Say something - Arlo C.

❝ Good times are coming… to an end ❞ Baby we're running out of money, honey we're running out of dough. I'm turning back to the man that I once was but it was fun to fool them for a while. Let's slow it all in a fiery bash and the rest we'll put up into smoke

« Yo Arlo, tu vas nous chercher des bières ou quoi ? » Demande Kyle qui fait l’étoile de mer sur le ventre sur le lit près de la fenêtre. Iggy, lui, est sur les toilettes, la porte grande ouverte depuis une demi-heure et Arlo gratte sur sa guitare, allongé sur le dos sur le deuxième lit, les pieds en l’air posés contre le mur, comme il faisait quand il était petit. « Pourquoi moi ? » Il soupire, son ton difficilement ressemblant à celui d’un homme de presque 35 ans. « T’as des plus grandes jambes, ça te fera moins à marcher. » Explique Thomas en entrant dans la chambre d’hôtel qu’ils se partagent pour le week-end. Arlo roule des yeux. « J’y vais si vous payez. » Il capitule. Il y a un moment de silence avant que Kyle et Thomas donnent chacun un billet à Arlo et qu’Iggy lui crie d’aller prendre ce qu’il lui faut dans la poche de sa veste. Arlo pose donc sa guitare, prend l’argent et après avoir lancé un petit « à tout’ les connards » pour le principe, descend dans les rues de New-York.

New-York. C’est Chet, en début d’année, qui leur a trouvé un plan ici. « C’est pas très bien payé, mais ça vous fera un peu d’entraînement, puis ça sera l’occasion de se voir ! » Il avait dit. Toby aurait aimé qu’il reste. Comme si elle pressentait que quelque chose de mal allait se produire, mais ils ont accepté. Une fois dans l’avion, Arlo a décidé que ce week-end il se donnait le droit de redevenir Arlo, le vrai Arlo, celui qui glande toute la journée, celui qui dit ce qu’il pense, qui est amoureux de sa guitare et qui profite du présent au lieu de s’inquiéter de l’avenir. Depuis la naissance de Chuck et Nora, il a pas eu beaucoup de temps pour lui. Il en a besoin.

Il fait frais dehors, même carrément froid, mais c’est plutôt agréable. Arlo observe les immeubles autour de lui et les gens qu’il croise un peu comme un môme, tout est si différent de San Francisco ici. Il a presque l’impression d’être à l’étranger. Ça aussi, c’est agréable. Sans réfléchir, il rentre dans la première supérette qu’il voit. Il y a peut-être d’autres magasins ouverts, mais il n’a pas spécialement envie de chercher. L’homme derrière le comptoir, un Indien ou quelque chose comme ça, lui lance un regard avant de reposer ses yeux sur une petite télé du siècle dernier. Arlo lui retourne son regard et se dirige vers le rayon des boissons. Il prend ce qu’il trouve. Pas les moins chers, mais pas ces conneries de bières surcotées et hors de prix juste parce qu’elles ont un joli logo et qu’elles plaisent aux gosses. Il attrape deux gros packs et retourne vers le comptoir. Il est en train de payer quand une meuf lui rentre dedans de plein fouet. Elle s’excuse et passe très vite de désolée à quoi, émerveillée ? Non, c’est peut-être un peu fort. Est-ce que tous les New-Yorkais sont comme ça ? « Nan, aujourd’hui y a quelques précipitations. » Il explique l’air très sérieux. D’habitude, les gens qui font des commentaires sur sa taille ne sont pas spécialement bienveillants, mais cette fille n’a pas l’air bien vilaine. Et puis physiquement elle est vraiment pas vilaine. « J’ai essayé pendant assez longtemps. Et puis un jour, j’ai réalisé que les plus belles étoiles étaient ici sur terre » Il lance avec un sourire charmeur comme si c’était une phrase qu’il avait bossé, alors que non, même pas, les pick-ups line pourries ça lui vient naturellement à Arlo. Un soupçon de culpabilité pointe le bout de son nez, mais est vite chassé par l’ancien-lui qui, comme convenue, fait son grand retour ce week-end.

Il la regarde payer sa boite de tampons avec un regard amusé (après avoir assisté à la naissance de deux êtres humains il en faut plus pour le mettre mal à l'aise), un pack de bière sous le bras et l’autre toujours posé sur le comptoir. Il n’a pas l’air de lui faire peur alors pourquoi pas tenter de se faire une nouvelle amie dans la grosse pomme ? Si elle veut pas, elle pourra toujours l’envoyer bouler. « Qu’est-ce que tu fais ce soir ? » Il demande avec l’intention de l’inviter au concert tout à l’heure.