roundtable rival (idyl)

« Hey, Wright ! Tu es partante pour un poker ce soir à vingt heures chez Jean ? » A peine Alexandra était-elle apparut dans le camp que Marcus lui tomba dessus. Elle le fusilla de son regard bleu acier et aussitôt, le jeune homme se ratatina. Sur le coup, Mae se détendit, amusée par son attitude. Elle se demanda comment il pouvait encore paraître plus petit, vu sa petite taille. Marcus devait faire un mètre soixante à tout casser. Il avait le corps et la tête qui formaient deux ronds parfaits. Son visage était grêlé d'acné juvénile. C'était le jeune homme qui paraissait avoir éternellement dix-sept ans. Son corps ainsi que sa mentalité sont restés à l'âge d'un adolescent. A côté de lui, son meilleur ami, Shawn, était le beau brun parfait, grand, des yeux noirs, un sourire charmeur. Tout deux se connaissaient avant l'épidémie et on réussit à survivre ensemble jusqu'en 2016. L'éclaireuse les avait rencontrés pendant un de ces tours de reconnaissances très loin du ranch. A cet instant, la jeune femme était sur le point de les abandonner à leur sort, car ce n'était pas son job de ramener des gens. Elle n'était pas recruteuse mais elle ne pouvait pas non plus les laisser crever alors qu'ils pourraient être utile à la Crimson Valley. Alors, elle leur lança des bouteilles d'eau du toit du bâtiment où elle s'était réfugiée. Shawn le rattrapa, tandis que Marcus ne réagit même pas et la bouteille d'eau explosa au sol, leur mouillant les pieds. Ensuite, elle les laissa la rejoindre dans son abri et leur a posé tout un tas de questions. C'était juste pour être sûre que ce n'étaient pas des fous dangereux avant de les ramener au domaine des Rhodes.

« Ouais, je viendrais. » Mais avant cela, elle avait besoin d'une bonne douche. Cela faisait des jours qu'Alexandra était dehors. Elle n'avait pas pu prendre de douche au retour et elle était couverte de crasse. On pouvait voir sur son visage des sillons sur l'épaisse couche de poussière formées par sa sueur. Cependant, ce n'était pas ça qui l'agaçait le plus. Ce qui rendait Alex grognon aujourd'hui c'était que Caleb, un chef d'expédition lui avait demandé d'aller voir un endroit parce qu'il pensait y trouver des trucs intéressants. Sauf qu'elle n'avait rien trouvé du tout à part un tas de bouffeurs de chairs fraîches. Elle alla donc faire son rapport au vieux. Un simple rien à son regard inquisiteur et fit volte face avant de lui cracher toute sa rancune à la gueule.

Après s'être décrassé et changé, la texane s'autorisa quelques heures de repos bien mérité. Pour une fois, elle ne fit aucun cauchemars. Ce qui lui permit de bien se reposer avant de se rendre dans le cabanon de Jean, un autre garde que Shawn et Marcus connaissaient. Elle s'installa sur le sol contre un lit et but une gorgée de la piquette que lui tendit Shawn. « On attend qui d'autre ? » Questionna-t-elle. Ce ne serait pas la première fois qu'elle ferait une partie juste avec ces trois-là, mais plus de monde ça ne lui déplairait pas non plus, surtout après avoir passé plusieurs jours seule dans les terres arides du Texas. « Idyl. » Répondit Jean. A l'annonce de ce prénom, Wright tiqua légèrement au point de passer inaperçu aux yeux des trois hommes. Elle se souvenait encore très bien de sa rencontre avec cette garde quelques temps auparavant. « Je ne sais toujours pas pourquoi tu l'as invité ! Elle est vraiment trop flippante cette meuf ! J'ai entendu dire que lorsqu'elle était dehors, elle bouffait les autres survivants qui avaient le malheur de croiser sa route et elle faisait un collier avec leurs dents. » Marcus se tenait dos à la porte d'entrée du cabanon qu'il n'avait pas fermé. Alex distingua une ombre passer derrière le ventru. Elle a compris aussitôt que c'était Elle qui venait d'entrer dans la petite habitation. Elle toussota pour attirer l'attention du ventru, mais il était tellement absorbé par son monologue qu'il ne la remarqua pas.

En retard. Elle allait être en retard. L’espace d’un instant, elle a failli être gênée à cette idée. Et puis, elle réalisa qu’elle en avait rien à foutre. Elle ralentit même un peu, alors qu’elle marchait dans une allée animée du campement. Un cavalier manqua de la bousculer, elle l’esquiva souplement, tourna la tête pour lui lancer un regard noir qu’il ne remarqua même pas. Tant pis. Elle soupira, alors qu’elle profitait de la fraîcheur de cette soirée qui s’annoncer magnifique. Et arrosée. Surtout arrosée. Elle arriva en vue de la cabane en question, réalisa qu’elle n’avait pas envie de partager son tabac. Elle s’arrêta, et sortit sa boîte métallique dans laquelle elle stockait ses roulées. Elle en saisit une de la demi-douzaine, se l’alluma après avoir lutté contre son briquet, et termina son trajet. En entrant, elle entendit Marcus parler de quelqu’un, elle, probablement. Définitivement, en fait, vu les conneries qu’il racontait. Elle ne cherchait pas spécialement à être discrète, mais, le pas naturellement léger, il ne l’entendit pas arriver. Elle entra dans la pièce, jaugea tout le monde avant de se mettre derrière le type qui, malheur pour lui, faisait tristement sa taille. Elle posa sa main sur son épaule, alors que ses doigts se refermèrent sur cette dernière. Elle lui dit simplement :

“à ton avis, mon poulet ? il se dit que ton cas est désespéré, et du coup, il a invité une nana à ta taille. T’auras toujours plus de chances qu’avec une femme qui te domine d’une tête ou deux”

Elle le lâcha, l’autorisant à ce décrisper, alors qu’elle alla se poser à une des chaises autour de la table sans plus de formalité. Elle se baissa pour défaire les sangles et les lacets de ses rangers, histoire d’être plus à l’aise, tout en rajoutant :

“Dommage que ta connerie fasse de toi un cas désespéré. Enfin. Peut-être que si je suis bourrée au point de ne plus pouvoir voir ton acné…” elle regarda la table, ajoutant en levant les bras d’un air résigné : “Malheureusement, y’aura pas assez à boire pour ça. Ta virginité restera sauve”

Elle s’agitait en lui faisant son petit discours entre mesquin et taquin, et conclut en remuant toujours un peu plus ses petits bras pour accentuer l’effet dramatique. Puis, son visage passa de souriant à neutre. Elle essaya de capter le regard d’Alex, qu’elle n’avait pas vu depuis leur rencontre, et elle se contenta de lui annoncer :

“Si tu joues aussi bien que tu mens, on va passer une bonne soirée ma grande”

Elle lui fit un clin d’oeil complice, avant de sortir une flasque d’une de ses poches et d’en prendre une lampée avant de la poser sur la table, face à elle. Elle s’affala ensuite sur sa chaise, laissant basculer sa tête en arrière, sans pour autant lâcher l’autre du regard, un demi-sourire étirant ses lèvres.

Il était vingt heures vingt lorsque la jeune femme aux boucles brunes entra enfin dans le cabanon de Jean. Elle était arrivé sans un bruit et même si elle en avait fait, on aurait rien entendu à cause de la voix criarde de Marcus. Ce pauvre bougre n'avait vraiment rien pour lui. A l'époque de l'école, il ne devait pas faire fureur auprès de la gente féminine et très certainement les garçons devaient lui faire vivre un enfer sans nom. Il devait certainement être cet intello que les sportifs harcelaient à toutes heures de la journée. Celui qui se retrouvaient la tête coincée dans les cuvettes des chiottes pendant que le roi du bahut le prenait en photo. Alexandra Wright se souvenait très bien de cette période de sa vie. Bon d'accord, elle avait fait l'école buissonnière pendant presque toute sa scolarité. Elle avait aussi changé beaucoup d'école suivant les familles d'accueils où elle était. Mais, il y a une période de sa vie où elle avait cru trouver enfin une stabilité. Elle avait environ seize ans, le couple avait deux enfants un peu plus âgé qu'Alex. Ils l'avaient tous mis en confiance dès les premiers jours, ce qui était une prouesse en soit. De ce fait, la texane s'était engagé de faire des efforts. Aller à l'école tous les jours avec ces deux aînés, mais aussi participer à la vie de la famille comme les sorties, les repas et surtout ne plus avoir de mauvaises fréquentations et faire ses bêtises habituelles. Bref, les premiers jours en cours, tous se passaient convenablement, la reine et à sa cours voulaient qu'elle entre dans leur groupe et les garçons de l'équipe de football la draguaient ouvertement et devant leurs copines. Elle aurait pu une de ses Barbie bien pouponnée pendue au bras d'un beau quarterback à ce moment-là. Seulement, Wright n'aimait pas ces filles et elle le montra en versant son lait sur la tête de l'une d'elle lorsque cette dernière embêtait une adolescente innocente. Puis pour ce qui est du quarterback, elle et d'autres filles lui avaient trouvé de quoi bien le ridiculiser. Enfin, tous ça pour dire que pendant une courte période, Mae a été l'héroïne de tout ces pauvres adolescents considérés comme hasbeen. Difficile à croire lorsqu'on la connaissait maintenant. On la croirait plutôt du côté de la reine du lycée ou même la reine elle-même quand on voit comment elle agissait en présence de certaines personnes.

