All over again

La journée avait été pénible. Il était sorti voir ce qu’il pouvait trouver et les trouvailles n’avaient pas été celles d’habitude. Cela avait été une journée des plus pourries et Clay avait constaté qu’il n’avait plus son fond d’alcool sur lui. Il en était extrêmement contrarié et ce n’était rien de le dire. Le brun sans alcool, c’était un peu comme un chien enragé près à vous mordre si vous approchiez trop votre main de sa gueule pourrie. L’homme ne cessait de fouiller ses affaires pour trouver de quoi s’occuper. Mais sans alcool, il se sentait vraiment comme une bête enragée et cela ne semblait pas s’arranger au fil des heures. Il passa une main dans ses cheveux, de plus en plus nerveux. Il ne se sentait pas bien, clairement. Il avait envie de crier, mais pas le bon plan quand on était dans une petite tente de fortune comme lui. Il ferma un instant les yeux pour s’apaiser et souffler un grand coup. Il devait rester calme sinon cela allait forcément dégénérer. Il ne pouvait pas perdre le contrôle alors qu’il s’acclimatait plus ou moins à la vie en communauté. Ce n’était pas toujours une partie de plaisir, bien au contraire. Il avait envie de hurler à la tête des gens. Le seul moyen de se calmer restait d’aller au bar improvisé dans la grande zone de marché et de commerce. Clayton vérifia une dernière fois ses réserves et se rendit volontiers là-bas. Même si volontiers n’était pas le mot qui convenait.

De sa tente à là-bas, il ne cessa de bougonner. Il était vraiment de mauvaise humeur, les yeux étrangement cernés. Il y aurait peut-être une solution pour qu’il arrête de paraître tellement en rogne, mais Clayton préférait ne pas chercher. Peut-être que les prochains jours iraient mieux, même si la mine vibrait d’une tension nouvelle à cause du fait que les mineurs vivaient dans la carrière avec eux, les simples gens si on pouvait dire les choses ainsi. Cela avait fait remonter de vieilles rancœurs. Clay se glissa dans le bar et pesta en voyant le monde, mais décida de s’en ficher comme de sa première bouteille. Il n’avait pas l’intention de se soucier autant des gens. Impossible de trouver de l’alcool, il dut boire un simple soda et se contenter de cela s’il voulait boire. C’était à prendre ou à laisser, clairement. Dire qu’il n’était pas content était un doux euphémisme, il était vraiment en rogne. La situation aurait pu en rester là, mais Casey entra dans les lieux et la mine de Clay s’assombrit. Il sentait venir les problèmes, clairement. Il la fixait clairement car il la vit lever les yeux vers lui. Les problèmes venaient de commencer. Quand elle parla, Clay ne bougea pas, mais continuait de la fixer. Elle le faisait mousser, selon lui et vu son humeur, il risquait de céder et se battre.

Il se leva alors que quelqu’un bouscula la femme. Il s’approchait d’elle, lentement, presque au ralenti pour éviter d’exploser trop vite. « Tu devrais te calmer. Tu pourris vraiment l’ambiance. » Il était assez proche d’elle pour lui parler. Clay n’avait pas hésité à lui parler, quitte à s’attirer ses foutres. Il regarda la pauvre personne qui avait bousculé la femme autant de mauvaise humeur que lui. Franchement ils n’étaient pas tous alcooliques et le brun ne se revendiquait même pas en tant que tel. Mais il savait qu’on le cataloguait ainsi. C’était tout à fait normal même si lui n’approuvait pas. C’était pour cela qu’il détestait la vie en groupe, car on mettait des étiquettes et les problèmes arrivaient ensuite. Casey était son problème actuel et malgré le fait qu’elle soit une femme, il avait bien envie de lui casser la figure, ou du moins de tester sa capacité à se battre. Il la regardait avec une haine farouche et la tension pouvait se palper dans l’air.

L’ambiance était particulièrement électrique. Clayton n’était pas forcément le genre d’homme à frapper une femme, mais si elle le poussait à bout, il céderait très facilement. Quand elle lui affirma être calme et qu’il ferait mieux d’aller s’asseoir, il refusa d’obéir. Clay lui jeta un regard noir qui voulait tout dire. Il ne se plierait pas à la volonté de cette femme qui buvait autant que lui, voire plus. Il voyait bien qu’elle aurait préféré qu’il foute le camp, mais il s’y refusait. Il était profondément têtu quand il s’y mettait. Le brun n’était pas un homme qui se laissait marcher sur la tête facilement. Un grognement lui échappa quand Casey lui envoya une pique sur sa fonction ici, c’est-à-dire rien de particulier. « Redescends de suite de tes étages de princesse. » Il était clairement menaçant. On pouvait dire que la blonde l’avait touché et que cela piquait sacrément. Cela avait eu le mérite d’empirer son humeur déjà très peu au beau fixe. Il réagissait souvent très mal à Casey et l’alcool ne faisait qu’empirer son humeur. Et elle continua, infatigable la petite, visiblement très fière d’elle. Clayton décida d’envahir son espace privé pour l’emmerder. « Je crois que de nous deux, c’est toi qui as plus à prouver. » Il parlait très proche d’elle, ne se gênant pas de lui souffler son souffle alcoolisé sur la figure. Un regard moqueur passa dans son regard. Il n’était pas d’une grande patience.

