stop, look and listen (amalia&wyatt)

fin avril 2018 | Amalia & Ryan & Wyatt.

Cinq putain de minutes de paix. Cinq minutes passées à ne pas se demander si Abel allait lui claquer entre les pattes, péter un plomb, passer le ranch par le feu. Cinq minutes à ne pas se sentir à la fois vieux, usé et un gamin paumé qui n’en peut plus et glisse lentement à son tour. Cinq minutes où il n’était harassé par la sécurité du ranch, les murmures, les infanticides et tiraillé par le manque de l’homme qu’il aimait et qu’il ne pouvait voir. C’était tout ce qu’il demandait. Cinq foutues minutes sans qu’on le fasse chier, cinq minutes à se faire lécher le visage par un chien et retrouver sa paix intérieure.

A défaut de la route d’Olympia à présent interdite comme les bras de Vladimir, il avait mené sa monture et son pitbull jusqu’à la carrière. Son humeur s’était encore assombrie quand il avait été clair qu’il n’aurait pas l’occasion de parler un peu avec Aaren. Il n’avait pas besoin de poser de la question ( ces questions là, ailleurs qu’au ranch, il ne les pose pas, soigneusement il les évite. Il ne veut pas s’en mêler. Il y avait des années il avait demandé à ne plus jamais avoir à jouer la taupe nulle part et on l’avait arraché à la vie civile, sans se soucier de son consentement ou de la nausée qui lui remontait au bord des lèvres ) – le visage de ceux qu’ils croisent, et encore plus des gardes l’incite à poursuivre son chemin vers le chenil, en sifflant et sans attendre de croiser le maître de la carrière.  Accroupi par terre, genoux dans la terre et les doigts dans la fourrure du premier chien qui lui a sauté dessus pour dire bonjour, Wyatt passe un bon moment. Il souffle et son sourire de chenapan à grande gueule lui revient entrecoupés par des murmures aussi rassurants qu’excités : « - Bon chien, bon chien, viens voir, viens me voir, oooh mon grand… »

C’était trop demandé, de lui laisser papouiller des chiens en lui foutant la paix et Wyatt relève les yeux, alerté par les mouvements des chiens et les grognements du sien. Le pitbull est sur ses gardes et son maître se relève lentement, déplie son dos, sur la réserve à son tour. Wyatt plisse les yeux lorsqu’il reconnaît Ryan, l’olympien, l’ancienne fripouille mal reconvertie. Ce n’est jamais bon, depuis leur dernière entrevue alors que Ryan était derrière les barreaux de la petite ville modèle. La main de Wyatt se pose à sa ceinture nonchalante – à quelques centimètres de son arme, prête à la saisir. Il acquiesce lentement du chef lorsque la femme à ses côtés l’interpelle, guerrière et connaissant son nom. Il met plus de temps à se rappeler d’elle, puis la reconnaissance se fait dans une légère moue, qui fait craquer sa mâchoire.
Il ne manquait plus que ça. Il se gratte la joue de sa main libre et hausse les épaules, l’air de rien, moqueur et détendu comme si tout cela n’était qu’une vaste blague ; ( que fait le karma a ses dépends.) Qui l’aurait cru ? « - Moi ? J’ai toujours su que la vermine était increvable. » Il n’est pas certain que Ryan a vendu la mèche, à quel point il l’a vendu ; l’air patibulaire d’Amalia promet des embrouilles et il ne se défile pas. Ca serait con de mourir pour quelque chose fait dans une autre vie. Avant tout ça. Mais il est en vie, Amalia aurait pu l’attaquer tout de go, si vraiment elle le voulait raide mort.

Il reste immobile un instant, son regard se fait plus vague tandis qu’il frotte sa barbe de son pouce machinalement. Des vagues de souvenirs lui remontent comme des nausées. Il finit par désigner Ryan de deux doigts gantés de cuir usé par le temps et la brûlure de la corde de son arc. « - Toi et moi on est quittes, commence pas des conneries. » Prévient-il, le visage fermé. Il porte ensuite sa main libre, l’autre toujours immobile, le pouce effleurant le pommeau de son arme, sa main libre sur l’emplacement de son cœur, sous son t-shirt affiné par le temps. « - Tu ne m’as pas tiré à bout portant. The fuck you want Ortiz ? » Est-ce que Lake a survécu serait une question qui le ferait grimacer, une question dont il ne veut aucune réponse, ni Lake, ni Eliza, ni personne. Il veut juste tirer un trait sur cette période de merde et survivre au jour le jour. Et caresser un chien, c’est trop demandé ?

fin avril 2018 | Amalia & Ryan & Wyatt.

