(I) intrigue générale (début juin) + aaren

Aaren commençait à être rassuré. Même si l’étrange transformation des gens touchés par le vaccin Lazare continuait d’être abordé par tout le monde et posait encore de nombreuses questions, l’anti-virus apporté par Olympia permettait de stabiliser les symptômes et ça calmait un peu la Carrière. Des médecins étaient également venus apporter leur aide pour traiter les victimes de la seconde vague de maladie après l’ouverture du centre-commercial, limitant le nombre de décès à la Carrière. Aaren pouvait donc un peu souffler et remerciait l’aide apporté par les Olympiens, qui ne faisait que confirmer la bonne opinion qu’il avait du clan. Il savait que des rumeurs sur une possible alliance commençait à se murmurer au sein de la Carrière et dans les différents échanges multi-clans. Aaren souhaitait déjà depuis un moment une éventuelle alliance à long terme avec Olympia, bien que c’était quelque chose qui devait se confirmer dans sa tête au terme d’une discussion avec la dirigeante, pour la connaître un peu mieux et voir si elle constituait une partenaire viable. Sa déjà relation que tout le monde connaissait avec Abel était quelque chose qui l’avait rebuté dans l’engagement de conversations dans un premier temps. L’intégration ensuite des jackals au sein de la Carrière avait probablement dû repousser les éventuelles réflexions de Peyton de son côté. Mais là, avec l’aide apporté à la fois sur le traitement des patients et l’anti-viral, le timing semblait être le bon pour s’asseoir et discuter un peu plus de l’avenir. Aaren voulait également s’assurer que les médicaments anti-viraux et l’aide d’Olympia pour gérer leurs patients allaient continuer jusqu’à ce que la seconde vague de maladie soit passée pour l’un, et que le sort des victimes du gène zombie évolue - dans un sens positif espérait-il. Il savait qu’en retour, il pouvait lui fournir des hommes et des armes, car Olympia était peu expérimenté en la matière et comptait beaucoup d’habitants qui n’avaient pas vraiment l’habitude de se battre ou de se défendre. Ce n’était pas une critique ou une moquerie de sa part, simplement un autre mode de vie qu’Aaren admirait en quelque sorte. Il avait envie que cette ville puisse continuer à se développer et exister dans ce nouveau monde devenu bien trop injuste à son goût. S’il n’était pas devenu Roi de la Carrière, il serait d’ailleurs probablement aller toquer à la porte d’Olympia pour offrir ses compétences. Mais il avait toujours eu des responsabilités à la Carrière, et n’avait jamais pu se résoudre à la quitter, même avant d’en devenir le dirigeant. Il s’agissait donc désormais de faire fruit de cette union pour l’instant provisoire en quelque chose de plus concret. Ainsi, lorsque la veille, il finit ses tâches et réunions plus tôt que prévu, se libérant toute la matinée du lendemain, il décida d’improviser une réunion avec Peyton pendant cette même matinée, faisant appel au messager multi-clan des environs. Le rendez-vous fut conclu en fin de matinée à Olympia. Aaren se rendit donc à Olympia le jour suivant, l’air tranquille. Il vit alors Peyton présente dans la Mairie, à qui il serra la main, un large sourire aux lèvres. « Peyton, ravi de te revoir, comment vas-tu ? » Il s’asseya à la chaise qu’elle lui désigna, regardant autour de lui la Mairie bien conservée de la ville, symbole d’une autre époque. Dans une autre vie, il aurait peut-être pu se retrouver à la tête de celle de sa ville paumée d’Arizona, s’il s’en était donné les moyens. « Oui, désolé de cette réunion de dernière minute, j’avais mon agenda qui s’est libéré de manière imprévu, et je me suis dit que c’était une bonne occasion de se rencontrer. » Il ne voulait pas qu’elle s’inquiète sur l’anti-viral et l’aide qu’elle apportait, qui maintenait son clan à flot. « Je voulais qu’on aborde la suite ensembles. Si tu comptais continuer à me fournir de l’aide médicale et des médicaments. De ce que je peux t’apporter en retour. De savoir s’il ne faudrait pas avoir quelque chose de plus concret et permanent entre nous. » Il avait les mains qui se serraient l’une et l’autre, ses bras posés sur ses genoux. « Tu n’as pas dû ignorer les rumeurs qui circulent sur nous deux et nos clans respectifs, et je pense qu’il serait temps d’en discuter plus sérieusement. » Certes, il y avait beaucoup d’éléments à prendre en compte pour l’un comme pour l’autre, et Aaren ne souhaitait pas remettre la question jusqu’à ce qu’un fait extérieur puisse éventuellement perturber le bon timing et alignement des planètes actuel.

