(I) You gonna sink or swim you gonna learn the truth no matter what | Pey & Bass

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You gonna sink or swim you gonna learn the truth no matter what

Peyton & Bass

C’était le printemps sur Olympia.
A quel point fallait-il être privilégié pour entendre, tant d’années après l’apocalypse, les oiseaux s’ébattre dans les branches, pour remonter sans guetter les sons qui sortent des maisons qui la borde, sans craindre des moitiés de rôdeurs qui tentent des mains vers vos chevilles et les pièges vicelards des autres survivants ? C’était une jolie matinée pour être encore en vie. Les oiseaux chantaient, on entendait un gamin rire dans une maison à la fenêtre ouverte, et nul bout humain ne traînait nulle part. Bass remontait la rue comme on remonte un charnier, ou l’enfer à rebrousse-chemin ; la joie n’était pas peinte sur son visage, c’était le cas de le dire. Fermé. Froid. Blême. Cernés de rides gargantuesques, marques de près d’une semaine sans sommeil. Une semaine que Peyton avait perdu l’enfant qu’elle portait.

Peyton venait tout juste de rentrer chez elle, et de quitter les lits blafards de l’infirmerie, ou le corps inconscient d’Iris était là, témoignage accusateur que rien n’allait plus. Une semaine. Une semaine à remuer tout Olympia, interroger, poser des questions, parfois trop violemment, les yeux glacials à jeter des flammes, à faire geler l’enfer et la lueur parfois un peu folle, psychotique dans ses yeux retrouvant sa vivacité. Qui ? Eux. Bass remontait de la prison d’Olympia, laissant derrière les barreaux un homme auquel il avait craché au visage. Il avait été ami avec cet homme, il connaissait son nom, son histoire, ses espoirs, lui qui était frugal de mots avait discuté avec lui. Beaucoup moins, à peine depuis un an et demi. Juste assez pour savoir qu’il faisait partie de ceux qui refusaient de digérer la prise de charge d’Olympia par Peyton ( Bass avait du mal à digérer ce que les plans de Weiss, et ce que son ancien mentor était devenu, mais Peyton était ce qu’il fallait à Olympia. Il avait perdu des connaissances, en retournant sa veste, malgré sa réticence. ). Version désillusion de « tu t’es vu quand t’as bu » : regarde comme tu es devenu bon, comme tu as mûri avec le temps. Regarde ce fantôme de toi. Arrêtez-vous là : Bass avait peut-être fait des choses dont il n’étais fier, jouer les oreilles pour Elijah, mais jamais il n’aurait…
Ses dents se serrent à nouveau, ses poings aussi. Pourquoi faire ça ? Quel genre de lâche ? Attendre encore quelques mois et planter un couteau dans la gorge de Peyton, il… pouvait comprendre. Les meurtres étaient monnaie courante ici. Mais empoisonner lentement une femme enceinte, faire payer un nouveau-bébé, qui non seulement été innocent, mais qui étaient si rares maintenant… Le poison rongeait l’esprit de Bass. Ce n’était pas juste. C’était pire qu’un meurtre – la colère, la survie, verser le sang ne lui était pas étranger. Mais cette accumulation de planification était dégoutante. D’autant plus qu’Elijah lui avait remis en tête le prix de la vie.