Discuter. Ce verbe, dans un jargon qu’ils parlaient tous les trois était synonyme de ruelle sombre, nez éclaté, arcade en sang. Wyatt n’est pas dupe et sa main ne s’éloigne pas de son arme. Le pouce effleure le cul de son arme, les doigts sur la ceinture et rappelant les cowboys d’autrefois. Il est rouillé, des mensonges, de l’infiltration, des gangs et de leurs conneries, mais les habitudes ont la vie dure tandis qu’il écoute Ryan. Tu parles qu’il connaît Amalia. Tu parles que les deux lascars avaient leur lot d’emmerdes avant la fin du monde ; n’est-ce pas un juste retour de karma quand on décide de mouiller dans les magouilles ? Flics et gros méchants, piranhas de la caste inférieure qui veulent votre place, c’était un gang bang dans les buissons bien mérités pour les joueurs de poids moyens. Le cavalier suit des yeux la main glissante d’Amalia, et relève le regard le long de leurs bras à présent disjoint jusqu’au visage de Ryan. S’il ne sentait pas sur lui le regard incendiaire de la latine, il aurait laissé son visage trahir un amusement certain. Bonne chance avec ça, mec.
Mais merde. S’ils n’étaient pas capables de s’entendre entre crevures, étaient ce vraiment ces oignons ? Oui, son ancien boulot lui collait à la peau, entre cohabiter avec Rhodes et gérer la sécurité du ranch, des cavaliers hétéroclites. Mais c’était fini – depuis que Ryan lui avait permis de mettre la main sur Adam, il avait tiré un trait sur les souvenirs. Trop de poussières et d’emmerdes. De cette époque, Vladimir et Bullet lui suffisaient.
Wyatt observe l’un puis l’autre. Seul ses yeux bougent, et sa lèvre qu’il se passe sur la lèvre inférieure. Il ne s’attendait pas à cette question, il s’attendait encore moins à servir de témoin de bonne morale pour Ryan. Alors que la réponse est évidente ; « - Parce que t’es stupide ? » De sa main gauche il désigne calmement Ryan et reprend ;  « - Ryan ici présent avait les cartels au cul, parce qu’il a cru que son cul de blanc raciste et sans cœur était capable de concurrencer ceux-ci sur leur territoire. » Ce qui n’avait pas été la décision la plus intelligente du jeune homme qui avait failli y perdre ses doigts. « - C’est la vérité que je connais. » Et Ryan avait besoin d’Amalia, de se justifier envers elle pour avancer aka. survivre ou conclure une autre de ses combines. Etrangement besoin de Wyatt. Ce qui en l’état des forces, du un vs 2 et des promesses de rachat de nouvel olympian était bon à savoir.

fin avril 2018 | Amalia & Ryan & Wyatt.

Wyatt lance un regard en coin à Ryan – il ne se détend pas d’un pouce, les muscles bandés, avec un sérieux qu’il est rare de voir sur le chef de la sécurité. Il fait mine de retourner à ses affaires, à ses histoires. Il avait assez de problème comme ça pour ne pas rajouter les cadavres dans les placards. Surtout ceux hargneux comme des puces, auxquels on ne doit pas tourner le dos sous peine de les voir attaquer par surprise. Mais il apprécie l’intervention de cet homme qu’il méprise. Que lui et Amalia foutent le camp et que chacun reprenne son chemin. Dire de chaque côté de la loi n’a plus de sens aujourd’hui, mais Wyatt le ressent toujours pareil. Le Wyatt sauvage est un flic jusqu’au bout des ongles. Peut-être n’a-t-il pas tout le temps obéit à la loi, et peut-être que la loi est tombée en décrépitude avec tous les drapeaux américains utilisés comme bandages et comme torche-cul. Mais à ses yeux, il y a toujours des principes, des lignes à ne pas dépasser, des criminels et ceux qui survivent. Bizarrement, il a comme l’impression que dans l’esprit d’Amalia, il y a le même genre de ligne infranchissable, de camps qui s’opposent et qui n’ont rien avoir avec des hameaux de survivants qui luttent sur un même bout de pain rassis. Le genre de ligne qui une fois franchie, fait dire qu’il faut qu'on punisse les traîtres, on leur coupera la tête, sans regarder à la dépense. Wyatt a ce genre de philosophie de vie. La trahison, le manque de loyauté, punies de peine capitale, pourquoi croyez-vous qu’il supporte Rhodes en chef ? Amalia et lui risquent cependant de ne pas être sur la même longueur d’onde à propos de la définition du traître.