L’atmosphère semble pour le moment détendue et c’est tant mieux. Les gens semblent presque hors du temps ici, même s’il ne doute pas que Peyton est très au fait de la réalité et des derniers événements de la région. Aaren reste discret sur son état de santé et ne pose pas davantage de questions lorsqu’elle dit se sentir mieux. Il prend le verre qu’elle lui a servi avant d’en boire une gorgée. « Excellente bouteille, merci. » Aaren ne peut cacher un soupir de soulagement lorsque cette dernière évoque son souhait de continuer à envoyer des anti-viraux et des médecins à Olympia. C’est déjà l’essentiel à court-terme. Aaren a donc un sourire en coin aux lèvres bien qu’il reste silencieux. Peyton continue en évoquant ce qu’elle souhaiterait en retour pour une alliance durable et plus définitive. Aaren acquièse de la tête. « J’étais venu ici avec plus ou moins la même idée. Nous avons un viviers d’excellents survivants et aventuriers de la nature à la Carrière, sûrement des gens qui pourraient vous fournir les vivres animales auxquels vous avez moins accès. » Les raideurs d’Olympia étaient déjà peu nombreux selon ces informations, mais aussi bons soient-ils, il n’étaient pas assez pour ramener de quoi faire vivre et sustanter toute la ville. Aaren avait bien plus qu’assez de bons chasseurs qui moyennant des abris de meilleure qualité ou des rations seraient prêts à chasser et faire des raids pour Olympia. Trouver des volontaires ne serait en tout cas pas un problème. « Quant à la défense contre les attaques extérieures, nos deux clans s’entendent bien et je pense que chaque chef de zone n’aura pas de problème à mobiliser une liste de renforts en cas de force majeure ou simple besoin de protection. Si tu as besoin pendant même un temps d’une protection plus statique à Olympia, je peux voir parmi mes hommes proches de confiance pour qu’ils puissent loger un temps chez vous. » Aaren n’était pas sans ignorer le contexte actuel un peu tendu à Olympia, surtout après la mort de l’enfant de Peyton. Les volontaires seraient sûrement moins nombreux pour loger à Olympia pendant un certain moment, quoique parmi certains plus modestes et sans famille, dormir dans une habitation plus confortable  - et ce n’était pas difficile - serait un argument de poids. « Ca me semble être en effet une alliance fructueuse et intéressante. Je suppose qu’il y a des volets et des détails dont tu souhaiterais définir les contours ? Je ne veux rien laisser au hasard et je serai transparent. » Des détails. Aaren boit une gorgée. Aaren n’allait évidemment pas aborder de lui-même la question des jackals, qu’il savait épineuse et qui serait probablement à l’ordre du jour. Autant attendre de voir ce que son interlocutrice avait en tête à ce sujet, avant de voir comment Aaren pourrait arrondir la chose avec elle.

Aaren s’imaginait bien que cela ne devait pas être facile d’être Peyton. Entre son récent empoisonnement, la perte de son enfant - chose à laquelle Aaren pouvait certainement compatir. Sa relation tumultueuse avec le chef des cavaliers. Son quotidien ne devait pas toujours être facile et elle devait essuyer pas mal de critiques. Nul doute qu’une éventuelle alliance avec lui ferait encore jaser certains détracteurs. « Avec une telle diversité des vivres, on pourra bientôt prétendre à la meilleure alimentation de la région. Se faire des concours top chef qui sait. » dit-il avec un sourire complice et amical. Aaren ne rallierait pas contre des vrais fruits et légumes frais sortis d’un potager bien entretenu qui n’est pas en proie au vol ou à la détérioration comme ça peut être le cas à la Carrière. Une alimentation saine et variée aiderait certainement le moral des deux clans, il n’avait pas vraiment de doutes là-dessus. Il rebut une gorgée dans son verre qu’il savoura, confortablement installé dans la chaise rembourrée de la Mairie d’Olympia. Lui qui n’avait jamais vraiment connu ça, le luxe d’être assis dans une belle chaise et jouer au politique avec un verre d’un excellent alcool dans la main, la chose était dès lors assez amusante et plaisante. « Oui, je suis d’ailleurs sincèrement désolé de… ce qui s’est passé avec ton enfant. J’ai… aussi perdu un enfant durant l’Influenza, et je veux que tu saches que si tu as besoin d’en parler à l’avenir, je suis là. » Aaren ne voulait pas nécessairement remuer le couteau dans la plaie, mais en tant que père endeuillé, il ressentait le besoin de lui dire qu’il la comprenait, et qu’il était là pour l’épauler en cas de coups durs, chose qu’elle aurait forcément suite à cette perte. Il voulait lui montrer qu’en plus d’un allié, il pouvait aussi lui être un