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Grippe, colère, travaux, plaintes, voilà à quoi était confronté le quotidien à la mine. Les jours passaient et l’impression que la mine devenait exiguë se faisait de plus en plus sentir. La pression des gens enfermés à l’intérieur ou à l’extérieur pesait dans l’atmosphère. Ce qui était étonnant c’est que quelqu’un avait fini par réussir à rentrer dans ce huis clos improvisé. Le pire c’est qu’il s’agissait d’une Riders. Casey n’avait pas compris, s’était contentée de suivre les ordres et n’avait pas cherché plus loin. Il y avait déjà assez à faire avec les Miners sans pour qu’elle puisse prendre le temps pour la nouvelle arrivée. Toutefois, elle avait entendu les rumeurs par la suite, il s’agissait d’une Rhodes. Là, les choses étaient devenues beaucoup plus intéressantes. Après sa rencontre avec mini-Rhodes et les informations qu’il avait dévoilé, il était probable que la sœur sache d’autres choses. Enfin, elle était habituée à ne pas avoir trop d’espoir, ni à monopoliser inutilement de l’énergie pour des espérances vaines, voire des causes qui n’en valaient pas la peine.
Cependant, une occasion se présenta à elle. Le garde qui était chargée de surveiller le respect de la quarantaine était malade. Non pas à cause la grippe mais un problème intestinal dont Casey ne voulait pas avoir les détails. Elle s’était naturellement portée volontaire pour apporter le repas à la « détenue ». Armée de son plateau repas, elle se dirigea vers le donjon de la princesse Rhodes. La jeune femme se força à mettre sa mauvaise humeur de côté et d’attaquer une conversation normale, sur de bonnes bases. Histoire de changer un peu. Elle entra donc dans la pièce, la Riders était là, de bout, sûrement en train de tourner comme un lion en cage. Qu’est-ce qu’elle pouvait comprendre cette sensation ! Quelques secondes s’écoulèrent alors qu’elle détailla Jenna du regard. Sans vraiment savoir pourquoi, elle s’attendait à une nana-tête-à-claque ou une princesse avec des jolis nœuds dans les cheveux mais elle n’était rien de cela. En fait, elle ressemblait même à quelqu’un de normal qu’elle aurait pu croiser sur la route. "Salut." Elle posa le plateau repas sur le premier meuble et s’éloigna vers le fond opposé de la pièce. La grippe ça l’a tentait pas des masses. "Jeremy est malade, donc c’est moi qui suis de corvée aujourd’hui. Je suis Casey au passage..." Difficile d’être sociable, normale mais elle y mettait du sien. Néanmoins, elle comprit que se présenter comme chef de la sécurité n’irait pas forcément dans son sens, alors autant laisser ça de côté pour le moment. "Est-ce que tout va bien ? Besoin de quelque chose ?" Elle voulut rajouter : hormis de mètres carrés en plus, mais se passa d’accentuer la sensation d’enfermement de son interlocutrice. Cas’ s’alluma une cigarette tout en s’asseyant sur le tabouret de fortune qui trônait là. Oui elle était partie pour rester là un peu plus longtemps.

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Invité. Otage. La limite entre ces deux statuts est bien mince. Voilà déjà plusieurs jours qu’elle se trouve manifestement placée en quarantaine. Elle comprend, la sécurité avant tout. Ce qui n’empêche pas qu’elle ait cette douloureuse sensation d’être emprisonnée et irrémédiablement seule. Elle en vient même à regretter la présence de Zed, cet être horripilant mais néanmoins distrayant. Après tout, elle est confinée entre quatre murs, ne voit pratiquement personne de la journée et se contente de… se tourner les pouces en attendant ses repas. L’ennui poussé à son paroxysme. Donc, elle est en prison, du moins pour l’instant, constat pas franchement enthousiasmant. Elle soupire, s’affaissant sur le lit de fortune. C’était la bonne décision. C’est ce qu’elle se répète en boucle afin d’apaiser sa conscience parfois tourmentée. Souvent, elle pense à Archer, Abel et Aaren, autrement dit ceux qui doivent probablement pâtir de son propre choix. En réalité, elle n’éprouve que des remords à l’égard du fils Diggs. Il est un dommage collatéral, un dommage non-souhaité. Elle ne peut certes pas lui venir en aide pour l’instant, mais dès qu’elle aura l’occasion de croiser Arianna, elle s’occupera de cette situation délicate. Après tout, elle est la mieux placée pour l’extirper de ce contexte épineux. Bref, un tas de choses à régler en somme et elle est coincée ici. C’est exaspérant. Pour combien de temps encore ? Bonne question. Quelques jours il semblerait, elle prie pour que ça ne s’éternise pas plus longtemps. De toute façon, si Anita ne souhaite pas qu’elle devienne cinglée, elle a tout intérêt à ne pas poursuivre cette détention. Déjà qu’elle tourne en rond.