Non. Bass inspire, se calme. Il avait une suffisamment mauvaise nouvelle, évacuer cette rage face à Peyton ne l’aiderait pas. Ce qui l’attendait lui semblait déjà assez une tâche insurmontable comme ça. Peut-être que l’information délivreraient un peu la mère, la presque mère. Ils disaient ça souvent de la vérité. Il passe une main sur son visage, se composant une expression neutre, à défaut de calme, consolatrice, douce et toutes ses choses qui ne pouvaient plus sauver Peyton, et toque poliment à la porte, avant de l’ouvrir. « - Peyton ? » Il entre, et progresse à la recherche de la leader d’Olympia.
Le blond s’immobilise sur un seuil, observant la jeune femme. La jeune femme qui l’avait accueilli, cueillit plutôt lorsqu’il s’était introduit dans l’enceinte – gagnant un respect qui va en augmentant au fil des années, bien que par forcément réciproque, après une certaine incartade. Il faisait ce qu’il pouvait pour payer sa dette, mais Bass regrettait du plus profond de son être que son « retour en grâce » s’effectue comme ça. Il préfèrerait ne plus mettre les pieds en ville si cela pouvait inverser le cours du temps. Pourtant, il était là, l’homme à qui elle avait fait confiance pour trouver du mercure et aujourd’hui des réponses. Cela avait un goût amer. Des réponses - Frapper, l’impression du sang sur ses poings alors qu’il s’était lavé les mains. Il n’avait pas torturé le type. Juste interrogé. L’expérience lui avait appris de ne pas prendre d’initiatives sans en consulter Peyton, d’initiatives telles que céder à la colère ou à l’envie de vengeance. « - J’ai des nouvelles. » Et le léger mouvement de sa tête imperceptible, annonce la couleur, navrée.Mais quelles nouvelles auraient pu être positives ?

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Peyton a l’impression de n’avoir aucunement droit à un semblant de répit. Elle vient de perdre son fils, Abel n’a pas tenu sa promesse, il n’est pas revenu. Elle se sent incroyablement seule. Elle pensait pouvoir remonter peu à peu la pente une fois l’infirmerie délaissée et la maison familiale regagnée. Alitée pendant une semaine, elle a eu tout le loisir pour ressasser les événements, pleurer toutes les larmes de son corps, crier à l’injustice et ravaler – tant bien que mal – la douleur de la perte, de l’absence. Elle s’était peut-être faite à l’idée que c’était le destin, qu’Isaac ne devait pas survivre. Pour autant, la culpabilité ne l’a jamais quittée. Elle n’a pas su protéger son enfant, elle ne peut en vouloir qu’à elle-même, n’est-ce-pas ? C’est ce qu’elle pensait, ce qu’elle s’imaginait. Une fois la maison retrouvée, les choses ont empiré. Impensable, comment est-ce que les choses pourraient être pires ? Il faut croire qu’elle n’avait pas encore touché le fond avant qu’Elanor ne lui fasse part de ses soupçons. De l’armoise – entre autres - retrouvée dans son thé en vrac. Et, alors ? Quoi de mal ? Elanor en avait les mains tremblantes, le regard triste et indigné, elle a compris avant que les mots ne franchissent les lèvres de l’infirmière. Empoisonnée, elle a été empoisonnée. Et, le monde a basculé. La colère s’est ravivée, la peine s’est dissimulée derrière un manteau de rage, une envie de vengeance lui nouant les tripes. L’être humain est pitoyable, hideux, un putain de monstre pire que les marcheurs.

Il lui faut un nom. Il faut que justice soit rendue en mémoire d’Isaac. Alors, vingt-quatre heures après la terrible révélation, elle s’est confiée à Bass. L’unique personne qui lui soit venue à l’esprit, en qui elle a entièrement confiance à part Willa et les Barnes. Peut-être qu’il a commis des erreurs par le passé, jamais il ne la trahirait de la sorte. Il a réussi à regagner sa confiance sans même qu’elle ne s’en rende réellement compte. C’est probablement dans les pires moments qu’on réalise sur qui on peut compter, à qui on est prêt à se fier, à se confier. Et, finalement, la prise de conscience est douloureuse. Les ennemis, les faux-semblants, les mensonges sont omniprésents. Les personnes de confiance, elles sont rares, trop peu. C’est terriblement dur de se prendre un océan d’indifférence ou de haine de plein fouet. Les ennemis se multiplient et les amis s’amenuisent. Peut-être qu’elle l’a cherché, peut-être qu’elle n’aurait jamais dû accepter ce statut de leader.

