Intrigue générale (11/02) ∝ i'm counting on you

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♔ Malini & Abel

« i'm counting on you

La nuit avait été longue et pour la deuxième fois d’affilée depuis que Silas était dans cet état, Abel aurait pu compter les minutes qui passaient durant les instants interminables où il n’avait pas réussi à trouver le repos. Finalement, l’aube l’avait cueilli en traîtresse et la fatigue avait eu raison de lui et pris le pas sur l’inquiétude qui l’agitait sans relâche. Il s’était réveillé en sursaut d’un sommeil particulièrement agité quelques heures plus tard sans trop savoir où il se trouvait, s’était perdu dans quelques secondes interminables de désorientation avant de se rappeler pourquoi cette chambre ne ressemblait en rien à la sienne. Finalement, il avait ramassé ses maigres affaires pour se rendre aussitôt à l’infirmerie d’Olympia et prendre quelques nouvelles.
L’état de son môme s’était stabilisé, lui avait-on dit là-bas. Pour l’instant, avaient sous-entendu les propos : parce que même si ça n’avait pas empiré à la faveur de la nuit, il n’allait pas mieux, il était toujours aussi brûlant et mal en point, spectacle affligeant pour les yeux de son père. Encore loin d’être tiré d’affaire, certes, mais Abel se refusait à perdre espoir, car il ne pouvait tout simplement pas concevoir l’idée d’avoir à affronter la mort de son fils. Lui qui passait ses journées à jouer au despote impitoyable, était effrayé à cette simple pensée.
Pour autant, il n’était pas resté, pas cette fois. Deux jours d’affilées, ce n’était pas possible : le ranch ne s’arrêtait pas de tourner en son absence et il y avait des choses à gérer, des soucis importants à résoudre qui ne pouvaient pas vraiment attendre que le rider soit d’humeur à se pencher dessus ; ses problèmes ne s’arrêtaient pas une fois passé le seuil de l’infirmerie et surtout pas en ce moment où l’épidémie battait son plein au sein du campement de la Crimson Valley.

Malini, il l’avait cherchée dès son retour au ranch, il fallait qu’il lui cause avant de s’autoriser enfin à penser à autre chose. D’abord parce qu’il savait son attachement pour Silas, il se doutait qu’elle devait s’inquiéter, elle les avait vu partir pour Olympia la veille et pas la moindre nouvelle n’avait filtré depuis. Ensuite et surtout parce qu’il avait quelque chose à lui demander, et elle dirait oui, il en était sûr, il ne lui permettrait de toute façon pas une autre réponse.
La silhouette de la recruteuse se dessina entre deux rangées de bicoques, elle lui tournait le dos mais réagit à l’entente de son prénom tandis qu’il avalait en quelques pas les derniers mètres qui les séparaient encore.

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♔ Malini & Abel

« and isn't it ironic ?

L'histoire a une drôle de façon de se répéter. Elle vous replonge dans les mêmes cycles d'émotions, vous condamne avec le sourire à un infernal renouvellement du pire.
Malini a passé la nuit à se ronger le frein. Même le sommeil la fuyait, sûrement effrayé par les images accablantes produites en masse par son esprit au bord du gouffre. Des images se succèdent dans sa tête et elle n'a aucune idée de comment les ignorer. On y voit une petite fille, fiévreuse et crachant du sang dans son lit et une mère impuissante qui passe sans cesse un chiffon mouillé sur le front brûlant de l'enfant. Et il y a des prières qui résonnent dans son esprit, qui s'adressent à quiconque veut bien les entendre et peut-être les exaucer. Et l'image de la petite fille s'estompe et dans le même lit, cette fois, il y a un petit garçon. Dans le même état ou presque, il gémit, le front pas moins brûlant, et les parents, pas moins impuissants l'observent avec le même tiraillement au coeur.

Le sort s'acharne, dit-on. Et Silas est la victime de cette répétition cynique de la vie.
Malini, elle essaie de pas trop penser à la suite, à ce qui se passerait si les infirmers et médecins d'Olympia n'arrivent pas à le sauver. Ça lui bouffe sa nuit, son énergie, sa patience et surtout sa raison, elle se voit déjà dériver dans ses zones d'ombre si le pire venait à arriver.