Elle se dresse sur ses deux jambes tandis que l’écho de pas déterminés lui parvient. C’est l’heure de la bouffe et de ses échanges quotidiens avec Jeremy. Elle l’apprécie plutôt bien, du moins, il a l’audace de lui tenir tête, sans oublier ses vannes douteuses qui ont le don de lui arracher quelques légers rires. Il est sa distraction journalière. Elle fronce instinctivement les sourcils alors que la silhouette d’une femme se dessine dans l’encadrement de la porte. Donc, pas de Jeremy. Elle l’observe un moment sans mot dire. Malade. Une pointe d’angoisse la gagne un instant. Elle n’est pas venue s’enfermer dans ce trou humide pour finalement se retrouver exposée à la grippe. « Malade ? Ne me dis pas qu’il a la grippe, ce serait con que je croupisse ici si la mine est également touchée par l’épidémie. » Parce que si elle n’est pas non plus en sécurité ici, alors autant qu’elle prenne ses jambes à son cou. Ce serait vraiment le comble du comble. Karma à la con. Elle s’empare du plateau repas dont la composition semble déjà plus appétissante qu’hier soir, en même temps le contraire aurait été pratiquement impossible, et s’installe confortablement sur le lit, dos calé contre le mur froid. « Je crois que je n’ai pas besoin de me présenter. » reprend-elle finalement. Son identité n’est un secret pour personne. Au moins, ça évite les présentations superflues. « Compte tenu de la situation ça pourrait être pire. » Elle n’est pas dehors, dans le froid, elle est logée, nourrie, alors même si ça craint, oui, elle ne peut pas ouvertement se plaindre. Même si elle aimerait, oh oui, ça la démange, mais elle ne peut décemment pas confier ça à une parfaite inconnue. « Ce dont j’ai besoin ? D’espace, peut-être. Ah et aussi, une crème anti-vergetures. » Parce que sa grossesse est également de notoriété publique dans le coin. L’identité du père non par contre, elle ne veut pas placer Anita en position de force avec cette information. Elle esquisse un sourire entre deux bouchées de… elle ne sait trop quoi exactement, en tout cas ce n’est pas si mal. Si elle doit se coltiner la présence de Casey pendant son repas, autant commencer par des blagues à deux balles, histoire de briser la glace, ou pas.

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La nouvelle de la maladie de Jeremy fit plus d’effet qu’elle ne l’aurait cru. En fait, l’idée que Jenna pense qu’il s’agisse de la grippe ne l’avait pas effleuré, les détails avaient été évités pour des questions d’appétence. Mais si la jeune femme y tenait, elle pouvait très bien raconter les problèmes gastriques du garde. Non, comme elle avait dit, elle voulait partir sur de bonnes bases et écœurer, voire faire vomir l’autre, n’était pas la meilleure des idées. "Rien à voir, ne t’en fais pas. Juste une dispute entre son colon et lui. Ca ne regarde qu’eux."Elle haussa les épaules avec un rapide sourire. Toutefois, l’inquiétude de son interlocutrice lui donna une indication sur sa présence ici. Le « également » avait été le mot clef. C’était donc pour échapper à l’épidémie qu’elle était venue se réfugier ici. Une autre interrogation restait en suspens, pourquoi Anita l’avait accepté ? Certes, il s’agissait d’une Rhodes mais qu’est-ce que la leader pouvait bien gagner dans cette procédure… A l’exception de la colère des Riders, ou de leur gratitude ? A vrai dire, Cas’ n’était pas douée pour la politique et rien que d’y réfléchir lui embrouillait l’esprit plus qu’autre chose. Elle tira sur sa cigarette dévisageant « celle qui n’avait pas besoin de se présenter » et écarquilla les yeux devant sa demande. Une crème pour les vergetures ? La blonde avait largement oublié ce détail : Jenna était enceinte. Sûrement pour cette raison que les portions de nourriture étaient largement mieux servies que pour les Miners. C’était peut-être une princesse après tout ! Ou peut-être qu’il s’agissait juste d’un trait d’humour que la surprise l’empêcha de comprendre. Préférant la seconde option, elle poussa tout de même un soupir amusé."Pour le moment ça va être difficile! L'un comme l'autre."Casey n’était pas spécialement au courant de la durée de la quarantaine, à vrai dire, elle n’avait que peu d’info sur le pourquoi du comment de ce qu’il se passait dans cette pièce. Son regard se posa sur les murs puis sur le peu de meubles qui habillaient l’endroit. C’était spartiate mais c’était la mine, il ne fallait pas s’attendre à autre chose. "Si ça peut te rassurer, on a tous de nombreuses cicatrices bien plus vilaines que des vergetures, donc je pense qu’esthétiquement, t’as pas trop à t’en faire…" Princesse Rhodes et ses vergetures… Elle regarda la brune, l’amusement transparaissant dans ses yeux, sûrement plus pour ce qu’elle pensait que ce qu’elle avait dit. D’un geste vif, elle écrasa la cigarette à moitié fumée sur un pan de mur. Pas qu’elle n’avait plus envie de fumer mais avec une femme enceinte dans la même pièce, elle devait agir en conséquence. De bonnes bases on a dit ! "Plus sérieusement, j’aimerai savoir si t’es bien traitée et si non, à qui je dois casser la gueule ?" Autant prendre les choses sur le ton de l’humour et continuer la conversation de cette façon. Cas’ se doutait bien que Jenna était traitée correctement, rien n’indiqué le contraire. Par ailleurs, ce n’était pas le style d’Anita mais s’en inquiéter était la meilleure façon pour un échange agréable et surtout obtenir des informations permettant de répondre à sa curiosité. En parlant de curiosité :"Hormis le fait qu’on te fournisse pas de crème anti-vergetures mais en même temps, quelle idée de venir se perdre dans la mine…" Même si elle doutait sérieusement que le ranch puisse avoir ce genre de produit.

