Honesty is what you need ; it sets you free [Cillian]

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Dallian — Octobre 2017

À nouveau, il fallait tout reconstruire. Repartir de zéro. Il ne restait plus grand chose du campement des Crimson Riders après le passage de l'ouragan. Quasiment toutes les habitations avaient été détruites, et chacun se retrouvait dans la même situation de détresse. En deux semaines, ils avaient eu le temps de remettre sur pied un campement de fortune, mais le confort déjà précaire s'était encore détérioré. Tout le monde mettait la main à la pâte pour tout reconstruire, le Ranch fourmillait, chacun y mettait du sien, et personne ne chômait. Et puis au milieu de toute cette agitation, il y avait Dawn, qui faisait tout et n'importe quoi. Mais surtout n'importe quoi. Son esprit était perturbé, et elle n'avait de cesse de s'éparpiller dans les tâches qu'elle accomplissait, ne manquant pas au passage de se faire remonter les bretelles par d'autres Riders plus influents, qu'elle avait le don d'agacer par son attitude désorganisée. La vérité résidait dans le fait qu'elle était perturbée non seulement par la perte de son logement et des vivres du ranch, et par l'humeur générale plutôt maussade, mais également par un évènement antérieur, qui avait eu lieu près de deux mois plus tôt, et qui depuis lui était resté dans un coin de la tête, pesant sur son coeur pour des raisons des plus mystérieuses.
En effet, elle avait honte. Honte d'elle même et de son comportement, de ses émotions qu'elle ne savait pas gérer. Et depuis, à chaque fois qu'elle croisait Cillian, l'objet de son trouble, elle se contentait de baisser les yeux, de piquer un fard, et de s'éloigner le plus vite possible. Elle l'évitait, tout bonnement, n'arrivait pas à assumer la vérité ; elle était fragile, incertaine, peu confiante, plutôt secrète, et Cillian en quelques minutes était venu ébranler ses faibles défenses. Et cela l'avait beaucoup déstabilisée. Bien plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer, en tout cas.
Dans ce climat d'urgence cependant, où l'entraide était de rigueur, éviter son comparse devenait extrêmement compliqué.
Dawn papillonnait entre la grange, les écuries et les habitations, se rendant utile comme elle le pouvait, par-ci, par-là, apportant tel outil à untel, transmettant telle demande à un autre. En bref, elle ne servait pas à grand chose. Cette impression persistait depuis quelques temps. Surtout depuis cette conversation avec Cillian, qui l'avait fait réfléchir sur son rôle ici... Jusqu'à carrément remettre en question son utilité parmi les Riders. Elle n'était pas indispensable, elle le savait. Elle avait beau faire de son mieux, elle avait sans cesse l'impression que rien n'était suffisant. Et le jeune homme n'avait fait que renforcer ce sentiment d'impuissance. Pour cela, elle avait laissé la colère prendre le dessus. D'un autre côté, il y avait très certainement une part de vérité dans ses propos, et Dawn appréciait sa franchise innocente. Si, sur le coup, elle s'était emportée, elle ne parvenait pas à lui en vouloir.
Ce jour là, précisément, le sort semblait s'acharner sur Dawn. Elle ne cessait de croiser son regard de glace, jusqu'à avoir la mauvaise impression qu'il la suivait, parfois. Elle était certainement paranoïaque. Elle avait été si odieuse qu'elle avait du mal à imaginer qu'il accepte de lui reparler un jour.
Vers la fin de la journée, alors qu'elle se dirigeait une énième et ultime fois vers son cabanon à peine reconstruit, le regard rivé sur le sol et complètement perdue dans ses pensées, la jeune cavalière ne faisait absolument pas attention à la direction qu'elle prenait. Elle marchait vite, à grandes enjambées malgré sa rêverie, trop pressée de retrouver l'intimité de sa "chambre". Une fois ou deux, elle manqua de bousculer certains de ces comparses, se contentant de s'excuser à mi-mots, le regard toujours baissé. Elle ne voyait pas les visages, ne prêtait attention à rien. Elle aurait sûrement dû.

Spoiler:

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Dawn & Cillian

October 2017

Les ouragans étaient des événements somme toute commun au Texas. C'était un mal chronique qui avait façonné cet Etat ainsi que les gens qui y vivaient et ce depuis toujours. Seulement, tous n'étaient pas de la même force. En l'absence de centre météorologique, il était difficile d'anticiper la venue du désastre. Quant à l'évaluation de la catégorie à laquelle il appartenait, cette dernière se faisait en général à l'aide des dégâts causés. Si le ranch et les écuries savaient résisté à ce genre d'intempéries, il n'en était rien des petites habitations qui servaient de logement au petit peuple de la vallée. Cillian, lui, n'avait rien eu à craindre, là était l'avantage de résider dans la paille, cette dernière finissait tôt ou tard par être remplacée et assurait donc un confortable logis à l'ancien soldat. Ce n'était, certes, pas un hôtel cinq étoiles, loin de là. Mais après vécu autant de temps en pleine nature, à ne dormir que d'un œil et sur des surfaces bien moins agréables, il se voyait beaucoup moins emménager dans sa petite maisonnette avec son petit lit de camp tout douillet.