Quand les premières lueurs du jour viennent agiter le campement, la recruteuse est déjà debout depuis longtemps. C'est une âme errante au milieu des cabanons et elle cherche à occuper ses mains, mais chaque activité a l'air de lui échapper. Ses gestes sont lents, elle a l'air absente. Personne ne pose de questions heureusement. On lui dit qu'elle devrait se reposer, et intérieurement, elle en rigole. Comment ?
Et enfin, quelque chose la pousse à sortir de son apathie général quand elle l'entend. La fatigue qui engourdissait ses muscles disparaît aussitôt, et c'est une femme alerte et vive qui répond à Abel Rhodes. L'inquiétude est la première chose qu'il pourra lire sur ses traits, inquiétude qui perce également ses premiers mots. "Comment va-t-il ?!" Ses yeux tombent d'abord sur la stature imposante du leader, puis remontent vers son visage et son regard pour le sonder. Il n'arbore pas son air habituel, quelque chose voile son expression et ses yeux ne sont pas perçants comme à l'ordinaire. Ses traits sont tirés par la fatigue. Soucieuse, l'Indienne jette un regard autour d'elle, mais personne n'a l'air de s'intéresser plus que de raison à eux, comme s'ils avaient compris qu'il fallait leur laisser ce moment. Néanmoins, Malini l'entraîne doucement à l'écart de tout le campement. Quand elle est sûre que personne ne peut les entendre, elle enchaîne. "Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce qu'il va s'en sortir ?"

Spoiler:

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♔ Malini & Abel

« i'm counting on you

Malini lui renvoyait l’écho de sa propre fatigue et de son inquiétude, la première question fut pour Silas évidemment et Abel se contenta d’hocher la tête en silence, message muet mais néanmoins explicite. Il la suivit sans protester et sans émettre un mot de plus tandis qu’ils prenaient un peu d’écart vis-à-vis des oreilles indiscrètes : ne pas avoir à se retrouver avec des âmes désœuvrées autour d’eux à tenter de savoir ce qui ne les regardait pas semblait se présenter comme une situation autrement plus appréciable ; le point de vue sur ce sujet était visiblement partagé.
« Qu’est-ce que tu crois qu’il s’est passé à ton avis ? Ce putain de virus. » Pas celui à qui l’on devait ces grappes de putréfiés qui n’avaient de cesse de vouloir franchir leurs clôtures, non, mais l’autre, l’insidieux, celui qui commençait doucement ses ravages à l’intérieur du campement en toute impunité. Et ce n’était que le début, malheureusement : même avec l’esprit le plus optimiste possible il était difficile d’ignorer les conséquences d’une telle intrusion au sein d’un campement qui ne disposait pas du tout des moyens nécessaires afin de lutter efficacement contre la maladie.
Il y eut un silence, quelques secondes lourdes du poids de ses propos et puis il reprit, à contre-coeur presque, parce que ça le fichait sévèrement en rogne, de s’entendre dire ça. « Je sais pas, Malini. Je sais pas s’il va s’en sortir. » Et il n’avait pas fière allure, le leader des riders, alors qu’il laissait ces quelques mots s’échapper d’une voix où la fatigue trahissait la note d’angoisse qui se planquait tant bien que mal en trame de fond : avec Malini, il n’avait pas besoin de prétendre, enfin pas sur ce sujet en tout cas, et elle était probablement la seule (du moins en dehors de sa famille, et encore), mais la relation qu’elle entretenait avec Silas n’était pas non plus anodine. « Ils disent qu’ils vont faire tout leur possible, mais ça ne signifie pas grand chose. Il est trop jeune, il suffirait d’un rien… » Las, Abel s’assit sur une caisse en bois, quoiqu’une formulation plus exacte aurait plutôt été qu’il s’y laissa choir un peu lourdement. Les coudes plantés sur les cuisses, il se prit la tête entre les mains, s’accorda un instant avant de relever son regard vers la recruteuse. La tension se relâchait un peu avec ses paroles, le fait était qu’il avait besoin d’en parler, d’avouer son inquiétude à haute voix au lieu de la laisser le ronger à petit feu de l’intérieur. « Mais ça allait quand je suis parti ce matin. Enfin… pas pire qu’hier en tout cas. Il dormait, au moins. » Pas mieux non plus, acheva son regard. Son imagination allait droit au pire, il ne fallait qu'une rechute, que la fièvre grimpe un tout petit peu, qu’il s’affaiblisse encore davantage… pour ce qu’il en savait, c’était peut-être ce qui était en train d’arriver à ce moment même et comme il était parti, il ne serait au courant qu’une fois que tout serait fini. Trop tard. L’incertitude était tout bonnement insupportable. Mais il lui fallait être responsable, rester raisonnable malgré ce que ses impulsions lui dictait. Après cet intermède, il devrait recommencer à prétendre qu’il n’y avait rien et cesser de se préoccuper de ses problèmes personnels pour ceux, plus importants, qui concernaient le ranch dans sa globalité. Ces quelques minutes avec Malini étaient tout ce à quoi il aurait droit. Alors il se sortit une clope, encore une, il abusait un peu ces derniers temps mais la nicotine aidait le stress à dégager du terrain et tant pis pour l’économie, il aurait tout le loisir de s’en prendre à lui-même. Quand tout se serait tassé, que les choses auraient retrouvé un semblant de normalité.