La voix de Bass résonne dans le couloir tandis qu’elle chasse d’une main la larme se frayant un chemin le long de sa joue. Elle délaisse un instant le vieux canapé aux motifs fleuris, accueillant le recruteur d’un bref signe de tête. Elle a peur et en même temps, elle veut des réponses, elle en a besoin. Il faut que quelqu’un paye. Elle inspire profondément, retrouvant sa place sur le canapé. Elle en a les mains moites, le cœur cognant contre sa cage thoracique. « Je t’écoute. » Elle esquisse un semblant de piètre sourire. Elle n’arrive plus à faire semblant, pas avec ses proches. En dehors de sa demeure, elle affiche un visage neutre, impassible, mais au sein de son cocon, elle ne peut se forcer à feindre quoi que ce soit. « Je suis prête. » Ou pas. Qui serait sincèrement prêt à entendre ça ? Elle sait qu’il s’agit d’un point de non-retour, qu’elle risque de perdre totalement le contrôle par la suite. Mais, peu importe, le monstre doit être démasqué, arrêté, tué peut-être.

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Peyton & Bass

Ce n’est pas juste. Rien n’est juste rappellerait Bass d’une voix dégoulinante du sarcasme du survivant, de l’acide du marginal qui n’a jamais connu la moindre justice dans la vie, même en cour de « justice ». Le sarcasme vit mal la confiance au goût amer, il vit mal d’avoir raison face à la personne qui lui a appris à avoir tort. Peyton. Il avait tort de se méfier d’Olympia, d’être un sauvage cynique, il avait tort de désobéir, il avait tort. Il lui doit tout, d’une autre façon qu’il doit tout à Elijah. Et ce n’est pas juste, ça le prend aux tripes ou comme une baffe. Il sait que la vie est une pute et qu’elle vous prend tout, que l’humanité est une saloperie et que tout ce qui bon finit par vous pourrir entre les mains. Mais bizarrement, ça lui fait mal que sa leader soit victime de cette injustice, de ce crime. Surtout ce crime-là, envers une des seules petites vies innocentes et vulnérables à des kilomètres à la ronde.

Bass reste debout tandis qu’elle se rassoit, et comme avant, l’intérieur confortable lui renvoie la nausée dans la gorge, les fleurs lui semblent tachées de sang. Mais c’est juste lui. Le recruteur joue avec une pièce sur le dos de sa main, le long de sa cuisse, pièce qu’il fait passer de phalange en phalange. C’est malaisant et malséant, mais c’est un réflexe. Il la range et lutte pour ne pas jouer avec ses doigts comme un gamin pris en faute. Ce n’est pas sa faute. Quand bien même il a parlé des nouveaux venus avec Joseph, quand bien même il s’était parfois entendu avec l’homme, ce n’était pas… Il grimace à l’entendre. Elle n’est pas prête. Merde il n’était pas prêt pour aucune des étapes de cette descente finale. Et si cela le touche lui, il n’a aucun droit sur cette souffrance. Sur cette colère.

« - Joseph Allister. » Lâcher le morceau sans fioritures, sans faire durer le suspens. Sans élaborer non plus même si dans son regard, on voit qu’il se remémore toutes les fois où ils ont été dans la même pièce tous les trois. Et dans son esprit paranoïaque, il ne peut pas s’empêcher aux conséquences, aux ramifications. Comme de la lèpre, si Joseph a présidé à l’acceptation d’olympiens dans les murs, alors, peut-être… Il secoue la tête parce que, comme trahison, il y a plus tangible, angoissant. « - Rhodes est revenu ? » Cela sonne soudain, comme question, même à ses oreilles, et Bass ajoute plus doucement. « - Il a eu de l’aide du ranch. Une cultivatrice ou quelque chose comme ça. Andrea. » Il crache malgré lui le prénom qui pourtant ne lui évoque aucun visage. Celui de la haine. Du dégoût pur. Le réseau des assassins est dense, il les enserre dans une toile, c’est étouffant. Il ne connait pas cette femme, n’espère ne jamais la voir de sa vie. Mais elle a un jour pris une plante entre ses doigts et décider de tuer un bébé. Bass avale sa salive et renâcle, faisant jouer sa mâchoire. C’est difficile à dire. Difficile à concevoir. Pire à encaisser il suppose, et il détourne les yeux de Peyton quelques minutes. Il fixe le mur et laisse planer dans l’air la seule question qui leur reste, puisqu’ils ne peuvent plus rien faire pour empêcher ça : comment tu veux faire ça ?

