in the middle of nowhere ∝ Caden

Il n’avait pas envie de venir. Tout simplement parce qu’il n’était pas un homme d’action. Il trouvait que la campagne hostile où tout le monde faisait panpan, c’était déprimant plus qu’autre chose. Pas particulièrement impulsif Caden vivait depuis trop longtemps dans l’ombre pour apprécier de se retrouver avec le soleil en pleine poire. Cependant le vétérinaire n’aurait pas dit qu’il était mécontent d’aller dans un autre ranch. Partout sauf chez lui on le considérait et on l’appréciait. On le remerciait régulièrement de ce qu’il faisait pour la communauté et il appréciait. Simplement, il se sentait mieux lorsqu’il n’était pas entouré de cette famille qui le détestait ou le tolérait selon les cas. Il tourna ses yeux vers Abel, leur relation avait bien évolué depuis le temps. Voyait-il en lui un ami ou un homme de confiance ? Etait-il juste un gars qui faisait son travail relativement bien ? Difficile à déterminer, il ne fallait pas compter sur Abel pour dire quelque chose qui irait dans le sens d’un compliment. Il soupira. Le silence ne le dérangeait pas outre mesure. D’ordinaire, on aurait pu dire qu’il préférait mais il n’appréciait pas quand son frère ne faisait pas le malin. L’homme lui paraissait trop concentré, trop réfléchi pour être réellement son frère. Il se tourna vers lui avec une certaine curiosité, même si ton ne dévoilait rien de bien spécial. « ça fait bien trente minutes que tu n’as pas parlé de toi, tu es certain que ça va ? » L’ironie, il ne connaissait que ça pour discuter avec son frangin. Il n’aurait jamais pu lui dire qu’il l’aimait. La situation devrait être désespérée pour qu’il en arrive là. La mort de leur mère avait brisé un mur entre eux mais certainement pas assez important pour atteindre ce genre d’extrémités. Il aurait sans doute fallu que l’un des deux soit à l’article de la mort pour voir arriver un tel miracle.

Son frère ne semblait pas l’avoir entendu ou du moins sa réponse se faisait attendre. Il n’avait pas manifesté d’intérêt particulier pour lui  ses yeux caressant le reflet des collines comme si c’était le corps d’une femme. Interpeller son frère n’était pas anodin. Il possédait au fond de lui la crainte sourde qu’il ne fasse quelque chose de déraisonnable. Plus ou moins, comme toujours avait-il envie de dire. Abel lui semblait incompréhensibles tellement il pouvait se montrer sanguin et réagir au quart de tour pour tout et n’importe quoi. Caden flairait l’embrouille quand son frère lui paraissait trop poli pour être honnête. Il cherchait par sa simple question à tâter le terrain.

« Abel ! » appela-t-il avec un peu plus de force. « T’es en état de mort cérébral ou quoi ? » Il soupira se tournant vers lui. « Tu me répéterais le plan que tu as prévu ? » Il n’avait pas particulièrement oublié les détails du plan mais il comptait bien vérifier que ses doutes n’étaient que les craintes infondées d’un paranoïaque et pas les doutes raisonnables d’un homme moyen.« T’as pas été très précis. »

Caden est méfiant:

Rien à faire, Caden n’arrivait pas à apprécier le ton de son frère. Quelque chose lui disait qu’il avait sa propre idée de comment le plan allait se dérouler. Sauf qu’Abel ne connaissait pas le chef de famille comme Caden le connaissait. Il aurait sans doute réaliser que celui-ci ne partirait pas de ses terres pour se greffer à d’autres. De plus, même s’ils étaient proches, l’autre famille n’avait pas grand-chose à en tirer. En tant que vétérinaire, le cadet des Rhodes passait lorsqu’on avait besoin de lui pour faire son devoir vétérinaire. Abel ne pouvait pas ne pas le savoir. Abel savait tout ce qu’il y avait à savoir concernant le ranch. Il fronça les sourcils réalisant qu’il venait peut être de mettre le doigt sur l’incohérence qui le dérangeait. Toutefois, il ne savait pas bien si ça n’était pas sa légère paranoïa habituelle qui lui faisait des tours. Pour sa défense, il fallait dire que les coups de sang et l’imprévisibilité de son frère possédaient une dimension légendaire. Les arguments du brun ne lui semblait pas dénué d’intelligence. Au contraire même, il avait ce quelque chose de très, trop, rationnel qui ne ressemblait pas trop au leader des Crimsons. Il se tourna vers lui en l’entendant parler du générateur comme si une lumière venait de se faire dans son esprit. Le générateur, c’était probablement ce qui l’intéressait le plus  étant donné que c’était la dernière chose qu’il avait évoqué. Il l’observa un long moment alors qu’ils continuaient leur chemin. Il prit une expression désabusée avec un rire faux. Il secoua la tête.