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♔ Malini & Abel

« and isn't it ironic ?

Pendant un moment il n'a l'air de rien se passer, un moment de flottement où elle assimile l'information. Il est encore vivant et c'est une partie d'elle qui est soulagée, mais rien n'est définitif. C'est comme s'ils avaient retenu leur souffle longtemps, pris tous les deux dans l'instant, dans l'inquiétude et dans l'impuissance, le plus sournois de tous les malheurs.
C'est un long moment de rien avant que la chappe de fatigue ne s'abatte sur les épaules d'Abel avant d'attraper Malini et de coller le fond de son ventre. Elle a comme une nausée tout d'un coup, mais à part la bile qui tapit le fond de sa gorge, elle n'a rien à vomir.

Et lui... Pendant un moment, la recruteuse est surprise par ce qu'elle voit. Abel Rhodes, l'air abattu, qui se laisse tomber sur une caisse en bois et se prend la tête entre les mains. Elle ne l'a jamais vu si triste et surtout si vulnérable, une vision qui la pousse à se placer bien devant lui pour le cacher de tout le monde. C'est qu'elle est bien rodée, la Malini, habituée à protéger l'honneur des Rhodes, cadet et aînés confondus. Mais à l'instant, il a l'air bien loin de toutes ces considérations. Il n'a plus rien de l'effrayant leader colérique dont le caractère si mauvais lui confère le statut de légende. Il ne reste qu'un homme, comme tous les autres, seul face à la plus grande peur de sa vie : perdre ce qu'il aime le plus au monde. Et ça, c'est une histoire qui parle à Malini, c'est une histoire qu'elle connait sur le bout des doigts et qui l'étreint encore la poitrine à chaque fois qu'elle se la raconte.
"Hey..." Les barrières de l'homme tombent face à elle, emportant également ses murs et ses considérations à elle. Les conflits qui les ont secoués dernièrement s'estompent pour laisser place à cette peine qu'ils portent à deux. Dans un geste empreint de douceur, profondément maternel, elle passe une main rassurante dans les cheveux d'Abel et sa paume redescend pour se poser sur son épaule. "Il peut le faire, il peut battre cette saloperie, j'en suis sûre. C'est un Rhodes, après tout. Botter le cul de tout ce qui l'approche, c'est dans ses gènes."