Mais à présent, dans l'habitation en bois, elle laissa Idyl donnait un petite leçon à Marcus. Wright vit le jeune homme sursauter lorsque la main de Hawkins se referma sur son épaule. Puis il se mit à suer à grosse goutte quand il comprit à qui il avait affaire. Alexandra afficha un petit sourire au coin de ses lèvres. La scène qu'ils lui offrait été amusant. Après les jours à l'extérieur où sa vie était menacé à chaque seconde, c'était agréable de se relaxer un peu. Quand Idyl n'était pas de garde et surtout, quand Alex n'était pas sa prisonnière, la blonde trouvait la brune plutôt drôle. Une fois que la garde s'installa à la table, elle fut vite immité par Jean et Shawn. Marcus restait toujours figé devant l'entrée. Il était rouge comme une tomage et Alexandra se dirigea vers sa chaise pour prendre sa place autours de la table. Elle passa à côté du ventripotent et lui adressa d'une voix taquine : « Tu peux respirer maintenant. Tu es vivant et tes dents sont toujours dans ta bouche. » Se rendant compte qu'il avait arrêté de respirer, Marcus prit une grande bouffée d'air et alla s'installer le plus loin d'Idyl. Alex s'installa à sa chaise au moment où l'autre femme constata qu'il n'y avait pas assez d'alcool. Un grand sourire se peignit sur ses fines lèvres et elle lui répondit : « On attendait juste que tout le monde soit-là pour sortir mes dernières trouvailles. » A ces mots, Shawn alla fermer la porte et Jean sortit de son un lit une caisse comportant différent type d'alcool. A travers les verres sales, on pouvait distinguer que la plupart étaient déjà bien entamé. Il était difficile de trouver des bouteilles pleines aujourd'hui. Tout a déjà été pillés et détruits et le peu qui était encore produit dans les champs des lieux peuplés comme au ranch ne devait pas être gâché en alcool. Dommage, de l'alcool de blé, Alexandra en avait déjà bu et elle n'avait pas trouver ça dégueulasse, pas autant en tout cas que de l'absinthe ou le saké.

Les deux femmes se fixèrent et Idyl lança sa boutade. « Qui veut vendre un cheval aveugle en vante les pattes, ma jolie. Je me suis fait avoir cette nuit-là avec toi, mais à présent, je compte bien me rattraper. » Ce proverbe venait d'un autre de ses "pères" qui avait des origines allemandes, cela voulait dire exactement la même chose que le proverbe si connu "Ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué". Toutefois, compte tenu qu'ils vivaient à proximité d'un ranch, celui employé était plus dans le thème. « Marcus, tu distribue. » Alex lui tendit le jeu de carte et se prit au passage une flasque de whisky et se remplit un verre dont elle but une gorgée avant de s'adresser à Hawkins. « Donc ce soir tu n'es pas de garde ? Mais qui va donc arrêter les maraudeurs cette nuit ? » Ce soir, l'éclaireuse allait enfin pouvoir toutes les questions qu'elle voulait à la garde. Cette dernière ne la menaçait pas avec un flingue et Alexandra n'était pas en porte à faux. Elle récupéra ses cartes et les regarda brièvement avant de reporter à nouveau son attention sur la seule autre femme autours de la table. « Tu es au ranch depuis longtemps ? Je ne t'ai jamais vu avant. » Il faut aussi dire que la jeune femme aux boucles blondes était majoritairement à l'extérieur de la Crimson Valley, alors peu de gens la connaissait également, à part les plus anciens ou ceux qui avaient besoin de ses services.

Souriant en écoutant la réponse de son interlocutrice, Idyl hésita un instant à lui lancer une pique. Probablement en se moquant de son proverbe à la con, parce que, voilà. Elle la quitta du regard un instant pour suivre Marcus alors qu’il entreprit de s’asseoir, et revint sur la blonde alors qu’elle lui posait sa première question. Un spasme agita ses lèvres, mais son sourire continua de les étirer alors qu’elle lui répondit de manière sarcastique :

“Mais… c’est pourtant évident, non ? Je suis de garde ! Tu crois que ça arrive comment, les incendies, au ranch ? Parce que les gardes picolent et jouent au poker pendant le service” elle roula des yeux, son sourire s’effaçant, et elle sauta sur l’occasion de passer pour la pire des condescendantes en précisant : “Bien sûr que non, je ne suis pas de garde. Et j’vais pas te faire une liste, elle est trop longue”

Son ton était sarcastique, et, pas vraiment enthousiaste. Elle n’avait clairement pas envie de s’emmerder à parler boulot alors qu’elle venait d’en sortir. Garder le ranch, ce n’était pas une mince affaire, en plus. Quatre points d’observations, un périmètre à sécuriser, on parlait d’au moins une douzaine de gardes d’active en permanence pour avoir une surveillance simplement décente. Elle accueilla plus amicalement l’autre question, en retrouvant un sourire partiel, en formulant une réponse après quelques instants de réflexion :

“Je compte pas les jours, un an, bientôt deux je dirais. J’étais juste pas du genre à m’emmerder à sortir, quand j’avais tout ce dont j’ai besoin chez moi. Mais, comme je commence à être en rade de tout…” elle se pencha vers l’avant, tendit le bras pour saisir une des bouteilles sur la table et un verre, qu’elle entreprit aussitôt de remplir alors qu’elle continuait : “Je me vois dans l’obligation de faire profiter de ma présence à mes petits camarades, hein ?”

Elle interpelait ainsi le Marcus, remarquant qu’elle le mettait complètement mal à l’aise. Elle lui fit un petit clin d’oeil, lui envoya un baiser du bout de ses deux doigts, et, regarda le croupier improvisé distribuer. Elle se pencha à nouveau en arrière, tourna la tête vers Alex, avant d’annoncer :

“C’est pas marrant, ce genre de questions. J’ai l’impression d’être un chien dont on renifle le cul. On peut pas passer aux vraies questions ? Genre… “ elle marqua un arrêt dans son discours, plissant des yeux alors que sa tête pivotait lentement pour dévisager tour à tour chaque personne de l’assemblée. elle s’arrêta sur le dernier, avant d’annoncer : “Genre, c’est quoi la situation la plus gênante qui vous soit arrivée avant, puis, après la fin du monde ? Nan, juste, avant, d’abord. Après, ce sera pour quand on aura assez bu”

Elle força un peu plus son sourire, alors qu’elle commençait à fixer Marcus, parce qu’elle voyait en lui sa cible pour ce soir.

Du coin de l'oeil, Alexandra remarqua que Marcus se crispait lorsque l'autre femme parlait. Il avait vraiment peur d'elle, à qe demander ce que les autres ont bien pu lui raconter à son sujet. Certainement rien de vrais et même de possible, mais Marcus n'était pas réputé pour son courage, mais plus pour sa naïveté. Il gobait vraiment tout ce qu'on pouvait lui dire et combiné à sa trouillardise, ça donnait ce genre de spectacle. Il suait à grosse goutte et quand son ami le fit remarqué, le rondouillard rétorqua qu'il faisait chaud dans le cabanon. Ce qui était vrai d'un côté, avec l'été qui approchait, il faisait vraiment très chaud la journée. Du coup, la nuit les habitations avaient beaucoup de mal à se rafraîchir. Jean mit en route un petit ventilateur pour faire baisser la température de la pièce. Il ne se risqua pas d'ouvrir les fenêtres pour ne pas faire rentrer des insectes et aux petites bestioles indésirables. Du côté d'Alex, cette dernière ne prenait pas pour argent comptant le sarcasme de la garde. Elle n'insista d'ailleurs pas sur le sujet et préféra donc garder le silence. Ce soir, elle n'avait pas envie de lui chercher des poux. Se devait être une soirée agréable à jouer au poker et à boire.

Boire, les deux femmes avaient déjà commencés. Jouer, tous n'étaient pas encore installés autour de la table et Marcus terminait de distribuer les cartes. « Depuis six ans tu es resté chez toi sans manquer de bouffes ? » C'était presque incroyable sachant que pour la blonde, ses réserves de nourriture ont tenus à peine six mois et encore ! Les premiers mois, le père de sa colocataire venait régulièrement les approvisionner. Puis, il a cessé de venir et Alexandra a été forcé de sortir de l'appartement pour chercher dans les habitations alentour de quoi manger chaque jour. « Ca devait être une vraie caverne d'Ali Baba dans ta piaule. » Comment pouvait-elle avoir tant de choses chez elle ? A-t-elle tué d'autres survivants pour leur voler leur bien ? Elle se retenait de poser toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête. Elle se doutait bien qu'Idyl ne lui répondrait pas, du moins pas sérieusement. De plus, Mae était au courant que toutes les personnes vivantes au ranch subissaient un interrogatoire rigoureux par des inquisiteurs compétents. Donc s'ils ont décidé qu'Idyl pouvait rester, c'est qu'elle n'était pas un danger pour eux. Toutefois, avec les événements qui ont ébranlés la Crimson Valley ces derniers temps, on pouvait émettre des doutes sur la fiabilité des interrogatoires. Des tensions planaient à nouveau au-dessus de tout le monde dans le domaine, même ceux qu'on pensait être d'une fidélité aveugle envers les Rhodes.