Il écarte légèrement les mains et hausse les épaules.  « - Je ne suis pas stupide ? » Encore une réaction sincère qui ne va pas lui attirer que des amis, mais hey, spécialité de la maison. Wyatt se passe la main dans sa barbe et développe avec une certaine lassitude.   « - J’ai bossé avec Ryan. J’ai vu les cartels venir. J’ai prévenu Eliza, pour qui j’avais un faible. » Ce qui n’est pas entièrement faux, même si pour quelqu’un qui comme les deux lascars le pense hétéro ou bi cela a peut-être un sous-entendu légèrement différent. Il rive son regard à celui d’Amalia et articule posément, autant pour la convaincre que pour tenter de désarmorcer la situation avant que les chiens métaphoriques se jettent sur lui pour le dévorer. « - J’ai mes contacts et je suis bon dans ce que je fais. J’ai bossé avec toi. Tu sais que je suis loin d’être con et que j’ai l’habitude des cartels. C’est pour ça que j’avais une réputation et que tu m’as fait confiance, à l’époque. Mais c’est du passé et honnêtement, j’en ai rien à foutre de la merde d’avant. J’ai assez de boulot maintenant. On est bons ou pas ? » Il arque un sourcil interrogateur, son regard allant de l’un à l’autre, sa respiration suspendue, la poitrine contrite par les souvenirs et les fantômes pleins de sang qui risquent de l’assaillir dès qu’il fermera les paupières cette nuit.

fin avril 2018 | Amalia & Ryan & Wyatt.

Wyatt ne s’était jamais fait aucune illusion du jour où sa couverture volerait en éclat. Dès sa première mission, il y a presque vingt ans, il savait comme cela finirait : une balle dans la tête. Le monde criminel et le monde post-apocalyptique recelait la même réalité : rien n’empêchait Amalia de le flinguer sans sommation. Rien n’avait changé dans le monde partagé par le trio. Lorsqu’il avait pris ses clics, ses clacs et un baiser volé à Vladimir, pour repartir, replonger dans ce monde-là, fréquenter ceux de là… il s’attendait clairement à ne jamais revenir. Avoir survécu au face à face avec Ryan, à l’époque avait sonné le glas de la couverture – l’apocalypse avait précipité sa fuite. Il avait eu chaud. La relation de Wyatt avec cette brutalité impitoyable, ces décisions sans retour en arrière possible, aurait peut-être mérité quelques sessions de psychologue supplémentaire. Mourir pour mettre fin aux trafics de drogues, d’armes, d’êtres humains était presque valable. Maintenant, il avait un chien une sœur, un petit ami et un chef qui ne comprendraient pas pourquoi il ne rentrerait pas. Il n’avait aucune envie de mourir, même pour ces putains de principe.
Ryan avait raison et le cul de sac de cette discussion irrite les nerfs de Wyatt. C’était mauvais : il devait contrôler chacun de ses mots, chacun de ses mensonges et garder son sang-froid. Est-ce qu’il pouvait partir lui aussi ? Main dans la main avec Ryan vers le soleil couchant en laissant Amalia japper, grogner et baver, enragée, toute seule ?  Cela aurait été trop beau. Il observe Amalia sous son nez, face à face. Le dos droit et sa masse redressés, le menton levé pour lui faire face bien qu’il ne soit pas beaucoup plus grand qu’elle. Stoïque.