Elle a un maigre sourire, mais la vérité c'est qu'elle n'est pas douée pour ça. Délivrer des paroles rassurantes, soutenir, surtout sur ce sujet précis, c'est presque un cauchemar pour elle. Son réflexe, ce serait de s'enfermer dans un mutisme profond, comme les premiers mois après la mort de Nisha où elle n'a quasiment pas parlé. Si le pire venait à arriver, elle n'aurait pas un seul conseil à lui donner. Elle essaie d'échapper au deuil de sa propre fille depuis plus de cinq ans. Pourrait-elle en supporter un autre ? Il y avait des questions parfois qui étaient bien mieux sans réponse. "On n'a pas d'autres choix que d'essayer de leur faire confiance..."
Elle se recule quand il allume sa cigarette pour regarder le campement autour d'elle et plus loin, le ranch. Il faut plus qu'un homme pour que tout ça tienne debout, et elle a bien conscience que c'est ce qu'Abel essaie d'être, jusqu'à ce que la nature lui rappelle ce qu'il est vraiment. "Tu repars le voir quand ?" La question sort peut-être un peu trop brusquement et elle prend une profonde inspiration pour amadouer la pression sur sa poitrine. Sa voix se fait un peu plus douce quand elle finit. "J'aimerais venir avec toi..."

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♔ Malini & Abel

« i'm counting on you

La tentative d’humour de la recruteuse lui arracha un sourire sans joie, il voulait y croire bien sûr mais ce matin c’était pratiquement impossible, pas quand le visage souffrant de son fils habitait encore ses pensées avec une netteté impossible à ignorer. Éventuellement, il parviendrait à s’y convaincre si aucune mauvaise nouvelle à son sujet ne traversait les frontières de la Crimson Valley aujourd’hui, si la prochaine fois qu’il pouvait se rendre à Olympia Silas ne paraissait plus vouloir danser au bord de l’abîme, si la situation avec l’épidémie de grippe n’était pas aussi mauvaise et ne créait pas autant de ravages dans les rangs des adultes… beaucoup de si en somme, trop d’incertitudes, et aujourd’hui il n’avait juste pas la force de passer outre. Alors oui, faire confiance, certes, mais ça ne voulait pas dire qu’ils allaient le sauver, ils ne pouvaient pas faire de miracles non plus et Abel n’était pas stupide, il savait que le taux de mortalité infantile était élevé dans ces conditions, la maladie était trop virulente et leurs moyens de s’en protéger, trop faibles.
« Il y a trop de problèmes à gérer ici, il faut repenser toute l’organisation dû au nombre de malades qui ne cesse d’augmenter, revoir une structure mieux adaptée pour la quarantaine en attendant de pouvoir les envoyer à Olympia, et continuer de faire fonctionner le ranch normalement en dépit de tout ça si on ne veut pas se retrouver avec des soucis supplémentaires sur le dos. Je ne peux pas me libérer aussi facilement que je le voudrais. » Bon, théoriquement si, il pouvait, mais il ne le voulait pas. La nuance était mince mais bien présente : quelle que soit l’importance qu’il attachait à son fils, le ranch traversait une crise critique et il se devait d’être présent et travailler d’arrache pied pour la réguler au mieux qu’il le pouvait. Perdre son temps en des allers-retours jusqu’à une ville située à plusieurs dizaines de kilomètres d’ici pour quelque chose qui n’était pas primordial n’était pas acceptable. Pas tant qu’il n’y avait pas eu ne serait-ce qu’un début d’amélioration au niveau de la gestion des tâches et de la jugulation du virus. « Si ça ne tenait qu’à moi, je repartirai ce soir mais ce n’est pas possible évidemment. » Il souffla la fumée de sa clope qui se dispersa dans une brise capricieuse, puis continua : « Toi en revanche, tu es plus libre que moi. Ta présence ici n’est pas autant requise que la mienne. » On avait pas réellement besoin de continuer le recrutement si c’était pour que les nouveaux arrivants tombent à leur tour malades et deviennent aussitôt des bouches inutiles qu’il fallait envoyer ailleurs ou laisser crever.
Et puis, elle n’était pas la seule, les autres recruteurs pourraient combler le vide qu’elle laisserait temporairement si Abel l’envoyait sur une autre mission. « J’ai besoin que quelqu’un aille veiller sur Silas en mon absence. » Le sens de cette phrase était double, Malini ne s’y tromperait pas : il n’y avait pas que le sujet de son rétablissement potentiel, sa sécurité aussi était en jeu. Dans cette ville où on ne portait pas vraiment les riders dans son cœur, et à plus forte raison leur leader, le gamin Rhodes pouvait être un instrument de vengeance ou de pressions. Ce n’est pas parce qu’il considérait les olympiens comme des utopistes incapables que certains d’entre eux n’étaient pas mal intentionnés pour autant. Et on n’était jamais trop prudent : c’était un risque qu’il ne tenait pas à courir.