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L’idée que Casey puisse être présente aujourd’hui dans l’unique but de la jauger, lui soutirer des informations, lui traverse l’esprit l’espace de quelques secondes. Au final, ce n’est pas vraiment important. Ce n’est pas comme si elle avait des choses à cacher si ce n’est l’identité du père de son enfant. Aaren Diggs qui met en cloque une Rhodes, ça vaut de l’or, ça permettrait à Jones de prendre l’avantage sur la carrière. Elle compte donc garder ce détail pour elle, bien au chaud dans sa caboche. Le reste n’a rien de bien compromettant. Et puis de toute façon, à part satisfaire une curiosité probablement personnelle, en quoi est-ce qu’elle pourrait bien utiliser à son avantage les informations qu’elle serait susceptible de lui glaner ? Anita est déjà au courant de tout, presque du moins, alors elle n’a pas vraiment de raison de s’inquiéter outre mesure. Elle reporte son attention sur son plat, soulagée tout de même que Jeremy n’ait pas chopé cette foutue grippe. De un, parce que cela signifie qu’elle n’a pas été en contact direct avec la maladie et de deux, parce qu’elle l’aime plutôt bien. Elle ne sait pas exactement si c’est à cause des hormones ou non mais, elle s’est assez rapidement attachée à lui. En même temps, c’est pratiquement la seule tête qu’elle voit depuis son arrivée. Forcément, ça crée des liens.

Jenna observe, avec une certaine satisfaction non dissimulée, le visage de la mineuse se décomposer légèrement suite à sa demande peu commune. Elle n’a pas vraiment l’air d’être une adepte de son humour, peut-être qu’elle n’est pas adepte de l’humour tout court, ça ne l’empêche cependant pas de relancer avec une pointe de plaisanterie. Un bon point pour sa nouvelle interlocutrice. « Les cicatrices, c’est la nouvelle mode de l’ère post-apocalyptique de toute manière. » Elle sait de quoi elle parle, elle s’en coltine des tas. Dont une le long de son abdomen, et pas des moindres, souvenir des premiers jours de cette fin du monde persistante. Elle n’est pas nostalgique de cette époque, les rôdeurs étaient encore bien trop vivaces et frais. L’amusement de Casey est palpable. Au moins, elle a le mérite d’être distrayante, c’est déjà ça de pris. Elle se demande bien ce qu’elle peut penser à cet instant. Est-ce qu’elle correspond à ses attentes ou pas du tout ? Tout le monde se fait sa propre idée de ce à quoi peuvent bien ressembler les Rhodes. Soit on les imagine comme des bouseux, des fermiers composés de deux neurones, soit comme des pètes-sec. Il y a encore d’autres variantes, oui, mais ce sont celles qui ressortent le plus souvent.