C’était donc le moment. Quand Wyatt avait l’habitude de dire qu’il espérait mourir entouré de chiens, il n’envisageait pas ça comme ça, non. Wyatt ne réagit pas à l’attaque – même si ça faisait mal d’entendre sa noble profession bouffer la merde dans les insultes d’Amalia. Il recule d’un pas lorsqu’elle le repousse et chasse sa main d’un geste, le visage fermé. « - Arrête tes conneries, Amalia. » Il gronde, menaçant. Qu’est-ce que ça pouvait foutre qu’il soit flic maintenant hein ? Il tente simplement de garder son équilibre et de la repousser, sans douceur jusqu’à ce que la mexicaine ne pète les plombs et ne se jette sur lui. « - Quoi ?! » Le rire présent dans sa voix est d’incompréhension. Et parce que il a littéralement loupé un épisode et/ou Amalia est à côté de ses pompes. Wyatt rit malgré lui tandis qu’il se prend un coup dans l’estomac, un autre dans le torse. Cela coupe sa respiration, ça étrangle un peu son rire mais le cavalier secoue la tête, médusé, « - Tu dérailles ma pauvre, ça va pas… Cela n’avait aucun sens mais quand le poing d’Amalia le prend par surprise en pleine mâchoire, les réflexes agissent en premier. De la mauvaise manière. Pas comme il aurait agit encore sous couverture, encore sous l’histoire du trafiquant qui pratique la boxe et les sports de combat – comme un flic. Il attrape ses poignets et les tord pour la mettre au sol, poignets bloqués derrière son dos et Wyatt penché au-dessus d’elle. Comme un flic plaque au sol un individu menaçant. Wyatt se rend compte de son erreur avec un temps de retard et lâche un juron dans sa barbe. Avec de gronder dans la nuque de la jeune femme.   « - Je n’ai rien à voir avec Paco, je ne l’ai pas tué et je n’ai pas la moindre idée de ce que tu racontes. » Tu aggraves ton cas Wyatt. Il relève les yeux, un peu essouflé, et lance un regard noir à Ryan. Il poursuit, toujours dans le même murmure furieux, les dents serrées. « - Le seul assez intelligent pour avoir pigé c’était Ryan. Est-ce que je l’ai buté ? Non. Alors tu te calmes. J’en ai rien à foutre de ton Paco. » lâche-t-il avant de se relever.

fin avril 2018 | Amalia & Ryan & Wyatt.