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♔ Malini & Abel

« ans isn't it ironic ?

En guise de réponse, il énonce ses tâches à accomplir au ranch. Il n'arrive pas à se débarrasser de son rôle de leader et dans de pareilles circonstances, ça avait quelque chose de noble mais aussi de bien triste. On pourrait croire qu'Abel n'était qu'un mégalo, mais il avait vraiment les intérêts de cet endroit à coeur. Il ne le laisserait pas à la dérive pour des raisons égoïstes. Elle, si. Elle n'était pas du genre à couler avec le native et l'idée de fuir si la maladie devenait trop menaçante avait germé quelque part dans son esprit.
La maladie. Comme si la nature ne s'était pas suffisamment vengé de l'Homme en lui collant des armées de cadavres sur le dos, elle revenait attaquer les quelques survivants à coup de grippe mortelle. Il n'y aurait jamais de répit dans cette non-vie. Juste des moments de calme pour les endormir avant de les massacrer à nouveau.

Elle s'abstient de dire que le camp pourrait tourner s'il demandait à Caden de tenir les rênes un moment. Pas sûre que le travail serait fait proprement au début, mais ça pourrait aller et ils iraient tous les deux s'occuper de Silas, comme un couple de parents sans la partie couple. Le débat serait clot d'avance par un refus catégorique.
Elle s'apprête à baisser les épaules et à soupirer d'autres arguments pour l'envoyer quand il énonce exactement tout ce qu'elle a envie d'entendre. Elle hésite quelques secondes, comme si c'était presque trop beau, comme si elle venait d'halluciner complètement. Abel Rhodes et Malini Kapoor sont de nouveau sur la même longueur d'onde, bonne nouvelle pour eux, mauvaise nouvelle pour tous ceux qui auraient voulu s'en prendre à eux.
"Bien sûr que j'irai. Je m'occuperai de lui. Aussi longtemps qu'il faut." Le sous entendu dans les propos n'échappe pas à la recruteuse. Elle comprend la position de plus en plus fragile des riders à Olympia et donc celle de Silas. Et les olympiens auront beau dire qu'ils sont les plus civilisés des survivants, ils restent des humains, avec tout ce que ça implique.

"Des personnes de qui je devrais me méfier ? D'autres sur qui je peux compter ?"
La seule fois où elle a posé les pieds à Olympia remonte à la tragique d'Halloween. Depuis, elle évite cet endroit. Ou plutôt, elle évite quelqu'un dans cet endroit. Elle réalise seulement maintenant qu'elle sera immergée dans son monde, à son contact en permanence. Cette pensée lui arrache un frisson d'appréhension qu'elle étouffe bien vite en pensant à Silas. Elle doit à ce petit garçon tellement de choses qu'aucun questionnement amoureux ou crise de Caden ne saurait la faire renoncer.

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♔ Malini & Abel

« i'm counting on you

Il avait fallu qu’Abel voie Silas en présence de Malini et l’attitude, le comportement qu’ils avaient l’un à l’égard de l’autre pour qu’il prenne lentement conscience d’à quel point son fils avait désespérément eu besoin d’une mère tout ce temps. Alors bien sûr il y avait eu Jenna, qui s’était occupée de lui pratiquement à chaque fois que son père ne pouvait le prendre en charge, mais c’était différent, il n’était pas pareil avec la recruteuse, il avait rapidement tissé un lien beaucoup plus subtil avec elle, s’y était attaché avec plus de force. Et ça l’avait amadoué, Abel, il avait appris à apprécier Malini au travers de l’image que lui renvoyait l’enfant, s’était montré plus coulant avec elle, moins rigide.
Pourtant, ça n’avait pas empêché quelques dissensions de les séparer au cours des semaines passées (ce n’était d’ailleurs pas la première fois). Mais lorsque le sujet revenait tourner autour du gamin, ils trouvaient systématiquement un terrain d’entente ; Silas les avait rapproché bien plus que n’importe quel exploit que Malini aurait bien pu réaliser en faveur du ranch et des Rhodes. En des instants comme celui qu’ils étaient actuellement en train de partager, ça comptait plus que n’importe quoi.
Sans réelle surprise, donc, elle accepta sans hésiter la requête qu’il avait formulé sans prendre la peine de lui poser une question directe. Ça enleva immédiatement un poids de ses épaules alors que la tension qui l’habitait daignait relâcher de quelques crans ses épaules. « Merci », il lâcha simplement entre deux taffes, après qu’elle eut déclaré exactement ce qu’il avait besoin d’entendre de sa part. Sur ce point au moins il lui faisait confiance, et c’était déjà beaucoup.

