stuck in the spiderweb (billie)

Ryan se sentait bien. Il pouvait enfin sortir d’Olympia et c’était agréable. De parcourir les forêts en respirant l’air frais, sans avoir quelqu’un sur son dos à longueur de temps pour lui dire quoi faire, où regarder ou comment pisser. La sensation qu’on commençait enfin à lui faire confiance, ça aussi c’était agréable. Il faisait partie des raideurs en quelque sorte. Il connaissait en effet très bien les environs et tout le monde avait pu constater ses habiletés au combat et sur son intelligence sur le terrain pour qu’on le considère comme un bon élément. Sa seule condition était qu’on le laisse un peu libre dans ses mouvements : il pouvait intégrer des plus gros groupes pour des expéditions lointaines, mais il pouvait aussi tracer son chemin en solitaire pour des expéditions seul s’il le souhaitait. Ca lui permettait d’évacuer un peu, mais aussi souvent de se laisser aller et faire sortir un peu les démons : ceux qui réclament du sang et de la violence. Car autant dire que les raideurs d’Olympia n’étaient pas des pilleurs sans foi ni loi donc lorsque Ryan était avec eux, il devait rester calme, se contenir de tuer ou s’imposer par la force dès qu’ils croisaient des solitaires ou des voyageurs sur leur route. Seul au moins, il était plus libre, il pouvait faire comme bon lui semble et il revenait calmé de ses pulsions sanguinaires au camp, donc tout le monde y était gagnant. Aujourd’hui, il avait décidé de s’aventurer dans de vieilles zones désaffectées. De ses explorations avant la prise du mall, il avait commencé à y repérer un potentiel camp assez large qu’il pourrait piller de quelques richesses. Sauf qu’il était resté enfermé assez longtemps à Olympia, et il y revenait donc en début de soirée, quand le soleil commençait tout juste à se coucher, afin de voir si le camp de survivants était toujours présent. La situation ne semblait pas claire à l’extérieur du bâtiment qu’il avait repéré, qui semblait être une vieille usine à trois étages. A pas de loups, armé de sa fine lame aiguisée, il prit une entrée derrière le bâtiment, qu’il avait là aussi repéré il y a quelques mois. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’il entendit les voix du groupe de survivants, il ne savait pas où ils se trouvaient tous exactement, les échos venaient de différents endroits. Mais Ryan se dit qu’ils devaient être au moins une dizaine vu l’ampleur de l’écho. Tous des voix d’hommes, des voix rauques et qui semblaient peu amicales. Ryan prit un escalier et monta au premier étage, puis au deuxième, ou il aperçut des lumières. Dans l’escalier qu’il montait pour aller au troisième étage, il vit une épaisse tracée de sang, et lorsqu’il arriva au troisième étage, suivant la tracée qui semblait fraîche vit un amas de corps jonchés dans un coin. Hommes et femmes confondus, Ryan en comptait six-sept à vue d’oeil, mais la tracée ne s’arrêtait pas là et il pouvait en avoir bien plus un peu plus loin. Ryan avait assez d’expérience pour savoir que ces gens avaient été tués par ceux-mêmes qu’ils entendaient rire et boire aux deux étages en-dessous. Il ne les blâmait pas. Mais ne les félicitait pas non plus. Sauf que maintenant, il savait qu’il avait affaire à des gens qui n’hésiteraient pas à le buter. Et il était tout seul. Il entendit même une des portes s’ouvrir dans un fracas. Voilà qu’au moins cinq-six arrivaient en plus. Merde, c’était peut-être une mauvaise idée d’être venu. Bon, on regarde ce qui y’a à cet étage, autrement on se tire d’là où on est venus. Il avançait discrètement avec sa lampe poche, la mettant vers le bas pour ne pas attirer l’oeil. Il tomba sur deux conserves abandonnés qu’il récupéra dans son sac avant d’entendre un bruit, comme un coup contre un des engins en métal de l’usine. Il éteint aussitôt sa lampe et tend l’oreille. Il espace ses pas. Se