Pendant que Wright s'interrogeait sur Hawkins, cette dernière s'amusa à enquiquiner l'homme dodu. Il ne tenait plus sur sa chaise et ses joues changeaient de couleurs, passant du cramoisi ou blanc très souvent. Shawn était hilare à côté de lui. Il lui donna une tape sur le dos et Marcus fit tomber toutes ses cartes sur le sol. Finalement, la petite brune reporta brièvement son attention sur Alexandra avant de reporter son attention sur Marcus. Elle avait décidé d'en faire sa cible ce soir, ce qui n'était pas du tout un problème pour Alex. Le jeune homme bafouilla en tentant d'expliquer ses malheurs d'adolescents. Il se perdait lui-même dans ses explications, racontant vraiment tout ce qu'il avait subi à l'école et même après à son boulot. Il était comptable avant, ce qui ne choqua pas la texane qui se disait qu'il avait vraiment la tête de l'emploi. Ensuite, arriva son tour, tous les mecs avaient raconté leur moment gênant. Mae n'était pas du genre à faire étalage de sa vie. Ses yeux bleus clairs se posèrent sur chaque tête qui la fixait avec attention comme pour l'inciter à raconter ce passage de sa vie. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Elle n'avait visiblement pas le choix au risque d'être harcelé. Elle réfléchit sur l'événement le plus gênant de sa vie passée. Il y avait bien eu des moments de sa vie d'escorte girl où elle avait vu des choses étranges, mais jamais elle s'était sentie gênée. « Si vous espérez une histoire inoubliable, je n'en ai pas. Il m'est déjà arrivé de renverser du café sur un policier, mais ce n'était pas aussi gênant qu'on pourrait le croire. Tentative désastreuse de nettoyer sa chemise blanche et m'a invitée à boire un verre le soir même. » Elle haussa les épaules et se tourna vers Idyl en buvant d'un trait le fond de whisky dans son verre avant de reprendre la parole. « Bon, à toi. Vu que tu as posé la question, tu dois bien avoir une sacrée histoire à nous raconter. »

Idyl arqua un sourcil, alors qu’elle ne pensait pas comprendre la réponse d’Alex. Qu’est-ce qu’elle raconte ? pensa-t-elle très fortement, son visage l’exprimant clairement. Puis, elle comprit alors qu’elle concluait sur l’état de sa chambre, et décida de clôre le sujet en apportant la réponse qu’attendait la blonde. Après quelques instants, elle se contenta de lui annoncer :

“Ah, j’parlais de ma vie au ranch. Pour ce qui est d’avant ça et après l’Influenza, si ça t’intéresses vraiment, j’ai passé un an affectée sur le Nimitz, et cinq à voyager en solo”

Elle se tut, son visage étant devenu complètement inexpressif, signifiant que le sujet l’agaçait vraiment. ça, et sa réponse, volontairement très brève. Si la plupart des américains devaient avoir le nom de l’USS Nimitz dans un coin de leur tête, puisqu’il a quand même donné son nom à une classe de porte-avion, seuls les militaires le connaissaient à coup sûr. Elle supposait que son public n’était constitué que d’anciens civils, mais, elle se fichait qu’ils ne savent pas de quoi elle parle. Et n’avait pas envie de leur répondre s’ils la questionnaient. “Fallait être plus patrioque” était la réponse la plus adaptée qu’elle pouvait accorder. Mais sa neutralité s’étouffa très vite, puisque son regard se porta sur son jeu, et, un sourire confiant étira ses lèvres.

Elle fut déçue de ses compagnons ; mis à part Marcus, qui était marrant malgré lui. Puis, les autres, qui lui livrèrent des récits à la limite du barbant. Puis Alex, qui lui fit rouler des yeux. Elle ne manqua pas de lui demander, du quoi :

“Nettoyer sa chemise, hein ? Puis boire un verre ? J’espère que t’es allée au bout de ta démarche, ma poulette. Il devait être pas mal, pour avoir autant d’attention ; ou il t’a fait cadeau d’une contravention. Attends avant de répondre, j’vais te donner envie de le faire honnêtement en te faisant de la peine”

Mais elle signifia en levant son index qu’elle devait y réfléchir. Les yeux levés sur le plafond, elle les rabaissa finalement pour dévisager un à un chaque membre de l’assemblée, avant de prendre la parole d’un ton enjoueur qui allait être rendu étrange par le contenu de son discours :

“Mon copain, devenu mon ex à cause de ça, du coup, m’a demandé en mariage devant une centaine de personnes, peut-être. Il avait organisé un truc vraiment sympa, petite mise en scène devant le mythique Rockefeller Center, et tout. Et, bah… j’ai dis non. C’était salement gênant. Je me suis jamais sentie aussi misérable, en fait. Même après avoir finie à chanter de la merde bourrée devant tout mon état-major, pour vous dire”

Elle se tut, posa ses cartes, qui étaient merdiques, et passa ses mains derrière sa tête alors qu’elle se laissa un peu glissée sur sa chaise. Le bluff pouvait commencer. Avait commencé, en fait, puisqu’elle dévisageait celui qu’elle pensait le plus faible, Marcus, pour le forcer à se coucher devant tant d’assurance. Elle regarda Alex, du coup, en attente du plus important ; mais, s’impatientant, elle lui demandera simplement :

“Enfin, du coup, tu l’as ken ? Ou tu nous as raconté ça parce que justement, malgré la situation de rencontre qui transpire le cliché d’un mauvais film romantique, t’as pas réussi à te le rôtir, le poulet ?”

Elle lui fit un clin d’oeil pseudo-complice, alors qu’elle plongeait son regard dans le sien.

Se devait être une soirée banale où des jeunes gens jouaient au poker, buvaient et discutaient. Au lieu de ça, malgré les efforts, les deux femmes avaient bien du mal à s'entendre. Sur une simple question pour faire plus ample connaissance, Idyl s'exaspérait. De plus, elles n'arrivaient pas à se comprendre. L'une demanda des précisions sur sa vie avant les zombies et l'autre racontait qu'elle n'était pas beaucoup sortie du ranch. Une fois de plus, ce n'était pas ce soir qu'Alexandra apprendra quelque chose d'utile sur la garde. Peut-être plus tard, quand cette dernière aura bu un peu plus d'alcool. Elle nota tout de même que la jeune femme était militaire avant l'épidémie. L'USS Nimitz, c'était un porte-avion, il faisait partie des dix plus grands de l'US Navy. Si cela ne disait rien aux autres joueurs dans la pièce, pour Alex, cela lui rappela des souvenirs. Encore une fois, c'était à propos d'une de ses familles d'accueil. Elle en avait eu tellement durant son enfance et cela jusqu'à ses dix-huit ans qu'elle n'avait pas assez de doigts pour les compter. D'une famille à l'autre, elle pouvait rester quelques heures, quelques jours voir quelques semaines avant de fuguer. Tout dépendait de l'ambiance de la maisonnée, du comportement des parents et même d'elle-même. De ce fait, Mae a connu bon nombre de personnes de tout type de milieu et exerçant toute sorte de métier. C'était dans une de ses familles qu'elle avait entendu parler du porte-avion parce que le fils aîné était affecté dessus. Peut-être se sont-ils connus, Idyl et lui. Ou peut-être pas. Alexandra essaya de s'imaginer cette jeune femme dans l'armée. C'était dur à croire en raison de son caractère, mais peut-être qu'avant, elle n'était pas comme ça. « Honneur, courage, engagement. » Murmura-t-elle si bas que très certainement personne ne l'avait entendu.

Wright prenait son mal en patience et écouta Idyl raconter son anecdote sur un moment gênant de sa vie passée. Alexandra n'a jamais vécu quoi que ce soit de terriblement gênant. Même sa vie en tant d'escorte girl ne lui faisait pas honte. Des personnes lambda aurait comparé son ancien métier comme de la prostitution. Alors que non, elle ne couchait pas forcément avec ses clients. Elle se considérait plutôt comme une actrice, elle jouait des rôles le temps d'un soir ou d'une journée, accrochée aux bras d'hommes riches. Toutefois, sa vie d'avant ne regardait personne. Elle n'aimait pas parler d'elle et de ce fait, elle mentait toujours pour brouiller les pistes. Heureusement, Idyl était là, sa façon d'être et sa façon de parler faisaient qu'elle attirait les regards sur elle. Il fallait bien l'avouer, elle pouvait être vraiment amusante quand elle ne vous menaçait pas avec un flingue. Les trois garçons et Mae ont gardé le silence pendant que Hawkins racontait sa mésaventure. Puis, il y a eu un instant de silence où ils se regardèrent tour à tour, surpris par l'histoire comme si ce ne pouvait pas être possible avant d'éclater de rire à l'unisson. « OK. Là, tu nous as tous battu. » Annonça Shawn entre deux fous-rire. « Tu t'y attendais vraiment pas ? Même pas des signes qui t'aurait mis la puce à l'oreille ? » Les questions de Jean ne demandaient pas de réponse, c'était juste pour accentué le côté gênant de cet événement.