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Peyton est silencieuse, inerte, les prunelles perdues dans le vide. Le temps que le nom de Joseph Allister se fraye un chemin jusqu’à son esprit, une larme muette perle le long de sa joue. Monstre. Ce n’est même pas un inconnu, un nouveau visage. C’est un ancien, il la connait, elle le connait. Ils ont échangé, partagé, plaisanté à deux. Le goût amer de l’injustice et de la déception lui noue la gorge. Il est recruteur, il sonde les gens, il leur apporte son soutien, il leur parle de cette communauté où la bienveillance et l’entraide priment. Foutaises ! Ce n’est qu’un menteur, un comédien, un fumier. Peut-être qu’il a ramené des mauvaises personnes au sein d’Olympia, peut-être qu’il s’est créé un réseau de traîtres dont l’unique but est de foutre cette ville en l’air. Peut-être pas, peut-être qu’il n’est pas pourri jusqu’à l’os, peut-être qu’il a été aveuglé par ses convictions jusqu’à… commettre l’irréparable, assassiner une vie pure et innocente. Il ne peut pas s’en sortir, il ne va pas s’en sortir. Elle ne sait pas exactement ce qu’elle doit ressentir. Le soulagement de ne pas être la fautive de la mort d’Isaac. Du dégoût à l’égard de sa propre personne, elle s’est laissée approcher, à sa façon elle a permis cet acte. Elle aurait dû être plus prudente, ne pas autoriser l’accès à la demeure à quiconque. Elle est idiote, stupide et maintenant Isaac gît six pieds sous terre. Elle est seule, elle est dévastée, elle est furieuse contre le monde entier, contre elle-même. Elle serre le poing, retient un sanglot. En réalité, elle n’était pas prête pour la vérité.

« Non, il n’est pas revenu. » Qu’elle articule péniblement. Coup de poignard en pleine poitrine. Il a franchi le seuil de l’infirmerie et il n’est pas revenu, il ne reviendra pas, elle le sait. Elle arrête de se voiler la face à présent. Elle a perdu leur enfant après tout. Pourquoi serait-il revenu, pourquoi aurait-il tenu sa promesse au juste ? Elle peine déjà à croiser son propre reflet dans un miroir, alors elle ne préfère pas s’imaginer ce que Abel peut bien ressentir en le regardant. « Une cavalière est impliquée… » La voix s’estompe pour ne devenir qu’un murmure. Elle accuse le coup. Ce n’est pas un acte isolé, ce n’est pas un simple pro-Weiss mécontent de la nouvelle politique adoptée par Yates. C’est bien plus que cela. « Ça ne concerne pas que Olympia, que moi. » La révélation lui comprime la cage thoracique, l’empêche de respirer à pleins poumons. Elle n’était pas la seule personne visée, la seule personne qu’ils souhaitaient démolir. C’est plus important que ce qu’il n’y parait, elle en est maintenant persuadée. « Tu as d’autres informations ? C’est forcément lié à autre chose, ça ne peut pas uniquement être un acte isolé. » Un nom s’impose à son esprit : Oscar Hayes. Elle ne l’exprime pas à voix haute mais elle est persuadée que Bass comprend pertinemment où elle souhaite en venir. Elle sait également que des tensions animent le ranch, un traître a tenté de tuer Abel et si, tout était lié ? « Je ne veux pas sembler paranoïaque mais… On a essayé de tuer Abel il y a quelque temps. Et si, c’était relié ? Quelqu’un cherche clairement à nous atteindre, à inverser les jeux de pouvoirs. » Profondément furieuse, son poing s’abat contre le bois flétri de la vieille table basse. Ils vont payer, tous autant qu’ils sont, peu importe si cela lui prend des années pour démêler le vrai du faux, justice doit être rendue et aucune clémence ne sera accordée. Ils ont franchi la limite, c'est trop tard désormais. Cavaliers ou Olympiens, qu'ils aillent tous en enfer au son des tambours de guerre.

