée, elle ne peut pas nier que la gosse a probablement fait au mieux. Prendre un tel risque au détriment de sa survie n’en valait pas la peine, même si elle a abimé le myocarde de la rouquine dans la manœuvre. Elle est incapable de le reconnaitre à voix haute mais tout au fond d’elle, elle a conscience que Whilelmina n’a pas agi contre elle. Seulement pour sauver sa peau.

« - Je ne t’aurais pas recroisée, mais il n’y aurait peut être eu personne pour désinfecter ma blessure, ça aurait été dommage. » Lâche-t-elle, une pointe d’humour dans le timbre. Encore loin de faire preuve de chaleur, la rousse incendiaire s’est au moins départie de sa posture menaçante. Ses sphères polaires ne la fusillent plus réellement, se contentent de suivre les gestes appliqués de la soigneuse. La bande qui s’enroule autour de la plaie recouverte de baume. L’odeur de la substance pâteuse lui vrille les narines. Ce n’est pas si affreux de la retrouver. C’est réconfortant, familier au contraire. Et elle ne se montre pas hostile avec elle comme les autres carrières. Elle lui donne quasiment la sensation d’être normale, et pas un fauve lâché au milieu d'une bergerie. « - J’ignorais que tu avais ce genre de capacité. Tu as appris tout ça comment ? » S’intéresse-t-elle, happée par la curiosité. On maltraite la chair, on la broie, on la mutile chez les jackals. On ne cherche pas à prendre soin les uns des autres, et la guérison est pratiquement absente du vocabulaire. Les plus faibles sont abandonnés sur le bas-côté, on se déleste des poids morts sans se retourner.


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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyVen 5 Oct - 22:08



roxana whil
«somebody catch my breath»
Au moins, la rouquine était franche avec elle. Et elle ne se voilait pas la face : Whilelmina serait déjà six pieds sous terre si elle avait benoîtement osé se confesser sur ses doutes à un Jackal. Eliminer les plus faibles faisait partie intégrante des règles de leurs vies et cet aveu-là aurait été bien plus qu’une preuve de sa fragilité d’âme.

En définitive il n’y avait aucune alternative. Et cela devait probablement en coûter à la plus âgée des deux mais il semblait qu’entre les lignes, la brune parvenait à ressentir de la compréhension de la part de son ancienne mentor. Elle était bien loin de compatir à ses dilemmes du passé ou de se mettre à sa place, et Whil aurait été bien culottée de lui demander un tel effort. Pourtant la virulence de la rousse s’était quelque peu apaisée au profit d’une once supplémentaire d’honnêteté qui alla droit au cœur de la soigneuse. Ses mots n’étaient pas choisis au hasard et si elle était touchée, la benjamine avait également la sensation d’avoir d’autant plus gâché et trahi la confiance d’une personne qui aurait fait bien plus pour elle que ce qu’elle n’imaginait.

Mais ce qui était fait était fait. Et des excuses, des pardons ou des justifications n’y changeraient rien. Seul le temps ferait réellement son office pour guérir la rancune de Roxana et Whil savait que de toute manière elle n’aurait pas aimé la voir se lamenter sur son sort ou pleurnicher. Ce n’était pas dans sa nature. Assumer et aller de l’avant, voilà ce que la maturité forcée qu’elle avait subi lui intimait de faire.

« Et voilà. » Ses mains avaient terminé de panser la plaie de la rouquine, le pansement était finement posé, et cette blessure-là aussi n’avait plus besoin que de secondes et d’heures pour devenir un lointain souvenir. Un sourire fugace passa sur le visage de la jeune fille tandis qu’elle relevait brièvement son regard, croisant celui de Roxana. « Oh, je suis sûre que quelqu’un se serait occupé de toi. Il ne l’aurait juste pas fait aussi bien que moi. » Vanité ? Plutôt une plaisanterie sur le même ton qu’elle. Retrouver cette ambiance facile et légère avec la trentenaire, pendant quelques secondes, lui fit un drôle d’effet qu’elle se surprit à peine à apprécier – comme on dépoussière une vieille boîte pleine de bons moments d’un autre âge.