Pour autant, il appartenait à une communauté. S'il profitait de la protection de cette dernière et de nombreux avantages comparé à une vie solitaire dans une nature plus que sauvage, il avait aussi des devoirs. Très consciencieux et loyal, le jeune homme s'appliquait à la tâche, le travail physique lui réussissait bien et ce malgré la chaleur écrasante, si seulement cet ouragan avait au moins pu rafraîchir l’atmosphère... Mais il n'en était rien, et le Texas avait déjà oublié cet incident pour faire s'abattre de nouveau sa température quasi-désertique. Bien que né dans ces contrés arides, Cillian revenait d'un long périple et avait encore un peu de mal à encaisser cette brutalité qui lui imposait le Soleil. En témoignait son t-shirt, là où il touchait un peu trop souvent la peau, il s'était teint d'une couleur plus sombre que le reste. Cela n'avait rien de très ragoutant, mais l'ancien soldat ne pouvait se permettre de changer de t-shirt à chaque fois qu'il amenait une poutre à un autre endroit.

Attendant qu'on lui dise quoi faire de l'imposant morceau de bois taillé pour la construction, Cillian eut un petit sourire à l'attention du maître d'oeuvre qui poussa la poutre à l'avant pour forcer le porteur à suivre le mouvement. Incapable de résister à l'appel d'un jeu stupide, le grand enfant renversa la tendance d'un grand coup en faisait tourner la poutre dans l'autre sens. Du moins jusqu'à ce qu'il rencontre une résistance inhabituelle et inattendue. Il s'agissait de quelque chose de relativement dur, mais qui pour autant n'avait été résistant que l'espace du choc. Jetant un regard interrogateur par dessus son épaule libre, il découvrit avec une certaine stupéfaction qu'une jeune femme était étendue à même le sol. Il se savait peu délicat, mais pour le coup il dépassait légèrement les bornes. D'autant plus que cette jeune femme il la connaissait, c'était Dawn, celle qui lui avait passé un savon peu de temps après son arrivée, mais aussi la personne qui l'avait ramené à l'intérieur du ranch. Depuis son coup d'éclat, elle avait tout bonnement disparu de la circulation sans qu'il comprenne exactement pourquoi. Par pur réflexe, il vint coller deux doigts au niveau de l'artère carotidienne pour vérifier qu'il ne l'avait pas tuée sur le coup. "Va falloir vous débrouiller sans moi, j'ai encore fais une bêtise." Fit-il une fois rassuré qu'elle n'était pas morte. Encore fallait-il espérer qu'il ne lui ai pas causé de lésion cérébrale.

Glissant un bras sous ses genoux et un autre derrière ses épaules, il la porta jusqu'à l'infirmerie improvisée. A son grand malheur, nul représentant du corps médical n'était présent. Attrapant un bout de tissu à peu près propre, il le renversa sa gourde dessus avant de l'appliquer sur le front de sa promue patiente. La tente qui servait de lieu de premier secours était un véritable four, une antre où il sentait toute l'eau de son corps s'évaporer petit à petit. Seulement il ne pouvait se permettre de s'échapper en douce. Il l'avait blessée, physiquement cette fois, et la moindre des choses était d'attendre. Mais plus le temps passait, plus son maudit t-shirt lui collait à la peau. Il ne rêvait que d'une chose, l'enlever. Mais que risquait-elle de penser si elle le voyait dans un si simple appareil après qu'il l'est assommé ? Prenant son courage à deux mains, il commença à s'arracher du tissu. Mais ce dernier s'accrochait à sa proie comme une forcené, collant à sa peau. Si bien qu'il se retrouva rapidement bloqué et à bout de souffle.

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Dallian — « Honesty is what you need ; it sets you free. » (10/17)

Si elle avait su ce qui l'attendait, pour sur qu'elle aurait levé les yeux. Seulement, toujours rivée sur le sol, sa vision se voila pour passer au noir complet, après un choc dont la provenance lui était inconnue. Elle eut à peine le temps d'entendre comme un bourdonnement, de sentir sa caboche la lancer comme jamais, puis le blackout total.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, le décor qui l'entourait ne lui disait rien du tout ; il s'agissait en réalité de la tente qui faisait office d'infirmerie, provisoirement. Après de multiples clignements de paupières, sa vue parvint à s'ajuster à l'endroit. Dans un coin de son champ de vision, il y avait du mouvement. Une silhouette qui s'agitait. Elle tenta de tourner la tête en direction de cette agitation ; ce fut une erreur douloureuse. À nouveau un bruit sourd résonna dans ses oreilles, et ses tempes se mirent à battre au même rythme que son coeur. Mais bon, au moins, à présent, elle pouvait distinguer plus clairement ce qui s'agitait juste à côté d'elle. Enfin plutôt, qui. Elle le reconnut immédiatement. Il s'agissait de la dernière personne qu'elle aurait souhaité voir en cet instant précis. Cillian.