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Peyton & Bass

Elle n’est pas sa sœur, elle n’est pas sa protégée. Elle n’est pas le nombre de femmes qui ont un jour pleuré contre le torse du recruteur, qu’il a voulu protéger, envelopper de ses bras pour cacher au monde. Ce n’est pas sa place. Il ne fait que de son mieux – interroger le coupable, faire son rapport, et suspecter chaque âme amenée dans le refuge de taule et d’illusions ces quatre dernières années. Ce n’est pas sa place, et l’homme en face d’elle n’a plus vraiment de place. A part celle-ci de la regarder en face et de rester à ses côtés. Il devrait arrêter d’idéaliser ceux qui gouvernent leurs survies, il devrait arrêter de leur chercher la perfection et l’audace d’avoir toujours raison, il devrait arrêter de se soumettre à leurs ordres. A leur demande d’interrogatoires et d’espionnages, leurs messes basses et les complots et les haines qu’ils charrient avec eux. Pourquoi est-ce qu’Olympia ne pouvait pas être conforme à l’image qu’on a d’elle ? Pourquoi tout devait pourrit à l’intérieur des murs et des allées parfaites ? Il ferme les poings et ses ongles créent des sillons rougis dans ses paumes, mais il reste immobile et la laisse essuyer sa propre larme. Bass se mord l’intérieur de la joue, et laisse à Peyton, le temps d’encaisser. D’encaisser une partie du coup fatal. Il réfléchit à son tour, il imagine les visages des olympiens et ils ont tous ou presque l’air sournois, et leurs visages tourbillonnent, se referment autour de lui, rougis de sang. Tous coupables, un jour ou l’autre. Entourés d’ennemis. Ceux de Peyton devenus les siens lorsqu’il n’a rien pu faire pour sauver son propre sang.

« - Non, ce n’était pas juste toi. » Il approuve lentement sa réflexion. Il se souvient du crachat de Joseph, de son ami et collègue sur son visage. Il se souvient de l’audace et de la promesse. Une femme cristallise leurs complots, mais ils ne s’arrêteront pas avant de… avant quoi ? « -Pas grand-chose. » Il soupire et rencontre le regard de Peyton. Bien sûr qu’ils pensent au pro-weiss, bien sûr qu’il se doute que certains font plus que parler aux coins des rues, mais ils s’évaporent dès qu’ils s’approchent nuée de moineaux. Il n’est plus un espion, on dit qu’il a retourné sa veste. « - Joseph n’est pas le leader, il sait pas grand-chose. Je le crois sur ça. Ce n’est pas… son genre. » Il n’aurait pas cru que c’était son genre de tuer un fœtus dans le ventre de sa mère, alors peut-être que son jugement a perdu de sa valeur, peut-être qu’il n’a recruté que des meurtriers et peuplé cette ville de lâches et de fourbes… Mais il doute que Allister ait été à la tête du complot. « - La paranoïa est une qualité. » Il lâche avec un sourire amer et il se frotte la nuque, avant de se décider à peser ses mots. « - C’est clairement lié. Ils ont été cherchés jusqu’au ranch. Toi et Abel. » Il entrelace deux de ses doigts et les élève au niveau de son visage. Il aimerait se moquer, taquiner, exprimer ne serait-ce qu’une méfiance envers l’ancien père de l’enfant de Peyton. Si seulement ils en étaient encore là. « - Que ça déplaise…ou qu’ils veulent vous jarter tous les deux…Cela a l’air d’une alliance plus solide que celle qu’on avait… » Que les deux camps s’entendent assez pour comploter sur le long terme, pour empoisonner Peyton à petit feu, cela provoque en lui une sorte d’envie malsaine. Pourquoi eux et pas les gentils ? Ne pouvaient-ils pas brûler leur énergie à parler de protections, de raids et de médicaments ? Andrea aurait tellement pu faire quelque chose d’utile de sa vie…