Le calme retomba autour de la table. Chacun regarda ses cartes et Alexandra pouvait voir à la mine de Marcus qu'il avait de bonnes cartes, peut-être pas assez par rapport à d'autres, mais il avait l'air confiant. Contrairement à Shawn qui avait un tic lorsqu'il avait une mauvaise main. Son œil gauche avait une légère tendance à tressaillir. Quant à Idyl et Jean, c'était plus difficile à cerner. Alex savait que Jean était un très bon joueur et la femme, elle ne la connaissait pas suffisamment pour donner un avis précis. Après avoir regardé ses cartes, elle se décontracta sur sa chaise et fixa la blonde en lui demandant la suite de son histoire. « Après ton histoire, ça sert plus à rien. Mais pour la faire courte, je ne suis pas allé au rendez-vous et trois jours plus tard il s'est pointé devant chez moi. Il avait demandé au serveur le ticket, car j'ai payé avec ma carte bancaire. J'ai porté plainte et je ne l'ai plus jamais revu. Après ça, je payais tout en liquide. » En réponse à son clin d’œil, Alex leva son verre, qu'elle venait de remplir à nouveau, avec un grand sourire affiché sur ses lèvres. « Et sinon, c'est quoi le truc le plus bizarre ou dégueulasse que vous avez bouffé depuis l'apocalypse ? » Dit-elle les yeux toujours rivaient sur Idyl.

La remarque de Shawn la poussa à lui faire un clin d’oeil, pour souligner le fait que oui, elle était la reine du malaise. La question de Jean, elle, ne la déstabilisa pas. Elle s’était déjà assez livrée comme ça, elle n’avait pas envie de leur expliquer le pourquoi du comment. Elle n’avait pas envie d’admettre à quelle point elle était plus vulnérable que ce qu’elle ne pouvait paraître. Le type était adorable, leur relation presque parfaite, le problème, ça avait été elle. Elle ne comprenait pas son geste, elle ne voulait pas le comprendre. Elle disait aux autres que c’était un con, et se disait qu’elle avait été une conne. Elle croisa le regard de leur hôte, se contenta de haucher des épaules en guise d’unique et ultime réponse.

La réponse d’Alex la fit poser ses mains sur la table, alors que son visage affichait clairement une déception. Elle pencha sa tête sur le côté, pour accentuer le côté dramatique, alors qu’elle lui répondit :

“Il était moche à ce point ? Dur, ma poulette”

Elle ne commenta pas plus, se contenta de reprendre ses cartes en main, et de les jauger une nouvelle fois, quelques instants. Elle allait bientôt finir sa cigarette, donc, elle profita pleinement de ces dernières bouffées de fumée, avant d’en évacuer le goût par un alcool de merde. Elle reposa son verre au moment où l’autre lui posait cette question, elle haussa les épaules, lui répondit directement :

“J’sais pas. Du chien ? Du chat ? Du pigeon ? De la grenouille ? Du cheval ? Du croco ? Du rat ? Du cochon d’inde, aussi.  J’crois que j’ai fait toute la faune des States, mais j’ai pas mangé de trucs affreusement dégueu. J’pouvais pas me le permettre. Une intox alimentaire, c’est une erreur potentiellement fatale quand t’es seule”

Elle se tut un instant, fini par rajouter face aux interrogations qui semblaient se former dans chacun :

“Si vous êtes curieux, les viandes cheloues, ça a généralement le goût de poulet. Genre, vraiment”

Son ton était calme et décontracté, tout comme son attitude. Elle promena son regard dans l’assemblée, guettant leur réaction, repensant à cette réponse. Elle était complètement correcte, au final. Elle n’avait jamais manqué à manger, en fait, parce qu’elle avait eut un bon prof de survie. Elle connaissait plus ou moins les plantes intéressantes, et savait où se procurer de la viande, c’est à dire plus ou moinss partout. Après, il fallait surtout bien la préparer, ce qui rendait son goût pas terrible, puisqu’elle était généralement presque carbonisée.

D’un geste du menton, elle désigna le suivant, et ainsi de suite, jusqu’à terminer son tour de table par Alex, curieuse de voir ce qu’elle avait à dire.

Alexandra remarqua la mine déçue d'Idyl. C'était tellement sur-joué que personne ne tomba dans le panneau. Qui ne l'aurait pas remarqué ? Marcus, certainement, qui était le plus naïf de tous. Il sursautait toujours lorsque la voix de la brunette s'élevait dans la pièce ou comme là quand elle posa ses mains sur la table. La blonde haussa les épaules en répondant à la garde. « Pas du tout ! C'était un bel étalon. Seulement trop beau s'est louche quand même et j'ai eu raison de me méfier. » En réalité, cette mauvaise expérience, ce n'était pas elle qui l'avait vécue, mais Maureen. C'est elle qui est allée leur chercher du café dans le cofee shop en bas de leur appartement. Avec ces béquilles et le plateau, elle était tellement maladroite qu'elle en avait renversé sur un policier. Un grand blond, musclé, les dents blanches. Bref, tout de l'homme parfait en apparence. Seulement en apparence car en faite, c'était un genre d'homme qui ciblait les femmes fragiles, car c'était plus facile après à manipuler. Heureusement pour cette jeune femme, elle n'était pas toute seule et grâce à Alex, elle s'est évitée bien des emmerdes. Mais comme dit plus tôt, Alexandra avait raconté cette histoire, car elle en avait pas une à elle et de toute façon, si elle avait un événement gênant dans sa vie, elle n'en parlerait pas. Aussitôt, elle se rappela effectivement d'un moment gênant qui s'est passé il y a si longtemps. C'était dans une autre vie où elle avait encore une mère. La scène est floue dans sa tête, mais Mae se souvenait de la penderie de sa mère qui était sa cachette quand le dealer venait dans l'appartement. Elle se souvient avoir eu très peur et s'être uriné dessus. Ensuite, sa génitrice l'avait obligé à nettoyer la moquette et ses vêtements. Elle n'était qu'une enfant et se dit que ce genre de choses, personne n'avait à le vivre ni à le raconter à de parfaits inconnus.

Les tours de table s'enchaînaient, personne n'avait l'intention de lâcher prise et ils misaient de plus en plus. Marcus fut le premier à se coucher. Vite suivi par Jean. Il ne restait donc plus que Shawn, Idyl et Alexandra dans la course. Grâce au ventilateur, il faisait meilleur dans le cabanon, mais Shawn suait à grosse goutte. Il ne devait pas avoir une très bonne main, mais il tentait le bluff. Tant pis pour lui. Wright n'avait pas l'intention de se coucher, sa main était correcte, mais tout dépendait maintenant du côté de l'autre femme. Cette dernière était naturelle, décontractée, sûre d'elle. Bref, difficile de savoir avec elle si elle avait les bonnes cartes où non. Difficile de savoir aussi sur quel pied danser. Tantôt elle riait et paraissait amicale avant de changer radicalement, elle affiche une mine agacée et fermée. C'était la première fois qu'Alex se trouvait face à quelqu'un d'aussi difficile à cerner.

Le tour de table des réponses aussi fut vite terminé également. La plupart d'entre eux avaient mangé des rats durant le temps où ils étaient dehors, ou du pater pour chien pour les deux inséparables. L'éclaireuse était la dernière à répondre à sa question. « Dehors, j'ai mangé principalement des vers de terre, des escargots et des tortues. Le tout vivant et avec de la terre encore. Je n'avais pas vraiment le temps de me faire un feu de camps et de cuisiner. » Des cris de dégoût s'élevaient autour de la table. Marcus eu un haut le cœur, certainement en imaginant comme Alexandra a pu manger un escargot ou arracher la carapace d'une tortue. De son côté, Boucle d'Or essaya de se rappeler quel goût avait un ver de terre ou une tortue. Elle ne savait pas, car lorsqu'elle avalait ses bestioles encore en vie, elle se retenait de respirer et les avaler sans mâcher. Si elle gardait cet apport de protéine trop longtemps dans la bouche, elle vomissait dans les minutes qui suivaient.

Les mains posées sur la table, les sourcils tellement levés qu’ils plissaient son front, Idyl dévisageait Alex. Son regard, exprimant d’abord un certain jugement, sembla très vite s’égarer pour devenir inexpressif et étrange. Elle s’était elle-même égarée dans ses pensées, en pensant à la vie, là-dehors. Elle se dit que ça lui manque. La solitude, la liberté, le danger. C’était quelque chose qu’elle s’était découvert que récemment, maintenant qu’elle était bloquée au ranch, même si elle s’en doutait depuis le temps. Son goût du risque, de l’adrénaline résultait probablement de son ancien métier. Elle avait vécu des situations tellement intenses qu’elle en est devenue addicte. Seule, elle pouvait se mettre en danger ; et des fois, de manière absurde. Au Ranch, et à cause de sa fonction, elle ne pouvait généralement pas se le permettre. C’est p’t’être pour ça qu’elle devenait une alcolo, conclua-t-elle intérieurement quand elle réalisa qu’elle fixait toujours Alex. Elle secoua la tête, et conclua pour sembler le plus naturelle possible :

“T’as pas le temps de te chopper des vers ou la chiasse non plus, pourtant. Mauvaise idée de bouffer des trucs crus”

Son expression se relâcha, alors qu’elle se laissa glisser un peu plus sur sa chaise. Elle attrapa sa cigarette, ou plutôt son mégot, qu’elle entreprit d’éteindre en l’écrasant dans un cendrier que Jean lui avait improvisé. Elle alla ensuite chercher son verre, dont elle fit tournoyer un peu le liquide à l’intérieur avant de le porter à ses lèvres. Elle en prit une lampée, esquissa un sourire confiant malgré le goût dégueulasse qui lui pourrissait les papilles, avant d’annoncer simplement qu’elle se couchait. Elle perdait une mise correcte, pourtant, mais celle-ci lui permettait de brouiller les potentielles pistes que ses partenaires de jeux avaient sur elle.
Elle aimait le risque, mais pas celui de perdre ce qui lui permettrait de troquer sa gnôle. Elle allait compter les cartes, transformer ce jeu en statistiques qui lui donnaient une impression de contrôle, et elle allait gagner. Ou du moins, c’est ce qu’elle se disait, confiante. Ce n’était pas très honnête, mais elle s’en moquait. Qui l’était, de toute façon ? Elle profita de l’occasion pour relancer ce petit jeu de question :

“On va continuer dans le thème du malaise, les poulets. On va pas être trop personnel, parce que y’en a qui s’assument pas ici. J’vise personne” elle annonçait ça en regardant volontairement chacun au fur et à mesure, pour qu’ils se sentent tous visés ”Mais, genre, vous êtes déjà tombé sur un rôdeur, et vous vous êtes dit “oh putain le con” ou “au putain le pauvre” en le voyant ?”