« J’aurais dû me douter que tu avais quelque chose derrière la tête. T’es pas venu pour les recruter, tu veux chopper le générateur. » Une autre réalité le frappa comme si une flèche le  transperçait en plein cœur. Qui par un temps d’apocalypse offrirait, sous couvert d’amitié un générateur en bon état de marche ? Personne. Abel savait qu’ils étaient peu nombreux et il comptait bien récupérer ce générateur de gré ou de force. Cela commençait à devenir plus évident et beaucoup plus proches de la manière absolutiste de son frère de penser. « Tu sais que ces gens sont nos amis Abel. » Il ne dit rien mais le mécontentement se lisait dans sa bouche. Il avait une forte envie d’en rajouter une couche et de lui faire la morale mais le destin ne lui en laissa pas le temps. Ils approchaient du ranch quand Caden constata avec horreur qu’une odeur de mort flottait dans l’air. C’était caractéristique. Il n’en croyait pas ses yeux et dire que la semaine dernière, il était passé les voir. L’odeur lui brouilla un instant la vue. Il avait envie de vomir mais il n’y parvenait tout simplement pas. Il se contenta de marmonner sarcastiquement. «  On va pouvoir le récupérer ton générateur à la con Abe. » Caden voulait voir l’état des chevaux mais s’aventurer seul ne serait pas une partie de plaisir. Il doutait néanmoins d’en trouver encore vivants. En réalité, il réalisa qu’il ne savait même pas si les zombies mangeaient également les animaux. Il fit un signe à Abel pour que celui-ci entre à son tour dans l’écurie. Sans vérifier si ce dernier le suivait, il se mit à parcourir l’écurie un bras lui couvrant la bouche et le nez. L’homme était nerveux. Depuis qu’il avait dû tuer sa mère revenue d’entre les morts, il n’avait jamais tenté de se resservir d’une arme contre un de ces monstres. Il avait toujours avec lui son arbalète à courte portée mais même là, il sentait ses doigts trembler à l’idée de devoir s’en servir. Il longea un box en bois et se pencha pour apercevoir un shetland qui avait miraculeusement survécu. La petite bestiole le regardait avec ses grands yeux noirs. Son pelage était touffu et alezan. Elle semblait terrifiée. Caden reconnut Jarod, le poney le plus mignon et le plus gentil de tout leur troupeau.  Il se retourna pour interpeller Abel mais le ne vit pas. « Abe ?... heu t’es où ? »

Spoiler:

Ni le vent, ni le froid, ni la neige, ni les zombies ne m'arrête, je suis...:

Le cri de son frère déchira le silence répondant à la question de Caden. Il se dépêcha de se redresser pour se retourner observant son frère aux prises avec un zombie. Ses yeux  s’agrandirent. Il arma son arbalète rapidement mais il se figea. Il voyait la tête de cette chose qui tentait de bouffer son frère. Pourtant il repensait à sa mère. Il n’avait pas tué de zombies depuis que c’était arrivé. Il sentit ses mains commencer à trembler alors qu’il revoyait la scène en entier. Elle ressemblait à celle qui se présentait devant ses yeux même si l’emplacement était différent. Sa mère s’était transformée. Elle aurait sans doute tué Abel s’il n’avait pas tiré sans réfléchir. Depuis ce jour, il n’avait jamais retouché à une arme pour se défendre. Il voyait dans le mort vivant, la mort qu’il avait sur la conscience. Il n’avait pas pris le temps de s’arrêter pour faire le bilan, pour se convaincre qu’il avait bien fait. Les souvenirs étaient trop frais et ils étaient trop douloureux. Le choix le plus facile avait été de les enfermer à double tour en espérant qu’ils ne sortiraient jamais. Malheureusement, il venait de complètement enfoncer la porte. Il revoyait les sourires de sa mère quand elle l’appelait. Il revoyait ensuite son visage mort et ses yeux fous. Il se souvenait de son odeur rassurante puis de celle de la chair qui commençait à se gâter.  Il n’était plus jamais retourné dans cette pièce parce que ça lui coûtait trop. Il se demandait d’ailleurs si quelqu’un de sa famille l’utilisait encore. Ne s’en approchant pas, il ne risquait pas de garder le registre des entrées et sorties.