Les questions de Malini lui tirèrent un rictus sans joie alors qu’il relevait : « Au sein des Olympiens ? » Il n’avait jamais réellement pris le temps de s’intéresser de trop près à ces gens alors par défaut, il se méfiait de tous. « Je ne suis pas aimé là-bas, ça ne t’étonnera pas. Alors j’ignore qui serait capable de tenter quoi que ce soit. A priori, je pense pas que tu aies grand chose à redouter de Yates (il se garda bien de la moindre familiarité à l’égard de la leader d’Olympia) ni de mes hommes déjà en faction dans la ville, mais le fait est que ce n’est pas une certitude. » Quelques secondes d’une brève réflexion, alors que ses yeux se perdaient momentanément dans le vide et s’acharnaient à fixer un point indistinct face à lui tandis que sa clope achevait de se consumer entre ses doigts. « Jamie. Au besoin, tu peux lui faire confiance. » Son regard revint à elle, s’accrocha aux iris sombre de la recruteuse et il continua : « Le moindre problème, n’importe quoi, tu m’envoies quelqu’un, mais tu restes là-bas. Compris ? » La voix était redevenue un peu rude soudain, parce qu’il n’était pas prêt à accepter le moindre écart de conduite venant d’elle, pas cette fois.

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♔ Malini & Abel

« ans isn't it ironic ?

Un simple merci de la bouche d'Abel arrive à lui convaincre que le moment est vraiment unique. Il avait cependant fallu les plus tristes circonstances pour réinstaurer la confiance entre ces deux-là. C'est qu'ils n'ont pas de caractère facile, les faire cohabiter est soit une grosse erreur qu'ils répètent constamment, soit un défi constant pour les pousser à s'assouplir. Il y a comme une forme de tendresse qui s'éveille dans le regard de la recruteuse. Malgré les nombreuses rumeurs qui courent sur le leader des crimsons, malgré tout ce qu'on dit de pire sur lui et surtout malgré tout ce qu'il a fait de pire, l'Indienne a une forme d'affection pour lui. C'est peut-être ça qu'elle n'a jamais vraiment quitté son ombre, toujours prête à soutenir et épauler loin des regards curieux, toujours prête à supporter les mauvaises humeurs et à défendre loyalement – certains diraient aveuglément – l'honneur des frères Rhodes. Il y a un certain côté maternel dans sa façon de s'occuper d'eux parfois.
"Merci de me faire confiance." Et il y a une phrase en suspens, un sous-entendu qui dit malgré mes récentes insubordinations. C'est presque des excuses qu'elle présente. Presque.