Elle n’avait pas besoin de rajouter qu’il fallait préciser l’exercice, et, cette fois-ci, elle posa son regard sur Jean en lui faisant un signe du menton pour qu’il commence. Alors qu’il s’apprêtait à parler, elle reprit en annonçant simplement et sans regarder la concernée :

“Sympa ta pokerface, Alex”

La remarque était spontanée, et n’avait pas spécialement de but, si ce n’est celui de déconcentrer les deux derniers en lice de manière anodine en apparence. Elle n’avait aucune idée du jeu qu’elle avait, aucune idée d’à quel point elle bluffait actuellement. Elle tâtait le terrain, surveillait le jeu du coin de l’oeil pendant qu’elle écoutait la réponse de Jean, prête à l’ignorer discrètement pour faire ses comptes quand les deux révéleront leur jeu.  

La réflexion d'Idyl agaça Alexandra. Elle se mordit l'intérieur des joues, prête à en découdre, mais Shawn l'en empêcha d'un petit coup de pied discret. Si l'ancienne militaire avait pu se nourrir de bons petits plats tous les jours, tant mieux pour elle. Cependant, ce n'était pas le cas pour Alexandra. Elle n'était pas une guerrière et elle n'avait jamais eu à se servir d'une arme avant l'apocalypse. Quand tous ce merdier à éclater, elle est restée chez elle pendant six mois, puis pendant un an, elle a dû apprendre à survivre à l'extérieur. Le fait qu'elle soit encore en vie venait de ses aptitudes naturelles, c'est-à-dire sa discrétion, elle pouvait se faufiler entre les zombies sans se faire repérer et son autodidacte, qui lui permettait de se débrouiller seule. Seule, elle l'a été le plus souvent qu'en groupe. Elle en a bien connu trois groupes de survivants durant son année d'errance. Deux des groupes ont été attaqués soit par des walkers, soit par d'autres survivants. Tandis qu'un des groupes, elle ne savait pas si les personnes ont survécu. Grâce à tous ces inconnus, Alex a appris beaucoup de choses utiles. Malgré cela, quand une horde de mort-vivants la poursuivaient, elle n'avait pas trop le temps de se trouver un lieu sûr et se faire cuir les insectes, surtout que le feu risquait d'attirer des indésirables en tout genre. Alors oui, elle a eu la chiasse, mais au moins aujourd'hui, elle était en vie.

Reprenant son calme, Wright s'est servi le reste de whisky et vida d'un trait son verre. La brune se coucha. Alexandra n'était pas surprise. Peut-être un peu déçue, car elle s'attendait vraiment à ce que la garde tienne jusqu'au bout. Peut-être était-ce un stratagème ? Alex devait s'en méfier, surtout pour les prochains tours, Hawkins était vraiment imprévisible, encore plus qu'elle, Mae devait bien l'admettre. Et les gens imprévisible était souvent les plus dangereux. Pas seulement dans un jeu de carte, mais surtout dans la vraie vie. La blonde se souvenait encore de sa rencontre avec elle et surtout du conseil de Wyatt. Cette nuit-là, l'éclaireuse aurait bien pu se faire tuer. Ce qu'elle retiendra surtout, c'est qu'Idyl lui avait mis des bâtons dans les roues et elle pouvait le refaire à tout moment. Peut-être serait-il judicieux de s'en débarrasser ? Un petit mot glissé à l'oreille de la bonne personne ou encore l'emmener dans un endroit à l'écart et l'abattre... Non, Alexandra n'était pas une tueuse. Certes, elle avait déjà tué des humains, des Jackals principalement, mais parce qu'elle n'avait pas eu le choix. C'était elle ou eux. Hawkins l'avait surpris une fois et le caméléon allait redoubler de vigilance pour que ce soit la dernière fois. Si cela venait à se répéter, elle verra en conséquence ce qu'elle devra faire.

Pour seule réponse à sa remarque, Alexandra fit un clin d'oeil à Idyl. Elle laissa aussi les garçons répondre à la question de cette dernière. Marcus raconta qu'il n'avait pas le temps de dire ou de penser ce genre de phrases. Il était trop préoccupé à hurler ou à fuir en général. Pareil pour Shawn qui lui devait soit, tuer les rôdeurs attirés par les cris de Marcus ou courir après le dodu pour lui éviter de mourir. Jean finit par se coucher aussi et jeune femme montra également ses cartes. Il avait une meilleure main qu'elle et en signe de frustration, il leva les mains en grognant. Alex récupéra sa mise et Marcus redistribua les cartes à chaque joueur.

Arriva le tour de Wright de répondre à la question. « Pas du tout. J'ai bien croisé des rôdeurs dont la mort ou le suicide a été stupide, mais je ne me suis jamais attardé à avoir de la pitié ou tout autre sentiment pour eux. » Maintenant, c'était Alex qui éprouvait de l'agacement envers ces questions stupides. On aurait dit qu'ils étaient au lycée, bientôt ils vont jouer à action ou vérité si ça continuait. Sans accorder d'attention à la réponse d'Idyl, Alexandra regarda ses cartes et se rendit compte qu'elle avait vraiment une très mauvaise main. Elle se coucha immédiatement. Cette fois-ci, c'est elle qui allait observer et analyser Idyl. « Sorry not sorry, les gars. » Elle marqua une pause. « Je m'ennuie un peu là. Et si on jouait au fameux : "as-tu déjà... ? Et celui qui n'a pas déjà fait le truc, il devra un verre de gnôle cul-sec. » Elle vida son verre et le remplit, ainsi que les verres de ses camarades. « Bien, je commence ! As-tu déjà était en prison ou arrêté par les flics ? » Marcus, Shawn et Jean burent leur verre. Bien entendu, Alex ne toucha pas au sien, car elle a déjà été arrêtée plusieurs fois pour vol et une fois, elle a été accusée de complicité dans un cambriolage.

 D’un coup d’oeil, elle regarda les cartes qui étaient sorties. Elle ferma les yeux un instant, alors qu’elle laissait basculer sa tête en arrière, alors qu’elle visualisait cette dernière et essayer d’avoir déjà une idée précise du jeu. Pas difficile, à ce stade. Elle allait laisser passer ce tour si elle n’avait pas une bonne main, attaquer les choses sérieuses au prochain. Le calcul ayant été rapide, elle eut parfaitement le temps d’écouter la réponse de la brune. Encore une déception, elle ne le cacha pas. Elle roula des yeux, soupira, se contenta de conclure avec une réponse plus simple :

“Jamais vu de rôdeurs à poil ? Ou de trous de culs qui savent pas se suicider ? C’est comme ça ou comme ça qu’on se tire une balle dans la tête, si vous voulez pas passer pour des cons” Et souffrir inutilement, mais, pas besoin de le préciser. Elle montra les deux gestes, tempe et son le menton, mimant un pistolet avec sa main alors qu’elle énonçait ses indications. Elle conclut simplement par un : “Le flingue dans la bouche, c’est sale et stupide”

Nouveau tour, elle découvrit le jeu, ne cacha même pas sa joie. Un sourire carnassier se dessina sur son visage, alors qu’elle eut le malheur de voir Alex se coucher. Elle lui fit une moue de déception, hésita à mimer qu’elle se sécher une larme, mais, elle se ravisa. Jean allait se sentir coupable, alors qu’elle buvait son alcool. Il risquait surtout de plus l’inviter. Alors, autant faire bonne figure et rester dans ses petits papiers. Alors qu’elle misait, levant le menton en signe d’une assurance évidente vis à vis de son jeu, Alex décida de changer de discussion. Très bien. La première question la fit hésiter un instant, mais alors qu’elle refermait ses doigts sur son verre, elle réalisa que techniquement, la réponse était positive. Elle retira sa main, qu’elle laissa glisser sur la table, avant de se justifier :

“Dégrisement, et outrage accessoirement. Mais vu mon état, ils ont laissé passé. ça sentait un peu la pisse, mais c’était sympa quand même”

L’expérience avait été horrible, en fait. M’enfin. Elle en parlait avec le sourire, maintenant. Elle était trop déchirée pour en avoir de véritables sourires, et au final, est contente d’avoir été arrêtée par ces shérif-adjoints. En y repensant, elle s'en voulait presque ; elle leur avait fait vivre un calvaire. Elle aurait probablement été tasée s'ils avaient été moins patient. Elle esquissa un sourire, eut une pensée pour ces types. La nuit aurait pu se terminer bien plus mal, sans eux. En attendant, elle se donna le droit de prendre la parole et de demander :

“Comme on est les deux seules truandes ici, et que t’as déjà posé ta question, à mon tour… As-tu déjà survécu au crash d’un aéronef ?”