détournant de là ou il a cru entendre le bruit, essayant d’en faire le tour, accroupi et à l’affût. Caché derrière une rangée de bidons en métal, il voit alors passer une ombre, un corps vivant. Pas de grognement et le pas semble discret. C’est un être humain. Plus petit que lui. Il ne se laisse aucun temps de réflexion, et prend avec sa lame la personne de derrière, une main sur la bouche, le couteau sur la carotide avec le biceps pour couper la respiration. Il entend ses légers gémissements, mais Ryan n’ose pas parler. Alors qu’il hésite à en finir, pour s’assurer ses arrières, il semble néanmoins reconnaître l’odeur de cette personne, ce qui le surprend. Se décalant pour se mettre donc à la lumière nocturne d’une des fenêtres, il reconnaît soudainement Billie. Il s’empresse alors de la calmer, sans pour autant la lâcher, question de précaution. « Billie calme-toi, c’est moi Ryan. Je suis pas là pour te buter, j’ai pris peur. » il chuchote, tendant l’oreille pour voir si les pillards discutent toujours aussi bruyamment en bas. Il commence à légèrement desserrer son emprise tout en restant prudent. « Bon, je vais te lâcher, mais tu restes calmes hein ? Pas de cris, pas de poings dans la gueule, je suis pas avec eux… Gentille fille hein… » Il sait qu’elle ne le porte pas dans son coeur, et elle serait tout à fait capable de penser qu’il est avec ces pillards. Donc il lâcha son emprise doucement, pour éviter un mouvement brusque de la part de la brune, et limite prêt à se barrer en courant pour éviter son potentiel coup de sang…

Qu’est-ce qu’elle foutait là bordel ? La situation était incongrue et improbable. Ryan ne savait même pas comment se défendre en si peu de temps et en faisant peu de bruit. La situation était à charge contre lui, mais pourtant, il n’avait vraiment rien à foutre avec eux. Il avait l’impression d’être à un procès où il devait se défendre seul contre un jury qui le détestait. Peut-être l’histoire de sa vie. En même temps, il avait fait des sacrés conneries par le passé, pas étonnant que ça lui revienne dans la gueule en permanence. Billie n’était certainement pas la première ni la dernière à ne pas lui faire confiance. D’ailleurs, à peine dégagée de son emprise, voilà qu’elle lui attrape et lui tord le poignet. Ryan réprime alors un cri étouffé, mettant sa main sur celle de la brune pour tenter de la faire dégager alors qu’il serre les dents. Il parvient enfin à la faire dégager alors qu’elle s’insurge contre lui, mais à voix basse évidemment. « Mais toi t’es folle ou quoi ? C’pas le moment d’essayer de me casser le poignet. J’en ai besoin de ma main… » souffle-t-il à voix basse. Comment il ferait pour s'astiquer avec un poignet cassé hein ? Evidemment, ça il lui dit pas, ce serait donner le bâton pour se faire frapper. Il allume alors sa lampe torche et met la lumière sur sa main, pour laisser un filet de lumière discret qui leur permette de se voir l’un l’autre sans attirer l’attention. « Tu crois vraiment que si j’étais avec eux, je me planquerais comme un rat ? Si j’étais avec eux, désolé de te le dire Lara Croft, mais ça fait longtemps que tu serais morte ou en train de tourner entre les lascars du bas.  » Il ne voulait pas être méchant, mais simplement réaliste. S’il était avec eux, il l’aurait attrapée en plein jour, fait part de sa découverte immédiatement et les autres pillards se seraient probablement jetés sur elle. Maintenant qu’elle semble calmée, il se permet alors de continuer sa défense de façon plus légère, surtout lorsqu’elle lui dit qu’il est aussi taré qu’eux. « Très chère, vous me brisez le coeur, après tout ce que nous avons vécu, vous me pensez aussi sot et arriéré que ces pillards, je suis choqué, déçu, complètement retourné par vos propos. » dit-il toujours à voix basse, avec un air très bourgeois, comme s’il jouait l’homme trompé ou trahi dans