"Peyton et Jamie. Hmm." Elle hoche la tête pensive, pourtant incapable de cacher son scepticisme. Évidemment, il fallait encore un Ferguson dans l'histoire. Malini, elle se dit qu'il commence à y en avoir un peu trop dans sa vie, des Ferguson. Si ça n'avait été qu'Ada, tout se serait passé sans problèmes, mais Bass était toujours niché dans ses moindres pensées et elle n'arrivait pas à se défaire de l'étrange flou autour de lui. D'ordinaire, elle a toujours une opinion tranchée sur les gens, soit elle les apprécie, soit elle les tolère, soit elle les rejette en bloc. Bass est une catégorie à part, avec qui elle a envie de tout faire. L'idée de le rejeter lui fait peur tout comme l'idée de l'apprécier lui paressait déplacée. Ajoutez encore un Fergu à l'équation, c'était un peu s'exposer au risque d'être démasquée dans son double jeu. Elle détestait ça.
Alors comme d'habitude quand elle entre dans un terrain inconnu et dangereux, elle rebrousse et change de sujet. "Je ne le laisserai certainement pas." Dusse-t-elle dormir par terre à côté de lui s'il le fallait. "Mais telle que tu la décris, la situation à Olympia a l'air de s'empirer. Tu crois qu'ils vont nous jeter dehors ? Après ce qu'on a fait pour eux ?" Les sourcils froncés, elle repense à tout le travail que les riders ont investi pour réhabiliter Olympia. Ils ont ressorti des maisons des décombres, ont redonné du vivant à cet endroit qui avait été laissé comme ville fantôme par les jackals. Malini ne s'attendait pas à une gratitude éternelle de leur part, mais un tel revirement de situation lui paressait hypocrite. "Ce serait le comble pour des gens soit disant civilisés." Le sarcasme qui coule dans sa voix reflète exactement tout ce qu'elle pense de cet endroit.

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♔ Malini & Abel

« i'm counting on you

S’il ne put manquer de remarquer le scepticisme évident dont faisait preuve la recruteuse à l’égard des noms qu’Abel venait tout juste d’énoncer, il ne le releva pas à haute voix. Que l’avis de Malini diffère du sien à ce propos n’était pas ce problème : il préférait autant qu’elle garde sa vigilance vis-à-vis de tout le monde plutôt que l’inverse. Les potentiels risques n’en seraient que davantage amoindris, lui soufflait sa paranoïa. Et puis, de toute manière, il faisait confiance à son jugement : elle n’était pas du genre à se vouer naïvement au premier venu, ou alors c’est qu’il la connaissait bien moins qu’il le pensait et l’avait mal jugée depuis le début.
La dernière remarque de Malini lui arracha un reniflement de mépris. « La civilisation, c’est bien deux minutes, mais si leurs intérêts entrent en jeu la première occasion serait bonne à saisir pour nous claquer la porte au nez. » Il ne se faisait pas vraiment d’illusion, Abel, mais il n’avait pas non plus la bêtise de se prétendre mieux que ça avec sa politique consistant à profiter des autres à chaque fois qu’il en avait les moyens. « Alors je ne crois pas qu’ils vont le faire, non : à l’heure actuelle, ils n’en auraient pas le pouvoir sauf aide extérieure. Mais qu’ils veuillent le faire en revanche, ça c’est un autre problème. Ça les arrangerait bien qu’on fiche le camp de chez eux sans réclamer notre dû, surtout en ce moment avec l’épidémie qui rôde… » La conversation venait de prendre un tournant subitement plus sérieux et touchait désormais à un autre des problèmes qui lui accaparaient l’esprit en permanence ces derniers temps. Les négociations avec les olympiens n’allaient pas toujours bon train, c’était même plutôt l’inverse qui avait généralement tendance à se produire, mais Abel n’était pas spécialement connu pour lâcher une proie une fois qu’il avait refermé ses griffes dessus alors il faudrait bien que ça continue de marcher, du moins jusqu’à ce que la dette ait été remboursée jusqu’à la dernière pierre, jusqu’au dernier de ses hommes qui avait aidé à la reconstruction de la ville. « Mais ils sont conscients, je pense, que tenter une telle manœuvre n’amènerait qu’à l’inexorabilité d’un conflit ouvert entre nos deux clans. » Et malgré la situation critique au sein du campement des riders, Abel avait encore suffisamment d’armes et d’hommes valides pour constituer une offensive qui leur ferait perdre un joli paquet de plumes. De toute manière, ses cavaliers ne se laisseraient pas pousser hors de la ville sans émettre la moindre protestation. « C’est aussi pour ça qu’il faut que tu sois là-bas : entre leurs griffes, Silas serait un argument de poids pour faire pencher la balance en leur faveur. » Du moins, s’il survivait, songea-t-il amèrement. Et si Olympia gardait son fils, ce serait un peu comme un miroir de la situation actuelle avec la carrière, avec Archer et Ren. Sauf qu’entre son fils d’un côté et sa sœur de l’autre, Abel serait doublement contraint et forcé de se tenir au pas, inutile de dire que l’idée ne coïncidait pas vraiment avec les nombreux projets qu’il formulait pour son avenir et celui de son ranch.