Il se demandait comment cette intercalation allait finir. Les gens ne faisaient pas attention à eux. Peut-être parce que des bagarres éclataient souvent et que là, c’était encore très modéré. Il fallait bien avouer qu’il traînait énormément dans le bar, mais il faisait des choses. Néanmoins, Clayton n’avait pas envie de se justifier auprès de Casey. Il ne lui devait définitivement rien. Cela ne l’empêchait pas de rester à ses côtés et de ronchonner. « Tu es définitivement intéressé par ce que je peux faire ou pas faire. Tu me cacherais tes intentions me concernant ? » Ironisa-t-il. Il continuait de la piquer, espérant retourner la situation. Il se demandait si cela allait l’agacer ou si elle allait tenir bon. Il vit une bouteille d’alcool arriver et Casey troquer pour l’avoir. Il savait qu’il n’en aurait pas une seule goutte et cela le foutait de mauvaise. Néanmoins, il ne s’abaisserait pas à demander une seule goutte. Elle en serait trop contente cette Casey. « De toute manière vu la couleur de ce truc, tu vas vite être malade. » Et il serait là pour se moquer d’elle.

Elle lui faisait face. L’alcool dans son dos. Il avait quand même envie de lui piquer la bouteille. Il recula d’un pas. Il était proche d’elle et ce n’était pas supportable. Surtout s’ils venaient à se taper dessus. Vu le taux d’alcool dans le sang, il était fort probable qu’ils en arrivent aux mains. Il la voyait bien regarder les autres et un sourire moqueur passa fugacement sur son visage. « Personne viendra te sauver. » Ils étaient face à face et elle allait devoir assumer de lui casser les pieds de la sorte.

Spoiler:

Il aurait dû se tirer, mais à la place, il s’asticotait avec Casey. A croire que perdre son temps avec une jeunette de vingt ans son cadet l’excitait. Il se sentait revivre d’une manière étrange. D’une manière qu’il ne s’expliquait pas. Cette tension lui rappelait le passé, les bars. « Vas-y frappe-moi la crevette, que je ris un coup. » Si elle croyait y arriver, elle pouvait toujours crever la bouche ouverte. Il ne pariait pas sur elle si combat il devait y avoir. Bon d’accord elle était probablement en meilleur santé que lui, mais elle restait une femme et lui un homme. Alors à moins qu’elle ait fait du karaté, elle pouvait oublier. Rebus de l’humanité, tellement facile. Il l’avait entendu si souvent. Il la regarda avec son petit air hautain et un sourire moqueur traversa son visage. Il en avait vu d’autres pour le coup. Mais cela ne l’arrêtait pas de parler. II était décidé à continuer sans s’arrêter. Cela ne lui foutait rien, en fait il la voudrait bien malade, voire morte. Clayton était en train de se taire, de cogiter et si cela continuait, il risquait bien de lui donner un coup ou deux. Son regard clair était assombri et son air franchement mauvais. Il faisait en sorte de l’étouffer physiquement, conscient qu’elle risquait de ne pas tenir longtemps. Clayton était juste curieux de voir la réaction de cette femme qui aboyait plus qu’elle ne mordait. Il ne dit rien alors qu’elle continua de l’insulter. Elle tendit le verre et l’homme se demanda ce qu’elle faisait.

Son corps réagit, un léger tressaillement dû à l’alcoolisme. Son corps était accro à cette substance. Malgré l’apocalypse, on ne s’en défaisait pas facilement. Sauf que l’alcool lui fut envoyée en pleine gueule. Il ne bougea pas, les muscles tendus. Sa non-réaction était un signal d’alerte. Il était étrangement silencieux. Ce n’était pas bon. Si Clayton ne réagissait pas, c’était une menace de mort, clairement. Il allait lui casser la gueule à cette petite connasse. « Connasse. » Le mot sortit, violent, plein de haine et il se rapprocha d’elle. Il lui attrapa le verre de la main et le jeta au sol avec violence. Son poing effleura juste Casey, comme une plume, un geste qu’on sentait à peine. « Sale petite conne. » Il aurait pu lui enfoncer le poing dans la gueule et lui refaire la tronche au passage. Le cri du barman fit reculer Clayton. Elle venait de dépasser sa limite. Elle n’aurait jamais dû faire cela. Il lui jeta un regard brûlant de haine. Si elle osait rester seule avec lui, il aurait vite fait de la foutre devant un cadavre ambulant pour la voir crever. Il transpirait de rage, se contrôlant encore. Il ne lui donnerait pas ce pouvoir. Il n’essuyait même pas son visage, il s’en fichait. Clayton avait reculé pour se calmer. Il ne vivait pas seul, il était dans une communauté et il haïssait cela.