une pièce de théâtre, mettant la main de Billie sur son coeur. « Entendez comme mon coeur saigne.... » ajoute-t-il d’un air dramatique au possible avant de mettre une de ses mains sur son front. Même coincé dans une usine avec une miner qui le déteste et pouvant à tout moment risquer de se faire choper par des pillards sans-pitié, Ryan ne perd pour autant jamais son humour ni son secret dessein : faire changer d’avis Billie sur son compte. Il s’écarte alors de Billie pour jeter un oeil à l’étage du bas où il entend toujours les pillards, qui semblent s’affairer à faire un feu dans un bidon pour la nuit. Il revient vers la brune qui semble pensive avant d’ajouter.  « Bon, plutôt que de s’engueuler, si on réfléchissait à un moyen de sortir d’ici vivants hein ? T’as une idée ? Je crois qu’ils sont en train de préparer un feu en bas, ils vont peut-être se disperser du coup… » Il a peine le temps de finir sa phrase qu’il entend des bruits de pas assez lourds dans l’escalier, tandis qu’une lumière se rapproche de leur étage. Il ferme donc aussitôt la bouche et commence à faire des signes à Billie. Il a vaguement appris la langue des signes, il veut lui faire comprendre qu’il faut attendre de voir combien ils sont ou si c’est un gars tout seul pour éventuellement l’encercler.  Mais ses gestes doivent être plutôt confus voire incompréhensibles pour sa destinataire. A voir ce que Billie comprend de son charabia visuel et si la brune a un autre plan…

Ryan ne savait pas comment prouver son innocence auprès de la brune. Sa réputation était entachée de coups bas et de trahisons. Il ne se ferait pas confiance lui-même à la place de Billie. Mais d’un autre côté, il n’avait aucun intérêt à trahir Olympia et son nouveau camp désormais. Il s’était donné tant de mal pour y rentrer et commencer à se faire une place, il n’allait pas niquer la maigre confiance qu’on lui avait accordé avec un groupe d’une dizaine de pillards qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Il n’allait certainement pas conquérir Olympia et le monde avec ces nigauds. Et puis, il appréciait Billie aussi. Ils avaient un jeu, un jeu qui s’était tacitement installé depuis qu’ils se voyaient notamment au centre-commercial pour le nettoyage : je te séduis et tu me repousses, tu me fuis et je te suis. Billie tenait bien son rôle d’impassible aux charmes du blond, et Ryan persistait dans ses efforts. Il ne savait pas réellement si elle l’appréciait dans le fond, mais en tout cas il avait compris qu’elle ne le détestait certainement pas comme elle le prétendait. Va, je ne te hais point, que disait la tragédie de Corneille. L’air ronchon et fatigué de ses imbécilités permanentes étaient d’une certaine façon ce qui le poussait à encore plus en rajouter.  « Plus sérieusement, si y’a bien un moment où tu dois me croire, c’est maintenant, autrement on va pas s’en sortir. » finit-il par dire, pour être sûre qu’elle lui fasse pas à l’envers quand il se sépara d’elle brièvement. Malgré leurs différences, s’ils restaient unis, ils avaient une chance de s’en sortir puisqu’ils fonctionnaient bien ensembles. Il fut étonné et agréablement surpris lorsqu’elle comprit son langage des signes un peu rouillé. Soudain, on entend un certain Junior qui monte et Billie continue de communiquer avec lui par des signes. Ryan reste donc bien silencieux en voyant le pillard s’approcher d’eux avant de se faire maîtriser par Billie. Elle le neutralise d’ailleurs de la même façon que lui avec elle plus tôt. Ryan, accroupi, jette un oeil en-dessous pour voir si les autres pillards ont été alertés. Toujours occuper à boire et rire bruyamment, il fait signe à Billie que tout est ok et se rapproche d’eux. Le pillard est affabulé d’une casquette rouge ridicule sur laquelle est marquée “Make Predator Great Again”. Ryan n’a aucune idée du pourquoi du comment de ce slogan