Il grimace à sa violence sur le bois et secoue la tête, fermement. Son mouvement est vif, autant prédateur que félin lorsqu’il se rapproche brusquement d’elle, plie les genoux et s’accroupit à ses pieds pour river son regard sur la jeune femme qui l’avait accueilli en ville. « - Tu dois agir comme une leader Peyton. Tu ne peux pas les laisser avoir raison. » Bass murmure féroce. Il a perdu son respect pour Elijah. Il ne peut pas perdre celui pour la rousse. Si elle lapide Joseph, si elle déraisonne, perd son sang-froid, dans un sens ou dans l’autre, elle sera toujours la coupable pour ceux qui la veulent pendue en place publique. La mauvaise leader, l’hystérique, la sentimentale, celle qui couche avec l’ennemi et porte un deuil justifié qu’on ne lui laissera pas.
Sa paranoïa à lui a un autre son de cloche, et il se mordille la lèvre avant d’oser demander : « - Est-ce qu’Abel pourrait…te renverser ? » Annexer Olympia. Ils ne sont pas passés si loin après tout, et cela travaille l’olympien, cela le tourmente : comment Abel pourrait-il ne pas revenir ? Comment pourrait-il ne pas être auprès d’elle ? Si Malini…. Même Abel et ses hommes n’auraient pas pu l’empêcher de pénétrer en trombe au ranch. Bass avait à moitié penser que Abel tuerait Joseph avant qu’il n’ait le temps de lui poser ses questions. Et rien. Alors, pour lui, la question se pose, cruelle.

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Un complot. Pourquoi est-ce que ça lui semble à la fois si réaliste et inimaginable en même temps ? Comment est-ce qu’on peut en arriver à ce stade ? Comment est-ce qu’elle s’est retrouvée dans cette situation ? Il y a huit ans, si on lui avait dit que le monde allait s'effondrer, qu’elle y survivrait et pourtant qu’une alliance visant à détruire sa vie, à la détruire elle, se forgerait, elle n’y aurait pas cru, elle aurait ri. Elle n’a jamais aspiré à autant de pouvoir, à ce statut, elle y a été propulsé. Et, maintenant, on cherche à l’abattre, à empoisonner son existence. Elle et Abel. Des têtes à couper. C’est Isaac qui en a payé le prix cette fois-ci. Et, ensuite, à qui le tour ? Willa peut-être. Puis, Elanor. Après, Bass. S’ensuit Alma. Finalement, Avalon. Qui doit encore perdre la vie afin qu’elle s'effondre pour de bon ? Peut-être qu’elle devrait renoncer, tout lâcher, arrêter, retourner à son ancien rôle au sein de la ville. Peut-être qu’elle a assez donné de sa personne et que tout est voué à l’échec depuis le départ. Elle ne sait plus rien. Ce qu’elle veut, ce qu’elle doit faire. Tout se confond. à quel point s’est-elle trompée sur l’humanité ?

Elle observe son propre poing serré aux jointures blanchies, inspire, expire. Le monde ne tourne plus rond et l’Homme est pourri jusqu’à l’os. Elle a beaucoup de mal à soutenir le regard de l’Olympien qui s’accroupit face à elle. Le courroux illumine ses prunelles mais c’est bel et bien la désolation qui embrume ces dernières. Elle clôt un instant ses paupières, écoute les mots avisés de son ami. Elle ne sait plus ce que ça représente, ce que ça signifie, de se comporter en tant que leader. Mais, il a raison, ils ne peuvent pas gagner et prendre le contrôle. Ne serait-ce qu’en mémoire de son fils, elle doit relever la tête, reprendre ses forces. Mais, peut-elle sincèrement laisser la vie sauve à Joseph ? Elle n’est pas certaine. Elle doit suivre le protocole, instaurer un procès. Exclusion ou pendaison. Peut-elle avoir confiance envers les Olympiens ? Prendront-ils la décision qu’elle attend ? Elle doute sincèrement. Elle hoche la tête pourtant, ancrant ses pupilles à celles de Bass.
Elle fronce les sourcils alors que le nom d’Abel Rhodes est évoqué. Elle ne comprend pas vraiment. Où veut-il en venir ? Il n’est pas odieux à ce point, il ne profiterait pas de son deuil, de leur deuil, afin de mettre la main sur Olympia. Pourquoi ferait-il cela ? Il ne le pourrait pas, pas après tout ce qu’ils ont traversé. « Je ne comprends pas où tu veux en venir. » Mais, elle est toute ouïe. Autant envisager toutes les théories du complot, aussi dures soient-elles, même si elle ne croit Abel en rien coupable. C’était son enfant aussi. Certes, il ne désirait pas Isaac, pas au début, mais après, maintenant… « Il était à mes côtés tout au long de l’accouchement, il a tenu notre fils dans ses bras, il a… achevé et enterré son corps si frêle. » Il n’est pas monstrueux. Il ne revient peut-être pas, mais il serait incapable à l’heure actuelle de nourrir des pensées d’annexion. Elle le connaît. « Ce n’est pas un monstre malgré les apparences. Certes, il n’est pas là aujourd’hui, mais je n’arrive déjà plus à me regarder moi-même, comment le pourrait-il au juste ? » Elle n’attend pas de réponse, elle balaye d’ailleurs la question d’un geste de la main et reprend ; « Il n’est pas au courant que la nature de ma fausse couche est due à un acte délibéré. N’envoie surtout pas de messager. » Il faut qu’elle le lui annonce elle-même, de sa propre voix. Si, un Olympien débarque une mauvaise nouvelle aux lèvres, cette nouvelle précisément aux lèvres, il risque de massacrer ce dernier sous le coup de la colère avant d’aller trouver la Cavalière impliquée. « Il faut que je lui annonce moi-même sous peine qu’il… » Elle ne sait trop quoi. Sous peine qu’il commette des actes inconsidérés. « En attendant, il faut songer à organiser le procès de Joseph. » Même si au fond d’elle, l’idée la répugne, elle l’achèverait bien de ses propres mains.