Ils n’étaient pas très drôles, elle allait les faire boire un peu en espérant qu’ils en oublient leurs balais dans le cul. Vu la tête de certains, l’alcool commençait à faire effet, mais pas assez visiblement. Un sourire mesquin aux lèvres, elle promena tranquillement son regard sur l’assemblée, alors que le jeu avançait et qu’elle notait les cartes jouées en ajustant ses estimations. Elle allait avoir un carré, peu de chance qu’une quinte passe, elle était plutôt tranquille et ne le cachait pas.  

Une nouvelle fois, Alexandra est renvoyé à son passé. Les paroles d'Idyl ravivaient des souvenirs que la jolie blonde n'arrivait pas à oublier. Elle pouvait passer des jours et des nuits entières sans y penser, jusqu'à ce qu'un soir, son sommeil soit agité de cauchemars toujours en rapport avec la mort de sa colocataire, Maureen. Son suicide l'avait traumatisé. Elle ne s'attendait pas à se retrouver seule dans ce monde chaotique. Au fond d'elle, elle espérait que Maureen soit toujours là avec elle. Etre seule n'était pas un problème pour Wright, elle aimait la solitude. Depuis sa naissance, ça lui était imposé. Elle n'avait jamais eu de frère et de sœur, du moins, du côté de sa mère, de son père, elle n'en savait rien. Peut-être qu'elle avait des frères ou sœurs de ce côté-là, malheureusement, elle ne connaissait pas l'identité de son géniteur et ne le sera jamais maintenant. Depuis sa venue au monde, Alex n'a jamais eu beaucoup d'amis, en fait, elle n'a pas vraiment eu d'amis du tout. Des connaissances sans plus, des personnes qui venaient et qui disparaissaient aussitôt de sa vie. Elle ne sait jamais vraiment attaché à qui que ce soit, jusqu'à ce qu'elle a rencontré Maureen. Elles arrivaient à se supporter mutuellement. La présence de la brune était devenue une habitude pour Alex et sa mort fut un choc qui la hante encore aujourd'hui. Alors faire des allusions à un flingue dans la bouche lui fait toujours penser à son amie perdue. « C'est peut-être sale, mais pas stupide. Ceux qui ne se loupent pas au moins ne risquent pas de revenir faire chier les vivants. Ils ont tout simplement dit adieu aux douleurs du passé et que ce qui les attendait de l'autre côté était bien plus beau. Ce sont des faiblards, mais des faiblards intelligents, car on a plus à les protéger au risque de se faire tuer à leur place. Je trouve que c'est le seul truc courageux que ces crétins pouvaient faire. » Répliqua-t-elle. Sa façon de penser ne plaisait pas à tout le monde, Shawn et Jean le firent bien comprendre. Ils trouvaient ses morts horribles. Ils la traitèrent de femme sans cœur et bien d'autres choses. Cependant, Alex ne les écoutait pas. Elle se concentra sur le jeu.

Le fait qu'elle se soit couché aussi vite, fit réagir une nouvelle fois les hommes dans la pièce. Ils espéraient récupérer ce qu'elle leur avait pris quelques minutes plus tôt. Jean ne cacha pas sa frustration, lui reprochant d'être une mauvaise joueuse. Quant à Marcus, ce dernier suait à grosse goutte, l'air effaré, car il venait sans doute s'être rendu compte qu'il devait quelque chose à quelqu'un et que cette chose était à présent en possession de l'éclaireuse. Après l'explication de Hawkins sur son "emprisonnement", Mae s'expliqua également : « Plusieurs fois arrêtées pour vol à l'étalage et une fois parce que des amis m'avaient impliqué dans un vol de maison où je n'y étais pas. » Elle avait eu de la chance de ne pas faire de prison avec toutes ses frasques. Cette chance, elle le devait à ses aptitudes autodidacte et de persuasion. Elle avait su dire les mots pour convaincre les policiers qu'elle n'était pas une mauvaise fille, que sa vie chaotique, sans famille pour l'éduquer avait fait d'elle cette pauvre fille qui devait se débrouiller toute seule. Et que bien évidemment, elle avait de mauvaises fréquentations. En résumé, elle leur servait le baratin habituel pour faire pleurer dans les chaumières.

Pour la question suivante, Alexandra et deux des mecs burent le verre. Jean fixait Idyl avec un sourire au coin des lèvres tout en donnant sa réponse. « Une montgolfière avec ma famille en France. On a eu un petit soucis et on a fini dans un lac. » Le jeune homme avait souvent parlé à qui voulait l'entendre que ses parents les emmenaient, lui et à soeur, n'importe où dans le monde pour passer leurs vacances. « Bien, c'est à mon tour de poser une question. As-tu déjà bu au point de ne pas te souvenir de ce qui s'est passé la veille et du coup tu te retrouves dans le lit avec un ou une inconnu(e) ? » A peine, finit-il sa question, que la voix de Shawn s'éleva dans le petit cabanon. « Est-ce que la partie où on se trouve dans le lit avec quelqu'un d'autre est facultatif ? » Jean fit mine de réfléchir un instant et répondit : « Ouais. Si la situation à ton réveil est encore plus embarrassante ! » Marcus hésita à boire son verre, non pas qu'il avait une anecdote croustillante à raconter, mais plutôt parce qu'il sentait déjà l'effet de l'alcool dans son organisme. S'il n'avait pas encore eu cette expérience de se réveiller sans se souvenir de la nuit d'avant et dans une situation gênante, il allait l'avoir ce soir-là. Alexandra avala son verre et remplit les verres vides pour se préparer à la question suivante. Elle tenait mieux l'alcool que le dodu, cependant, encore deux ou trois verres et elle ne marchera plus droit. Jean expliqua ce moment gênant où il s'était retrouvé nu dans le lit d'un autre mec nu également alors qu'il était hétéro. Puis Shawn raconta aussi son histoire. Néanmoins, la chute de son histoire était plus drôle car cela fit rire l'assemblée. Il s'était retrouvé accroché à un épouvantail devant l'agriculteur et sa famille, dont la fille qui était dans la même classe que lui.

 Si Idyl était passée aux choses sérieuses en matière de jeu, elle laissa ce dernier de côté un instant, le temps d’écouter Alex sur sa criminalité. La brune esquissa un sourire, en pleine discussion avec elle même, fit un léger non de la tête alors qu’elle se demandait si elle devait la croire. Un sourire étira ses lèvres, un sourire qui laissait entendre qu’elle pensait clairement qu’elle était dans cette maison. Un sourire qui se moquait du fait que, même après la fin du monde, elle ne s’assumait pas. Mais, elle n’avait pas envie d’en discuter. Pas le temps surtout ; elle avait une manche à gagner.

Quand Jean ne but pas, Idyl tourna la tête vers lui, arqua un sourcil et affichant un sourire. Elle était agréablement surprise, c’était bien vu de sa part. Elle lui fit un petit clin d’oeil, juste avant qu’il ne commençait à poser sa question. Elle roula des yeux en entendant celle-ci. Elle commençait à avoir envie de boire, mais elle allait devoir attendre, visiblement. Elle soupira clairement, alors qu’elle regroupait ses cartes en un paquet afin de pouvoir croiser les bras pour souligner son mécontentement. Elle haussa les sourcils à s’en plisser le front quand elle vit qu’Alex buvait. Mais elle n’était surprise qu’à moitié, au final. Elle écouta l’histoire de Jean, mima une moue déçue, et attendit que Shawn raconte la sienne pour intervenir. Elle ne rit pas, cependant, se contentant de pouffer de rire. Non pas qu’elle voulait les snober, mais, elle avait vu et fait bien pire. Elle soupira ensuite, alors qu’elle lâchait à Jean : “J’suis triste d’apprendre que t’es du genre à élargir le cercle de tes amis d’une façon aussi homosexuelle. Tu me déçois” d’un ton à moitié sérieux, pour ensuite réajuster sa position sur sa chaise, bien déterminée à vouloir se concentrer sur le jeu.

Elle remarqua à ce moment là qu’ils la regardaient, visiblement en train d’attendre sa justification au fait qu’elle n’a pas bu. Elle tira une tête étonnée, avant de prendre une moue vexée pour finalement annoncer : “Non mais j’ai pas besoin de vous faire un dessin non plus. J’vais juste dire que c’était plus sympa que le dégrisement” les coups d’un soir, les blackouts, c’était plus ou moins ce qui résumait ses premières permissions. Elle n’avait jamais trop eu de mauvaises surprises ; comme l’épisode du dégrisement par exemple ; parce qu’à l’époque, elle sortait avec sa horde de camarades. Petite nouvelle de l’escadre, elle en était devenue la mascotte, et si ses équipiers étaient responsable de nombreux de ses blackouts, ils avaient également été les garants de sa dignité, jouant le rôle de filtre, ne serait-ce que par leur présence. Fallait être soit complètement torché, soit avoir une sacré paire de couilles pour la draguer devant cette demi-douzaine de grands frères de substitution. Dans tous les cas, ils dégageaient les louches et les lourdeaux. En y repensant, ils avaient fait leur taf ; elle n’avait pas eut de mauvaises expériences. La plupart de ces mecs avaient été adorables. Elle esquissa un sourire, rendue légèrement nostalgique par l’alcool.