Et la petite brune fut poussée doucement, naturellement à répondre alors qu’elle rangeait la bande de pansement. « Ma mère. Elle était médecin. » Jo lui en avait beaucoup appris mais sûrement pas assez comparé à tout ce qu’elle aurait pu. Si seulement les Chacals ne les avaient pas séparés … Elle repoussa ce songe amer. « Et une autre Jackal, aussi. Faith. » Autre visage féminin et familier qu’elle n’avait pas recroisé depuis son entrée à la Carrière. Cette femme-là aussi avait été un de ses piliers durant un long moment. Non seulement elle lui avait enseigné ce que sa maternelle avait connu sans pouvoir le lui expliquer, mais elle avait en outre participé à d’autres travaux médicaux bien moins orthodoxes. La foi et la médecine les avait liées. « Il faut savoir comment blesser pour bien soigner. » Force était de l’admettre : sans avoir mis les pieds au royaume défunt des Rosario, Whilelmina n’aurait peut-être pas su exécuter ses talents de soigneuse comme aujourd’hui. « Reviens me voir si jamais il y a un problème de cicatrisation. » Elle marqua un temps d’arrêt avant de rectifier du bout des lèvres, les yeux vissés dans les siens. « Ou s’il y a autre chose. » Pas d’obligation, seulement une proposition de paix. La suggestion valait ce qu’elle valait mais Whil espérait, encore et toujours, qu’une réconciliation sinon une trève définitive était possible avec Roxana.

Le silence les reprit pour les serrer dans ses bras durant quelques secondes. Un regret la happait lentement, et la brune n’était plus certaine de vouloir laisser partir la rousse sans avoir pu oser. « Tu sais si … » Ses doigts se promenèrent nerveusement sur le rebord du plateau de métal. « Tu sais si Angus a survécu ? » La question était inattendue et même elle n’avait pas pensé avoir demandé cela à voix haute. Elle s’était jetée à l’eau – ou plutôt, sa curiosité l’avait poussée à effectuer le grand saut. Prête ou non à entendre la réponse, Whil avait en tout cas enfin posé l’interrogation qui lui polluait l’esprit et noircissait ses rêves depuis des mois.
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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyDim 14 Oct - 20:17


whilelmina roxana
« People come and go, but life is simply about seeing who cares enough to stay »

On pourrait presque les croire à nouveau alliées, occupées à plaisanter et à faire la conversation. Et l’espace d’un instant, la rouquine l'espère. Quitter l’atmosphère hostile et violente des jackals, même pour un court instant, l’apaise plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle porte sa haine contre le monde entier depuis des années. Sa rancœur envers la brunette depuis des mois. Se délester partiellement de ce fardeau allège son cœur meurtri, la soulage terriblement. Elle a conscience que la rancune et le sentiment de trahison ne disparaitront pas pour autant si rapidement et si facilement. Mais c’est déjà suffisant pour sentir la différence. Elle ne pensait pourtant pas en avoir besoin. La tueuse est peut être lasse de semer la terreur sans sourciller. Ou plus fragile depuis qu’elle a retrouvé Douglas. Sursaut d’humanité qu’elle attribuera sûrement dès le lendemain à un pathétique moment de faiblesse. Influence morale qu’il semble continuer d’exercer indirectement sur elle, qu’elle l’admette ou non. Elle se surprend à avoir davantage de scrupules depuis qu’elle sait qu’il n’est pas mort, qu’il ne se trouve pas si loin. A redouter à nouveau le regard critique qu’il pourrait poser sur elle. Le mineur a beau être persuadé qu’elle ne l’écoute pas, qu’elle agit constamment par esprit de contradiction, jamais aucune opinion n’a autant compté que la sienne au cours de son existence.

« - Tu as une vision particulièrement sombre de la médecine dis donc. » Remarque-t-elle après que la soigneuse lui ait expliqué d’où elle tenait ses connaissances. Un léger sourire étire ses lèvres en lui faisant la réflexion. La môme n’a sans doute pas tort. Les médecins apprennent à inciser la chair avant de s’entrainer à la recoudre. Un simple hochement de tête ponctue les prescriptions de son ancienne élève. Elle n’en est pas au stade où elle peut lui assurer à haute voix qu’elle reviendra. Une part d’elle ne peut pas nier qu’elle en a envie toutefois. Le silence revient planer entre elles, et la rousse en profite pour se relever et ramasser son sac, dans l'optique de quitter la tente. L’interrogation de la cadette la coupe dans son élan, la prend au dépourvu. Ses rétines claires retournent se planter dans les siennes, les jaugent. Elle essaye de déterminer ce que la gosse voudrait entendre, sans succès. Elle ne s’est jamais réellement intéressée à leur amourette. Elle sait uniquement que l’amant éconduit n’a pas réellement digéré l’offense non plus.