Des Paco, il y en avait eu des milliers, de part et d’autre de la frontière et dans tous les Etats Unis. Pacos. Types génériques dont seuls leur mère, leurs copines et leurs créanciers ont quelque chose à battre. Vites oubliés pour des gars qui voulaient laisser une marque. Pacos : types génériques sacrifiés chaque mois entre les cartels et les gangs, les gros poissons et les nouveaux joueurs, les flics et l’anti-gang. Des gars paumés, qui auraient pu faire d’honnêtes mécanos, ou de gentils bûcherons, des gars qui se rebellent contre leurs sorts, pissent plus haut que leur cul et cumulent les mauvais choix. Wyatt ne se rappelle même pas Paco – Amalia a laissé un souvenir plus criard dans sa mémoire. La femelle plus dangereuse que le mâle, plus difficile à conquérir aussi. Paco : l’un des vides et oublis de l’apocalypse ; il y en avait des milliers des corps sans tombes qui marchaient encore sur la surface de la Terre – qui marchaient littéralement.
Wyatt se fout complètement de casser le bras d’Amalia – le craquement lui ferait du bien. Il déraille à force de voir Abel péter les plombs. Se venger de toutes les putains de frustrations, toutes les fois où il avait dû fermer sa (grande) gueule face à Amalia, à l’époque, et faire semblant d’être attiré par une gamine, pour vomir dans les wcs et pleurer sur les putes. Il n’arrêtera que quand justice sera faite, comme autrefois. Il détourne la tête en grimaçant face au projectile de royal. Le cavalier relâche Amalia pour s’essuyer le visage, la barbe, sifflant de dégoût quand il se remet sur pieds. Le grognement sourd de Bullet est clairement menaçant, protégeant son territoire et montre les dents à Ryan.
« - Jésus-Christ, Havener sonne comme le type sain d’esprit de l’affaire, on pourrait pas… l’écouter ? » Cela lui en coûte de dire ça, surtout quand il a encore de la merde de chien dans la barbe. Amalia avait son caractère – il le fallait bien dans sa branche, et Wyatt avait respecté cela, autant qu’il l’avait craint dans le jeu compliqué qu’il menait. Là, elle était hystérique, harpie, et pitoyable avec ça. Ce n’était pas beau à voir, mais à entendre Ryan, Wyatt change d’avis et se crispe. « - Je ne vais pas m’excuser de ne pas être une ordure. » Il jette avec froideur. S’il n’était pas autant sur la défensive, il croiser les bras sur son torse – là, le mouvement est avorté, il serre les poings en les baissant. Wyatt ne supporte plus de voir la faute lui être rabâchée, crachée au visage alors qu’il n’est en rien responsable de leurs choix de vie pourris. Qu’ils blâment leur père, plutôt.
« - Tu voudrais. » Il interrompt Amalia avec un mépris absolu. Elle aimerait qu’il soit un flic pourrit, corrompu, mais sa seule pourriture c’est les cocards sur les yeux des gens comme elle. Il roule des yeux, exaspéré. « - Je m’en rappelle à peine de ton Paco, tout le monde est mort, avance. » Il aurait brûlé le monde pour retrouver qui aurait tué Vladimir. Mais le serbe ne méritait pas de mourir lui et dans l’esprit de l’ancien policier, ça fait tout. Il a repris son calme, et serre les dents pour ne pas simplement tourner les talons et les laisser dans leurs cloaques. Jusqu’à fixer Amalia, les yeux écarquillés, abasourdi. Elle osait parler de Lake devant lui. Elle osait l’en blâmer.  « - Ne me parle pas de Lake ?! Son ton change drastiquement, sec et grondant comme une horde, son teint aussi. Wyatt semble devenir livide sous le tannage du grand air et du soleil, et son visage se ferme.  «  - C’est supposé être ma faute ? Ma faute si t’as pas protégé ton mec, si t’as laissé une gamine de 16 ans aux mains d’un type de vingt ans de plus qu’elle, ça te dérangeait pas qu’elle découche, mais maintenant, c’est moi l’enfoiré ? »
Au revoir, le rire qui ébranle le soleil, le regard gouailleur, et le sourire moqueur, au revoir la tendresse et l’humour. Il se rapproche d’Amalia d’une grande enjambée, terrible et la violence qui émane de sa silhouette musclée et de son regard, de sa barbe de démon est toute entière concentrée sur la jeune femme comme s’il pouvait la détruire de sa propre volonté. Si c’était possible, il l’aurait fait il y a longtemps. Elle était pas majeure que les gars la tripotaient putain ! Tes gars ! » Il gueule, furieux, quand il crache entre ses dents sa rage et sa peur. Son dégout quand il la regarde de haut en bas et crache entre ses pieds, est brutal et il ne lui laisse pas le temps d’en placer une, se rapprochant d’elle à la toucher pour la regarder dans les yeux. « - Tu parles d’assumer… tu es la pourrie qui se cachait de la justice, qui entraînait Lake après elle. Pauvre petite. Un flic l’a prise sous son aile. Tu aurais préféré qu’elle se fasse prendre dans vos WC dégueulasse par une tripotée de vieux, viande à l’enchère de vos motards ? De Paco ? Qu’elle devienne du sordide ? » Il élève la voix, et la dévisage comme si elle était l’incarnation de tous ceux qui abusent et prennent l’autorité sur les gamins paumés à la recherche d’une famille. Le tremblement dans sa voix qui est loin de se briser pourtant, trahit que Lake c’est un mot qu’il ressent avec ses tripes. Wyatt baisse d’un ton et poursuivit, ardent de colère, cherchant à la convaincre autant que lui, chaque mot asséné avec férocité ; « - Ce qui est arrivé à Lake est ta faute, pas la mienne. Un cœur brisé c’est rien par rapport à ce qui arrive à une ado à l’arrière d’un club. Tu sais ça. Mon boulot, c’est de protéger des gamines comme Lake, de personnes comme vous deux. »
Il leur jette à tous les deux un regard aussi caressant qu’un coup de matraque et recule d’un pas, d’un mouvement qui occupe le terrain plus qu’il ne bat en retraite. « - Je suis un flic. Et gay. Il n’y a pas de honte à ça. » Il les mets au défi, la lèvre retroussée et les muscles durcis. Il croyait encore en la justice en ce lieu déserté par les saints, tant pis pour lui.