Son sourire sembla être mal interprété par le dernier à se dresser contre elle, qui finit par se coucher face à ce qu’il interprêta probablement comme un excès de confiance. Ce n’était pas le cas, mais c’était son esprit de toutes façons, donc il avait bien fait. Ses lèvres s’étiraient un peu plus, au moment où elle réalisait qu’elle venait gagner sa première manche quand ils révélèrent leurs jeux. Elle raffla sa mise, alors que le croupier improvisé commença à distribuer les cartes. Elle regarda son verre, toujours plein, passa ses doigts autour mais se ravisa alors qu’elle commençait à dévisager ses compagnons. Certains n’avaient plus l’esprit très clair ; autant en profiter. Elle lâcha donc le récipient, pour faire glisser sa main jusqu’aux cartes qui venaient de lui être distribué, alors qu’elle annonçait : “J’vois que ça tient bien l’alcool ici, c’est fantastique, on va pouvoir véritablement jouer maintenant” le ton était clairement sarcastique. Elle regarda Alex, puis Marcus, avant de poser son regard sur son ses cartes. Elles n’étaient pas terrible en apparence, mais, les statistiques étaient en sa faveur par rapport au jeu actuel.
 

Alexandra était exaspéré. Elle avait beau faire tous les efforts du monde, elle trouvait Idyl vraiment trop étrange. Visiblement, les deux femmes ne seront jamais sur la même longueur d'onde. D'un côté, ce n'était pas un problème, Alex n'avait pas l'intention qu'elles deviennent les meilleurEs amies du monde. En fait, après cette soirée, elle espérait ne plus à passer plus de quinze minutes en compagnie de la garde et avec un espace de deux mois minimum entre. Elle n'était pas méchante, seulement que les deux femmes étaient totalement différentes. Alexandra aimait la discrétion, elle préférait garder le silence et écouter les autres parler. Alors qu'Idyl parlait beaucoup, surtout pour ne rien dire. Elles pourraient s'entendre avec ça, mais la brune restait toujours vague et se renfrognait à chaque fois que la blonde lui posait des questions. A l'inverse, Alexandra disait des demi-vérités sur elle et Hawkins s'en rendait bien compte. Cette dernière devait croire que l'éclaireuse était le genre de nana à ne pas s'assumer, qu'elle devait avoir un balai coincé dans son postérieur. Une idée faite parce qu'elle ne connaissait pas du tout Wright. Alex n'était pas la personne la plus sociale au monde. Idyl non plus vu son comportement. Toutefois, elle gérait différemment son asociabilité. Tant de point en commun dans les grandes lignes, mais dans les détails, tellement opposés.

Pour la texane, cette soirée touchait à sa fin. Elle allait jouer une dernière partie et ensuite, elle ira se coucher. Elle garda le silence un bon moment, laissant ses camarades le soin d'animer la soirée. Elle devait bien l'admettre, cette soirée n'était pas aussi marrante que toutes les autres soirées poker. D'un autre côté, il ne fallait pas s'attendre à des gars dansant nus près d'un lac ou à faire des farces débiles à ceux qui étaient trop torchés. Marcus, Shawn et Jean étaient tous trois du style loser. Avant l'apocalypse, ils passaient leur temps devant les jeux-vidéos et les chaînes gaming youtube. Ils n'ont donc jamais rien vu de la vie. Ils ont appris à vivre seulement quand l'épidémie à commencer. « Puisque personne n'a de questions à poser, je vais en poser une. » La voix de Marcus a surpris les autres personnes autour de la table de jeux. Le silence s'est installé lorsque les cartes ont été distribuées. Tout le monde se concentrer sur ses cartes, analysant si c'était nécessaire de perdre un peu plus ou pas. Le grassouillet n'attendit pas l'approbation de ses camarades et enchaîna avec sa question : « As-tu déjà vu un de tes proches, comme une petite amie, membre de la famille, se transformer en rôdeur et devoir le buter ? » Ce qui était sûr, c'était que l'alcool rendait mélancolique cet homme. « Sérieux Marcus !? Tu n'as rien trouvé de plus déprimant ? » Encore une fois, Alex Wright but l'intégralité de son verre et le posa violemment sur la table. « Finalement, ce jeu aussi est merdique. Si personne n'a d'autres idées plus marrantes à faire, je vais me coucher après vous avoir plumer une dernière fois. »

 Concentrée sur le jeu après sa remarque, Idyl tourna mollement la tête vers Marcus quand il reprit la parole. Elle planta son regard dans le sien, ou du moins, essaya ; puisqu’il ne la regardait pas. Elle roula des yeux, alors qu’il posait sa question. Elle poussa un soupir ensuite, laissant l’autre blondasse s’exprimer. Elle était d’accord avec elle. Elle ajouta donc à la suite de ce qu’elle venait d’annoncer : “Ouaip. Fermez vos gueules les mouettes, jouez et laissez les poules aller se coucher. Et me dites pas qu’il a l’alcool triste, sérieusement” elle pencha sa tête pour planter son regard dans celui d’Alex, esquissa un sourire, et ajouta : “C’est toi que je vais plumer, ma cocotte” elle lui fit un clin d’oeil, et cessa de prêter attention à l’éclaireuse pour regarder la carte qui venait d’être retournée. La fin du tour approchait.

Il fallait qu’elle se rende à l’évidence ; ce groupe n’était pas assez sérieux pour qu’elle puisse se dégôter quelques trucs à troquer contre du tabac ou de l’alcool. Elle se laissa glisser donc un peu plus sur la table, se détendant parce qu’elle n’allait pas se prendre la tête pour si peu, alors qu’elle sortit d’abord son paquet de clopes métalliques, qu’elle posa sur la table, puis son briquet qu’elle posa à côté. D’un mouvement de ses doigts, elle ouvrit son petit coffre au trésor, et tira vers elle d’un seul doigt l’une de ses roulées. Elle la cala dans son bec, et, alors qu’elle saisissait son briquet, demanda à l’assemblée : “ça vous dérange si j’fume ?” elle activa ensuite le mécanisme, et s’y pris à plusieurs fois avant de pouvoir allumer sa cigarette. à ce moment là, elle rajouta pour les potentiels commentateurs : “C’était une question rhétorique” elle tira une latte, avant de poser son regard sur son puceau préféré à l’alcool triste. Elle lui fit un petit signe de la main pour capter son attention, puis, fini par annoncer en utilisant une voix qu'elle utiliserait pour parler à un gamin ou à un clébard : “Il va quand même pas chialer, là, non ?" elle soupira "Faudrait peut-être aller prendre l’air” elle joua en même temps, révélant ses cartes, posant son carré. Elle avait de fortes chances de remporter la manche, et elle était pas mal montée. restait à savoir si elle s’était faite baisée. Au pire, elle aurait rentabilisé sa soirée en consommant l’alcool de Jean. Elle reprit d’ailleurs une gorgée de la bouteille du type, avant de parcourir le groupe de son regard et d’attendre des potentielles réactions pour se bouger, et éviter que la situation ne se fige de manière désagréable.

Après l'intervention d'Idyl, le reste de la partie de poker se passa en silence. Les cinq personnes autour de la table étaient concentrés dans le jeu. Alexandra lui avait rendu son sourire lorsque leur regarde se sont croisés. Cette expression qu'elle employait "vos gueules les mouettes", la garde l'avait déjà employé ce fameux soir où Alex s'est fait gentiment accompagner jusqu'à Wyatt. Elle y repensa quelques secondes avant de se replonger dans ses cartes et de boire un peu d'alcool. Shawn et Jean furent les premiers à se coucher. Marcus tenait bon comme quoi l'alcool lui avait donné des couilles. Malheureusement, à la fin, Idyl remporta la manche. Cependant, elle n'avait pas plumé Alexandra comme elle l'avait dit plus tôt. Cette dernière avait encore une bonne quantité de ses gains de la première partie. Marcus était abattu, il avait perdu très gros ce soir et visiblement il s'était fait une raison. Il donnait l'impression d'un homme qui était devant l'échafaud. Celui qui savait qu'il n'avait aucun moyen d'y échapper et que dans quelques minutes, il allait perdre la vie. Qu'avait-il fait comme connerie encore ? A qui devait-il quelque chose ? Pourquoi ? Alexandra ne pouvait pas s'empêcher de se poser des questions. Elle devait en savoir plus, peut-être que le dodu était lié à quelque chose d'important. L'autre soir, quand elle a rencontré Idyl, Wyatt lui avait demandé d'aller vérifier du côté de Shawn et de son ami qu'ils ne faisaient rien de mal. Qu'ils jouaient vraiment à donjons et dragons. Elle y est allée, entrant dans la grange discrètement et les surveillant jusqu'au petit matin. La jeune femme ne révélera jamais tout ce qu'elle avait entendue ce soir-là, mais elle était sûre que ça n'avait rien à voir avec les récents événements survenus au ranch. Les deux hommes ne complotaient rien ensemble. Par contre, il se pouvait que Marcus s'est fait embarquer par quelqu'un d'autre. Il était tellement naïf ! Plus tard, quand toute la petite clique ira se coucher, Wright lui parlera et lui donnera une partie de ses gains pour ensuite le filer et découvrir le mot de la fin.