Ses doigts se crispèrent sur la gâchette mais il n’y arrivait pas. Il entendit son frère le héler mais il paraissait si loin, comme s’il était à des kilomètres. Malgré tout, il tira par réflexe tuant magnifiquement le poteau qui se trouvait en face de lui. « Pa..pardon. » murmura-t-il plus pur lui-même que pour le bois.  Son regard se faisait distrait sur Abel, il devait tirer. Il tentait de s’en convaincre sinon son frère allait mourir. Sa mère serait morte une seconde fois. La culpabilité lui étreignait la gorge et le paralysa encore plus. Il finit par en lâcher son arbalète au sol. Le bruit fit tourner à la bête qui assaillait Abel pendant un court instant. Ce n’était pas sa mère. Il savait bien que ça ne l’avait jamais été mais ce rôdeur-là était différent. Il ne pouvait pas perdre son frère pour cela. Derrière lui, Jarod venait de sortir du box en clopinant  content d’avoir trouvé des humains à suivre. C’est sans doute ce qui sauva Abel d’une mort certaine. Caden ramassa son arme et tenta de se concentrer pour viser. Ses mains tremblaient encore et il rata une fois de plus la créature mais toucha particulièrement bien le mollet de son frère. « Pa..merde. » marmonna-t-il. Cela lui permit enfin de se ressaisir suffisamment pour viser dans la tête de la chose qui avait failli buter son frère. Elle tomba inerte sur ce dernier. Il sentit sa honte rejaillir un peu plus fortement. Il avait failli tuer son frère. Il n’aurait jamais dû être autorisé à faire ce raid. Il venait de le blesser. Il s’approcha lentement se doutant qu’il allait se manger un coup de poing bien senti et bien mérité. « Je… heu vais panser ta blessure. Ne me tue pas, s'il te plaît. »

C'était un accident :

On  ne peut pas dire que ce coup de poing, Caden ne l’ait pas mérité. Bien au contraire, il aurait sans doute eu la même réaction, voire pire, si on lui avait fait un coup aussi pendable. Heureusement son frère n’avait pas encore eu l’idée de lui enfoncer son carreau dans le fondement pour lui apprendre la vie. Il ressentait la tension d’Abel. Ce n’était pas bien difficile, il dardait sur lui le regard d’un cavalier de l’apocalypse sur le monde. Il se sentit très con parce qu’il ne savait pas quoi répondre. Il ne voulait pas exposer ce qu’il ressentait. Il ne voulait plus parler de tout cela. Comme si Abel pouvait comprendre comment on se sentait quand on a tué sa mère. Comme s’il allait chercher à le comprendre. Le vétérinaire ne se sentait pas de se remémorer encore et encore ce souvenir. Cela l’obsédait la nuit déjà, troublant son sommeil fréquemment. Il se réveillait tremblotant et la nuit l’enveloppait dans son manteau de lassitude. Il n’osait pas l’approcher parce qu’il se disait que les coups finiraient par pleuvoir, à juste titre, sur lui.

« Je t’avais dit que je ne voulais pas y aller. » Je t’avais dit que ça allait mal se passer et que je me sentais mal mais est-ce que tu l’as entendu dans mes mots ? Personne ne l’avait entendu dans ses mots, de toute manière, on s’en foutait. Les hommes n’avaient pas le droit des sentiments. Il fallait toujours être fort, faire le malin, se comporter comme le gorille dominant. Il soupira puis décidant qu’il fallait malgré tout  soigner son frère. Il s’approcha de lui en silence pour fixer un bout de tissu. Il serra continuant à garder un silence pesant ; Il savait qu’Abel devait pédaler dans la semoule. Il n’arrivait pas à lancer les mots, il ne savait pas comment les dire. Vu qu’il avait failli le tuer, sans doute avait-il le droit à une justification. Caden était loin de l’ignorer mais c’était tellement difficile, tellement impossible, de commencer cette phrase. Il ait la sensation qu’une fois de plus, il allait se ridiculiser. Il se redressa et alla flatter l’encolure de Jarod qu’il laissa sortir du box. Il était de dos lorsqu’il dit à demi-mot.