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La conversation prend un autre tournant et le sujet laisse un goût amer dans la bouche de la recruteuse. Olympia aurait-elle donc un civisme à géométrie variable ? Quelque part, ça ne l'étonnait pas. Ils avaient beau être une ville tout ce qu'il y a de plus normal, ils demeurent un refuge apocalyptique et toutes les bonnes manières du monde ne sauraient passer au-dessus des règles basiques de la survie : chacun pour sa gueule.
Elle pense à tous les riders coincés là-bas, affaiblis par la maladie et dépendants des ressources médicales d'Olympia. Elle pense à tous ceux qu'ils perdront en chemin si la ville décide d'arrêter de les aider et elle se dit que c'est injuste. Elle n'en est pas encore au stade où elle considère tous les péquenauds du ranch comme des membres de sa famille, mais ils font partie de son quotidien depuis deux ans déjà et ont contribué à faire d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. Il y a une fierté farouche d'être une cavalière et la certitude qu'elle ne pourra pas vivre ailleurs qu'ici. La mine ? Trop de rigueur militaire. La Carrière ? Trop le bordel. Les jackals ? Clairament pas son type de vie. Et Olympia ? Elle est bien trop sauvage pour pouvoir retourner à la civilisation. Et ils sont bien trop ingrats au bout du tcompte. Parce que Malini n'oublie pas que si cette ville tient debout aujourd'hui, c'est en partie grâce aux ressources et à l'aide des Riders, et s'ils n'étaient pas capables de leur rendre la pareille, alors autant les achever et les piller sans un égard. Et c'était peut-être bien l'idée en suspens dans l'esprit d'Abel. La situation puait le conflit.

La recruteuse soupir. "Quelle bande de merdeux eux aussi quand ils s'y mettent." Elle n'est pas connue pour son tact ni pour sa politesse, une autre raison pour laquelle elle n'aurait certainement pas sa place là-bas. Il y a un air déterminé sur le visage de Malini, un regard dur, adressé à d'hypothétiques olympiens qui s'avèreraient être une menace. "Si un seul d'eux tente d'approcher Silas sans mon autorisation, je m'en fous de savoir si c'est le pape du coin ou la grand-mère du chef, je le démonte et je brûle cette putain de ville encore une fois." Une menace qui laisse planer un certain doute. Ça a l'air suffisamment extrême pour être lancé en l'air comme ça, mais quand il s'agit de Malini qui protège Silas, on peut s'attendre à tout. On doit s'attendre à tout même.
Elle croise les bras contre sa poitrine et jette un coup d'oeil aux alentours. Personne ne semblait intéressé par leur petite réunion de "famille" et mini conseil de guerre, mais une forme d'inquiétude susurre à l'oreille de la recruteuse qu'ils sont restés trop longtemps dans un coin à part que ça risquait de paraître suspect.
Un autre soupir se fraie un passage, quelque chose qui brise un peu son côté brut de décoffrage pour laisser place à un visage un peu plus humain, maternel. "T'as mangé quelque chose ? T'as assez dormi ? Je sais que tu m'écouteras pas si je te dis que tu devrais te reposer, mais laisse-moi au moins te préparer un truc avant que tu retournes gérer le camp."

Il lui faut un moment pour se poser, reprendre des forces, entrer à nouveau dans son rôle de leader impitoyable qu'elle a parfois en horreur mais qui fonctionne pour faire tenir le ranch. Il lui fait un moment pour être à nouveau tranquille, pour laisser une part d'inquiétude le prendre et ensuite il pourra redevenir le Abel Rhodes que tout le monde connaît.
Avant qu'il ne réplique, elle l'entraîne vers la maison familiale où, sans craindre le regard des autres, ils pourront prendre au moins cinq minutes pour se remonter le moral.

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