Pour l'heure, la soirée poker est terminée. On vidait les verres et Idyl proposa de sortir. « Bonne idée. » Alexandra se leva et sorti du cabanon. Elle n'aimait vraiment pas l'odeur de la cigarette et au moins à l'extérieur, l'air dissipera la fumée. « Allons vers le lac. » Elle alluma sa torche et mena ses petits camarades près des pâturages. Un peu plus loin, il y avait un lac et une tour de guet. Ils longèrent la forêt, les hommes se chahutaient entre eux et buvaient les bouteilles qu'ils avaient emporté avec eux. A part le bruit que faisait les trois lurons, tout était calme au domaine des Rhodes. Jusqu'à ce qu'un craquement se fasse entendre dans la forêt. Alex stoppa net et se tourna vers les arbres braquant sa lampe torche dans la direction du bruit. C'est là qu'une forme sombre est sorti de nulle part et se jeta sur les trois ivrognes. Les trois gaillards hurlèrent de concert et Marcus eu le pantalon complètement mouillé. L'éclaireuse jeta un regard à Idyl, elle n'avait pas eu peur de l'apparition qui n'était autre que le binôme de Jean. Il devait avoir fini sa ronde et avait décidé de faire flipper ses potes. Sauf que là, c'était gênant pour Marcus. Il avait trop bu et pensait se retenir au moins jusqu'au lac. « C'est la première et dernière fois que je fais une soirée avec ces guignols. » Lança-t-elle en s'adressant à la brune. « Alexandra Wright et son légendaire balai dans le fion ! » Lança le dernier venu en venant mettre son bras droit autour des épaules d'Alex et son bras gauche autour des épaules de l'autre femme. « Et Idyl, l'emmerdeuse de service. » La première se dégagea de cet envahisseur. « C'est Alex. » Maugréa-t-elle. « Allons, reste-là. Je suis sûr qu'on va bien s'amuser tous les trois. Un bain de minuit, ça vous dit ? » Visiblement, celui-là n'avait pas attendu la fin de son tour de garde pour boire sans modération. « Sans façon. » Répliqua-t-elle en mettant quelques mètres entre elle et ce pervers.

Alors que tout le monde se levait et sortait de la cabane, Idyl resta immobile quelques instants, le regard plongé dans le vide et la cigarette entre les doigts. Elle poussa un soupir. Elle commençait à saturer. Mais Jean avait été sympa de l’inviter. Et elle s’en tirait pas trop mal pour ça, même si elle avait triché dans la conception de certains. Qu’ils aillent se faire foutre, compter les cartes était fatiguant et ne permettait que de prédire l’aléa qui restait l’un des nerfs du jeu. Alors que le dernier passait le seuil, elle se leva et se dirigea également vers la sortie.

Dehors, il commençait à faire un peu meilleur. Tant mieux. Elle pressa le pas pour rattraper sa bande de blaireaux alors qu’ils commençaient à sortir du camp. Ce qui ne manqua pas d’agacer la garde qui était en elle. M’enfin, l’alcool faisant, elle ne réagit pas tout de suite. Elle était plutôt bien, et le restait probablement parce qu’au lieu d’écouter leurs conneries, elle se concentrait sur ses alentours rendus bien plus intéressants par état. Mais elle entendit des cris, et elle s’arrêta en posant la main sur sa cuisse, à l’endroit où devait être son holster. Un frisson lui glaça l’échine, alors qu’elle réalisait qu’elle n’était pas armée ; comme la plupart des gens au ranch qui n’étaient pas de faction. Ce n’est pas tant la situation où elle était qui la terrifia alors ; mais plutôt la sensation d’être vulnérable. En l’occurence, c’était juste un abruti. Comment on pouvait être assez con pour essayer de faire jumpscare des gens dans un contexte post-apocalyptique ? C’était définitivement un coup à se faire brûler la cervelle.

Il s’approche d’elle et d’Alex, et entama un contact qu’elle trouva de suite désagréable. Alors qu’elle s’apprêtait simplement à se dégager, elle sentit l’haleine de l’homme qui lui parlait. Elle tourna la tête vers lui, le jaugea de haut en bas. Elle connaissait ce boulet, et il était armé. Il revenait probablement de faction. Elle se crispa, serra sa mâchoire et ses poings. Elle aurait pu rester calme, mais, au bout d’un moment fallait arrêter les conneries. Entre les abrutis qui se tapaient des parties de D&D, ceux qui se la touchent et ceux qui bouvent pendant leur tour de garde, fallait arrêter. En y repensant un peu, elle aurait peut-être mieux faire de passer par la hiérarchie, mais sur le moment elle n’y songe même pas.

Elle ne se dégagea pas, au contraire, se tourna pour lui offrir une étreinte, ou du moins c’est ce qu’il pensait. Ce n’est pas un câlin qui l’attendait, mais un coup de genou dans les couilles d’une puissance qu’elle avait peut-être sous estimée. En temps normal, il aurait eut l'avantage sur elle ; il était plus grand, plus fort. Mais il était alcoolisé, et ne s'y attendait pas ; ou du moins, pas à une échelle aussi violente. Le type se plia en deux, alors qu’Idyl se dégageait en faisant un pas sur le côté. C’est avec une mine dégoûtée qu’elle le regarda vomir. Elle ne manqua pas de le pousser juste après, qu’il s’effondre dans la propre gerbe, avant de lui mettre un coup de pied dans les côtes et de lui annoncer : “Pauvre con, t’as que ça à foutre de boire pendant ton tour de garde ? Sac à merde. Abruti. Putain de dégénéré” elle termina de l’invectiver, et regarda les autres, alors qu’une série de moues agacées se dessinaient sur son visage. Elle ne comprenait pas comment on pouvait ne pas prendre au sérieux ce poste pourtant vital. Une personne qui faisait de la merde, et c'était Wyatt qui allait prendre. Et quand Wyatt prenait, il était frustré. Et quand c'était le cas, c'était tout le monde qui ramassait. Elle avait l'impression que c'était tout le monde, et surtout elle, en fait, d'où sa réaction.

Elle finit finalement par annoncer : “J’vais rentrer, j’suis fatiguée. Merci pour la soirée, et bonne bourre” elle se tourna ensuite, sans se soucier de leur réaction, ni même de celle de l’homme au sol. Il n’allait pas se plaindre, il était en tord. Il avait même de la chance ; parce qu’Idyl n’allait pas balancer un de ses collègues gardes. Pour cette fois. S’il recommençait, elle n’aurait pas d’autre choix.  

Il n'y avait rien d'anormal à ce que des jeunes gens s'amusent à des jeux de rôle ou boivent pendant leur tour de garde. Au contraire, on imaginait cela fort probable venant d'idiots comme eux. Ces hommes-là n'ont pas vu toute l'horreur qu'il y avait dehors. Ils ont vécu cloîtré pendant des mois voir des années en attendant que quelqu'un arrive dans le coin et les emmène avec lui jusqu'au ranch. Si à un moment, ils furent obligé de sortir de leur abri, ils ont eu beaucoup de veine d'être encore en vie. Ou alors d'autres ont sacrifiés leur vie pour les protéger. Bref, Shawn et sa bande d'amis étaient des inconscients. Ils se sentaient en sécurité au ranch. Ils pensaient que rien ne pouvait leur arriver en étant avec les cavaliers. Ils avaient survécu à dehors quelques temps et aussi aux problèmes dans la Crimson Valley. De ce fait, ils se croient invincible. Cependant, un jour la chance tournera. Quelque chose de grave leur arrivera et il sera trop tard pour se rendre compte. Trop tard pour changer et réparer les erreurs. On aurait beau leur parler, les réprimander, ils étaient comme des enfants. Ils devaient apprendre d'eux-mêmes de leurs erreurs. Sauf que dans ce monde, une erreur était très souvent fatale.

Dans tous les cas, Alex avait bien l'intention de couper les ponts avec eux. Cette soirée était la pire qu'elle avait passé en leur compagnie. Néanmoins, elle resta jusqu'à la fin pour voir Idyl mettre à terre l'abruti numéro quatre tout en pestant contre lui. Puis une fois la brune partie, la blonde tourna également les talons. Marcus était déjà parti depuis un moment. Elle lui avait laissé un peu d'avance pour que personne ne la soupçonne de quoi que ce soit. A présent, elle allait mettre enfin son plan à exécution. Elle se dirigea vers le campement, ignorant les interpellations des trois autres qui n'avaient pas de lampe torche. « Bande d'abrutis. » Maugréa-t-elle en accélérant le pas pour qu'ils ne puissent pas la rattraper. Elle ne souhaitait pas vraiment que quelqu'un dans le domaine des Rhodes la voit avec cette bande d'idiots.

Une fois de retour au campement, Alexandra chercha le cabanon de Marcus et frappa à sa porte. Il s'était certainement endormi, car elle n'entendit aucun bruit de l'autre côté. Elle était sur le point de frapper à nouveau quand enfin, la poignée bougea et la porte s'ouvrit. Dans l'entrebâillement, Marcus se tenait ahurit devant la blonde. Celle-ci lui tendit un petit sac contenant ses gains de la soirée et insista pour qu'il le prenne. Ensuite, sans plus de cérémonie, elle fit mine de s'en aller et se cacha derrière un cabanon en attendant que Marcus aille rejoindre la personne. L'homme corpulent alla jusqu'au champ où il enterra le petit sac et repartit vers son lit qui l'attendait. Alex attendit jusqu'au petit jour, mais personne n'est venu récupérer la sacoche. Après ce jour, on ne les vit plus jamais. Leur comportement avait mis en danger tout le monde et leur aptitude de garde se laissait clairement à désirer. Pour le bien de tous, ils sont donc partis de leur propre chef après que la jeune femme soit venue leur dire leurs quatre vérités en face.