« Je vois son visage. » C’était le maximum dont il était capable. Un immense poids disparut de ses épaules alors que la tristesse l’assaillait malgré tout de nouveau. « Tout le temps ». Abel serait-il assez clairvoyant pour faire le lien et comprendre le pourquoi du comment. Seul l’avenir lui donnerait cette réponse.

Spoiler:

Le plus improbable venait de se produire alors qu’Abel se montrait … gentil et compréhensif. Si Caden avait été assis sur une chaise, il serait très certainement tombé sur son cul. Il jette un regard de défi à Abel. Comment ce dernier pouvait se dire que ça ne lui faisait déjà plus rien. C’était comme si c’était hier. « Essaie de tuer papa, on verra bien ce que ça te fait à toi. » Il y avait de l’agressivité mais également de la faiblesse dans cette réponse. Caden tentait de se redonner une composition mais même lui n’était pas dupe. Il percevait le léger tremblement dans sa voix. La main de son frère sur son épaule lui pesait comme si des milliers de morts tentaient de l’entraîner dans les abysses. Cela lui rappelait sa propre culpabilité et invariablement, il avait l’impression qu’il ne tarderait pas à sombrer de nouveau dans ce spleen qui le dévorait tant et si bien. «  C’est pas un truc qu’on fait dans la famille, parler. C’est juste pas notre façon de faire. » Ce n’était pas celle non plus du paternel. Jenna suivait la plupart du temps cette règle scrupuleusement également. Si Caden et elle avait eu une véritable conversation un jour dans leur vie, les choses seraient sans doute différentes. Il n’y aurait pas autant de non-dit, d’incompréhensions et de silences gênants. Il soupira et repoussa cette pensée, presque quotidienne, pour faire l’effort de s’ouvrir un peu à son frère. Il sentait que ce moment serait particulier et que ça ne se reproduirait jamais comme une brèche dans l’espace-temps.

« Je ne suis pas un tueur né. Je sais que je n’ai pas à regretter ce que j’ai fait mais je ne peux pas oublier son expression quand je lui ai tiré dessus. Je ne pourrais jamais. Elle s’est occupée de moi et m’a aimé pour deux. Tu sais comment est notre père et ses élans d’affection. Elle, elle était toujours là pour nous. Quand elle est partie, j’ai réalisé qu’elle avait cimenté notre famille toute sa vie. Ce qu’elle a gagné c’est de se faire tirer dessus comme un vulgaire cerf en période de chasse. Je n'ai personne à qui en parler. C’était le début de l’apocalypse, tu croyais que j’allais aller voir un psy ? Ou peut-être que j’aurais dû dire ça à Ciri pour l’apitoyer. Ça l’aurait peut-être fait rester. » Voilà ce qu’il restait de Caden, un homme blessé perdu dans ses remords pour différentes raisons. Ce dialogue était sans conteste le plus long qui soit jamais sorti de la bouche de l’homme pour son aîné. Il se demandait comment celui-ci allait réagir. S’il se fermait encore, il était évident que pour le vétérinaire qu’ils enterreraient ce sujet. Il n’appréciait pas de se sentir à nu ainsi. L’agressivité effleurait sa peau et il percevait que la moindre remarque qu’il interpréterait de travers le mettrait en colère et le ferait se défouler sur Abel. Il avait terriblement besoin de faire passer sa frustration ou de l’apaiser.