ami qui comprend la difficulté de sa position de leader mais aussi de mère blessée. Vint la question tranchante sur les jackals, là où le bât blesse. Aaren prit une inspiration avant de mettre une jambe sur son genou. « On a eu quelques problèmes lors de leur arrivée et récemment oui, mais la plupart des jackals sont bien tenus, d’ailleurs à l’écart du reste de la Carrière. Et je dirais qu’une énorme partie d’entre eux ne sont que des opportunistes qui ne se risqueraient plus à jouer au con sous peine de voir leur tête empalée sur ma lance. Ils ne feront évidemment pas partie de nos échanges quotidiens, au mieux, certains sous preuve de bonne conduite pourront bénéficier des vivres apportées. » Tous les jackals n’étaient pas à condamner, et si Aaren les avaient acceptés en premier lieu, c’est qu’il croyait aux secondes chances. Mais pour le bien de son alliance avec Peyton, il était prêt à les mettre de côté. Vint alors à son tour d’évoquer un sujet qui fâche. « Je suppose que tu peux facilement anticiper ce que j’ai besoin de savoir à mon tour. Les cavaliers. J’imagine le drame quand tous ces gentilshommes verront notre pouvoir qui rutile et qui rayonne. Et un gentilhomme en particulier : Abel. Comment comptes-tu t’occuper de lui et de sa présence régulière ici ? » Aaren n’avait pas besoin de rentrer dans les détails de sa relation avec Peyton ni même de la relation du chef des cavaliers avec lui-même pour voir que cela posait problème. Elle fréquentait Abel. Il détestait Abel. Abel ferait sa crise. Mais obtiendrait-il gain de cause ou Peyton serait-elle se montrer ferme ? Etait-elle prête à le sacrifier ?

 Ils auraient peut-être pu être amis dans une autre vie. Avant l’Influenza. Pas que cela ne soit pas impossible aujourd’hui, mais quand des menaces de mort pèsent en permanence sur vos têtes, difficile d’accorder pleinement sa confiance à quelqu’un. Toutefois l’ardoise entre la Carrière et Olympia est relativement blanche, et malgré la présence récente des jackals au sein de la Carrière, ils n’ont pas le même passif que celui qu’ils pourraient avoir avec les cavaliers. La confiance n’a pour l’instant jamais été rompue. « Je sais que cette potentielle alliance ferait tiquer pas mal de gens qui ont pu souffrir des jackals par le passé, mais quand ils verront tout ce que nous pouvons vous apporter en retour, je pense qu’ils comprendront que c’est la meilleure décision à prendre aujourd’hui. » Aaren peut comprendre la colère voire même le besoin de vengeance ou de justice pour certains olympiens qui ont perdu beaucoup de proches il y a deux ans à cause d’un assaut jackal absolument injustifié et cruel. Mais foutre en l’air tout ce que la Carrière pouvait apporter comme des vivres plus variés, une formation plus militaire et l’occasion pour chacun de mieux vivre à l’avenir, ça lui semblait en revanche ridicule et irraisonnable. La conversation se reporta alors sur les interrogations d’Aaren vis-à-vis du ranch. La réponse de Peyton sur le sujet fut claire et précise. Elle semblait professionnelle et apte à séparer le privé du public, et Aaren respectait cette distance. Il comprenait d’ailleurs sa situation puisqu’il était lui-même empêtré dans une sacré affaire avec la soeur de ce même Abel, et là encore, il y avait également un enfant dans l’équation. Chose qu’Aaren se garderait bien de dire à qui que ce soit évidemment. Si Peyton ne lui posait la question, car il savait qu’elle devait être au courant du passé qui l’unissait à Jenna, il n’en toucherait pas un mot de lui-même. « Je comprends, ce n’est pas à moi d’interférer dans vos relations, mais je suppose qu’on a dû déjà te dire d’être prudente dans vos rapports. La plupart des Carrières n’apprécient que très peu les cavaliers, et encore moins les Rhodes en général. Ce serait dommage que certains Carrières soient réfractaires à votre rencontre à cause des rumeurs qui pourraient ou ne pourraient pas circuler sur toi et Abel. » Même si comme elle le disait, depuis la mort de leur enfant, les choses étaient visiblement devenues désertiques, il se doutait, non, il savait qu’Abel allait encore venir se plaindre ou bitcher sur cette alliance proclamée. Comme un gamin pourri gâté qui veut que tous les joujous autour de lui soient les siens, même s’il les maltraitent. « Souhaites-tu prendre un peu de temps pour réfléchir à mon offre ? » Pour lui, la chose semblait bien tracée maintenant que la question de l’antiviral et des cavaliers était réglé, mais comme il était à l’origine de cette discussion, il lui donnait la possibilité de prendre quelques jours pour y réfléchir et en discuter avec ses conseillers proches.