mais voulant toujours jouer à l’idiot, lui prend la casquette avant de l’essayer. Elle semble lui aller comme un gant et il regarde Billie en face de lui en jouant la pose avec son visage. « Alors qu’est-ce que t’en dis ? Elle en jette ou pas ? J’suis beau gosse avec ? » Il n’a pas le temps de dire beaucoup plus puisque le pillard se met à gémir et Billie accroît donc son emprise sur lui. Ryan se met donc à lui foutre une baffe, puissante mais silencieuse avant de le pointer du doigt. « Ecoute Junior, tu devrais t’estimer heureux qu’elle t’ait pas encore tué alors soit t’arrêtes de chouiner et tu coopères, soit on te bute et personne n’aura le temps de venir te sauver. Aussi simple que ça. On va commencer par une question simple : vous êtes combien ? » Il laisse une minute à l’homme pour considérer ses options et comprendre que parler semble être la meilleure solution pour lui. Comme il reste silencieux, Ryan finit par prendre la main de Billie posée sur le couteau pour le rapprocher de sa victime, ce qui lui délie soudainement la langue. « Six. Avec moi on est six .» Ryan lui fait signe de la main de parler moins fort. Tend l’oreille. Pour l’instant, tout va bien. « Et ils sont tous à l’étage en-dessous ? Vous êtes armés ? » « - On est tous rassemblés en bas autour du feu oui, on a récupéré un gros arsenal d’armes donc je vous conseille de dégager. » Ryan arqua un sourcil. Il osait les menacer alors qu’il était clairement en position où il pouvait se vider de son sang à tout moment ? Si ça ne tenait qu’à lui, il l’aurait déjà buté, mais bon, il devait faire bonne figure pour Billie. Il tourna son regard vers elle, le poing fermé et proche de son couteau, prêt à lui enfoncer la lame dans le crâne et en finir rapidement. « T’as quelque chose à lui demander ? » chuchota-t-il à Billie. Peut-être un truc auquel il n’avait pas pensé même s’il pensait avoir toutes les cartes en main pour déguerpir d’ici. Dis-moi que je peux le buter s’il te plaît, ça me démange.

Billie semblait étrangement silencieuse. Elle se contentait de resserrer sa prise lorsque Junior semblait un peu trop impatient. Devinait-elle ses intentions ? Celui d’en finir avec le jeune homme. Un de moins déjà après tout. Comment déterminer après tout que dès qu’elle le lâcherait ? Il ne s’empresserait pas de crier ou de déguerpir avertir ses compagnons ? ils étaient plus nombreux donc sans l’effet de surprise, Billie et lui n’iraient pas bien loin avant de finir froid comme les autres corps qu’il avait vu tout à l’heure. Ils avaient toutes les informations en vain, maintenant il fallait s’en débarrasser et avancer. C’était ce que Ryan savait faire de mieux : débarrasser et avancer. C’est pour ça qu’il avait été un bon leader pendant deux ans, qu’il avait conduit un groupe de quatre-cinq branquignoles à devenir un groupe d’une vingtaine de personnes craint des autres voyageurs qu’ils rencontraient sur le chemin. Ryan commença à poser la main sur son couteau afin de lui asséner un rapide coup de couteau dans la tête, totalement de sang-froid, mais il croisa le regard de Billie qui lui faisait les gros yeux et ne voulait pas lâcher Junior. Ryan hésita presque à montrer les dents, comme une forme primaire pour appuyer son argument et faire parler son autorité sur la décision, mais il faut croire qu’il avait suffisamment de respect pour elle pour attendre de voir ce qu’elle voulait en faire. Elle lui posa alors une simple question, combien d’humains il avait tué par le passé, comme si un mini-procès pour juger de sa vie avait lieu. « Pas beaucoup, trois exactement, que lorsque j’avais pas le choix, j’suis pas un salopard, j’peux pas juste pas survivre seul sans ces types. » L’homme avait l’air paniqué et Ryan ne connaissait que trop bien ce regard pour savoir qu’il n’était peut-être pas tout à fait sincère. Lui-même avait menti sur une grande partie de son histoire chez les jackals pour intégrer Olympia, donc c’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. « Donc t’auras aucun mal à m’expliquer pourquoi j’ai trouvé en venant à cet étage une douzaine de corps fraîchement morts d’hommes et de femmes ? Si j’fais le calcul, à six, vous en avez buté au moins deux chacun, tu les a pris en compte eux ?  » La sueur commençait à perler sur le front de l’homme et l’odeur de la peur devenait soudainement palpable à quelques centimètres de son visage. Démasqué, il faut croire. Ryan ne prit pas la peine cette fois-ci d’écouter ce que Billie avait à dire et attrapa un bout de métal à côté d’eux pour lui asséner un violent coup à la tête. Avec la pression de Billie autour de lui, l’homme ne bougea pas d’un pouce et fut immédiatement inconscient. Ryan retira Junior de la prise de Billie pour le poser dans un coin, à la pénombre. « Les choses que je ferais pas pour être dans tes bonnes grâces. » dit-il alors, laissant un peu rouler son accent texan dans un chuchotement langoureux. Il s’approcha alors de l’étage pour voir que les pillards étaient toujours en place et ne se s’inquiétaient pas encore de l'absence prolongée de leur ami. « Je pense que la sieste de Junior va durer un petit moment, donc on est tranquille, mais faut vite qu’on bouge, ils risquent bientôt de se demander ou est passé leur petit copain. » Descendant doucement les escaliers, il s’arrêta un peu avant d’entrer dans la lumière du deuxième étage, posant sa main derrière lui pour arrêter Billie qui le suivait. Main qui atterrit malencontreusement sur la poitrine de la brune. « T’es stressée ou juste affolée d’être si proche de moi ? » il tenta de se retenir de rire. C’était pas le moment de jouer au con bordel. Il jeta un oeil bref pour voir que quatre pillards étaient rassemblés autour du feu, et un sur le côté en train de ronfler à côté de l’arsenal d’armes. « On peut s’emparer de l’arsenal d’armes sur la gauche, le mec à côté est probablement ivre mort. Mais y’a de grandes chances qu’un des mecs en face nous voit….  Je pense qu’il va falloir un appât ou un bruit suspect de l’autre côté avec l’autre escalier pour les forcer à s’éloigner... » L’idée ne l’enchantait guère, mais il fallait qu’ils dégagent du feu source de lumière pour qu’ils puissent se glisser vers l’arsenal ou au moins atteindre une arme. « On fait pierre-feuille-papier-ciseaux ? Sinon, si tu me donnes un baiser de bonne fortune, je me porte volontaire. » Ryan n’avait pas particulièrement envie d’y aller, mais que ce soit lui ou elle, c’était pareil donc tant qu’à faire, autant en profiter pour gratter quelque chose. S’il allait peut-être mourir, autant qu’il ait réussi à toucher une dernière fois de douces lèvres féminines…  

Ryan ne savait pas pourquoi soudainement cette aventure lui paraissait drôle. Il faut croire que depuis qu’ils avaient descendu le maigre escalier et qu’il avait vu ce beau stock d’armes, l’adrénaline était montée en flèche. Il savait qu’avec au moins une partie de ce joli pactole, il aurait peut-être droit à une double ration de dessert à Olympia, ou encore mieux, un peu plus de respect de la part de ses camarades. S’il ramenait des armes qu’il offrait à la communauté, ça montrait bien qu’il n’était pas hostile ou soucieux de commettre un coup d’Etat sanglant à l’avenir... non ? Ryan espérait qu’Olympia voit ça comme une vraie avancée du jeune homme dans son insertion à la communauté de la ville. Mais pour cela, il fallait déjà ramener les armes. Le sac allait probablement être assez lourd et pas sûr qu’il puisse le transporter à deux, du moins, sans faire de bruit. Ils auraient pu s’emparer des armes, se mettre dans un coin et tirer sur tout ce qui bouge en deux-trois temps de mouvement, mais même s’ils étaient tous les deux de bons tireurs, pas sûr qu’ils en viennent à bout sans y laisser quelques plumes. Et puis, cela ne semblait pas être la manière dont Billie souhaitait opérer. Cette dernière, comme à son habitude, semblait visiblement agacée par ses tentatives de charme un peu lourdes. Il faut dire qu’il commençait lui-même à se fatiguer de la séduire. Il s’attendait évidemment à ce qu’elle porte volontaire suite à sa proposition d’un baiser contre lui en appât. Si elle l’avait embrassée, il n’était même pas sûr de comment il aurait réagi car cela faisait bien longtemps que ses lèvres n’avaient pas volontairement touché celles de quelqu’un d’autre. Il fut en revanche surpris qu’elle se mette soudainement à tirer sur son t-shirt pour mettre en valeur sa poitrine avant de lui faire une remarque taquine ponctué d’un clin d’oeil. Il lui répondit d’un sourire coin. « C’est comme si c’était fait sucre d’orge. » Il observe alors la brune partir, d’abord perplexe et soucieux de la réaction de leurs adversaires. Ces derniers, initialement surpris, avec l’alcool, détendirent rapidement leur main sur la gâchette pour harceler Billie de questions parfois sérieuses et souvent salaces. Qu’est-ce qui t’amènes ici poupée, t’es bien vilaine de t’aventurer par ici et bien plus encore… Ryan profita de la diversion pour se faufiler derrière les hommes qui s’avançaient dans la direction de Billie. Dans l’obscurité, il s’approcha de l’homme qui ronflait désormais de façon assez bruyante et s’empara du sac le plus gros qui contenait gros calibres en pièces détachées et des armes de poing. Il s’empara de plusieurs pièces détachées pour former un gros calibre, un AK-47 lui semblait-il. Le bruit du cliquetement des pièces qui s'emboîtaient ne réveilla pas l’homme endormi mais sembla attirer un des hommes que Billie tentait de distraire. Ryan attendit que l’homme s’approche dans sa direction pour soudainement lui placer une droite et le désarmer. Il finit d’emboîter la dernière pièce de son AK-47 avant de le prendre en joue et éloigner son arme de lui. Tous les yeux se tournèrent alors vers lui, sauf l’homme, toujours paisiblement endormi. Définitivement pas quelqu’un sur qui on pouvait compter. Il fit signe à Billie de s’approcher derrière lui pour récupérer l’arme qu’il venait d’ôter à l’homme. « Bonjour à tous, comme vous pouvez le voir, je suis en possession de vos armes. Toutefois, si on compte toutes les personnes que vous avez buté en haut pour vous les procurer, je pense qu’on peut dire qu’elles appartiennent désormais au domaine public.» Plutôt que de partir en baston généralisé périlleuse, mieux valait prendre les deux hommes du groupe en otage. Après tout, sur les six du groupe, ils venaient d’en neutraliser trois. A long terme, ils n’avaient donc pas intérêt à les tuer pour se retrouver à trois cons avec des sacs trop nombreux et trop lourd pour leur capacité physique. « Si vous ne voulez pas que Stroumph Simplet et Stroumph Dormeur ici présents ne crèvent, je vous conseille de me laisser ma collègue et moi prendre la porte de sortie à quelques mètres derrière nous. Et pas la peine de compter sur Stroumph Junior pour vous aider. Je ne pense pas qu’il va revenir de sa petite exploration...  » Ryan laissait planer le doute, un sourire un peu sadique aux lèvres. Histoire de leur faire comprendre qu’ils avaient peut-être buté leur acolyte. Ils étaient donc officiellement trois en état de pouvoir leur nuire désormais, sans compter les deux désarmés au sol. Ryan lança un petit sourire confiant et fier de lui à Billie avant de se tourner vers les hommes, le doigt sur la gâchette, attendant de voir s’ils allaient jouer les commandos ou non…
 