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Peyton & Bass

L’Olympia dont il était tombé amoureux, sous le guide de Peyton et l’égide d’Elijah, il y a des années maintenant, cette Olympia d’utopie, n’est plus. La question demeure de savoir de qui, les rôdeurs et l’instinct de survie, ou le naturel de l’humanité revenu au galop a tué l’innocence et l’espoir : On sait du moins qui a tué Isaac. Il n’y avait rien plus de l’univers si bienfaisant et naïf, aux mains tendues qui avait tellement déboussolé Bass à son arrivée. Lui qui se méfiait de tout tombait de haut. Et maintenant il regardait d’à genoux, sa leader toujours moins cynique que lui quand bien même on lui avait arraché la vie des entrailles. Il doute de la crédulité de Peyton, et il se maudit pour chacune des pensées qu’il éprouve en ce sens. Un autre que lui dirait qu’il ne s’agit que d’esprit critique, denrée dont il a, par le passé sévèrement manqué. Peut-être que c’est une bonne chose, il ne faut pas être mauvaise langue pour craindre que Peyton ne soit pas dans un état d’esprit clair et stable. Elle n’a aucune raison de l’être. Peut-être que Bass, proche de la quarantaine apprend de chacune des cicatrices qui lui marbrent la mémoire.

Il tique à ses paroles. Il tique au miroir, il tique au reflet distordu que Peyton voit, il tique et ses poings se serrent involontairement. Lui, le gentil colosse d’Olympia, il en a marre de ne pas pouvoir juste exploser les crânes de ceux qui touchent aux siens. C’était plus simple, du temps de la solitude. Ses yeux se font féroces ; « - C’est pas ta faute, Peyton. Il y a que quelques monstres… » Ils s’étaient tous abaissés à quelque degré d’inhumain, bien sûr. Elle n’était pas responsable de la perte d’Isaac – il n’y avait que deux noms à l’infanticide et il détourne les yeux, écœuré par ce rappel. Il acquiesce, un goût âcre dans la bouche ; pas de messager, et ne pas se mêler des affaires entre Abel et Peyton. « - Okay. » Il a dû mal à le verbaliser et à le faire sortir de sa bouche, mais il se force. Il ne peut plus lui faire faux bond, jamais.

Une lueur rallume son regard, et il fait la moue, réfléchissant. Le procès. C’était la meilleure solution quand bien même il comprenait que… ailleurs qu’Olympia, même avant la fin des lois, il n’aurait certainement pas condamné Peyton pour étrangler l’assassin de son enfant mort-né. Mais ils étaient ici. Et elle était leur leader. Mener. Cela doit vouloir dire quelque chose. « - A ça, je peux aider, si tu as besoin de moi. » admet-il à mi-voix, comme si tout les mots qui s’échangent ici doivent être de ton ; elle qui commande, lui qui murmure. Bass se frotte le menton, et bascule son équilibre sur ses talons un bref instant, les pensées perdues dans leur écheveau. Puis il se relève lentement, se déplie pour profiler son ombre au-dessus de la rousse, dans cette pièce qui n’a rien de l’apocalypse et qui ne suit pourtant plus le cours ordinaire de la vie.