Les choses sérieuses. À quoi bon ? Elle fronce les sourcils, surprise et déroutée. Pourquoi est-ce que ça l’intéresse ? Oui, elle est bien traitée, de toute façon ce n’est pas compliqué de surpasser les conditions de vie de la carrière ou même le quota de sympathie des marchands à son égard. « À moins que l’ennui ferme ne soit considéré comme une torture, je dirais que je suis plutôt bien traitée par tes comparses. » Hormis les œillades insistantes, une pointe méprisante, de certains gardes. Faut croire que la réputation qui va de pair avec son nom de famille n’octroie que peu d’avantage et donc de compassion. Mais elle s’en fiche totalement, elle a l’habitude de toute façon. « Mais merci de ta… considération en tout cas. Bien que pour l’instant je sois encore capable de casser quelques dents à ceux qui me cherchent des noises. » Pas encore impotente, elle a un peu de temps devant elle avant de gonfler comme un ballon de baudruche, même si c’est en cours, elle n’en est cependant pas au stade baleine. « Dis-moi, Casey, qu’est-ce que tu veux savoir au juste ? Je veux dire, il y a bien une raison te poussant à remplacer Jeremy, à moins que tu ne sois là par pure obligation, ce dont je doute un peu. » Non, Jenna n’a pas pour habitude de passer par quatre chemins. Puis, peut-être pourra-t-elle satisfaire la curiosité de Casey sans autre détour.

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Pas faux. Même si Jenna mettait ça sur le compte de l’humour, les cicatrices étaient effectivement une sorte de nouvelle mode depuis le début de l’influenza. Si on avait pu se vanter de ça, Cas’ aurait sûrement postulé aussi pour de miss cicatrice du mois, même si de nombreuses personnes étaient plus amochées. De fait, et par curiosité, elle détailla Jenna à la recherche de marques fashion mais aucun reste de blessure n’était apparent mais ça ne voulait rien dire. Pour le moment, elle avait encore un peu de mal à se faire une idée sur son interlocutrice. Au moins, elle était bien traitée par les Miners. La blonde ne savait pas exactement jusqu’à où allait le « traitement », quelles étaient les consignes d’Anita mais de ce qu’elle avait entendu, elle savait que Jenna n’était pas considérée comme une prisonnière, plus comme une invitée, voire même comme une future Miners. N’étant pas une grande fan de la politique, elle ne connaissait pas les répercussions que ça aurait sur les relations entre les clans mais elle se doutait bien qu’il y avait un avantage à avoir une Rhodes entre leurs murs. Ces mêmes Rhodes qui avaient attaqué la mine quelques années plus tôt. Les traits détendus se fissurèrent un moment lorsqu’elle se demanda si la brune faisait partie de cette opération où son frère et son père sont morts. Enfin surtout son père… Elle sortit de ses pensées sombres lorsque son interlocutrice lui annonça qu’elle était aussi capable de casser des dents. Le sourire de Casey s’élargit. Clairement princesse Rhodes pouvait très bien se prendre en main et se salir un peu quand c’était nécessaire. "Je suis là pour ça."Dit-elle en haussant les épaules devant une évidence – qui ne devait pas l’être pour Jenna. Un cassage de dents par la chef de la sécurité passerait sûrement mieux qu’un cassage de dents par une étrangère. Attentive, son regard se posa à nouveau sur elle lorsqu’elle entendit son prénom. Sa franchisse arracha un autre sourire à la blonde. C’était rafraichissant. Elle n’était pas dans l’agressivité, ni sur la défensive, elle posait juste les questions directement sans prendre de gants. Décidément, elle appréciait de plus en plus cette Rhodes. "Au moins, tu es beaucoup plus directe que ton frère, c’est appréciable."Sa rencontre avec Caden l’avait marqué, non seulement à cause des révélations qui lui avait balancé mais aussi par son comportement hypocrite et lâche. Néanmoins, ce n’était pas pour ça qu’elle détestait l’homme, étrangement. Sûrement parce qu’elle ressentait une espèce d’empathie à son égard. Elle se souvenait très bien de ses plaintes vis-à-vis de famille dysfonctionnelle et aussi de son désir de s’en séparer. Peut-être était-ce pour cette même raison que Jenna était là aujourd’hui…"Caden je veux dire."Elle se souvint de l’autre frère, Abel, qu’elle ne connaissait pas et n’avait certainement pas envie de réparer ce manque. Sa réputation le précédait. Contrairement à Jenna, lui paraissait être un gamin pourri gâté d’une famille royal qui voulait faire mumuse avec ses armes. "Pour te répondre, il s’agit juste de curiosité. Si on doit jouer franc jeu alors je vais être plus précise : je ne suis pas au courant de ton deal avec Anita et ça me regarde pas mais je t’avoue que ta présence ici m’intrigue. Je n’ai jamais mis les pieds au ranch mais de ce que je sais, vous êtes pas mal lotis surtout quand on s’appelle Rhodes alors pourquoi la mine ?"Jouer franc-jeu, c’était plus simple à dire qu’à faire parce qu’un problème se poser : Anita. Ne connaissant rien de la relation qui unissait les deux femmes, elle ne pouvait pas poser sa question directement. Par ailleurs, Jenna n’avait aucune raison de donner sa confiance, mais surtout, son silence à Casey. Cependant, elle décida d’une autre approche. "Et il y a une autre raison, je me demandais si tu connaissais le nom de Red ou Redfield?"Après tout la chef de la sécurité n’avait pas donné son nom de famille et restait vague sur la raison de sa question. Il pouvait s’agir d’une enquête personnelle à propos de l’attaque du moins c’est comme ça qu’elle justifierait si jamais on lui posait la question. Mais sa question concernait particulièrement son frère disparu qui avait fait un tour chez les Riders avant de disparaître dans la nature alors qu’il était censé être mort.