« - Non je l’ignore. » Concède-t-elle finalement, ennuyée de ne pas pouvoir lui apporter une réponse plus précise. « - Il a disparu pendant l’attaque du centre commercial. Soit il s’en est sorti et a tracé sa route seul, soit il est mort de ses blessures quelque part. Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas avec nous à l’heure actuelle. » Les pourritures ont la peau dure, et face à la mort celui qui méritera de vivre et celui qui vivra sont deux choses bien différentes. Alors elle ne peut pas lui affirmer que son tortionnaire mange désormais les pissenlits par la racine. Les chances de survie qu’elle lui attribue sont néanmoins minces. Si Angus s’en était sorti, il aurait cherché à retrouver son groupe, elle en est pratiquement convaincue. « - S’il n’est toujours pas réapparu après tout ce temps, ça m’étonnerait que tu le recroise dans le coin. » Un haussement d’épaules ponctue l’allégation, dans l’espoir de calmer les éventuelles angoisses de la gamine. « - Je te remercie pour mon bras. C’est toujours mieux de se faire désinfecter par quelqu’un qui s’y connait que par un boucher. » Se force-t-elle à rajouter tant qu’elle se sent encore assez reconnaissante pour le faire.


HJ:

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MessageSujet: Re: i'm a goner | roxana   i'm a goner | roxana EmptyDim 4 Nov - 19:32



roxana whil
«somebody catch my breath»
L’ancienne chacal sentait que l’aînée était au moins aussi étonnée qu’enthousiaste face à ses questions. Oublier tous les fantômes de son passé surtout les plus terrifiants était un travail duquel la jeune fille n’état pas venue totalement à bout. Certains spectres passaient encore parfois tourmenter ses nuits. Le temps faisait son effet, lentement, sûrement.

Whilelmina aurait voulu des certitudes, des réponses claires et concises. Un oui ou un non définitif et affirmé, histoire de savoir à quoi se préparer. Une revanche en cours ou un deuil à effectuer. Rien de tout cela ne lui serait offert cette nuit. Rien de plus que des suppositions qui s’ajoutaient à celles qu’elle avait déjà eu tout le temps d’élaborer. La soigneuse se contenterait sobrement de ces miettes d’informations, sûrement plus solides que tout ce qu’elle avait réussi à récolter jusque là cela étant. Ce n’était pas suffisamment consistant pour pouvoir la rassurer et la mettre à l’abri de toutes les menaces potentielles que représenterait l’ombre planante d’Angus. Mais depuis ce jour d’attaque dévastateur pour les partisans des Rosario, personne ne l’avait revu vivant. « Je vois. » Bon ou mauvais augure, ce silence radio de la part du jeune homme ne lui inspirait qu’un soulagement temporaire et une pointe d’inquiétude en toile de fond. Satanée culpabilité. « Merci. » chuchota t-elle, tant pour sa sincérité que pour son absence totale de questions au sujet du jeune homme. Les amourette de l’époque d’une pré-ado ne devaient pas forcément intéresser la rousse, mais au moins elle avait l’air de sentir que le sujet était on ne peut plus épineux – et il n’était pas bien dur de deviner le pourquoi du comment.

« L’avenir nous le dira, je suppose. » Dire qu’elle espérait qu’il fut en vie ou que rien de grave ne lui était arrivé revenait à mentir. Si elle n’était pas encore capable de dire à voix haute qu’elle le souhaitait plus mort que vivant, elle ne tenait pas plus à encore cacher le fond de sa pensée à Roxana. La rouquine ne savait pas tout, mais n’avait pas besoin de faux-semblants supplémentaires.

Fin de l’entrevue. A la manière d’un félin pressé de retrouver la sécurité de son refuge, la plus âgée se rapprochait de l’entrée béante pour signer son départ. « Je t’en prie, vraiment. » La jeune femme la regardait, immobile, prendre la direction de la sortie de la tente de soin. Elle aurait aimé trouver la force de la retenir pour pouvoir encore faire un peu plus durer cette discussion, pour profiter de cette porte entrouverte que la Jackal paraissait prête à lui accorder pour ce soir. Mais parfois toutes les occasions ne dépendaient pas que du bon vouloir d’une seule personne. Avoir réussi à parler à Whilelmina sans céder à la colère, la rancœur ou la pulsion de la vengeance relevait de l’exploit pour Byers, et elle avait apparemment assez donné pour le moment. « Tu sais où me trouver si … Si jamais. » Aucune obligation n’empreignait ses mots, Whil espérant seulement du plus profond de son être que ce début d’ébauche de trêve entre elles durerait plus longtemps que le temps de cicatrisation d’une plaie. Peut-être se faisait-elle des idées naïves à son sujet, mais elle aimait à croire qu’après ce qu’elles venaient se dire, Roxana reviendrait la voir tôt ou tard un autre jour.


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