ça va hein, t'as justé tué un parent, ça fait de toi un personage de rp typique:

Il regretta. Instantanément, il regrette de s’être laissé aller à croire que son frère allait savoir se débrouiller pour réconforter quelqu’un. Abel était sans doute la personne la moins bien placée pour ce métier. C’était comme de demander à une petite fille de huit ans de tirer au fusil sniper pour éliminer son papa. Cela aurait en vérité pu être plus facile que de voir Abel découvrir comment on fait preuve d’humanité.  Maintenant, il lui faisait une morale à deux sous qui commençait déjà à lui chauffer le sang. Il sentait qu’à un moment, il allait complètement déraper et que la conversation allait devenir déplaisante. C’était une question de secondes. Il n’aurait pas dit qu’il connaissait par cœur son frère mais il n’y avait pas grand-chose de surprenant à ce qu’il finisse par faire louper le moment qui aurait pu les rapprocher. Quand ça n’était pas lui, c’était l’autre. Il crut qu’il allait s’étouffer de rage en l’entendant parler ainsi de leur mère. Comme s’il savait quelque chose, comme s’il pouvait se permettre de lui cracher ses conneries moralisatrices au visage. Il se prenait pour qui. Sans plus attendre, il se retourna pour lui cracher le fond de sa pensée.

« Tu penses vraiment tout savoir ? Comment tu peux te permettre de dire ça sur maman ?! Tu es devenu tellement froid et tellement con que t’en viens à penser que tu peux décider de qui mérite de vivre et de qui mérite de mourir ? Je savais que tu étais un égocentrique, un égoïste, que tu étais violent, versatile et d’autres joyeusetés mais je ne savais pas que tu étais Dieu, Abel. » Il n’avait jamais hésité à lâcher l’étendue de ce qu’il savait pour faire mal. Lorsqu’il était énervé, il ne pensait pas particulièrement aux sentiments de la personne en face, il se contentait de frapper pour être sûr que l’autre reste à terre. « T’avais qu’à la buter toi-même alors, je suis certain que tu t’en serais sortie bien mieux. T’as autant d’empathie qu’un sociopathe. » Il sentit la bave qui avait un peu couler le long de sa bouche tellement il avait aboyé avec cynisme ses mots. Cependant, ça ne suffisait pas. Il avait besoin de passer ses nerfs et sa frustration sur lui. Il avait besoin de lui faire comprendre qu’il ne pouvait pas se sauver de sa culpabilité en décidant que c’était mérité que ça n’était pas normal. Que personne ne devait faire ça sauf les putains de meurtrier. Sans que rien ne le laisse annoncer, il se rua sur son frère lui cognant le menton en un uppercut d’une force raisonnable pour une personne qui ne fait pas de sport de combat. Il le poussa contre le mur avec fermeté. « C’est peut-être toi qui aurait dû mourir à sa place. »

quand dramacaden entre en scène:

La violence ne résolvait certes pas tout mais elle avait le mérite de défouler. On ne pouvait pas retirer à Caden le fait que coller un uppercut dans la tête de son imbécile maladroit de frère, ça permettait de soulager considérablement la tension. Cependant le vétérinaire avait négligé un petit détail, un petit détail qui allait lui coûter gros. Si seulement, sa « grande » intelligence ne montrait pas le bout de son nez que pour son métier. Bien que tentant de se débattre et de battre, il se retrouva facilement mis au sol par son frère blessé. Il avait légèrement honte de se voir ainsi encore et toujours ridiculiser. Il ne cesserait donc jamais d’être tourné en ridicule ? Ses traits se crispèrent sous la sensation de douleur qui affluait dans son épaule. Pendant ce temps là, Abel tentait à sa manière d’aider son frère à passer outre le deuil de leur mère. Caden sentait la rage taper contre sa cage thoracique comme une furie. Alors, au lieu de réaliser qu’il était parfaitement dans une position où il pourrait se retrouver blesser et sans doute bien pire, il répondit avec toute la verve coutumière des Rhodes. « C’est toi qui me parle de couilles ? La bonne blague. Quand t’es pas un putain de robot, t’es en train de tabasser un mec parce qu’il t’a regardé de travers. Tu tiens pas la pression, je passe ma putain de vie à rattraper tes conneries et à calmer tes ardeurs. La plupart des mecs qui sont chez nous seraient dans le plâtre si j’étais pas là. T’as pas de courage, t’es qu’une grande gueule. T’es juste  le meilleur de nous deux à japper. » Il grogne sentant que son épaule risque de ne pas tenir le choc de cette remarque. Il se dit qu’il est peut être temps d’adoucir un peu le ton ; Se libérer ainsi et lâcher ce qu’il a sur le cœur, ça lui a fait suffisamment de bien pour qu’il puisse réussir à maugréer malgré la colère, malgré le ressentiment, malgré la honte, les premiers mots raisonnables de cette conversation depuis un bout de temps. « Tu me lâches un jour ou tu vas me luxer l’épaule ? ça rendrait mon travail relativement plus compliqué mais ça serait une belle victoire pour toi. » C’était la meilleure traduction de « pourrais-tu me libérer, j’ai mal, s’il te plait ? Cordialement ».