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Elle arque un sourcil interrogateur tandis que le prénom de son frère lui parvient. Donc, elle le connait. Il est vrai qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec ce dernier, pas du tout même. Indécis, faux, jaloux, lâche. Tout ce qu’elle n’est pas en somme. Oh, elle a bien de défauts c’est certain, elle en a parfaitement conscience, ne se voilant aucunement la face. Manipulatrice, arrogante, impulsive, impertinente. Mais au moins, elle est entière, elle ne se cache pas, elle assume ces facettes d’elle. Non, décidément elle n’a rien en commun avec Caden, surement pour cette raison qu’ils n’arrivent tout bonnement pas à se supporter ne serait-ce que l’espace de quelques secondes. Ils ne se comprennent pas, préférant se tirer dans les pattes plutôt que de s’expliquer comme des adultes matures. En réalité, bien que ça ne risque pas de redorer son image auprès des mineurs, elle ressemble bien plus à Abel qu’à Caden, une version plus sympathique tout de même, beaucoup plus sympathique d’ailleurs. Une version sans les accès de violence surtout, une version plus posée également. Aussi fou que cela puisse paraître, elle n’en éprouve aucune honte, elle est plutôt fière de tenir de lui, d’ailleurs sans ce dernier, elle n’aurait pas pu survivre aussi longtemps, elle serait probablement morte à New-York. Il lui a tout appris. Alors non, quand on évoque Caden en mauvais termes, ça ne la dérange pas, du moins pas plus que ça, quand il s’agit d’Abel, elle ne peut s’empêcher de s’en offusquer, prendre sa défense. Les Rhodes ou la famille dysfonctionnelle post-apocalyptique. « C’est certain, Caden n’est pas connu pour son honnêteté ou son franc-parler. Il est plutôt axé sournoiserie. » Elle hausse les épaules, pas vraiment gênée d’exposer la nature de son frère, de toute façon, étant donné le ton employé par la blonde, elle doit peut-être déjà être au courant des vices de ce dernier. Elle se rend compte qu’elle peut sembler dure, résultat d’une vingtaine d’années de confrontations et répliques salées échangées.

Elle écoute attentivement les paroles de Casey. Reconnaissante également pour sa franchise. Elle n’aime pas tourner autour du pot des heures durant, s’encombrer de détours, non. Elle préfère qu’on lui dise les choses clairement, en retour elle en fera de même. Evidemment, dans le cas présent, elle ne peut pas discuter de l’accord entre la carrière et le ranch, ni même de la paternité de son enfant. Elle risquerait sans aucun doute de compromettre Abel, loin d’elle cette idée. Sans oublier Aaren, malgré leur relation compliquée, indéfinissable, elle ne souhaite pas le voir en mauvaise posture. Alors, elle se contente d’omettre ces détails, sans pour autant mentir à son interlocutrice. « Eh bien, je peux tenter de satisfaire au mieux ta curiosité. » Elle esquisse un sourire en biais, plantant ses prunelles émeraude dans le regard intrigué de la blonde. Elle n’a aucune obligation, elle n’est pas supposée lui répondre, pas obligée, pourtant elle n’a pas l’intention de se dérober, autant se faire bien voir. « Y’a pas mal de frictions entre mes frères et moi. Abel n’est toujours pas au courant de ma grossesse. Le ranch est un nid à microbes pour l’instant. Je crois que j’ai eu peur, tout simplement. Si je n’avais pas été enceinte, je serais restée là-bas, mais je ne peux plus uniquement penser à moi, j’ai d’autres priorités. » Oui elle l’avoue, la peur est un nouveau facteur à prendre en compte pour elle. Pourtant, elle n’est pas du genre à avoir froid aux yeux, mais tout a changé. Elle n’a plus le luxe de pouvoir se montrer égoïste.
Elle fronce presque imperceptiblement les sourcils, suite à la seconde question de Casey. Jamais entendu parler. Aurait-elle dû ? En réalité, elle s’occupe principalement des raids, des échanges commerciaux, elle ne baigne pas le moins du monde dans la nouvelle pseudo politique post fin du monde. Elle laisse ce rôle à Caden et Abel. « Non, je devrais ? » La question est rhétorique, puisqu’elle lui en parle, peut-être devrait-elle être au courant du cas Redfield, en tout cas ses frères doivent l’être. « Tu sais, je me tiens plutôt loin de la politique, et donc, des affaires d’Abel et de son brave conseiller, Caden. » Même si elle en éprouve une pointe de jalousie, elle se dit qu’au moins, ça lui offre la chance de ne pas devoir se mouiller.

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Le hoquet de surprise, mais aussi amusé, sortit de sa gorge sans qu’elle n’ait pu le retenir. S’il y a bien une chose à laquelle elle ne s’attendait pas lorsqu’elle avait amené Caden sur le tapis, c’était cette réaction. Le petit frère ne semblait pas non plus être très apprécié par sa sœur. A croire que Casey et Jenna partageaient beaucoup de choses en commun sans le savoir. Mais il semblait aussi que petit Rhodes avait raison concernant la dysfonction de sa famille, toutefois à ce moment, elle écartait toute compassion ressentie à l’époque pour Caden. A vrai dire, elle se demandait même si cette famille n’était pas dysfonctionnelle à cause de lui simplement. Quelque part en elle, Casey se maudissait pour avoir fait preuve de pitié le concernant. Elle s’était identifiée à lui et pourtant, ils n’avaient rien en commun, sans vraiment y prêter attention, un léger soupir s’extirpa de sa bouche. Preuve de son agacement face à ses pensées. Jenna continuait de jouer franc jeu et ça lui faisait un bien fou. De quand datait sa dernière conversation honnête sans aucun sarcasme ? Si les conditions l’avaient permis, elle aurait partagé une bouteille – de vodka, quoi d’autre ? – avec son interlocutrice. Pour revenir à des choses plus terre à terre, la brune était là pour des raisons égoïstes et c’étaient des raisons qui étaient parfaitement compréhensibles. Néanmoins, elle ne comprenait pas bien pourquoi elle avait caché sa grossesse au reste de sa famille mais encore une fois, ce n’était pas ses affaires. "Effectivement…"Dit-elle pensive pendant qu’elle réfléchissait à la raison de cette quarantaine. Au final, ne s’agissait-il pas de protéger plus Jenna des Miners que l’inverse ? Dans tous les cas, l’isolement servait aux deux partis. Son attention revint sur son interlocutrice, là venait le sujet critique : celui de son frère. La réponse ne fut même pas décevante. Casey savait qu’en venait, c’était plus ou moins un coup de poker, elle s’était juste dit qu’elle devait profiter de l’opportunité. En guise de réponse, elle haussa les épaules avec un sourire en coin. Jenna n’avait pas hésité dans ses propos et rien ne pouvait lui faire suspecter qu’elle mentait. D’autant plus que jusqu’à maintenant la conversation se faisait, apparemment, sans aucune hypocrisie. "Ce n’est pas très grave, c’est un détail de toute façon. Je m’occuperai de ça avec les concernés, un jour… C’était juste une curiosité maintenant que j’avais la chance d’avoir une Rhodes en face de moi. Et peut être une Rhodes qui a participé au raid contre la mine il y a plusieurs années."Son ton n'était pas agressif, bien au contraire, elle montrait clairement que ses intention n'étaient dû qu'à la curiosité et non à une idée stupide de vengeance. Par ailleurs, Casey se voyait mal débarquer au ranch et demander des comptes au Rhodes sournois ou au Rhodes en chef, le fameux gamin tête-à-claque-avec-ses-envies-de-domination-du-monde. Cette image lui rappelait d'ailleurs un mauvais dessin-animé avec deux souris blanches cherchant à conquérir la planète. Bref: "Je sais ce que c’est que d’évoluer dans une famille d’hommes et tu as toute ma compassion pour devoir supporter ça encore aujourd’hui !" Voilà qu’elle s’identifiait à Jenna maintenant. C’était quoi cette étrange habitude qu’elle avait avec les Rhodes ?! Cependant, elle ne s’apitoyait ni sur son sort ni sur celui de Jenna malgré la véracité de ses propos, il s’agissait surtout d’humour. Entre les deux frères, avoir une vie stable devait être compliqué, encore plus lorsqu’on attendait un enfant. Le fil de ses pensées l’amena à se demander qui était le père et où est-ce qu’il était. C’était quand même un peu son boulot de le protéger aussi. Encore une fois, elle préféra garder la question pour elle. De nos jours, les gens disparaissaient – ou se faisaient bouffer – sans que ce soit surprenant. "Tu comptes accoucher ici ? Parce que si t’as besoin de quoi que ce soit, on peut toujours s’arranger pour trouver ça… ou quelqu’un. Après tout cette foutue épidémie ne va pas durer des mois."Elle pensait ce qu’elle disait. Il y avait effectivement une question sous entendue mais qui ne nécessitait aucune réponse. L’idée était juste de donner à la future mère de quoi s’installer et se sentir bien. Qu’on dise encore que Casey n’était pas sympa… La mine n’était pas le pire des endroits pour accoucher, certes ce n’était pas des plus cosy mais il y avait de l’équipement médical et un médecin compétent, c’était plus ou moins l’essentiel. "Du moins, je n’espère pas… Faut que je travaille mon bronzage."Casey leva les yeux au ciel alors qu’elle reprenait son ton moins formel.