Bass se penche et embrasse la tempe de Peyton, audace rare entre eux, s’interrompt à demi dans son mouvement, comme pris d’une pensée timide. Sa barbe effleure quand même ses cheveux, et sa voix son oreille. « - S’ils votent la grâce… on avisera toujours… » Non, la leçon du pardon ne s’accroche toujours pas à ses basques de manière pérenne. Il a l’habitude de faire le sale boulot, n’était-ce pas pour cela au final ( sa naïveté et sa carrure et le sang sur ses mains ) qu’Elijah l’avait pris sous son aile avant tant de ferveur, lui avaient mis tant d’idéalisme dans le crâne ; et il fixe Peyton sans ciller, pressant brièvement son épaule.

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Les monstres. Peyton pensait qu’il s’agissait des morts. à l’instant même où l’on prend conscience que ce mot n’est qu’un terme pour regrouper les vivants, l’univers s’écroule et les convictions avec. L’humanité n’est plus qu’un mot sans aucune valeur. Est-ce réellement surprenant ? Peut-être que non. Lorsque l’être humain n’a plus de limites imposées, de règles à respecter, il semble se délester de ses inhibitions, de son sens moral. Un claquement de doigts et tout dérape. Il y a déjà longtemps que le monde ne tourne plus rond. Et, certains monstres se cachent au cœur d’Olympia, à l’abri des regards et des soupçons, derrière leurs faciès souriants. Elle s’en rend compte maintenant, trop tard. Violente gifle. Plus jamais elle ne commettra les mêmes erreurs. Plus jamais elle ne se laissera avoir. Désormais, elle a les yeux grands ouverts. Pourtant, Dieu sait ô combien elle préférerait clore ses paupières, revenir en arrière, vivre au sein d’une gigantesque illusion.

Elle aimerait simplement se morfondre dans la douleur, faire son deuil. Elle ne veut pas discuter plus amplement d’Abel, de leur relation, de ce qu’ils traversent. Elle ne veut pas se consacrer au procès de Joseph, perdre du temps alors qu’elle n’a qu’une seule et unique envie : le tuer de ses propres mains. Elle souhaite être seule. Peut-être qu’elle le peut. Peut-être qu’elle peut se décharger cette fois-ci. L’excuse est valable, non ? Elle a perdu son fils, on lui a arraché son fils, il n’a eu aucune chance de vivre. Qui peut la blâmer pour son absence ? Personne à moins d’être dépourvu de cœur et d’âme. « Il faudrait regrouper le conseil, les informer. » Qu’ils se préparent à enfiler leurs tenues de juge. C’est ainsi à Olympia. Le conseil préside le procès, les habitants écoutent et votent. « Il faut préparer la mairie également. » Parce qu’elle ne désire aucunement s’impliquer là-dedans. Elle ne compte même pas assister au procès, hors de question. Si, elle croise le regard de Joseph, elle lui saute à la gorge, ni plus ni moins. « Tu devras témoigner puisque tu es celui qui lui a soutiré des aveux. » Et, sur et certain, le témoignage de Bass sera décisif. Les mots qu’il emploiera marqueront les esprits, aiguilleront les Olympiens. « Je ne peux pas me mêler de tout cela, je ne veux pas. » Hors de question, tout simplement impossible, inimaginable.

Peyton ferme les yeux un instant, se laissant envahir par la tendresse maladroite de Bass, tandis qu’il pose ses lèvres contre sa tempe, sa barbe chatouillant sa joue droite. Les mots lui parviennent au creux de son oreille et un dernier soupir de soulagement s’échappe de la bouche de l’Olympienne alors qu’une larme silencieuse perle le long de sa joue gauche. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle ne dit rien, conservant le silence. Ils trouveront une solution, justice sera rendue tôt ou tard et elle n’est pas seule, c’est tout ce qui compte à présent.

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