S’il dérapait, on risquait de le foutre lui dehors, pas cette petite blonde. Elle pourrait toujours vendre son cul au plus offrant pour rester, pas lui. « Va tapiner au lieu de m’emmerder. Gamine. » Et il s’accouda au bar, bien décidé à tirer un trait sur Casey Redfield. Elle pouvait se soûler avec sa bouteille, il s’en fichait. Il était vexé, elle lui avait trop manqué de respect. Mais malgré tout il se souvenait qu’elle était de la carrière. Saleté de carrière, ils devraient tous crever là-bas. Clayton savait d’avance qu’il finirait sa soirée avec de l’eau, la pire des boissons.

Clayton savait que cela risquait de déborder et il se méfiant. Il y avait de grand risque que cela lui retombe dessus. Il la regarda alors qu’elle demanda s’il déclarait forfait. « Tu n’es qu’une enfant. » Il faisait exprès, il la rabaissait. Elle était nettement plus jeune que lui. Elle n’était qu’une gonzesse. Mais Clay se connaissait, il allait exploser. Il n’irait pas sur le trottoir et son regard foncé en disait long. Elle aurait le temps de se casser les jambes et les bras avant qu’il ne vende son corps. De toute manière son caractère ferait fuir les femmes à la ronde. Il se doutait qu’elle se vengeait. L’homme regarda le barman parler à Casey. Que lui disait-il ? Quelle était une idiote qui se frottait au mauvais gars ? Ce genre de femme gueulait, mais un coup dans la gueule et elle partait en pleurant et en militant pour ses ridicules droits. Il la vit regarder son genou et se demanda ce qu’elle avait en tête. Clay se retourna clairement vers elle, la toisant et se demandant bien ce qu’elle préparait. Il parlait à peine, refusant d’alimenter la discussion. Il se doutait de ce qu’elle voulait, ou du moins le supposait. Probablement voulait-elle un combat, se frotter à lui, prouve sa force. Lui il voulait juste la bouteille et ceci depuis le début. En réalité, il préférait que la bouteille soit brisée plutôt que la blonde la boive. Il ne s’y attendit pas, mais un coup le cueillit à la mâchoire.

Sa tête bougea rapidement, une douleur remonta le long de l’os, mais il ne dit rien. Il bougeait à peine, il en avait pris pire. « Une put* qui frappe. » Un joli bleu demain. Il fit un sourire mauvais la regardant alors qu’elle lui donna un coup dans le nez. L’os craqua et une giclé de sang dégoulina. Il grogna, se tenant le nez. Il la regarda vraiment mauvais alors que le barman hurlait. Il allait la déboîter. II se redressa, s’en fichant bien que le sang coule. Il aurait mal demain, mais tant que son cœur battait, tout irait bien. Il s’approcha d’elle et la poussa violemment contre la porte, des cris résonnèrent et il la regarda. « Sale lâche, avance. » Si elle voulait le frapper en mode sournoise, il ne se gênerait pas pour la bousculer, il ne sortirait pas devant elle. Clayton cracha au sol. Il posa deux doigts sur son nez et le fit se redresser. La douleur fit abominable, mais c’était mieux que de redresser après. Il rejeta la tête en arrière, passant sa langue sur l’avant de ses dents. Il avait du sang dans la bouche. Il avait besoin d’air, vraiment. Visiblement le terme « crevette » avait contrarié son adversaire. Il l’avait touché et cela l’amusait vraiment. La porte fut ouverte par un gars qui entra dans le bar, il les toisa et fila au bar. Clayton alla dehors, profitant de l’air frais. Il n’était pas calme, pas du tout.

Ils avaient attiré l’attention, certains les fixaient discrètement. Le brun ne bougeait pas, toisant Casey. « Allez, vas-y je te donne quelques coups d’avance. » Il était parfaitement arrogant, mais il s’en fichait. Elle ne lui faisait pas peur et il ne la prenait pas au sérieux. Il ne prenait que très rarement une femme au sérieux. Surtout quand on parlait de coup. Il en avait trop pris, trop frôlé le danger. La rage bouillonnait. Ses poings le démangeaient. Clayton ne voulait pas lui courir après, il préférait la laisser approcher, entrer dans son espace privé. Il la coincerait après. Il ferait en sorte que son joli visage soit horrible quelques jours, peut-être qu’ainsi, elle se la coincerait un peu.