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Les concernés, sous-entendu ses frères. Elle se demande bien de quoi il en retourne à présent. Abel est loin d’être blanc comme neige. Oh, elle ne prétend pas ne pas avoir les mains sales, elle s’est également retrouvée mêlée à des histoires dont elle n’est pas fière, pas celle-là cependant. À l’époque, elle ne participait pas encore à ce genre de confrontation importante, si c’est bien celle à laquelle elle songe, bien sûr. Elle n’avait pas encore regagné la confiance de son aîné à la rancune tenace, donc elle n’était pas conviée à ce genre de mission. Et finalement, ce n’était peut-être pas plus mal, depuis lors, elle a pris du galon et sa conscience en pâti chaque jour. Preuve en est, la liste qu’elle tient, la liste indiquant chaque vie humaine volée de ses propres mains. Dans le lot, il y a des pourritures et des gens bien. Alors non, elle n’a pas le droit de blâmer son frère. « Si c’est bien celui auquel je pense, je n’étais pas présente. À l’époque mes frères s’obstinaient encore à m’écarter de tout ça, par pur instinct de méfiance ou de jalousie pour certain. » Parce qu’il est clair que Caden et sa jalousie maladive n’ont pas aidé à sa réinsertion. Enfin, c’est du passé. Depuis lors, elle a su se frayer un chemin, se montrer utile, prouver sa valeur. Bien que les récents événements aient pu entacher tout ça, elle n’écarte pas cette hypothèse. « En tout cas, si les principaux concernés sont mes frères, bonne chance pour leur tirer les vers de nez. » à moins que Caden ne lâche le morceau afin de laver sa conscience. En tout cas, Abel, lui, se contentera d’ignorer ou de balancer des répliques sarcastiques peu sympathiques à l’ouïe, s’il est dans un bon jour.

La remarque de Casey lui arrache un sourire amusé. Il est vrai que ça n’a pas toujours été évident, de grandir parmi une famille d’hommes. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, elle s’est plutôt épanouie, contrairement à Caden qui n’a jamais su trouver sa place. Sa faute à elle, il parait. Comme si elle y pouvait sincèrement quelque chose… Il n’a pas su s’affirmer, qu’est-ce qu’elle y peut au juste ? Depuis son départ pour New-York, depuis la fin du monde, il ne s’est cependant pas gêné pour s’imposer, même si depuis son grand retour il y a de cela plusieurs années, elle est à nouveau jugée comme une fouteuse de trouble par ce dernier. Faut croire qu’elle arrive encore à lui faire de l’ombre. « Le pire, c’est que plus le temps passe et plus ils deviennent insupportables et ingérables. » Elle lève les yeux au ciel, fatiguée par le comportement de ses frères. Entre Abel et sa paranoïa et Caden et son sentiment d’infériorité. Y’a de quoi devenir dingue. Peut-être qu’au final, prendre ses distances un moment, ne peut qu’être bénéfique. L’ambiance au ranch est déjà bien assez atroce à supporter sans qu’elle n’ait ses hormones travaillant en constante permanence, alors maintenant, elle n’est pas certaine de pouvoir gérer. « Je ne sais pas encore. Je pense que je vais rentrer au ranch une fois l’épidémie endiguée. Mes neveux me manquent déjà. » Silas et Chloe, ceux pour qui elle ne peut pas se résigner à quitter Crimson Valley. Elle ne peut pas les abandonner. « Et puis, puisque Olympia est pour l’instant liée au ranch, je pense que j’irai terminer ma grossesse là-bas. Ce sont les mieux placés pour ça. » Ressources, matériel médical, médecins, infirmiers, il y a de tout à Olympia, même si elle se doute que les réserves ont dû en pâtir avec l’épidémie. « C’est sûr que le confinement ne confère pas un teint rayonnant ! » rétorque-t-elle avec entrain. Elle ne souffre pas vraiment de ce dernier, du moins pas encore, elle n’est là que depuis peu donc forcément, même si elle peut comprendre la frustration des mineurs. « Ça ne doit pas être évident d’être privé de liberté. Déjà que je me tourne les pouces après quelques jours, alors vous… » Elle compatit, sincèrement, mais en même temps, les mesures d’Anita sont compréhensibles.

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Jenna ⚜ Casey

❝How compatible are we ?❞

Au final, c’était tant mieux si Jenna n’avait pas participé au raid sur la mine dont il était question. Certes, ses questions restaient en suspens mais au moins, elle ne se retrouvait pas en dissonance. Elle appréciait son interlocutrice, plus qu’elle ne l’aurait pensé de prime abord, et elle préférait ne pas continuer ce jeu de suspicions à son égard. Comme Jenna le disait, elle savait que ça serait compliqué d’en savoir plus avec les Rhodes mais elle avait tout le temps du monde pour ça. Du moins, tout le temps qu’elle aurait avant de se faire bouffer ou tirer dessus. De fait, elle haussa les épaules devant le constat partagé. Caden n’était pas dans ses bonnes grâces mais, de ce qu’elle savait, il serait plus facile d’obtenir des informations complémentaires de sa part que de celle d’Abelicorne. "Ils sont peut-être ingérables mais en attendant le ranch tient le coup. C’est peut-être la seule chose qui compte au final. " C’était l’esprit survivaliste de Casey qui parlait pourtant, elle ne s’imaginait pas un instant à la place de son interlocutrice. Gérer un frère mégalomane avec des cases en moins et un autre mythomane avec des cases de trop. A croire que Jenna était le vilain petit canard de la portée : elle était normale. Du moins, le semblait. Elle apprit d’ailleurs que les Rhodes s’étaient déjà reproduit. Jenna n’était donc pas la première à donner naissance à un mini Rhodes. Apparemment, Caden ou Abel, voire les deux, avaient déjà donné suite à la lignée. Ça lui paraissait fou d’imaginer ces deux derniers avec des enfants, encore plus dans une période d’apocalypse. Néanmoins, elle garda son avis sur la question. Après tout, chacun faisait ce qu’il voulait de son utérus. "Tu sembles avoir déjà tout prévu. C’est une bonne chose, vu ce qui t’attend." Effectivement, la brune avait déjà toute une stratégie au point pour sa grossesse. Tant mieux, ça prouvait qu’elle s’en préoccupait au moins. Autant dire que l’alliance entre les Riders et les Olympiens venaient à point nommé même si elle doutait que ces derniers aient refusé d’aider une femme enceinte. Leur mentalité bisounours était trop saillante pour qu’ils refusent d’aider quelqu’un dans le besoin. Casey en était la preuve même, ils ne la connaissaient pas et pourtant ils lui avaient sauvé la vie, usant ressources matérielles et humaines. "En effet, c’est usant…" Dit-elle avec un soupir, exaspérée par la situation de la mine. "Mais il y a énormément de travail à la mine donc il y a largement de quoi s’occuper et comme tu peux l’imaginer il y a pas mal de personnes dont il faut aussi s’occuper. Dès que les gens sont bien installés et en sécurité, ils aiment se plaindre." Casey posa ses doigts sur ses paupières, essayant de passer outre toute la frustration et l’agacement qui montaient en elle alors qu’elle abordait ce sujet. Non seulement, elle devait faire face à l’absence d’air frais mais il fallait qu’elle supporte les geignements des autres. "Enfin bref, te concernant, je pense que tu seras bientôt libre… libre d’être confinée dans un espace plus vaste. Même si je doute que tu trouves le reste de la mine plus confortable que ton "habitation" actuelle." Son sourire se fit amusé alors qu’elle se levait pour se diriger vers la porte. Même si elle en savait peu sur les modalités de la quarantaine de la Riders, elle se doutait bien qu’elle ne resterait pas enfermée ici pendant des semaines. Une fois, les risques d’épidémie écartés à l’intérieur de la mine, il n’y aurait aucune raison de laisser Jenna dans bocal. "N’oublie pas, si t’as besoin de quelque chose, hors crème et soleil, n’hésite pas à demander." De leurs échanges, elle avait eu la certitude que la brune était plus une invitée qu’une prisonnière alors autant la traiter comme telle.

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