Ryan dirait presque qu’il aimait ça. Sentir toute l’adrénaline traverser son sang. Avoir réussi  leur coup avec Billie. Certes, ce n’était pas fini. Peut-être que ces pillards étaient des as de la gâchette. Même si Ryan pensait que c’était des gros bourrins à l’apparence effrayante. Des brigands auxquels tout avait souri jusqu’à présent. Jusqu’à ce qu’ils tombent sur Ryan et Billie. Ils étaient surpris et perdus, trahis par leurs doigts tremblant sur la gâchette et leurs regards paniqués en biais à leurs coéquipiers. Ryan profita de leur moment de réflexion pour évaluer la distance qui les séparait de la petite porte derrière eux. Il espérait simplement qu’elle était ouverte. C’était le risque qu’il avait pris dans leur plan. En même temps, c’était la seule option qui s’offrait à eux, même s’ils avaient décidé de ne pas s’emparer des armes. Autrement, il y avait bien eu une autre option : abandonner Billie à son sort et s’enfuir discrètement. Sa disparition ne serait jamais remontée jusqu’à l’ex-jackal. Juste une personne de plus qui a dû faire une mauvaise rencontre en s’éloignant un peu trop de la Mine. Mais Ryan ne pouvait pas s’y résoudre. Il était peut-être égoïste, manipulateur et vicieux, mais il était surtout cohérent. Ses armes représentaient un bon moyen de redorer son propre blason à Olympia. Billie lui donnait une voie d’entrée à la Mine et éventuellement pour mettre la main sur Casey. Et puis, il appréciait la brune. Le calcul était donc en réalité bien plus favorable à l’option la plus risquée et à la collaboration. A vue d’oeil, ils avaient probablement une dizaine de gros pas à effectuer pour atteindre leur porte de sortie. Ryan recula d’un pas prudent face à leurs adversaires encore pensifs. Il sentit le regard de Billie un peu fière de lui - elle aura beau le nier, il sait ce qu’il aura vu à cet instant. La tension est à son comble lorsque Stroumph Dormeur se réveille, étrangement au moment le plus silencieux de leur altercation. Il faut croire qu’aujourd’hui le silence le plus complet est davantage synonyme de danger que des bruits de conversations. Le dormeur s’éveille doucement, pour trouver la pointe d’un fusil près de son visage. «Salut l’ami, j’espère que t’as décuvé car à la moindre connerie, la balle va droit entre tes deux yeux. » Et puis tout d’un coup, des coups de feux tirés. Ryan comprit que Billie avait probablement vu venir le coup de feu de l’un des assaillants à mille kilomètres, n’empêche que maintenant, ils se tiraient tous dessus. « Bordel de… » il se mit à couvert derrière un épais poteau en métal. Ces mecs n’étaient pas mauvais sans être d’excellents tireurs. Ryan vit une opportunité de les distraire avec un petit bidon d’essence à quelques mètres d’eux. Cela ne servait à rien d’essayer de les neutraliser un par un. Mieux valait fuir en seul morceau avec les armes. Ryan tira sur le bidon d’essence puis sur le filet qui sortit du bidon, ce qui déclencha une flamme avant de faire exploser le bidon dans un grand bruit d’explosion plus impressionnant que réellement dangereux. Il profita de la distraction des brigands - un peu paniqués que tout explose - pour attraper la main de Billie et la tirer vers la porte de sortie. Ouverte. Ouf. Et puis ils coururent pendant un petit moment. 5 minutes peut-être. Mais les armes étaient un peu lourdes. Ryan finit par s’arrêter de fatigue lorsqu’il se sentit suffisamment en sécurité. Il cracha par terre avant de passer la main dans ses cheveux pour se recoiffer légèrement et éponger de sa manche la sueur sur son front. « Eh beh, pas une partie de plaisir mais on aura quand même bien rigolé hein ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On se partage les armes ? » Ryan lâcha le gros sac qu’il avait mis en bandouillère à terre avant de s’étirer le dos. Il y avait au moins cinq-six armes différentes en pièces détachées, en plus de celles qu’ils avaient dans la main, et beaucoup de munitions diverses et variées. Ils pouvaient chacun ramener un beau butin dans leur camp respectif, mais à voir si Billie voulait seulement des armes ou non…