Mille questions se bousculaient alors dans sa caboche endolorie. Sur le moment, pourtant, elle ne parvenait pas à synchroniser parole et pensées. Elle resta donc quelques instants silencieuse, à contempler ce spectacle quelque peu ridicule de ce grand gaillard se débattant avec son t-shirt. Malgré sa douleur et la confusion qui régnait dans son cerveau, elle ne put retenir un léger rire à la vue de cette bataille légendaire. Mais qui donc allait triompher ? Le t-shirt allait-il ressortir indemne de cet affrontement sanglant ? Finalement, le combat cessa. Le jeune homme paraissait en bien mauvaise posture, pris au piège. T-shirt : 1 - Cillian : 0. Le suspens était à son comble.
Elle voulu se relever, prendre appui sur ses coudes, mais cet effort lui couta un nouveau vertige. Elle fini donc par simplement se laisser tomber sur le lit de camp, le regard rivé vers le plafond. Elle ne savait pas cependant si Cillian, dans le feu de l'action, avait remarqué son éveil. L'occasion de se moquer de lui était trop belle ; elle en oublia presque son amertume. Presque. Ravalant une réplique cinglante, elle se contenta de soupirer, puis de reprendre un air renfrogné, comme si leur altercation d'il y a quelques semaines ne datait en fait que d'hier. « Alors là, va falloir que tu m'expliques. D'abord ce qu'il s'est passé, ensuite pourquoi t'es là. Et aussi, c'que tu fous avec ce t-shirt. »
Elle appuya ces mots d'un regard en coin, en tournant légèrement la tête, ce qui failli lui arracher une grimace de douleur ; elle le dissimula cependant, souhaitant conserver froideur et dignité.

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Dawn & Cillian

October 2017

Dans l'incapacité totale de se mouvoir, Cillian tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. La chaleur de la tente n'arrangeait pas les choses. Plus il se débattait et plus il avait chaud, le bout de tissu qu'il portait ne faisait donc que le coller un peu plus. Il n'était pas particulièrement anxieux à l'idée de rester dans un espace aussi confiné, mais dans les conditions actuelles, il n'aurait pas dit non à un peu d'air frais. Cela aurait pu en resté là, si seulement la honte de ne pas réussir à enlever un t-shirt convenablement n'avait pas été accrue par le fait d'une présence féminine dans la pièce. Oui, à cet instant T, l'ex soldat aurait sans doute préféré mourir. N'importe quelle solution était bonne pour échapper au regard rempli de jugement de celle qu'il avait assommé quelques minutes plus tôt. C'était étrange d'ailleurs, sans pouvoir la voir il savait parfaitement qu'elle expression elle arborait sur son visage. Leurs interactions avaient pourtant été écourtés par cette dernière. Mais il avait le sentiment de l'imaginer avec une précision chirurgicale. Ce qui était d'autant plus amusant, c'était qu'elle avait réussi à le reconnaître à la simple vu de son torse et du bas de son corps, la partie supérieur étant de toutes évidences cachée par le maudit t-shirt. Se tournant instinctivement dans le sens de la voix avec une mimique volontairement comique il répondit de but en blanc. "Inspectrice, je ne répondrai qu'en présence de mon avocat !"

Bien décidé à se débarrasser de ses liens, il se secoua derechef dans des ébats inutiles. Même l'option de faire éclater le t-shirt, ce qui n'aurait certainement pas manqué de ravir Dawn, était à exclure, ses gigotements sans fruit l'avaient épuisé tout bonnement. Alors, s'avouant vaincu, il jugea bon de se déplacer tant bien que mal sur les genoux dans la direction de la voix qui lui avait adressée la parole quelques instant au par avant. "J’évite de demander ça au premier rendez-vous en général, mais est-ce que tu pourrais m'enlever mon t-shirt. S'il te plaît. Sois sympa. Par pitié." Cillian était un comique dans l'âme, mais il paraissait évident que Dawn avait une dent contre lui, et s'il voulait obtenir quelque chose d'elle, ce n'était certainement pas que ses traits d'humour qui parviendraient à le tirer d'affaire. "Et je promet d'éclairer ta lanterne quant aux évènements qui viennent de se produire." En l'absence de réponse ou du moindre signe de vie, il pivota, un coup à droite, puis à gauche. "Dawn ? Toujours en vie ? Ou il faut que je me ridiculise de nouveau pour te sortir de ta léthargie ?"

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