je suis ceinture violette de karaté moi madame:

Et voilà que monsieur après avoir fait un cinéma pas possible et avoir dit des mots qui sans doute dépassaient sa pensée mais restaient tout de même déplacés boudait. Monsieur boudait, quel toupet. Caden cependant était encore trop en colère et trop honteux de s’être fait allonger comme une jeune fille pour se permettre de répondre quelque chose.  La conversation ne serait sans doute pas très productive pendant quelques temps. « ok » répondit-il avec une éloquence rare. Il avait la sensation que la conversation allait rester superflue encore un bon moment. Il ramassa son arbalète sans mot dire. Ils se dirigèrent vers ce qui faisait office de trousse de soins pour les animaux. Comme il le pensait, il restait encore quelques produits, sans en connaitre les effets il valait mieux ne pas se risquer à les utiliser sur les hommes. Il amassa le tout dans sa besace et sortir rejoindre son frère. Ses yeux se posèrent sur l’immense manoir puis il tourna la tête vers son frère qui boitait. Toujours sans dire mot, ils éliminèrent ce qui restait de la famille.

C’était étrange de constater comme c’était plus facile maintenant qu’il avait dépassé son traumatisme de tirer sur eux. Ils n’étaient pas humains, ils ne l’étaient plus. C’était des êtres de mort. Leurs peaux se détachaient en lambeaux et leurs visages et ils se ruaient sur eux comme la misère sur le monde. Ça n’était rien de plus que les restes de ce qu’ils avaient été. C’était presque leur rendre un dernier hommage que de mettre un terme à leur misère. Leur mère était morte et s’il n’avait rien fait, elle aurait emporté son frère avec elle. Abel était quelqu’un qui comptait énormément pour Caden. Evidemment, aucun des deux ne l’avaient jamais verbalisés mais ils avaient tissés ces dernières années des rapports qui bien que houleux se révélaient sincères. Il comprit plus tard alors qu’ils récupéraient le peu qu’il restait dans cette fichue baraque que bien qu’Abel n’ait pas dit les bons mots, il avait voulu l’aider à surpasser son traumatisme d’une manière, excessivement maladroite, mais c’était l’intention qui comptait il paraissait. Il soupira sachant que la frustration ne partirait pas de suite, il attendrait quelques heures de monte pour réamorcer la conversation et s’excuser. Ni son frère, ni lui n’étaient prêts pour le second round. Comme prévu, le générateur ne se trouvait plus là et le seul intérêt de leur visite avait été leur querelle de chiffonnier. La belle affaire. Presqu’une heure et demie s’était écoulée quand Caden décida qu’il était temps d’arrondir les angles avec son frère.

Les mots sortirent de nulle part. Il avait mal articulé car aucun n’avait dit de phrases véritablement intelligibles depuis un certain temps. « Tu avais raison. » Il ne le regardait pas lorsqu’il proféra ses mots. Il savait que la phrase en elle-même ne risquait pas totalement d’éclairer Abel sur ce qu’il voulait dire. Il n’en revenait pas de ce qu’il allait dire mais il était temps de se mettre devant le fait accompli. « Elle est mieux où elle que comme ça. » Comme ces choses qui hantaient auparavant les cauchemars et qui maintenant se contentaient d’arpenter le désert. Leur mère méritait mieux que de finir transformer comme cette merde. Le vétérinaire se demanda s’il devait s’excuser mais il n’était pas certain que son ego démesuré de Rhodes lui permette d’aller aussi loin. Alors, il se contenta de s’excuser pour un détail en espérant qu’il comprenne que cela concernait une majorité. « Je suis désolé pour ta jambe. »

pardon: